J’ai attendu la défaite du dernier survivant, Thomas Etcheverry, pour partager une impression personnelle, sur l’autre Roland.
Cette année plus que les autres, j’ai pu suivre Roland, et notamment en journée. Pour l’essentiel, j’ai délaissé les gros courts, par contre je me suis régalé sur les courts annexes. C’est ce que j’appelle l’autre Roland, celui que le grand public ne voit généralement pas à la télé, ne croisant que furtivement ses rescapés lors de la deuxième semaine, et se demandant ce qu’ils font là car n’ayant jamais entendu parler d’eux auparavant. Les héros cette année furent Varillas, Jarry, Etcheverry, Nishioka, sans oublier leur héros à tous, Ofner, dont l’aventure avait commencé en qualifications. Dans l’ombre de ces cinq noms, j’ai aussi retenu Arnaldi, Kubler, Griekspoor, Olivieri, Vavassori, Giron, Zhizhen, Cachin ou encore Purcell. Et évidemment Daniel Altmaier, dont le match contre Sinner a d’ores et déjà rendu cette édition inoubliable.
Les caméras des courts annexes étant plus basses que celles des grands courts de Roland, on y distingue beaucoup mieux le travail des joueurs sur les effets et les hauteurs des balles, et on prend mieux la mesure de la vitesse à laquelle ça joue. Ce qui permet d’avoir une vision plus globale des affinités (ou pas) des joueurs avec le tennis sur terre battue. La glissade, le sens de la trajectoire, le timing pour distiller une amortie ou au contraire un parpaing depuis les bâches, tout cela, lorsque c’est bien maîtrisé, s’apparente à un ballet où le joueur fait corps avec le terrain. Jouer sur terre battue relève de l’intuition. C’est sublime à voir quand ça se produit… mais ça ne se produit pas toujours, évidemment. Dans le zapping auquel je me suis prêté, il n’était pas bien difficile de distinguer ceux qui faisaient corps avec le terrain de ceux qui faisaient… de leur mieux.
Or, tous les Français que j’ai vus appartiennent à la deuxième catégorie. Tous. Ce sera sans doute un raccourci un peu rapide, car je ne les ai pas tous vus jouer. Mais puisque chacun y va de son petit commentaire sur la débâcle du tennis français sur ses terres et s’interroge sur ce qu’il faudrait faire, je voudrais savoir comment il est possible que les Néerlandais, les Italiens, les Allemands et les Tchèques aient montré lors de cette édition une véritable affinité avec la terre battue, et pas les Français.
Il ne s’agit pas seulement de constater que les joueurs Français évoluent essentiellement sur dur ou sur surface rapide pendant leur jeunesse. Il s’agit aussi de dresser un constat implacable : le top 100 d’aujourd’hui est très majoritairement composé d’Européens, et à l’exception des Français et des Britanniques, tous sont à l’aise avec la terre battue, ils ont constitué l’ossature de l’autre Roland que je décrivais. Et comme on n’est plus un top 100 aujourd’hui en évoluant sur une seule surface, mon hypothèse sera la suivante : les meilleurs joueurs du monde d’aujourd’hui ont grandi tennistiquement sur terre battue, et ils n’ont pas de difficulté particulière à switcher de surface pour se sentir à l’aise sur des terrains plus rapides où il s’agit de courir et non plus de glisser. La réciproque n’est pas vraie : grandir sur dur vous crée un handicap sur terre, sans pour autant vous donner un avantage sur dur.
Il semble que toutes les régions françaises soient frappées par le lent déclin des terrains en terre battue. Non entretenus, ils deviennent de toute façon injouables. D’après les retours que j’en ai, les terres battues synthétiques ne sont pas de véritables terres battues ; en misant sur des fausses terres battues, on aura de faux résultats à la fin. Les clubs répondront en cœur, non sans raison, que l’entretien des équipements sportifs relève généralement des municipalités. Et donc des politiques publiques.
Mme la Ministre, j’ignore le détail de votre feuille de route, j’ignore même si vous en avez une, mais je vous suggère de vous pencher sur cette question. En ne perdant pas de vue que les terrains en terre battue, c’est comme les hôpitaux : c’est super de doter Toulouse, Clermont-Ferrand et Montpellier de clubs luxuriants sur terre battue, mais un enfant doué pour le tennis habitant Séverac-le-Château ne parcourra pas toutes les semaines la distance nécessaire pour aller s’entrainer sur terre battue. D’autant que, pour prolonger le propos du délicieux Giudicelli, en enfermant tous les meilleurs espoirs du tennis français dans des cellules dont les fenêtres donnent sur le périphérique parisien, on est certain d’en perdre quelques-uns en route…
Colin, mon dealer de moquette est de premier plan, les volutes sont sublimes, mais je voue à la moquette tennistique un culte semblable à celui des Indiens pour les vaches, et il est hors de question que je consomme de cette moquette-là. Sans jeu de mot, la moquette est mon jardin secret, ma surface de prédilection. Et si l’ATP constatait, d’une part que concentrer 3 GC sur un gros trimestre est une ineptie, et d’autre part qu’au vu de la jouabilité c’est clairement le gazon qu’il faut sacrifier, peut-être les conséquences à en tirer se rapprocheraient de ma proposition… Ceci dit, si une transition était nécessaire, peut-être faudrait-il commencer par dégommer le gazon sans toucher aux dates. Nos voisins albionesques doivent pouvoir trouver une surface originale mais jouable à l’année, et surtout jouable en extérieur.
Bref…
Au fait, la tonalité des papiers ces jours-ci en dit long sur le trou dans lequel s’enfonce le tennis masculin. Dernière perle en date sur Eurosport, la « finale écrite d’avance » entre Djokovic et Alcaraz à Wimbledon. En sport rien n’est jamais écrit d’avance, mais si un scénario devait apparaître aujourd’hui comme le plus probable, ce serait, nettement, une victoire de Novak. La probabilité d’une finale contre Carlitos existe en effet, et ce ne serait pas une grosse surprise, mais c’est loin d’être « écrit d’avance ».
La question de fond, c’est de continuer à vendre un sport totalement cannibalisé par trois monstres pendant 20 ans, période qui touche inexorablement à sa fin et qui est en passe de laisser derrière elle un immense sentiment de vide. Ce qui va se passer après Novak ne sera rendu possible que par le déclin et la retraite de Novak, et les vainqueurs ultérieurs ne seront donc que des vainqueurs par défaut. Gilles Simon, qui est l’une de mes boussoles indiquant le nord, le formulait différemment en parlant d’Alcaraz voici quelques semaines : il est spectaculaire, il est complet, mais tu le mets face à Novak à l’AO, face à Rafa à Roland, face à Roger à Wim, lorsqu’ils sont âgés de 25 ans, Carlitos se prend 3 sets comme tout le monde à l’époque.
Voila pourquoi cette demi-finale parisienne était si importante. Une victoire de Carlitos aurait dû être tempérée de toute façon par les 36 ans de Novak, mais Carlitos n’est pour rien dans les 16 ans qui le séparent de l’Immonde. En revanche, une victoire de Carlitos aurait donné un minimum de consistance à l’espoir qu’il se passe des choses intéressantes après le Big 3. C’est ça qui s’est écroulé ce jour-là.
Qu’à cela ne tienne, on remet le couvert pour Wimbledon. L’Espagnol vient de remporter son premier titre sur gazon en battant un Dimitrov de 32 ans et un De Minaur sans doute pas loin du top 20, ça y est, festoyons et ripaillons, la flamme se rallume et la finale de Wimbledon est écrite d’avance…
Sam, le problème de Carlitos, avant même de parler de sa personnalité ou de son jeu, c’est qu’il est la tête qui dépasse à un moment où le tennis masculin aurait VRAIMENT besoin d’une relève. Ce qui repose sur ses épaules dépasse de loin sa seule carrière, et il a le grand malheur de ne pas être Russe comme Daniil, d’avoir un jeu plus bankable que celui de Casper et d’être moins impubère que Holger : c’est donc sur lui que tout le monde s’agite. Quitte à surcoter nettement le bonhomme, comme ce fut le cas à Roland.
Pour ma part, ayant vu la demi de Roland presque en entier, les choses sont claires : je ne vois absolument pas Carlitos réussir à Wim ce qu’il n’a pas réussi à Roland. Bref, je suis bon pour la PLS.
Pour moi, le problème n’est pas le tennis masculin en tant que tel, c’est le changement de comportement des médias dans le traitement qui me pose problème.
Lors de la précédente transition (l’année 2003), je ne me souviens pas que le culte de la nostalgie Sampraso-Agassienne était fort alors qu’objectivement, la vacance du pouvoir était béante.
Sincèrement, le départ de Federer, celui de Nadal (quasiment acté, il fera un tour d’honneur à Barcelone l’année prochaine et basta) ne me laisse aucun sentiment de vide, le tennis dépassant nettement les individus y compris les grands champions.
Et contrairement à Gilles Simon, je pense que l’Alcaraz actuel est au niveau tennistique des monstres à leur belle époque (progrès technique et technique faisant foi ).
En revanche, il est évident que la domination actuelle en 3 sets gagnants de Djokovic interpelle assez salement.
Il n’est pas si simple de tourner une page aussi brillante que celle du Big 3 : 20 ans de grands matchs, avec de gros enjeux, des records enfilés comme des perles, et surtout des vitesses de balle sans commune mesure avec ce qui existait auparavant.
« Et contrairement à Gilles Simon, je pense que l’Alcaraz actuel est au niveau tennistique des monstres à leur belle époque (progrès technique et technique faisant foi »
Et donc, tu crois réellement que le Djoko qui vient de gagner Roland Garros est plus fort, ou du moins aussi fort, que celui qui menaça sérieusement Rafa dans ces mêmes lieux il y a 10 ans ?
Et il n’était pas si simple de tourner la page d’une brillante rivalité entre 2 joueurs américains qui battirent tous les records. Pourtant ça s’est bien surmonté.
Je pense effectivement que le plateau de performance s’est considérablement allongé depuis 15 ans et que les tennisman en profitent à plein. Tous les sports riches (collectifs et individuels) connaissent un accroissement de la durée de vie des carrières pro, et en particulier les légendes.
Il n’est peut-être pas plus fort en vitesse de course mais tactiquement et mentalement, il s’est encore développé. Quant au service et au coup droit, c’est bien meilleur maintenant qu’à l’époque à mon grand dam.
Ah oui, pour remettre un petit taquet envers ma saïga favorite : Dimitrov n’a jamais été très bon sur herbe, le fait qu’il soit fereromorphe dans la gestuelle n’en fait pas un génie du tennis sur gazon, ni un baromètre d’excellent niveau de jeu (il est Top 30 cette année et ne fait pas superformance particulières).
Perse, tu ne veux pas nous faire un article du genre « Grigor et moi » ? Je pense qu’on aurait de quoi se marrer
Tu as raison en effet pour 2003, année de transition par excellence, avec Papy Andre gagnant son 8ème et dernier GC et trois petits nouveaux, qu’on sentait bien arriver, qui ouvrent leur compteur. Rappelle-toi la campagne « New Balls » de l’été 2000, qui annonçait le changement d’époque, et où figuraient bien Ferrero, Federer et Roddick (je ne suis par sûr pour le dernier cité, un peu plus jeune et qui n’explose qu’en 2001).
Mais à cette phase a rapidement succédé l’ère d’airain que nous connaissons, avec un Roger mettant tout le monde d’accord. Rapidement il n’y eut plus de vacance du pouvoir. Mais alors plus du tout.
Je ne suis pas un prophète, mais la situation d’aujourd’hui est assez différente, avec un Novak Djokovic qui décline sur le plan physique mais qui reste le meilleur joueur du monde quand ça compte vraiment, en Grand Chelem, et des joueurs de 10-15 ans de moins que lui qui sont une poignée à pouvoir rivaliser tennistiquement, et ça s’éclaircit encore quand il s’agit de regarder ceux qui sont capables de rivaliser aussi sur le plan physique. Tout, absolument tout, invite à en conclure que le trône ne changera de mains que quand l’Immonde cassera physiquement. Et donc que le n°2 deviendra un n°1 par défaut, ce qui n’est guère vendeur d’un point de vue médiatique pour l’intéressé, mais je crains fort que l’on doive se contenter de ce scénario-là.
Mais tout cela, je le répète, c’est l’inévitable contrepartie de la période qui se termine, inédite dans l’histoire du tennis, au cours de laquelle trois hommes ont presque tout gagné pendant 20 ans. Et comme le temps médiatique n’est pas le mien, j’ai une pensée pour Roddick, Murray, Del Potro, Wawrinka, Tsonga, Berdych, Ferrer, voire Söderling pendant une courte période, Thiem plus récemment, autant de joueurs qui auraient pu se constituer un palmarès autrement plus consistant en Grand Chelem. Je pense notamment au trio Berdych/Tsonga/Ferrer, jamais gagnants mais très souvent présents en quarts, et parfois en demis, pendant une assez longue période. Enlève les 3 monstres, et tu as probablement un Andy n°1 mondial récurrent, un Jo et un Thomas multi-titrés en GC, un David particulièrement retors à battre à Roland, et tardivement un Stan au palmarès encore plus épais. Et ainsi de suite.
Avec tout le respect que j’ai pour Carlitos, je ne le vois strictement rien faire de plus sur le terrain que les joueurs que j’ai cités. Il n’a certes que 20 ans et a encore du temps pour progresser et s’étoffer physiquement, mais pour l’heure il peut surtout remercier le sort d’être né assez tard pour n’avoir en face de lui qu’un Novak vieillissant.
Ah oui Perse, bien que ce soit un autre sujet, je cosigne ta remarque sur le traitement journalistique comparé des périodes 2003 et 2023. C’est moi, juste en amont de Roland, qui ai regretté que les enjeux du tournoi, tels que retranscrits dans la presse, soient quasiment réduits à la quête de Novak pour le record de GC. Regarder du tennis et en profiter n’a rien de vendeur, ce qu’on veut c’est des records. Le vide dont je parle et qui s’ouvre devant nous, c’est avant tout un vide de records. Quand bien même Carlitos serait amené un jour à chasser les records du Big 3, ce ne sera pas pour tout de suite.
Mais QUI, pendant 20 ans, a concentré sa titraille sur les records en passe de tomber ? QUI a consacré la moitié des articles sur des chiffres de performances complètement abstraits (record de quarts consécutifs, personne n’avait jamais battu Murray ET Nadal en GC, oh le nombre de matchs gagnés consécutivement sur telle surface, etc.) ? La presse tennistique s’est gargarisée de fumigènes pendant toutes ces années, oubliant parfois, et même trop souvent, de parler de tennis. Et on peut sans problème y ajouter les commentateurs télé.
Je pense que l’impatience de voir enfin autre chose (qui plus est quand le préféré du Big 3 est le premier à avoir arrêté) nous rend déraisonnables/irréalistes. S’il y a beaucoup de joueurs à qui reprocher le fait de n’avoir pas pu/su botter le cul au Big 3 avec plus de conviction, de Grigou à Sasha, de Fanou à Shapo, c’est dur de tomber sur Carlitos à la première situation d’échec. On déplorait que le tennis soit devenu un sport de vieux ? Il est devenu le plus jeune n°1 depuis Rosewall ! On parlait du trop-plein de respect des jeunes ? Il a quand même battu Rafa à son 2e essai, et Djoko dès son 1er. Le tout en 24h ! On disait que les shotmakers ne perçaient plus la cuirasse des défenseurs ? On tient la plus grosse droite du circuit depuis Delpo, équilibrée qui plus est en revers ! On se plaignait de l’appauvrissement technique du jeu ? Le garçon sait absolument tout faire, y compris à la volée, secteur où l’on pensait à être condamnés à ne plus voir que des spécialistes des cagades montant à reculons. Au passage je fais mon mea culpa : ok l’opposition au Queen’s n’était pas dingue, mais son adaptation entre Rinderknech et les derniers tours est balèze. A part son revers à deux mains et le fait de ne pas s’appeler Roger, il a normalement tout pour plaire sous ces latitudes
On peut lui tolérer ce premier faux pas à Roland. OK Djoko n’a plus 26 ans. Mais Alcaraz n’en a pas 26 non plus. Memo : à 20 ans Roro perdait au 1er tour à RG et à Wim. A 20 ans Djoko piaffait derrière les 2 autres et avait besoin d’un Roro mononucléosé pour trouver – une fois, pas deux – la clé. A 20 ans Pete avait un US mais aussi beaucoup de mal à le digérer. Cette défaite contre Djoko à RG est certes décevante, mais elle n’appelle pas à jeter le bébé avec l’eau du bain au vu des accomplissements d’Alcaraz depuis son explosion, à l’US Open… 2021. Je ne sais pas si on se rend compte de la dinguerie, la vitesse de son ascension. C’est comme si Fanou avait gagné l’OA 2020, ou Roro Roland 2002 !
D’autant, je le martèle, que la défaite face à Djoko a un contexte : celui de ne pas s’être joué depuis plus d’un an. J’entendais que dernièrement ce bon vieux Delpo disait – en gros – que lui au même âge avait battu Roro à Flushing. Certes… Alors, déjà, en réalité il avait un an de plus (soit, détail). Mais surtout, avant d’en arriver là, il s’était étalonné 3 mois plus tôt en demies de RG pour savoir que déboulonner le King était possible. Et rappelons-nous enfin que 4 mois plus tôt encore, le même Roro lui mettait 6/3 6/0 6/0 en quarts de l’OA. Bref, il lui a fallu du temps pour « appréhender » la bête en face. Pareil, au baromètre des démonstrations tonitruantes d’un jeune au dépens du King, quand Safin explose Sampras à Flushing, il vient déjà de le battre au Canada. Je pense que pour les jeunes, c’est important de démythifier les géants. Et le fait de ne pas s’être affrontés avant a desservi Alcaraz. Bref, je m’arrête, ça va commencer à se voir que je l’aime bien, moi, le Carlitos Ce qui ne veut pas dire que j’y crois aveuglément, j’ai conscience que la possibilité de le voir se faire encore empapaouter par Djoko à l’US est réelle, m’enfin ce n’est pas encore à ce stade, il me semble, une fatalité. Une petite gifle, à 20 ans, c’est arrivé à tout le monde, y compris les plus grands des plus grands. L’important, c’est comment tu la digères, et ce que tu en retire. S’ils se rejouent à l’US Open et que le résultat demeure le même, là on pourra en rediscuter.
Bien d’accord avec toi Guillaume. Indépendamment du contexte COVID qui explique que Carlitos soit numéro 1, la vitesse de l’ascension, le palmarès qu’il se forge et les matchs qu’il produit sont dignes des plus grands.
Mis à part qu’il est espagnol, j’ai toutes les raisons de l’aimer parce qu’il est plus agréable à voir jouer que Djokovic et Nadal et il gagne le plus souvent en shotmaking plutôt que par le contre (même s’il est également écoeurant en lob qu’il soit offensif ou défensif), ce que je préfère.
En terme de niveau max, seul Djokovic se mesure à lui sur le circuit et il a déjà la carrure mentale (il a déjà un GC et s’il a crampé méchamment à RG, il avait tenu largement la pression jusque là).
Je crois que tu prends un bien mauvais exemple en citant la précocité de Rosewall. Le petit maître de Sydney a été effectivement le meilleur des amateurs, mais en passant pro à 22 ans, il est rentré dans un univers où quelques joueurs se sont chargés de le remettre à sa place. Rosewall, pour peu qu’on entre dans cette logique de n°1 à une époque où le classement ATP n’existait pas, partage justement avec Carlitos une position créée par les circonstances. Ce n’est pas moi qui vais me lamenter sur ce pauvre Novak qui a perdu sa place de n°1 en 2022. Je dis simplement qu’au vu des circonstances, le fauteuil de n°1 était vacant en 2022 et que celui qui s’en emparerait ne retirerait pas à Novak son statut de meilleur joueur du monde. D’où, encore une fois, l’importance de cette demi de Roland.
Guillaume, je trouve également le jeu d’Alcaraz enthousiasmant. Ce que je disais juste, c’est que le Tsonga de 2008 était tout aussi enthousiasmant, le Stan de l’AO 2013 aussi, et ainsi de suite. Quant aux victoires en M1000, Carlitos n’innove pas là non plus, puisque dans un passé récent Zverev, Thiem, Tsi², Meddy ont également dompté l’Immonde dans ce cadre-là, sans oublier Rafa qui se dressait également devant eux. En GC par contre, ça a coincé systématiquement, sauf pour Daniil à l’US 2021.
Par exemple, j’accorde toute mon estime à un Dominik Thiem, qui à l’AO 2020 (le dernier GC avant le confinement) a poussé Novak dans ses derniers retranchements, en rivalisant tennistiquement et physiquement, pendant 4 heures. Ca me semble bien plus méritoire que de gagner un GC en l’absence des 3 monstres (ce que l’Autrichien a d’ailleurs fait aussi) ou de rivaliser pendant 2 heures et d’exploser physiquement.
Donc, tout ce que Carlitos a réussi A CE JOUR, d’autres que lui l’ont fait aussi, en présence de deux ou trois monstres. Certes, parmi les joueurs que j’ai cités, aucun n’affichait un tel palmarès à 20 ans. Mais tous, à un moment ou un autre, ont incarné une relève possible. En vain.
C’est pour cette raison que je reste extrêmement prudent sur ce jeune Espagnol. Je ne lui reproche rien, chacun fait de son mieux et il est en effet difficile de lui reprocher de manquer de métier face à Novak. Par contre, le présenter comme le meilleur joueur du monde, comme le co-favori de Wimbledon avec Novak, c’est, je crois, aller bien vite en besogne, et c’est oublier ce qui s’est passé ces 20 dernières années d’espoir et de promesses non tenues. D’autant que dans le concert de louanges qui borde l’irrésistible ascension de Carlitos, je vois tout de même une ombre au tableau : son absence de 5 mois pour blessure entre 2022 et 2023. A 19 ans, ce n’était pas forcément bon signe. Juan Martin en sait quelque chose.
Je termine par un petit voyage vers un passé qui remonte désormais un peu. Au printemps 2002, un jeune Français, pas encore 16 ans, défiait des records de précocité à Monte Carlo. Deux mois plus tard, une revue mensuelle tennistique, chroniquant le Roland Garros 2002 et peinant à attirer le chaland avec la victoire finale d’Albert Costa , avait fait un long reportage sur ce jeune homme. Le grand événement n’était pas la victoire de Bébert, mais les « premiers pas du prince Richard » (je me souviens du titre) Porte d’Auteuil. Et si l’on se remet dans le contexte de l’époque, beaucoup d’éléments permettaient en effet de penser que la France tenait LE grand champion de demain. Ils avaient tout de même consacré un petit encart, presque un entrefilet, à un jeune Majorcain du même âge qui venait lui aussi de se signaler à Barcelone. On connaît la suite.
Cette hystérie médiatique de 2002, je ne la mentionne pas pour reprocher quoi que ce soit à qui que ce soit. Je précise simplement qu’elle a participé à mon éducation aux médias, à leur temporalité et à leurs enjeux. Elle m’a appris à me méfier des enthousiasmes un peu trop précoces et trop vite douchés par la réalité du terrain. Et je vois les mêmes mécanismes, exactement les mêmes, à l’œuvre aujourd’hui concernant Carlitos.
Rubens,
Je comprends parfaitement ta tempérance nourrie par 35 ans de perspective historique vécue quant au tennis.
Ceci dit, ton analogie avec le tennis Magazine de 2002 post-RG touche très vite ses limites puisqu’Alcaraz en 12 mois s’est déjà forgé un palmarès qualitativement supérieur à celui du Biterrois et d’ici l’année prochaine aura également gagné plus de titres.
Si Gasquet est un prince qui n’a jamais pu sortir de l’enfance, Alcaraz est d’hors et déjà un maire du palais à minima (d’ailleurs il s’appelle Carlos ahah !).
La réalité du terrain, c’est que Carlos est monstrueux quand il joue même s’il ne joue pas assez.
Gasquet malgré l’esthétisme et sa gicle de revers à une main n’a jamais vraiment eu de période au sommet absolu du tennis (il a fait des run assez profonds en coupant une ou deux têtes ponctuellement mais contrairement à Tsonga, n’a jamais gagné de M1000 par exemple).
C’est comme Dimitrov qui à part à Toronto 2017 et son Masters de la même année où il ramasse des éclopée n’a jamais vraiment percé dans les faits.
Alcaraz ne fait pas partie de la même sphère et est en route pour rejoindre rapidement le Panthéon mineur du tennis (plusieurs titres du GC, quelques semaines de N°1) comme première étape.
Perse, tu auras compris que ma comparaison ne porte pas sur les carrières (ou même les débuts de carrières) de Richard et de Carlos. Il y avait de quoi se pâmer devant les débuts de Richard, tout comme il y a de quoi se pâmer, à un autre niveau évidemment, sur l’ascension foudroyante de Carlos. Tout dépend où tu places le curseur, et pour provoquer un chouia je signalerai que Carlitos, à ma connaissance, n’a pas franchi un tour en Masters 1000 avant de fêter ses 16 ans
Mais la comparaison entre les deux hommes n’a évidemment aucun sens. Je me souviens avoir été ébahi par ce que Richard était capable de faire aussi jeune. Et d’un autre côté une question m’a taraudé : que faisait-il là, et en avait-il lui-même la moindre idée ? Je l’ai revu l’année dernière à Marseille (en streaming contre Rublev), et il m’a donné la même impression qu’à ses débuts, à savoir d’être là par défaut, parce que son talent le prédisposait à cela, mais sans jamais en avoir eu le désir profond. Une nouvelle question devrait l’inquiéter désormais : à défaut d’avoir pu avoir la jeunesse qu’il voulait, que voudra-t-il faire de la suite de sa vie ?
L’article de 2002 consacré à Rafa contient d’ailleurs une phrase du genre « Rafa n’a pas la virtuosité technique de Richard, en revanche on insufflerait bien à Richard une petite partie de l’énergie guerrière de Rafa ». Visionnaire, le journaliste.
Je dirais même plus, Gasquet est le Petit Prince.
La blague sur Carlitos, maire du palais porte plutôt sur son patronyme : Alcaraz/Alcazar (= palais royal en espagnol).
Du reste, il est étonnant que la seule existence d’un joueur élégant te fasse autant souffrir.
Tu enrichis encore la blague puisque je faisais référence à la lignée des carolingiens qui avaient des maires du palais comme dirigeant de facto (Charles Martel).
Chacun ses moulins à vent, je me moque des attentes et des espoirs que l’on a encore vis-à-vis de Dimitrov parce qu’il est assez élégant, c’est tout.
A titre perso, je trouvais que Berdych avait beaucoup de prestance sur un court, que Zverev et Tsitsipas en ont beaucoup également, pourtant ils ne provoquent pas cette excitation à mon sens irrationnelle que Grigou a (ce n’est pas sa faute, ça dit bien que les gens sont bêtes c’est tout).
Ben justement, je te trouve bête quand tu évoques Grigri. On attend du puits de science que tu es qu’il nous éblouisse, pas qu’il s’avilisse.
Quand je parle de la bêtise des gens, je m’y inclus dedans, je ne suis pas différent ;).
Et je reconnais parfaitement que c’est un petit rôle que je remplis avec plaisir ici.
C’est pas tout mais je serai le plus heureux si Shapo se remets à avoir de bons résultats, on le verra plus souvent sur Tennis TV.
Du plaisir dans la souffrance, une névrose obsessionnelle, du masochisme en somme. C’est triste.
Oui mais alors tout ton discours revient à « chat échaudé craint tellement l’eau froide que je ne tremperai plus jamais un doigt de pied ». Autant être défiant, ça évitera la déception ? Vient de là je crois notre manière bien différente de voir ses 18 derniers mois.
Je dis Rosewall comme j’aurais pu dire « le plus jeune n°1 jamais enregistré au classement par ordinateur. » Mais son prédécesseur aussi, Lleyton Hewitt, à ce compte-là a aussi profité du déclin de Pete et d’Andre, et de la blessure de Guga, et de l’irrégularité de Marat, et du retard à l’allumage de Roro… Quand on veut trouver à redire, on trouve toujours. D’ailleurs Roro a eu bcp de chance que Djoko ne soit plus dans le paysage entre 2017 et mi-2018, sinon le revival n’aurait jamais eu lieu
De la même manière, je ne suis pas d’accord avec l’assertion comme quoi d’autres auraient fait ce qu’il a accompli. Pas à 20 ans (et plutôt même 19 puisque les 20 ans, il les a eus juste avant RG). A 20 ans le dernier qui avait fait aussi bien c’est… Rafa. Même Djoko à ses 20 ans c’est un 1/4 en GC et 1 M1000. Delpo au même âge gagnait ses premiers ATP250, faisait un quart à l’US et s’étalonnait face à la Légende en prenant 3, 0 et 0 contre Roro à l’Australian ; Thiem que j’adore était 39e mondial ; Zverev s’apprêtait seulement à gagner ses deux premiers M1000 et devrait encore attendre 3 ans pour jouer sa première demie en GC (et ce n’était pas le Big 3 qui lui barrait la route !). Quant à Meddy, il était 331e mondial…
Pour autant moi aussi je reste prudent. Je n’ai pas souvenir d’ailleurs d’avoir fait de lui un quelconque favori de Wim… Dans nos échanges j’évite soigneusement de parler du gazon tant cette surface est une particularité / une parenthèse. Il faut normalement de la bouteille pour briller sur herbe, et Carlitos en prend IMO a minima pour quelques années où, comme Rafa, il sera susceptible de sauter tôt à Wim.
Mais être raisonnablement prudent ne m’empêche pas de constater que ses accomplissements à 20 ans sont inouïs. On ne peut pas tout réduire à Djokovic, sous peine de tomber dans l’écueil que tu dénonces de tout ramener au Big 3. Il y a d’autres joueurs que Djoko, et tu ne me verras jamais minimiser, par exemple, l’US Open de Thiem. Moi j’ai vu un gamin qui explose à l’US 2021 y remporter le titre dès l’année suivante. Transformer l’essai si vite, ça nous renvoie encore à Nadal, ou à Becker avant… Je le vois aussi, comme eux (et c’est peut-être le plus difficile) digérer remarquablement ce coup d’éclat et, derrière, maintenir une régularité folle pour cet âge – cette année, il a gagné 5 tournois sur les 9 auxquels il a participé ! Tout ça pour dire que minimiser/relativiser ces 18 derniers mois exceptionnels à l’aune de sa première défaite « importante » me semble largement excessif, au moins autant que lui prédire la victoire à Wim ou une carrière à 20 GC. Et que ça en dit peut-être plus long sur l’ampleur de notre trauma en tant que djokophobes, que sur Carlitos lui-même
Tu poses une bonne question avec ma djokophobie. Mais pour le coup, ma djokophobie n’intervient qu’à la marge dans ce que je dis. Je m’efforce de comparer ce qui est comparable et seulement ce qui est comparable.
Il est vrai que je ramène beaucoup de choses au Big 3, mais je ne fais que constater que les 3 monstres ont porté le concept de domination tennistique aux confins de la certitude mathématique (hormis lorsqu’il s’agissait de s’affronter entre eux). Ils étaient là toute l’année, sur toutes les surfaces, quasi-invincibles pour tout le monde. Et ça a duré, en gros, 15 ans pour chacun des trois. A partir de là, il y a les chiffres bruts des carrières des uns et des autres, et il y a les éléments de contexte qui renforcent ou qui relativisent la portée de tel ou tel résultat, et surtout qui permettent de mettre les champions passés, actuels ou en devenir, à leur juste place.
Quand on parle de la place de n°1 mondial de Lleyton Hewitt, on parle justement d’un interrègne. La Teigne n’a pas profité du déclin de Sampras, parce que ce déclin était déjà acté bien avant leur finale de l’US, et Pitou, champion glouton de son époque, n’a jamais exercé un joug de la même ampleur que le Big 3. Hewitt n’a pas eu à déboulonner la statue, elle était déjà tombée. Rien à voir avec aujourd’hui, où il reste une des trois statues, une seule, mais elle est là et bien là.
Jeannot à l’US 2009 : là oui, exploit herculéen. Vraiment herculéen. Un Nadal hors de forme en demi, mais surtout une finale démente face à Roger. Le Roger Federer de 2009, n°1 mondial, et pas particulièrement connu pour être un cadeau en finale de GC. J’étais déçu du résultat, comme à chaque fois que Roro perdait, mais franchement le petit jeune a renversé une montagne ce jour-là. C’est en réponse à ton article sur les « autres » trésors de Roro, d’ailleurs, que j’avais évoqué ce match, l’un des plus beaux de sa carrière (même s’il le perd). Alors OK, Jeannot avait un an de plus que Carlitos, mais pardon de dire que ce n’est pas un exploit du même niveau.
Et sinon, j’ai bien remarqué en effet que Carlitos était d’une précocité exceptionnelle. Ma djokophobie, elle arrive ici. Roger et Rafa (car je considère désormais Rafa comme un quasi-retraité) se sont retirés « invaincus » en quelque sorte. Un peu moins pour Roger, mais il était tout de même n°3 mondial à 38 ans, et auteur de tout un tas de choses exceptionnelles, bref, pour l’un comme pour l’autre, ce n’est pas leur jeu qui était dépassé, c’est leur corps qui a dit stop. Ce n’est pas la manière la plus agréable de s’arrêter, mais c’est une des plus nobles et des plus gratifiantes pour l’intéressé, le summum étant évidemment la sortie à la Pitou, par le haut.
Pour X raisons de comportement que j’ai eu longuement l’occasion d’expliquer ici, je considère que Novak Djokovic ne mérite pas une telle sortie, et que finir battu à la régulière tout en étant dans sa meilleure forme physique serait un beau crabe final dans son ciboulot perturbé et instable. Sauf qu’il a 36 ans et le temps presse. J’ai bien noté qu’il dose désormais son effort, qu’il se concentre sur les GC et que ses absences entre deux GC vont se faire de plus en plus longues. Je me fiche royalement d’apprendre le nom et l’âge de celui qui le bat à Madrid, à Cincinnati ou à Shanghai, ça fait des années qu’il connaît des défaites de ce type. En revanche, en GC il est là et bien là, et ça tombe bien pour lui puisque c’est ça qui l’intéresse. Donc, ce que je veux pour l’Immonde, ce n’est pas une défaite en 3 petits sets ou sur abandon contre un Moutet ou un Djere au 2ème tour à Melbourne, c’est une demi-finale ou une finale contre un Alcaraz, un Medvedev, un Rune ou un Sinner, au cours de laquelle le jeunot tiendra le choc et émergera en vainqueur. Et l’horloge tourne, et le Carlitos, s’il veut être l’Elu qui réussit cet exploit, c’est maintenant qu’il faut le faire, ce n’est pas quand il aura 26 ans et Djoko 42 .
Mais je ne confonds pas non plus mes désirs avec ce qui est probable. Pour l’Immonde, une sortie identique à celles de Roger et Rafa est désormais probable. Invaincu « en vrai », à savoir administreur de fessées à répétition en GC à destination des jeunots de 10, 15 voire bientôt 20 ans de moins que lui, sans jamais être battu ni même véritablement inquiété, mais forcé de s’arrêter à cause d’un coude en vrac qui mettra en pointillé ses dernières sorties. Et là, les fesses rouges des successeurs resteront rouges pour longtemps, quels que soient leurs résultats ultérieurs
Je suis d’accord avec le cas Delpo. Mais encore une fois, lui a eu le temps d’essuyer les plâtres, de s’étalonner avec Roger tout au long de l’année 2009 en GC : son coup d’état de l’US s’est préparé à l’OA et à RG. L’important pour Alcaraz n’est pas la défaite à RG : c’est ce qu’il en fera, de cette défaite. Si derrière il perd encore, et encore, contre Novak, jusqu’à ce que celui-ci raccroche en raison d’un coude douloureux, on pourra dire qu’elle aura été un marqueur négatif de sa carrière, au moins au niveau de leur « rivalité » (qui serait du coup inexistante, ou à sens unique). Mais s’il bat Djoko à Flushing dans 2 mois, elle prendra des allures de défaite formatrice, de marchepied. Tout le coeur de mon propos est de dire que, vu ce qu’il a montré depuis 18 mois, Carlos a mérité qu’on lui accorde ce bénéfice du doute là, ou ce crédit-là.
Je rejoins pas mal Perse sur le fait que ce n’est parce que Novak a 36 ans qu’il est moins fort qu’il y a 10 ans. Le sport de haut niveau entier nous dit que les curseurs ont bougé quant à la longévité. Djoko, comme Roro avant, comme Nadal, a perdu sur certains aspects et gagné sur d’autres. Il est juste un joueur différent de celui de la demie de RG 2013, par exemple. Moins rapide, sans doute, mais doté d’un bien meilleur service d’un autre côté. Sans compter l’expérience : le Djoko 2023 ne toucherait plus le filet sur une volée aussi cruciale que pour confirmer un break en milieu de 5e set
Roro en 2017 n’avait plus un 10e de sa fulgurance passée en CD, mais le revers lâché pleine balle n’avait jamais été aussi maîtrisé.
Enfin j’avais tendance à penser comme toi sur l’importance du passage de témoin, mais l’histoire nous enseigne en vrai que tout est entre les mains des héritiers, et ce qu’ils en font : Borg a laissé RG orphelin en 82 et la victoire de Wilander a sans doute été perçue à l’aune de l’Absent à l’instant T, mais 10 ans plus tard, devant l’épaisseur des CV de Wilander et Lendl, la « béance » de 1982 était largement relativisée.
Tu as peut-être raison, dans la mesure où ce match de Roland est trop frais pour que je prenne le recul nécessaire. J’ai été, en vérité, consterné par ce résultat. Non que Carlitos se soit complètement troué, car il a justement rivalisé techniquement. Mais parce qu’il a explosé physiquement au bout de 2 heures. Et c’est ça que je n’arrive pas à me sortir de la tête : rivaliser avec Novak (ou Rafa) sur terre battue est réservé à une toute petite élite. Rivaliser au meilleur des 5 sets, personne n’y est parvenu. Davydenko, Ferrer, Wawrinka, Thiem, Del Potro & Co en savent quelque chose. Et Alcaraz, donc ? Ben non, lui non plus. Il n’a peut-être que 20 ans et donc le temps de s’étoffer physiquement, mais d’ici là Djoko a de quoi voir venir.
Tu m’offres d’ailleurs une belle transition, avec la question de savoir si Novak est plus fort à 36 ans qu’à 26. Oui et non
Si tu regardes le dernier AO, le jeu de l’Immonde n’a en effet jamais été meilleur. Rien ne dépasse vraiment, mais il optimise. Les autres joueurs sont totalement dépassés. Ce qui lui a évité ce qu’il redoute sans doute plus que tout, des matchs à rallonge.
Lors du dernier Roland, par contre, sur terre battue, il me semble évident que Novak était moins fort, parce que le paramètre physique a plus d’importance et c’est là que ça pêche quand tu prends de l’âge. Roger l’avait bien compris, en n’acceptant pratiquement plus l’échange dans ses dernières années : attaques à outrance, jeu à haut risque, échanges raccourcis, aucun rythme donné à l’adversaire. Sauf que sur terre battue, ça montre vite ses limites. Novak n’a pas le jeu de Roger, il accepte plus facilement l’échange. Mais j’ai trouvé qu’il avait de sérieuses absences durant ses matchs, absences qu’il gérait d’ailleurs très bien et qui débouchent sur cette non-domination que tu as toi-même relevée pendant Roland : Lothar Pesticidovitch Caviarda, Khachanov, Alcaraz ou même Ruud en finale, tous ont eu à certains moments l’occasion de prendre le large au score, sans y parvenir car en face c’est un monstre mental qui ne fait jamais la faute de trop. Rien de tel il y a 10 ans, où il gagnait ses matchs assez rapidement en jouant nettement plus vite que son adversaire. En niveau de tennis pur, pour moi il n’y a pas photo, le Phallostrate de 2013 est nettement meilleur que celui de 2023 à Roland.
Vous êtes des grands malades mais moi aussi alors j’embraye.
A titre personnel, Carlito est le joueur qui m’a redonné l’envie de regarder du tennis, envie qui avait disparu depuis la retraite de Fed.
C’est aussi simple que ça.
Ce garçon est vraiment enthousiasmant à voir jouer. Il surnage au milieu d’un océan d’ennui.
Alors, certes, qu’il ait perdu à Roland contre Slip m’a évidemment dévasté.
Mais rien, absolument rien, ne peut être conclu à l’aune d’un seul match, fut-ce une demie de GC. Et a fortiori quand il s’agit du tout premier match disputé entre deux joueurs au meilleur des 5 manches (et que l’un des deux est King Kong).
Comme dit Guillaume, on verra ce que Carlito en fera. L’analogie avec Delpo 2009 qui se prend 3, 0 et 0 par Fed à l’AO, puis le pousse aux 5 sets à Roland, puis le bat en finale de l’USO, est tout à fait bien sentie. Je n’en attends pas moins d’Alcaraz.
Sinon je suis tombé sur les articles traitant de la réorganisation de la WTA qui compte bien sucer la roue de l’ATP, avec notamment l’augmentation de nombre de M1000 mixtes sur deux semaines.
J’avoue que je ne suis pas fan de ce format, trop long pour les tournois « banaux », sans oublier que cela favorise trop les sempiternelles mêmes métropoles.
Quant à la fusion WTA/ATP, là se trouve bien une limite du discours « girl power » parce que personne n’est dupe que c’est bien la WTA qui tend la sébile et joue la mouche du coche. C’est d’autant plus dommage que le tennis féminin est bien l’un des seuls sports pro « mixte » (dans le sens où les suiveurs du tennis suivent les deux sexes) avec le ski alpin et l’athlétisme.
A titre d’exemple, en basket américain, la NBA finance depuis toujours la WNBA avec une péréquation importante (les salaires sont les plus importants de la scène pro féminine) mais l’intérêt est toujours à l’encéphalogramme parmi les suiveurs du sport.
Je pense que la culture du tennis est toujours de suivre les deux sexes, mais là encore, je pense que le traitement médiatique est bien coupable de s’être surfocalisé sur le Big 4 et sur Serena alors que la WTA a tout de même myriades de profils plutôt intéressants. La chaîne « SabineLisickiFan » sur Youtube produit notamment du contenu divers et de qualité sur la WTA (notamment une petite compil de double mixte très sympa).
@Colin et Guillaume,
Evidemment que je suis un grand malade Mais je crois en effet que vous n’avez rien à m’envier de ce côté-là. Et c’est quand même une bonne nouvelle que nous ayons des favoris et que nous prenions un réel plaisir à les voir évoluer. Pour ma part, Alcaraz c’est bof-bof, je préfère de loin Shapo et Musetti pour leur légèreté, ou Casper et Daniil pour leur côté Kasparov. Mais les hot shots de Carlitos, c’est quelque chose en effet.
Je crois que les journalistes ont un rôle très important dans le ressenti général du grand public vis-à-vis du tennis. Et je constate une tendance à l’appauvrissement du commentaire, qui épouse finalement l’appauvrissement du spectacle sur le court.
Un exemple ? Je reviens un instant sur le Sinner/Altmaier du dernier Roland. Je précise que j’ai raté beaucoup de choses, on ne peut suivre tous les matchs en même temps et il y a certainement eu d’autres grands matchs comme celui-ci lors de cette édition. J’ai eu la chance de le prendre quasiment au début, d’être d’emblée scotché par l’intensité et de le suivre jusqu’au bout. Mais j’ai surtout eu la chance de ne pas travailler ce jour-là
En lisant les commentaires sur ce match, je ne suis tombé que sur les (très) grandes lignes : le match le plus long du tournoi, Sinner qui manque une balle de match dans le 4ème, Altmaier qui finit par conclure à sa Xième balle de match, le bas du tableau qui s’ouvre, et ce Jannik qui décidément n’y arrive pas en GC, que lui arrive-t-il, etc. Tout ceci est exact, mais franchement c’est 1% de ce qu’il y aurait à dire sur ce match, et j’ai presque envie de dire que pour dire tout cela, il n’est même pas nécessaire d’avoir vu le match. N’apparaissent nulle part, ou seulement à la marge :
– l’extraordinaire richesse du jeu de l’Allemand, qui a réussi à rivaliser avec un jeu nettement plus puissant.
– des coups absolument incroyables de toucher et de délicatesse (y compris de la part de Sinner).
– une intensité générale démentielle : hormis le 3ème set où on sentait qu’Altmaier reprenait des forces, ce fut une bataille rangée où ils se sont rendus coup pour coup.
– le déferlement d’émotions qui est allé crescendo, et qui a traversé mon écran : le public qui manifeste sa simple joie d’être là, qui soutient avec ardeur les deux joueurs (surtout l’Italien d’ailleurs) et qui finalement rend un vibrant hommage au vainqueur terrassé par l’émotion et la fatigue. Aucun des deux joueurs n’était français, il n’y avait rien d’autre à applaudir que la qualité du spectacle et la violence des efforts déployés des deux côtés pendant 5h30.
La ferveur du public ne se commande pas, elle s’impose. Un vrai, un pur grand moment de sport. Et, je le répète, qui n’est probablement pas le seul de cette édition. Cette ferveur, je ne la retrouve pas dans les commentaires, qui s’en sont tenus à des chiffres.
Ces mêmes chiffres sont omniprésents lorsqu’il s’agit de parler de Carlitos : il réussit des choses phénoménales à son âge, on compare ses débuts avec ceux du Big 3, on mesure, on fait des projections. Mais il y a une véritable ferveur autour du personnage, et ses accomplissements chiffrés n’y sont pas pour grand chose. La ferveur qu’il suscite, il la doit à son jeu puissant, complet et subtil, à sa présence sur le court, à son enthousiasme. Encore une fois je ne partage pas cette ferveur, mais elle existe bel et bien. Et c’est là que les commentateurs du match ont un rôle important à jouer, sans oublier les journalistes papier qui le feront moins vivre de toute façon (rien ne vaut de voir le match) mais qui le feront encore moins vivre s’ils s’en tiennent à des chiffres.
Donc oui, je suis un grand malade, mais je le revendique
Je ne sais pas si c’est de l’appauvrissement parce qu’à côté d’autres aspects du commentaire – au sens large – ont pris une place dingue ces dernières années : la data, clairement, la stat, consommée avec gourmandise par les médias autant que par les joueurs eux-mêmes, ou du moins leurs coachs ; mais aussi le côté « la belle histoire », le récit complet du parcours humain de quelqu’un, d’où il vient, les obstacles rencontrés, les étapes clés des jeunes années… On n’a jamais autant « décortiqué » l’histoire des champions, donné la parole aux formateurs / amis / adversaires / fils du concierge des jeunes années…
La stat et l’humain ont explosé dans le commentaire de tennis. A côté de ça, effectivement, on constate que le jeu lui-même, la technique, la stratégie… la lecture du match a disparu. Est-dû à l’appauvrissement des connaissances des journalistes pour en parler (il faut être conscient que les spécialistes, ceux qui bouffent du tennis et seulement du tennis à l’année, sont de moins en moins nombreux, et que data et parcours humains sont de solides béquilles pour généraliste un peu perdu dans un sport qu’il ne chronique qu’à l’occasion) ? Est-ce dû à l’appauvrissement du jeu, qui rend stéréotypée et répétitive l’analyse d’un match lui-même stéréotypé et répétitif dans les plans de jeu des protagonistes ? Est-ce dû à l’absence de demande du public, qui veut partager le shoot d’émotion de la balle de match victorieuse avec Untel mais pas forcément comprendre comment on en est arrivé à ladite balle de match ? Mais oui, même dans les médias spécialisés les papiers d’analyse ne se bousculent pas… et quand il y en a c’est souvent pour rester sur du marronnier : pourquoi on ne fait plus service-volée sur herbe, pourquoi le prétendu « revival » de l’amortie sur terre (qui n’a pourtant jamais disparue…). Les anglo-saxons sont un peu plus attirés par ça, mais pas non plus de manière spectaculaire, et plutôt chez les blogueurs fous que chez les médias.
C’est étonnant d’ailleurs, tant on voit par exemple que le foot aime assez ces formats à décortiquer des plans de jeu ou des stratégies d’entraîneur. Les formats « palette » à la TV ou les chroniques tactiques à la SoFoot, Cahiers du foot ou même chez L’Equipe… montrent qu’il y a un public pour ça côté ballon rond. Alors que c’est devenu un angle mort du tennis.
« il faut être conscient que les spécialistes, ceux qui bouffent du tennis et seulement du tennis à l’année, sont de moins en moins nombreux, et que data et parcours humains sont de solides béquilles pour généraliste un peu perdu dans un sport qu’il ne chronique qu’à l’occasion »
Je crois que tu as la clé du problème.
Mais attention, les big data ne me posent en elles-mêmes aucun problème. Que des coachs les regardent pour savoir les stats en retour du prochain adversaire de leur poulain, encore heureux ! Et quand un journaliste analyse la dynamique d’un match à l’aune des stats de première balle ou de ratio Winners/Errors, on a déjà un début d’analyse bien supérieur à ce que j’évoquais à propos du Sinner/Altmaier !
Quant aux parcours de vie… On en reparle, là j’ai réunion
Et donc, les parcours de vie…
Les célébrations des 40 ans de la victoire de Noah auront au moins été le prétexte à deux éclairages de premier choix : le documentaire de Rassat, qui est un formidable panorama du tennis de cette époque, et le « Grand récit » de Rémi Bourrières sur l’après-83 de Yannick. Le long témoignage de Wilander en deux parties, paru juste avant l’ouverture du tournoi, annonçait la couleur, mais c’est vraiment le récit « De la gloire à la dépression » qui synthétise l’ensemble à merveille.
Je ne vais pas répéter des choses que Bourrières explique déjà très bien. En revanche, je trouve que le détour par la vie personnelle éclaire d’une grande logique la trajectoire tennistique de Yannick Noah. Ce qui n’est pas nécessairement le cas pour tous ces « grands récits ». Je ne voyais pas, par exemple, ce qu’apportait le détour par l’enfance dans le parcours de Raymond Domenech. Ce n’était pas inintéressant, mais je ne trouvais pas dans le récit de son enfance des éléments qui auraient expliqué son comportement à la tête des Bleus. A la lecture de ces articles, je ne vois toujours pas pourquoi Domenech s’est à ce point enfoncé dans le mutisme vis-à-vis de ses joueurs et vis-à-vis de la presse, mais je comprends bien, en revanche, pourquoi Yan n’a jamais remis le couvert en Grand Chelem.
Quand on évoque ces grands récits, on doit aussi souligner que les personnes dont il est question sont tous des retraités de leur sport, et que ces formidables papiers ont l’avantage du recul et donc de la mise en perspective. Ce serait évidemment trop demander à des journalistes que d’exiger des papiers aussi fournis en plein Roland, alors que le tournoi bat son plein et que les nouveaux visages marquant cette édition arrivent tous les jours. Je n’en demande pas tant. Par contre, saisir la dynamique générale d’un match, identifier les points de bascule, les enjeux tactiques, pourquoi une tactique payante cesse de l’être, quel est l’impact d’un hot shot sur les points suivants, ça me semble important pour comprendre l’évolution du score d’un match (et pas seulement pour la constater).
Peut-être tout cela n’intéresse pas le grand public, je n’en sais rien. J’ai été biberonné aux commentaires de Jean-Paul Loth avec son ton professoral, qui détaillait longuement les ressorts du tennis-pourcentage de Sergi Bruguera. Ca n’était peut-être pas très sexy, mais en l’ayant écouté on comprend mieux pourquoi Sergi l’a emporté deux fois à Roland. Tout dépend du rôle assigné aux commentateurs par les chaînes de télé, et du rôle qu’ils s’assignent eux-mêmes en fonction de leur sensibilité propre. Loth aurait été au micro en 2013, tout le monde aurait bien compris pourquoi Tsonga, malgré toutes ses fulgurances, s’est pris 3 sets face à Ferrer en demi. Et par ricochet tout le monde aurait trouvé ridicules les jérémiades de Jo sur l’absence de réactivité du public du Chatrier… Mais les journalistes et commentateurs d’aujourd’hui ont-ils vraiment ce rôle-là ?
En tout cas, on peut remercier la rédaction française d’Eurosport pour ses Grands Récits qui font vraiment honneur à la profession : bien écrit, éclectique et assez holistique dans l’approche.
J’apprends plein de choses à chaque fois.
Pour ce qui est des commentaires, moi aussi était biberonné au duo Duthu-Loth et mon souvenir est qu’effectivement, il n’y avait pas de pathos dans les commentaires, ça restait assez analytique dans le déroulement du match.
RG par France TV avec en particulier le duo Chamoulou/ Montfort était beaucoup plus dans le pathos avec in fine un mépris pour le public constamment infantilisé.
Et puis, ne pas oublier l’aveuglement et le narcissisme de Nelson Montfort par exemple dont le passage « Je voudrais remercier un Luigi que je ne connais » lors d’une interview de Chang aurait dû lui valoir un licenciement sec il y a déjà 34 ans.
A ce sujet, vous me faites penser que, la Gloire du Grand sachem étant ce qu’elle est, JP Loth et Hervé Duthu en ont pris leur part sur ce RG, invités eux aussi à s’exprimer un peu partout. Et ce qui est grandement ressorti de leurs propos, notamment Duthu, c’est que le bon commentateur doit savoir… se taire. A mettre en parallèle avec le commentaire de match actuel « il frappe un coup droit, oh oui quelle amortie, bravo Jo, c’est superbe, on adore le voir jouer comme ça, et ça plait manifestement au public du court Philippe-Chatrier qui applaudit, n’est-ce pas Arnaud, allez Jo, encore 2 sets 1/2 comme ça, mais qu’est-ce qu’on vibre aujourd’hui sur nos antennes, on vous avait promis un moment exceptionnel et ça y est, on y est, on vit des émotions fortes comme seul le tennis peut en proposer, je ne sais pas ce que vous en pensez Arnaud, oh mais oui bravo Jo quelle sacoche de coup droit encore, une question quizz tiens, pouvez-vous me citer tous les joueurs français quarts de finalistes de Roland-Garros depuis Yannick Noah, je vous laisse y réfléchir Arnaud, une respiration et on revient tout de suite pour la fin de ce premier set irrespirable. »
Tout à fait, Guillaume !
Les meilleurs commentateurs pour moi étaient ceux du saut à ski et du ski alpin, ils n’ont pas été pour rien pour mon suivi de ces deux sport d’hiver.
Allez Jo, c’est maintenant, fais parler la puissance de l’Afrique, il est moins bien là l’Espagnol, il vient de faire une double-faute, ça fait 0-15, c’est le moment d’en profiter, mais madame éteignez votre portable, c’est insupportable à la fin, je ne comprends pas qu’on vienne tripoter son portable devant un tel spectacle et une telle émotion, car oui c’est une grande émotion Arnaud, Arnaud je viens de m’oublier, pourriez-vous m’amener une nouvelle couche s’il vous plait, elles sont dans mon sac, allez Jo, c’est comme ça qu’on aime te voir jouer, service et coup droit, allez Jo, n’oublie pas que tout le tennis français est derrière toi, ah mais non, il en a trop mis là, quelle déception mais quelle émotion, quelle émotion Arnaud, un grand soleil et du beau jeu, que demander de plus, une victoire du Français bien sûr, on revient après une page de pub, j’en profiterai pour changer à nouveau ma couche, oh oui Nelson, Nelson est avec nous aux côtés de notre cher Johnny national, attention Nelson, c’est Johnny, il faut l’interviewer en Français, mais voilà que Jo est de retour sur le terrain avec la fierté du regard d’un chef de tribu pygmée, allez Jo, c’est maintenant qu’il faut creuser l’écart, plus que deux jeux Jo, il en est capable n’est-ce pas Arnaud, je suis sûr qu’il vous entend, qu’il nous entend, car oui le tennis français est une grande famille, le Président Gachassin est là évidemment, lui aussi vit les mêmes émotions, allez Jo, mais quel bon service que voilà, mais quelle émotion mes amis !
Non mais là tu vas loin avec tes docus ou tes grands récits. Quoique même dans le suivi d’actu c’est cette même logique qui prédomine. Sans rentrer autant dans les détails, bien sûr, mais toujours à travers la même approche de l’histoire « inspirante », du parcours d’homme, le marketing appliqué aux médias en quelque sorte, plutôt que l’angle du jeu/du joueur.
Exemple : Untel, tiens Tiago Seyboth Wild, sort de nulle part et fait un run à RG. Avant son match suivant tu auras appris plein de choses sur sa vie, son oeuvre, son parcours, sa jeunesse, ses blessures (celles de sa nana mais c’est un autre sujet…), et puis la fois où il a rencontré Guga, et puis papa qui a vaguement tenté sa chance sur le circuit, et puis sa passion pour Harry Potter, et puis mamie chez les nazis… Tout ce que vous n’auriez jamais voulu savoir sur lui Par contre l’article/la pastille qui t’expliquera en analyse détaillée comment il a fait dérailler Medvedev… C’est con : j’ai raté son exploit contre Medvedev. Et quand j’ai été le voir par curiosité un tour plus tard, ce que j’ai vu ne m’a pas apporté de réponse. Le gars que j’avais sous les yeux, avec son revers affreux, n’aurait jamais « dû » poser problème à Meddy Le tournoi suivant son court, je n’ai toujours pas de réponse, et personne n’a jugé utile de me/nous l’apporter.
Ton allusion à JP Loth est évocatrice tant je trouve que cette évolution du commentaire est encore plus prégnante chez les consultants. Ils intervenaient avec parcimonie pour expliquer, décortiquer… Ils n’ont jamais été si bavards pour ne pas dire grand-chose (« Il en a trop mis » / « Il n’en a pas mis assez », vous connaissez ma marotte !)
Pour le Meddy-TSW, je n’aurai qu’un point de vue partiel, puisque je ne l’ai suivi qu’en pointillés. Comme expliqué dans mon post devenu article, j’ai beaucoup zappé, et le seul match qui m’a arraché à mon zapping a été le Sinner-Altmaier. Le Meddy-TSW, franchement ça n’a pas assez accroché ma rétine pour que je reste devant
Partiel aussi, mon point de vue, parce que les caméras du Central envoient à la corbeille le travail des joueurs sur les hauteurs de balle. On le perçoit beaucoup mieux sur les courts annexes.
Ces réserves étant posées, je me souviens de ce match comme d’une énorme surprise. Non pas le résultat lui-même, mais d’avoir vu Daniil nettement dominé en fond de court. La quintessence de son jeu, c’est sa capacité, depuis n’importe quelle position, à renvoyer un coup agressif, puis un deuxième encore plus agressif, et de gagner le point par étranglement progressif. Là, Tiago lâchait un premier coup droit, Daniil était déjà en difficulté et renvoyait la balle dans le carré de service, Tiago n’avait qu’à continuer, jusqu’à lâcher un coup droit gagnant, les balles adverses étant de plus en plus courtes et inoffensives. La domination du Brésilien dans l’échange était totale. Ce match a été tout de même serré pour deux raisons : le petit bras de Tiago dans le tie-break du deuxième, qui permet à Daniil de revenir alors que ça devait, nettement, faire deux sets à zéro, et le service du Russe, qui fut le seul secteur du jeu où je l’ai bien retrouvé et qui lui a évité de se faire breaker trop souvent. Pour le reste, ça me semble incroyable à écrire, mais le n°2 mondial a été, ce jour-là, dominé en puissance par un qualifié.
Mais comme je le disais, je n’ai pas tout suivi, et notamment pas le commentaire de Daniil sur sa prestation du jour. Le bonhomme n’est pas du genre à s’inventer des excuses, mais à chaud ce n’est jamais évident de voir ce qui n’allait pas. Tel que moi je l’ai ressenti, il a joué avec le frein à main pendant 4 heures.
Guillaume, si tu as vu Tiago au tour suivant, il ne faut pas perdre de vue que ce joueur n’est pas familier des joutes en 5 sets, et qu’il était sans doute bien crevé. Quant à son adversaire, Guido Pella, rompu à l’exercice mais survivant d’un match au couteau encore plus terrible face à Quentin Halys, il n’était sans doute pas très frais lui non plus. D’autant que je l’ai aperçu entre ses deux matchs en train de faire un double. Le match que tu as vu opposait probablement deux joueurs n’ayant plus grand chose dans le réservoir. Le revers de Tiago ne vaut pas son coup droit, mais il n’était pas non plus si affreux contre Daniil.
Grâce à Rubens, je regarde le documentaire sur les 7 matchs de Noah et c’est bougrement intéressant de voir les différentes personnalités.
Sur le plan du tennis pur, j’ai trouvé Lendl très impressionnant : comme Nielsen dans « Y-a-t-il un pilote pour sauver l’avion? », il a la gravitas. Son explication sur l’oreille est précise, didactique, pertinente et limpide.
John Alexander a la prestance et on sent l’apport de sa pratique politique en terme de diction et d’articulation de sa pensée. Si l’anglais est sa langue native, j’ai trouvé le registre de langue et la prosodie parfaite.
Jarryd correspond assez bien à l’archétype suédois moderne – un peu métro – tandis que Pecci qui n’a plus l’allure séduisante de 1983 continue à avoir du charisme.
Finalement c’est DuPré qui fait le plus ordinaire des 5 premiers adversaires.
Rendons à César ce qui appartient à Jules : c’est Sam le premier à avoir repéré cette trilogie sur ce site
Sinon, c’est marrant de relever les différents ressentis sur les uns et les autres. Pat Dupré, je l’ai trouvé très bien, un peu professoral mais précis, direct et sympa. Mon regret concerne Pecci, qui aurait mérité sans doute un échange bien plus long. Il n’était pas juste l’un des adversaires de Yannick, il était aussi un ancien finaliste et il avait sans doute beaucoup de choses à raconter sur le tennis Sudam. J’ai beaucoup aimé Jarryd. Si je devais en choisir un que j’ai moins aimé, ce serait sans doute Christophe Roger-Vasselin, le seul dont je n’ai rien retenu de l’entretien.
Matsou est hors concours, mais bon, ça je le savais déjà. L’écouter digresser pendant 40mn sur son match avec Yannick… Nous sommes vernis nous Français, je ne suis pas certain que les Russes auront droit aux deux victoires de Chessy face à Mats à Roland commentées par la victime elle-même J’aimerais tellement mieux maîtriser l’Anglais…
Hors concours, mais dans un autre registre, Ivan le terrible évidemment. Très didactique en effet, très intéressant à écouter… mais il n’a décidément pas changé depuis 40 ans. Tout dans l’austérité, rien dans l’affect. » Je n’ai jamais compris qu’on puisse avoir peur de gagner. Gagner est notre métier, pourquoi en avoir peur, alors qu’au contraire on devrait être pressé de gagner ? » Là, je crois qu’à la place de Rassat, j’aurais demandé un truc du genre » Monsieur Lendl, si je vous pinçais le bras, là maintenant, est-ce que je vous ferais mal ? « . Ca me rappelle un vieux Tennis Mag que j’avais lu en différé, un reportage chez Lendl avec les bergers allemands, les rubis-cubes, la musique militaire et les vitraux aux couleurs de la cathédrale d’Ostrava en guise de fenêtres. Et j’imagine le journaliste de l’époque respirer un grand coup une fois sorti de la propriété
J’aime beaucoup dans ce documentaire le fait d’en comprendre rapidement le principe, l’interview des adversaires, et donc de réaliser qu’on va normalement avoir droit, car ça n’est pas si sûr, avoir droit à son interview 40 après : est-ce qu’il est encore…Pareil ? La réponse est un Grand Oui, Ivan. Assez marrant d’entendre Chicken balayer ainsi toute idée de peur de gagner.
Me souviens d’un Tennis Mag’ dans les 80′s où il était pris en photo avec un tee-shirt « réveillez-vous avec le sourire, dormez avec un cintre dans la bouche ». Et de quelques témoignages, pas beaucoup, faut pas exagérer, qui affirment qu’en réalité, Lendl peut être un sacré petit marrant…
Je crois qu’il y a d’autres anecdotes à propos de ces bergers allemands qui déchiquettent des balles de tennis, genre Ivan envoie les balles vers le journaliste (Guillaume m’avait raconté un truc comme ça).
C’est marrant mais Lendl ne m’a pas fait l’effet d’un mec austère, simplement d’un mec très direct qui ne se complique pas la vie. Et je l’ai trouvé nettement plus charismatique et impressionnant que le reste du casting finalement.
On peut trouver ça très ironique que Chicken n’admet pas la peur de gagner alors qu’il a été connu pour ses difficultés à conclure au plus haut niveau (après tout 8/20 en final de GC), in fine il reconnaît parfaitement l’affect et la difficulté de conclure.
En fait, c’est un point assez commun chez les gens qui connaissent les plus grands succès sportifs, c’est de ne pas se faire de noeuds à la tête et ne pas jouer du pathos dans leurs interactions avec les autres. En tennis : Lendl, Borg, Sampras sont totalement de ce moule-là mais Djokovic et Nadal mine de rien en sont très proches. Michael Jordan et Kobe Bryant étaient « lendlien », Michael Schumacher itou, sans oublier Herminator – sans doute l’exemple le plus pur du lot -.
Les gens qui n’ont que « l’humain » à la bouche en sont pour leur frais par manque d’empathie quelque part, par difficulté de concevoir un mode de fonctionnement un peu différent.
J’ai toujours eu un peu de mal avec cette légende du gallinacée humide. D’abord parce que j’ai commencé le tennis en 1984, et que Lendl pour moi c’est mon « premier » n°1 mondial. Je ne l’ai connu que dans une période où il était l’homme à battre, et ça n’arrivait pas souvent.
Ensuite, parce qu’en y regardant de plus près je ne vois, dans sa première partie de carrière, qu’une seule finale en GC où il avait le match en main et s’est liquéfié : la finale de l’US 83. Sur toutes les autres, affirmer qu’il s’est vautré tout seul, ce serait lui accorder une supériorité naturelle sur McEnroe, Connors et Wilander qui ne me semble pas évidente au moment des faits.
La finale de l’US 83, donc. Avec un Jimbo qui part au vestiaire se faire une piquouze à 5/4 au 3ème et qui revient tout frais (il le raconte lui-même dans ses mémoires). Personne n’a longtemps digressé sur cet aspect-là, mais la fameuse affaire des pauses pipi en 2021 aurait pu être l’occasion de remettre ce cher James Scott Connors à la place qui est réellement la sienne. Car même en ignorant ce qui s’était passé au vestiaire, il y avait bien de quoi se refroidir pendant cette pause adverse. On ne peut pas, d’une part, reprocher à Djoko, Tsitsi & Co. de prendre leurs vessies pour des lanternes et de casser le rythme adverse, et d’autre part traiter Ivan de Chicken parce qu’il fait une double-faute sur balle de set juste après une longue interruption. Ca s’appelle un deux poids deux mesures.
Pour ma part, je tire du Chicken bien plus de conclusions sur la vulgarité de Jimmy Connors que sur la fragilité d’Ivan Lendl.
Et voila donc que je me mets à prendre la défense du croquemort, alors que je ne l’ai jamais apprécié, à cause justement du balai dans le c… qui le caractérisait, et qui est manifestement toujours à sa place 40 ans après. Sa prestation dans le documentaire m’a fait penser à celle de Skippy le grand gourou (rappelez-vous : https://www.youtube.com/watch?v=dOJwGl3yLMU). Pas pour le discours, qui est pertinent et intéressant chez Ivan, mais pour la prestance générale. Une certaine forme de charisme, peut-être. Mais surtout un câblage du cerveau bien différent du reste de l’humanité.
A lire aussi, l’interview de Rassat par Eurosport. Il n’a pas caché avoir douté de pouvoir interviewer le riant tchèque. Dans un premier temps, j’étais surpris d’apprendre que Yannick lui-même ne voulait pas de ce documentaire au départ. En y repensant, je crois comprendre pourquoi : il allait devoir remercier Ivan Lendl pour quelque chose
« J’aimerais tellement mieux maîtriser l’Anglais. » ou comment passer par une minuscule coquille sur la majuscule de « Where is Bryan? » à « Jeanne, au secours ! » https://www.youtube.com/watch?v=v1mxMtr8Mws
https://www.welovetennis.fr/insolite/neil-stubley-jardinier-en-chef-de-wimbledon-quand-djokovic-mange-lherbe-je-veux-quil-se-dise-ca-a-un-gout-de-merde
Ah ah la saillie du « jardinier en chef » de Wimbledon à l’égard de Djoko et son clan et fameuse et toute British… J’adore!
Et je viens de terminer la saison 1 de La Casa de Papel : un monument
Holger Rune s’est officiellement réconcilié avec Dieu. Tandis qu’il fut crucifié par un retour let à Melbourne, le service le plus bête du monde lui est tombé du ciel à Wimbledon, lequel tenait davantage de la puissance comique de l’Alex Lutz d’OSS 117 que de la science tactique du Nalbandian de Madrid-Paris 2007. https://www.youtube.com/watch?v=8uuykyePLQQ&t=900s
On me murmure dans l’oreillette que Sébastien Grosjean vient de se faire retirer la sélection des joueurs titulaires en Coupe Davis, afin d’éviter les conflits d’intérêt. Il ne sera que sur la chaise.
Je peux entendre l’argument du conflit d’intérêt. J’ai plus de mal à suivre le reste : le capitaine (en tout cas le capitaine français) est supposé passer quelques jours avec les joueurs en amont d’une rencontre de Coupe Davis, et faire son choix sur la base de l’état de forme des uns et des autres et des forces et faiblesses de l’adversaire. Et il sera d’autant plus efficace sur la chaise qu’il aura choisi lui-même le joueur assis à ses côtés. Que se passera-t-il si Paulo et le Comex font un choix différent de celui qu’aurait fait Seb ? Quelle sera la relation sur la chaise entre le capitaine et un joueur qu’il n’aura pas sélectionné lui-même ?
Je sais bien que de toute façon la Coupe Davis n’intéresse plus personne, mais ce serait pas mal qu’à des résultats en berne le tennis français n’ajoute pas une bureaucratie ridicule. Situation de potentiel conflit d’intérêt ? On change le capitaine, point. Moretton a déjà viré Forget de la direction de Roland Garros pour moins que ça…
J’ai un souhait, mieux un fantasme. Un combat de catch féminin entre Jolina et Domina sur le pré en finale. Sans poignée de main. Sans parler de la remise de prix. Tout cela dans le temple de la tradition, du blanc et des bonnes manières. (Rire sardonique.)
Je serais pour la victoire de Domina, n’ayant jamais accroché ni avec le jeu, ni avec l’allure, ni avec la personnalité de la femme de Gaël Monfils.
L’idéal serait une bis repetita de Rybakina (sa timidité et sa réserve font son charme) ou que Jabeur touche enfin au but, une récompense pour l’ensemble de son oeuvre.
Jabeur ou Sabalenka. A fond. Attachantes, toutes les deux.
Vondrousova, je suis ni pour, ni contre, bien au contraire. Je ne connais que son nom, et je ne l’ai jamais vue jouer. Quant à Madame Monfils, je recommencerai à l’apprécier quant elle cessera de choisir les adversaires à qui elle daigne serrer la main.
C’est peu de dire qu’un Sinneraz est attendu, parce que bon, peuple de Fed, si on doit se taper un Dany le Moche VS Djoko le Boss au royaume de Rogé, Petros et les autres…
Encore que la mocheté, surtout quand c’est un combat de moches, a quelque chose de fascinant…
Epaté par la polyvalence d’Alcaraz. C’est lui qui jouait le mieux à Roland. Et je serais tenté de dire la même chose à Wimbledon. Mais vaincra-t-il son démon intérieur face à l’Affreux ? (encore faudrait-il qu’il se débarrasse du Moche, ce qui semble probable mais pas une certitude. Ah la belle incertitude du sport ! comme dirait Hervé Duthu). Carlito est la preuve incarnée que la peur au tennis n’est pas la temblote. Ce serait trop simple.
L’Affreux n’est jamais aussi bon que quand il est en danger et détesté. En danger, il le sera contre Carlito. Il faudrait que les Anglais aient la bonne idée, dimanche, de l’applaudir à tout rompre, de lui dire qu’il est le plus beau, le plus grand, le meilleur, que jamais tennis n’a été porté à un tel degré de perfection… qu’il est le plus aimable et définitivement le plus aimé. Et là son jeu va se dissoudre gentiment dans son rêve accompli : devenir enfin l’objet même du désir. Hélas, ils vont soutenir un gamin de 20 ans !
Après la finale de Roland-Garros, Pat le Glou a dit : « Le seul critère objectif, ce sont les titres. » Si Djokovic n’est certainement pas le plus beau, le plus aimable, le plus aimé, il est effectivement le meilleur, le plus grand, le plus fort. Un Alcovic aux airs de Fedal. 2007 ou 2008 ? C’est au cinquième set que l’on voit les hommes. Carlitos en vrai-faux Nadal, cliché déjà éculé, et, tiens-toi bien, peuple de Fed, Nole en réincarnation de Rogé !
Jo,
Je te prie de bien vouloir intégrer dans tes propos que Roger Federer est désormais un champion retraité, et qu’il est plausible que parmi les visiteurs de ce site se trouvent des jeunes générations qui n’ont jamais entendu parler de lui. En écrivant que tu vois dans l’Immonde une réincarnation d’une déité du tennis, tu cours le risque qu’ils te prennent au sérieux et qu’ils construisent leur passion sur un tragique contresens.
Ne prends surtout pas ce qui précède comme un reproche, je te rappelle juste que la vigilance doit être de mise pour nous tous. Il serait malvenu d’injurier Novak Djokovic à longueur de posts, ce serait un signe d’avilissement pour ce forum. Mais oser un début de comparaison avec Roger est tout aussi malvenu. Je te remercie de l’attention que tu porteras à l’observation de cette consigne simple
Peuple de Fed, nous vivons une époque formidable. Dieu s’en est allé mais vit toujours. Rogirg rend un hommage technique à Rogé à chaque sortie sur le court. Nolé sublime son héritage.
Comme le disait si bien Saint Anselme de Canterbury, pas très loin de Wimbledon, et ceci bien avant Jo :
Nous avons de Rogé l’idée d’un tennis parfait
Un tennis parfait qui n’existerait pas serait forcément imparfait
Donc Rogé existe bel et bien.
D’ailleurs, nous sommes tous témoins de ses apparitions de plus en plus belles, scintillantes et royales.
Quant à Glouglou, le fils maudit (enfin pas tant que ça), pourrait-il seulement nous donner une définition de l’objectivité ? Nous serion strès intéressés.
Je suis un peu inquiet, le scénario wimbledonien ressemble furieusement à celui de Roland. Faut-il y voir un mauvais présage ?
Non, le scénario n’est pas identique à celui de Roland. Jabeur et Vondrousova vont s’affronter tout à l’heure , ce sont deux joueuses de toucher, tout espoir n’est pas perdu.
Et l’autre bonne nouvelle, c’est que ce Wimbledon pluvieux en début de quinzaine a mis en lumière l’usure de la tradition britannique. Faire débuter les matchs à 13h30 sur le Central, c’est digne d’un autre siècle, non pas le XXe, mais le XIXe. Peut-être les jardiniers me répondront que laisser le gazon reposer le matin est indispensable, je crois avoir lu ça quelque part. Dont acte, passons donc au constat qui en découle : c’est la surface qui est un problème. Cf ma proposition plus haut de dégommer enfin ce gazon qui n’est que la réminiscence d’un autre siècle (le XIXe donc, pas le XXe). Les tauliers n’ayant pas sévi sur ma personne la première fois, j’en remets une couche
Dépositaire d’un lieu culturel, je précise faire partie de ceux qui ont applaudi à l’exposition mangas dans le château de Versailles, qui avait tant ému Saint-Germain-des-Prés à l’époque (2010 je crois). Par analogie, je ne vais pas me renier aujourd’hui en continuant à applaudir un tournoi dont la surface ne correspond plus aux standards qu’exige le tennis de haut niveau.
Tu as bien raison (pour les joueuses de toucher). C’est effectivement la bonne nouvelle de ce Wimbledon.
Jabeur est une joueuse chinoise, n’en déplaise à la Tunisie, qui ne fait pas de bruit, qui s’adapte, qui utilise la force adverse pour mieux faire déjouer l’adversaire par un art tactique totalement maîtrisé et un jeu varié.
A l’opposé, je me souviens d’un match d’Azarenka à Roland du temps de sa splendeur, si on peut dire. Une vraie purge. Et chaque coup ponctué par un cri strident. Cette année, à Roland, j’ai vu Coco Gauff contre une autre joueuse russe dont le nom m’échappe qui jouait pareil qu’elle en faisant un peu plus de fautes. A regarder, c’est répétitif, boring. Le degré zéro de l’imagination. Où est le temps des Patty Schnyder, Mauresmo, Hénin etc. ? Ah, mon bon Monsieur, avant c’était mieux… Et voilà, comment on devient vieux con.
J’adore le tennis sur gazon. Je suis allé au Queen’s, le gazon était splendide, j’ai bu de la bière, et j’ai vu Lord Murray en action. Je n’ai jamais réussi à avoir une place pour Wimbledon. C’est mon grand regret. Et pourtant j’ai vu Jeff Koons au Château de Versailles, et la nuit s’il vous plaît !
Au risque d’avilir ce site -et cela n’a rien à voir avec feu Rogé qui restera pour moi le Goat puisqu’il n’y aura jamais de définition de cette appellation stupide – c’est vrai que je ne suis pas fan de ce qui se dégage du Serbe, un mélange de beaucoup de choses que je n’apprécie pas beaucoup. Oui, je crains fort qu’il ne remporte l’édition 2023 du tournoi. Tous les voyants sont au vert pour lui : le public sera contre lui, Alcaraz est un adversaire redoutable qui sait faire plus de choses que lui.
Mais humain, trop humain, le jeune Espagnol ! Si la victoire est toujours désirable, à ce niveau d’exception, elle est aussi intérieurement dangereuse. Alcaraz aura-t-il progressé sur ce point qui ne dépend pas de lui mais de l’Autre ? Wait and see. Rien n’est jamais joué.
« J’adore le tennis sur gazon. Je suis allé au Queen’s, le gazon était splendide, j’ai bu de la bière, et j’ai vu Lord Murray en action. Je n’ai jamais réussi à avoir une place pour Wimbledon. C’est mon grand regret. Et pourtant j’ai vu Jeff Koons au Château de Versailles, et la nuit s’il vous plaît ! »
Enorme pour Jeff Koons. Nathan, nous sommes du même côté de la barricade culturelle.
Par contre, il faut que tu m’expliques :
– Sir Andy, c’est formidable de le voir. Mais tu pouvais aussi venir le voir à Rennes l’an dernier, c’était moins cher je pense que le Queen’s
– D’ailleurs, à Rennes, tu aurais pu te prendre une bière aussi, du moins je l’espère
– Et si tu trouves le gazon du Queen’s magnifique, je préfère t’épargner le suspense : les jardins du château de Versailles sont encore plus beaux Sans compter les innombrables jardins anglais qui valent le détour aussi. Il semble que sur ce point précis nous autres Froggies soyons encore des apprentis
Je suis dans une phase d’iconoclasme tennistique aigüe, qui est d’ailleurs un écho à une autre phase d’iconoclasme, culturel celui-ci (et donc professionnel pour moi). Pour aller vite, j’entends à peu près tout sur Wimbledon : les terrains sont magnifiques, on boit de la bière, on mange des fraises, on voit des doubles en 5 sets, on aperçoit Roger dans la loge royale, on baigne dans une atmosphère feutrée, on ressent le poids de l’histoire, etc. Tout ceci est bien joli – et vrai de surcroît – mais quid du spectacle tennistique ?
Et voila que Vondrousova remporte le titre… Je n’ai rien vu, je n’ai fait que suivre le score. Nathan, si tu es nostalgique d’Amélie, de Patty et de Justine, cette finale de Wim a dû te réjouir. On n’est pas des vieux cons, on est juste des fans de tennis qui apprécient le tennis en toucher. Et ça existe encore, et c’est tant mieux.
En toute logique, cher Rubens, tu as raison. Mais qu’est-ce qui est logique dans ce monde ?
Comme disent les jeunes pédants, dont je fais partie – bien sûr je mens, comme toujours, je ne suis plus… jeune depuis longtemps ! – l’important dans la vie, c’est le signifiant, pas le signifié. Ce qu’on aime dans l’objet est toujours au-delà de l’objet etc. Et voilà pourquoi une bière chère au Queen’s sera toujours plus délicieuse que celle du Balto de Rennes, voire du tennis club de Rennes – très jolie ville d’ailleurs où j’ai vu joué Olivier Delaitre en double pour la dernière fois.
Terrible semaine ! La disparition de Kundera, la vilaine défaite de Jabeur à Wimbledon, il manquerait plus que la tête de coton tige gagne demain pour que ce soit complet !
« jouer » Olivier Delaitre, bien sûr !
Nathan, écrire « Kundera » et « Delaitre » dans le même post, c’est vraiment une insoutenable légèreté de ta part.
Alors il se trouve que je suis né un 16 juillet.
Ce jour est donc censé être un jour heureux, au moins pour moi.
Pourtant, j’ai un peu de mal avec cette date, anniversaire honteux de la rafle du Vél d’Hiv (1942), ou encore anniversaire sinistre du suicide de Patrick Dewaere (1982).
Et alors ne parlons pas de 2023… la journée ayant commencé de façon on ne peut plus triste avec l’annonce de la mort de Jane Birkin.
Donc un grand merci à Carlos A., signalement : yeux bruns, cheveux noirs, Espagnol de sexe masculin, Âge entre 20 et 21, d’avoir apporté un peu de joie à cette journée.
Bon anniversaire Colin ! Et encore heureux que des événements un peu plus gais soient associés à ta date de naissance ! Mais c’est quelque chose qu’on ne choisit pas…
Ah Jane… Albion résume tout : une icône française. Pierre Grimblat racontait la rencontre avec Serge, sur le tournage du film Slogan. Serge la snobait et l’humiliait sur le plateau. Au bout de quelques jours à ce régime, voyant le tournage menacé, Grimblat les invite tous les deux à dîner, tout en ayant décidé en secret de ne pas venir et de les laisser seuls. Le lendemain du repas, Serge et Jane arrivent main dans la main sur le plateau de tournage
C’est bien d’avoir 20 ans, Colin ! Alors bon anniversaire !
Je me disais exactement la même chose que toi hier après la triste nouvelle (j’ai toujours le disque « Année 69″ – oui moi, je suis un peu plus âgé, j’ai 21 ans). Et maso, je décisais de m’infliger comme punition le 24ème GC de qui vous savez.
Oh la « divine surprise », mais vraiment divine celle-là ! Aujourd’hui nous sommes tous des Espagnols !
Conclusion : le pire n’est jamais sûr.
Merci les gars.
Juillet 1967, Nathan… en plein « Summer of Love » (mais très loin de San Francisco!). J’étais donc un peu jeune pour acheter des disques de Jane en 1969.
Incidemment, je viens d’apprendre qu’hier est mort aussi, en toute discrétion, le chanteur attachant Henri Tachan, auteur immortel de la « pipe à pépé » (transition habile avec le Summer of Love, mais on aura du mal à faire un lien avec Alcaraz et/ou Djokovic).
Hier spontanément, sans réfléchir, en apprenant la nouvelle je me suis remis l’album Melody Nelson en entier. Melody et La ballade sont des perles, mais ma préférée est décidément L’hôtel particulier, monumentale montée en tension orchestrée par Jean-Claude Vannier. Serge à son zénith artistique.
Colin, je comprends bien qu’à 4 ans (Melody Nelson date de 71) tu étais encore un peu jeune pour acheter les disques toi-même. L’album a été un four commercial à sa sortie. 30 ans plus tard c’est pourtant le seul album français retenu par Philippe Manoeuvre dans son anthologie du rock. Après l’avoir écouté, je suis allé demander des comptes à mes parents, qui avaient un beau stock de vinyles à la maison mais pas de Gainsbourg. C’était bien pire que ce que j’imaginais : Melody Nelson, c’est moi qui le leur ai fait découvrir
Colin, je découvre avec quelques jours de retard que nous partageons la même date anniversaire (d’ailleurs j’en profite pour t.en souhaiter un très bon, à retardement et ce malgré le décès de Jane Birkin). C’est étonnant ce que tu écris sur cette date car…. J’ai toujours eu le même sentiment que toi. Et cette pensée m’a forcément traversé l’esprit encore plus en apprenant le décès de Jane Birkin. D’autant qu’il était encore tôt pour moi car j’étais encore au Canada quand je l’ai appris.
Heureusement, Roger lui même s’est chargé en son temps de rendre à notre date d’anniversaire toute sa beauté il y a 6 ans et Carlos a su la préserver à son tour
https://www.eurosport.fr/tennis/wimbledon/2023/wimbledon-2023-alcaraz-djokovic-la-finale-ideale-et-on-espere-ne-pas-etre-decu_sto9703444/story.shtml
Alcarovic… Décidément, certains journaleux de mes deux sont bien besogneux. Je m’en vais donc prendre un insupportable ton paternaliste de gestionnaire de ludothèque pour leur faire la leçon. Répète après moi, mon p’tit pigiste :
Federer + Djokovic = Fedjoko
Nadal + (Novak) Djokovic = Nadjoko ou Nodal
Nadal + Alcaraz = Nadalcaraz
Alcaraz + Djokovic = Alcovic
Alcaraz + Rune = Alcarune
Sinner + Alcaraz = Sinneraz
Rune + Sinner = Runner
Enfin, celui que la France attend : Alcaraz + (Arthur) Fils = Alcarthur
Etc., etc.
Tout ceci est fort plaisant Jo, mais je retiens bien ta remarque sur les gestionnaires de ludothèque, moi qui envisage sérieusement d’en être un
Alcovic peut être une finale mémorable, un match historique. Du tennis puissant, précis, tactique, clinique. Et pourtant, je regrette. Les entrechats, le chatoyant, les arabesques. Je regrette Grigri & Deuni. Au fond, je me demande si le Gasquet-Paire, pardon, le Gasquaire crépusculaire de San Benedetto, au charmé désuet teinté de jazz italien, ne me fait pas plus envie. C’est dire.
Personne ne regarde le match de la passation de pouvoir entre le vieux moche et le jeune beau (bien que boutonneux ?).
Bon, il faut bien admettre que ce n’est pas du grand spectacle aujourd’hui.
Si, si ! C’est bon le petit musculeux est parti pour jouer relâché…
Ça fait plaisir qu’Alcaraz ait réussi à se détendre et à prendre le jeu à son compte. La victoire est tout à fait envisageable.
Par contre, je n’arrive pas à supporter de voir qu’on joue ainsi en finale de Wimbledon.
Je sens qu’il y aura une pause toilettes après ce 3ème set. Ca me gave !
Évidemment on a eu cette pause. Mais cette fois je ne pense pas que cela change grand chose.
Au moment où j’écris c’est 4 aces pour Alcaraz et 2 pour Djoko. C’est très très bas pour un match sur gazon. Serait-ce à cause du vent ?
Yiiiii
Vamos vamos !!
15-love qui se met à supporter un joueur espagnol. C’est une révolution !
Il est vrai que l’on lit parfois de curieux relents xénophobes.
Double exploit d’Alcaraz : gagner un tie-break contre Djokovic puis gagner le match.
Je n’ai rien vu du match mais le début de carrière d’Alcaraz est phénoménal. Déjà deux GC, et un niveau de jeu inouï (il joue mieux et fait autant de trickshot qu’un Kyrgios concentré).
Le seul problème est qu’il est espagnol et ce n’est pas sa faute. Je prend en tout cas beaucoup plus de plaisir à le voir évoluer que Nadal.
Finalement, c’est un bon dimanche.
C’est pas encore un tueur, Carlito, mais je pense qu’il va vite apprendre.
Adieu 8ème titre à Wimbledon, titre de N°1 mondial, Grand Chelem calendaire… sale Dimanche pour Djoko.
Pire, il a désormais un avenir compliqué sur toutes les surfaces.
Sans oublier le 24e. Joue-la comme Williams.
Alléluia. Il est né le divin enfant !
Mea cupla Carlitos, maxi mea culpa, pour avoir douté de ton statut. Je me fouette en séance publique depuis deux heures, ça tire un peu sur les plaies mais je l’ai bien mérité.
Une défaite du Rénégat est toujours bonne à prendre, mais nom de dieu Carlitos, pourquoi tu n’as pas fait ce match à Roland ? Tu te rends compte qu’avec tes c…ies les gens vont encore se dire que c’est à Wimbledon qu’il se passe des choses intéressantes et qu’on va encore en prendre pour 30 ans de plus
Voilà, peuple de Fed, l’antidote contre Djokovic a été découvert. Bon, on le pressentait dès Roland-Garros mais il fallait un peu de patience et un essai supplémentaire. Néanmoins, ce coquin de Nole n’a pas pu s’empêcher d’évoquer dans son discours la finale tragicomique de 2019 qu’il n’aurait « pas dû gagner » contre Rogé.
Je crois que Nathan avait raison un peu plus haut en me parlant du signifiant et du signifié, pour m’expliquer que la bière était forcément meilleure à Wimbledon qu’à Rennes. J’ai lu tous les articles d’Eurosport sur Wimbledon depuis jeudi dernier, notamment ceux consacrés à la fin du tournoi féminin. Tous mentionnaient le prestige de Wimbledon et son statut de « plus grand tournoi du monde ». Soit c’est une des pastilles à leur disposition sur leur deuxième écran pour faire atteindre les 1500 signes à leur article qui pourrait n’en faire que 1000, soit c’est un réflexe de pensée, une religion qu’ils continuent à perpétuer par leur répétition, sans doute parce qu’eux-mêmes l’ont entendu partout depuis qu’ils suivent le tennis.
Me reviennent en mémoire des échos des dernières années de notre Johnny national sur scène, au cours desquelles le public continuait à l’entendre chanter alors qu’il venait de s’asseoir et portait une bouteille d’eau à sa bouche Je ne doute pas que les possibilités de la réalité virtuelle devraient nous permettre d’assister à nouveau à des concerts de Johnny. La maison de production s’en pourlèche déjà les babines
Nous avons besoin de totems. La vie serait horriblement chiante si nous n’en avions pas. Un point pour toi Nathan.
Sur ce, je retourne à mes jeux. Un autre totem à défoncer pour les faire rentrer véritablement dans les bibliothèques.
@Rubens Que veux-tu le désir étant toujours le désir de l’Autre, une fois que des champions prestigieux ont dit que Wimby était le plus grand, le totem devient fétiche, ils veulent tous l’avoir.
Un GC très sympa pour les spectateurs, c’est l’US Open. J’y suis allé une journée il y a quelques années. J’ai beaucoup aimé. Tu pouvais voir tous les matches que tu voulais sur tous les courts, à partir du moment où il reste de la place. Si tu veux te restaurer, c’est hallucinant, tu ne sais plus où donner de la tête. C’est les States, quoi !
Pour la petite histoire, j’ai pu assister en particulier à un match en soirée Gasquet vs Djere sur un court annexe où j’étais assis… à côté de Grosjean et son staff. C’est beau et flippant de voir Gasquet jouer en live à 5 mètre de toi. Il transpirait comme une bête, on aurait dit qu’il sortait de la piscine (il faut dire aussi qu’il faisait une chaleur humide insupportable), il n’arrêtait pas de regarder son clan en quête de réassurance à chaque point perdu, et Grosjean de répéter comme une antienne « C’est bien richie, c’est bien Richie etc. » Ce garçon transpire l’inquiétude. Et son revers multidirectionnel, même s’il n’est pas le plus efficace du circuit, dégage pourtant une sensation rare de fouetté et de facilité.
C’est un bon souvenir l’US Open.
https://www.youtube.com/watch?v=l86CKCllUiU
Pleurons le génie, pleurons désormais sa muse. Pleurons avec Charlotte, dans le ventre de sa mère au moment où la photo-pochette de l’album a été prise.
Oui, Rubens, à mon goût, le meilleur album de Gainsbourg, qui n’a pas eu de succès à sa sortie. Le « concept-album » en avance sur son temps (comme souvent Gainsbourg).
Et je viens de découvrir que Catherine Ringer n’est pas rancunière, puisque les Rita Mitsouko ont repris L’hôtel particulier dans l’album Système D !!!
https://www.youtube.com/watch?v=au2INhI2kPw
Gainsbourg… vie héroïque, merveilleux biopic présenté comme un « conte » de Joan Sfarr. La légèreté, l’ironie, le jazz :
https://www.youtube.com/watch?v=oIVwhYwygW8
https://www.youtube.com/watch?v=u1kHHu5J1yI
Yep. J’avais adoré ce film. Avec un Eric Elmosnino génial.