Nous sommes en 2025 et le tennis vit encore… mais sous perfusion.
Les quatre dernières années ont été cahotiques pour le monde entier, et la menace du virus est toujours là, rampante, avec des variantes plus ou moins virulentes. Notre sport favori en a connu tous les soubresauts, tout comme chacun de nous. Mais 2024 sonne un peu le glas. Après l’époque dorée du Big 4, la relève n’a pas pu conquérir les nombreux fans esseulés de Roger, Rafa, Djoko, Andy ou Stan – il paraît même qu’il y en a qui sont nostalgiques de Monfils et Paire !
Pour le commun du circuit international ce fut un carnage. La grande majorité des tournois ATP 250 a disparu, et même chez les gros il y a eu de la casse : 30% d’entre eux ne sont pas revenus au calendrier de 2022. Le premier à passer à la trappe fut Madrid. On aurait dû le voir venir : annulé en 2020 puis 2021, son propriétaire Ion Tiriac a jeté l’éponge et est parti faire affaire avec Patrick Mouratoglou pour monter un circuit UTS sur plusieurs spots de la Méditerranée et Adriatique (Nice, Gênes, Split, Athènes…). Sur le moment les fans ont gueulé, mais sans réellement sentir le vent tourner. Et l’UTS a tout raflé en 2023, y compris les prestigieux Monte-Carlo, Tokyo, Vienne, Shanghai et Pékin, puis traversé l’Atlantique en 2024 avec une tournée Sud’Am passant par Rio de Janeiro et Buenos Aires.
Certains résistèrent, à commencer par Rome, un nouveau César à domicile leur sauvant la mise. Les tournois de gazon n’échappèrent pas à la tonte. Roger Federer devint sponsor officiel à Halle pour conserver le tournoi, s’engageant pour huit années d’exhibitions plus suivies que le tournoi lui-même. Même chose à Bâle. Et Bercy me direz-vous ? Sorti par la petite porte sans adieu, personne n’en voulut.
La Coupe Davis by Rakuten a vécu l’an passé sa dernière édition, enterrée définitivement par l’ATP Cup, mieux dotée, mieux placée, mieux plébiscitée.
Djokovic : Caramba, encore raté !
Après l’académie et le tournoi WTA, Rafael Nadal proposa un nouveau tournoi ATP à Majorque pour faire comme son vieil ami Suisse. Car oui, nos deux héros donnèrent encore quelques beaux barouds d’honneurs, mais plus de glorieuses victoires. 2022 officialisait leur retraite bien méritée.
Novak Djokovic se voyant enfin débarrassé de ses immenses rivaux, rien ne devait plus l’empêcher enfin d’aller chercher deux petits Chelems supplémentaires, un pour égaler Fedal, l’autre pour les dépasser. Mais rien ne se déroula selon ses plans. En rétrospective, sa disqualification à l’US Open en 2020 et l’annulation de Wimbledon cette année-là auront pesé lourd dans la balance.
2024 fut une année charnière, l’UTS montrant les muscles en revendiquant son statut de Tour prédominant sur l’ATP. Un bras de fer juridique s’engageât pour savoir qui aurait la main sur la redistribution des quelques sponsors de prestige qui étaient restés. Bref, le monde du tennis s’étripait joyeusement sur la place publique. Djokovic voulu jouer les médiateurs, bien mal lui en pris. Soutenant en début de crise l’UTS (puisque portant la candidature de Belgrade comme étape de la compétition), il changeât d’avis quand Ion Tiriac devint trop gourmand vis à vis de l’ATP. Une fois de plus, n’ayant pas su choisir un camp et s’y tenir, les foudres du ciel semblaient s’être concertées pour lui tomber dessus. Sa popularité en prit encore un coup, puis un autre avec son divorce fracassant. S’ensuivit un ‘Djokoleaks’ d’une ampleur insoupçonnée : des ministres Serbes durent démissionner, une histoire d’espionnage de données ATP fut découverte, l’évasion fiscale aux Bermudes… Djokovic jeta l’éponge en fin d’année 2024 sur un dernier échec olympique, en quête de paix spirituelle – on raconte qu’il se fit moine tibétain… mais les tabloïds serbes disent l’avoir repéré aussi dans les nouvelles boites de nuits de l’Adriatique, Le Duomo ou Covid Libre. Qui croire ?
Si t’es pas Top 100, t’es pas joueur de tennis – littéralement
Que reste-t-il au peuple du tennis ? Les quatre Grand chelems, toujours en éclatante santé, plus que jamais piliers d’un échafaudage bringuebalant ; Indian Wells, Miami, Rome, Montréal et Cincinnati ; le Queens, Halle, Majorque et Bâle ; et curieusement Moscou et Saint-Petersbourg, portés par l’insolente santé du tennis russe. Un peu chiche pour faire vivre le barnum disparate du tennis… d’autant que les tableaux n’en finissent pas de rétrécir. Si les Grands chelems gardent leurs 128 participants, les autres ne font plus semblants de se soucier de ceux qui ne rapportent pas d’argent. Vive donc les tableaux de 48, 32 voire 16, et exit les qualifications. Comme disent les stars de la jeune génération, « Si tu n’es pas capable d’être Top 100, tu n’es pas un joueur de tennis. »
Et le jeu dans tout ça ? Après le temps des palmarès figés avec 60 titres pour le Big 3 en 50 Grands chelems disputés, était venu celui de l’instabilité chronique, façon WTA : 12 vainqueurs différents côté masculin en 16 tournois du Grand chelem joués entre 2021 et 2023 – et personne au-delà de 2 ! Le turnover constaté depuis une décennie sur le circuit féminin se reproduisait à l’ATP, avec des joueurs capables de ‘perfer’ sur un gros tournoi, ou sur six mois, pour mieux rentrer dans le rang derrière, sans continuité. Mais même en ces temps d’ouverture la France demeure obstinément fanny.
Sorti de la cinquantaine de privilégiés que l’on s’arrachait sur le Tour ou à l’UTS, les autres courageux persistant à vouloir vivre de leur raquette se répartissaient sur les circuits nationaux et, surtout, les Challengers, autres gagnants de ce grand chambardement avec un modèle économique localement porteur. Mais là aussi ce ne se fit pas sans tailler dans le vif, avec des tournois tenus sur 5 jours seulement (mardi au dimanche) et en fermant la porte aux épreuves de double. Devant le fossé à présent impossible à combler entre l’élite et les autres, on prit des mesures draconiennes afin d’assurer le renouvellement du cheptel et l’approvisionnement en chair fraîche : retraite obligatoire à 33 ans (règle non valable évidemment pour les ‘stars’, vainqueurs de Grands chelems et/ou gros pourvoyeurs de sponsors ou d’audimat) !
La WTQuoi ?
Malgré (à cause de ?) toutes ces initiatives, le tennis ne se remit jamais vraiment du départ des deux Idoles. Les audiences finirent par s’éroder sur les plus gros évènements, et passé l’effet de mode le soufflé UTS retomba inexorablement. Même les JO 2024 ne furent pas les sauveurs attendus, coincés dans la morosité ambiante et l’austérité de rigueur. Resserrés sur les épreuves les plus emblématiques/bankables, exit les joyeusetés ou aberrations type beach volley, BMX, rugby… et tennis, éjecté du programme 2028 sans autre forme de procès. Oui, 2025 verrait peut-être la fin du tennis tel que nous l’avions connu, vibré et joyeusement commenté ou disséqué ici-bas.
Un mot enfin sur la WTA. Si je n’en ai pas parlé jusque-là, c’est que dès 2022 il n’en restait pas grand-chose hors Grands chelems. A force d’avoir tout misé sur l’Asie, le Tour féminin se trouva fort dépourvu quand le Covid et ses mutations furent venus. La saignée de tournois fut spectaculaire, la fuite de sponsors, incontrôlable. On criât au sexisme, les femmes s’en remirent encore à Billie Jean King pour défendre leur bifteck hors du terrain… sous les regards indifférents de leurs homologues masculins. Seul Andy Murray monta au front à leurs côtés, tandis que Roger leur transmettait tout son soutien via Twitter et que Rafa avouait en haussant son sourcil gauche ne pas tout comprendre à ces combats et préférer ne pas se lancer sur le sujet.
2025 année Zéro. Tout est à refaire.
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Ma petite analyse du match :
D’abord, concernant Tsitsipas. Je le considérais comme un joueur potentiellement très frustrant, capable de perdre des matchs dans lesquels il domine (vs Coric à l’US passé ou Rublev à Hambourg). Évidemment, gagner quand on est l’outsider ce n’est pas pareil que gagner quand on est le favori. Cependant, je suis obligé d’avouer que pour le coup, il m’a bluffé de par son « mental ».
D’abord dans la première partie du match. Car malgré qu’il semblait sans solution, étouffé et impuissant, il continuait de tenter, de chercher de nouvelles tactiques, il n’a jamais semblé ne plus croire en ses chances. Force est de constater qu’il a eu bien raison !
Et ensuite, dans la seconde partie du match. À 5/4 dans le quatrième ou à 6/5 dans le cinquième, je voyais d’avancer se dessiner l’épuisant scénario de l’outsider qui ne parvient pas à achever la légende face à lui. Une nouvelle fois je me suis bien planté. Un service gagnant pour écarter une BB à 6/5, un revers long de ligne somptueux pour finir le match, bref, dépassé ou en tête, Tsitsipas n’a jamais perdu ses moyens.
Après sa victoire en cinq sets contre Kokkinakis, je me demandais ici : « Cela le débloquera-t-il face à ces fameux matchs serrés qu’il a tendance à perdre ? ». Peut-être que les deux sets perdus au 2nd tour lui en ont fait gagner trois en quart.
Un mental impressionnant, donc, contrairement à ce que je pensais. Et pour continuer dans le mea-culpa, parlons du retour du grec. Je pensais qu’il s’agissait d’un gros point faible (notamment suite à ses deux cinglantes défaites contre Raonic l’année passée). Je revois ma position.
Comme Federer (et à l’inverse de nombreux autres joueurs de son âge), Tsitsipas semble se positionner assez proche de sa ligne au retour. Mais, contrairement à Federer, il a très souvent privilégié aujourd’hui les retours bloqués aux retours slicés.
Une stratégie doublement offensive donc, qui a tout pour me plaire sur le papier : Federer m’ayant souvent frustré avec ses slices de revers sur les secondes balles adverse, avec Tsitsipas c’est revers bloqué sur première ! Contre de gros serveurs bien moins mobiles et habiles dans le jeu que le grec, je persiste à penser que cette stratégie n’est pas la meilleure. Faire jouer pourrait lui apporter plus de points.
Mais ici, c’est assez différent. Nadal est évidemment bien meilleur dans le jeu que Raonic (et évidemment moins bon au service), tenter de prendre l’ascendant dès le retour plutôt que de remettre passivement m’a donc semblé une stratégie assez efficace, surtout si l’espagnol avait des difficultés avec son dos.
Une stratégie de retour quelque peu à double tranchant selon moi, donc, mais sans-doute très utile aujourd’hui.
Le service du grec a semblé s’affuter au cours du match, presque intouchable à partir du troisième. Avait-il besoin de se chauffer après l’abandon de Berrettini au tour précédent ?
Dernier point concernant Tsitsipas, Paulo et moi soulignions sa prise de balle précoce et impressionnante (surtout en revers). Personnellement j’ai surtout remarqué cela dans la quatrième manche. Éternelle question donc : est-ce Tsitsipas qui a changé de tactique et s’est mis à coller des demi-vollées Rogeriennes, ou est-ce Nadal qui l’y a invité en baissant son niveau de jeu ?
Quid du niveau de Nadal, donc ? A-t-il baissé au cours du match ? Fatigue, problème de dos ? Il déclare en interview que c’est bien Tsitsipas qui a été meilleur à partir du troisième, et que son dos n’a rien à voir là-dedans.
Cependant, si le Taureau en Kia m’a semblé excellent dans les deux premiers sets, j’ai trouvé que son nombre de faute augmentait conséquemment à partir du tie-break du troisième. Ensuite je le trouvais toujours assez bon, mais moins explosif et partant plus souvent à la faute dans les rallyes. D’ailleurs c’est Tsitsipas qui était gagnant dans les points de longue durée sur la fin du match.
J’ai personnellement eu l’impression de voir un Nadal moins tranchant rattrapé par un Tsitsipas qui n’a jamais perdu en combativité et qui est resté très mobile jusqu’au bout.
Jean-Bernard Fabre, consultant Eurosport que je trouve intéressant, analysait le match différemment. Nadal a réagi à l’augmentation du niveau de Tsitsipas en cherchant à coller plus à sa ligne et à être plus offensif, ce qui a eu pour effet de lui faire commettre plus de fautes. C’est évidemment fort possible.
Autre possibilité, Nadal s’est effectivement rapproché de sa ligne et a joué plus risqué, mais c’est parce qu’il voulait abréger les échanges, se sentant juste physiquement ?
Au fond, comme d’habitude, on peut penser que toutes ces explications ont une part de vérité. Et bravo à Tsitsipas dans tous les cas.
Dans sa demi-finale à venir contre Medvedev, je donnerais le russe favori. Fabre nous apprend que la surface est plus rapide et le rebond plus haut que l’année passée. Le « coefficient de friction » (à quel point la balle accroche le terrain) serait plus bas car l’air de jeu a été repeinte peu de temps avant le début du tournoi (peut-être parce que les qualifs ont eu lieu à Doha et pas à Melbourne ?).
Un rebond plus haut me semble favoriser Tsitsipas qui joue plus avec les effets. La surface plus rapide, je ne sais pas.
Mais au regard de leurs confrontations (5-1 pour Medvedev) et de la fatigue accumulée par Tsitsipas, je parie sur le russe pour une vingtième victoire consécutive. Pendant l’interview sur le court, le jeune grec m’a paru vidé émotionnellement, presque abattu. Il a d’ailleurs demandé à Courier d’abréger.
Certes, Tsitsipas a gagné leur dernier match, mais c’était au Masters 2019 avec donc un Tsitsipas très en forme et un Medvedev assez paumé qui n’a gagné qu’un set de ses trois matchs de poule.
Quant au choix du coeur, je ne sais pas. Comme vous, je pense que Medvedev a plus de chances de battre Djoko en finale, bien que le jeu plus varié de Tsitsipas puisse être un atout. 4-3 pour le serbe dans ses H2H avec Medvedev, avec la dernière victoire pour le russe 6/3 6/3 au Masters l’année passée. 4-2 pour Djoko contre Tsitsipas. Les deux l’ont déjà battu sur dur extérieur. Mais je vois mal Tsitsi enchainer trois exploits.
Néanmoins je préfère le jeu du grec. Je ne choisis donc pas, quoiqu’il en soit j’apprécie beaucoup les deux et je suis ravi que l’un d’entre eux soit en finale ! (Et désolé pour la longueur du post)
Bravo pour ton post Laslo. Je suis d’accord avec tout ce que tu dis, même si je n’ai vu le match que par intermittences, sauf le 5ème set que j’ai vu intégralement. Au tie-break du 3ème, le commentateur disait que Nadal a fait des erreurs qu’il ne faisait pas jusque là. Il est vrai que quand il ne part pas à la faute, il est terrifiant, car il fait mal de partout : service, coup droit, revers, volée…
Je n’ai pas trouvé qu’il faisait tant de fautes que ça en fin de match – sauf au 12ème jeu, qu’il caviarde complètement, et sur cette vilaine volée liftée à 40A quand Tsitsi sert pour le match, ce qui donne au Grec sa 3ème balle de match. Vraiment mal choisi comme moments pour se louper.
Sinon j’ai trouvé Tsitsipas globalement très solide, de ce que j’ai vu, tenant très bien l’échange, servant bien. Sa solidité mentale (et peut-être physique) a fait la différence.
Nadal marque plus de points gagnants que Tsitsi : 58 contre 49, avec un meilleur différentiel winners-fautes (16 contre 11), preuve qu’il était bien là. Il a juste moins bien joué aux moments importants.
Petit point concernant Federer : en finale de l’OA 2017, il me semble qu’il retournait bloqué en revers également, comme il frappait la grande majorité de ses revers recouverts, et non slicés comme souvent jusque là. C’est pourquoi je pense que Tsitsi s’est inspiré du Suisse – et il a eu ô combien raison ! Vu son revers à une main et son jeu porté vers l’avant, il a tout intérêt à copier ce qui marche chez son illustre aîné…
Mais tu rigoles ou quoi Laslo ? On en veut plus des posts comme le tien nom d’un cordage !
Hahaha merci c’est gentil, nom d’un strap aux abdos !
Et oui Paulo je suis d’accord, Nadal est resté très bon et il ne s’agissait pas tant de son nombre de fautes que du moment où il les commettait. Effectivement, son jeu de service à 5/5 et sa volée liftée manquée dans le jeu suivant, mais aussi ses deux smashs manqués dans le tie-break. Quelques erreurs à des moments clés. Mais je suis d’accord, il fallait tout de même faire un énorme match pour le sortir !
Super post Laslo ! Je suis entièrement d’accord avec toi. Le fait que Nadal ait marqué plus de points renvoie sans doute au second set qu’il a survolé.
En fait c’est Tsitsipas qui marque le plus de points au total : 145 vs 142 à Nadal. (39 vs 51 sur les deux premiers sets, puis 106 vs 91 dont 37 vs 30 dans le 5ème) cf https://ausopen.com/match/2021-stefanos-tsitsipas-vs-rafael-nadal-ms504#!stats
Je lis que Serena était en larmes après sa demie perdue contre Osaka, comme je lis au début de chaque GC qui s’annonce qu’il s’agira pour elle d’aller chercher le record de Margaret Court. Chaque début de GC l’en rapproche, et chaque défaite l’en éloigne un peu plus car entre les deux, il y a le temps qui passe. Incroyable tension de cette fin de carrière qui n’en sera peut être pas une tant que…Mais tant que quoi ? Tant qu’elle n’aura pas égalé et peut être battu le record, tant que son corps ne lui aura pas dit que maintenant, c’est tout à fait impossible et qu’il faut se plier à la réalité, dans une, deux, trois, combien d’années ?
Chaque nouvelle tentative se nourrit probablement pour elle de la motivation qu’il est impossible pour elle de ne pas finir première et du caractère inacceptable de sa situation actuelle, où elle y est presque, mais seulement presque. A se demander s’il n’aurait pas mieux valu n’en gagner que quelques uns et pas 23, très exactement, 23…
Alors Serena termine sa carrière en condamnée. Condamnée à jouer, jusqu’à ce que mort s’en suive ou presque puisqu’il est impensable de s’arrêter là, 23. Condamnée à constater que toute condamnée à jouer qu’elle est, plus longtemps elle joue, moins il y a de chances qu’elle gagne. On ne peut que lui souhaiter, quoi qu’il arrive, de savoir regarder les 23 premières marches avec, a minima, une certaine satisfaction, sans quoi elle vivra probablement la suite avec une certaine amertume, toute focalisée qu’elle est sur ce qu’elle vit peut être comme un échec. 23GC ? Un échec….?
Salut Sam,
Concernant Serena, au vu de l’instabilité au sommet du classement, je ne me risquerai pas à dire que c’est impossible pour elle. Quand elle multiplie les sorties en demi-finale ou en finale, il serait hasardeux, je crois, de l’enterrer pour de bon.
L’histoire récente du tennis féminin, depuis la première retraite de Justine Henin en 2008, n’a produit aucune joueuse (hormis Serena évidemment) capable émotionnellement de devenir la meilleure joueuse du monde. La valse autour du trône, elle a commencé avec Ivanovic et Safina, elle se poursuit aujourd’hui avec Ashleigh Barty, toutes ont eu des résultats en dents de scie et aucune ne s’est imposée sur la durée.
Et dans ce festival de malentendus, le plus grand des paradoxes est peut-être bien, en effet, que Serena cale systématiquement en GC depuis 3 ans. Il faudrait vérifier, mais je ne serais pas surpris que Serena soit en tête sur le nombre de matchs gagnés en GC depuis 2018.
Ceci dit, je n’irai pas pleurer sur son sort. D’abord parce que la trace d’un(e) champion(ne) dans l’histoire ne se mesure pas à l’aune du nombre de GC gagnés. Serena aura de toute façon marqué son époque, en prenant le dessus de manière répétée sur toutes les rivales que l’Histoire a mises sur sa route, le tout pendant 20 ans, avec des éclipses, des soucis de santé, etc. Ensuite parce que niveau comportement, elle s’est rendue coupable de trop d’écarts pour ne pas assombrir son bilan final.
Oui, tout à fait d’accord, je mise volontiers sur le fait qu’elle atteigne, au moins 24.
Par contre, je n’aimerais pas être dans sa tête en ce moment.
Ni avant, d’ailleurs.
Serena cale à 23 GC car le nombre des adversaires pouvant la battre dans les grandes occasions a été multiplié au moins par 5 sur ses cinq dernières années.
Si ajoute à cela, son classement beaucoup plus bas qui lui impose d’en affronter une voire deux avant une finale de Grand Chelem et son âge désormais très élevé pour la profession sera de plus en plus compliquée et cela se voit par l’ampleur de ses dernières finales dans les tournois du Grand Chelem.
Bien sûr, la valse autour du trône lui confère encore une chance réelle de gagner un autre GC mais un meilleur classement à la WTA donc de meilleurs tableaux l’aurait beaucoup plus aidé.
je passe en éclair et, si je n’ai pas le temps de tout parcourir, vous m’en voyez ravi tant il y a longtemps que le site n’avait pas été aussi animé (plein d’anciens posteurs en plus : z’étiez où, les gens ? )
Juste, sur le cas Williams : je vois dans ses larmes le fait que cette défaite est un choc pour elle. Un truc bien différent de ce qu’elle a vécu depuis son come-back. Jusque-là, elle avait toujours une excuse/une raison derrière laquelle se retrancher quand elle perdait : elle était à cours de forme (trop grosse, quoi), elle revenait de blessure (voire était blessée), la joueuse d’en face avait fait le match de sa vie (Halep et ses 3UE en finale de Wim), les sangliers avait bouffé des cochonneries… Bref, de plus ou moins bonne foi, mais elle pouvait toujours se retrancher derrière un truc pour nuancer ses échecs en « oui, mais si je… ».
Là, que dalle. Elle était fit comme jamais. Se déplaçait super (enfin, pour elle) bien. Pas blessée. Et pourtant, il n’y pas eu photo contre Osaka. Aucune circonstance atténuante à invoquer. Jusque la claque violente de se dire qu’elle a en face d’elle une nana simplement plus forte qu’elle aujourd’hui – forcément, Osaka ressemble de plus en plus à Williams, les années en moins ! Face à Osaka, elle n’a plus la clé. Si Osaka joue à son niveau, Osaka gagne. Point.
Ce qui ne veut pas dire effectivement que le n°24 est hors de portée : la chance de Williams, c’est qu’Osaka n’est pas une Halep, par exemple, au niveau de la régularité. La Japonaise a des trous d’airs dans une saison : selon la surface, selon ses humeurs… Elle peut manquer à l’appel. Mais, de plus en plus, il va lui falloir compter sur des circonstances favorables. Serena tendait déjà à sauter quand elle croisait des puncheuses (Pliskova, Mugu) ou contreuses (Kerber, Halep) de premier plan en forme. Là si en plus le circuit s’est trouvé une taulière solide… Mais, au-delà de ça, le truc intolérable il me semble pour Williams, c’est de réaliser que tout ne dépend plus d’elle (ou plus uniquement). Elle peut évoluer à son meilleur niveau possible en 2021, et être battue à la régulière. Vous imaginez le choc pour un bloc d’orgueil pareil ?
Ce qui me frappe est la longueur des échanges alors que la surface est dite très rapide par les joueurs. Certes les highlights biaisent un peu mais je continue à trouver cette dynamique des échanges qui trop souvent se termine par un contre victorieux, c’est-à-dire que trop souvent, celui qui ose sortir du statut quo des diagonales se fait avoir.
La domination de Medvedev est patente de cet état avec un morpion de 2 m qui joue comme un crocodile espagnole des années 90.
Seul Nadal avec ses énormes coup droit est encore capable de faire le point en 3 coups du fond avec ses angles et son lift inimaginable mais Tsitsipas qui a une stature d’airain n’y arrive pas par exemple.
La majorité des joueurs au sommet sont de très bons contreurs qui tiennent très bien l’échange.
De plus, la majorité des joueurs même et surtout les plus grands en taille a une couverture de terrain bien meilleure qu’il y a 15 ans due à une mobilité bien plus grande grâce à un travail physique plus poussé sur les membres inférieurs. Del Potro qui fut le premier géant à très bien se déplacer avait engagé des préparateurs physiques de joueurs de NBA pour améliorer ses déplacements et je pense que beaucoup ont suivi cette tendance.
Je sais bien les raisons de fond qui expliquent ça mais force est de constater que ça m’ennuie.
Les hihglights de Tsitsi-Medvedev ne rendent pas la physionomie du match mais vraiment, le terrain est trop petit pour le russe. Mais c’est vrai qu’il a bien d’autres atouts que la couverture de terrain, et sa gestuelle particulière lui permet plus d’imprévisibilité qui explique ses résultats. Mais c’est anti-spectaculaire et divertissant au possible. D’ailleurs, les highlights mettait un nombre plus élevé qu’à la coutume des images de sa femme, c’est pour dire.
C’est assez monstrueux ce que fait Medvedev aujourd’hui. Sur ce qu’on a vu cette semaine, c’est lui le plus fort.
Faudra regarder les cotes avant la finale, c’est Djokovic est donne favori, ca va valoir la peine de miser sur le russe
20 victoires de suite dont 11 ou 12 contre des top 10, le tout sur dur, Medvedev est en train de devenir le numéro un sur dur, et j’espère qu’il va confirmer cela dimanche vs Djokovic – sachant qu’il n’est mené que 4-3 en 7 rencontres face au Serbe. S’il remporte la finale, il prend aussi la 2ème place mondiale à Nadal.
Go Daniil !
Et Medvedev mène 3-1 dans leurs derniers face à face ! Medvedev en 3 sets à Monte Carlo et à Cincinnati 2019, et Djoko en 3 sets à l’ATP Cup 2020, puis Medvedev au Masters : 6/3 6/3. Évidemment, finale dans le jardin du Grand Déchiré des abdos, c’est différent.
J’ai trouvé Medvedev très fort aujourd’hui, et Tsitsipas peut-être un peu émoussé (il jouait trop souvent court selon moi) et ne variant pas assez ses coups pour espérer briser le rythme du russe.
J’ai des espoirs pour Medvedev, mais le service de Djoko m’inquiète. Selon les commentateurs Eurosport, il arrive pour la première fois de sa carrière en finale de GC avec 100 aces au compteur… Tout cela me rappelle le Nadal de la tournée US 2013, avec un service particulièrement en forme.
Il faut ramener le nombre d’aces au nombres de sets, de jeux voire de points disputés (ce que je n’ai pas fait). Djoko a joué plus de sets et de jeux que d’habitude sur cet Australian Open… et Medvedev aussi sert plutôt bien.
Bien vu, je n’avais pas pensé à ça. Il a quand-même beaucoup joué, le Novak. Je verrai si je peux trouver de telles stats pas trop difficilement.
Alors, voilà les résultats de mes petits calculs… Comme tu le suggérais j’ai ramené le nombre d’aces au nombre de jeux disputés durant six autres de ses sacres à Melbourne, en retirant la finale afin de pouvoir comparer à cette année :
Djokovic ; Nombre d’aces par jeux disputés à l’AO (- la finale)
2012 : 49/176 = 0,28.
2013 : 45/203 = 0,22.
2015 : 53/190 = 0,28.
2016 : 53/198 = 0,27.
2019 : 37/161 = 0,23.
2020 : 70/176 = 0,40.
2021 : 100/229 = 0,44.
Si mes calculs ne sont pas foireux, ma comparaison précédente « tout cela me rappelle la tournée US de Nadal en 2013″ semble incorrecte. En fait, cela ferait deux ans que Djokovic sert bien mieux.
Avant 2020, sa moyenne « d’aces par jeux » (il ne s’agit pas uniquement des jeux de service, cette stat est donc un peu bizarre) était assez stable autour de 0,26.
En 2020 il passe à 0,4 et cette année il monte à 0,44 (peut-être une conséquence de l’accélération de la surface ?).
Une mauvaise nouvelle pour Daniil l’esthète, donc.
Cependant, ce qu’on peut également observer grâce à ces petits calculs, c’est que Djokovic ne s’est jamais présenté en finale à Melbourne avec autant de jeux disputés durant le tournoi (pour ce qui est de 2008 et 2011, il a déjà joué plus de jeux avant sa finale cette année que lors de ces deux éditions en comptant la finale).
Environ 45 jeux de plus qu’en moyenne. 45 jeux, ça représente un jeu de plus que son match contre Zverev, par exemple.
Une bonne nouvelle pour Daniil, donc.
Même si le Grand Déchiré nous a maintes fois prouvé à quel point il était monstrueux physiquement.
Petit complément, puisqu’on en est là.
Comparatif du nombre d’aces par jeux de service entre l’AO et l’US, durant les années reprises ci-dessus :
AO US
2012 0,5 0,5
2013 0,44 0,46
2015 0,52 0,42
2016 0,51 0,28
2019 0,46 0,35
2020 0,69 0,67
Ici aussi, on observe une amélioration assez nette en 2020. (Et on observe également que Djoko a été bien heureux d’atteindre la finale à l’US 2016)
Tout ce que tu dis est très intéressant et je ne sais pas où tu trouves les données te permettant d’obtenir ces chiffres…
Des petits « bémols » cependant, ou plutôt des petites interrogations pour préciser un peu ces données, même s’il semble évident que Djoko sert particulièrement bien en ce moment :
1- un ratio sur un seul tournoi peut être un peu biaisé par le type de joueurs rencontrés sur ce tournoi particulier : profil plutôt bon retourneur, ou pas
2- il serait intéressant à mon avis (quoique c’est un gros boulot je suppose) de savoir dans quelle mesure les autres joueurs ont également progressé au service depuis 2018, autrement dit dans quelle mesure la progression de Djoko est due à lui-même et dans quelle mesure elle est due à l’accélération de la surface
3- il serait également intéressant de savoir où en est Medvedev de ce point de vue, car lui aussi semble particulièrement bien servir, en tout cas c’est ce que disait un commentateur ce matin
4- le service et les aces c’est une chose, mais ce n’est pas tout, la preuve avec les joueurs à la Isner… bref, si Djoko sert mieux mais qu’à côté il se déplace un peu moins bien ou retourne un peu moins bien… ça expliquerait pourquoi il a lâché autant de jeux et de sets en route cette année, par exemple – et ça donne de l’espoir pour Medvedev, du coup. On se motive comme on peut
c’est vrai qu’au final ce que je peux reprocher à Djoko dans le jeu me semble aussi valable pour Medvedev, donc finalement Djoko risque de tomber contre son clone en plus jeune, ce n’est visiblement pas le spectacle qui va y gagner…
Si ce n’est pas une patronne, ça y ressemble fort : 4e titre en Grand chelem sur ses 8 derniers disputés pour Naomi Osaka.
Et si ce n’est pas une patronne tout court, c’est au moins une patronne sur dur : elle gagne 4 des 6 derniers GC disputés sur dur.
La grande particularité d’Osaka étant (outre le différentiel très net entre ses accomplissements sur dur et ce qu’elle propose sur terre et gazon) qu’on est en présence d’une joueuse qui, dès la vingtaine, sélectionne ses objectifs : elle a gagné plus de GC (4) que de petits tournois (3) – et quand on dit petits tournois il y a Indian Wells et Pékin dans le lot, des équivalents M1000.
Bref, le tout-venant ne l’intéresse pas. Ce que les champions font en général vers la trentaine (l’ultra-sélection plutôt que la boulimie), elle l’aura fait depuis ses débuts pros !
Et après, pour rebondir sur le papier de MJ, on viendra s’étonner de la fragilisation du circuit…
Toutafé, Osaka commence à ressembler à une vraie patronne. Je n’attends plus qu’une chose, c’est qu’elle le devienne pour de bon. Ses deux premiers titres en GC ont été suivis d’une longue période de doute, et j’espère vraiment – pour elle mais aussi pour le tennis féminin – qu’elle va mieux gérer son statut de favorite cette fois, et qu’une véritable hiérarchie va enfin émerger. Parce que bon, un tennis féminin dont le seul intérêt est de savoir si Serena va atteindre un chiffre, ça a aussi ses limites.
Medjoko en finale, c’est une formidable nouvelle pour le tennis. Novak Djokovic, 23 titres à l’Open d’Australie, numéro un mondial officiel, contre Daniil Medvedev, 57 victoires d’affilée, officieuse tête de série numéro deux. Ce n’est pas Gilles Cervara qui sera sur le court aujourd’hui mais deux Gilles Simons ! En (beaucoup) plus grands, encore plus résistants, retourneurs, réguliers. Deux bricoleurs, bouffeurs de cerveau, magouilleurs de très haut niveau. Un combat titanesque, une épopée gargantuesque. C’est long, lent, dur, on en a pour son argent. Avec un peu de chance, ils battront le record du Nodal 2012 du match le plus merveilleux du tournoi. En un mot, on va se RÉ-GA-LER.
Pour ceux qui veulent voir du revers à une main ET du jeunot, cet après-midi a lieu la finale du challenger de Biella 2 avec au programme Lorenzo Musetti, ce jeune Italien surdoué de 18 ans dont on a déjà parlé ici. Il sera opposé au Coréen Kwon.
Musetti a battu en route Gulbis en 1/4 et Seppi en 1/2. S’il gagne le tournoi, il passe 112ème mondial.
Ben moi je regarde le match des deux relanceurs de balles.
Djoko a breaké aidé par un Medvedev qui fait trop de fautes.
Un debreak qui me fait plaisir !
Magnifique Djokosmash.
Il est bête d’ailleurs d’avoir smashé. Trop loin.
Bon 5/5. C’est tout à fait équilibré.
Vraiment bête la perte de ce jeu de service. Le Djokovic est affuté : dès qu’il y a une faille il l’a saisie.
Que de fautes… à ce que je vois l’issue est claire.
Ça tourne à la boucherie. C’est terrible de voir que Medvedev n’a aucune solution.
Le lance-balles serbe en a pour combien d’années encore à jouer à ce niveau ?
À ce qu’on voit aujourd’hui ça peut durer encore deux-trois ans.
Le fait est que le jeu de Medvedev est trop proche du sien (en moins bien) pour lui poser des problèmes.
L’an dernier Thiem était beaucoup plus menaçant pour Djoko.
C’est ce que je me disais aussi : Wawrinka et Thiem posent de sérieux problèmes à Djoko, et ce sont des joueurs avec un R1M… du coup on peut penser que Tsitsipas aurait fait mieux que Medvedev aujourd’hui : il n’a perdu qu’au 5ème set en 1/2 à Roland…
Et Thiem et Wawrinka sont quand même de gros cogneurs. Pas le cas de Medvedev.
Étant donné que Tsitsipas était rincé physiquement et sans doute psychiquement contre Medvedev, je doute qu’il y eût un miracle aujourd’hui.
Et puis, Djoko était très bon ce dimanche. Sur ces terres de l’AO et en finale, il est quand même à son meilleur. Il doit être à 9 victoires pour 9 finales à l’AO maintenant… pff…
Au secours…
Allez hop, trois ptits sets, pas de baston, encore mieux. Hadje Novak, Dani le Moche, c’est non.
Comme quoi sa victoire au Masters était assez illusoire. Dans tous les cas de figure, pour le binôme Nodal, les battre en grand chelem n’a rien à voir avec un match en deux sets gagnants. C’est bien plus dur.
Accessoirement, Djokovic est roi d’Australie et Nadal l’Empereur de Paris, un Rafa qui même éliminé réussit l’exploit de pourrir une finale de son accent atroce.
Nadal commentait ?
Pire, il quémandait, enfin il « réclamait » : https://www.youtube.com/watch?v=0hTNaaF11Pk
Au secours !
Dans l’espace, personne ne vous entend crier…
Roger disait « j’ai créé un monstre »… Rafa et lui en ont créé un autre.
Nul Daniil, nul… Passé totalement à côté.
Après le premier set, il a franchement piqué du nez. Il faut quand même qu’il change d’attitude dans ce type de match : on a l’impression qu’il n’y croyait plus à la moitié du second set.
Comme si le match contre Djoko en finale de l’OA allait être facile. Je n’ai pas l’impression qu’il s’attendait à un gros duel.
Bilan rapide et personnel. L’espoir, c’est Fanou, qui a terrassé l’affreux en quarts. La déception, c’est mon Deuni, qui avait le tableau pour aller en demies.
Pour les quelques-uns que ça peut intéresser, je prépare un article sur l’épopée de Chang à RG 89. Je ne suis pas sûr que ce soit plus intéressant que ce qui vient de se passer, mais c’est plus marrant en tout cas. A très bientôt.
Mon pire traumatisme Lendlien.
Il est étonnant que le vrai scandale de cet Open d’Australie soit passé sous silence. Un cinquième mondial cacochyme qui n’a pas joué depuis plus d’un an. Un tel niveau de momification au pouvoir, c’est du Mitterrand 1993-1995.
Federer croit aux forces de l’esprit, il ne nous quittera pas.
La concomitance de sa blessure et du coronavirus est suspecte…
Pour le reste, d’accord avec toi : les deux matches que j’ai préférés sur cet Australian Open étant le Shapovalov-Sinner et plus encore le Tsitsipas-Nadal, il reste forcément de la frustration de voir que les deux esthètes calent encore une fois. Il faut croire qu’ils sont à maturation lente…
Tu préfères la WTA et sa n°1 mondiale qui n’a joué que 2 tournois depuis 12 mois ?
Après on commence à se rendre compte à quel point le classement bloqué fausse les perceptions. Brady aurait dû être aux portes du Top 10, pas 23 ou 24e (et ne sera toujours pas Top 10 malgré une finale et une demie sur les derniers US et OA).
Berretini qui squatte toujours le Top 10 alors qu’il a gagné 9 matchs en 2020.
Sans parler de Thiem bloqué 3e alors qu’il devait être 2e en fin 2020 (ça n’a l’air de rien, mais une place, c’est peu et beaucoup à la fois arrivé à ces hauteurs. S’il n’atteint jamais officiellement le dossard 2 il faudra s’en souvenir et lui en donner crédit).
Même Karatsev : sans dire qu’on pouvait le voir venir (faut pas déconner), il n’a rien du « mec le plus mal classé jamais vu en 1/2 d’un Chelem. » Avec les seuls points de 2020, il aurait dû pointer entre 60 et 70e mondial au coup d’envoi de l’OA (donc pas avoir besoin d’entrer en qualifs, et un classement, certes lointain, mais qui aurait reflété sa montée en puissance des derniers mois).
Je persiste : ce principe de gel du classement est de la merde. Tout tournoi ayant été joué en 2020 (je veux bien discuter pour les tournois annulés) « doit/devait » voir son édition 2019 dégagée des décomptes.
Je suis d’accord avec toi concernant le gel du classement. Et dire que Nadal avait milité pour le classement sur deux ans, claquant la porte du conseil des joueurs à l’époque car aucun autre membre ne soutenait sa proposition
Rétrospectivement on peut se dire qu’il aurait mieux valu ne conserver les points de 2019 que pour les tournois qui n’ont pas eu lieu en 2020, ou plutôt sur les semaines non jouées en 2020. C’est vrai que la place de Barty au sommet de la WTA est une sacrée anomalie et que les variations qua nous pourrons observer demain sur le top 10 ATP sont à pleurer. J’aurais d’ailleurs dû employer le singulier puisque seuls Thiem et Medvedev échangent leurs places, pas d’entrée ni de sortie
En plus, la décrue va nous sembler loooooongue…
Mais quand le tennis a repris, il y avait beaucoup d’inconnues. L’idée était sûrement de ne pas « obliger » les joueurs à participer à des tournois comme s’il s’agissait d’une année lambda. Au final ils ont été nombreux à répondre présents, donnant l’impression que ce système de classement n’était pas nécessaire.
Et les résultats n’auraient peut-être pas été les mêmes. Nadal aurait-il fait l’impasse sur l’USO par exemple ?
bah non seulement elle est toujours n°1 mais son compteur de semaines monte démesurément : la voilà à 63 semaines ! A la limite je veux bien, tu la laisse n°1 « honorifique », mais tu stoppes le compteur de semaines. Je ne veux pas donner l’impression de m’acharner, j’aime beaucoup son jeu (plus que celui d’Osaka qui ressemble de plus en plus à une mini-Serena). Mais la voir d’ores et déjà devant Clijsters, Sharapova, Mauresmo, Venus, Azarenka, Halep ou, pour hasarder la comparaison avec les hommes, Courier ou Edberg… y’a un souci.
Je ne comprends pas pourquoi ATP et WTA persistent à galvauder l’accomplissement le plus important qui soit de leur ressort (je rappelle que les GC échappent à leur contrôle). L’ATP a choisi de jouer un record aussi mythique que le nombre de semaines n°1 sur un bidouillage de barème. La WTA, déjà suffisamment brocardée pour le manque de lisibilité de sa hiérarchie, se complique encore la vie (outre Barty, ajoutons Andreescu toujours 9e alors qu’elle n’a plus joué depuis 2019).
Après bien sûr que les histoires n’auraient pas été les mêmes. Pour les fans de comics on a ouvert depuis un an une sorte de réalité parallèle. Ne pas oublier qu’au printemps 2020, au moment où on ferme la boutique, Nadal est en passe de reprendre la place de n°1. S’il le fait, qu’on joue la tournée de terre normalement… c’est un tout autre récit qui se déroule sous nos yeux, avec d’autres dynamiques, d’autres tableaux… L’histoire est forcément différente. Un paquet de joueurs cessent de vivre de leur rente 2019 (Berretini, Goffin, Monfils…), par conséquent d’autres ne voient pas leur progression ralentie par le classement sur 2 ans (Humbert, Ruud…. et bien sûr Sinner, qui aurait ‘dû’ être TS dès Melbourne). T’as raison, on n’a pas fini de trouver que le paysage est figé…
Super ton commentaire et super pertinent. C’est vrai que cela accentue la fossilisation de l’ATP qui n’en avait pas besoin tandis que la WTA se trouve avec un classement encore moins crédible.
Si j’étais le chairman de l’ATP, je demanderai au Big 3 de prendre sa retraite, le phagocytage du sport n’étant pas sain pour sa pérennité.
Ah mais je suis complètement d’accord sur le compteur de semaines ! Ça, c’est moche
Moins sur l’impact sur le statut de TS et l’entry list, quand tu es en progression fulgurante, tu joues (et gagne assez souvent) le joueur qui est en face de toi.
Et Barty non TS, ça aurait fait bizarre aussi…
Bon, extrêmement décevant le Daniil. Il devait pourtant bien s’attendre à ce que son service revienne plus souvent que d’habitude avec Djoko en face. Pourquoi alors toutes ces fautes non provoquées sur ses 2e et 3e coups de raquette ? Pour un joueur dont on valorise le sens tactique, la capacité à avoir plan A-B-C-D-Z, il a abdiqué rudement vite aujourd’hui. Pas de changement de stratégie (quand il gêne Djoko en général, c’est un peu comme Bautagut, en l’emmenant dans le défi physique, les échanges à rallonge, plutôt qu’en visant les winners), un body language défaitiste… Décevant, pour ne pas dire déballant : tout casser pendant 3 mois pour produire « ça » le jour le plus important… Pour faire ça rendez nous David Ferrer ou Tomas Berdych, ça ne sera pas pire. Djoko et Nadal vont pouvoir engranger jusqu’à 40 ans si les « jeunes » ne sont pas capables de montrer autre chose quand ça compte vraiment.
Très, très surprenant. D’autant plus qu’il avait déjà joué, et battu, Djokovic plusieurs fois. Qu’il était sur une belle lancée, que son parcours n’avait pas été éreintant et qu’il devait avoir encore tenir la distance sur un match. Et puis sa première expérience de finale aurait dû le pousser à y croire…. bref incompréhensible.
J’ai abandonné le match après le premier break du 3e set. Entre une filière de jeu dont je ne suis pas fan, puis le côté inéluctable ont fini par m’agacer.
Et Djokovic qui en rajoute une couche en conférence de presse sur le thème « mais bien sûr que j’ai une déchirure depuis le match contre Fritz et deux heures avant le match de Raonic je savais même pas si je jouerais… » et après il se demande pourquoi tant de personnes le trouvent antipathique…
Guillaume, je vois ce que tu veux dire, mais pour le coup je n’adhère pas totalement.
La décision de figer les classements de la sorte, elle a été débattue dans tous les sens l’été dernier. L’enjeu à ce moment-là, c’était l’US Open, dont on ne savait pas s’il pourrait ou non se tenir. L’USTA et le gouverneur de New York annonçaient la couleur, et nombreux étaient les joueurs réticents à venir à Flushing pour y évoluer dans des conditions de rétention pure et simple. La question du calcul des classements a découlé de cette situation. A ce moment-là, la décision de ne pas pénaliser ceux qui choisissaient de ne pas venir a été une opinion, non consensuelle, mais majoritaire. Avec 6 mois de recul, il est évident que ce mode de calcul crée des injustices flagrantes. Et peut-être en effet qu’une rediscussion des modalités de calcul aurait été bienvenue fin 2020, afin de « lisser » les résultats et de donner plus d’importance aux résultats de 2020 qu’à ceux de 2019.
Mais, au risque de choquer du monde, je voudrais juste dire que tout ce qui nous arrive depuis bientôt un an devrait nous faire relativiser la gravité de cette histoire de classement.
S’il s’agit de trouver injuste que des garçons et des filles qui visent le top 100, qui se défoncent pour atteindre le cut pour jouer l’Australian, en sont empêchés par l’inertie terrible du classement, alors je ne peux qu’être d’accord. D’autant que ces jeunes gens n’ont pas la chance d’avoir avec eux l’entraîneur-pipoteur, les deux kinés, les trois médecins, le couturier (eh oui, pour recoudre une déchirure abdominale en plein tournoi…), le gourou, les sparring-partners, la maquilleuse, le poisson rouge, la famille, bref une équipe dédiée qui les aide à se sentir bien et en confiance pendant les tournois.
En revanche, s’il s’agit de s’attarder sur l’injustice que Barty soit encore n°1 alors que c’est Osaka qui le mérite, franchement ça m’en touche une sans remuer l’autre (vous paraphrasez Mitterrand, Chirac n’était pas mal non plus). Berrettini, Goffin, Monfils, je regrette pour eux qu’ils ne soient pas parvenus à garder leur niveau dans ces circonstances si particulières, et j’aurais un immense plaisir à les revoir heureux, en bonne santé et prêts à tout défoncer sur le court, et c’est autrement plus important que de savoir leur classement.
Quant aux chiffres et records figés, retardés, empêchés, obtenus trop facilement, Guillaume, ce sera justement le boulot des journalistes de remettre les chiffres dans leur contexte. Pour prendre une comparaison, il paraît que Guillermo Vilas a remporté deux fois plus de GC que Pancho Gonzales. Je ne soupçonnerai personne sur ce forum d’ignorer à quel point cette statistique – du reste bien réelle – est une bouffonnerie. Ma comparaison a évidemment ses limites, puisque les raisons pour lesquelles Pancho n’a pas pu disputer les GC dans les années 50 sont très différentes de celles pour lesquelles Barty est devant Osaka aujourd’hui.
Alors oui, Barty est en train d’atteindre une longévité comme n°1 qu’elle ne mérite pas, mais cette longévité aura son astérisque. Tout comme la longévité de Federer dans le top 5 aura la sienne. Quant au record de semaines comme n°1 mondial, pardon à tous, mais je ne me faisais guère d’illusions à son propos. Tout comme je ne m’en fais pas beaucoup sur le record de 20 GC de Roger (et désormais de Rafa). Le Djoker sera peut-être bien, en effet, le recordman des GC gagnés. Mais le Djoker aussi aura son astérisque : « a gagné un certain nombre de matchs par déstabilisation antisportive de l’adversaire » et « restera dans l’histoire comme l’un des plus grands acteurs sur le terrain ». Nole, pour moi, il a sa place aux côtés de Nastase, de Connors, de McEnroe et de Rios. Et sûrement pas parmi les Borg, Sampras, Federer et Nadal (sans remonter plus loin).
Et pardon, mille fois pardon Goran, de t’égratigner. Je frissonne encore de ta victoire à Wim en 2001, les dernières minutes du match furent un concentré d’humanité pure. Tu as tes raisons, j’espère juste que ta fidélité est rémunérée à sa juste valeur.
Bel hommage à Ivanisevic, dont la carrière méritait une victoire à Wimbledon.
J’aime bien aussi le fait que leur collaboration prouve que l’entente est possible entre croates et serbes après tant d’horreurs dans les Balkans.
Mais cela dit, je n’aime pas le comportement de Djoko, complètement anti-sportif, beurk !!
Djokovic a quand même l’art de federer contre lui…
Un des joueurs qui m’a le plus marqué quand j’ai commencé à me passionner pour le tennis, il y a une 15aine d’années… pour son revers/ses angles/ son intelligence tactique / ses joutes de dingues face au top 3-ratio très rspectables face à ces derniers/son caractère atypique (Argentin très orgueilleux, certes aussi, ca va dans le package ahah)… mais du coup très content de le revoir sur le circuit, en tant que coach d’un joueur que je connais peu, Kecmanovic.
https://www.eurosport.fr/tennis/atp-cordoba/2021/atp-250-cordoba-surprise-nalbandian-est-de-retour.-comme-coach-de-kecmanovic_sto8141499/story.shtml
Peut-être que je me trompe, mais je ne le vois pas bien en coach. En tout cas il a l’air ‘fit’, je suis surpris de lui voir moins de (Nal)bide qu’à l’époque où il jouait…
Paulo, j’aurais tendance à être d’accord avec toi, mais en fait je me rends compte que Nalbandian, je ne connais pratiquement rien sur lui. Aucun souvenir, ou presque, de ses propos. Rien de rien. Mais qu’il n’ait rien dit aux journalistes durant sa carrière ne signifie pas qu’il soit incapable de communiquer avec son joueur.
Par contre, sa science des angles, il aura du mal à la transmettre…
Disons qu’on se souvient du Nalbandian de Coupe Davis (il révérait cette compétition à peu près comme Hewitt, c’est dire), un vrai leader… mais qui avait tendance à diviser les joueurs : rappelons-nous ses mésententes avec Del Potro – qui a été écarté ou qui a quitté le groupe de lui-même, je ne me souviens plus, mais quand même, Delpo était un des meilleurs joueurs du monde, et se priver d’un tel joueur n’avait pas de sens. D’ailleurs, on ne peut pas accuser Delpo, je crois, de ne pas avoir aimé la Coupe Davis, quand on a vu la suite…
Nalby, c’était aussi un manque de rigueur au niveau de la préparation, un bide proverbial, une passion pour les rallyes auto… Jo, s’il passe par là, t’en parlera sûrement beaucoup mieux que moi, vu qu’il a voué un véritable culte au joueur (ayant d’ailleurs écrit un article à son sujet sur 15-love).
Quant à sa collaboration avec Kecmanovic, attendons avant de juger…
Cela dit, c’était un joueur fascinant à voir jouer, tant son tennis semblait ‘facile’, avec sa prise balle précoce, la fluidité de ses gestes, ses angles… qui ne se souvient de son run fantastique de l’automne 2007 avec le doublé Madrid-bercy, ou encore de la finale du Masters 2005 remportée face à Federer ?
Dans les années 2000, Nalbandian était derrière Federer le joueur que j’aimais le plus voir jouer.
Toutafé, fantastique à voir jouer. Par contre Paulo, chapeau bas pour t’être souvenu des bisbilles en Coupe Davis. J’ai un léger flash, Nalby n’est-il pas en partie responsable de la défaite improbable lors de la finale 2008 jouée à domicile face à l’Espagne privée de Nadal ?
https://www.youtube.com/watch?v=T5yQNFhFOuk&ab_channel=TennisTV
Superbe finale et joueurs… j’adore! Quel kif.
David Goffin est de retour avec une belle victoire sur Bautista Agut en finale à Montpellier et ça fait plaisir : https://www.youtube.com/watch?v=W_PyZp9Q1RM
(vivement qu’ils lèvent les restrictions, parce que ces tribunes vides, brrrr)
Content pour lui. Il trainait vraiment sa peine depuis des mois.
La fossilisation de l’ATP continue :
https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Prize-money-classement-ou-comment-l-atp-s-adapte-encore-pour-contrer-les-effets-de-la-crise-sanitaire/1228717
Parfait, il faudra donc attendre 2022 pour retrouver un classement réel. D’ici là, rente de situation pour les mecs vivant au chaud du Top 100. Rente de points (pourquoi Ben Paire se ferait iech à gagner des matchs puisqu’il peut enchaîner les défaites sans reculer au classement ?)… et rente de blé puisque la ‘négo’ pour limiter la baisse des PM en 250 et 500 concerne, de facto, les joueurs de 250 et de 500, autrement dit, encore et toujours le Top 100 (allez, 120 pour les semaines où 3 ATP 250 se chevauchent – mais est-ce que ça existe encore à l’ère du Covid d’avoir 3 tournois la même semaine ?) et ses membres d’ores et déjà à l’abri du besoin. L’ascenseur en tennis est bloqué. Le foot en rêve ? Le tennis l’a fait. Bienvenue en ligue fermée.
Ceci dit c’est à double tranchant. C’est flagrant à quel point cette frange de joueurs « protégés », on va dire jusqu’à 60-80e mondiaux, est aussi actuellement la plus composée de dépressifs. Pas motivés, pas envie de jouer dans ces conditions… Toutes les interviews relèvent leurs états d’âmes. Parce qu’ils peuvent se permettre d’en avoir. Les échos que j’ai des Challengers et des ITF sont bien différents. A ce niveau où les PM sont faibles, où sauf exception tu n’as pas de gros sponsor qui te garantit des revenus hors compétition, tu n’as pas le choix : tu cherches à jouer… et à gagner des matchs. Eux leur problème est bien différent : c’est de se voir proposer des tournois à jouer, de préférence dans un calendrier cohérent (avec les ‘septaines’ en vigueur un peu partout, tu ‘perds’ une semaine de compétition entre chaque tournoi si tu changes de pays).
Au sommet, pas de souci : les Nadal, les Djoko et quelques autres derrière… ceux qui jouent pour la gagne dans les grands tournois, ça va. Parce que quand ils s’alignent dans un tournoi ils savent qu’ils ont de fortes chances de le gagner – ça aide dans l’approche. Parce qu’ils jouent peu, aussi, et donc peuvent se ressourcer entre deux tournois. Parce qu’ils sont choyés, également. Une quatorzaine dans une grande suite 4 étoiles avec immense terrasse et staff de 6 personnes qui a eu le droit de t’accompagner au bout du monde, c’est autre chose qu’une quatorzaine seul dans une chambre de 30m2 avec une fenêtre contre laquelle tu projettes obstinément des balles à longueur de journée. Dernier truc, mais là plus intuitif : dans la capacité à être focus sur un objectif et à s’y dédier totalement en faisant abstraction de ce qui se passe autour, ces mecs-là sont taillés pour traverser ce contexte sans même sans rendre compte – s’ils n’avaient pas consacré toute leur énergie au sport de haut niveau, ils ne seraient sans doute pas loin d’être étiquetés sociopathes.
Pour toutes ces raisons, les tops joueurs parviennent très bien à composer avec la situation. Ceux qui galèrent au bout du Top 100 et après n’ont pas le choix, pour eux ça ressemble plus à avance ou arrête et fais autre chose (j’ose pas dire marche ou crève). Et au milieu, t’as cette fameuse frange vers 30-60 qui se demande, grosso merdo, ce qu’elle fout là, à répéter semaines après semaines isolements sanitaires et matchs à huis clos. Elle a peu à gagner sportivement puisque dans le tennis moderne, quand t’es 20e tu n’as aucune chance de gagner les tournois qui font rêver ; peu à perdre puisque protégée par le classement sécurisé ; et pas de réelle inquiétude financière puisque les PM restent très corrects (je lisais qu’Isner pleurait de voir celui de Miami chuter cette année : mais la chute ramène « juste » le PM à son niveau de 2007 ! ça va, y’a pas mort d’homme, comme dirait JP). Pour eux, c’est comme si il n’y avait plus ni enjeu, ni motivation à jouer : c’est la caravane des déprimés. Et le retour de bâton/la rechute n’est que plus violent(e) quand il faut revenir aux contraintes sanitaires strictes, comme en ce moment en Europe, alors que tu as furtivement goûté à un semblant de retour à la normale avec des tribunes garnies à Melbourne.
Merci Guillaume pour ce panorama général.
J’aurais juste une question supplémentaire, a-t-on une idée précise de ce qui se passe au-delà du Top 100 ? Et plus précisément, combien sont « dépressifs » ? Parce que je lisais les propos de Gillou, comme d’habitude il n’a pas la langue dans sa poche, il n’est pas du genre à dire « je vais bien » alors que tout ce qu’il fait sur le terrain prouve exactement le contraire. Mais au-delà, dans les strates inférieures du classement, j’ai l’intuition qu’ils sont aussi nombreux, voire plus nombreux encore, à trainer leur spleen. Ils ont, par contre, moins de micros qui se tendent vers eux. Si j’ai cette intuition, c’est justement par rapport à ce que tu décris, la situation des 30-60. A choisir, je préfèrerais être dans la situation où les enjeux sont minimes pour moi (aucun espoir de gagner des gros trucs, PM très corrects tout de même, et classement protégé) que dans la situation où être sur le terrain coûte que coûte est une question de survie.
Pour le reste, je te rappelle que les avantages concrets des top players, et notamment la possibilité financière de voyager avec toute une équipe exclusivement dédiée à ton bien-être, était déjà à l’œuvre avant la pandémie. C’est pour cette raison (entre autres) que l’on observait un net vieillissement du top 100, encore plus du top 50, et ne parlons même pas du top 10. La crise du Covid ne fait qu’accentuer une situation qui existait déjà dans ses grandes largeurs.
Voilà un post qui me donne le bourdon. On vit vraiment une période déprimante.
Oui, ça file le bourdon dans cette période glauque, quoique dans le post de Guillaume, le « grosso merdo » permet à lui seul de remonter le moral de plusieurs crans.
J’ai la même « intuition » que Rubens : l’impression que quel que soit leur classement, tous les joueurs sont soumis à rude épreuve au plan psychologique et même financier (puisque les PM baissent, globalement, ce qui est logique vu l’absence de public aux tournois).
La seule exception, ce sont les top joueurs, pour ne pas dire en caricaturant à peine le trio Fedjokodal. J’ai lu ou entendu je ne sais plus où que ces joueurs, les tout meilleurs, sont habitués à fonctionner en mode « bulle » toute l’année, et que la « bulle sanitaire » actuelle ne change finalement pas grand-chose à leur routine. Avec en plus tout ce que tu ajoutes (quarantaine dorée, tournois ciblés à l’extrême, etc.).
Bien sûr, tout cela est relatif, puisque on pourrait parler de gens mis dans des situations encore pires que les joueurs de tennis – notamment les seconds couteaux – à savoir les « petites mains » des tournois : combien de licenciements secs dans le monde du sport depuis le début de la crise ? Sport pro ou sport amateur, d’ailleurs.
Cela dit et pour en revenir au point de départ, le classement à moitié gelé qui favorise les meilleurs, c’est un vrai problème. Des gars comme Sinner ou même Humbert ont vu leur progression au classement sérieusement freinée l’an dernier, et c’est frustrant.
Dans le cas de Federer la quarantaine dorée va commencer en août et durer 10 ans.
Pour faire court : il y a tout de même une différence entre les 2 circuits, et pas légère. Quant tu es abrité bien au chaud dans les cuts des Grands chelems et de la plupart des M1000, tu n’es pas dans le dur financièrement (surtout quand tu y étais déjà ces dernières années, où les PM ont flambé tout particulièrement). Tu peux voir venir. Et si, comme Gilles Simon (et c’est tout à son honneur), tu préfères mettre le clignotant car tu ne t’y retrouves plus : eh bien tu le peux. Et si tu n’as plus aucune motivation à jouer mais que tu continues à y aller en traînant les pieds, à la Paire si vous voulez, tu le peux aussi, sans conséquence (au classement réel, il serait 162e cette semaine, autrement dit finie la fiesta. Là il reste tranquillou 29e et sera TS à Miami). Pas de motivation, pas d’enjeu : j’ai le sentiment que cette frange de joueurs ne trouve plus de sens à tout ça – pour prendre une expression à la mode.
En-dessous ils n’ont pas cette sécurité. Et s’ils n’ont pas non plus la grande frite pour les échos que je peux avoir, ils n’ont pas plus le choix. La plupart des joueurs d’ITF ne demandent pas mieux que de jouer, même dans ces conditions. Le souci pour eux est plutôt qu’il n’y a pas, ou peu, de tournois.
Il y a aussi une différence majeure dans la façon de percevoir des choses : les pensionnaires du Tour principal sont des privilégiés… et finissent au quotidien par l’oublier. La pandémie sonne comme un retour à la réalité pour des enfants gâtés. Suffit de voir les réactions d’Isner, scandalisé de la baisse du PM de Miami (alors qu’il a gagné il y a 2 ans le Miami le mieux doté de l’histoire, et que la baisse de 2021 ne fait que le ramener à ses hauteurs de 2007) ou Svitolina se disant « moins motivée » avec la baisse des dotations… C’est bon, on ne revient pas non plus aux débuts de l’ère Open et aux chèques de 1000 dollars + un bon d’achat chez Rossignol. Ils vivent dans un cocon et sont moins préparés à appréhender des conditions ‘à la dure’ (Paire, Goffin, Simon en parlent bien), ayant l’habitude d’être chouchoutés : la soirée des joueurs quand tu arrives sur un tournoi, les excursions sympas proposées par les organisateurs en marge des matchs, la plupart du temps du monde pour les applaudir en match et des bains de foule en sortie d’entraînement (autographes aux gamins… toutes choses qui font du bien à l’ego). Là, fini tout ça. Sous beaucoup d’aspects, les protocoles sanitaires du moment leur font expérimenter la vie moins glamour des copains du dessous (pas de public, pas de starisation…)… lesquels à l’opposé seraient un poil moins « désorientés » par l’austérité des nouvelles conditions de jeu.
Donc oui, je n’ai pas d’outil de mesure du niveau de spleen à chaque échelon (d’autant que tout ça reste hautement personnel, et sujet à évolutions, cf Chardy et Goffin au fond du trou en 2020 et qui ont réussi à se remettre d’aplomb dernièrement) mais on ne peut pas ne pas émettre de distinguo entre les participants des grands tournois et les autres.
Et merde, je n’ai pas fait court.