On a tenté il y a longtemps de déterminer le pire vainqueur en Grand chelem de l’ère Open. En extension à l’indispensable saga de Rubens sur les années sombres de l’Open d’Australie et comme en réponse à ce vieil article commis par ma pomme, je propose de mettre tout le monde d’accord via une embardée du côté de ces dames, découvrir deux joueuses dont j’ignorais tout jusque-là et qui illustrent combien les tableaux féminins de Kooyong étaient à l’époque bieeeeen pires que leurs homologues masculins. J’avais pensé au départ n’en garder qu’une seule mais impossible de les départager – le fait qu’elles se suivent au palmarès n’en est que plus savoureux. Vous allez voir que Mark Edmondson et Brian Teacher à côté ressemblent à des géants de l’ère Open.
Pour vous mettre dans l’ambiance :
Chris O’Neill (à gauche) est australienne. Elle a remporté l’Open d’Australie en 1978 alors qu’elle émargeait au 111e rang mondial. C’est son seul titre WTA recensé. Elle n’a même atteint qu’une seule autre finale* : Brisbane la semaine précédent son « run » à Kooyong. Le reste de son CV en Grand chelem est rachitique : un troisième tour à Wimbledon en 1974 et un seul match gagné à Roland-Garros en six tentatives. Et ce n’est pas son parcours victorieux à Kooyong qui va la sauver : Leanne Harrison, Beth Norton, Dorte Ekner, Dianne Evers et la spécialiste de double Betsy Naegelsen, seul nom que je connaisse un minimum, en finale. Elle a au moins le mérite de ne pas perdre un set en chemin. Son plus grand fait de gloire par ailleurs sera un set pris à Navratilova sur l’herbe de Newport dans ses premiers temps sur le circuit, en 1974, et un autre à une Evonne Goolagong un brin sur la jante à Sydney en 1982. Ne lui parlez pas en revanche de Chris Evert qui l’a toujours concassée. Son meilleur classement** : n°67 (un brin meilleure en double avec 6 tournois remportés et deux demies à l’Open d’Australie). Un autre titre en Grand chelem figure à son palmarès : le titre juniors de l’Open d’Australie en 1974 !
Ashleigh Barty la remet dans l’actualité : la n°1 mondiale peut devenir samedi la première Australienne titrée dans son Grand chelem national depuis Chris O’Neill.
Barbara Jordan (à droite) est américaine. Elle a remporté l’Open d’Australie en 1979 alors qu’elle émargeait au 68e rang mondial. C’est son seul titre WTA recensé. Elle n’a même atteint qu’une seule autre finale* : Nagoya fin 1980. Le reste de son CV en Grand chelem est rachitique : une poignée de troisièmes tours à Wimbledon (1978, 1980, 1983) et à l’US Open (1977, 1979) et un seul match gagné à Roland-Garros en six tentatives. A sa décharge toutefois : son Open d’Australie victorieux est un brin plus reluisant que celui d’O’Neill concernant les joueuses battues, avec l’émergente Hana Mandlikova en quarts et l’expérimentée Reneta Tomanova (finaliste à Roland-Garros et en Australie en 1976) en demies, avant la spécialiste de double Sharon Walsh en finale. Seul Tomanova parvient à lui prendre un set. Son plus grand fait de gloire par ailleurs sera un set pris à Navratilova sur l’herbe de Wimbledon en 1978 et un autre à une Billie Jean King un brin sur la jante à Eastourne l’année suivante. Ne lui parlez pas en revanche de Chris Evert qui l’a toujours concassée. Son meilleur classement** : 37e (un brin meilleure en double avec 4 tournois remportés et une demie à Roland-Garros). Un autre titre en Grand chelem figure à son palmarès : le double mixte de Roland-Garros en 1983 !
Danielle Collins la remet dans l’actualité : l’Américaine peut devenir samedi la première joueuse issue de la filière universitaire NCAA à remporter un Grand chelem depuis Barbara Jordan.
Vous me demanderez pour conclure : ces deux héroïnes du bush de Kooyong se sont-elles croisées ? Et bien oui, pour deux victoires à huit jours d’intervalle de Barbara, 6/3 6/2 au premier tour de Birmingham et 6/3 6/3 au premier tour de Wimbledon en 1983. Cet indispensable focus terminé (faut pas déconner non plus), bonne fin de tournoi !
*méfiance tout de même tant ITF, WTA ainsi qu’ATP ne sont jamais bien sûrs d’eux-mêmes quand il faut faire le tri des petits tournois des années 70. D’autres sources accordent un second titre à Chris O’Neill, et une finale supplémentaire à Barbara Jordan.
** idem, méfiance tant les classements étaient rudimentaires à l’époque. Quand on voit qu’ils ont réalisé 30 ans plus tard qu’Evonne Goolagong avait été n°1 mondiale, on imagine à quel point il faut relativiser les classements lointains comme ceux qui nous intéressent ici.
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Le départ de Barty m’attriste, quelle championne agréable par le jeu et la personnalité ! Elle me faisait beaucoup penser à Roger. Mais ce n’est pas son premier départ (même si là je ne sais quel est son projet).
Et j’ignorais qu’elle avait été 114 semaines consécutives N°1, ce qui la place très très haut (mieux que Evert).
C’est vrai qu’elle était infiniment plus authentique que Raducanu, bien plus équilibrée qu’Osaka. Je ne parle même pas de Serena « la mastodonte » (© Perse)
Comme Kristian, je pense qu’elle fera un retour mais pas avant quelques années.
Salut à tous,
Estomaqué, comme tout le monde, de l’annonce de la retraite d’Ashleigh Barty. Je n’ai pas grand chose à en dire, Barty je l’ai à peine vue jouer, elle avait effectivement un jeu plaisant à regarder, et c’était une bonne nouvelle qu’une joueuse de toucher domine des joueuses surpuissantes mais sans imagination.
De Barty, je ne connais que les échos de la presse, où les éloges étaient unanimes : une chic fille, sympa et accessible, qui ne se prenait pas la tête. C’est justement cette non-prise de tête, je crois, qui explique sa décision. Elle a interrompu son ascension une première fois pour faire autre chose, avant de revenir pour atteindre la première place mondiale. Elle l’a fait sans se mettre de pression excessive, parce qu’elle avait – elle a – un rapport distancié au tennis, dont elle est consciente qu’il n’est pas toute sa vie.
Je crois qu’elle fonctionne par phases, elle alterne des périodes où le tennis est omniprésent et d’autres où le tennis n’existe plus du tout pour elle, comme aujourd’hui. Je pense à la phrase récurrente d’Agassi dans son autobiographie, où il explique qu’il avait besoin d’une bonne raison pour jouer au tennis. Barty rentre dans ce cadre, et comme le dit Laurent Vergne sur Eurosport, il vaut mieux s’arrêter pour de bonnes raisons que continuer pour de mauvaises raisons (Naomi, si tu me lis…). Ash ne doit rien à personne, et si elle ne voit plus aucune raison à jouer, plus aucun objectif à se fixer, il vaut mieux effectivement qu’elle s’arrête.
Rien à voir, à mon avis, avec Henin ou Borg. Des points communs, en revanche, avec Clijsters.
Clijsters, dans mon souvenir, après une grosse blessure qui l’a éloignée des courts en 2004, elle est revenue magnifiquement pour remporter l’US 2005. Ensuite, elle est tombée enceinte en 2007 alors qu’elle était (je crois) n°3 mondiale. Elle a évidemment mis sa carrière entre parenthèses, mais je ne garde pas le souvenir qu’elle ait annoncé à ce moment-là qu’elle ne rejouerait plus jamais au tennis. L’arrivée d’un enfant est un bouleversement, qui rebat les cartes en termes de priorités. Le point commun que je verrais avec Barty, c’est que Kim est revenue sans se mettre de pression, pour se faire plaisir (en s’entrainant sérieusement tout de même). C’est à ce moment-là, en 2009, que j’ai commencé à me désintéresser du tennis féminin. Je me suis demandé comment il était possible qu’une joueuse – certes l’une des meilleures du monde – ayant fait une pause de deux ans revienne aussi fort aussi vite. J’étais content pour Kim qui est une chic fille, mais j’en concluais tout de même que le niveau du tennis féminin subissait une forte régression. A la même époque, d’ailleurs, la quasi-quadragénaire Kimiko Date faisait quelques dégâts sur le WTA Tour, après une interruption de carrière de 12 ans.
Henin et Borg, par contre, m’ont semblé avoir un rapport beaucoup plus obsessionnel et névrotique au tennis. Le Suédois, devenu une star planétaire, n’en pouvait plus de cette vie où les projecteurs étaient sans arrêt braqués sur lui. Les signaux annonciateurs de son burn out se sont multipliés en 81, il était à bout, et ce n’était pas une question d’objectifs.
Quant à Justine, j’étais un fan absolu de son jeu, jusqu’à ce qu’en 2007 je commence à avoir quelques doutes en la voyant dominer Serena en puissance et devenir une énorme cogneuse. Le degré d’optimisation de son jeu à ce moment-là inspire le respect, mais supposait un investissement à 500% dans son entrainement mettant en danger, me semble-t-il, sa santé mentale. J’ai toujours eu un flou sur cette jeune femme, dont la communication sur son état de santé me semblait problématique (« J’avais un rhume, c’est pour ça que je me suis fait une élongation à la cuisse ») et je fais partie des sceptiques quant à l’annonce de sa première retraite en 2008. Bien avant cette annonce, il me semblait que quelque chose ne tournait pas rond chez cette fille, et qu’elle n’avait pas trouvé son équilibre. Dans le même registre, Naomi Osaka envoie des signaux encore plus nets.
C’est sûr que Henin fait partie des grandes joueuses avec un pet au casque et qui ne suscitaient pas l’inspiration en tant que personne : admiration pour sa qualité de jeu, pour sa détermination mais jamais pour sa personnalité (torturée) ni son aura (digne d’un détracteur d’Harry Potter).
Osaka a la même aura d’ailleurs. Jamais au grand jamais, je n’aurais eu envie d’être dans leur peau, tout comme côté masculin, je n’aurais voulu être dans celle de Grigor Dimitrov ou Borg post 81.
« L’air grave, les sourcils froncés, il me souhaita bon vent. Sa poignée de main fut sans intérêt. » Yann Moix – Verdun
Allez savoir pourquoi, cet extrait me rappelle quelqu’un, surtout quand il perd.
Rublev breake pour mener deux jeux à un au premier set contre Kyrgios et derrière il ne marque plus… qu’un seul jeu tellement l’Australien lui a marché dessus. Le match aura donc duré en tout et pour tout 51 minutes. Au prochain tour, on aura donc le droit à un Kyrgios /Fognini
Résultat assez étonnant tout de même : Rublev a un excellent niveau moyen qui le fait rouler sur 95% du circuit même si les extraits Tennis Tv montrent qu’il n’était pas au top.
Là Kyrgios est plutôt bon en ce moment et concentré, il a minci depuis l’AO et c’est vrai qu’il a la magie et le « flair ». Son déplacement est nettement meilleur et son coup droit dès lors par mieux. Et il est indéniable qu’il génère une vitesse de balle incroyable quand il s’y met.
Bref, il n’a pas fini de nourrir mon excitation à l’idée de voir les points incroyables qu’il réalise même si je n’ai plus d’espoirs particuliers pour sa carrière (après tout, il n’a aucun M1000).
Et pendant ce temps-là, Simon écume les Challengers et sera en lice à celui de Brest. Je veux bien croire que les joueurs soient animés par une passion indéfectible pour leur sport… si encore le circuit secondaire lui permet de remporter des titres qu’il ne parvient plus à gagner sur le circuit principal… mais en l’espèce, je n’ai même pas l’impression… je ne comprends vraiment pas le plaisir qu’un père de famille, qui a été top 10, a plusieurs millions sur son compte en banque peut encore tirer aujourd’hui…. A moins qu’il y ait une dimension qui m’échappe
Plus surprenant encore, le retour de Flambandian se précise ! Un type à l’âge canonique, plus bedonnant que jamais, moins attendu que jadis (c’est dire). Quoi qu’on puisse en penser, il fut le Maître et joua dans la cour des grands de ce monde. Le voilà prêt à revenir en Challenger sans pour autant avoir le moindre Future…
Sérieux ? Nalbide ? C’est un poisson ou quoi ?
désolée pour la coupure web on a oublié le renouvellement des droits oups !
A dimanche pour Alcaraz en finale
We’re back !
Ah ben c’était pas drôle du tout comme poisson d’avril !!!
Je préfère ceux qu’on avait fait il y a quelques années à l’occasion de la présence de Mardy Fish en finale de Miami.
Aucun n’atteindra jamais la drôlerie de celui-ci : https://web.archive.org/web/20071028172638/http://www.sportvox.fr/article.php3?id_article=15836
C’est reparti pour un second mandat. De 15 ans.
Et en plus c’est peut-être vrai !
au secours. Espérons que la concurrence va se réveiller, même si le jeu d’Alcazar ne me déplait pas vraiment
Et 2022 a pour l’instant des allures de 2005, avec le jeune Espagnol qui monte en flèche. Alcaraz poussera-t-il le mimétisme jusqu’à remporter son premier GC dès cette année ? Rien n’est moins sûr, tant il est difficile – notamment pour un teenager – d’aligner 7 matchs au meilleur des cinq sets. Mais la progression fulgurante du jeune homme échappe aux analyses classiques des « temps de passage ». Vu la vitesse à laquelle il est passé du statut d’espoir prometteur à celui de candidat à un GC, rien ne permet d’affirmer qu’il n’avalera pas les dernières marches aussi facilement que les précédentes.
Je ne l’ai vu qu’à Bercy contre Hugo Gaston, autant dire que je ne l’ai pas vu jouer. Pour le peu que j’en ai vu, il a un tennis plus propre et académique que Rafa, et si l’on met de côté leur nationalité et leur précocité, la comparaison avec son illustre compatriote n’a guère de sens. J’attends de vraiment le voir à l’œuvre pour me faire une idée.
Mon intuition, c’est que le premier GC devra attendre encore un peu. Il a un jeu plus complet et plus abouti que Nadal au même âge, mais il n’a pas sa supériorité physique. Si on se repasse les bandes de 2005, on verra une force de la nature, qui ne fait que courir et lifter, mais avec une telle puissance dans l’épaule et le bras son lift était déjà fatal sur terre battue. Carlos est certes très puissant, mais pas plus que le top 5 actuel.
Je suis en tout cas très curieux de le voir évoluer sur TB.
Le fait qu’ils soient précoces et du même pays doit beaucoup jouer dans les commentaires désabusés que je vois du style « on va en prendre pour 15 ans ».
Pour avoir vu pas mal de matchs d’Alcaraz, je trouve son style de jeu très agréable (bien plus que Zverev, Medvedev, Sinner, Auger-Aliassime) et aussi agréable que celui de Tsitsipas. Shapovalov a un beau jeu mais arrose tellement en fautes directes et dégoupille mentalement que ça donne quelque chose de mitigé.
Alcaraz inscrit beaucoup de points gagnants et fait relativement peu de fautes directes et cela contribue, pour moi en tout cas, à cette impression d’un jeu spectaculaire et agréable.
Si on regarde les moyennes des vitesses des coups droits et revers d’Alcaraz à Indian Wells et Miami et ce n’est pas monstrueux (contrairement à Casper Ruud en coup droit), en plus il a beaucoup de toucher, ses amorties sont parmi les meilleures actuelles.
Comme l’écrit Rubens, c’est assez différent de Nadal 2005 qui avait un déplacement qui je n’ai vu chez aucun joueur (seul le Djokovic post 2018 s’en rapproche un peu). Alcaraz se déplace très bien mais sur dur en tout cas, ce n’est pas comme Nadal qui était presque sur tout et avait ce coup droit d’un poids écrasant.
Un des points d’amélioration reste le service, mais j’ai l’impression qu’il a des phases (par exemple lors des Masters Next Gen il servait très fort et bien). J’aime beaucoup son revers qui part très bien, à plat.
Son jeu déjà très complet devrait en principe le mettre en position favorable pour les Grands Chelems mais on s’est déjà emballé pour Zverev, Shapovalov, Tsitsipas, Auger-Aliassime et Sinner ; est-ce qu’il les coiffera au poteau ? Aura-t-il un plateau correspondant à une phase de digestion de sa progression ?
Il peut en tout cas très bien jouer sur terre, cf Rio et sa démonstration contre Schwartzman en finale.
A voir aussi physiquement s’il tient sur 3 sets gagnants en GC, car à l’US Open il avait fini par être trop court.
Pas une surprise mais Tsonga annonce qu’il prendra sa retraite à l’issue de Roland Garros (où il aura bien évidemment une WC). il est le premier d’une longue série en 2022 ?
Plus haut dans cette discussion, j’avais eu un échange avec Kristian sur la sortie de Del Potro et celle de Guga. La WC de Tsonga ne recueillera sans doute pas tous les suffrages, l’argument étant qu’un Kinder Jo affaibli et fragile ne sera qu’une pâle copie de ce qu’il a été, et que cette WC aurait pu être mieux utilisée.
Pour ma part, les états de service de Jo à Roland (et pas seulement à Roland d’ailleurs) justifient largement cette invitation. Je lui souhaite de réussir sa sortie.
Ses états de service sans doute… mais ce qui est gênant je trouve est que lui et tout un tas de journalistes français fassent comme si elle lui était due en fait. Mais c’est aussi tellement symptomatique du rapport des joueurs français avec les WC dans les gros tournois français, voire vis à vis des WC de réciprocité à l’AO et l’US Open, ils ne se rendent même plus compte à quel point ils sont privilégiés… voire ils sont capables de faire des cacas nerveux si d’aventure la FFT leur refusait une WC… là il prend meme pas la peine de demander à la FFt si elle va ou non lui donner une WC à Roland Garros, il annonce qu’il y prendra sa retraite mais qu’il fera la demande pour la forme hein, parce que c’est la procédure… en même temps, n’est ce pas à l’image du personnage. Il a agi comme ça en Coupe Davis, décidant pendant des années quand il devait y aller ou ne pas y aller. Le tout sous couvert d’un « non mais j’ai tellement fait pour l’équipe… »
Tout à fait d’accord, on n’imagine pas le faire passer par les qualifs, de toutes manières.
Je crois avoir pronostiqué il y a quelques temps l’ordre des départs : Tsonga, puis Simon, puis Gasquet, sachant que bien entendu et contre toute attente, Gael est en pleine forme – et que mes pronostics sont en général foireux -. Je n’aurais pas misé il y a quelques années sur Gael pour être le dernier des mousquetons en activité, mais c’est manifestement ce qui risque de se produire…
Qui d’autre à la rubrique nécro pour 2022 ? Je dirais volontiers Wawrinka.
Et sinon, fidèle à ma réputation de coller à l’actualité, je viens de voir (enfin !) le film Borg-McEnroe. Quelques remarques, en vrac :
1. La meilleure idée du film est de faire de Connors un simple figurant, un élément du décor. Il apparaît le temps de la demi-finale face à Mac, et la seule chose qui en est dite est que Connors est un Superbrat du même calibre que Mac. Son palmarès n’est même pas évoqué. Voila qui a dû chatouiller l’orgueil de Jimbo. Et j’imagine, dans quelques années, un biopic consacré à la rivalité Fedal, où le même traitement sera réservé à Djoko.
2. Conséquence du point 1, Peter Fleming a un rôle plus important que Jimbo. Fleming était tête de série n°7. Ma première réaction a été d’imaginer le diamètre du joint qu’avaient fumé les organisateurs pour le promouvoir à ce point. Vérification faite, Fleming était membre du top 10, un point qui m’avait totalement échappé et que le film m’a appris. Les deux scènes dans le vestiaire avant et après leur quart de finale sont surréalistes, je ne sais pas si elles sont authentiques.
3. Du point de vue de la ressemblance physique, le plus réussi, et de loin, est Vitas Gerulaitis. Et son portrait est conforme à l’image que je m’en faisais.
4. Autre personnage très intéressant, Lennart Bergelin est savoureusement croqué. Contrairement à ce que dit le film, Borg ne l’a jamais viré, sauf bien entendu quand il a mis fin à sa carrière.
5. Révisionnisme : le « You can not be serious », Mac l’a prononcé l’année suivante à Wimbledon, au premier tour.
6. Autre révisionnisme, le dialogue au changement de côté (où Borg invite gentiment Mac à se calmer car ils font un super match) pendant la finale est partiellement inventé. Mais pour le coup, je pardonnerai au script d’avoir rassemblé sur un seul tournoi des éléments qui n’y figurent pas dans la réalité : le flashback, quand il est omniprésent, peut alourdir la narration. L’anecdote remonte à Richmond ou à la Nouvelle-Orléans en 1979.
7. Le seul élément hollywoodien crédible – et pour le coup réussi – c’est le public de Wimbledon applaudissant à tout rompre Mac au moment de la remise des prix. C’est digne de Hollywood, mais pour le coup ça s’est vraiment passé comme ça, et ils l’ont salué tout autant pour sa performance sublime que pour son comportement (presque) exemplaire tout au long du match.
Venons-en aux choses qui fâchent :
8. Borg a servi pour le match à 5/4 au quatrième set, et non à 6/5. Le détail n’a pas beaucoup d’importance, mais en dit long sur la reconstitution, vraiment partielle et imprécise.
9. Le Borg du film, bien que muet en match, est bien plus anxieux qu’il ne l’était dans la réalité. Cette pression qui le submerge pendant tout le film – et qui est même LE message du film – n’apparaît pas sur les images du vrai Borg. Pas même l’année suivante, en 1981, alors qu’en réalité il était déjà sur le départ au niveau mental. Le personnage de Borg est probablement difficile à saisir, je constate que le film n’y est pas parvenu. Les flashbacks sur sa jeunesse où il était lui-même très colérique sont posés là, ces scènes sont probablement à peu près exactes mais le film se garde de proposer un lien avec le champion impassible qu’il est devenu. Dans les interviews, quand la question lui a été posée, devenir impassible et ne rien montrer, c’est une promesse qu’il s’est faite à lui-même, et non à Bergelin.
10. McEnroe… Le parent pauvre du film. Sous-traité. Il a droit à 20% du film, Borg a les 80% restants. Question ressemblance physique on repassera. Mais si je devais trancher entre les deux interprètes, je crois que je pencherais pour celui de Mac. Il y a au moins un point qui vise juste dans le film, c’est sur le respect qu’il portait à Borg, respect virant parfois à l’obsession (c’est très visible lors de la conférence de presse avec les cinq favoris). Borg le fascinait et l’obsédait.
11. La réciproque n’est d’ailleurs absolument pas vraie, contrairement à ce que prétend le film. Mac avait certes remporté l’US Open, mais peu le croyaient capable de pousser à ce point Borg dans ses derniers retranchements. L’une des explications de l’aura de ce match, c’est justement que c’était une surprise de voir Mac résister autant d’un point de vue tennistique et avoir les nerfs les plus solides dans le tie-break du quatrième set.
12. La scène finale dans l’aéroport achève le sceller le sort du film. J’ignore si cette scène est vraie, mais j’en doute fort car j’imagine mal les deux torturés du cerveau qu’étaient Borg et McEnroe tomber dans les bras de leur pire ennemi, quand bien même il leur inspirerait un grand respect. Nous sommes bien dans un happy few à l’hollywoodienne. Ce film n’est pas made in Hollywood, mais il transpire Hollywood par tous les pores.
Amateurs de belles histoires se terminant juste comme vous l’espérez, foncez.
Aficionados du tennis soucieux de vérité et désirant mieux connaître Borg et McEnroe, passez votre chemin.
Jamais deux sans trois Rubens !
Bon maintenant tu nous fais « Battle of the Sexes »?
Et personne ici (même pas moi, tout se perd) n’a parlé du film « Cinquième set » (bon OK il est sorti en 2020 en plein confinement mais quand même…)
J’ai vu « Cinquième set » comme j’avais vu « Borg Mac Enroe », et comme je crois ne pas être capable de résister à un quelconque film qui a le tennis pour sujet. Et je n’en ai quasi aucun souvenir, mis à part que oui, c’est agréable de se voir parler de tennis en fiction.
Aucun souvenir pour une raison simple : ça n’est pas du bon cinéma. J’exagère un peu, je me souviens de la scène d’ouverture de Borg Mac Enroe. On y voit Borg, sur son balcon, très haut au-dessus du vide, et on nous plus que suggère qu’il serait foutu capable de sauter. C’est tellement démonstratif et grossier qu’on sait que les 2 heures vont être longues, mais bon, c’est marrant de regarder comment « ils » montrent tout ça. Vague souvenir également de la scène finale de l’aéroport évoquée par Rubens, c’est pachydermique.
Idem pour « Cinquième set ». En fait, il suffit de lire le résumé ou de regarder le trailer pour savoir ce qu’on va voir, ce qui n’est pas une exclusivité du film sur le tennis. Non, c’est juste dramatiquement mauvais et téléphoné. Vous avez vu le trailer du truc sur les Williams ? Bon. J’apprends que Smith a eu un Oscar pour ça. Qu’est ce qu’on peut dire après ça ?
Après ça, on peut dire, comme Pialat, « c’est de la merde ».
Réponse du journaliste au Maurice : « vous l’avez vu ? ». Pialat : « Non ».
« Oscars : On se lève et on se baffe ! » (c’est pas de moi, c’est de Libé)
?????
Colin, je suis rentré en ces lieux par une bafouille sur Battle of the sexes ! C’est déjà fait !
Je crois que je vais zapper « 5ème set ».
Et je vais aussi zapper « La méthode Williams ». J’imagine que la famille touche des royalties sur les recettes du film, on ne sait jamais. Déménager vers Compton pour endurcir ses deux graines de championnes, ça crée des dommages collatéraux. Je ne serais pas surpris que Venus soit dépressive, et Serena schizophrène. Mais surtout, leur sœur Yetunde est tombée en 2003 sous les balles d’un gang. Elle était infirmière.
En déménageant à Compton, quelle était la probabilité pour que Richard Williams fabrique deux championnes ? Et quelle était la probabilité pour que l’un des membres de sa famille recueille une balle perdue ? L’espoir de voir la première prophétie se réaliser justifiait-il de risquer la deuxième prophétie ?
Je doute que le film dise quoi que ce soit sur cette question. Mais pour reprendre Sam, je fais du Pialat.
Oops sorry I forgot
Je suis d’autant plus impardonnable que j’avais été le premier à le commenter :
http://www.15-lovetennis.com/?p=21056&cpage=1#comments
Eh oui, tu avais été le premier à me répondre et à me souhaiter la bienvenue.
Et vous, pour qui votez-vous ? Djokaraz ? Ou Alcovic ?
Finale de merde (putain).
Ah oui, ça…
Et pendant ce temps les anciens cadres du circuit, Tsonga et Waw, retombés sous la barre des 200 Atp, peinent à convaincre les spectateurs (il se murmure qu’ils pourraient lancer des quêtes afin de couvrir leurs frais médicaux…).
Enorme !
Et que dire de l’imbécile heureux (lucky loser) d’outsider ayant obtenu une wild-card ? Sans lui, on tenait une affiche entre le favori et le braillard, la finale idéale (bordel).
Ah mais ça, effectivement, certaines wild cards auraient pu avoir la décence de les refuser au profit du seul joueur qui pouvait aller vraiment loin et bousculer la hiérarchie…
(Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhh).