Voilà un article qui aurait dû sortir en janvier, mais que voulez-vous… mieux vaut tard et bon, que jamais ou bâclé.
Et puis, vu que la saison tennistique 2020 (et la nouvelle décennie qui va avec), s’est subitement figée le premier mars, alors qu’elle avait à peine commencé, c’est un peu comme si nous étions encore en tout début d’année.
Voici donc quelques statistiques relatives à la décennie 2010, pour tous les amoureux des chiffres qui veulent dire (plus ou moins) beaucoup.
Nombre de joueurs ayant réussi à s’incruster dans le classement annuel des TRWC
Ils ont été 135 pendant cette décennie. L’année la plus prolifique a été 2019, avec 51 classés, et la plus chiche 2014, avec 34 joueurs ayant marqué des points.
Les joueurs le plus souvent classés
Parmi ces 135 joueurs classés, 80 l’ont été plus d’une fois.
[Evidemment, cette statistique ne veut pas dire grand chose pour les joueurs qui étaient à la fin de leur carrière en début de décennie, ni pour ceux qui au contraire sont apparus en 2018 ou 2019.]
Ils sont 33 à avoir été classés au moins 5 fois (voir tableau ci-contre). On voit dans ce tableau qu’à part les trois monstres (dont le classement moyen sur la décennie est inférieur à 4), les autres joueurs à avoir toujours été classés (mais tous avec un classement moyen supérieur à 10…) sont Wawrinka, Berdych, Cilic, Isner et… notre Gaël national.
En revanche, pas de grand chelem pour Andy Murray, quasi invisible sur les courts en 2018 et 2019 pour cause de hanche récalcitrante.
Parmi les « récents », à noter que Thiem et Goffin, qui n’ont que 5 apparitions dans le classement des TRWC, ont été classés sans discontinuer (donc 5 fois d’affilée) entre 2015 et 2019.
Enfin, un petit cocorico puisque nos célèbres « moustiquaires » sont des champions de la régularité : Monfils, Tsonga et Gasquet sont tous les trois à 9 citations ou plus.
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Les rois du « classement moyen »
Si on se restreint aux joueurs ayant été classés au moins 3 fois (pour que la moyenne ait un minimum de signification), voici le top 30 de ceux qui ont le meilleur classement moyen. On a la surprise d’y voir apparaître un certain Michaël Llodra ! On voit également que sur ce critère Sacha Zverev domine assez largement la nouvelle génération.
En étant encore plus restrictif, c’est à dire en se limitant cette fois aux joueurs ayant été classés au moins 5 fois, voici le top 30 de la décennie. Exit Zverev, Haas, Pouille, Llodra… Mais welcome back Monfils et Chardy :
Les seigneurs du cumul de points
Bien évidemment, ce classement fait ressortir l’omniprésence, pour ne pas dire l’omnipotence, du Big 4 lors de cette décennie. Vous ne vous y attendiez pas, bien sûr.
Tomas Berdych apparaît comme le Prince du grappillage de miettes. Derrière lui, Wawrinka a moins glané, mais des morceaux bien plus gros. Ferrer et Nishikori complètent le little 4 de la décennie.
Les magnats de la moyenne annuelle de points
Exit Monfils, Gasquet, Simon, glaneurs à la petite semaine ; laissez entrez les one or two-shots voraces (Berettini, Roddick, Tipsarevic).
Medvedev apparaît ici comme une aberration statistique (qui s’explique en fait par son éclosion très récente).
Annexes
Cliquer sur chaque image ci-dessous pour la voir en grand.
Classement détaillé année par année : par rang moyen
Top30 des joueurs classés au moins 3 fois :
Top30 de tous les joueurs classés :
Classement détaillé année par année : par meilleur rang
Tous les joueurs classés au moins une fois dans le top10 :
Classement complet (135 classés) :
Classement détaillé année par année : par nombre de points
Top 30 de tous les joueurs classés :
Classement complet (135 classés):
Classement détaillé année par année : par moyenne de points
Top 30 de tous les joueurs classés :
Top 30 des joueurs classés au moins 3 fois :
Très intéressant Colin.
Le classement le plus parlant à mes yeux est celui du nombre total de points sur la décennie (à cet égard je ne suis pas sûr qu’il soit pertinent de parler de « little 4 », quand on voit le peu d’écart entre Nishikori 8ème, et Tsonga 9ème, lui-même talonné par Cilic).
Cela dit, le classement confirme et précise ce que nous savions déjà : Djokovic est le roi des années 2010, devant Nadal, Federer et Murray.
Et Berdych a été le paillasson favori du Big Four : régulier comme aucun autre (sinon Ferrer qui a logiquement baissé de niveau plus tôt), il finit devant Wawrinka et ses 3 Grands Chelems ! Wawrinka capable de battre les monstres en GC, mais d’une irrégularité rare…
Pour ce qui est des rois du « classement moyen », j’observe que Fish, classé 3 année seulement, obtient un meilleur score que Cilic, classé 10 fois : 15 contre 15.8… or si on prenait, pour Cilic, ses 3 meilleures années, il serait certainement nettement devant Fish. Pareil par exemple entre Gasquet, classé 9 fois et obtenant un moins bon score que Melzer, classé seulement 3 fois.
Même en se restreignant à ceux classés 5 fois et plus, on a Monfils qui performe moins que Simon, Lopez ou Verdasco, alors qu’il est classé 10 fois sur 10, contre 5 ou 6 pour les 3 autres.
Pas facile de sortir un classement qui fasse ressortir à la fois la régularité et le niveau des joueurs à leur meilleur…
Autre chose notable en analysant ces tableaux : le Big4 n’a monopolisé les 4 premières places du classement « que » lors des 3 premières années de la décennie (2010, 11, 12). Ensuite il y a toujours eu un ou deux intrus qui ont réussi à s’immiscer dans le carré d’as :
- 2013 : Ferrer 3ème (Federer out)
- 2014 : Wawrinka 4ème (Murray out)
- 2015 : Wawrinka 4ème (Nadal out)
- 2016 : Raonic 3ème et Nishikori 4ème (Nadal et Federer out)
- 2017 : Dimitrov 3ème et Cilic 4ème (Djokovic et Murray out)
- 2018 : Zverev 3ème (Murray out)
- 2019 : Medvedev 3ème (Murray out)
Mais on voit qu’aucun de ces intrus n’a jamais réussi à faire mieux que 3ème. On voit aussi que Berdych, pourtant 5ème en cumul de points sur la décennie, n’a jamais réussi à intégrer le carré d’as annuel.
Un grand merci pour tous ces tableaux très instructifs. Je retiens pour ma part qu’il met en exergue la carrière de Berdych dans ce qu’il y a de plus frustrant: un excellent joueur qui se prends systématiquement le dernier palier de décompression, niveau moyen impressionnant mais le truc qui manque (par exemple à Bercy en 2016 contre Murray il mène 6-0 dans le tie-break du premier set et se fait remonter sans pour autant déjouer) pour conclure. D’ailleurs il a moins de titres qu’un Gasquet, Simon ou Tsonga je crois.
Au final, la carrière de Berdych est plus solide que celle de Cilic mais il manque un GC ou un M1000 au milieu de la domination des gros.
Un petit exercice un peu stupide mais drôle: https://www.facebook.com/TennisLegendOfficial/photos/pcb.10157091455371806/10157091437776806
Et si les joueurs étaient des femmes pour les couvertures de magazines? Le résultat est que la plus beau est bel et bien Fognini!
Vive photoshop !
Les photos relookées de Medvedev et Thiem – et Stepanek, bien sûr – m’ont quand même bien fait rire.
haha Fabia Fognagna me fait craquer !!
J’ai bien aimé le commentaire de qq’un sous la photo de Roger en femme : « on dirait la nana de Caméra Café (une série qui passait sur m6 pour ceux qui connaissent pas) » ahaha oui c’est Armelle!
Chez les Djokovic, le mépris arrogant est une affaire de famille :
https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Le-pere-de-novak-djokovic-tacle-roger-federer/1144816
ah ce niveau là c’est du trollage en bonne et due forme … Donald Trump est bon aussi pour cela ahah
En y réfléchissant, je crois que Novak Djokovic me conduit aujourd’hui à franchir un rubicon que je n’avais jamais franchi : tenir un propos positif à propos de Connors. Le tricheur de l’Illinois a dit tout un tas d’abominations à propos de ses adversaires. Mais il n’a pas eu l’indélicatesse ultime d’envoyer sa mère tenir ces propos à sa place.
Je suis obligé de réévaluer Connors, comme on réévaluait à une époque les albums des Rolling Stones : le dernier nous décevait tellement qu’on devait réévaluer positivement l’avant-dernier, et ainsi de suite.
Tout d’abord, il me faut féliciter Colin pour la masse étonnante de données qu’il a traitées, c’est digne d’un Datacenter. Ce classement alternatif mériterait d’être plus connu, à côté des classements de Jeff et autres Elo.
Ensuite Djokovic se rapproche très dangereusement de la place de GOAT, et j’ai bien peur qu’il l’atteigne numériquement. Quelque part on s’en fiche, mais ça gratte quand même.
Par la popularité il restera probablement inférieur à Federer et Nadal.
Chaque jour, comme un mantra, je me répète que je dois aimer Djokovic, mais je n’y arrive pas.
Son tennis ne comporte rien que j’aime, sa mentalité me paraît suspecte (pour ne pas évoquer tout ce qui me paraît suspect chez lui).
Quitte à ce que Roger soit surpassé, j’aurais préféré que ce soit par Nadal, mais Nadal n’est pas assez complet (trop peu de titres sur herbe, aucun Masters, pas assez de semaines N°1).
On risque d’être dans un paradoxe, de se rappeler Federer et Nadal comme les deux étoiles absolues 2000-2020, avec un type meilleur qu’eux mais que très peu de non-Serbes parvinrent à aimer.
Jusqu’à ce qu’un joueur encore meilleur, dans quelques décennies (?) mette tout le monde d’accord et ainsi de suite.
Un petit article ATP intéressant sur la lourdeur du revers, où Sinner se classe premier, en termes de lift :
https://www.atptour.com/en/news/sinner-infosys-beyond-the-numbers-april-2020
Quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi le Djoker est rentré à Belgrade pour faire le test du Covid ?
Ce test permet-il de détecter autre chose que le coronavirus ?
Djokovic est la plus grande personnalité sportive serbe, le VRP du gouvernement et à ce titre, c’est presque un homme d’Etat serbe. Les Balkans sont une poudrière et vue l’enjeu politique que représente toute action entreprise par Djokovic dans la région, les antagonismes entre ex-républiques yougoslave, Djokovic ne doit certainement pas faire confiance dans la probité locale pour effectuer un test. Je ne serai pas étonné qu’une sphère complotiste se mette bientôt en branle pour dénoncer un coup bas croate d’ici peu d’ailleurs.
De plus, Djokovic ne fait guère mystère de son antivaccisme et de son attrait pour les pseudosciences et développement personnel. Il en a témoigné durant son confinement, durant ses périodes moins riches en succès et ses quelques références telles Pepe Imaz sont très litigieuses en terme de dérives sectaires.
Pour ce qui est du test, depuis l’éventement de Theranos, il est difficile de faire croire qu’on puisse faire des tests de tas de choses à la fois avec un peu de sang ou un écouvillon.
De plus en Serbie, il pourrait plus facilement demander à ce qu’un test positif ne soit pas divulgué ou même annoncé comme négatif. En termes d’images il serait désastreux que lui-même soit su contaminé.
Il a une fois de plus voulu attirer la lumière à lui, et cette fois-ci, mal lui en a pris.
Sébastien, j’étais en train de répondre à ton post d’hier, quand les mauvaises nouvelles sont tombées. Et j’en profite pour répondre à Perse aussi.
Je ne me sens pas obligé d’aimer Novak, ni aucun autre joueur d’ailleurs. Sa mentalité te semble suspecte, à moi elle ne suscite aucune suspicion : je pense que ce type est une des pires ordures de l’histoire de ce sport. Point. Quand je regarde ce qui se passe aujourd’hui, je le fais sans un gramme de complaisance envers lui. Et en particulier, je ne prends pas pour argent comptant ce qu’il pourra dire sur le sujet, car j’imagine qu’il n’échappera pas à quelques explications. C’est sans doute excessif de ma part, mais Djokovic œuvre depuis des années à se rendre détestable, partout où il passe. A un moment, on ne récolte que ce que l’on sème.
Djoko n’aime pas les vaccins, soit. Mais là nous parlons d’un test de dépistage du Covid-19, pas d’un vaccin. Nous sommes un certain nombre à avoir vécu le confinement ces derniers mois, Djokovic compris. A moins d’être un abruti complet (ce qu’il n’est pas), il n’ignore pas qu’une personne potentiellement atteinte ne doit en aucun cas se déplacer.
Djoko n’a pas confiance dans les autorités sanitaires croates ? Admettons. Mais il leur a pourtant fait confiance il y a peu, quand il a répondu aux critiques sur l’organisation de ces exhibitions, en expliquant qu’il avait eu les feux verts des gouvernements serbes et croates, y compris sur l’absence de règles élémentaires de distanciation. Son manque de confiance est à géométrie variable. La remarque est d’ailleurs valable pour sa phobie des vaccins. On ne peut pas, d’une part indiquer qu’on n’entend pas se soumettre à un hypothétique vaccin parce qu’on n’a pas confiance dans les autorités sanitaires, et d’autre part s’abriter derrière les décisions de ces mêmes autorités sanitaires pour justifier l’organisation de cette compétition. Ca s’appelle de l’hypocrisie.
Et enfin, concernant mes allusions à du dopage, je reprends le terme de Sébastien, là je n’ai que des soupçons. En tant qu’organisateur de l’événement, il fuit ses responsabilités devant la difficulté. En ne respectant pas les règles de quarantaine – que ses acolytes non atteints ont eux respectées – il sait qu’il s’expose à un retour de bâton monumental. Il fait pourtant ce choix-là, en sachant que son image publique est écornée sur bien des points. Je me répète, mais soit c’est un abruti complet, soit il risquait bien plus encore en restant sur place. Et c’est là que je deviens franchement soupçonneux.
Rubens, je ne me sens pas obligé d’aimer Djokovic, en fait, je me dis que je devrais un peu apprécier un joueur d’un tel niveau et avec un palmarès monstrueux, qui domine dans le jeu les deux plus grandes stars du tennis. Mais pour les raisons que tu décris très bien, c’est impossible.
Sa bourde avec l’Adria Tour est monumentale et super révélatrice de son envie d’occuper le terrain à tout moment et à n’importe quel prix. Si jamais il gagne un ou deux des Grands Chelems restants de cette année (très possible avec un Roland-Garros dans des conditions d’automne), ce sera vite oublié.
Roland-Garros ayant mis à disposition sur YouTube un certain nombre de matches marquants de ces dernières décennies, j’en ai profité pour regarder la finale de 1984, qu’à l’époque je n’avais pas vue. Un de mes objectifs était de comprendre pourquoi et comment Mac avait perdu ce match que beaucoup jugeaient imperdable – et aussi, de vérifier si le brat new-yorkais avait eu, ou non, un break d’avance dans le 3ème set.
Je vous fais part de mes réflexions ci-après – si vous avez des avis ou explications différents, ils sont bienvenus :
McEnroe survole littéralement les deux premiers sets : il sert bien, volleye remarquablement, fait retour-volée même sur première balle (oh my God !), et réussit tout : on peut vraiment dire qu’ il marche sur l’eau… il mène 6-3 6-2 en à peine plus d’une heure.
3ème set : à 2-2, il obtient 4 balles de break dont 3 consécutives (à 0-40) mais échoue à les convertir. Il joue légèrement moins bien, rate de temps en temps – de peu, mais cela suffit. Et Lendl joue mieux, il serre le jeu, ne lâche rien, s’accroche, frappe plus fort, joue plus long, réussit des retours gagnants…
Immédiatement après ce jeu des occasions manquées pour McEnroe, Lendl fait le break pour mener 4-2. Mais le New-Yorkais se révolte, et recolle à 4-4… pour mieux perdre son service, au pire moment, à 4-5 contre lui.
2 sets à 1 McEnroe : 6-3 6-2 4-6.
Au 4ème set, le numéro un mondial fait le break une première fois, à 1-1, mais le perd aussitôt en servant mal.
Il remet ça à 2-2 et confirme avec un très bon jeu de service (où il ne passe pratiquement que des premières) : 4-2. S’il sert bien, il doit donc remporter cette finale !
Mais la poisse lui colle aux basques : mauvais jeu de service à nouveau à 4-3, peu de premières, quelques fautes « bêtes » (à ce niveau et à ce moment), des balles sortant de peu… débreak Lendl : 4-4. Pourtant Mac a eu une balle de 5-3 : il a donc été à 5 points du match…
Sur la 2ème partie du match, la frustration de McEnroe ressort régulièrement, et de plus en plus : il sent le match à sa portée, il a eu 2 fois un break d’avance dans le 4ème set, il suffisait de bien servir pour aller au bout… et quand il veut breaker Lendl, il fait une faute par ci par là, juste ce qu’il faut pour que Lendl s’en sorte… rageant. À ce stade du match, cela ne me semble pas vraiment être un problème de fatigue physique, comme l’ont suggéré certains – les échanges ne sont en général pas très longs, et Mac ne semble pas souffrir. C’est surtout la frustration de rater les occasions, alliée à l’attitude de Lendl, qui ne lâche jamais rien, même dominé, même au bord du gouffre. Dans la tête, le Tchèque aura été exemplaire. On sent que perdu pour perdu, il lâche ses coups, il joue le tout pour le tout : il est clairement moins fébrile que l’Américain, qui DEVAIT remporter cette finale : avant le match parce qu’il était numéro un mondial et restait sur plus de 40 victoires consécutives, pendant le match qu’il a tant dominé jusqu’au milieu du 3ème set et jusqu’à 4-2 dans le 4ème. Car – là c’est le fan qui parle – quel talent ! Prise de balle ultra-précoce, de façon peu orthodoxe parfois (en reculant…), tantôt coupé, tantôt lifté, balle remarquablement placée dès qu’il a l’initiative, dans les coins, près des lignes… cette prise de balle très tôt, presque en demi-volée, alliée à ce sens de la géométrie du court, font qu’il se procure des balles faciles à volleyer ; et même quand la balle n’est pas facile à volleyer, Lendl étant un redoutable défenseur-contreur, il fait des prodiges au filet, se détendant comme un félin, réussissant des volées improbables mais ô combien efficaces du bout de la raquette.
En face, un Lendl très bon pour lober également : c’est d’ailleurs sur un lob gagnant qu’il remporte le 4ème set, sur un jeu où Mac ne sert encore une fois pas bien (« one out of fifty ! » s’écrie-t-il après un énième premier service out, peu avant de perdre ce set).
6-3 6-2 4-6 5-7 en 2h59…
Au 5ème set, le combat est âpre ; aucun des joueurs ne lâche son service jusqu’à 5 jeux partout. Lendl a le grand avantage de servir le premier – comme d’ailleurs aux 3ème et 4ème sets… depuis le 2ème set, en fait. Et le riant Tchèque va en profiter, en lâchant ses coups, à commencer par ses retours. Une dernière volée de McEnroe qui s’échappe et Lendl peut lever les bras au ciel !
Le match aura duré 4h07, dont 3 bonnes heures pour les 3 derniers sets, ce qui montre à quel point ces 3 sets ont été disputés.
Un McEnroe un peu moins saignant – et trop souvent frustré – , un Lendl jouant son meilleur tennis et profitant du fait de servir en premier pour s’adjuger les 3ème, 4ème et 5ème sets, voilà comment McEnroe a perdu un match que beaucoup pensaient imperdable, à la fin du 2ème set. L’Américain n’aura jamais été à moins de 5 points du match.
Une chose qui m’a un peu surpris a été de constater que le croque-mort d’Ostrava avait beaucoup de supporters dans le stade, peut-être même plus que McEnroe…
Dis donc ça a l’air passionnant ce match. Tu m’as donné envie de le voir. Pour l’instant mon panthéon perso des matchs sur terre battue, c’est le Federer – Djokovic de 2011 à Roland-Garros et le Wawrinka – Djokovic de 2015.
Par contre « le croque-mort d’Ostrava avait beaucoup de supporters dans le stade, peut-être même plus que McEnroe » je ne peux pas le croire.
Heureusement pour toi qu’Antoine ne vient plus sur ce site
Plus sérieusement, je peux imaginer que le public parisien valorise plus un joueur dont le jeu est plus profilé terre battue. Et le charisme d’un McEnroe devait être très relatif.
« Dans la tête, le Tchèque aura été exemplaire. »
Merci Paulo de ce coming out épistolaire. Venant d’un supporter de Mac je salue cet effort.
Mes souvenirs sont plus lointains que toi, mais en gros on a vu le même match. J’ajouterais qu’à partir du troisième set Mac a servi sur le revers de Lendl de manière un peu trop systématique, et le Tchèque a commencé à régler la mire en retour.
Sur la fatigue, par contre, on n’a pas le même souvenir. McEnroe commence à reprendre son souffle entre les points à partir du troisième set. Au quatrième, il baisse la tête. Et au cinquième il est sur les rotules. Ce qui explique d’ailleurs ce que je disais plus haut sur son service. La fatigue venant, il a vu son pourcentage de premières chuter, et il a eu tendance à se recentrer sur ses fondamentaux, les fondamentaux du gaucher, servir sur le revers du droitier en s’aidant de l’effet vers la droite.
Et pour finir sur la fatigue, peu-être est-il important de préciser qu’Ivan était complètement rincé lui aussi à la fin du match. L’absence de break jusqu’à 6/5 me semble témoigner de la fatigue des deux relanceurs. Mais la tronche de Lendl à la fin du match en dit long sur la violence de l’effort qu’il avait fourni.
Et en effet, le public a salué sa remontée et son exploit. Rien d’exagéré, c’était Lendl tout de même, mais il convenait de saluer sa performance.
Il ne faut pas toujours prendre ce que je dis au premier degré, Rubens. Je peux me moquer, ou même critiquer un joueur, parfois durement, et lui trouver quand même quelques bons côtés. Et quand je charrie, j’en rajoute toujours
Comme pour Djokovic dont il est beaucoup question ces jours-ci : je n’aime globalement pas son jeu, que je trouve monotone, je n’aime pas son désir démesuré d’être aimé du public, je n’aime pas certaines de ses attitudes, je déteste la déclaration qu’ont faite ses parents au sujet de Federer – jamais on ne verrait les parents de Roger, ou de Nadal, ou de beaucoup d’autres joueurs, faire la même chose à propos de Djokovic… du reste, il doit se démarquer des propos de ses parents, sinon cela signifie qu’il approuve – ; et pourtant, je suis capable d’apprécier certains côtés du joueur : au plan du jeu strict, son revers est quand même remarquable, son service aussi. Et il y a quelques jours, revoyant des extraits du Djoko-Fed de 2011 à RG, j’ai remarqué que par deux fois, très discrètement (pas plus d’une seconde) il a soit levé le pouce soit applaudi suite à un coup gagnant du Suisse ; c’était tellement discret que je ne crois pas une seconde que ce soit joué, au contraire de certains (toi peut-être, je ne sais plus).
Le lieu n’est pas à la dissertation philosophique, mais je crois qu’hormis quelques rares exceptions, personne (joueurs de tennis de haut niveau compris) n’est tout blanc ou tout noir.
Pour en revenir à Lendl, oui il a bien réglé la mire en retour de revers. (je n’ai pas fait attention si Mac avait tendance à servir plus systématiquement de ce côté plus le match avançait) D’une façon générale, il y a une pureté technique dans son revers qui n’est pas désagréable. En coup droit aussi, évidemment il était redoutable. Un déplacement impeccable lui permettait de faire très peu de fautes.
Sur la fatigue des joueurs : Lendl était en nage (pauvre coiffure !), et Mac ne transpirait pour ainsi dire pas : cheveux secs, à peine quelques mini-gouttes de sueur sur le front, c’est tout. À aucun moment on ne le voit s’arrêter, ou pire, s’asseoir, pour reprendre son souffle. C’est pourquoi je pense que si la fatigue a joué, c’est vraiment à la marge. Mac me semblait très bien, physiquement. Peut-être n’aimait-il pas la chaleur ? Peut-être a-t-il même surjoué au cours des 2 premiers sets ? Peut-être, mais un peu seulement. ce qui est évident et saute aux yeux, c’est que l’Américain était très frustré : je n’ai pas souvenir de l’avoir vu si souvent pester – après lui-même le plus souvent, une ou deux fois sur l’arbitrage ; quand un match se déroulait bien, il lui arrivait évidemment de pester, mais seulement une ou deux fois. Alors que pendant cette finale… on ne compte plus les fois.
Je pense aussi que Lendl était un peu tétanisé en début de match, par l’enjeu bien sûr (1er GC) mais aussi parce que Mac jouait si bien. Quand il a réussi à se libérer, il a mieux joué, plus long, plus fort, et « juste » sur chaque frappe. À cet égard, je crois que le 5ème jeu du 3ème set, où il sauve 4 balles de break, est un tournant : il fait le break juste derrière, et refait le break à 5-4 pour lui. La dynamique du match avait changé.
Sur le public en faveur de Lendl, je n’ai pas vraiment d’explication – hormis un contingent de Tchèques dépêché par le ministère des sports de Tchécoslovaquie…
Mac était très populaire à Roland, en témoigne la bronca en sa faveur que déclencha une décision d’arbitrage litigieuse quelques années plus tard (1988 je crois).
Je n’ai pas souvenir de gens qui appréciaient Lendl, à l’époque. Son jeu était considéré soporifique comme celui de Djoko aujourd’hui, et son caractère, n’en parlons pas : une tête d’enterrement quelle que soit la circonstance.
Tiens, au sujet du public parisien, je suis tombé récemment là-dessus : https://www.youtube.com/watch?v=lqSePOeeDyE
Comme quoi ils sont capables de tout…
C’est vrai que le public parisien (Bercy hum hum aussi) a cette réputation d’avoir des réactions parfois, disons étranges…
Sinon, je note le ‘Courié’ du journaliste à propos d’un double vainqueur du tournoi… comme quoi.
Et sinon pour le match de 88 il faut quand même rappeler que Mac n’était plus le même joueur, incapable en tout cas de jouer les tout premiers rôles. Et aussi qu’entretemps il s’était tout de même assagi. Le regard que le public posait sur lui n’était plus le même qu’en 84, il y avait sans doute un brin de nostalgie, quelque chose comme « dépêchons-nous de profiter de ce tennis, ça aura bientôt disparu… »
Je regrette qu’on ne trouve pas de stats sur ce match McEnroe-Lendl, ni sur le site de l’ATP, ni sur le site matchstat.com qui semble ne plus fonctionner. Ne serait-ce que pour vérifier que le % de premières de Mac a chuté à partir du 3ème set. Si c’est le cas, tu vas peut-être me dire que c’est lié à la fatigue. Possible, mais c’est peut-être lié au fait que Lendl retournait mieux (donc il voulait en mettre plus). Du reste, que Mac craque par 3 fois dans le money time des sets 3, 4 et 5 montre que psychologiquement, il y avait une petite faille.
J’avais vu ce match en direct à la télé mais j’étais en pleine révision du bac, donc ça a été en pointillés, hélas. Je revenais vers la télé à chaque fin de set. Ce match m’a évidemment marqué, comme tous ceux qui l’ont vu.
A l’époque, j’étais à fond pour Lendl, comme beaucoup de spectateurs et de téléspectateurs. Non pas par goût de Lendl ou de son jeu, évidemment : Lendl, tout le monde s’en foutait ! Mais pour deux raisons : (1) La plupart des gens (moi y compris) détestaient McEnroe, du fait de son attitude insupportable sur le court; (2) Lendl était le challenger, l’underdog, loin, très loin derrière l’ultra-favori McEnroe (certes BigMac n’avait jamais gagné à Roland… Mais Lendl non plus! Et Lendl n’avait d’ailleurs jamais gagné le moindre GC, contre déjà un paquet pour Mac).
Enfin dans mon cas perso il y avait une part de vengeance bassement chauvine : voir McEnroe perdre sur terre battue, c’était une revanche de la défaite de Noah en finale de la Coupe Davis 1982, je souhaitais donc que l’affreux Lendl réussisse là où notre Yann national avait échoué. C’est bas, je le reconnais.
Je n’ai pas le souvenir que tout le monde détestait McEnroe ; cela dit, l’échantillon d’amateurs de tennis autour de moi était limité, donc… j’ai tendance à penser qu’on n’aime pas un joueur quand il déboule comme un chien dans un jeu de quilles et vient faire des misères au(x) joueur(s) qu’on aime. Un de mes copains adulait Connors et détestait logiquement Mac : la raison était simple à comprendre, même cachée derrière le prétexte du mauvais caractère de Mac (car Connors, de ce point de vue, hein !)…
Même si aujourd’hui je peux tiquer en voyant McEnroe en faire trop, à l’époque j’étais complètement imperméable à cet aspect : son jeu d’extra-terrestre, si offensif, si spectaculaire, si efficace emportait tout le reste.
C’est parce que tu es un rebelle dans l’âme Paulo.
Alors que moi je suis un conformiste
Ceci dit je n’ai pas écrit « tout le monde détestait McEnroe » mais « la plupart des gens ». Autour de moi c’était le cas, Mac avait quelques rares thuriféraires, mais surtout beaucoup de contempteurs du fait de sa tête de lard et de ses colères légendaires. Ça prend du temps, pour apprécier le génie d’un tel asshole. J’y suis venu avec McEnroe, mais jamais avec Connors qui pour moi est éternellement resté un franc connard.
Tout pareil Colin, je cosigne !
avec le France/Allemagne de Séville, cette finale restera un de mes plus grands traumatismes de fan. Et pourtant… mon dieu qu’il marchait sur l’eau dans les 2 premiers sets… avait-on déjà vu un joueur monter à la volée sur les services adverses avec une telle efficacité ???
Ce match est fantastique. Je l’ai vu en direct puis revu, puis rerevu. Je ne m’en lasse pas. Ah oui, j’etais fan de Lendl a l’epoque, et ca doit etre encore l’un de mes plus beaux souvenirs tennistiques a ce jour.
Tennistiquement le niveau est invraissemblable. Et des le debut, car en realite Lendl n’est pas du tout tetanise en debut de match. Il joue bien. il sert bien (> 70% de premiere balle au 1er set), retourne presque tout et il joue long et fort. Sauf qu’a ce moment la, Mac fait des trucs irreels. Chip & Charge sur les premieres balles (et sur TB..), il joue en demi volee a l’interieur du court, et au filet reussit des coups incroyables. Jamais personne n’a joue comme ca sur terre battue, ni avant ni apres.
En realite, Lendl n’a pas grand chose a se reprocher sur les 2
premiers sets. Son grand merite, c’est qu’il est reste constant. Il n’a pas balance, il a continuer a bien joue. Et des que Mac a un tout petit peu flechi, ca s’est equilibre. Un peu comme un Nadal a qui federer peut mettre un 6/0, mais des le set suivant, a la moindre baisse de regime il le reprendra a la gorge.
Edit:
« Lendl, tout le monde s’en foutait ! (sauf Kristian) »
Possible que Lendl jouait bien aux 1er et 2ème sets. J’avoue que j’ai été tellement scotché par le niveau de Mac, « irréel » comme tu le dis, que j’ai moins fait attention à Lendl. Sans doute aussi que Lendl déjouait un peu à cause justement du niveau de jeu de McEnroe.
« Jamais personne n’a joue comme ca sur terre battue, ni avant ni apres. » : je me suis dit ça aussi… le retour-volée sur premier service (quand en plus c’est Lendl en face, pas Schwartzman), c’est juste incroyable. Sur les secondes aussi, il est souvent un bon mètre à l’intérieur du court pour retourner…
Vous avez vu le docu de Benjamin Rassat, je suppose ? Sinon, lâchez tout ce que vous êtes en train de faire.
https://www.youtube.com/watch?v=-hdFuOBQF4Q&t=2924s
Pierre Barthès y affirme notamment qu’à partir du 3eme, Mac était rincé.
Oui, Barthès était dans les loges du Central, tout près du terrain. Et il a senti que Mac commençait à chercher son souffle à partir du troisième. Il explique même, je crois, que Mac n’avait eu que des matchs rapides et que le temps avait été maussade toute la quinzaine. Alors que le jour de la finale était chaud et sec.
Oui, j’ai vu ce reportage. Pas mal d’erreurs quand même de la part des intervenants. Plusieurs par exemple disent que Mac a eu le break d’avance au 3ème, ce qui est faux. Noah par exemple parle d’une balle de 5-3 pour Mac dans le 3ème et d’un coup droit dans le filet : c’est doublement faux. Il n’y a jamais eu balle de 5-3 dans le 3ème pour la simple raison que c’est Lendl qui a mené 4-3, pas Mac. À 4 partout dans le 3ème, Mac n’a AUCUNE balle de break. Dans le 4ème, Mac mène 4-2 et se fait remonter à 4-4. C’est là qu’il a une balle de break, pour mener 5-4 service à suivre, et il met un revers dehors…
Pareil, Barthes parle de Mac menant 3-1 dans le 3ème… il affirme que Mac n’a pas lâché un set de la quinzaine, ce qui est faux : il en a lâché un contre Higueras, en 1/8ème.
Cela pour dire que les souvenirs, quand on écoute ce reportage et qu’on revoit le match… il y a souvent un abîme entre les deux.
Revoyez le match par vous-mêmes, faites-vous votre propre idée. Sans doute que Mac a un peu accusé la fatigue, mais pas au point de ce que dit Barthes. Il ne traîne pas spécialement entre les services, ni sur sa chaise aux changements, au contraire même, souvent. Rien à voir avec ce qu’on voit aujourd’hui ! Il souffle bien une fois ou deux, mais ses cheveux sont secs. Que dire de Lendl ? Il n’aurait pas souffert de la chaleur ? Alors que sa tête était celle de quelqu’un sortant de la douche ?
Sans doute que la fatigue physique a un peu joué, mais elle n’explique pas tout, loin de là. La frustration de Mac durant toute la 2ème moitié du match est bien plus évidente. À un moment il s’écrie même (à son propre endroit) : « God damn you ! » après un coup raté.
Figure-toi que je me suis remis à l’ouvrage sur ce match, je viens de revoir les trois premiers sets.
Pour la fatigue de Lendl, reprends le fil, c’est moi qui l’ai évoquée en premier. Ce n’est pas moi qu’il faut convaincre !
Trois choses m’ont frappé en le revoyant :
– les séquences de McEnroe au service dans la diagonale des avantages. Service extérieur, Lendl complètement déporté sur sa gauche, le terrain est totalement ouvert pour poser la volée. Il l’a torturé avec ça. Mais ce que je trouve hallucinant, c’est qu’on a l’impression qu’il a le temps de prendre le thé avant d’ajuster la volée.
– la domination de Mac n’est pas si énorme dans les deux premiers sets. Pour le dire autrement, il n’a pas fallu grand chose pour que Lendl fasse tourner le match. Je ne sais plus où j’avais lu que sur terre battue tu peux perdre 6/2 6/2 un match assez serré, alors que sur gazon ou en indoor tu peux perdre 6/4 7/6 un match où tu auras été totalement à la rue en réalité. La différence de niveau de Mac entre le deuxième et le troisième n’est pas énorme, mais ça a suffi.
– Enfin, la fameuse fatigue de Mac… Au troisième set, le match tourne parce que 30% de ses coups sont des fautes, alors que c’était 20% dans les deux premiers sets, sachant que son jeu comporte des prises de risques énormes. C’est une différence à peine visible. Mais les fautes supplémentaires qu’il commet, c’est parce qu’il est un peu en retard sur la balle.
Je sais bien que Barthès & Co ont dit beaucoup de conneries dans le reportage, mais quand Barthès sent que le match tourne au troisième set, je suis d’accord avec lui. La non-transpiration de Mac ne veut rien dire, les seules fois où je l’ai vu transpirer c’est à l’US, lors des soirées « été indien » avec un taux d’humidité très élevé.
Alors après, la fatigue de Mac n’explique pas tout. Mais si j’insiste là-dessus, c’est en réaction à une vue de l’esprit générale sur ce match, romantique à souhait, qui voudrait qu’une malédiction ait frappé McEnroe au moment où il était sur le point de gagner. Je n’ai pas vu, ou lu, grand monde s’attarder sur les raisons REELLES de la défaite de McEnroe. Elles existent pourtant, comme pour toute défaite. J’avance la fatigue de Mac, qui commence à être en retard sur quelques balles au troisième, encore plus au quatrième et encore plus au cinquième. Et aussi, et surtout, Lendl qui commence à ajuster le tir en retours de service et qui commence à breaker Mac au troisième, ce qui change évidemment tout.
Mais déjà, posons ici que Lendl a réussi un exploit herculéen ce jour-là, qu’il n’a pas volé sa victoire et qu’il a eu le soutien du public. Ce sera déjà un grand progrès par rapport à toutes les couillonnades de Bahrami, Leconte, Dominguez et autres.
Oui, oui, oui. L’exploit de Lendl est enorme. Surtout si on se souvient du contexte : Lendl en 84, c’etait le serial loser. Il venait de perdre 4 finales de GC consecutives. Il battait tous les meilleurs mais en finales de GC il n’y arrivait pas. « Jamais le dimanche » disait on de lui. Mentalement il n’y etait pas : il craquait. Avec en point d’orgue une honteuse finale de l’US Open 83 ou il se liquefie face a Connors qui joue sur une jambe.
Bref, pour la premiere fois il entre sur le court en finale en se disant qu’il ne va rien lacher. Et il ne lache rien. Il se fait marcher dessus pendant 2 sets, mais il est toujours la, il attend sa chance. On le voit dans la premiere moitie du match changer regulierement sa position en retour de service : il avance, il recule, il avance, il recule. Il cherche le bon calibrage pour essayer de gener Mac et il finit par y arriver. N’importe lequel des 3 derniers sets aurait pu tourner a l’avantage de Mac, mais ce jour la c’est Lendl qui saisit toutes ses chances. Bravo a lui.
C’est un exploit que j’avais d’ailleurs célébré ici: http://www.15-lovetennis.com/?p=15835
@ Rubens : certainement que Lendl n’a pas volé sa victoire !
Sur les raisons, c’est un peu de tout ça je pense. Sûr que la fatigue joue un peu – mais ce n’est pas la seule raison – plus un Lendl plus incisif et précis, plus une frustration – c’est cette frustration, à la limite du fatalisme voire du désespoir par moments qui me frappe le plus, en voyant ce match – de Mac qui clairement le dessert.
Oui, Mac aurait pu remporter ce match, et je crois qu’il aurait dû le remporter, dans le même sens que Fed aurait dû l’emporter face à Djoko à Wimbledon l’an dernier. Mac avait le break dans le 4ème, puis une balle de break à 4-4… et Fed, pire : 2 balles de match sur son service. Leurs adversaires respectifs ont eu le mérite de s’accrocher, d’y croire encore, et ont fini par gagner : c’est la cruauté et la beauté de ce sport, selon le côté où on se place.
Il y a eu une finale à Wim l’an dernier ?
https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Jean-francois-caujolle-djokovic-est-a-la-limite-du-gourou/1146084
Commentaire intéressant de Caujolle à propos de Djokovic, qui a des dérives sectaires assez nettes. Plutôt d’accord avec le contenu sur les non-conséquences pour l’ATP mais beaucoup plus pour Djokovic. Un autre son de cloche à propos de Kyrgios à noter également.
Magnifique éclairage en effet. Je n’ai pas eu, comme Caujolle, le courage de me taper les directs du Djoker sur Instagram, mais apparemment ça planait en orbite fixe. Et bel hommage aussi à Kyrgios, justifié aussi.
Et bon courage enfin aux contaminés de l’Adria Tour, à commencer par la femme de Troicki, enceinte. Le joueurs et les entraineurs, Djoko compris évidemment. Et aussi les jeunes et les moins jeunes contaminés par la faute de leur légèreté.
A la vitesse où les événements se précipitent, je crois que nous changeons de registre. Aucune analyse de texte ne sera assez rapide pour suivre le rythme choisi par le Djoker pour se faire un harakiri médiatique.
Mea culpa, je n’avais évoqué l’hypothèse de l’abruti total que pour l’écarter d’un revers de main. Mais là ça atteint des profondeurs abyssales.
Allez Nole, avoue, tout ceci est une série improvisée, avec toi dans le rôle principal de l’homme politique, ton père dans le rôle de son conseiller en communication, Dimitrov dans le rôle de l’allié sacrifié sur l’autel de la cause et Kyrgios qui fait la voix off pour que le public arrive à suivre ?
Ou alors, j’ai deux répliques du cinéma (encore de la fiction !) qui pourraient décrire la situation :
1. Le dîner de cons
– Mais il est hors concours celui-là !
– C’est comme ça depuis une heure, ça n’arrête pas !
2. L’armée des douze singes
– Bon, maintenant ça suffit Jeffrey. Tu vas l’avoir ta piqure, je t’aurai prévenu !
Tiens, en me baladant sur les stats de l’ATP, j’ai constaté que le ratio victoire/défaite contre le Top 10 se corrélait particulièrement bien avec la place des légendes au sein du jeu:
https://www.atptour.com/en/performance-zone/win-loss-index/career/vstop10/all/
- Borg est le numéro 1 avec 72% de victoire qui est hallucinant.
- Seuls 12 joueurs ont un ratio positif. Il y a un biais négatifs envers les joueurs du début de l’ère Open où le classement devait certainement moins refléter les forces en présence (seulement 51% pour Connors par ex) mais au sein même de ce cénacle il y a une rupture entre les 7 premiers, tous au-delà de 63%) et Mc qui prend 5 pts dans la figure.
- Becker est un intrus en tant que n°3 mais finalement raccord avec son caractère d’outsider qui n’aime rien d’autre qu’occire le dragon.
- Evidemment, plus les joueurs ont été forts, plus le nombre de matchs contre des Top 10 est elevé, sous cet aspect, c’est effectivement Djoko qui se détache avec un ratio nettement plus élevé de tels matchs que Nadal.
Initialement je voulais savoir quels étaient les ratios contre les Top 1, puis 3, puis 5 puis 10 mais je n’ai trouvé ces informations facilement. Je ne serais pas si surpris que quasiment personne a un ratio positif dans un match contre un Top 1 et intuitivement, je dirai que même Djoko serait au max à 40% sur cet aspect.
Borg a une carrière très courte, et à l’extrême opposé on a Connors qui a une carrière très longue. La différence vient en partie de là, la 2ème partie de carrière de Connors étant une période où il joue les outsiders, au maximum. Borg quant à lui part au faîte de sa gloire.
Becker n’est pas tant que ça une anomalie : 6 Grands Chelems et 3 Masters, quand même. Ses blessures ont plombé sa régularité, sinon il aurait été numéro un bien plus longtemps.
Sur le ratio nombre de victoires/nombre de matches total, Nadal est juste devant Djoko, mais ce dernier ayant rencontré des top 10 plus souvent (28% contre 22%), on peut supposer sans grand risque de se tromper qu’il a disputé des tournois en moyenne plus relevés, où la proba de rencontrer des top 10 est plus grande (type GC, Masters 1000 notamment), donc je dirais que c’est le Serbe qui a le meilleur ratio global…
Je suis d’accord sur le biais de la carrière pour Borg. Pour Connors, je trouve son chiffre particulièrement bas comparé à Lendl qui a lui aussi joué les prolongations en étant anonyme vers la fin.
Becker a eu une immense carrière et ce n’est pas pour rien que c’était le plus grand sportif européen de son époque devant Schumacher ou Ballesteros, pour autant il est particulièrement bien entouré par des joueurs encore supérieurs.
Nous sommes entièrement d’accord sur le dernier paragraphe qui explicite très bien mon point: Djokovic a joué une plus grande partie de ses matchs contre des Top 10 que Nadal ou Fed et en a remporté plus.
Tout de même: seuls 12 joueurs ont un ratio positif contre le Top 10, c’est pour moi le chiffre le plus impressionnant.
Connors joue (significativement : 32 matches) jusqu’en 1992, soit l’année de ses 40 ans. Et encore, il dispute encore des matches les années suivantes, jusqu’en 96 ! (17 matches en 4 ans)
Lendl s’arrête à 34 ans 1/2. Cela fait 5 ans 1/2 d’écart entre eux si on considère que Connors s’arrête en 92. Ça plombe quand même un peu les stats…
Il y a autre chose pour Connors : à un moment il jouait quasi-exclusivement aux USA, des tournois pas forcément relevés. En fait plus on avance dans le temps et plus les joueurs ont tendance à jouer des tournois relevés – sans doute l’effet de règles de plus en plus contraignantes (8 Masters1000 et 5 ATP500 actuellement en plus des GC, sauf erreur)…
Dans le chapitre matches d’anthologie, je n’avais pas remarqué que le Isner-Mahut de 2010 était disponible en intégralité (durée 11h21) sur la chaîne YouTube de Wimbledon, depuis mars dernier.
https://www.youtube.com/watch?v=TyGO0RU7aVk
Comme le fait remarquer un internaute : Well this will kill a day of quarantine.
On trouve aussi ce résumé original – et marrant, comme quand le tableau d’affichage reste bloqué à 47-47 dans le 5ème set – parmi les commentaires :
0:28:44 Mahut double faults to give Isner the break in the first set. Isner to serve for the set at 5*-4
0:32:24 Isner hits a forehand winner to win the first set 6-4
0:39:00 Mahut breaks Isner to go up 2-0 in the second set
1:02:02 Mahut holds serve to win the second set 6-3
1:50:30 Mahut hits a backhand service return winner down the line to win the third set 7-6 (7).
2:55:05 Isner holds serve to win the fourth set 7-6 (3)
2:55:28 Discussion and decision to end the first day of play at 2 sets all 0-0
2:57:26 Day 2 play begins
3:58:30 Mahut’s double fault gives Isner break point (match point #1) at 9*-10
6:09:50 Match becomes the longest match played at Wimbledon at 6h 10m
6:33:46 Match becomes the official longest match ever at 6h 34m
6:40:39 Isner backhand service return winner down the line gives him 2 break points (match points #2 and #3) at 32*-33
8:27:00 The scoreboard remains frozen at 47-47, the highest it was programmed to go to
8:34:54 The commentators realize the scoreboard is frozen
8:40:37 The scoreboard goes dark
8:47:11 With an ace, Mahut levels the 5th set at 50-50
8:49:20 Isner hits a forehand wide to give Mahut 2 breakpoints at 50-50
9:02:48 The 5th set is as long as the previous longest Wimbledon match
9:26:26 The 5th set is as long as the previous longest match ever
9:55:35 Mahut double faults to give Isner break point (match point #4) at 58*-59
9:57:45 Discussion and decision to end the second day of play at 2 sets all 59-59. Exactly 10 hours of play
10:03:13 Day 3 play begins with the scoreboard working again
10:06:40 Isner’s 100th ace of the match
10:22:45 Mahut’s 100th ace of the match (Isner had 104 at the time)
10:34:55 Mahut’s last ace (#103) of the match
11:02:07 Isner’s last ace (#113) of the match. Called his 112th by the commentators but the official stats post-match would later determine that Isner had 113 aces total.
11:08:05 Isner hits a forehand winner to set up break point (match point #5) at 68*-69
11:08:50 Isner hits a backhand passing shot down the line to win the match fifth set 70-68 after 11h 5m of play
11:11:20 Award Ceremony
Bon match !
Enorme match, énormes joueurs. Un monument ce match. Le règlement l’interdisait, mais je me suis demandé ce qui serait arrivé si l’arbitre, à 58/58, avait annoncé que les deux jeux à venir seraient les derniers de la journée quoi qu’il arrive. Parce qu’Isner était clairement le plus épuisé des deux, celui en tout cas qui a le plus mal vécu le report au lendemain. A ce moment-là, je crois qu’il suppliait d’en finir, quoi qu’il arrive.