Pays densément peuplé, pays de sport, pays à la culture tennis certaine, le Brésil n’a pourtant pas été si gâté que ça à l’arrivée niveau figures de premier plan. Au point que d’ici la fin de l’année 2025, la petite perle de 18 ans Joao Fonseca pourrait bien avoir déjà sa place dans le casting ci-dessous.
Maria Bueno
S’il ne doit en rester qu’un, ce sera en l’occurrence une : Maria Esther Bueno, pour la faire courte, c’est John McEnroe au féminin. Pour le palmarès, trait pour trait : quatre Internationaux des États-Unis (1959, 1963, 1964, 1966), trois Wimbledon (1959, 1960, 1964), une malédiction de Roland-Garros (une finale en 1964 et une tripotée de quarts et demies sans jamais taper dans le mille), un « don’t care » de l’Australie et encore plus de réussite en double qu’en simple (11 titres majeurs, dont un Grand chelem calendaire en 1960). Dans sa production raquette en main, aussi, où son sens du jeu et son touché de balle ouvrent une voie singulière entre la répétitivité des Américaines pousse-balle et la si athlétique Margaret Court. Dans l’attitude enfin, tendance un peu moins « brat » mais plus diva… et tout autant torturée.
Sur le court, les retournements de situation sont fréquents, la joueuse en lutte avec ses propres nerfs. En-dehors également, elle combat ses démons intérieurs, tiraillée entre une éducation dévote qui la fait s’inquiéter de la portée licencieuse du jeu en binôme au côté d’une partenaire du même sexe, et des convictions plus progressistes l’amenant à être l’une des rares à accepter de jouer en double avec Althea Gibson.
Qui se risquerait à lui faire le moindre reproche, de toute manière ? Maria Bueno est « la » star de son temps, celle qu’il faut voir jouer, plus que Court ou King, et c’est bien avec Suzanne Lenglen que le parallèle est à l’époque évident. Elle remet au goût du jour les collaborations avec les grands couturiers, comme la Divine avec laquelle elle partage, outre le caractère volcanique (elle fait un esclandre à Ted Tinling qui a eu l’outrecuidance de ne pas respecter l’exclusivité qu’elle estime mériter sur un modèle de jupe !), une santé fragile. Bref, une figure extrêmement importante et hautement intéressante, curieusement assez oubliée aujourd’hui eu égard à son aura à l’époque.
Thomaz Koch
La version brésilienne de Torben Ulrich. Joueur de tennis hippie, à une époque où l’opportunité de vivre sa vie en douceur grâce au tennis (voyages, rencontres, activité sportive adossée à d’autres passions artistiques, peu de gains en espèces sonnantes et trébuchantes mais des invitations partout) l’emportait sur la rigueur du haut niveau. Une certaine idée du monde d’après(-guerre). Chez les amateurs, il enregistre un quart dans chaque Majeur qui compte : USA 1963, Wimbledon 1967 et le premier Grand chelem ouvert aux professionnels, Roland-Garros 1968. Parmi les tournois importants de son temps, il gagne le Godo de Barcelone (1966), puis Washington aux dépens d’Arthur Ashe (1969). Bon joueur de double, il est demi-finaliste à Wimbledon en 1971 et gagne le mixte de Roland-Garros en 1975.
Meilleur joueur brésilien sur près de deux décennies, il est l’homme de tous les records de son pays en Coupe Davis : plus grand nombre de rencontres disputées (44), de matchs joués (118) et de matchs gagnés (74), en simple (46) comme en double (28). Avec son partenaire privilégié Jose Edison Mandarino, ils montent deux fois en finale inter-zones, dernière marche avant le Challenge Round final face au tenant du titre. En 1966, après avoir sorti les USA de Ralston et Richey, la France de Jauffret – Darmon et l’Espagne de Santana (Koch s’y colle pour battre le meilleur amateur du moment), Koch perd le 5e match décisif, en cinq sets, contre l’Inde de Ramanathan Krishnan, alors qu’il menait deux sets à un (3/6 6/4 10/12 7/5 6/2). Ils ont une seconde chance en 1971, mènent 2-1 au soir du double remporté sur la paire Nastase-Tiriac, mais sont loin du compte le dernier jour contre les deux Roumains.
Ronald « Ronnie » Barnes
Contemporain des deux précédents, il contribue à un certain âge d’or du tennis brésilien. Dans un championnat des États-Unis 1963 remporté par Maria Bueno, et où Thomaz Koch fait quart de finale en poussant la tête de série n°1 Chuck McKinley aux cinq sets, Barnes s’invite en demies en sortant le n°5 du tableau Ken Fletcher puis le n°3 Dennis Ralston. Il est ainsi le premier Brésilien à atteindre un dernier carré en Majeur.
L’année suivante, il pointe en quarts à Roland-Garros après avoir battu les Australiens Tony Roche et Fred Stolle, lequel jouera (et perdra) la finale des trois autres Grands chelems cette année-là. Il retrouve les quarts à Forest Hills en 1967, mais renonce en revanche à tenter l’aventure chez les professionnels. Comme souvent à ces époques-là, la réalité s’accommode bien d’un zeste de fiction, à l’image du récit de sa victoire sur Manolo Santana à Miami en 1965 (6/2 7/5), survenue d’après la légende après une nuit passée à jouer aux cartes et à s’imbiber de Black Label.
Carlos Kirmayr
Le joueur de simple réalise sa meilleure saison en 1981 : un huitième de finale à Roland-Garros, un troisième tour à Wimbledon, un titre, le seul de sa carrière, à Guaraja, et même une présence incongrue en finale du WCT Tournament of champions à New York, au milieu d’années où McEnroe, Lendl, Connors et Gerulaitis en monopolisent l’affiche finale. Le tout en s’étant ouvert le tableau comme un grand en battant Johnny Mac d’entrée ! A Roland-Garros c’est Gottfried qui tombe sous ses coups, à Wimbledon, Tanner, et puis Dibbs sur terre battue, Panatta en Italie… C’est de loin la meilleure année de sa carrière, conclue au 36e rang.
Il marche bien aussi en double (10 titres, souvent avec son compatriote Cassio Motta). Mais c’est finalement l’entraîneur qui restera le plus dans les mémoires. Kirmayr sera le guide de tous les succès de Gabriela Sabatini, avant d’autres collaborations moins abouties mais attestant de sa réputation dans les 90’s avec tour à tour Arantxa Sanchez et Conchita Martinez. Sans oublier, mais sûr que si, vous l’aviez oublié, une brève collab’ avec Cédric Pioline post-US Open 1993 !
Luiz Mattar
Il a fait son beurre des tournois brésiliens au calendrier : sur 7 titres ATP, 6 acquis au Brésil – Guaraja 1987, 1988 et 1989, Rio de Janeiro 1989 et 1990, Sao Paulo 1992. Avant de finir par triompher un peu plus au Nord, à Coral Springs, USA (1994). Une finale aussi à Itaparica (1987), où il ne peut empêcher un certain Andre Agassi d’ouvrir son palmarès. Sept titres ATP, onze finales au total : les totaux sont conséquents et, au pays, seul Gustavo Kuerten a fait mieux côté masculin.
Le bilan est moins reluisant en Grand chelem, avec pour meilleur résultat des troisièmes tours à Roland-Garros (1986) et à l’US Open (1991). Il est toutefois passé tout près de jouer les quarts à « Roland », puisque en 1986 il perd en cinq sets sur Johan Kriek, tandis que se profilait derrière le forfait de Yannick Noah. Mais bon, le mérite t-on quand on se dit terrien et qu’on perd sur Kriek ou Guy Forget à Roland-Garros ?
Son nom est d’ailleurs resté curieusement lié aux Français à Paris, entre ceux qui ont grappillé face à lui une de leurs pas si nombreuses victoires à Roland-Garros (Forget mais aussi Boetsch, Delaitre et Potier) et le double choc avec Noah de 1988-1989 : « Yan » gagne le premier tandis que le coup de pied au cul reçu lors du second (Mattar lui inflige son seul « first » Porte d’Auteuil depuis ses débuts !) le remet dans le sens de la marche pour lancer le dernier run glorieux de sa carrière les mois suivants.
Jaime Oncins
Contemporain du précédent sur le plan des résultats. Moins victorieux sur le Tour (Bologne et Buzios en 1992), il résiste en revanche mieux sur les plus grandes scènes. Il atteint ainsi les huitièmes de finale à Roland-Garros en 1992, battant Ivan Lendl au passage en remontant deux sets de retard. Aux JO dans la foulée, il sort Chang avant de perdre en cinq sets en quarts contre Andrei Cherkasov – rappelons qu’à l’époque il n’y avait pas de petite finale mais deux bronzés ; il passe donc factuellement à un set d’un podium olympique, certes moins côté qu’aujourd’hui.
Il est aussi le seul Brésilien à avoir participé aux deux demi-finales récentes de son pays en Coupe Davis, longtemps après les exploits de Koch and Co. En 1992, il est le grand bonhomme de la campagne, battant les Allemands Steeb et Zoecke au premier tour, puis les Italiens Cane et Pescosolido en quarts (sans oublier Ramesh Krishnan et Marcelo Filippini l’année d’avant pour se hisser dans le groupe mondial). Il faut les Suisses Rosset et Hlasek pour les arrêter aux portes de la finale. Huit ans plus tard, il a laissé le leadership à Kuerten et Meligeni mais fait encore le job en double au côté de « Guga » pour écarter les finalistes sortants français et la Slovaquie de Hrbaty – Kucera. Même en demies, sur herbe en Australie au cœur du mois de juillet, ils résistent cinq sets durant aux nettement plus côtés Mark Woodforde et Sandon Stolle.
Gustavo Kuerten
Forcément. Le triple vainqueur de Roland-Garros (1997, 2000, 2001). Le n°1 mondial (43 semaines, dont la fin d’année 2000). Le vainqueur du Masters 2000, justement, chipant le trône sur le fil à Marat Safin à la faveur de ses succès sur Pete Sampras et Andre Agassi lors des deux ultimes matchs de la saison. Le roi de l’ocre de son temps, double vainqueur à Monaco (1999, 2001), à Rome (1999) et à Hambourg (2000). Celui qui ne demandait qu’à étendre son terrain de chasse sur dur (Cincinnati 2001, un Indianapolis 2000 qui n’a rien à envier à un Masters 1000 avec son enchaînement Ferreira, Hewitt et Safin en 72h, ou des finales à Miami en 2000 et Indian Wells en 2003), avant d’être rattrapé par les blessures et voir sa carrière péricliter à 25 ans.
Ce fut bref, mais intense, avec son comptant de matchs renversants à Roland-Garros (il aurait très bien pu n’en gagner aucun des trois à son palmarès, tout comme il aurait pu en rafler deux de plus avec cette édition 1999 imperdable au vu de sa forme et du plateau final, ou ce chant du cygne de 2004 dans un tableau tellement ouvert après qu’il ait fait la leçon à Federer et qu’il ne soit plus resté que les émotifs anonymes argentins en lice à ses côtés) et des rivalités inachevées mais enthousiasmantes avec Sampras, Agassi, Safin, Kafelnikov ou Ferrero.
Dominant à sa manière, un poil mystique mais tellement chaleureux, il apparaît comme l’exact inverse de celui qui lui a réellement succédé à Roland-Garros, et y’en a même qui fantasment encore du rendez-vous manqué entre un « Guga » resté au top à 28, 29 ans, et le « Rafa » encore perfectible des deux, trois premières années de règne.
Fernando Meligeni
Le tube d’un « Roland ». On attendait « Guga », vainqueur à Monte-Carlo et Rome ? On aura Meligeni, pour le plus beau run de sa carrière, stoppé aux portes de la finale en 1999 par Andrei Medvedev après avoir sorti Rafter, Mantilla et Corretja. Terrien sympa à voir jouer, drôlement désarticulé dans la gestuelle, il aime « Roland ». Il en a atteint les huitièmes de finale dès 1993, alors qu’il sortait des qualifications ; retrouve ce stade de la compétition en 1998, où Muster doit s’y prendre en cinq sets pour l’arrêter.
Il gagne trois titres sur terre (Bastad 1995, Pinehurst 1996, Prague 1998) mais laisse la médaille de bronze olympique d’Atlanta à plus improbable que lui encore, à savoir Leander Paes, alors qu’il avait préalablement sorti Albert Costa et Mark Philippoussis. Leur engagement conjoint en Coupe Davis les conduit aussi, Kuerten et lui, à souvent jouer en double ces années-là, et ils gagnent une bonne grappe de tournois sur terre battue (Estoril, Stuttgart, Gstaad, Bologne…), pointant même en quarts de finale du double à Paris en 1998 où ils sont… disqualifiés après un jet de raquette malheureux de Kuerten, l’engin terminant sur les genoux d’un spectateur !
Andre Sa
Un pur one-hit wonder. En 2002, un tableau ouvert bien comme il faut (Antony Dupuis, Stefan Koubek, Flavio Saretta et un tout jeune Feliciano Lopez, pas encore top 100) lui ouvre les portes du Top 8 à Wimbledon, où il n’est pas ridicule face à Tim Henman (quatre sets assez serrés). Trop limité en simple hors ce coup d’éclat sur lequel il vit douze mois durant, il se spécialise ensuite en double, où il rafle 11 ATP 250 et joue les demies à Wimbledon en 2007.
Thomaz Bellucci
Quand il déboule, en 2008, on pense tenir un tout bon. Gaucher, terrien, il sort des qualifications de Roland-Garros se mesurer au modèle ultime nadalien et, fort de ses 9 jeux marqués (7/5 6/3 6/1), sera derrière Djokovic en demies l’adversaire le plus coriace du Majorquin sur la route de son titre de tous les records ! Il gagne son premier tournoi l’année suivante à Gstaad, récidive à Santiago en 2010 avant de jouer les huitièmes de finale à Roland-Garros, fait une demie en Masters 1000 à Madrid en 2011, regagne Gstaad en 2012…
Mais un coup d’éclat par an ne fait pas un champion et son plancher est aussi son plafond : 36e fin 2009, 31e fin 2010, 37e fin 2011, 33e fin 2012… Ses meilleures années sont déjà derrière lui. Un dernier titre tombera en 2015, à Genève, faisant de lui le plus suisse des « sud-ams ». Il manque un gros coup aux JO de 2016, chez lui à Rio de Janeiro, faute d’enfoncer le clou face à un Nadal ric-rac alors qu’il avait gagné le premier set de leur quart de finale. Derrière, il jouait la médaille… Positif à un contrôle antidopage en 2017, il plonge au classement et ne remonte jamais une fois purgée sa suspension.
Marcelo Melo…
Grand joueur de double à une époque où le double n’a plus grand-chose de grand. A chacun de voir où il le place le curseur de la valeur des accomplissements. En attendant, Marcelo Melo, 273e mondial en simple en 2005, a gagné 39 titres en double la décennie suivante, dont Roland-Garros en 2015 (avec Ivan Dodig) et Wimbledon en 2017 (avec Lukasz Kubot). Aujourd’hui âgé de 41 ans, il a encore gagné Stuttgart l’an passé : avec son compatriote Rafael Matos, ils ont battu Julian Cash et Robert Galloway en finale, avant de s’incliner pour le titre à Washington contre Nathaniel Lammons et Jackson Withrow. Vous ne connaissez pas tout ce petit monde ? Moi non plus.
… et Bruno Soares
La même que Melo, avec lequel il a d’ailleurs débuté en double (trois titres à cheval sur 2010 et 2011) avant de connaître ses meilleures années associé à Jamie Murray. Avec le frère de, il gagne Open d’Australie et US Open en 2016, puis y ajoute un troisième Grand chelem à New York en 2020 avec Mate Pavic. Comme Melo, ce sosie de Steve Darcis (il en riait lui-même, avant de tenter un recours peu probant aux implants) n’a jamais fréquenté le Top 200 en simple (221e en 2004). Lui a arrêté sa carrière en 2022.
Beatriz Haddad Maia
Plus d’un demi-siècle plus tard et sans manquer de respect à Neige Dias et Teliana Pereira, jusque-là seules Brésiliennes victorieuses sur le Tour principal dans l’ère Open, revoilà une joueuse de premier plan au pays de Maria Bueno. Gauchère spécialisée dans les matchs à rallonge, elle bat Ons Jabeur pour s’ouvrir les portes des demi-finales de Roland-Garros en 2023, y inquiétant Iga Swiatek dans une fin de deuxième set plus sympa pour les spectateurs que pour la Polonaise.
On la retrouve en quarts à Flushing Meadows l’an passé, et nantie à cette heure de quatre titres WTA (deux 250 sur herbe, un 500 et le Masters bis sur dur), ainsi que d’une finale de WTA 1000 au Canada en 2022, où elle avait battu Swiatek en chemin. Elle a fait un bref passage par le Top 10 au sortir de son « Roland » 2023, et pointe à cette heure 17e, toujours aux avant-postes donc.
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Cher Morglen, merci pour ce bel article documenté, comme on aimerait en lire plus souvent.
Voyez-vous venir le printemps ? Les bourgeons fleurissent, Stefanos, Denis… Volontiers utopique, éventuel uchronique, éternel amoureux, je suis traversé de rêveries. D’escapades, de chevauchées, à Paris, à Londres, à la belle saison. Un coup de chance, un Carlitos fauché par un autre. Une conquête, des baisers, le bonheur.
Elle est drôle, ta réaction, parce que c’est exactement dans cet état d’esprit que j’ai pris du plaisir à suivre les tournois de Buenos Aires et de Rio. J’ai aimé les regarder juste pour le cadre, le soleil, la terre battue, les jeux de lumière, le plein air tout simplement… Tu te sens revivre. Alors que j’ai zappé quand la TV diffusait Marseille et Doha ces mêmes semaines, sous peine de retomber en dépression hivernale. Du dur, toujours du dur, des couleurs sombres sur le court et grisâtres en arrière-plan (et vicé-versa), une salle dans la pénombre ou des sessions nocturnes sinistres devant 3 glandus… Et pourtant, on va pas se mentir, la qualité des plateaux sportifs est incomparable. Même si Fonseca a quelque chose, pour le reste les Cerundolo, Etcheverry, Carabelli, Comesana… Bon. On dira qu’au moins je me suis familiarisé avec ce que l’AmSud des 2020′s a de mieux à proposer
Mais à côté le décor fait du bien, quoi ! Rio a l’un des plus beaux sites du calendrier et BA une ambiance de feu dans les tribunes. Le changement de paradigme est même notable parce qu’il y a encore quelques années cette proposition de « belles images » pour la captation TV avait son importance dans le cahier des charges de l’ATP. Alors qu’aujourd’hui balec de faire migrer un tournoi d’un site magnifique sur une presqu’île à un parking en ZI (Miami). Dallas dans le même genre il y a 2-3 semaines était bien immonde. Promoteurs, diffuseurs, tournois, tout le monde a l’air de se foutre de l’image proposée/renvoyée à l’écran. C’est une erreur à mon sens : quand tu n’as pas les moyens d’attirer côté court les quelques mecs bankables restants sur le circuit, l’option « carte postale » côté jardin est la seule qui te reste pour sortir du lot.
Tout comme toi, je suis sensible aux beaux écrins et, à contrario, guère adepte des salons de la maison dans une foire expo aussi préfabriquée que les sentiments qui l’animent. Néanmoins, quand je vois un tel spectacle, je suis prêt à tous les sacrifices. Je rêve de Grand Chelem indoor, de vitesse, de rapidité. Ce Shapo-là me réconcilie avec le tennis. Reste dans ce corps, Riton !
https://www.youtube.com/watch?v=XaLhCFpOH8s
Merci Guillaume ! Pour autant je ne sais pas si je dois te remercier d’avoir fait ressortir de mon placard mémoriel le cauchemar Mattar 89. Sévère engueulade le lendemain matin avec mes camarades de lycée qui voyaient en lui « la révélation de ce RG », on a vu…
On a vu que grâce à lui Jérôme Potier a gagné « de quoi bouffer pendant deux ans »
Un grand merci pour ce topo très instructif. Quelle qualité ! Muito obrigado.
Ayant vécu 6 ans au Brésil, le tennis n’est effectivement pas un sport populaire ni courant même si Kuerten occupe dans les coeurs la même place que Zidane chez les Français : c’est une icône.
Sinon le « Golden Swing » en réalité est une période qui est très sympa pour les suiveurs du tennis puisque c’est souvent là que les grands talents percent et obtiennent leurs premiers résultats. Ce fut le cas d’Alcaraz et donc de Fonseca.
Par ailleurs, maintenant les ATP 500 sont de loin à mon goût les meilleurs tournois du circuit réguliers avec une densité et une intensité des tableaux constante dès le début de la semaine.
Le format 12 jours des ATP1000 est trop long, trop faible en début de tournoi, et ça coûte trop chers aux joueurs hors TOP 50 en démultipliant leurs frais paraît-il.
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Sinon il y a 3 ans, j’aurais été sincèrement peiné pour Kyrgios mais là, c’est vraiment le karma et puis même en terme de spectacle, la nouvelle génération en offre bien plus que lui (les sacs de coup droit de Fonseca, la créativité d’Alcaraz, la puissance de Sinner).
Je ne sais plus quel footeux (peut-être bien Leonardo, dans ses années récentes au PSG) avait dit que le Brésil avait 3 idoles sportives : la Seleçao, Senna et Kuerten. Je ne sais pas si c’est vrai mais vu de loin je trouve que ça a du sens, les trois incarnant un mix victoire / passion qui les relie assez, je trouve, au-delà des trajectoire singulières (sport co/sport indiv, Kuerten plus solaire que Senna). Et qu’effectivement un tennisman mange à la table du foot et du sport auto, c’est fort !
Alcaraz les premiers résultats c’est plutôt printemps / été 2021, RG / Umag / US. Par contre comme Rafa il aura eu le bon goût de jouer le jeu de cette tournée les premières années, oui. Mais ses résultats de l’an dernier, et ceux du Z cette année, ne vont pas inciter plus les tops joueurs à y aller. C’est un piège, cette tournée. Placée au mauvais moment, dans des conditions finalement très différentes de la terre européenne. Tsitsipas, qui avait le profil ad hoc pour la jouer (besoin de se reconstruire à instant T, jeu typé terrien naturel, personnalité assez sensible à la corde « passion » d’un continent) disait il y a quelques semaines qu’il aurait bien aimé la faire mais… Mais. Mais Doha + Dubai sont mieux dotés, mais l’enchaînement y vaut plus cher en points (2×500), mais il s’avère plus pertinent entre OA et IW/Miami… Si le M1000 saoudien dont on parle bcp se concrétise, c’en est fini du Golden swing, au moins au février. Ils regretteront peut-être d’avoir bloqué il y a quelques années, quand il était question de basculer Bercy en février et le Golden Swing en novembre, pour les recalés du Masters et stakhanovistes du circuit.
Et sur les 1000 de 12 jours, tout à fait d’accord. Je regardais les résultats de ce matin : en prenant un format Chelem MAIS en ajoutant des bye pour les meilleurs, on a joué un 250, pour ne pas dire un Challenger, ces 2 premiers jours. C’est incompréhensible. Pour faire ça autant mettre 7 matchs aussi aux tops joueurs et s’offrir 2 jours de plus à faire frétiller un minimum les audiences. Parce que là c’est d’un terne…
Uchronie quand tu nous tiens. Au menu du jour, Kuerten-Nadal.
Bien que féru de regrets et remords, j’assume que l’histoire est parfois très bien faite. Il ne faut surtout pas toucher à Roland-Garros 1999 et 2009. On se serait passé des victoires historiques d’Agassi et de Federer, lesquels ont accessoirement dominé Medvedev et Soderling en finale, ce que n’ont pas su faire les grands favoris Kuerten et Nadal en cours de route.
Pour ce qui est de nos deux rois de la terre battue, j’ai l’impression qu’il y en a eu, des ersatz de Nadal-Kuerten en finale de Roland-Garros, en 2008, en 2017, en 2018. On a vu le résultat. Alors oui, ce n’était plus le Rafa « perfectible » des débuts, mais n’a-t-il pas toujours été invincible ?
Ce n’était plus le Nadal perfectible des débuts (pas de service, pas vraiment de revers) et… nonobstant la caractéristique du R1M, ce n’étaient pas les mêmes joueurs. Kuerten était meilleur que Fed dans les attendus du revers sur terre battue (gros lift en croisé, puissance pour chercher l’ouverture en long de ligne même repoussé loin de sa ligne). Quant à Stan, la grosse différence que je vois tient surtout à ce que Stan mesure 1,83 m, Kuerten… 1,91 m. Il aurait moins passé son temps à jouer son revers à hauteur d’épaule. C’est de la supposition dans le vide mai je pense qu’il y aurait eu match. Je ne me mouillerais pas sur le vainqueur, mais si Richie pouvait mener 1 set et break contre Rafa à Monaco (2005), si Gaudio déjà à moitié perdu pour le tennis pouvait prendre un set à Rafa à Monaco (2006), je ne vois pas un grand Kuerten battu d’avance face au même adversaire ces années-là. Y compris à RG. Si Fed pouvait gagner un set à chaque fois, malgré ses errances en revers, pourquoi pas trois au meilleur terrien de son temps ? En tout cas c’est une uchronie qui me semble plus intrigante qu’un Nadal – Alcaraz ou Nadal – Sinner à l’autre bout de la pellicule
Retour à la réalité d’aujourd’hui pour les revers à une main. Stefanos, Lorenzo, Denis et les autres… Le printemps des poètes est fini.
Merci Guillaume. Tout article qui parle de Kuerten est forcément bon à prendre. Et en plus ça parle d’autres joueurs oubliés ou inconnus (Maria Bueno…).
De toute manière, au rythme où on va, chaque saison nous rapproche inéluctablement de l’Année d’infamie où aucun revers à une main ne gagnera même le moindre titre ATP. On a perdu Fed, on a perdu Stan, on a perdu Thiem… nos derniers gros scoreurs. Fanou fait de la résistance en garantissant un M1000 syndical à Monte-Carlo, Grigor repousse les limites de l’âge, mais la tendance de fond n’est pas bonne. Il nous reste quoi, Shapo qui arrive en milieu de carrière, Musetti qui reste jeune mais ne sera pas Sinner (penser que Jannik lui-même disait que son cadet était plus fort que lui
), un Kovacevic de temps à autre pour un « run » inattendu… Et puis la seule révélation estampillée R1M des 2/3 dernières années, l’homme que la Terre entière nous envie, notre profil de servebot à nous qui n’en avions pas : Giovanni Mpetshi Perricard. Et je le dis avec beaucoup d’intérêt et d’a priori favorable tant son jeu me fait marrer (si on défend la diversité des profils sur le Tour, il faut AUSSI du servebot : il n’en faut juste pas beaucoup) et la personne est sympa.
Feu Stan & Thiem appartenaient à une espèce à part, les brutes majestueuses. Giovanni est tout à fait respectable, en tant que très gros serveur certes, mais aussi attaquant, qui termine vite le point. À l’heure des échanges à rallonge, ses « défauts » sont des qualités. Néanmoins, il diffère fondamentalement de ses contemporains. Grigor, Denis, Stefanos, Lorenzo ont tous quelque chose en eux du messie. Une certaine idée du tennis, un esthétisme, une allure qui font d’eux, quelque part, à leur manière, avec leurs limites, les enfants de Federer.
Pfff, et ahaha, je ris. 30 ans qu’on m’annonce la mort du R1M.
Comme le rock. Et les Stones sont en pleine forme.
Yes, it’s only rock n’roll, and I like it, yes I do !
Mais quand même grand souvenir de Guga battant Muster sur le Court N° 1 en 1997
Alors ils sont encore en forme mais de moins en moins nombreux. Un peu comme le revers à une main quoi !
Les enfants de Federer… et le dernier-né ? J’ai plus de plaisir à regarder les temps forts de ce match que de ceux de nombreux autres joueurs professionnels, pourtant très bons :
https://youtu.be/7V5fYiSGYD0?si=imgc-ERiUfV6Aaj4
Et puisque les Suisses sont à l’honneur, bisous et bon anniversaire à Stanislas Paprika, 40 printemps aujourd’hui.
Henry Bennet ressemble comme 2 gouttes d’eau à Federer. Même visage poupon !!!! Et un revers décroisé qui ressemble à celui de papy Roger…
Ce nouveau format est toujours aussi longuet. Sur le contenu des matchs, j’aime bien la trajectoire et l’affirmation de Draper qui joue du beau tennis, complet et explosif dans l’ensemble. Il semble petit à petit trouver la bonne carburation au niveau du conditionnement (il se pète de moins en moins mais toujours trop).
Rune semble sur la bonne voie, j’ai toujours du mal à comprendre ce qui le rend si bon mais le fait est que quand il joue bien, il est TOP 6 légitime.
Tsitsipas semble un peu rassénéré et sa défaite contre Rune n’est pas odieuse. Il y a du mieux. Du point de vue de l’analyse quantitative, le changement de raquette permet à son revers de revenir au niveau médian du circuit, ce qui est suffisant pour lui au vu du reste de ses monstrueux atouts qu’est son duo service/+1.
Alcaraz a quand même toujours du mal contre les puncheurs qui lui rentrent dedans. Son chantier au service (nécessaire) ne porte pas encore ses fruits.
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En WTA, la domination d’Andreeva est surprenante avec une telle prise de pouvoir mais elle semble avoir tous les atouts pour performer dans la WTA actuelle : gros service, solidité, déplacement et puis bonne cuisine tactique qui dérègle ses adversaires qui perdent le fil in fine.
Au passage, elle est souvent très très drôle bien malgré elle dans le Vlog de Daria Kasatkina avec un côté Hingis frais et franc bien drôle.
Les conditions de jeu étaient très, très lentes à Indian Wells. Il fallait vraiment générer beaucoup de puissance pour inscrire un winner. On a l’impression que les joueurs ont beau se plaindre de cet état de fait, ça ne fait qu’empirer.
Draper a franchi un cap énorme cette semaine, dans des conditions qui lui allaient à merveille. Les stats de l’ATP montrent qu’il a explosé ses plafonds annuels (rotation de son coup droit, vitesse de coup droit, pourcentage de frappes proches des lignes, à 1 m et moins). A voir s’il était in the zone dans les conditions rêvées pour faire briller son jeu ou s’il vient de nous donner un aperçu de ses standards futurs.
Ce qui est inquiétant avec Alcaraz, c’est qu’il a beaucoup de chantiers à gérer en simultané : le service, le revers, la concentration… et qu’aucun des 3 ne semble significativement s’améliorer. La seule satisfaction étant que depuis bientôt un an aucune blessure n’a été recensée officiellement (puisque que c’était aussi une des raisons avancées pour expliquer les changements techniques opérés). Mais à part ça rien de bien encourageant sur ses 3 grands axes de travail :
- La première balle a certes gagné quelques km / h mais elle passe peu, et manque de variation de zones (essentiellement au centre, sur l’homme) ;
- le revers reste trop ce coup qui déporte l’adversaire en vue de préparer le décalage coup droit dans la foulée. ça fait le job contre le tout-venant du circuit mais ça lui compliquera toujours la vie face aux excellents R2M (Sinner, Zverev et autres Djokovic qu’il ne manquera pas de croiser dans les derniers tours de GC) de ne pas marquer plus de winners directs sur ce coup.
- la concentration, que dire ? Sa production contre Draper était affligeante. A l’entendre dans ses confs, je trouve qu’il en ressort une mauvaise approche des matchs et des tournois. La crise de croissance a été longue à venir mais je crois qu’on y est. Il a du mal à gérer son nouveau statut. Il se voit favori des tournois donc obligé de gagner donc déjoue. Dernier exemple en date quand après IW il dit qu’il va essayer de gagner Miami pour rester sur sa série d’un M1000 victorieux chaque année sur cette tournée. NAN ! Warning. Mauvaise approche. Quand on a gagné deux 500 en huit mois et qu’il y a quelques sales défaites dans ce laps de temps, on ne se projette pas à parler de titre. On se la joue profil bas à la Rafa « Je prends match par match », « on verra ce qui va se passer au prochain match », « Bye au premier tour est un adversaire très dangereux », « l’important c’est le processus, pas le résultat » (bon ça c’est pas Rafa, mais un des mantra de Wawrinka, entre autres)… et autres accès / excès d’humilité dont il aurait besoin en ce moment pour relâcher la pression.
Les conditions de jeu à IW sont lentes, avec surtout un rebond qui est très haut.
Draper est la version 30% plus forte de Norrie qui a gagné en 2021 avec un coup droit très lifté, et un revers à plat, probablement de meilleure facture chez Draper en sus.
Je vous renvoie vers l’analyse tactique et technique de Hugh Clarke : c’est très intéressant : https://hughclarke.substack.com/p/rune-vs-draper-indian-wells-final
De ce que l’on voit, il n’y a pas de raison que Sinner soit contesté cette année en tout cas même s’il ira à Hambourg la veille de Roland-Garros, un choix à double tranchant mais il anticipe a priori d’être sacrément rouillé et ne pas faire long feu à Rome.
Côté filles c’est tout juste si j’ai reconnu Andreeva. La transformation physique en moins d’un an pour passer d’une ado encore frêle à une athlète aux épaules de déménageuse, pff… Le prépa physique n’a pas chômé ! Aujourd’hui elle allie l’impact physique à une technique plus fine que la moyenne chez les filles. ça peut vite payer.
Perso, je n’ai jamais trouvé Andreeva frêle, elle a eu toujours un gabarit assez mature depuis qu’elle est arrivée sur le circuit même si elle a indéniablement pris du muscle.
Chapeau à elle, elle s’en sort bien jusqu’à maintenant tout en réussissant à ne pas être antipathique comme sont perçues Swiatek ou Gauff.