Le tennis professionnel avant l’ère Open (4/5)

By  | 11 septembre 2009 | Filed under: Histoire

En 1968, les tour­nois du Grand chelem « ouv­rirent » leurs por­tes aux joueurs pro­fes­sion­nels et le ten­nis entra alors dans l’ère que l’on con­tinue à ap­pel­er « Open » pour cette raison. Les joueurs qui étaient passés pro­fes­sion­nels furent alors à nouveau admis dans les prin­cipaux tour­nois dont ils s’étaient eux-mêmes ex­clus en cédant aux sirènes des pro­moteurs du ten­nis dit « pro », par­fois longtemps auparavant. Le ten­nis pro­fes­sion­nel n’est pas, en effet, né dans les années 1960 mais dans les années 1920… Les in­for­ma­tions con­tenues dans l’ouv­rage es­sentiel de Bud Col­lins His­to­ry of Ten­nis : An Aut­horitative En­cyc­lopedia and Re­cord Book per­met­tent de re­constitu­er cette his­toire tumul­tueuse. Tel est l’objet de l’ar­ticle qui suit et dont voici la quat­rième par­tie.

Par­tie IV : l’em­pereur Pancho

Une domina­tion sans équivalent….

En 1954, Kram­er se re­tira de la com­péti­tion sans avoir perdu une tournée de­puis 1948 et il or­ganisa une tournée « round robin » com­prenant Gon­zalez, Sedgman, Segura et l’éter­nel Donald Budge afin de déter­min­er son suc­ces­seur. Gon­zalez re­mpor­ta la tournée, bat­tant Segura et Sedgman (30-21 con­tre chacun d’entre eux, tan­dis que Segura ter­minait de­vant Sedgman 23-22) et put ainsi connaître une deuxième vie pro­fes­sion­nelle en tant que nouveau numéro un des pros.

Il avait 26 ans et était arrivé à son meil­leur niveau. Après Tild­en, Budge et Kram­er, son heure était venue. Un très grand ser­vice est souvent un gage de longévité et Pancho, qui frap­pait ap­parem­ment sans ef­fort le sien à plus de 200 km/h, survécut à l’arrivée de l’ère Open. Il de­vait jouer pen­dant en­core 18 ans, re­mpor­tant son de­rni­er tour­noi pro en 1972 à Des Moines, à l’âge de 44 ans. Il est toujours le joueur le plus âgé à avoir re­mporté un tour­noi pro­fes­sion­nel. Sa per­son­nalité dominat­rice et ombrageuse, pour ne pas écrire caractériel­le, ses con­flits ouverts et récur­rents avec le boss du monde pro, Jack Kram­er, son aura con­sidér­able, font que Pancho Gon­zalez sym­bolisa le ten­nis pro­fes­sion­nel durant une quin­zaine d’années.

Il n’y eut ni Wembley pro, ni French Pro en 1954 et 1955, mais Gon­zalez re­mpor­ta en 1954 son deuxième US Pro consécutif, bat­tant Sedgman en fin­ale en quat­re sets.

Les années suivan­tes de­vaient être marquées par l’hégémonie ab­solue de Gon­zalez, qui domina à son tour le « cir­cuit » pro comme Kram­er l’avait fait avant lui, mais plus lon­gue­ment en­core. Gon­zalez est ainsi con­sidéré comme ayant été le meil­leur joueur du monde jusqu’en 1960 au moins, une longévité inégalée (7 voire 8 années con­sécutives) au pre­mi­er rang mon­di­al. Pancho Gon­zales re­mpor­ta l’US Pro durant sept années con­sécutives, de 1953 à 1959 et de­vait en­core le re­mport­er une ul­time fois en 1961, un re­cord ab­solu bien sûr. Il re­mpor­ta égale­ment le Wembley Pro en 1956 pour la quat­rième fois. Il finit par per­son­nifi­er à lui seul le monde pro­fes­sion­nel et en de­meura l’in­contest­able tête d’af­fiche jus­que tard dans les années 1960 où, à plus de 35 ans, il con­tinuait réguliè­re­ment à battre Ken Rosewall et Rod Laver, pour­tant à leur apogée.

En 1955, chez les amateurs, Tony Trabert de­vint le quat­rième homme après Craw­ford en 1933, Perry en 1934, et bien sûr Budge en 1938, à re­mport­er au moins trois des quat­re tour­nois du Grand chelem la même année, ce qui en faisait une re­crue idéale pour être opposé, chez les pros, à Pancho Gon­zalez. Jack Kram­er le re­cruta, de même que Lew Hoad et Ken Rosewall, afin de dis­put­er une tournée sur le modèle de la Coupe Davis où lui-même et Trabert seraient opposés à Hoad et Rosewall, mais le deal capota. La société Slazeng­er, qui em­ployait Rosewall, ac­cepta de lui vers­er un bonus pour le con­serv­er chez les amateurs, tan­dis que l’épouse de Lew Hoad le per­suada de faire une dernière année chez les amateurs… Ce qu’il fit en re­mpor­tant à son tour un Petit chelem en 1956, échouant en fin­ale de Forest Hills – comme Craw­ford avant lui – à re­mport­er le Grand chelem.

Tony Trabert fut donc le seul à être re­cruté pour faire une tournée clas­sique con­tre le tenant du « titre », Pancho Gon­zalez, durant l’hiver 1955 et le prin­temps 1956. Com­pte tenu des rap­ports détest­ables qu’il en­tretenait avec Gon­zalez, Jack Kram­er re­com­mença à s’entraîner pour dis­put­er lui-même la tournée con­tre Trabert mais finit par re­nonc­er. Gon­zalez écrasa Trabert durant la tournée 74-24. Comme l’année précédente, il bat­tit égale­ment Segura en fin­ale de l’US Pro et ces deux fin­ales de 1955 et 1956 eurent un score atypique en ce sens que fut testé un système de points dérivé du ten­nis de table (21-15 13-21 21-14 22-20 pour la fin­ale de 1956). En 1956, Gon­zalez bat­tit égale­ment Sedgman en fin­ale du Wembley Pro au cours de l’un des meil­leurs matchs de l’époque (4-6 11-9 11-9 9-7). C’est à cette époque que le Wembley com­men­ça à être con­sidéré comme le plus grand tour­noi pro­fes­sion­nel. En re­vanche, il per­dit en fin­ale du French Pro qui avait connu deux années d’in­terrup­tion, Trabert pre­nant le meil­leur sur lui (6-3 4-6 5-7 8-6 6-2).

La menace Lew Hoad

Fin 1956, Jack Kram­er tenta à nouveau de re­crut­er Lew Hoad qui avait gagné 15 tour­nois dans l’année, mais échoua. Il se rabat­tit alors sur Ken Rosewall afin de mont­er une tournée con­tre Gon­zalez pour l’année suivan­te, tournée que « l’em­pereur Pancho » re­mpor­ta facile­ment 50-26. Peu après le début de la tournée qui com­men­ça en Australie au Nouvel an de 1957, Lew Hoad ac­cepta enfin de pass­er pro. Jack Kram­er sub­odora par la suite que c’est le mo­ment où Hoad com­men­ça à re­ssen­tir les problèmes de dos qui de­vaient fin­ale­ment mettre un terme prématuré à sa carrière, et que ce de­rni­er n’ac­cepta qu’après avoir réalisé qu’il valait mieux sign­er avant qu’il ne soit trop tard. Le contra­t ne fut dévoilé qu’après Wimbledon, qui fut le de­rni­er tour­noi amateur dis­puté par Lew Hoad. Il l’em­porta bril­lam­ment, ne per­dant qu’un set en quarts de fin­ale, et écrasa As­hley Co­op­er en fin­ale en 57 minutes (6-2 6-1 6-2), assurément l’une des plus im­pres­sion­nantes vic­toires de l’Australi­en. Tan­dis que Gon­zalez bat­tait Segura en fin­ale de l’US Pro pour la troisiè­me année con­sécutive, Rosewall re­mpor­ta le Wembley Pro de 1957, son pre­mi­er grand titre chez les pros, bat­tant en fin­ale Segura en cinq sets.

A la suite du re­crute­ment de Hoad, Kram­er s’oc­cupa de le préparer sérieuse­ment pour la tournée à venir con­tre Pancho Gon­zalez, or­ganisant une série de « round robin » auto­ur du monde (Europe, Af­rique, Inde et Asie du sud-est) con­tre lui-même, Segura et Rosewall. Il espérait que Hoad viendrait à bout de Gon­zalez et qu’il en serait ainsi débar­rassé, ce que Trabert, puis Rosewall, n’avaient pas réussi à faire. Gon­zalez en était bien en­ten­du furieux.

La tournée de 1958 qui débuta en Australie com­men­ça comme Kram­er le souhaitait. Hoad, qui jouait ex­trême­ment bien, gagna 8 des 13 premières re­ncontres face à un Gon­zalez hors de forme. A San Fran­cisco, lieu de la première re­ncontre dis­put­ée aux Etats-Unis, Hoad s’im­posa 6-4 20-18. La soirée suivan­te, dans sa ville natale de Los An­geles, Gon­zalez s’im­posa 3-6 24-22 6-1 puis, de­vant 15 237 spec­tateurs ras­semblés au Madison Square Gard­en, récidiva 7-9 6-0 6-4 6-4 lors de l’unique re­ncontre de la tournée dis­put­ée au meil­leur des cinq sets. A ce mo­ment là, Hoad avait été supérieur à Gon­zalez dans tous les com­par­ti­ments du jeu ou pre­sque, et menait la tournée 18-9. Mais ses problèmes de dos le rattrapèrent à Palm Spr­ings et il n’évolua plus qu’épisodique­ment à son meil­leur niveau jusqu’à la fin de sa carrière.

Gon­zalez re­mpor­ta fin­ale­ment la tournée 51-36 mais ce fut l’unique fois où il fut sérieuse­ment en dang­er. De nombreuses années plus tard, Gon­zalez dit d’ail­leurs du jeu de Hoad que c’était le plus fort qu’il ait jamais vu et qu’à son meil­leur, Hoad lui était supérieur même lorsqu’il était lui-même à son meil­leur. Cette année-là, Gon­zalez bat­tit égale­ment Hoad en fin­ale de l’US Pro, re­mpor­tant ainsi son cin­quiè­me titre consécutif, au cours d’un match très mal engagé (3-6 4-6 14-12 6-1 6-4). Sedgman re­mpor­ta le Wembley con­tre Trabert en trois man­ches tan­dis que Rosewall em­por­tait le French Pro en bat­tant Hoad (3-6 6-2 6-4 6-0). Comme l’a in­diqué Kram­er après coup, la tournée de 1958 fut la dernière oc­cas­ion de gagn­er be­aucoup d’ar­gent, Hoad raf­lant 148 000 $ (en­viron 1,1 M$ d’aujourd’hui), tan­dis que Gon­zalez gagna plus de 100 000 $.

En 1959, Mal An­der­son et As­hley Co­op­er passèrent pros et se joig­nirent à Hoad et Gon­zalez pour une tournée « round robin », mais l’enthousias­me et l’ex­cita­tion de la tournée précédente avaient dis­parus. Gon­zalez de­meura le boss durant la tournée et bat­tit à nouveau Hoad en fin­ale de l’US Pro, en trois sets cette fois, re­mpor­tant ainsi son sixième titre consécutif. An­der­son s’im­posa à Wembley, bat­tant Segura en fin­ale en cinq sets, tan­dis que Trabert re­mpor­tait le French Pro, bat­tant Sedgman en trois sets en fin­ale. La société de Kram­er, World Ten­nis Inc., jusque-là prospère, com­men­ça à connaître des dif­ficultés. Pour le monde pro, le vent avait tourné, re­tar­dant d’une décen­nie l’arrivée de l’ère Open…

Cin­quiè­me par­tie : L’échec du putsch de Kram­er, le déclin du monde pro, et fin­ale­ment, « l’ouver­ture »…

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Né l'année ou Rod Laver réalise son pre­mi­er grand chelem, suit le cir­cuit de­puis 1974, abuse par­fois de statis­tiques, af­fiche rare­ment ses préfér­ences per­son­nelles, aime les fos­siles et a par­fois la dent un peu dure...

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22 Responses to Le tennis professionnel avant l’ère Open (4/5)

  1. Ulysse 11 septembre 2009 at 11:17

    Excellent comme d’habitude. Lew Hoad est un joueur mythique pour moi. Il avait un physique exceptionnel avec des mains et des bras énormes. Il est rapporté qu’il avait un jeu très complet et était capable de dominer en puissance.
    Non seulement Pancho Gonzalez le considérait comme le GOAT, mais je ne sais plus quel joueur jouant encore dans les années 70 interrogé sur la question du GOAT entre Federer et Laver avait répondu que de toutes façon en niveau pur ça ne pouvait pas être Laver qui était nettement dominé par le meilleur Hoad.

    • Duong 11 septembre 2009 at 11:35

      sur le jeu « très complet » de Hoad, j’ai quand même lu qu’il passait son temps à frapper très fort dans toutes les positions.

      On peut dire qu’il jouait « à l’instinct », mais on peut aussi dire qu’il n’avait pas de tactique.

      Bref, Kramer insistait aussi que Hoad était très très irrégulier.

      C’est toujours le débat entre régularité et niveau maximum.

      Pas mal de gens tendent à être impressionnés par le niveau
      maximum.

      Avec les arguments utilisés pour Hoad et Gonzales, on dirait aussi bien que Nadal est bien meilleur que Federer puisqu’il ne joue que 2 mois par an à son meilleur niveau, mais que quand c’est le cas, il gagne.

      D’où le blabla sur le fait que Federer ne gagne que quand Nadal est blessé, etc …

      Les prises de position sur Hoad ressemblent pas mal à ça.

      Et si on utilisait ce critère du « niveau maximum », il y a énormément de joueurs qui seraient réévalués par rapport à leur niveau moyen.

      • Antoine 11 septembre 2009 at 11:36

        Nos coms se sont croisés..

  2. Antoine 11 septembre 2009 at 11:36

    Thanks. En fait Ulysse, Gonzalez ne le considérait pas comme le GOAT, il considérait que c’était le joueur qui avait le plus fort jeu qu’il ait jamais vu et qu’à son meilleur il était imbattable même si lui même était à son meilleur..

    Le problème, c’est que cette période n’a duré qu’un an en 1956 et que peu après Hoad a commencé à être attrapé par ses problèmes de dos. Même s’il a continué à jouer longtemps, il n’a semble t il jamais retrouvé, ou occasionnellement seulement, le niveau de jeu qu’il avait à ce moment là..

    En ce qui concerne Hoad et Laver, il ne faut pas oublier que Hoad avait quatre ans de plus et qu’il est passé pro cinq ans avant lui. Quand Laver s’est pointé, Hoad lui était encore supérieur mais cela n’a pas duré, même si Hoad était capable de le battre..

    D’une façon générale, quand on compare deux joueurs, on peut distinguer deux choses: à leur meilleur, qui est le meilleur ? Mais c’est assez théorique car les matchs ou deux joueurs sont à leur meilleur sont rares..ou plus prosaïquement, en moyenne qui est le meilleur ? A cette dernière question, entre Hoad et Laver, la réponse est simple: Laver a été meilleur que lui.. mais il n’est pas impossible que le plus fort jeu jamais vu ait bien été celui de Hoad à son top..

    Si quelqu’un l’a vu jouer, je suis preneur d’infos…

    • Duong 11 septembre 2009 at 11:57

      disons que c’est classique qu’un type dont le jeu est de taper très fort dans toutes les positions peut avoir, certains jours, « le meilleur jeu jamais produit ».

      Mais il est aussi habituel que le même, un autre jour, il mettra tout dehors.

      Alors ?

      Certains joueurs choisissent de développer un jeu tactiquement plus complet, plus régulier, sans frapper le plus possible systématiquement :

      c’est un choix, plus porteur à moyen terme, normalement les tout meilleurs doivent être capables de ce choix.

      • Antoine 11 septembre 2009 at 12:06

        Il y a une petite différence Duong, c’est que durant toute l’année 56, Hoad ne ratait rien..Autrement dit, il était super fort presque tous les jours,pas seulement les bons jours…

      • Duong 11 septembre 2009 at 12:16

        n’empêche que Gonzales l’a battu sur l’ensemble de la tournée quand Hoad est arrivé chez les pros, et que Rosewall l’a battu en finale de Wimbledon alors que Rosewall n’était pas à mâturité, manifestement bien moins fort que Gonzales, et qu’il était bien moins un spécialiste de surface rapide.

        Donc cette année amateur 56 de Hoad n’était pas si grandiose.

        • Antoine 11 septembre 2009 at 13:43

          Ce n’est pas à Wimbledon que Rosewall a battu Hoad, c’est en finale de Forest Hills, match qui si Hoad l’avait emporté lui aurait valu de rentrer dans la postérité comme le deuxième type à l’avoir fait après Budge..

          Rosewall, qui avait le même âge que Hoad à qq jours près, 21 ans tous les deux, n’était pas moins que Hoad capable de jouer sur surface rapide, en l’espèce l’herbe. ce n’était pas non plus un novice puisqu’il avait déjà gagné l’Australien Open en 1953 à 18 ans et récidivé deux ans après en 55 en battant déjà Hoad en finale.

          En 56, Hoad a pris sa revanche à l’Australian Open en finale, puis à Wimbledon, l’emportant à chaque fois en quatre sets.

          Tout cela pour dire que côté amateurs, Rosewall et Hoad étaient les deux meilleurs et que le fait que Hoad perde en quatre sets également la finale de Forest Hills ne signifie pas que Hoad n’était pas exceptionnellement bon cette année là ou il gagna un nombre record de 15 tournois..

          Chez les pro, seul Gonzalez était sans doute aussi fort, voire plus fort que Hoad en 56..

  3. Antoine 11 septembre 2009 at 12:08
  4. Duong 11 septembre 2009 at 12:13

    Concernant Hoad et Rosewall, il faut savoir qu’ils avaient le même âge, jouaient en double ensemble et étaient surnommés « les jumeaux » dans leur jeunesse :

    http://bmarcore.club.fr/tennis/apres52/whiz-53.html

    Concernant l’épisode du passage professionnel de Rosewall avant Hoad :

    http://bmarcore.club.fr/tennis/apres52/hoad-56-57.html

    En tout cas, Hoad et Rosewall sont emblématiques du débat sur le « jeune génie sans tactique » et le joueur moins génial mais ayant la tactique et la longévité.

    J’ai souvent lu que Hoad dominait Rosewall dans leur jeunesse, etc … il est vrai qu’il le faisait plus que l’inverse (Kramer disait d’ailleurs que Hoad n’était hyper-motivé que quand il jouait Rosewall, son « jumeau »).

    Mais :
    1. Rosewall s’est manifestement amélioré avec le temps, c’était un joueur fort tactiquement, aussi très fort sur terre battue
    2. tandis que Hoad a eu le chemin inverse.

    Certes on évoque toujours les problèmes de dos de Hoad, mais j’ai l’impression qu’il faudrait aussi évoquer les progrès de Rosewall avec le temps.

    A l’époque où Hoad battait Rosewall, les deux étaient jeunes, Rosewall n’était pas encore à mâturité (je ne parle même pas de Laver, qui était bien plus jeune … ce qui explique d’ailleurs en partie que Gonzales le dédaigne).

    Mais manifestement le jeu même de Rosewall était un jeu fin qui allait progresser, alors que sur ce que je lis de Hoad, un jeu où on tape dans toutes les positions, ça n’est pas un jeu tellement destiné à progresser.

    Enfin dernière chose : dans les tournois pro de l’époque, j’ai lu qu’on jouait le plus souvent sur des surfaces très rapides, notamment du parquet, ce qui manifestement était favorable au jeu de Gonzales et son grand service, sa volée … mais aussi apparemment à Hoad dans la mesure où le type était un frappeur.

    Rosewall et Laver étaient en revanche des joueurs « tout-terrains ».

    Imaginons un Sampras ne jouant que sur surfaces rapides : personne n’évoquerait même que ce type était bien moins fort sur terre battue, il serait le GOAT comme on dit pour beaucoup plus de gens qu’il ne l’est.

    Gonzales, j’ai l’impression qu’il est dans cette veine.

    Manifestement, Rosewall avait sa meilleure surface sur terre, et Laver était tous-terrains, c’est très différent (en outre encore une fois, Laver était plus jeune, donc il ne faut pas forcément se fier à ses débuts pros contre Gonzales et Hoad).

    Autre chose : on évoque souvent les souvenirs de Gonzales sur cette époque, et ses jugements sur les autres joueurs, mais une chose est claire : le type était un sacré crâneur !

    Imaginez si on ne connaissait les joueurs des années 70 que par les commentaires de Nastase ou Connors …

    • Antoine 11 septembre 2009 at 13:57

      C’est sût que Rosewall a progressé et n’a atteint son meilleur niveau qu’à partir de 1961. Il est d’ailleurs sans doute le vrai numéro un des années 61-63 avant que Laver qui a quatre ans de moins ne vienne le supplanter, sans jamais d’ailleurs le dominer outrageusement, bien au contraire. C’est de peu que Laver peut être considéré comme le meilleur joueur du monde durant les six années 64 à 69.

      De son côté, Hoad décline dès 57 en réalité même s’il continue à faire partie des meilleurs et qu’il le sera longtemps; un déclin très rapide puisque dès l’âge de 22 ans et pour cette raison physique maintes fois mentionnée..

      Par ailleurs, il est exact que de tous, Rosewall était le meilleur sur terre battue et ce durant une dizaine d’années au moins. Mais tant Hoad que Gonzalez étaient de très bons joueurs sur terre aussi puisque Hoad gagne Roland Garros en 56 et que Gonzlalez à 40 ballets parviendra encore en demies finale du premier « French Open ». Gonzalez a également été trois fois en finale du French Pro..

      En tournée, les rencontres se déroulaient l’hiver en salle, souvent sur du parquet ou une surface approchante, donc très rapide ce qui allait très bien à Gonzalez ou Hoad effectivement. Mais à cette époque, presque tous les tournois, pro et amateurs, se jouaient sur surface rapide. Il n’y avait guère que la saison européenne de terre battue qui faisait exception..

  5. karim 11 septembre 2009 at 18:29

    ça a déjà été dit, mais ça se lit vraiment comme un roman. Super job.

    • Antoine 11 septembre 2009 at 22:09

      Thanks !

  6. fieldog38 11 septembre 2009 at 22:37

    Toujours aussi captivant. Encore bravo, ça a dû te demander un sacré boulot. Mais quand c’est une passion, on ne compte pas… ;)

    Antoine as-tu une idée du nombre de joueurs à cette époque et du niveau moyen, disons du top 20 ??? Car ce qui me frappe dans tes articles c’est qu’on retrouve très souvent les mêmes noms dans les derniers carrés et a fortiori les finales de ces tournois. Est-ce parce que ces types dominaient leur sport ou bien y avait-il une concurrence quantitativement moins importante qu’aujourd’hui??? En même temps la question reste d’actualité…

  7. colin 12 septembre 2009 at 00:29

    J’ai découvert le 3 et le 4 dans la foulée, que voilà de la (bonne) matière!

  8. Antoine 12 septembre 2009 at 10:54

    En ce qui concerne la question posée par Fieldog, j’ai peu d’éléments de réponse. Je ne sais pas combien il y avait de pro à dans les années 30, 40, 50 et 60. Ce que l’ont sait, c’est que les tournées se faisaient avec un très petit nombre de joueurs et joueuses. En revanche, il y avait plus de monde dans les tournois qui parvenaient, en tout cas pour ce qui est de l’US pro, à rassembler pas mal de monde..Il y avait plus de pro dans les années 60 (Cf. Partie V) que durant les années 30…

    Compte tenu de ce point et du fait que les meilleurs joueurs, ou du moins une bonne partie d’entre eux, passaient pro à un moment donné de leur carrière, parfois tôt, parfois tard, le niveau des demies finales et des finales des plus grands tournois pro étaient certainement plus élevé que celui des tournois du GC disputés entre amateurs et il ne me parait pas très surprenant de voir revenir les mêmes noms comme c’est le cas d’ailleurs durant la plupart des période de l’ère Open..

    D’une façon générale, et cela vaut pour le monde amateur également, il y avait moins de joueurs qu’aujourd’hui.

    En 38, quand Budge remporte le premier GC, il n’a besoin que de 5 victoires à Adelaïde, six à RG et à Forest Hills et seul Wimbledon était déjà au format actuel (7 victoires).

    En 62, Laver a gagné en Australie avec seulement 5 matchs, seulement six à RG, comme du temps de Budge mais entretemps, Forest Hills s’était aligné sur le format Wimbledon.

    En 69, première année « open », il n’ a fallu que 5 victoires pour que Laver l’emporte en Australie, comme en 62 et comme en 38, mais Roland Garros était passé au format à sept victoires, comme à Wimbledon et Forest Hills.

    Ceci montre que le nombre d’engagés potentiel de niveau jugé suffisant était moindre qu’aujourd’hui en Australie et à RG. Jusqu’à la fin des années 70, le tournoi australien est demeuré un tournoi joué entre australiens avec la présence de quelques étrangers qui acceptaient de se déplacer (on mettait un mois jusque dans les années 50). Ce n’était pas très grave quand les Australiens étaient les meilleurs mais une fois ceux ci disparus, le niveau du tournoi a baissé. De même RG était jusque vers la fin des années 70 un tournoi joué essentiellement entre européens..

    Je n’ai pas à ce stade d’autre informations susceptibles d’éclairer nos lanternes…

    • fieldog38 12 septembre 2009 at 14:42

      Merci pour ces précisions.

  9. franckie 12 septembre 2009 at 11:14

    tout ceci sent bon pour rodgeur,une victoire dont on s’en souviendra

  10. martin 12 septembre 2009 at 19:21

    Excellent article. Antoine, tu as vraiment une connaissance de l’histoire du tennis vraiment impressionante.

    Moi, avant 1980 (et encore), je suis un IGNARE !!! Je le suis un peu moins grace à tes articles.

    Merci.

    Sinon, juste pour dire : Nadal est un grand champion. Il a laminé Gonzo en moins de temps que je ne passe à écrire ces mots. Le pauvre chilien n’y était sans doute plus, mais Nadal, lui, ne lache pas. Jamais.

    Voilà la définition d’un grand champion, selon moi.

    Mais je pense que la fatigue et les soucis de santé le rattraperont en 1/2 finale. Je pense que JMDP lui collera un 3-0 très cruel. L’argentin est très très fort, je pense qu’il ne laissera aucune chance à Nadal, exactement comme ce dernier n’en a laissé aucune à Gonzo sur la fin de match.

    C’est très cruel car Nadal ne mérite pas une raclée. Mais je crains qu’il ne la prenne.

    En attendant, vivement lundi, où nous devrions assister (pour celles et ceux qui auront la chance de la regarder) à une très grande finale entre Federer et JMDP. Comparable au Sampras/Safin de 2000. JMP = Safin et Federer = Sampras, bien sûr. Je pense, et j’espère, que l’issue ne sera pas la même.

    Quelqu’un à envie de sortir ce soir ? Moi, oui. Avis aux amateurs…. Sur Paris.

    A plus, chers amis.

    • Antoine 12 septembre 2009 at 19:30

      Sur Gonzo- Nadal, on est plusieurs à avoir donné notre sentiment sur l’autre article..

      Sinon, merci mais je connaissais très peu cette période aussi et j’ai donc lu et synthétisé ce que j’ai pu relever dans le bouquin de Collins..

  11. Franck-V 13 septembre 2009 at 22:11

    Ton excellent article tombe bien (mal) à propos, Antoine.

    Jack Kramer vient de décéder :-(

    • Antoine 13 septembre 2009 at 22:20

      Sans blagues ? A 88 ballets, pendant l’Us Open ?

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