Alors que six Grands Prix se sont déjà courus (trois sur asphalte et autant sur terre), la hiérarchie mondiale de cette saison 2009 se dessine peu à peu.
Le champion du monde en titre, Rafael Nadal, continue sur sa lancée de 2008 et accentue même sa domination sur les autres cogneurs. Il a ainsi remporté quatre des six Grands prix disputés, ce qui représente une domination équivalente à celle de Jenson Button en Formule 1 mais qui reste inférieure à celle de Sébastien Loeb en WRC. Au manche d’une Babolat AeroPro Drive Cortex, l’Espagnol est, bien sûr, toujours le roi des courses sur terre, ayant par exemple réussi l’exploit inédit de remporter pour la cinquième fois d’affilée le Grand prix de Monte-Carlo. Pour l’empêcher de s’imposer sur cette surface, il faut soit un problème mécanique (comme à Rome l’an passé où une crevaison avait provoqué sa sortie de piste, lors d’un duel face à son compatriote Ferrero) soit un excès de fatigue conjugué à un adversaire en surchauffe, comme à Madrid dimanche dernier. Monté sur des pneumatiques de plus en plus performants (Nike Air Max Breathe Cage II), il s’impose également depuis 2008 comme le leader des courses sur asphalte, remportant désormais près de la moitié des épreuves disputées sur dur. Seul l’indoor semble encore lui résister.
Le quadruple champion du monde 2004-2007, Roger Federer, toujours fidèle à l’écurie Wilson (il pilote cette année une [K]Six-One Tour), s’est vu dépassé par Nadal en 2008, y compris dans le prestigieux cross-country de Londres, son traditionnel jardin. Les observateurs notent qu’il lui manque les quelques millièmes de seconde de temps de réaction qui distinguent le cogneur d’exception qu’il a été, d’un simple membre du « Top 4 ». Les performances de ses pneumatiques Nike Air Zoom Vapor V sont-elles en cause dans cette rétrogradation ? On peut en douter car c’est sur toutes les surfaces que le maître helvète semble maintenant à la peine. La victoire au finish obtenue – contre toute attente – sur la terre madrilène face à Nadal laisse penser que l’altitude du circuit (600m) n’est pas étrangère au fait qu’il ait retrouvé (pour combien de temps ?) la bonne carburation. Mais cette victoire, la première de l’année pour le Suisse, n’en fait pas pour autant le favori pour Paris, loin de là, tant Nadal est à l’aise sur le circuit Roland-Garros, notamment dans la ligne droite des Chatrières où il a pris l’habitude de laisser sur place ses adversaires.
Les deux seuls autres prétendants sérieux au sacre parisien, ainsi qu’au titre mondial en fin d’année, sont d’une part Novak Djokovic, lui aussi chez Head mais au manche d’une Youtek Speed Pro depuis le début de la saison, ce qui lui a causé quelques difficultés d’adaptation, et d’autre part le fantasque cogneur britannique Andy Murray, toujours de l’écurie Head (il pilote avec brio une MicroGEL Radical Mid Plus). Les deux stars montantes du circuit sont montées sur les mêmes pneumatiques de chez Adidas.
L’argentin del Potro semble encore un peu tendre, tandis que son compatriote Nalbandian est désormais plus intéressé par les rallyes que par la Tennis Race.
Signalons la remarquable régularité de l’Espagnol Verdasco qui réalise cette année sa meilleure saison, et de loin, à 25 ans passés : il a terminé pour l’instant tous les Grands prix dans les points. Sa surprenante réussite contraste avec les revers successifs subis par le cogneur français Richard Gasquet, qui n’a pas encore réussi à atteindre la ligne (d’arrivée), et qui ne pourra pas défendre non plus ses chances au grand prix de Paris, disqualifié pour cause d’utilisation d’une coque non conforme.
Après le grand prix de Madrid, qui remplaçait cette année celui de Hambourg (déclassé au rang de simple course régionale), la situation au classement de la Tennis Race est la suivante :
Rappelons que 14 Grands prix sont disputés cette année, dont quatre « super Grands prix » (Melbourne, Paris-outdoor, Londres-outdoor et New-York) qui apportent deux fois plus de points qu’un Grand prix classique, et un « Masters Grand prix » qui clôture l’année. Réservé aux huit meilleurs cogneurs de la saison, celui-ci rapporte 50% de points de plus qu’un Grand prix classique ; il sera disputé cette année à Londres, en indoor comme le veut la tradition.
Tags: Tennis Race
Amusant. Question certainememt debile, mais.. comment tu differencies les demi et quart de finalistes?
Pour les 1/2 finalistes, celui qui a perdu contre le futur vainqueur a droit à 6 points, l’autre 5.
Idem pour les quarts de finaliste, 4 3 2 1 points pour ceux qui ont perdu respectivement contre le vainqueur / finaliste / « 3ème » / « 4ème ».
C’est un peu simplet je le concède mais ça donne quand même une espèce de « distance au vainqueur » pas complètement absurde.
Comme tu t’en doutes peut-être, la « ligne droite des Chatrières » a été rebaptisée depuis 2005 par certains observateurs « l’antre du diable ».
Très original et amusant.
Nadal c’est la mécanique allemande, gros huit cylindres de 5.0L gavé par deux turbos basse pression qui soufflent dès les bas régimes et assurent 78mkg de couple dès 1750tr/min. Il est doté de la transmission intégrale couplée à un contrôle de trajectoire, et est accroché au bitume avec sa suspension pilotée selon trois lois d’amortissement. Une machine tout temps. On rigole rarement à la piloter mais diantre que ça passe vite, longtemps et partout. Implacable.
Fed est doté d’un V10 5.0L hurlant sa race à plus de 8500tr/min, avec allégresse et musicalité. Mais son couple de 51mkg perché à 4200tr/min rend son utilisation pointue. De plus son parti pris pour une simple propulsion arrière et des suspensions classiques à poussoir avec amortisseurs inboard rend le pilotage pointu, demande des qualités de concentration et une finesse qui ne laissent pas la place aux approximations. La migration vers des circuits uniformisés dessinés tous par le même homme (Herr Tilke) n’a pas non-plus aidé l’helvète: aux courbes rapides et toboggans vertigineux de Spa ou Suzuka ou Silverstone, voire l’ancien Monza, on a migré vers des tourniquets insipides et lents qui favorisent les mécaniques bovines gavées de couple aux bas régimes.
La saison s’annonce passionnante et tient ses promesses, mais la cartographie semble pipée d’avance. La conception de la Federer est désormais obsolète. La rigueur germanique (ibère) a eu raison de la virtuosité imparfaite transalpine (helvète).
Il manquait en effet à cet article une description poussée des moteurs et châssis, mais je ne doutais pas que tu allais t’en charger!
J’espère que la mécanique Nadal ne va pas devenir un 4×4 tout terrain…
Mais c’est déjà un 4*4 tout terrain! Il a gagné sur toutes les surfaces! On ne peut pas dire qu’il est archi favori sur dur mais il est le meilleur depuis un an (M1000 + JO + AO). En indoor il n’a jamais été réellement dominateur c’est vrai.
Je voulais dire.. pour le Tennis Race World Championships 2009..
Salut Colin. Je dois t’avouer que j’ai bien rigolé quand j’ai lu ça ce matin, avant de partir.
Et puis je suis content de voir que tu aies réussi à mettre en page ton tableau : tout ce jaune en Une, ça claque bien.
Bon, sinon on continue de lister les forfaits à Roland-Garros : Nalbandian et Gasquet hier, Tursunov aujourd’hui, avant sans doute Davydenko, Monfils et Ancic demain. Du coup, Victor Hanescu sera tête de série !
il ne manque plus que la comparaison avec les pilotes : nadal/alonso, djoko/hamilton, fed/schumi ? à moins que qqu’un ait mieux à proposer ?
si non, c’est une super idée, et on peut se demander si finalemnt le classement ATP n’est pas devenu obsolète dans sa façon d’évaluer les performances… la seule véritable variable est celle des masters series qui sont un peu plus du double en termes de points atp que les grands chelems… si un joueur remportait tous les MS et un autre les 4 GC, avec le classement ATP le premier serait numéro un, à moins que le masters ou un tournoi mineur les départage. Au moins là c’est clair, les meilleurs joueurs sont ceux qui réussissent en gd chelems.
bon, au pire si un jour la race redevenait à la mode coté atp, tu pourrais leur proposer ton évaluation, chiche !
J’avoue que je ne te suis pas miss…
D’abord parce que le SEUL point commun entre mon classement (« WRC & Formula 1 – like ») est le ratio de 2 entre les points attribués à un GC et ceux attribués à un MS. Comme il y a 4 GC et 9 MS dans l’année ça fait donc un ratio de 8 pour 9 en cumul, donc -presque- équivalent.
Ensuite: certes le fait de gagner les 4 GC la même année est le graal tennistique par excellence, jamais atteint depuis Rod Laver. OK mais il me semble que le fait de gagner les 9 MS la même année serait un exploit encore plus phénoménal (quoique moins glamour). La preuve: Si plusieurs joueurs (Connors, Wilander, Federer 3 fois) ont réussi le petit chelem, ce qui équivaut à gagner 75% des GC, en revanche jamais personne n’a réussi à gagner 75% des MS disputés une année (le maximum doit plafonner aux alentours de 50%).
perso, je trouve le classement actuel présente des lacunes doubler les points juste pour avoir des masters series 1000, bof bof… ont aurait pu s’en passer !
la race façon F1 a de la gueule après tout. trouver autre chose serait quand même difficile pour le suivit du classement annuel, mais faire la race pour les tous meilleurs est bcp plus cool que celle choisie précédement. soumet ton idée aux ponte de l’atp, après tout qui sait ?
gagner la moitié des MS est déjà un exploit en soit, donc plus relève de l’utopie, un peu comme le grand chelem de nos jours… fed s’en est approché et ce sera bien difficile de faire mieux que lui. bon week end
Ouarff ! Très bon CMT.
Merci!
UPDATE: Après les courses disputées le week-end dernier, qui ont vu Button confirmer sa suprématie en F1 (victoire au GP de Monaco) et, au contraire, Loeb perdre de sa superbe en WRC (4ème au rally de Sardaigne), les trois leaders sont toujours au coude à coude, mais Loeb recule et Nadal est très légèrement distancé. Qu’on en juge:
F1 : Button 5 victoires sur 6 GP disputés
WRC : Loeb 5 victoires sur 6 rallies disputés
TENNIS RACE : Nadal 4 victoires sur 6 GP disputés (5 sur 7 en comptant double le super-GP de Melbourne)