Anatomie d’un instant, deuxième partie : la finale de Coupe Davis 2002

By  | 1 décembre 2023 | Filed under: Actualité, Coupe Davis, Histoire

En roue libre

  • Question préliminaire : qui, dans le banc russe, est agent du KGB ?
  • Question corollaire : qui, dans le banc russe, est agent DORMANT du KGB ?
  •  Le type aux lunettes noires, c’est qui ? Il a quoi dans sa poche ? Il me fait flipper !
  • En cas de victoire, où ira Marat ?
  • En début de soirée il n’a que l’embarras du choix. Paris est pleine de ressources. Ensuite… un petit plouf dans la Seine ? Attention Marat, il faudra savoir te réveiller au Havre !
  • Ou alors un wagon à bestiaux à la gare de l’Est. J’imagine bien notre Marat émerger après-demain à Istanbul sans se souvenir de quoi que ce soit.
  • Shamil Tarpischev…

 

BmLt3QQCcAE72lwPortrait de Shamil Tarpischev. Ou de quelqu’un d’autre, croqué par le Canard Enchaîné. Vous voyez l’esprit.

  • Vous avez vu ? Je crois qu’il vient de dire quelque chose à Youz.
  • « Si tu perds, c’est le Goulag ».
  • Dans le meilleur des cas pour lui, ce sera le Goulag en effet. Dans le pire, je n’imagine même pas.
  • Dans le pire, c’est son nom lui-même qui est menacé d’extinction. Ses parents sont en train de préparer leurs affaires pour s’éclipser en douce vers la Corée du Nord.
  • Tu m’étonnes qu’il tire la tronche !
  • Si vous saviez le nombre d’entrailles humaines qui peuplent le lac Baïkal et la mer Noire… Les seuls qui doivent se régaler en Russie, ce sont les poissons !
  • Mais nom de Dieu, quel revers ce Youz… Le talent à l’état pur !
  • Vous avez vu le type aux lunettes noires ? Il vient de regarder sa montre.
  •  Cette montre se contente-t-elle de donner l’heure, ou est-ce qu’elle sait faire autre chose ?
  • Tu regardes trop les James Bond !
  • Les James Bond oui, mais surtout les Rocky. Vous croyez que le Youz va se dresser vers la tribune de Boris Eltsine et crier « Je joue pour mon compte » ?

Tels sont les souvenirs qui me reviennent de ce dimanche entre amis, le 1er décembre 2002. Une après-midi, et finalement une soirée, inoubliables. C’était à celui qui sortirait la plus grosse c…rie. Un peu de tristesse aussi, évidemment. Surtout pour moi. Mais lors de nos rares moments de lucidité, chacun convenait que le Youz était un grand bonhomme et qu’il était le plus fort. L’un des convives, qui était en pleine phase de découverte des classiques de la littérature russe, nous parlait de L’idiot de Dostoïevski. J’étais intrigué ; je le suis toujours autant 21 ans plus tard. Quelque chose de palpable était en train de traverser l’écran. Quelque chose d’irrationnel, aussi. L’âme russe. Un rapport à la terre, un rapport à l’altérité. Un voyage intérieur.

 

Mychkine philosophe

A 5/5 au 4ème set, à 40-A, le Youz sort un service-volée sur deuxième balle. Téméraire. Complètement irrationnel. Bref, Russe. Paulo expliquera plus tard se souvenir de ce point, ce qui en dit long. Le Youz lui est définitivement rentré dans la tête à ce moment-là. Je devinais la suite.

Un sacré numéro, le Youz. Il ne débutait certes pas dans la compétition, mais sa défaite en trois sets face à Norman l’année précédente en quarts de finale n’était pas une référence bien solide, et les autres simples qu’il avait disputés étaient sans enjeu. Il était aussi jeune que Paulo. Il était remplaçant, comme Paulo. Et contrairement à Paulo, il n’apprit que le samedi soir, suite aux deux défaites de Kafelnikov, qu’il allait devoir se rendre sur le court le dimanche. Ajoutons un public hostile, pour qui il était un complet inconnu, et qui n’a pas manqué de lui mettre la pression pendant toute la rencontre. Un contexte dont il était moins familier que Marat Safin, son aîné de deux ans, qui l’avait pour sa part découvert lors de Roland Garros 1998.

Voilà sans doute pourquoi le Youz fut inexistant et afficha une mine de déterré durant les deux premiers sets. Je comprends d’autant moins comment il a réussi à se sortir de ce carcan. Je ne peux que le constater et l’admirer, vraiment. Un grand bonhomme. Car sa domination sur la suite du match, elle fut légère, mais elle fut bien réelle. Paulo n’a pas démérité, il ne s’est pas écroulé, il est resté constant sur l’ensemble du match, simplement il n’avait plus le même adversaire de l’autre côté du filet et ce deuxième adversaire lui était supérieur, ce que leurs carrières respectives allaient confirmer.

Personnage dostoïevskien haut en couleurs, Mikhail Youzhny a tiré sa révérence tennistique en 2018, emportant avec lui son cortège de mystères. Titulaire d’un doctorat de philosophie, il a probablement pu tourner sereinement la page. Pour ma part, je retiens son talent pur, cristallin, dont la clé de voûte restera ce revers à une main foudroyant. Je n’ai pas de véritable regret le concernant ; je n’avais aucun problème à le voir perdre, du moment que c’était face à Federer qui faisait tout un peu mieux que lui.

 

La trajectoire brisée

Tel est mon regard sur cette finale, dont l’épilogue me fit un pincement au cœur comme beaucoup de gens devant leur poste. Oui, je regrette que Paulo ne soit pas parvenu à conclure à la fin du quatrième set, et que ce soit le Youz qui ait sorti ce service-volée. Mais tout le mérite en revient à ce dernier.

Plus récemment, Dominic Thiem a implicitement fait un lien entre le sentiment de vide qu’il avait connu au lendemain de son sacre à l’US Open et la longue série de blessures qui l’ont frappé dans la foulée. Un exemple, parmi tant d’autres, du lien étroit entre le physique et le mental pour un joueur de tennis. La blessure qui a frappé Paulo très tôt après ce dimanche funeste est-elle arrivée à un moment fortuit ? Elle lui a donné, en tout cas, toute latitude pour psychoter à sa guise. Cette coupure, qui dura quatre mois, représenta un coup d’arrêt majeur dans la progression d’un joueur âgé de 20 ans au moment des faits.

Il serait pour le moins exagéré de faire un lien direct avec la trajectoire chaotique de Paulo au plus haut niveau, qui fut jalonnée de nombreuses blessures. Mais je regrette pour ma part que la fenêtre que son corps lui a laissée pour exploiter son potentiel à 100% ait été aussi réduite. Son jeu, particulièrement solide, n’était pas au niveau des ogres qui ont trusté les palmarès au cours des années qui ont suivi. En revanche, atteindre durablement le top 10 aurait été probablement à sa portée.

Aux – trop – nombreux journalistes qui revinrent en boucle sur ce match avec lui, Paulo a passé le reste de sa carrière à donner des réponses insuffisantes. Insuffisantes, non pas en elles-mêmes, mais parce qu’elles ne mirent pas fin aux questions. Ce qui m’a frappé dans ses réponses, c’est le devoir permanent de se justifier et de rendre des comptes aux médias, et à travers eux à la grande famille du tennis français. Bref, de se sentir sur la défensive. Pourquoi ? Parce que le regard général que les médias ont véhiculé sur ce match est entré en écho avec la déception, immense, du grand public. Et que les questionnements implicites des journalistes à l’endroit de Paulo n’avaient pour but que de lui faire reconnaître qu’il s’était liquéfié mentalement à l’approche d’une victoire qui lui tendait les bras. Ce fut leur lecture, fausse – me semble-t-il – mais parfois sincère. Et les boucles autour de ce sujet n’allaient s’arrêter que lorsque l’intéressé leur livrerait enfin la réponse qu’ils attendaient car elle confirmerait la justesse de leur analyse. Cette réponse n’arrivant jamais, le siège de Paulo ne prit jamais fin.

Quelques semaines plus tard, une revue de psychologie pour salles d’attente chez le médecin consacrait un dossier sur le « mental à la française » et ses défaillances. La liquéfaction de Paulo lors de cette finale y figurait en bonne place. Paulo apprit l’existence de ce dossier en se rendant… chez un médecin. J’avoue avoir bien rigolé quand il a raconté cette anecdote, mais je ne suis pas certain que, lui, ça l’ait fait rire.

Je suis bien conscient, d’une part que les journalistes ne peuvent être infaillibles dans la production de leurs informations, d’autre part que la frontière entre un point de vue et un fait avéré est parfois assez mince, et enfin que la déception générale devant le scénario de cette finale fut, sans calcul, absolument immense. Dire simplement que le Youz n’avait pas volé sa victoire et que Paulo était tombé sur plus fort que lui aurait été exact, mais cela n’aurait pas atténué cette déception.

 

Une question d’affects

Cette défaite de Paulo, et ses suites, sont l’un des exemples les plus aboutis de l’importance que la grande famille du tennis français donnait à la Coupe Davis. Tentons une expérience de pensée : livrons au grand public, un par un, les noms des principaux joueurs français des 40 dernières années et demandons aux personnes interrogées de citer les souvenirs qu’elles en gardent. Les souvenirs qui reviendront massivement seront les performances, bonnes ou mauvaises, en Coupe Davis. A l’exception sans doute de Noah, Tsonga et Monfils, pour des raisons différentes.

Paulo ne fait pas exception à la règle et il est significatif, dans son cas précis, que cette défaite de 2002 n’ait absolument pas été effacée dans la mémoire collective par sa victoire sur Carlos Moya à Alicante en 2004, qui est pourtant un authentique exploit face au n°6 mondial sur ses terres (battues évidemment).

Paul-Henri Mathieu occupe une place à part dans le tennis français. La critique des médias ne l’a pas épargné plus que les autres ; il s’est même fendu d’une lettre ouverte à l’Equipe contre un papier excessif et blessant après une mauvaise défaite. Cependant, une relative tendresse du public à son endroit m’a semblé perceptible tout au long de son parcours. Comme si ce public voulait éternellement le consoler de cette défaite, la Mère des défaites, l’erreur initiale qui semble avoir tracé toute la suite de sa carrière par une prophétie autoréalisatrice.

 

Et si on lâchait un peu Paulo…

… pour chercher d’éventuelles autres raisons à cette défaite ? Et si tout ne se jouait pas uniquement sur le cinquième match ?

La défaite en finale en 2002 clôt un cycle doré pour l’équipe de France de Coupe Davis, qui fut à deux doigts de doubler la mise, exploit pas si fréquent. La plus belle des équipes de France depuis les Mousquetaires, ce n’est pas le tandem Forget-Leconte dont les valeurs affichées à Lyon en 1991 n’étaient plus d’actualité quelques mois plus tard à Nîmes ; c’est le trio Escudé-Grosjean-Clément. Mais cette réussite, si belle soit-elle, a tenu à un fil à plusieurs reprises. Les victoires de Nico Escudé sur Bastl et Hewitt en 2001, celle de Fabrice Santoro en 2002 face à Ulihrach, ou encore le double de la finale de Bercy, sont autant de circonstances où les Français sont passés par le chas d’une aiguille. La pièce ne pouvait, tôt ou tard, que finir par tomber du mauvais côté.

L’absence d’Arnaud Clément a pesé lourd sur le résultat final. Le choix de Forget et les siens d’accueillir les Russes sur terre battue n’était pas uniquement destiné à gêner Marat Safin moins de deux semaines après le Masters, c’était aussi la conséquence logique de la titularisation, alors évidente, d’Arnaud aux côtés de Sébastien pour disputer les simples. La blessure du Provençal a sérieusement remis en question la pertinence de ce choix, étant donné que le troisième membre du trio magique, Nicolas Escudé, n’affichait pas une forme aussi étincelante que 12 mois plus tôt et que son jeu à haut risque s’exposait davantage à la défense adverse sur terre battue. Ce sont d’ailleurs ces réflexions qui ont débouché sur la sélection de Paul-Henri Mathieu, le jeune en pleine ascension, pour les simples. Nico aurait-il fait mieux que Paulo lors de ce cinquième match décisif ? La question reste ouverte, mais la réponse ne me semble pas évidente.

Je ne vois pas d’erreur flagrante dans les choix de Guy Forget en amont de cette finale. Envoyer au feu un jeune débutant était un pari risqué. Guy le savait, mais un choix débouchant sur une défaite n’est pas nécessairement un mauvais choix. En revanche, cette défaite souligne un point important : l’un des arguments majeurs avancés pour que cette finale se dispute sur terre battue était de gêner Marat Safin, n°3 mondial au moment des faits et qui venait de disputer le Masters. Le résultat final fait clairement apparaître que Marat n’a absolument pas été gêné par la transition de surface ; c’était la deuxième fois que cela arrivait, après la finale de Nice dont le grand homme fut Mark Philippoussis. Et j’ai bien en tête la formule de Georges Deniau sur la question, invitant les joueurs de France, de Suisse et d’ailleurs à miser sur leurs propres forces plutôt que sur les faiblesses supposées de l’adversaire. Arnaud Clément et les siens auraient été bien inspirés d’en tenir compte pour la finale suivante jouée à domicile, celle de 2014. Mais c’est une autre histoire…

 

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123 Responses to Anatomie d’un instant, deuxième partie : la finale de Coupe Davis 2002

  1. Kristian 29 janvier 2024 at 09:55

    Oui, bien d’accord. Medvedev n’aura pas grand chose a se reprocher. Il a fait 2 premiers sets assez exceptionnels et puis il a commence a baisser un peu physiquement. Sympa de voir des joueurs humains qui paient le prix de leurs efforts et qui jouent moins bien apres 3h de jeu et 4 matchs en 5 sets. Ca nous change de l’autre affreux.
    Daniil est quand meme le seul top5 vraiment consistant au plus haut niveau depuis 2019. 6 finales en GC il n’y a que Djokovic, Nadal et Murray parmi les joueurs en activite (et encore) qui ont fait mieux

    • Perse 29 janvier 2024 at 19:10

      Je suis d’accord que cette hypothétique réputation de poule mouillée serait immérité mais le temps fera peut-être oublier le contexte et la sécheresse du ratio (1/6) donnera du grain à moudre aux gens qui n’ont que de la dérision au coin des lèvres.

      Je pense que ses vainqueurs en finale de GC auront in fine de plus gros palmarès que Medvedev parce qu’une ampleur encore supérieur en tant que joueur (je pense que le plafond de Sinner et Alcaraz est supérieur à celui de Medvedev).

  2. Rubens 29 janvier 2024 at 11:22

    Mon cher Béornide,

    Je t’adresse, dans cet ordre, un merci et un bravo.

    La place actuellement occupée par Novak Djokovic conduit le tennis à une situation critique. Dans les bars, son apparition sur l’écran déclenche une clameur générale obligeant le barman à zapper immédiatement. Dans les écoles de tennis, des profs renoncent à conseiller à leurs élèves de regarder Roland Garros, de peur de les laisser être les témoins de son comportement pitoyable. Au Café du commerce, il est un tricheur doublé d’un dopé ; soit les instances sévissent enfin, et le tennis subira un coup sans doute aussi violent que le cyclisme ; soit elles le laissent faire, et le grand public le croit quand même dopé et protégé par les instances. Sur ce forum qui a jadis abrité tant de discussions passionnées sur l’actu du tennis, nous ne sommes désormais que trois peloys pour commenter un Grand Chelem.

    Pour toutes ces raisons, une défaite de Novak Djokovic est porteuse du léger espoir que cette nuit noire se termine enfin. Lors de cet Open d’Australie, c’est toi qui a fait le taf. Sois-en remercié.

    Je te remercierai moins pour ta victoire finale. Tu n’étais pas mon favori, le guignol te faisant face ayant sa part d’humanité vivante et délurée. Cette humanité, justement, faite de forces et de faiblesses, a fini par le rattraper. Carbonisé par son parcours du combattant, il ne pouvait te battre que rapidement, en se muant en l’attaquant particulièrement agressif qu’il sait être aussi, et qui pourrait bien élargir son champ des possibles dans les mois qui viennent.

    Daniil était mon favori de coeur, mais je me rendais bien compte qu’il n’était pas pour autant le favori. Vos tournois respectifs ne laissaient pas de place au doute, tu méritais ce titre plus que lui, ton parcours immaculé te garantissait la fraicheur en cas de prolongation et ta victoire est logique. Ton masque d’amibe sur le court ne doit pas faire oublier que tu te conduis correctement sur le terrain.

    Bref, bravo à toi.

    • Colin 29 janvier 2024 at 19:24

      Amen.
      Ceci dit, je dois dire que cette finale ne m’a pas enthousiasmé. Je l’ai regardée évidemment, en l’absence de Slip, mais je l’ai trouvée un peu monotone (90% des échanges me semblaient se faire dans la diagonale revers).
      Bref c’était moins palpitant que de regarder Carlitos.

      • Achtungbaby 30 janvier 2024 at 10:39

        Sinner n’est pas très emballant comme joueur. On dirait un Berdych en mieux. C’est efficace mais sans émotions. Monotone.

        • Rubens 30 janvier 2024 at 10:56

          +1

        • Kristian 30 janvier 2024 at 11:10

          Berdych? pas vraiment. Sinner est plus rapide, plus veloce, plus solide cote revers. PLus complet globalement. Berdych etait surnomme « pataud » a une epoque ici, ca n’irait pas du tout a Sinner.
          Moi, il m’a rappele le Jim Courrier des grandes annees. Meme sa technique cote revers a un cote baseball, qu’avait Jim. Evidemment il faut avoir nettement plus de 40 ans pour ces references la..
          ET c’est sur que ca manque un peu de romantisme comme tennis

          • Achtungbaby 30 janvier 2024 at 12:14

            oui, Berdych 2.0 !

            Courrier ? ah… rien à voir côté coup droit par contre. Jim avait une gestuelle vraiment très particulière de ce côté là, tout avec l’avant bras.

            • Bapt 30 janvier 2024 at 18:19

              Après le jeu de Courrier a quand même assez fait école dont qu’il y ait un peu de Courier dans pas mal de joueur.

              • Jo 30 janvier 2024 at 20:03

                Plutôt Agassi.

              • Bapt 30 janvier 2024 at 22:18

                C’est sûr qu’Agassi a eu aussi un rôle très important dans la reconfiguration du jeu des années 2000 aussi. Mais je trouve qu’il y a quand une spécificité du jeu d’attaquant de fond de cours, tout en puissance, propre à Courier.
                Pour moi un Berdych ou un Soderling se rapprochaient d’un Courier.

              • Jo 31 janvier 2024 at 06:16

                Sur le plan de la philosophie de jeu, peut-être. Techniquement, Berdych & Robin, ce sont de grandes frappes plutôt déliées, assez éloignées de Courier, certes surpuissant mais étriqué et biscornu. Un Jack Sock ferait davantage figure de rejeton avorton.

          • Jo 30 janvier 2024 at 14:59

            Courier 2.0 ? Iga Swiatek, pardi.

        • Bapt 30 janvier 2024 at 18:23

          Tout à fait d’accord. Et en plus avec sa casquette et sa tête, cela lui donne vraiment un air de famille.
          Mais il fait tout un peu mieux que Berdych (plus régulier au fond de cours, moins de fautes, un peu meilleur au filet et en amortie, un poil plus de variations), il décroche ce que Berdych n’a jamais eu : un grand chelem.

          Il semble aussi qu’il ait pas mal travaillé son jeu pour le diversifier l’année dernière même si ce n’est pas apparu tant que ça en finale et en demi-finale.

      • Guillaume 9 février 2024 at 15:42

        Sinner – Berdych, la filiation est évidente. Et Berdych était lui-même un rejeton d’Enqvist. Enqvist qui avait ouvert son palmarès lors du seul tournoi jamais tenu dans la région natale de Sinner, à Bolzano. CQFD.

      • Colin 9 février 2024 at 20:35

        Bravo Guillaume, tu viens de démontrer le théorème de Bolzano. Mais où est passé Weierstrass dans tout ça ?
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8me_de_Bolzano-Weierstrass

  3. Jo 31 janvier 2024 at 06:36

    Le seul avec lequel j’ai spontanément envie de comparer Sinner, c’est Alcaraz.

    Carlitos : Né en 2003, 12-4 en finale, 2 Grands Chelems (bonus Nole), 4 Masters 1000 + Masters Next Gen 2021.

    Jannik : Né en 2001, 11-4 en finale, 1 Grand Chelem (bonus Nole), 1 Masters 1000, 1 finale au Masters + Masters Next Gen 2019.

    Notre Big 2 est en voie de constitution, tandis que Djokovieux périra tôt ou tard. Qui les rejoindra ?

  4. Guillaume 9 février 2024 at 15:31

    C’est marrant, je ne suis jamais arrivé à « rentrer » dans cet Open d’Australie. J’ai pourtant entendu à droite, à gauche qu’il y avait eu plein de gros matchs, qu’on avait égalé le record du nombre de 5 sets dans un GC dans l’ère Open… Mais moi j’ai trouvé ça assez… chiant, en fait. Un scenario assez écrit à l’avance. Les grosses têtes attendues (Sinner, Djoko, Meddy, Carlos) ont été au rdv des grandes explications, tout comme on pu compter sur celles dont le pschitt était écrit (Tsit, Rune)… Le tableau ressemblait trop à celui du Flushing précédent (Alcaraz – Zverev en quarts pour prendre Meddy en demies, quand Djoko était peinardo sur la route du dernier carré). Quand Sinner a battu Djoko, il était trop tard, le mal sur ce tournoi était fait.

    Et puis bon, Sinner – Medvedev – Zverev… comment dire. Y’a plus de magie dans l’auriculaire de Carlitos que chez les trois additionnés. D’ailleurs, lui, même quand il perd il y met du panache. Rarement vu un tel n’importe quoi que ses 2 premiers sets contre Zverev :)

    Même la célébration de victoire de Sinner ne dégageait pas grand-chose, n’invitait pas trop à l’empathie. Il avait l’air aussi content que s’il avait battu Hugo Grenier au premier tour à Montpellier.

    • Rubens 13 février 2024 at 11:43

      C’est marrant, en lisant ton passage sur l’auriculaire de Carlitos, je faisais directement un voyage dans le temps, vers les années 80, où Mac avait dit quelque chose d’approchant sur Ivan Lendl (il y a plus de talent dans mon petit doigt que dans tout son corps). Je ne suis d’ailleurs pas certain que la phrase soit de Mac lui-même, elle est peut-être de quelqu’un d’autre et Mac a alors été ravi que quelqu’un d’autre dise tout haut ce qui lui-même pensait tout bas.

      La vie est un éternel recommencement :smile:

      Je comprends mieux les sévices psychologiques que l’existence d’Ivan Lendl a provoqués chez Antoine, en voyant aujourd’hui l’effarement que suscitent Zverev, Medvedev et Sinner. Et il est vrai que ce pauvre Daniil est une véritable catastrophe visuellement parlant :mrgreen:

      Ceci dit, je ne serai pas aussi catégorique que toi. Il y a eu un vrai suspense dans ce tournoi, avec les deux favoris qui se vautrent lamentablement, beaucoup de matchs au couteau, dont la finale qui a débouché sur une victoire attendue mais beaucoup plus longue à se dessiner qu’elle ne le semblait au départ. Quand je compare avec l’AO 2023, pour moi il n’y a pas photo !

  5. Perse 10 février 2024 at 12:13

    Bien sûr que le scénario s’est finalé avéré cousu de fil blanc.

    Mon problème principal actuel dans le jeu actuel est cette impression de voir des géants surpuissants qui doivent quand même limer comme des fous pour gagner des points. J’ai également l’impression que la tolérance des raquettes et des cordages permettent trop souvent de réaliser des coups exceptionnels sans centrer la frappe, ce qui me gêne beaucoup.

    Je préférerais avoir des conditions de jeu qui récompensent nettement plus la compétence centrale du joueur de tennis : centrer sa frappe. Et si dans ce cas le service devient trop prédominant, pourquoi ne pas passer à une balle de service comme au badminton ?

    Personnellement ça m’ennuie quand même qu’un Medvedev ou un Zverev soient des limeurs et je préférerai voir plus souvent un Ugo Humbert dont le timing et la qualité de frappe sont réjouissantes à voir.

  6. Sam 13 février 2024 at 17:17

    Je lis les résultats du machin de Mouratoglou, quelque part entre le Mario Bros, le tennis et le lancer de nain, je me demande où est passée la Coupe Davis et j’ai alors un début de réponse. C’est pas joli joli.

    • Rubens 13 février 2024 at 17:39

      J’avoue ne même pas savoir de quoi tu parles… Le truc à Oslo, là ?

      • Sam 14 février 2024 at 13:46

        Oui, Oslo je crois.
        Là d’où Bublik, qui est marrant sur le court, mais que sur le court, aurait sérieusement déclaré : « Je suis pour les changements et je veux qu’ils arrivent parce que nous jouons les mêmes tournois, avec les mêmes prize money, depuis 15 ans », tout en apportant a priori son soutien aux projets de l’Arabie Saoudite – toutes réserves, je lis un blog qui s’appelle Jeu Set Et Maths, ça vaut ce que ça vaut – , qui explique : « l’une des propositions avancées serait la formation d’une super ligue, qui fonctionnerait indépendamment des circuits ATP et WTA. Celle-ci inclurait les quatre tournois du Grand Chelem et les neuf tournois de la catégorie Masters 1000. Avec la création d’un dixième Masters 1000 en Arabie Saoudite dès 2025. Cette super ligue, qui sera très certainement lucrative pour les meilleurs joueurs du monde, leur permettra en plus de jouer moins tout en gagnant plus ».

        • Sam 14 février 2024 at 13:56

          Ah non, c’est « Jeu set et match », pourquoi faire compliqué.
          Et d’ailleurs, pas inintéressant :

          https://jeusetetmatch.blog/2024/02/07/le-6-kings-slam-nouvelle-exhibition-en-arabie-saoudite-qui-fait-grand-bruit/

        • Rubens 14 février 2024 at 17:13

          Quelle ingratitude tout de même ce Bublik :mrgreen: D’autant que je crois qu’il se trompe : la notoriété planétaire de Federer a tiré vers le haut l’ensemble des prize money depuis 15 ans, mais Bublik ne semble pas s’en être rendu compte…

          Et sinon, que l’Arabie Saoudite ait son Masters 1000 me semble aller dans le même sens que la Coupe du Monde au Qatar. Dans un univers où le nihilisme est désormais la valeur cardinale, l’assise du circuit principal ne peut être que fragilisée par des promoteurs sportifs qui n’ont pas sa légitimité mais qui ont les sous, et par des champions qui se fichent royalement du devenir de leur sport. Et c’est Roger, encore lui qui, non content de toucher des fortunes pour venir sourire une fois l’an à Shanghai, a ouvert la voie avec sa Laver Cup. A moins de considérer qu’une initiative de ce genre n’est acceptable que si elle est organisée en Europe ou aux Etats-Unis…

  7. Achtungbaby 19 février 2024 at 10:16

    Nadal bien empêtré en Espagne, qui ne rigole pas avec ça, dans des débats sur le féminisme et l’égalité salariale homme/femme, tout ça parti d’une question sur son rôle d’ambassadeur pour l’AS.

    Comme dit plus haut, j’aimais bien ce que renvoi le bonhomme, mais là il ne l’a vraiment pas volé et c’est assez jouissif de voir qu’il se prend les pieds dans le tapis.

    • Guillaume 19 février 2024 at 15:23

      Malheureusement c’est ça les sportifs de haut niveau : on se plaint qu’ils verrouillent à mort leur communication, mais quand ils délaissent les éléments de langage on est plus souvent consterné qu’autre chose :mrgreen:

  8. Perse 19 février 2024 at 20:52

    Je vais certainement jeter un pavé dans la mare mais s’il est vrai que l’appareil législatif espagnol est très féministe et plus « avancé » qu’en France, c’est par contrepoids avec la culture qui demeure assez misogyne et sexiste là-bas.

    Quant au débat, il aurait dû voir le piège gros comme une maison et enjamber le truc, ou peut-être expliquer que la péréquation ATP/WTA s’était renforcée avec la fuite en avant des gros tournois vers toujours plus de gigantisme (les M1000 qui accueillent les WTA1000 sur 15 jours dont Madrid et Rome sont les premiers du genre), que les GC ont déjà initié la chose il y a 20 ans.

    En revanche, la somme totale des droits télé en incluant les équivalent M500 & M250 fait qu’il y a moins d’argent sur le circuit féminin à mesure du relatif désintérêt de la WTA.

    En marketing du sport, l’audience est clairement dominée par les hommes et les plus grands sports mixtes (tennis, ski alpin) ont la « chance » que les suiveurs suivent les deux sexes, la part féminine de l’audience demeurant toujours faible.

    De toute façon la logique libérale a grandement favorisé l’industrie du sport, et le sport professionnel masculin qui est le plus haut niveau absolu en a le plus bénéficié. En sport co, les compétitions féminines sont toujours subventionnées par les organisation masculines (exemple du Basket NBA vs WNBA).
    En sport individuels, quelques sports féminins ont l’autonomie dont le tennis en particulier même si l’aisance n’est pas la même, la performance n’étant pas égale.

    Reste la question des grands sports olympiques mixtes dont l’économie est complexe à appréhender (athlé, natation, ski alpin) mais là encore, ce sont les événements masculins qui sont générateurs de cash.

    Le cas particulier concerne tous les sports « freestyle » notamment de sport d’hiver qui ont réussi à se créer une source de revenu avec les X-games et dont les stars bénéficient d’énormes contrats de sponsoring (Shawn White ou Eileen Gu par exemple).

  9. Sam 19 février 2024 at 23:30

    Question à 100€, et dans la droite lignée de l’optimisme tout relatif qui règne dans les débats ci-dessus, est-ce qu’un Top 10 sans R1M a déjà existé ?

    D’ailleurs je trouverais sympa que l’ATP mentionne R1M ou pas dans ses rankings. Voire, un classement parallèle.

    • Guillaume 20 février 2024 at 09:50

      Depuis 73 et le classement par ordinateur, non. Il y avait toujours eu au moins un R1M.

      Et avant 73, ben le revers à deux mains n’existait quasiment pas. Vu que c’était lui l’anomalie (un Bromwich par ci, un Merlo par là), tu peux en déduire à coup sûr que c’est une grande première.

      Le truc de ton classement parallèle, c’est que ce sera un classement entre 11 mecs dans le Top 100 ATP :lol:

      Le plus intéressant est d’ailleurs peut-être que j’avais vu passer le chiffre pour la présence dans le Top 1000 ATP, et on se rendait compte qu’on était loin de faire x10 par rapport au Top 100 (je ne sais pas si c’était pas une quarantaine de revers 1 main). Comme si malgré tout l’espèce en voie de disparition s’épanouissait plus dans l’élite qu’ailleurs.

    • Colin 21 février 2024 at 21:45

      De nos jours, Requiem et R1M riment dangereusement. Tiens, ça me donne une idée d’article ça. Le titre pourrait être R(equ)1(e)M. Reste plus qu’à rédiger le reste.

  10. Guillaume 20 février 2024 at 10:30

    Après y’a pas de secret : tu veux du revers à une main, mets des surfaces rapides, des rebonds bas, des conditions où le retour bloqué fait mal, où le slice est plus qu’un coup de neutralisation, où tu peux frapper à hauteur de hanche, où le jeu vers l’avant est récompensé et où la pratique nécessaire de la volée apprendra aux gamins à lâcher l’autre main… liste non exhaustive. Là, s’il disparaît c’est parce que les spécificités propices à son épanouissement ont disparu.

    (Aparté : c’est pour ça aussi que les débats du GOAT sont à mes yeux biaisés, à plus forte raison entre époques. Change un paramètre, de surface, de matos, n’importe… parfois même anecdotique en apparence, et tu obtiens des résultats sensiblement différents).

    Mais comme beaucoup de spécificités ont disparu, en fait : il n’y a plus de serveurs-volleyeurs, il n’y a plus vraiment non plus de limeurs hispaniques comme on les concevait avant (3 m derrière la ligne et moonballs)… Aujourd’hui on est dans une sorte d’opposition entre puncheurs timorés et contre-attaquants à l’affût, chacun essayant d’être capable de jouer les deux partitions (d’autant, je crois que c’est Perse qui le faisait remarquer, que c’est 3 fois sur 4 le contre-attaquant qui a le dernier mot) – enfin, variation sur une même partition. Ce qui se concrétise à une finale d’OA jouée entre un baseliner plutôt porté sur l’agression mais pas mauvais en défense vs un baseliner plutôt porté sur la défensive mais capable d’agresser. Le tout avec pour arbitre un Zverev qui n’a pas choisi lequel de ces deux profils il voulait être. C’est dire la richesse du spectre qui nous est proposé, à nous (télé)spectateurs.

    Nadal parti après Rodge et la course aux « History was made » refermée pour un bout de temps après Djoko, il faudra voir ce qu’il restera de l’attrait du tennis quand il faudra s’en remettre au jeu, et rien qu’au jeu (allez, un bout de personnalités mais vu qu’elles sont étouffées sous les couches de com’) pour séduire le public. C’est ça, je pense, qui se joue aussi actuellement avec ce circuit en tant qu’entité qui est attaqué de toutes parts : comment survivre APRES ? Les Chelems ont leur standing de « marque » (bcp de gens viennent à RG ou à Wim pour RG ou Wim, pas pour Djoko ou Van Assche), mais après c’est très ouvert et la recomposition s’annonce féroce. Vu qu’en plus les joueurs préfèrent palper en exhibs plutôt que remplir une armoire à trophées, TOUT est vraiment possible, y compris le retour à un truc illisible comme le tennis d’avant ère Open.

    • Perse 20 février 2024 at 11:39

      Très juste commentaire.

      Ce qui m’inquiète un peu serait effectivement que les GC, M1000 + Masters se fassent leur superligue, ne donnant in fine de moyens de subsistance qu’à 60 gars max dans un sport riche dans l’ensemble et que la péréquation se fasse du sens ATP => WTA plutôt que ATP => Challenger.

      Je ne pense pas que l’ATP puisse avoir suffisamment d’empreinte médiatique en ne proposant que 2 M1000 par mois et basta, ça passe en début d’année où l’actualité sportive est dans un creux mais sinon, rien que pour la pyramide du sport, il me semble critique que tous les joueurs au-delà de 50ème place aient une opportunité de marquer des points décents. Peut-être peut-on passer les 250 en 350 points et les gros challengers à 200 points afin d’accentuer les mouvements de joueurs « mid-tiers » ?

      En matière de conditions de jeu, des adaptations me semblent vraiment nécessaires et l’alourdissement des balles ne me semblent pas la bonne voie, ça lime trop pour moi dans le métagame. Mais d’un autre côté, le service masculin est déjà d’une importance critique (quand on voit HH qui gagne 80% de ses jeux de service en 1 min).

      L’idéal serait de réussir à diminuer la place du service tout en récompensant le centrage de la balle en rallye.

      Je l’ai déjà plusieurs fois écrit mais je trouve que la différence la plus impressionnante lors des ralentis ou même lors des rallyes entre les 90′s et maintenant est la qualité de coup en fonction du centrage.

      Combien de fois voyons-nous des remises étranges du bout de la raquette maintenant ? De bois qui donnent des trajectoires liftées qui restent dans les limites du court ? A contrario, les coups de rallye bien centrés n’obtiennent quasiment aucun bonus vu la rigidité des cordages et chaque accélération demande un énorme effort qui se voit à 10 km.

      A titre personnel, je suis de plus en plus ouvert à l’idée de passer à 1 service à l’ATP et revenir au boyau : cela diminuera la place du service qui passeront à des « 1ère seconde » tandis qu’en rallye la balance pencherait vers celui qui centrerait le mieux la balle avec stratégie.

      Globalement, la qualité de déplacement incomparablement meilleure actuellement permettrait de conserver de beaux échanges avec plus de points gagnants et un rythme de match plus élevé.

    • Sam 20 février 2024 at 16:36

      (Les débats sur le GOAT sont très clairs : soit c’est Federer, soit ce sont des goûts de chiottes).

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