Afin de sortir un peu de l’Open d’Australie 2017, Roland-Garros 2009, Wimbledon 2007-2008 et autres monuments incontournables de la geste fédérienne, je vous propose une petite sélection de matchs du néo-retraité (ça fait bizarre, hein ?) qui m’ont en leur temps marqué, souvent parce que vus en direct, mais qui pour des raisons de contexte (début de carrière d’un espoir du tennis mondial parmi beaucoup d’autres, puis cadre et/ou avancement de tournoi pas assez prestigieux pour un GOAT) n’ont pas eu une postérité très retentissante. Régalez-vous – et n’hésitez pas si vous avez aussi en tête ce genre de pépites méconnues, je suis sûr qu’il y en a d’autres.
Federer – Safin, finale Masters 1000 Hambourg 2002
Antiquité oblige (printemps 2002, Thomas Johansson vient de gagner l’Open d’Australie, Roger Federer compte deux ATP 250 à son palmarès et YouTube n’existe pas encore), je n’ai pas trouvé meilleure vidéo pour rendre justice à ce match. Mais si vous surmontez la piètre qualité de l’image, ça en vaut le coup. A titre personnel, c’est « le » match où j’ai accroché à Rodge. Je l’avais vu gagner son premier titre un an plus tôt à Milan sur feu Pathé Sport, mais c’est avec cette finale allemande, où il surclasse un Marat Safin pourtant en pleine bourre, que j’ai su que j’allais suivre ce petit Suisse plus attentivement que les autres « New Balls, please » de l’ATP.
Federer – Nalbandian, demi-finale Rome 2006
Nous voilà au coeur des années de domination de Federer. Et s’il y en a un qui n’a pas abdiqué face au Suisse, outre un certain Espagnol, c’est bien David Nalbandian. Ex-bête noire du Suisse quand celui-ci était encore puceau en Grand chelem (5-0 en début de face-à-face), l’Argentin a, après trois revers nets, retrouvé le chemin de la victoire face au numéro 1 mondial en finale du Masters 2005. Preuve de la tension qui habite toujours GrosNez face à GrosBide, le bris de raquette relevé ici quand Federer se fait breaker en premier lors du troisième set de leur demi-finale à Rome six mois plus tard. Le court extrait ne rend pas justice à l’empoignade ce jour-là, une régalade conclue au tiebreak du dernier set… laquelle préfigurait un monument de cinq sets en finale le lendemain contre Nadal. Quelques semaines plus tard, Roger et David remettraient ça en demie à Roland-Garros, mais la bagarre n’irait pas à son terme, Nalbandian, blessé, étant contraint à l’abandon en fin de troisième set (le match rentrant tout de même à la postérité pour un passing « squash » réussi par Federer).
-> Le meilleur lien (oui, parce que les petits filous bloquent l’intégration sur des sites tiers !) : https://youtu.be/EWGkNujB7Lg
Federer – Djokovic, finale Cincinnati 2009
« Sur des surfaces aussi rapides, Roger sera encore le meilleur à 40 ans », a dit un jour Andy Murray, un soir de défaite à Dubaï ou Cincinnati (je ne sais plus). Dans l’Ohio, « Fed » a trouvé un de ses bastions privilégiés. En 2009, alors qu’il est donc encore loin d’être quadragénaire, il fait la leçon à un Novak Djokovic qui se cherche encore au service (c’est la période Todd Martin). Sur son petit nuage consécutif à un doublé Roland-Garros / Wimbledon sur le court, et un doublé de fillettes à la ville, Federer s’amuse, léger.
-> Le meilleur lien ici : https://www.youtube.com/watch?v=UDuzMtiex24
Federer – Nadal, demi-finale Indian Wells 2012
Il fallait bien un « Fedal », no ? Sans doute l’un des moins connus, ou des plus oubliés. Il faut dire que ce n’est qu’une demi-finale de Masters 1000, au coeur de la première séquence tyrannique de Novak Djokovic. Vainqueur des trois derniers Grands chelems, le Serbe a rejeté les tauliers des années 2000 dans son ombre. Nadal est devenu son pigeon favori dans les finales correspondantes (Wimbledon, US Open 2011, Australie 2012), Federer quant à lui n’a plus triomphé en Majeur depuis deux ans. Et pourtant ça joue ! Grosse qualité jusqu’à la fin (les missiles que met Nadal dans les derniers jeux, et Fed qui lui répond !). Rétrospectivement même, en les voyant évoluer à ce niveau, rien d’étonnant à qu’ils aient gagné les deux Grands chelems suivants, Nadal à Roland et Fed à Wim – globalement, le Suisse n’aura pas été récompensé pour le niveau auquel il évoluait entre 2011 et 2015, annus horribilis 2013 exceptée. Un seul Chelem pour les années 2011, 2012, 2014, 2015, c’est cher payé.
-> Privilégiez ici, plus long et image de meilleure qualité : https://www.youtube.com/watch?v=Qv5_hereX_8
Federer – Berdych, troisième tour de l’Open d’Australie 2017
Du récent pour terminer, histoire de réprésenter ici tous les chapitres de la carrière du Suisse. Parce qu’avant le monument tennistique, symbolique et historique contre Nadal en finale, il y avait eu la montée en puissance. Et notamment, après deux matchs sans réels enseignements contre un condisciple de 1981 qui joue là son dernier match en Grand chelem, Jürgen Melzer, et le qualifié américain Noah Rubin, 200e mondial, ce troisième tour contre un costaud ayant su battre Federer en quelques belles occasions (JO 2004, Wimbledon 2010, US Open 2012) : Tomas Berdych, encore 10e mondial. « Je me suis surpris moi-même », dira Rodge au bout de trois sets immaculés. Et ce n’était que le début.
Salut Guillaume, et merci pour cette petite friandise de saison.
De tes quatre match retenus, je n’ai vu en direct que les deux premiers. Pour la demi de Rome 2006 c’est un peu particulier pour moi, puisque je passais une semaine de vacances chez mes parents qui avaient Eurosport, et j’avais suivi toute la semaine romaine. Sauf que j’ai dû rentrer chez moi le dimanche matin, et ainsi j’ai raté la finale légendaire contre Rafa. Nalby était en effet un des rares à ne pas baisser la tête devant Roger, j’en garde le souvenir d’un match sublime.
A ta liste, j’ajouterais un match célèbre, non pas dans la carrière de Roger, mais dans celle de Juan Martin : la finale de l’US 2009. Dans la première partie du match, Roger a annoncé la raideur de la pente à gravir. Dans la deuxième partie, Juan Martin a gravi cette pente. D’un côté j’étais déçu, d’un autre côté j’étais content pour le nouveau venu, l’exploit était herculéen et la finale absolument magnifique.
Merci beaucoup pour ces très jolies pépites de Noël.
Spontanément, je citerais pour ma part la demi-finale de Wimbledon 2015 contre Murray. Celui-ci a été très fort tout le match et pourtant il ne parvient à remporter aucun set contre un Federer impérial
https://www.youtube.com/watch?v=zAz7IX6oiKk
Rome 2006 est une semaine hénaurme de la part de Roger, avec aussi un quart de finale à suspense contre Almagro le vendredi, conclu 7/5 au 3e.
Tous ces matchs-là, je les ai vus en direct, sauf un : la demie d’Indian Wells contre Nadal. Celle-là, j’ai un peu triché parce que je voulais un Fedal dans la liste. J’ai donc pris celui qui m’évoquait le moins de choses… et, étonnamment ou non, c’était du tout bon. Rétrospectivement, je garde une tendresse certaine pour l’année 2012. La seule où le rapport de force a été équilibré entre les membres du Big 4 – même si chacun a gagné « chez lui » de manière ultra sage. Mais au moins, chacun a gagné un truc. L’une des caractéristiques du sport moderne est de fonctionner par cycles de domination. Tous sports confondus, on n’assiste plus guère à de vrais duels à toi, à moi où les rivaux gagnent chacun leur tour sans qu’aucun domine clairement. Aujourd’hui ça fonctionne plus par cycle : Untel domine une séquence de X mois, Bidule riposte sur un cycle de X mois suivants… Les rivalités peuvent encore exister, mais embrassées dans le long terme. Le tennis a vécu en plein là-dedans avec le Big 4 : on a vu plus de saisons à Petits Chelems (3 Fed, 3 Djoko, 1 Nadal) que de saisons où les 4 Chelems ont été gagné par 4 différents (3, 2012, 2014 et 2020 dans les conditions que l’on sait et exempté de Wimbledon). Et finalement peu de moments où la rivalité se fait pleinement indécise. D’où le côté précieux, je trouve, de 2012.
Allez, un petit pas de côté, et un petit commentaire brumeux sur cette Coupe du monde organisée par le Khemed. J’adore disserter sur des sujets auxquels je ne connais rien et ma foi, à défaut de consoler certains, si je pouvais leur arracher un sourire ce serait toujours ça de pris.
A l’approche des demis, tout me serait allé sauf une victoire de la Croatie. Une victoire du Maroc, perso j’aurais trouvé ça génial, mais mon pays compte des individus à qui ça n’aurait pas plu, je pressentais qu’une victoire du Maroc se serait payée en vies humaines, et aucune cause ne mérite une telle conséquence ; alors sagement j’étais pour la France. Ce matin, je ne crois pas que les fachos de mon pays iront trucider des Argentins vivant en France, donc tout va bien.
La victoire de l’Argentine me réjouit. Tout ça c’est la faute à Hergé, il m’a rendu le Pérou plus attachant que la Syldavie, et par ailleurs la Bordurie toute proche compte dans ses rangs un certain Novak Djokovic.
A tous ceux qui sont effondrés devant le scénario d’hier : perso un 2/0 au terme d’un match sans aucune saveur, avec une seule équipe sur le terrain, aurait été bien pire, et je vous rappelle qu’il n’a manqué que 10mn pour que cette hypothèse prenne forme. Notre équipe gauloise a été l’héroïne, certes malheureuse, de la plus belle finale de l’histoire de la Coupe du monde, coiffée d’un suspense hitchcockien. Eu égard au tournoi qu’elle avait fait, l’équipe de France ne méritait pas la branlée qu’elle a failli se ramasser, mais l’Argentine n’a pas volé sa victoire. Des journalistes ont cru bon de ressortir Séville 82 du congélo, mais je ne vois aucun Argentin dans le rôle de Schumacher. Dans le rôle de Battiston je verrais à la rigueur Griezmann, mais aucun Argentin n’est coupable de son absence sur le terrain, il n’a eu besoin de personne pour passer au travers (j’en suis, du reste, désolé pour lui).
L’Histoire retiendra que Zorrino l’a emporté au pays d’Abdallah.
C’était ma première chronique footballistique. N’oubliez pas le pourboire.
Ne me montrez pas la sortie, je connais le chemin.
Merci Rubens, pour un béotien tu t’en sors plutôt bien, et cette approche tintinesque est fort agréable.
Moi j’avais décidé de boycotter cette compétition qui est au football ce que la Coupe Davis version Kosmos est au tennis : une aberration à tous les niveaux, obtenue par des moyens mafieux (corruption, en un mot).
Mais je n’ai tenu cette abstinence que jusqu’à la mi-temps de la demi-finale France-Maroc. Là j’ai craqué. Pour m’auto-absoudre de ce renoncement, je me suis dit qu’une fois le premier coup de sifflet donné par l’arbitre, on n’a plus que 22 mecs en short qui courent après un ballon, et que ça pourrait bien avoir lieu à Pétaouchnok ou à Vaudouhé-les-Gonesses, on s’en fout (enfin… on essaie).
L’Argentine fait un vainqueur mérité, sportivement parlant. Mais je suis déçu par leur attitude très inélégante dans la victoire, qui avait commencé en quarts contre les Pays-Bas. Leur goal est l’équivalent footballistique de Jimmy Connors : génial mais ignoble.
Colin, les principes sont une chose, les affects en sont une autre. Je ne prends pas les joueurs Argentins pour des saintes-nitouches, mais je garde une tendresse éternelle pour l’Amérique latine en général, car elle occupe une place de choix dans mon onirique personnel. Et puis l’Argentine, c’est le pays de Sabatini quand même, ça vous pose une nation.
Je n’irai pas aussi loin que toi sur la comparaison avec la Piqué Cup, qui a dénaturé la Reine-mère des compétitions tennistiques jusque dans son concept-même, une équipe recevant l’autre sur ses terres, devant son public et sur une surface qu’elle a choisie. La Coupe du monde au Qatar, ça n’est pas bien vaillant d’un point de vue éthique, démocratique, écologique, féministe ou que sais-je encore. Mais c’était quand même une Coupe du monde dans son format habituel, avec les mêmes règles que les autres.
J’arrive à la 28ème heure mais l’Amérique latine a un effet onirique pour ceux qui n’y ont pas vécu au quotidien. C’est un coin âpre et dur, sertis de problèmes jusqu’à la moelle.
Je n’ai pas été déçu du comportement des Argentins et de cette folie collective. Certes mes 5 ans au Brésil peuvent expliquer mon inclinaison peu argentinophile même si mon expérience me fait penser que c’est l’Argentine qui a un problème avec le reste de LATAM que l’inverse.
Si l’Argentine se met dans le trou économiquement tous les 5 ans, ce n’est pas que parce que les américains le décident et ils en sont pour l’essentiel bien responsables.
Ce qui me heurte à défaut de me choquer (parce que je ne tombe pas de l’armoire en constatant ce comportement) est quand même bien la trivialité vulgaire et obscène des argentins à l’égard des noirs de l’équipe de France. Mais LATAM est sur l’échelle de l’idiocratie à un stade bien plus avancé que notre vielle Europe même si nos efforts pour les rejoindre commencent à porter leurs fruits (suivez les émissions télés, lisez la presse même « bonne » pour vous faire une opinion peu reluisante de la catastrophe).
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Pour ce qui est du tennis, c’est déjà la reprise en Australie avec la United Tennis Cup, qui permet à Perth de continuer à avoir du tennis. Je déplore la disparition de la Hopman Cup et du double mixte avec les grands noms qui était un parfait apéritif. Maintenant Tennis Tv fait des highlights de la WTA, signe du phagocytage et des problèmes marketing du tennis féminin. Un peu triste.
J’ai vu Garcia à la fin novembre juste après sa victoire à Dallas à l’Hôtel Intercontinental à l’occasion du salon Biodyvin. On a monté les marches ensemble par hasard, à part un sourire en coin je ne l’ai sollicité, elle avait bien le droit de profiter de ses vacances !
Ah, Perse, mais te je parlais de mes rêves, qui précisément n’ont rien de rationnel. Et je sais bien que la réalité économique et sociale de l’Argentine est très éloignée de mon imaginaire. Mais l’imaginaire dont je te parle a été un des principaux moteurs d’un voyage d’études que j’ai fait au tournant du millénaire, de deux mois, essentiellement au Chili. La beauté âpre et sauvage de la Cordillère des Andes m’a laissé une trace indélébile, mais j’étais bien conscient d’évoluer dans un milieu d’universitaires et de chercheurs, et de surcroît dans des petites villes, à distance respectable des mégalopoles du continent et de leurs problèmes sociaux.
Cette modeste excursion, sans ironie aucune, ne pèse pas bien lourd par rapport à tes 5 années au Brésil. D’autant que j’ai conversé essentiellement dans une langue, l’Anglais, qui n’était ni ma langue ni la leur. J’ai senti des antagonismes très forts entre tous ces pays (Uruguay, Pérou, Chili, Argentine, Brésil), liés à des conflits historiques, politiques, religieux, que je n’ai pas eu le temps de bien saisir.
Pour rester sur le cas précis de l’Argentine, je suis tombé sur une série d’articles sur la trajectoire de Mariano Puerta, de son ascension chaotique perturbée par les blessures jusqu’à sa chute pour dopage, dans le sillage de sa finale à Roland. De ces articles, je retiens que le tennis argentin de haut niveau des années 2000 était fondamentalement ignorant des normes et des règles en vigueur dans le sport de haut niveau, notamment (évidemment) en ce qui concerne le dopage. Coria, Puerta et Canas se sont faits choper par la patrouille, entre autres parce qu’autour d’eux personne n’était compétent pour les informer et les accompagner vers une carrière de haut niveau. Dans un registre proche, les joueurs Argentins ont été particulièrement visés par les enquêtes sur les fraudes de paris sportifs. Bref, ils ont découvert et continuent de découvrir, à leurs dépens, le gouffre séparant l’Argentine du reste du monde sur ces questions.
En y réfléchissant, je me dis que Guillermo Vilas, qui a été l’icône tennistique de tout un continent, est vraiment un cas à part, qui s’apparente à celui d’un réfugié politique en Europe. Son parcours n’a rien de commun avec celui de ses successeurs argentins.
Leurs railleries sur la couleur des joueurs de l’équipe de France n’est certes pas très convenable, mais nous avons en France un journaliste devenu homme politique qui ne dit pas autre chose depuis plusieurs années, et ça n’a pas empêché 500 et quelques maires à lui donner leurs signatures pour qu’il puisse se présenter à l’élection présidentielle, où il a eu un score modeste mais pas ridicule. Donc sur ce point, pour ma part je balaie devant ma porte.
C’est toujours un plaisir de dialoguer avec toi, même si ta plume est infiniment supérieure à la mienne.
Tu as bien résumé les choses mais j’ajouterai qu’il y a bien quelque chose qui transcende les différends entre pays hispanophones d’Amérique du Sud, c’est bien que les Argentins sont des ****.
La meilleure blague (d’autant plus drôle qu’elle est à mon goût pertinente) de LATAM est la suivante :
- Quel est le meilleur business à faire en Latam ?
- Acheter un Argentin pour sa valeur véritable et le vendre pour la valeur qu’il clame avoir.
Mais en fait, là où le racisme social est très fort dans les pays d’Amérique du Sud, les Argentins y ajoutent un racisme pur par-dessus qui les rends très antipathiques dans leur zone.
Quant à Z dont la dérive est minable (et dont cette partie du discours est probablement la moins endossée par ses suiveurs), elle ne se reflète que peu dans nos RS et nos médias. En tout cas, ce discours racisant sur la couleur de peau de nos sportif est vraiment passé de mode.
Et si l’optique racialiste est invoquée, c’est beaucoup plus dans un but victimaire (cas Benzema par exemple) qu’ab initio comme le font régulièrement la presse argentine ou italienne.
« Plus belle finale de l’histoire de la Coupe du Monde » ?? vraiment ??? tu es trop jeune pour avoir connu Brésil / Italie en 1970 alors !!!!
Pour qu’un match soit grand, il faut que deux équipes en pleine possession de leurs moyens luttent jusqu’au bout du bout. Je n’étais même pas un embryon en 1970, mais j’aurais du mal à désigner un match gagné 4/1 comme un match magnifique, aussi prodigieuse soit la prestation de l’équipe gagnante.
Note que pour le coup je ne suis pas un spécialiste. Mon iconoclasme naturel joue sans doute. La planète football semble se prosterner devant le roi Pelé depuis un demi-siècle, je ne me sens pas obligé d’en faire autant.
Si on me demandais le plus beau match de Roger, je ne répondrais pas spontanément la finale de l’US 2004, ni les finales du Masters 2006 et 2007, ni la demi de l’AO 2007 face à Roddick. Ces matchs figurent au panthéon des plus beaux numéros de soliste du Maestro, je me les repasse régulièrement pour m’assurer que je ne les ai pas rêvés, mais faute d’une opposition de même niveau j’aurais du mal à les considérer comme de si beaux matchs que ça.
Mon cher Rubens, je ne vois pas pourquoi un match ayant 4/1 comme score ne peut pas être un match magnifique. D’autant plus qu’il faut savoir (le savais tu ?) qu’il y avait encore 1/1 à la 66 ème minute.
Demande autour de toi si des personnes ont vu ce match en direct à l’époque, tu écouteras leurs commentaires.
J’ai bien lu deux ou trois choses sur le foot, et je maintiens mon propos : pour qu’un match soit magnifique il faut que les deux équipes le soient. Et c’est bien pour cela que je faisais la comparaison avec les numéros de soliste de Roger.
La FFT vient d’annoncer qu’elle s’était offert les offerts d’Ivan Ljubicic. Ou plus exactement les services de l’ex-coach de Federer puisque celui-ci est quand même cité 5 fois dans un communiqué qui ne le concerne en rien (Escudé et PHM avec qui I.L. doit travailler ne sont pas cités une seule fois nommément).
Pour le côté positif, je trouve ça bien que la FFT aille enfin regarder un peu ailleurs que dans le seul sérail franco-français. Et puis, il a un pédigré qui pourrait être intéressant. Et puis si ça peut envoyer un signal en direction des joueurs français pour leur montrer qu’un poste ne leur est pas forcément réservé à l’issue de leurs carrières, tant mieux. Mouratoglou voit ainsi sa demande maintes fois répétées de voir la FFT collaborer avec des académies privées est ainsi respectée… même s’il doit faire la gueule de voir que cela ne lui profite pas. On remarquera d’ailleurs que cette nomination a été accueillie dans un silence complet sur les réseaux sociaux de la part des acteurs du tennis français…
Ceci étant dit comme le communiqué est très vague sur la mission conférée à l’ex-joueur, c’est difficile de vraiment imaginer ce qu’il va pouvoir faire ou non. Pourquoi parler d’ambitions 2024 en lui confiant les… 14 ans et plus ? Hors trois mois de voyages dans l’hexagone pour voir ce qu’il se passe sur les terrains français, on se demande encore un peu ce qu’il va faire. Donc wait and see
Dans le marasme ambiant, et l’accumulation de mauvaises nouvelles, enfin, enfin, enfin, un motif de réjouissance, attendu depuis très longtemps et qui tombe à l’improviste :
https://www.eurosport.fr/tennis/coupe-davis/2022/coupe-davis-le-contrat-entre-la-federation-internationale-de-tennis-et-kosmos-a-ete-rompu_sto9315614/story.shtml
Quatre ans perdus… Quel gâchis. Mais au moins, maintenant, les marchands ont été chassés du temple et on va pouvoir repartir sur de meilleures bases.
Donc on peut le dire : bonne année à tous !
Alleluia… Cinq ans de malheur, mais la lumière au bout du tunnel, effectivement. La bête est à terre.
L’année 2023 commence sur de bons augures. Bientôt Poutine va crever d’un cancer de l’anus, et le monde pourra repartir sur de bonnes bases.
Annus mirabilis !
L’année 2023 commence sur de bons augures, Richard gagne …Encore, et c’est réjouissant.
Et Nadal au tapis.
Une demi-surprise à vrai dire. Depuis Indian Wells l’année dernière, il est apparu diminué à chacune de ses apparitions, Roland n’étant qu’une parenthèse rendue possible par les corticoïdes. 10 mois qu’il n’est pas apparu à 100% de ses moyens.
Cette fois, aux Pyramides, j’ai tout misé sur l’ischio-jambier. A priori, cette malédiction ciblée (c’est ce qu’il y a de plus difficile à faire) semble livrer ses premiers effets. Mais il faut rester prudent. La perfection, même dans la malédiction, n’est pas de ce monde.
Mouai tres sceptique sur la blessure de Djokovic. IL boitillait parfois entre les points, mais dans le jeu je n’ai rien vu d’anormal. ET puis les jambes au tennis, c’est sans pitie : si tu es un tout petit peu approximatif dans tes placements et appuis, tu ne fais plus que des fautes directes. La, pas du tout. Il frappe fort, longtemps et sans faire de fautes. Meme au service. Donc, bon..
Mais voyons Kristian, tu doutes encore de la réalité de sa blessure ? Encore un sceptique que le Djoker va devoir rééduquer.
Les bruits de couloir des vestiaires de Melbourne sont éloquents : son père lui a sectionné la jambe jusqu’à la moitié du fémur, il ne devrait pas tarder à nous envoyer la radio via Twitter. Mais il faut comprendre ces gens. Le Phallostrate est un immortel et sa victoire est tellement évidente que sans un handicap ce ne serait même pas drôle. Afin d’offrir à son record de titres du GC l’éclat qu’il mérite, il importera de souligner qu’un grand nombre d’entre eux auront été gagnés avec un handicap. Eh oui, le peuple serbe veut bien se prosterner, mais ça se mérite.
Pfff….Alors que cet OA commençait à ressembler à un joyeux bordel avec l’espoir qu’à la fin, l’autre n’enquille pas obligatoirement le 22, les choses semblent rentrer dans l’ordre immuable de l’ennui, et la cuisse semble aller très bien, merci. Il n’y a plus qu’à miser une toute petite pièce sur Rune (oui je pense que le destin de Rublev est de regarder les autres lui passer devant).
Triste à pleurer…
Allez, vive les Américains, une finale Korda/Shelton ? Je délire, je sais. Fanou, je crois qu’il ne reste plus que toi. Allez, nom de dieu, lâche-toi, dégomme l’Immonde en finale, tu rendras service à tout le monde. S’il te plait Fanou, vive la Grèce !
Après je veux bien, Nadal avait inventé le concept du gars qui ne perd que quand il est blessé ; ça doit remonter environ à la finale de Wim 2007 qu’il n’a pas fait état d’un bobo quelconque après une défaite en Chelem. Djokovic a été encore plus loin dans la démarche : lui gagne des Chelems même blessé. On adhère ou pas au storytelling (et c’est sûr qu’ils trouvent une complaisance médiatique à relayer leurs prouesses super-héroïques). N’empêche que je voyais le pauvre De Minaur, censé être dans les meilleures années de sa carrière, se faire ratatiner par un type de bientôt 36 ans vraisemblablement sous infiltrations. Je repensais au début de tournoi, et Berrettini puis Kokkinakis se faisant avoir sur le fil par un autre vétéran de 35 ans avec une hanche en métal. Et je me disais : le Matteo qui était 4e mondial il y a un an, mais en fait tu le mets face au Murray des années Big 4 il quitte le court les fesses rouges ! C’est un peu la honte quand même pour tous ces joueurs censés être dans leurs meilleures années et qui rendent des copies largement inférieures à ce qu’on serait en droit d’attendre. Les NextGen (et NextNextGen) ont laissé Roger partir à la retraite sans le battre sur la grande scène du Chelem (seul Tsitsipas y est parvenu à l’OA), laissant cet honneur à des Anderson (Wim 18), Millman (US 18) et même Dimitrov (US 19) à côté de Djoko (2x) et Nadal (à RG), et ils sont partis pour faire la même avec Nadal et Djoko. C’est déprimant/consternant.
Next, next, next, next Gen, et next Step, Rublev : combien de jeux ? La demie, n’en parlons pas, elle doit donner raison à Jules Marie de s’accrocher comme ça. Tsi ? Kacha ? A quel point ces mecs ne commencent-ils pas à entrer battus sur le court ?
On en revient à la rupture, déjà évoquée, opérée par le Big 3 dans l’histoire du tennis. Ces trois-là (surtout Federer) ont enterré la génération qui la précède, mais ils sont aussi en train d’enterrer la génération qui les suit (surtout Nadal et Djokovic). Ajoutons une qualité de soins et une discipline de vie qui prolongent leur carrière, et on les retrouve encore à 35 ans passés à fesser des minots de 25 ans pourtant pas manchots raquette en main.
Un certain forçat du tennis, célèbre entre autres choses pour son polo aux couleurs des vitraux de la cathédrale d’Ostrava, avait dit à la fin de sa carrière qu’il se sentait un meilleur joueur qu’à ses débuts : meilleure connaissance de son jeu, meilleure intuition du bon coup au bon moment, optimisation de son potentiel. La seule chose, c’est qu’il se sentait moins rapide qu’à ses débuts, qu’il commettait quelques approximations et que ça lui coûtait des fautes, et finalement des matchs. Le trio Fedalic pourrait répondre au croquemort : il avait presque raison, il est juste né 30 ans trop tôt pour recueillir les fruits de sa progression au-delà de la trentaine. Nous y sommes désormais, et le véritable déclin physique intervient entre 35 et 40 ans au lieu de 30. Ce qui, du reste, devrait permettre à la NextGen de garder espoir : Medvedev, Zverev et Tsitsipas n’ont que 25 ans, ils devraient atteindre leur pic de résultats dans 5 ans
En attendant, je redoute les fesses rouges pour Fanou en finale…
Pour déprimant que ce soit de l’écrire, on a l’impression que Djokovic a touché l’asymptote du niveau de jeu. C’est vraiment écoeurant : indébordable et meilleur contreur.
Je trouve que ça manque de spectacle et de flamme mais tellement solide qu’inéluctablement c’est lui qui gagne.
Tsitsipas joue vraiment très bien mais il continue à être un peu « bêta » quand ça compte vraiment mais c’est au moins un magnifique joueur quand il n’est pas sur Insta ou à répondre à des interviews.
Ce n’est que moi ou son petit mot pour Margot Robbie le fait encore passer pour un idiot de la crèche ?
Sinon Ben Shelton m’a impressionné par sa puissance gulbisienne et Rune a l’air disposé à confirmer sa fin de saison 2022 même si sa défaite au bout du bout contre Rublev est rageante pour lui.
Finalement, c’est Alcaraz qui se retrouve déjà à devoir des ajustements puisque cela maintenant 4 mois qu’il se traîne des blessures handicapantes.
Sinner a l’air d’avoir plutôt progressé et il a fallu un Tsitsipas très solide pour le sortir, j’aimerai déjà qu’il confirme en M1000 cette année mais je l’aime beaucoup.
Une pièce sur le fait qu’à la fin de cet OA, on pourra dire que le seul à avoir piqué un set à Djoko aura été le valeureux Enzo Couacaud, from France.
Pendant ce temps là, Rublev est déjà breaké et je redoute la pire des roustes pour lui.
De toutes manières si d’aventure un Rublev parvenait à scorer un GC dans, mettons 3, 4 ou 5 ans, quand les vieux seront en retraite – ce qui est déjà assez improbable quand bien même il aurait alors squatté le top ten pendant 7 ou 8 ans – on ne pourra alors avoir qu’une sorte de « oui, mais… » en tête (tiens, je vois qu’il défend de nouvelles balles de break).
Cet Open d’Australie est le Grand Chelem le plus déprimant depuis bien longtemps. Les Américains auront été de beaux animateurs du tournoi, mais le dénouement ne fait pas le moindre doute. Puissent les joueurs encore en lice me faire mentir… Mais ce serait un séisme XXXXL.
1 et 2…C’est indécent.
1, 2, 4 ou peut être 3 ? Tout ceci me rappelle les plus grandes heures du Nadalothon, ou les premiers tours de, mettons, Borg à RG en 78.
C’est absolument effrayant. Mes espoirs pour 2023 sont, d’une part, que Rafa se shoote dès maintenant aux corticoïdes pour envisager de battre l’Immonde à Roland, et d’autre part que le gouvernement américain prolonge jusqu’à l’US Open le refus de faire entrer les non-vaccinés. Je suis bon pour la PLS.
J’aimerais tellement admirer ce qu’il fait… Mais non, ce type est un plus grand voyou encore qu’il n’est un grand champion.
J’en suis plus bas et considère que si Tsi ou Kasha prennent un set à Djo en finale, c’est juste le résultat d’un contrat Netflix.
A défaut d’avoir de la vie sur l’actualité, j’ai trouvé un posteur qui compile l’intégralité des points de matchs. Avec ici le Nadal-Kyrgios de 2014 à Wimbledon par exemple. Fascinant de voir que le temps de jeu effectif soit si court finalement:
https://www.youtube.com/watch?v=Nqpn1wirfHY
Et encore, les matériels d’aujourd’hui offrent aux joueurs à la fois puissance et contrôle, et tendent à rallonger les échanges et donc les matchs. Je me souviens qu’en 1989, McEnroe avait liquidé Noah en trois petits sets en Coupe Davis (6/3 6/4 6/1 je crois), ce qui à l’époque était une énorme dérouillée sur surface rapide. Le temps de jeu effectif n’avait pas dépassé… 11 minutes. Deux attaquants, points joués en deux coups de raquette, pratiquement pas d’échanges.
Les joueurs qui ont grandi dans les années 80-90 (coucou Roger) ont longtemps joué au tennis avec des raquettes qui proposaient autant de vitesse, mais pas autant de contrôle. Ils ont donc grandi à une époque où de nombreux coups, et notamment le service, étaient frappés trop fort pour que la balle puisse revenir, le retourneur ne parvenant pas à contrôler la puissance du serveur. Au fil des années 2000, les grands tamis ont permis à tout le monde de renvoyer des obus avec la puissance et la précision de l’envoyeur, et les puncheurs ont vu revenir beaucoup de balles qu’ils croyaient gagnantes, et qui effectivement auraient été gagnantes 10 ans plus tôt avec l’ancien matériel.
Andy Roddick a gagné son GC juste à temps. Dans les années 90, il en aurait sans doute gagné plus. En 2011 face à Nadal à l’US Open, il était un petit garçon sans solution face à Nadal, qui canalisait sans problème sa puissance et qui offrait beaucoup plus de variété.
Ce point est à souligner 25 fois quand on invoque le ralentissement des surfaces pour expliquer la désormais prédominance des cogneurs de fond de court. Avoir le nombre de points gagnants et de fautes ne suffit pas, il faut examiner de plus près combien de points ont été joués et combien de coups ont été frappés.
Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu de ralentissement des surfaces, je dis juste que cette évolution des matériels suffit à expliquer le rallongement des points. Un match en cinq sets dure aujourd’hui souvent 4 heures voire plus, alors que c’était rare il y a 20 ou 30 ans, ça durait plutôt entre 3h et 3h30.
Passionnant commentaire, Rubens (as usual).
Mais au passage, une petite question : quand tu écris McEnroe avait liquidé Noah en trois petits sets en Coupe Davis (6/3 6/4 6/1 je crois), tu donnes le score…De mémoire ?
(perso, parfois mes proches hallucinent que je connaisse les scores de deux ou trois finales de RG dans les 80′s, voire des bouts de tableaux…Alors si je me mettais à leur donner des scores de CD…)
Oui mais toi tu connais Jules Marie et Arthur Reymond.
Yes, d’autant plus que je suis allé voir jouer le Reymond à l’OR, pour le dernier tour des qualifs je crois (on était 2 spectateurs, en transe).
Oui, de mémoire. Je n’ai pas vérifié, mais je crois bien que c’est ça. Je l’avais vu en direct, Noah impuissant, et totalement dominé.
Si ça peut te rassurer, j’ai une mémoire sélective, avec mes critères bien à moi. A 18 ans j’ai réussi l’exploit d’aller au lycée en pyjama. Ma mère, complètement hallucinée, m’a laissé y aller, elle voulait voir de combien de temps j’aurais besoin pour m’en rendre compte. RAS au lycée, il faut dire que c’était un pyjama léger, short et t-shirt en coton, couleurs basiques, on était à quelques semaines du bac, il faisait beau et chaud. Le soir en rentrant, elle me demande si tout s’est bien passé. Je dis oui, elle me demande alors si je me suis rendu compte que j’étais en pyjama. A ce moment-là seulement, j’ai connu la solitude
Et à côté de ça, en effet, je mémorise des scores complètement inutiles vieux de 34 ans. Je suis un grand malade.
Magnifique. Je ne sais pas si je suis effrayé ou admiratif du geste de ta mère !
J’ai oublié de préciser que c’était la troisième fois que je m’apprêtais à franchir le Rubicon, et que ma mère m’avait arrêté les deux premières fois
A en lire 15-love aujourd’hui, hier n’a pas eu lieu
Il s’est passé quelque chose hier ?
Grégoire Barrère a gagné à Quimper, son 6e titre en Challenger, tous en France. Etonnant, non ?
Ah oui, en effet, Quimper était donc l’épicentre du tennis mondial hier, et Grégoire Barrère l’homme du jour.
Et vive la Bretagne libre !
Enfin un sujet intéressant !
https://www.eurosport.fr/tennis/les-grands-recits/2018/1983-la-fin-du-mepris-comment-l-open-d-australie-est-redevenu-un-grand-chelem_sto9363542/story.shtml
Une sucrerie dont je jurerais qu’elle m’est adressée. Pourquoi 1983, donc ? A cause de la cagnotte de la première place du Grand Prix, qui s’élevait à 600000 dollars. C’était le chaînon manquant de ma série sur le bush australien. Merci M. Vergne.
Il faut rendre à César ce qui appartient à Rubens, même privée de verbatims de première main, j’avais trouvé ta série plus rigoureuse. L’Open d’Australie n’avait pas perdu son prestige à la fin des 70′s : c’était juste toujours le même tournoi, sans aucune perte de quoi que ce soit. Depuis les temps lointains où Mousquetaires et Tilden ne s’y rendaient pas pour des questions évidentes de distance, l’OA a toujours été le parent pauvre des GC. Mettons que ça devenait plus criant, et problématique, pour diverses raisons (plus d’Uluru qui cache le désert après Newcombe, développement médiatique des tournois faisant d’autant plus ressortir les disparités) mais la situation restait égale à elle-même. Je suis gêné aussi par la manière d’englober les trois autres, RG, Wim, US dans un même panier. C’est une réécriture de vouloir forcer l’image d’un circuit structuré comme aujourd’hui. Non : il y avait Wim d’abord, et ensuite RG et l’US faisant ce qu’ils peuvent, facilement concurrencés au fil des époques par des rdv prestigieux (Coupe Davis, Masters)… et aussi moins prestigieux : ne jamais oublier qu’outre Connors, même des champions du tournoi comme Borg et Evert n’hésitent pas à zapper RG pour jouer des Intervilles aux USA. Si sa situation n’est pas aussi déplorable que celle de l’OA, le lustre de Roland-Garros jusqu’aux années 80 est très relatif.
Bref… C’était juste pour te lancer des fleurs J’ai bien aimé en revanche le commentaire de Wilander expliquant qu’il avait goûté avec appétit à l’expédition down under : « Je suis tombé amoureux de l’Australie en grande partie parce que j’ai adoré être aussi loin de chez moi. J’étais coupé de la Suède, je me foutais de ce qu’il se passait à la maison, même si je ne devrais pas dire ça, je suppose. On était isolés. En tant que joueur, je pouvais être hyper concentré. » ça revient à ce dont je suis de plus en plus convaincu concernant le mal-être des joueurs et joueuses australiens actuels sur le circuit (Barty, Kyrgios, Kokk…) : les moyens de communication modernes (whattsapp, visios…) font que s’ils partent physiquement, leur tête, elle, ne quitte jamais vraiment le pays. Ils sont toujours en train de scruter/regretter ce qu’ils manquent (telle fête, tel mariage, telle naissance…). Au lieu de fermer la porte et regarder droit devant, ils ne cessent de se retourner pour regarder par-dessus l’épaule. Quand les vieux Aussies d’Hopman partaient 8 mois en Europe, ils ne ruminaient pas sur ce qu’ils laissaient derrière eux : une fois embarqués, ils étaient pleinement focus sur ce qui les attendait. Kuerten raconte la même chose de ses premières venues en Europe, période junior : quand ton seul contact avec le pays est un coup de téléphone par semaine soumis au bon vouloir du tournoi qui t’accueille, ça limite le suivi en direct de ce que tu rates. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, mais ça me semble une clé pour comprendre pourquoi, alors qu’on n’a jamais été aussi connectés, il y a une telle récurrence chez les Australiens actuels à dire combien ça leur coûte de jouer loin de chez eux. Je suis convaincu que le fait d’être hyperconnectés les dessert sportivement.
Ceci dit, la facilité avec laquelle l’OA est devenu attractif, résolvant d’un coup, par la grâce de 600 000$, 80 années de désintérêt/désinvolture des meilleurs étrangers vis-à-vis de l’OA, indique bien qu’il n’aurait pas été si compliqué de sauver la Coupe Davis sans toucher à grand chose : réunir ITF et ATP autour de la table, discuter entre gens de bonne compagnie ayant chacun leur intérêt à trouver un terrain d’entente (en gros, les uns ont un évènement de marque d’envergure mondiale mais pas d’argent, les autres ont de l’argent mais peu de grandes vitrines), aboutissant à faire de la Davis un événement doté de points ATP et de $$ à la hauteur de la valeur de l’épreuve. Sans rien toucher d’autre qu’à ça et je suis sûr que la Davis n’aurait plus posé le moindre problème au calendrier. On sait bien aujourd’hui faire des United Cup (plus dotée que n’importe quel 250 ou 500, et nombre de participants y ont gagné plus qu’à l’OA dans la foulée), pourquoi on n’aurait pas pu faire une Davis intégrée au calendrier ATP ?
100% d’accord. Mais tu le dis toi-même, tout repose sur la discussion entre gens de bonne compagnie. Or, en 2018, ce n’était absolument pas le cas.
La semaine dernière, toujours sur Eurosport, il y avait une interview de Gilles Moretton, à propos des derniers rebondissements concernant l’accord entre l’ITF et Piqué le mafioso. Le positionnement du président de la FFT était parfaitement limpide. Sans tresser des lauriers à Moretton, il faut rappeler que son prédécesseur, Giudicelli, était président du comité « Coupe Davis » au sein de l’ITF, et à ce titre acteur direct de la négociation avec Kosmos. Imagine qu’à la place de Giudicelli tu aies Moretton, la négociation aurait sans doute débouché sur quelque chose de très différent. Peut-être même qu’il n’y aurait pas eu de négociation du tout, vu l’estime que Moretton semble porter à Piqué. Il y a donc bien des hommes et des femmes derrière les décisions
Et ce qui était envisageable, en effet, et qui semble l’être à nouveau, c’est une discussion entre gens de bonne compagnie sur la Coupe Davis, sa perte d’intérêt aux yeux des meilleurs et sa place problématique dans le calendrier.
Une petite piste. On pourrait positionner les rencontres de Coupe Davis à proximité immédiate des Grands Chelems, SUR LA MEME SURFACE. L’équipe qui reçoit a le choix du lieu, mais pas celui de la surface :
– premier tour juste après l’AO, sur dur, la surface la plus universelle.
– quart de finale pendant la saison sur terre battue. Pas forcément juste avant Roland, peut-être plutôt en avril.
– demi-finale sur gazon, juste après Wimbledon.
– finale en indoor, soit en ouverture de la saison indoor en septembre, soit juste après le Masters.
Instant teasing : si Perse va au bout de sa trilogie en brouillon, ça va saigner
Guillaume, ta remarque sur la réécriture de l’histoire me renvoie à ma position, moi qui n’ai pas fait d’études de journalisme. Laurent Vergne aurait pu lisser son propos, avec des mots moins définitifs sur la « valeur » des trois autres GC. Car en effet les choses (notamment concernant Roland) étaient loin d’être aussi simples qu’il ne semble le dire. Disons qu’il passe vite sur le sujet, parce qu’en bon journaliste, il se rend compte qu’il pourrait expliquer pourquoi l’US est bon second et Roland bon troisième, mais ça alourdirait son article, et il préfère le centrer sur l’Australian Open.
En tout cas, j’apprends beaucoup en vous lisant, pas seulement sur le fond, mais aussi sur la forme. Si j’avais eu les verbatims de Mats et Mac sous la main, je n’en aurait pas pour autant construit une narration aussi fluide que vous. Mon « école » de départ à moi, c’est la recherche scientifique, où la moindre affirmation doit être étayée et bétonnée jusque dans les moindres détails. En écrivant sur le tennis, je me suis débarrassé de mes oripeaux strictement scientifiques et je me permets des envolées personnelles, mais j’ai gardé le réflexe d’argumenter tout ce que je dis. Ca donne un Guerre et paix sur la rivalité Dédé-Pitou, où je me lance dans une tartine sur Courier, non dépourvue d’intérêt en elle-même mais quasi-hors-sujet dans l’article.
Sur ta question des Aussies vivant mal l’éloignement, Matsou livre un élément intéressant : les jeunes Suédois étaient nombreux dans les tribunes de Kooyong, parce qu’ils partageaient avec l’Australie la même culture de l’éloignement et ils étaient nombreux à faire de longs séjours à l’étranger. Dans ce cas précis (6 mois de juillet à décembre) leur aventure se terminait à Kooyong. Au passage, je note que le système éducatif suédois, connu pour être l’un des plus performants au monde, intègre cette culture de l’éloignement en permettant aux jeunes de faire une pause dans leur cursus scolaire. En France, nous avons un âge maximum requis pour intégrer un paquet de grandes écoles prestigieuses… Bref.
Alors pourquoi les Aussies en sont-ils là aujourd’hui ? J’ai quelques pistes, mais comme je te le disais, tu pourrais nous faire une Vergne, et aller interroger Rafter et Hewitt, qui me semblent tout indiqués pour te (nous) répondre.
1. Quand on parle des Aussies qui ont dominé le tennis entre 1950 et 1975, ou même de Rafter et Hewitt, je crois qu’on parle de personnages exceptionnels, pas seulement raquette en main. Sans parler des gamineries d’aujourd’hui, il me semble que Pat Cash a connu des phases d’alcoolisme et de dépression pendant sa carrière, y compris dans les périodes où il n’était pas blessé. Ne souffrait-il pas lui aussi de cet éloignement prolongé ?
2. L’Australie n’ayant pas le « soft power » (impérialisme culturel pour les intimes) des Etats-Unis, j’ai du mal à me faire une idée précise de ce que ça signifiait d’être un ado en Australie dans les années 40-50-60. Mais pour faire ne serait-ce qu’un flipper, j’imagine qu’il fallait aller au bar du coin. S’ils ne voulaient pas s’ennuyer, ils devaient sortir de chez eux. Donc pour eux, se voir proposer des voyages tennistiques sur 6-8 mois à travers le monde, c’était se projeter sur une vie 3000 fois plus intéressante que celle qu’ils avaient à ce moment-là. Ca n’est plus vrai aujourd’hui, ils ont tout ce qu’ils veulent, vraiment tout ce qu’ils veulent, avec internet, ils n’ont même pas besoin de se lever de leur canapé.
3. J’ai commencé ma série sur le bush de Kooyong par un zoom sur un personnage qui m’a semblé central dans cette histoire, Harry Hopman. Tous, en l’évoquant, ont rappelé le lien quasi-paternel qui les unissait à lui. Le mentor, le prof de tennis, le prof de tout le reste. Rafter et Hewitt semblent avoir été bien encadrés aussi.
4. Dernier point, contemporain et spécifique à l’Australie : compte tenu des sommes que gagnent les joueurs aujourd’hui, ils sont un bon paquet à se ménager (voire à s’improviser en cas de défaite précoce dans un tournoi) des retours à la maison, de quelques jours ou quelques semaines. Financièrement ils peuvent se le permettre, du moins quand ils sont Européens ou Américains, puisque c’est essentiellement sur ces deux continents que se dispute le Tour. En pratique, je doute qu’un seul membre du top 30 actuel passe plus de 2 mois loin de chez lui. Pour les Aussies c’est plus difficile, parce que plus long, plus cher, plus difficile à improviser. Barty ne disait pas autre chose, quand elle rappelait (c’était pendant les heures les plus dures de la pandémie) qu’en quittant le sol australien elle savait que ce serait pour de longs mois.
Ah c’est vrai que cela fait du bien une victoire française à Quimper !
Pour continuer la surenchère de la narration :
https://www.lefigaro.fr/sports/tennis/open-australie/open-d-australie-le-directeur-du-tournoi-revele-que-djokovic-a-gagne-avec-une-dechirure-de-trois-centimetres-a-l-ischio-jambier-20230201
Personne pour trouver que les contes oraux, les sagas nordiques ou les légendes celtiques ont quand même bien plus de souffle épique que les exploits de Tic & Tac qui gagnent avec des déchirures de 3cm dans leurs muscles ?
Absolument. Je viens d’ailleurs de terminer Bilbo et Le seigneur des Anneaux, qui n’est pas tout à fait une saga nordique (mais qui s’en inspire), mais question souffle épique c’est du grand art. Non seulement Tolkien est un maître, mais lui ne cherche pas à nous faire croire que ses créatures existent réellement.
Alors, n’est-ce pas là l’indice que l’AO, contrairement au propos de l’article, continue à être un Grand Chelem de deuxième zone s’il est remporté par un joueur si affreusement blessé ?…
Déjà, le positionnement de Craig Tiley me semble hautement problématique, à ma connaissance il n’est pas chargé de la communication de Novak Djokovic. Mais au vu de ce qui s’est passé l’année dernière, je ne suis même plus surpris.
Devant les quelques remous que va susciter la nouvelle, le Serbe ne manquera pas de publier la radio de sa jambe. Des experts du Times remarqueront alors que la radio est celle d’une jambe droite, qu’elle vient d’un labo de Belgrade et qu’elle date du samedi 28 janvier 2023. L’intéressé s’excusera de s’être trompé de jambe (il paraît que c’était la gauche qui allait mal), et soutiendra avoir fait l’aller-retour entre sa demi et sa finale. Tout rentrera dans l’ordre, Novak pourra continuer à s’énerver en conférence de presse devant les réserves que suscite sa communication sur son état de santé.
Bonne nuit les petits.
Les médecins du sports doivent rigoler quand ils lisent que le champion de l’Australian Open a joué avec une déchirure de 3 centimètres à l’ischio-jambier. On prend vraiment les gens pour des gogos analphabètes.
En même temps (tiens ! cela me fait penser à quelqu’un mais à qui ?), je me suis demandé si ce joueur pouvait se comporter autrement que de la façon dont il se comporte avec un père aussi dérangé psychiquement. Autrement dit, a-t-il une marge de manoeuvre pour être autre chose qu’un personnage aussi faux ? Bon, de toute façon, on s’en fout, sauf qu’il va falloir se le supporter pendant encore un petit bout de temps.
Manifestement, les choses sont assez calmes en ce moment sur 15L ? N’empêche, regardez ça, d’urgence. Voilà comment le tennis devrait être filmé :
https://www.youtube.com/watch?v=P9hoJmL8Dlc
Ah oui ! Enthousiasmant à regarder. Et ce, d’autant plus que le court central de Paris-Bercy est l’un des 2 ou 3 courts les moins bien filmés du monde, pour ce qui est de la caméra principale ; là où le sentiment d’écrasement est le pire, et l’impression que la balle n’avance pas.
Ceci dit, je ne suis pas non plus d’accord sur le fait que le tennis devrait toujours être filmé ras du court. Principalement parce que cela rend bien justice à « l’œuvre » du joueur au 1er plan (sauf quand il est déporté sur un bord du court) mais beaucoup moins à son adversaire, qu’on voit à peine.
Non, pour moi, la façon idéale de filmer un court de tennis, c’est celle des courts annexes des grands tournois. Et d’ailleurs, rien qu’à Bercy, le court annexe est formidable à regarder, ce qui est un comble. Les pieds du joueur du fond se trouvent juste au dessus du filet, pour moi c’est l’idéal :
https://www.youtube.com/watch?v=p4p3e7L7YiE
Sinon, dans un court annexe de l’Open d’Australie, avec la caméra un peu plus haut, c’est pas mal non plus, le sentiment de vitesse de la balle est vertigineux (mais l’image est un peu distordue):
https://www.eurosport.fr/tennis/open-d-australie/2023/australian-open-highlights-griekspoor-van-de-zandschulp_vid1813303/video.shtml