Le tennis professionnel avant l’ère Open (3/5)

By  | 9 septembre 2009 | Filed under: Histoire

En 1968, les tour­nois du Grand chelem « ouv­rirent » leurs por­tes aux joueurs pro­fes­sion­nels et le ten­nis entra alors dans l’ère que l’on con­tinue à ap­pel­er « Open » pour cette raison. Les joueurs qui étaient passés pro­fes­sion­nels furent alors à nouveau admis dans les prin­cipaux tour­nois dont ils s’étaient eux-mêmes ex­clus en cédant aux sirènes des pro­moteurs du ten­nis dit « pro », par­fois longtemps auparavant. Le ten­nis pro­fes­sion­nel n’est pas, en effet, né dans les années 1960 mais dans les années 1920… Les in­for­ma­tions con­tenues dans l’ouv­rage es­sentiel de Bud Col­lins His­to­ry of Ten­nis : An Aut­horitative En­cyc­lopedia and Re­cord Book per­met­tent de re­constitu­er cette his­toire tumul­tueuse. Tel est l’objet de l’ar­ticle qui suit et dont voici la troisiè­me par­tie.

Par­tie III : Après la guer­re, l’âge d’or

Durant la guer­re…

Durant la Secon­de guer­re mon­diale, il n’y eut de tournées que pen­dant deux ans, en 1941 et en 1942 et, des trois grands tour­nois pros, seul l’US Pro fut dis­puté, sauf en 1944. En 1941, l’une de ces tournées op­posa Budge à Tild­en, qui avait alors 48 ans, et au cours de laquel­le Budge s’im­posa par 51 vic­toires à 7, tan­dis qu’une autre op­posait Alice Marble à Mary Hardwick et où Marble s’im­posa par 17 vic­toires à 3. Alice Marble de­meure à ce jour la joueuse de ten­nis ayant connu la saison la plus bril­lante qui soit, en 1940, puis­qu’alors amateur, elle ne per­dit pas un seul match au cours de la saison tout en re­mpor­tant 83 vic­toires, un re­cord que Mar­tina Nav­ratilova de­vait frôler en 1983 puis­qu’el­le ne per­dit qu’un match cette saison-là. En 1942, Don Budge re­mpor­ta une deuxième tournée au cours d’un « round robin » con­tre Bobby Riggs, Frank Kovacs et Fred Perry (54-18). Durant la guer­re, Budge s’im­posa pour la première fois à l’US Pro en 1940, bat­tant Perry en fin­ale en quat­re sets. Perry re­mpor­ta l’US Pro l’année suivan­te, un tour­noi dis­puté sur terre bat­tue et marqué par les vic­toires in­at­tendues de pro­fes­seurs de ten­nis peu con­nus tels que John Faun­ce, qui l’em­porta con­tre Budge au deuxième tour, Keith Gled­hill qui bat­tit Tild­en au troisiè­me, et Dick Skeen qui par­vint à se hiss­er en fin­ale après avoir battu le champ­ion de 1936 Joe Whal­en, puis Faun­ce.

Après Pearl Har­bour, les Etats-Unis entrèrent à leur tour en guer­re et les tour­nois amateurs et pro­fes­sion­nels péric­litèrent tan­dis que la plupart des joueurs étaient appelés sous les drapeaux. Néan­moins une tournée pro fut or­ganis­ée en 1942 par le pro­moteur Lex Thom­son avec deux nouveaux joueurs : Franck Kovacs et sur­tout Bobby Riggs. Ce de­rni­er fut le meil­leur joueur amateur en 1939, après que Budge soit passé pro­fes­sion­nel. Il re­mpor­ta alors Wimbledon, Forest Hills et at­teint la fin­ale à Roland-Garros. Riggs et Kovacs étaient alors n°1 et n°2 au clas­se­ment de la Fédéra­tion américaine. Ils passèrent pros alors que celle-ci s’apprêtait à les sus­pendre pour avoir ac­cepté des « re­mbour­se­ments de frais » de la part des or­ganisateurs de tour­nois amateurs jugés ex­ces­sifs, une pratique hy­poc­rite qui per­dura jusqu’en 1968.

Le Califor­ni­en Bobby Riggs n’était pas seule­ment un joueur ex­cep­tion­nel qui de­meure le seul à avoir re­mporté les trois tit­res de Wimbledon (sim­ple, doub­le et doub­le mixte) au cours de son uni­que par­ticipa­tion ; il était égale­ment d’un tempéra­ment par­ticuliè­re­ment joueur, pariant sur tout et n’im­porte quoi à lon­gueur de journée. C’est ainsi qu’il s’en­richit alors qu’il était amateur. Bobby Riggs alla en effet trouv­er les book­mak­ers lon­doniens à son arrivée à Wimbledon et décida de pari­er sur sa pro­pre vic­toire. Il co­tait 3 con­tre 1 en sim­ple (il était tête de série numéro 2 derrière Bunny Aus­tin), ob­tint une cote de 6-1 en cas de vic­toire simul­tanée en doub­le, et une cote de 12 con­tre 1 s’il gag­nait égale­ment en doub­le mixte. Il in­ves­tit l’en­semble de ses écon­om­ies, re­mpor­ta les trois tit­res et gagna ainsi 108 000 $, qu’il lais­sa dans une ban­que en at­tendant de pass­er pro, ne désirant pas que l’USTA ait vent de cet ex­ploit : il craig­nait, à juste titre, d’être ex­pulsé des rangs amateurs. La guer­re ayant éclaté, Riggs récupéra son gain seule­ment après celle-ci.

Le lan­ce­ment de la tournée de 1942 eut lieu comme de co­utume au Madison Square Gard­en, le 26 décembre 1941, de­vant « seule­ment » 8 000 spec­tateurs. Kovacs l’em­porta ce soir-là en trois sets con­tre Budge tan­dis que Riggs bat­tait Perry 6-3 4-6 5-4 30-15 ab­an­don, ce de­rni­er se bles­sant au coude, bles­sure qui mit fin à sa carrière peu après. Kovacs se bles­sa égale­ment durant cette tournée marquée par les dif­ficultés du trans­port et celle-ci s’ac­heva rapide­ment au 71e stop, à Palm Spr­ings, le 5 avril 1942. A la fin de celle-ci, Budge menait 15-10 con­tre Riggs, une rivalité qui de­vait re­prendre après la guer­re et con­duire Riggs à sup­plant­er Don Budge. Ce de­rni­er menait 52-18 con­tre ses trois acolytes (Riggs, Perry, Kovacs). Tous furent rapide­ment appelés à ser­vir mais par­vinrent néan­moins à dis­put­er l’US Pro, re­mporté pour la deuxième fois par Budge qui bat­tit sèche­ment Riggs en fin­ale 6-2 6-2 6-2.

En 1943, le seul évène­ment not­able fut l’US Pro, or­ganisé par l’armée américaine qui, en l’échan­ge d’une ad­miss­ion gratuite de ses sol­dats, con­struisit à Fort Knox un stade amovib­le de 11 000 places et ac­corda une bour­se de 2 000 $ aux joueurs. De­vant un pub­lic plus nombreux qu’il ne l’avait jamais été à l’US Pro, Bruce Bar­nes, alors li­eutenant dans la marine, bat­tit en fin­ale le pro­fes­seur de ten­nis John Nog­rady sur le score de 6-1 7-9 7-5 4-6 6-3. L’année suivan­te, il n’y eut ni tour­noi, ni tournée. A 51 ans, Bill Tild­en dis­puta des ex­hibi­tions à trav­ers le pays au pro­fit de la Croix-Rouge ou d’aut­res as­socia­tions d’aides aux vic­times de la guer­re. Au pro­fit d’une cause sembl­able, Donald Budge, alors dans l’Air Force, dis­puta un match con­tre un joueur des Coast Guard qui de­vait rapide­ment faire parl­er de lui une fois le con­flit ter­miné : Jack Kram­er. Budge l’em­porta 7-5 7-5. En 1945, il fut pos­sible d’or­ganis­er l’US Pro alors que le pays était en­core en guer­re. Le tour­noi fut gagné par Welby Van Horn qui bat­tit John Nog­rady en fin­ale du sim­ple, tan­dis que la paire Bill Tild­en – Vin­nie Ric­hards – qui totalisait 94 ans – re­mpor­ta le doub­le. Ils avaient gagné le cham­pion­nat des Etats-Unis en tant qu’amateurs pour la première fois en 1918…

En définitive, il ap­paraît que Donald Budge a pro­bab­le­ment été le meil­leur joueur du monde entre 1938, année de son Grand chelem (en amateur), et la fin de la guer­re. Jusqu’à lui, la tête d’af­fiche qui drainait les spec­tateurs et con­tinua à le faire jus­que pen­dant la guer­re était l’inoxyd­able « Big » Bill Tild­en. Le numéro deux qui de­vait le sup­plant­er im­médiate­ment après la guer­re était Bobby Riggs…

L’as­cendant précaire de Bobby Riggs, rapide­ment détruit par Jack Kram­er …

Au sor­tir de la guer­re, Bobby Riggs prit enfin l’as­cendant sur Don Budge, re­mpor­tant la première tournée durant l’hiver 1946 et le prin­temps 1947, où il s’im­pose de peu 23-21. Mais Riggs bat­tit égale­ment Budge en fin­ale de l’US Pro 6-3 6-1 6-1 en 1946, et récidiva l’année suivan­te, l’em­portant cette fois dif­ficile­ment 3-6 6-3 10-8 4-6 6-3. Il prit égale­ment à nouveau le meil­leur sur Budge en tournée 24-22, ce qui montre que Budge, bien que légère­ment dominé par Riggs, de­meurait en­core par­ticuliè­re­ment compétitif.

Le fait majeur de l’immédiat après guer­re in­ter­vint à la fin du cham­pion­nat des Etats-Unis, en sep­tembre 1947. En effet, l’année précédente, Jack Kram­er gagna à Forest Hills pour la première fois et de­vint par là même numéro un mon­di­al chez les amateurs, un sort qui lui avait été pro­mis de­puis longtemps, en par­ticuli­er par son men­tor Ellsworth Vines. Ser­vice mas­sue, coup droit mas­sue et re­v­ers égale­ment mas­sue de­puis qu’il l’avait per­fec­tionné durant quel­ques mois en Amérique du Sud, Jack était con­sidéré comme une ter­reur. Il avait écrasé Tom Brow­ne en fin­ale de Forest Hills 9-7 6-3 6-0 et, avec Schroed­er, pulvérisé les Australiens en fin­ale de Coupe Davis, récupérant ainsi la Coupe en décembre 1946. En 1947, Jack Kram­er domina tant et si bien le cir­cuit amateur qu’il était con­sidéré comme le meil­leur joueur du monde, pros in­clus. Il fit l’im­passe sur le cham­pion­nat d’Australie et Roland-Garros mais s’alig­na, en sim­ple et en doub­le, à Wimbledon et au cham­pion­nat des Etats-Unis, re­mpor­tant les quat­re tit­res. A Wimbledon, il fût le pre­mi­er champ­ion à re­cevoir la Coupe en short mais frap­pa sur­tout les esprits en pulvérisant ses ad­versaires comme on ne l’avait jamais vu auparavant, ne leur lais­sant que 37 jeux en sept matchs (un re­cord), écrasant Brown en 48 minutes en fin­ale (6-1 6-3 6-2).

Peu avant Forest Hills, Kram­er signa le 3 sep­tembre un contra­t pro avec le pro­moteur Jack Har­ris, s’en­gageant ainsi à dis­put­er une tournée con­tre Bobby Riggs en 1948. Le deal de­vait être main­tenu sec­ret jusqu’à la fin­ale du tour­noi, le 14 sep­tembre. Avec Har­ris dans les tri­bunes et sous la pre­ss­ion im­pérative de gagn­er faute de voir son contra­t com­promis, Kram­er per­dit les deux pre­mi­ers sets avant de se re­ssaisir et de l’em­port­er 4-6 2-6 6-1 6-0 6-3. Cette 41e vic­toire con­sécutive fût la dernière chez les amateurs. Il n’avait perdu qu’un seul match en 1947, con­tre Bill Tal­bert, gagné 8 des 9 tour­nois aux­quels il par­ticipa et 48 des 49 matchs qu’il dis­puta cette année-là. De­puis son re­tour à la vie civile en 1946, Jack Kram­er avait, en tout et pour tout, perdu trois matchs. Il était prêt pour le cir­cuit pro et de­vait rapide­ment démontr­er qu’il était bien le meil­leur. 1947 est ainsi la dernière année ou le meil­leur joueur du monde fût un amateur.

Le 26 décembre 1947, dans une ville para­lys­ée par la plus forte tempête de neige jamais vue à New York, Jack Kram­er fit ses débuts pro­fes­sion­nels au Madison Square Gard­en de­vant 15 114 spec­tateurs. Bobby Riggs l’em­porta ce soir là 6-2 10-8 4-6 6-4 mais Kram­er s’habitua assez rapide­ment aux matchs noc­turnes qui étaient le lot des pros durant les tournées, à la sur­face générale­ment très rapide des sal­les in­door, (souvent du par­quet) et à ses ad­versaires : Bobby Riggs, mais égale­ment « Pancho » Segura et Dinny Pails. Afin de con­tr­er les re­tours de Riggs, qui mon­tait sur pre­sque tous les points, il améliora sa secon­de balle, déliv­rant un ser­vice par­ticuliè­re­ment kické. Arrivés à San Fran­cisco, Riggs et Kram­er étaient à égalité de vic­toires (13-13), puis Kram­er gagna 56 des 63 de­rni­ers matchs, ter­minant la tournée sur le score de 69-20 face à un Riggs de plus en plus démoralisé. Kram­er fut ainsi le de­rni­er amateur à déboulonn­er le « roi des pro » dès sa première tournée. Kram­er em­poc­ha 89 000 $ pour la tournée (en­viron 800 000 $ d’aujourd’hui) et Riggs dut se con­tent­er de 50 000 $. A l’US Pro, Kram­er bat­tit dif­ficile­ment Welby Van Horn en quarts (3-6 16-14 4-6 8-6 6-4) puis, en de­m­ies, un Don Budge déjà âgé mais toujours cap­able de sor­tir un grand match (6-4 8-10 3-6 6-4 6-0). Ce match est con­sidéré comme l’un des plus grands jamais dis­putés. Le len­demain, Kram­er bat­tit Riggs en fin­ale (14-12 6-2 3-6 6-3) de­venant sans con­tes­ta­tion pos­sible le « boss » chez les pros, comme il l’avait été chez les amateurs.

L’hégémonie de « Jack la Ter­reur »…

A la fin de l’année suivan­te, en 1949, Bobby Riggs succéda à Jack Har­ris en tant que pro­moteur. Riggs avait re­mporté l’US Pro peu avant, bat­tant Don Budge en fin­ale (9-7 3-6 6-3 7-5) tan­dis que Jack Kram­er s’était ab­stenu d’y par­ticip­er, préférant at­tendre qu’émerge un nouveau champ­ion amateur auquel il pour­rait être opposé. Kram­er gagna cepen­dant le Wembley Pro en bat­tant Riggs en fin­ale en trois sets, tour­noi qui fût le pre­mi­er Wembley à être or­ganisé de­puis 1939. Ted Schroed­er était le can­didat amateur pre­ssen­ti après sa vic­toire à Wimbledon pour être opposé à Kram­er. Il avait d’ail­leurs signé un contra­t en ce sens, et l’aurait sans doute re­specté s’il l’avait em­porté à Forest Hills, mais chan­gea d’avis avant le tour­noi. Kram­er a d’ail­leurs in­diqué dans ses mémoires qu’il pen­sait qu’au fond de lui Schroed­er désirait per­dre la fin­ale de Forest Hills pour cette raison. Toujours est il que Schroed­er la per­dit ef­fective­ment, Pancho Gon­zalez, alors âgé de 21 ans, s’im­posant pour la deuxième fois con­sécutive à l’oc­cas­ion d’une fin­ale mémor­able qui con­stitue l’un des plus grands com­eback de l’his­toire du Tour­noi (16-18 2-6 6-1 6-2 6-4).

Schroed­er décidant de de­meur­er amateur, la seule opt­ion raisonn­able était le re­crute­ment de Gon­zalez, et Bobby Riggs le fit sign­er un contra­t pour ce qui de­vait être la plus lon­gue tournée jamais dis­put­ée. Pour Gon­zalez, le pari était d’autant plus risqué qu’en cas de défaite, il n’aurait plus l’op­portunité de par­ticip­er à la tournée puis­que celle-ci op­posait nor­male­ment le vain­queur de la tournée précédente à un nouveau chal­leng­er. Frank Park­er et « Pancho » Segura étaient les deux aut­res acolytes de cette tournée qui s’étala d’oc­tobre 1949 à mai 1950. Bien que déjà ex­cel­lent, Gon­zalez était en­core un peu vert pour Jack Kram­er qui s’im­posa 96 matchs à 27. En 1950, plusieurs sur­prises eurent lieu à l’US Pro. En effet, Pancho Segura bat­tit Jack Kram­er en demi-finale (6-4 8-10 1-6 6-4 6-3) tan­dis que dans l’autre demie, Kovacs éli­minait le tenant du titre Bobby Riggs (6-2 6-3 5-7 7-5). En fin­ale, Kovacs dut ab­an­donn­er, vic­time de cram­pes, alors que Segura menait 6-4 1-6 8-6 4-4. Ce fût le pre­mi­er des trois tit­res con­sécutifs de « Pancho » Segura à l’US Pro. A Wembley, Pancho Gon­zalez re­mpor­ta son pre­mi­er grand tour­noi pro­fes­sion­nel, vic­toire qui de­vait être suivie de deux aut­res tit­res con­sécutifs en 1951 et 1952. Aucune nouvel­le re­crue amateur ne se présenta pour défier Jack Kram­er, mais Bobby Riggs monta une tournée de­vant op­pos­er Segura à Kram­er. En tant que « chal­leng­er », Segura était rémunéré $ 1000 par semaine aux­quels s’ajoutaient 5% des re­cet­tes, tan­dis que Kram­er em­poc­hait pour sa part 25%. Kram­er s’im­posa 64-28 mais la tournée fût un échec com­mer­ci­al et il n’y eut pas de tournée en 1952.

En 1951, « Pancho » Segura re­mpor­ta son deuxième US Pro, aux dépends de Pancho Gon­zalez en fin­ale, résul­tat in­ver­se de celui de la fin­ale de Wembley. En 1952, Pancho Segura tri­ompha une troisiè­me fois à l’US Pro, toujours aux dépends de Gon­zalez, mais en cinq sets cette fois, tan­dis qu’à Wembley, Gon­zalez l’em­portait égale­ment pour la troisiè­me fois mais en présence de Jack Kram­er, qu’il bat­tit en fin­ale en cinq sets (3-6 3-6 6-2 6-4 7-5). Première vic­toire sig­nificative de Gon­zalez con­tre celui qui était toujours con­sidéré comme le meil­leur joueur du monde, tout en snobant l’US Pro et, jusque-là, égale­ment le Wembley Pro. Bobby Riggs tenta de re­crut­er Frank Sedgman et Ken McGregor, le pre­mi­er s’étant imposé à Wimbledon, à Forest Hills et sur­tout en fin­ale de la Coupe Davis, tan­dis que le second s’im­posait au cham­pion­nat d’Australie. Riggs préten­dit que Kram­er avait pris sa re­traite et tenta de mont­er la tournée avec les deux précités, Gon­zalez, Segura et lui-même. Gon­zalez voulut chang­er les ter­mes du deal et Riggs lais­sa tomb­er l’af­faire et son ac­tivité de pro­moteur.

Ceci décida Jack Kram­er, qui n’avait nul­le­ment l’in­ten­tion de pre­ndre sa re­traite de joueur, à se lanc­er dans une nouvel­le ac­tivité de pro­moteur, ce qu’il fit avec un succès con­sidér­able jus­que bien après l’avène­ment de l’ère Open, dans lequel il de­vait d’ail­leurs jouer un rôle décisif. Kram­er de­vint ainsi le « pat­ron » du cir­cuit pro jusqu’en 1968. Juste après la fin­ale de la Coupe Davis, il annonça avoir re­cruté Sedgman moyen­nant une garan­tie de 75 000 $. McGregor passa égale­ment pro­fes­sion­nel, avec pour première per­spec­tive de ser­vir d’op­posant à Segura dans la tournée de 1953, dont les matchs prin­cipaux étaient ceux qui de­vaient op­pos­er Kram­er à Sedgman. Ces re­crute­ments déplurent aux Australiens et Kram­er com­men­ça ainsi à avoir une sale réputa­tion dans les in­stan­ces of­ficiel­les. La tournée de 1953 tour­na à l’avan­tage de Kram­er qui s’im­posa 54 à 41 con­tre Sedgman, un score serré sans doute dû aux problèmes d’arthrite au dos qui com­men­çaient à pénalis­er Kram­er, lequel était au moins aussi intéressé par la pro­mo­tion que par le fait de jouer. Com­pte tenu de sa garan­tie et des résul­tats, Sedgman récupéra 102 000 $ de la tournée, la somme la plus élevée jamais at­tein­te par un joueur pro dans une « tournée ». De son côté, Segura prit le meil­leur sur McGregor.

Cette année-là, Frank Sedgman s’im­posa à Wembley en trois sets con­tre Pancho Gon­zalez, ainsi qu’en fin­ale du French Pro, le pre­mi­er de­puis la guer­re, au cours d’une fin­ale en deux sets gag­nants. Mais Pancho Gon­zalez, pour la première fois, tri­ompha à l’US Pro, bat­tant Don Budge en fin­ale en quat­re set : le pre­mi­er titre d’une série sans équivalent de huit co­uron­nes…

Quat­rième par­tie : l’Em­pereur Pancho.

About

Né l'année ou Rod Laver réalise son pre­mi­er grand chelem, suit le cir­cuit de­puis 1974, abuse par­fois de statis­tiques, af­fiche rare­ment ses préfér­ences per­son­nelles, aime les fos­siles et a par­fois la dent un peu dure...

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322 Responses to Le tennis professionnel avant l’ère Open (3/5)

  1. Franck-V 13 septembre 2009 at 18:47

    Nouveau concours de prono:

    à quand la pause kiné? :-)

  2. Jérôme 13 septembre 2009 at 18:53

    juste après le tie-break du 1er set. ;-)

  3. Jérôme 13 septembre 2009 at 18:54

    cf. 2ème balle de débreak pour Nadal.

  4. Franck-V 13 septembre 2009 at 19:06

    6-2 , Un sursis pour Del Potro?

    • Jérôme 13 septembre 2009 at 19:11

      Si Nadal n’est pas capable de frapper un grand coup pour cueillir Delpopo au début du 2ème set et que l’argentin tient aussi la 2ème manche, ça sera plié en 3 sets. La domination physique de Del Potro est patente. Et pourtant, le niveau de jeu n’est pas impressionnant.

      Si le clan Fed suit le match, je suis sûr qu’ils préféreraient voir Nadal plutôt que Delpopo arriver en finale.

  5. Kenny 13 septembre 2009 at 19:12

    trop fort delpo !
    par contre, c’est très drôle, Antoine parlait du déplacement des 1/2 juniors pour « sanctionner » les frenchies… et bien la finale Tomic/Buchanan se tient en ce moment même… à flushing ! tiens tiens…

  6. Marc 13 septembre 2009 at 19:38

    Il joue quand même pas mal, le Delpo, et le jeu de Nadal lui convient bien !

  7. benoît 13 septembre 2009 at 19:53

    Je l’avais déjà remarqué contre Murray. Del Popo a le jeu idéal pour battre les défenseurs. Une régularité impressionnante dans des attaques profondes et très puissantes.

  8. Jérôme 13 septembre 2009 at 19:55

    Précisons que Nadal n’est visiblement pas à son meilleur niveau. Et ce qui convient tout particulièrement à Delpopo, plus que le jeu de Nadal, ce sont ses choix contestables en matière de retour de service. Nadal est 2,50 à 3 mètres derrière la ligne de fond. Pour avoir une chance de renverser le cours du match, il faudrait qu’il bouscule Del Potro en avançant davantage.

  9. Kenny 13 septembre 2009 at 20:00

    ça sent le coup de la « grosse blessure » en conf’ de presse là ;-)

  10. fieldog38 13 septembre 2009 at 20:10

    delpo maitrise bien son sujet pour le moment, d’autant plus qu’il ne semble pas surjoué. Nadal en revanche n’adapte absolument pas son jeu en essayant d’être plus agressif. Au contraire il reste river sur sa ligne de fond, sauf qu’à ce petit jeu là, l’argentin est bien plus puissant que l’espagnol aujourd’hui…

  11. Le Chat de Schrödinger 13 septembre 2009 at 20:17

    Triste…
    Del Potro fait un super match et on dira encore que Nadal est blessé…

  12. Jérôme 13 septembre 2009 at 20:19

    Aucun slice (il faut dire que Nadal en fait rarement, même s’il sait à peu près faire).

    Peu de variations. Sur le dernier point du jeu qui met Del Potro à 3/0, Nadal joue sur l’adversaire, sur son coup droit (!!!) en lui laissant le court grand ouvert. Même Gasquet ou Edberg aurait réussi le coup droit gagnant long de ligne qu’a fait Del Potro.

  13. Franck-V 13 septembre 2009 at 20:33

    On dirait du Juan Martin Tsonga

    • Jérôme 13 septembre 2009 at 20:37

      A un jeu prêt, c’était le même score. Sauf que cette fois, Nadal était physiquement hors du coup.

    • Franck-V 13 septembre 2009 at 20:40

      T’as vu ce que DP a mis?

      Enfin, ça permettra aussi de réviser la 1/2 F de RG contre Fed.

  14. fieldog38 13 septembre 2009 at 20:40

    Propre et sans fioriture ;)
    Belle impression laissée par Del potro et Nadal qui rentre à la maison au stade des 1/2 comme l’an dernier…

  15. karim 13 septembre 2009 at 20:46

    Ce doit être sa plus grosse défaite en GC depuis que Nadal est Nadal. Diminué certes, pas à fond certainement, mais tout de même quel score sec. Et on sent depuis le début de l’année que JMDP a leu jeu pour ne pas subir Nadal comme tant d’autres. S’il reste sur son nuage je le donne vainqueur contre Djoko, mais contre Fed en lévitation ou en tout cas à son tout meilleur, je pense que ça ne passera pas. A voir. Safin 00 ou Sampras 90 ne sont pas loin.

    • Jérôme 13 septembre 2009 at 20:54

      Disons plutôt que si Fed est dans un jour moyen face à ce Del Potro-là (un gars qui était manifestement complètement deshinibé et qui a fini in the zone, encore que c’est normal de faire des retours gagnants sur des services au centre à 150 kms/h), Federer risque fortement de se faire aligner lui aussi.

      Il faut bien voir qu’un match Fed-Delpo n’aurait rien à voir avec cette demi. Federer slicerait à fond, jouerait les changements de rythme et de longueur, obligerait l’argentin à plier les jambes et servirait comme il ne l’habitude. Bref, toutes choses que Nadal n’a pas faites.

      Ajoutons que le prochain match sera une finale et que Del Potro ne nous a pas habitués à bien gérer les plus grosses pressions. Or en la matière, rien ne surpasse une 1ère finale de GC.

    • Kenny 13 septembre 2009 at 21:01

      oui mais il apprend vite le gars là, il ne retombe pas dans le piège de sa 1/2 à RG, et explose Rafael Vidal proprement sans coup férir, il semble bien progresser dans sa caboche !

    • karim 13 septembre 2009 at 21:04

      Moi en tout cas je me méfie comme de la peste de ce gars qui a l’incroyable faculté de combiner puissance énorme et régularité de métronome en frappant à plat! C’est un cocktail assez inédit et on ne le souligne pas assez. Fed joue mieux qu’à RG, mais JMDP aussi.

  16. Le Chat de Schrödinger 13 septembre 2009 at 21:14

    Bien résumé Karim.
    Reste à voir ce que Fed peut produire ce soir. Cela dit je ne donne aucune chance à Nole face au Poulain.
    Fed est infiniment moins puisant que l’Argentin, mais il joue encore plus vite. N’oublions pas que la dernière rencontre sur dur en GC entre les 2 avait tourné à l’humiliation…

    • Jérôme 13 septembre 2009 at 21:20

      Et comme disait Carl Lewis, « sans maîtrise, la puissance n’est rien. » ;-)

  17. Le Chat de Schrödinger 13 septembre 2009 at 21:21

    …cela dit le Poulain a beaucoup progressé et c’est un joueur intéressant à voir évoluer. C’est là qu’on se rend compte que nos mousquetaires s’enfoncent dans la seconde division.

  18. Antoine 13 septembre 2009 at 22:06

    Bon, il n’y avait pas de miracle à attendre et il n’y en a pas eu..Pour que Nadal gagne il aurait fallu que Del porto se fasse avoir comme un bleu après pas mal d’intox. Merci pour lui, il a déjà connu une demie de GC cette année et au bout d’une heure et demie, a fini par comprendre que c’était bon et qu’il pouvait lâcher ses coups parce que l’autre était à la ramasse..

    Résultat, Del Potro a bien joué pendant un set et demi, très bien après..

    De son côté, Nadal n’avait guère de chances puisqu’il n’était pas capable de servir normalement : 170 Km/h en moyenne en premières, 135 en secondes..Il est impossible de gagner un match sur surface rapide contre un type qui sait renvoyer en servant comme celà…Durant un set et demi, les échanges ont été équilibrés, à ceci près qu’il y en avait un qui gagnait quand même un, et plus souvent deux points par jeu sur son service, et l’autre zéro..

    Nadal s’est bien battu contrairement à ce que le score sévère suggère parce qu’il n’a remporté aucune des 5 balles de break qu’il a eu..Le match était plus serré que cela dans les deux premiers sets alors que le score du troisième reflète la partie..

    Cela étant, même si Rafa n’avait pas eu ses pbs d’abdos qui l’handicapaient pour servir, il n’avait guère de chances contre Del Potro à Flushing, et c’est pourquoi avant le début du tournoi, je le donnais perdant contre lui…

    D’abord, physiquement, il est court parce qu’il manque de foncier et s’il avait fallu jouer quatre heures, il n’aurait pas tenu. En fait, il a fait comme Monfils, il a tenu une heure et demi, remporté à l’arrâché un jeu lui permettant de ne pas être mené 5-1 au deuxième, mené 0-30 ensuite (son occasion de combler son break) et puis s’est effondré ensuite…

    Ensuite, parce que son coup droit lifté sur le revers de Del Potro, cela ne marche pas à Flushing compte tenu de la surface, de la taille de Del Potro et de la solidité du revers de l’Argentin..Il s’est fait méchamment sur son coup droit par Del Potro dès que ce dernier a joué croisé et souvent court puisque Nadal était au fond du court..

    Enfin, parce que Del Potro a un bon service extérieur côté avantage..

    Maintenant que cette affaire s’est réglé en deux heures 20 et que la programmation n’a même pas été foutue de faire jouer ensuite les deux autres, il est bien évident, à fortiori si le match devait durer, que le vainqueur de l’autre demie part avec un désavantage considérable contre l’excellent Del Potro qui par ailleurs n’a que 20 ans, un âge ou on récupère vite…surtout quand on gagne, mais cela c’est valable pour tout le monde…

    La Fédération américaine, qui voulait de toute évidence préserver au mieux les chances de Rafa, vient de donner un avantage à Del Potro..

  19. Franck-V 13 septembre 2009 at 23:12

    Hébé, on voit que ça fait 3 jours qu’ils n’ont pas joué ces 2 là …

    • Jérôme 13 septembre 2009 at 23:23

      Et qu’ils étaient aussi probablement tenuds par l’enjeu du début de match. Mais depuis 4/4, le niveau est monté d’1 ou 2 crans.

  20. Jérôme 13 septembre 2009 at 23:33

    7/6 (7/3) pour Fed au 1er set. Et il va avoir l’avantage de servir en 1er au 2ème set. Reste à voir si Djoko accuse le coup ou au contraire s’il se rebiffe.

  21. Alex 13 septembre 2009 at 23:43

    Le premier set est décisif entre les deux en GC en principe,Fed donc !

    Ah oui ,2-2-2 pour l’Argentin,j’avais pas vu le score ! Gros danger pour qui devra le jouer lundi,Del Po saura-t-il gérer la pression d’une première,nous fera-t-il une Djoko-Murray ou une Safin ?

    Qui a battu Rafa et Fed dans un même GC pour l’instant ?

    • Marc 14 septembre 2009 at 00:02

      personne n’a battu Fed et Nadal dans le même tournoi en GC, c’est simple, depuis l’OA 2005 (Safin), Fed et Nadal ont trusté tous les titres de GC, seul Djokovic a gagné un GC avec l’OA en 2008 et il avait battu Federer, mais c’est Tsonga qui avait battu Nadal

    • Alex 14 septembre 2009 at 03:13

      Ce serait un EXPLOIT tout simplement.

      D’ailleurs,toutes catégories confondues,de mémoire je vois que Djoko à les avoir battus tous deux à Montréal 07 + Roddick alors 3è

  22. Jérôme 14 septembre 2009 at 00:17

    C’est précisément maintenant le pire moment pour Djoko pour perdre son service. Car si c’était le cas, Fed servirait le 1er dans le 3ème set. J’ai comme le sentiment que celui qui gagnera ce 2ème set gagnera le match.

  23. Jérôme 14 septembre 2009 at 00:24

    P… ! On le sentait venir.

    Quelle intelligence dans la construction des points et dans la saisie des occasions.

  24. benoît 14 septembre 2009 at 00:25

    Federer a retrouvé cette terrible faculté qui faisait sa grande force lors de sa 1ère ère au poste de n°1 : savoir élever son niveau de jeu dans le money time.

    Il a réussi cela dans les 2 sets, tout en ayant un très bon niveau de jeu auparavant, mais il met encore un peu plus, suffisament pour passer devant. Match de très bonne facture, de la part des deux joueurs, très plaisant à voir !

  25. Marc 14 septembre 2009 at 00:25

    Pas malheureux Fed sur le point avant sa dernière balle de set.
    Djoko joue bien, mais on sens que le Suisse gère et peut accélérer quand il veut dans le money time.
    Djoko semble un fatigué parfois, mais ça joue vite dans les échanges.

  26. fieldog38 14 septembre 2009 at 00:25

    Dur pour Novak quand même qui se bat bien et fait presque jeu égal avec le suisse. Mais les points importants eux sont gagnés par le Fed…

  27. fieldog38 14 septembre 2009 at 01:07

    Excitée mais fort jolie la copine de Nole… ;)

    • Alex 14 septembre 2009 at 01:21

      Ca doit donner à la maison à la voir se dresser avec tant de ferveur !! ;)

  28. Franck-V 14 septembre 2009 at 01:11

    Le point de la mort qui tue à 0-30 et c’est encore sur Nole que ça tombe :-)

  29. fieldog38 14 septembre 2009 at 01:11

    Champagne!

  30. Jérôme 14 septembre 2009 at 01:12

    LE POINT SUR LEQUEL IL SE DONNE 3 BALLES DE MATCH !!!!!!!

    Passing gagnant entre les jambes. C’est le point du tournoi.

  31. Bastien 14 septembre 2009 at 01:13

    Federer IS the shot !

    • fieldog38 14 septembre 2009 at 01:15

      Federer IS tennis!

  32. benoît 14 septembre 2009 at 01:14

    ENORME Ce mec est un géant !

    Bonne chance à Del Popo pour demain, cela va être un beau match ! Espèrons qu’il ne joue pas sa 1ère finale de GC comme Murray et Djoko… En attendant c’est la 7ème finale en GC d’affilée pour le maître. Sa 21ème en carrière…

  33. Bastien 14 septembre 2009 at 01:15

    Sans déconner, il a pas le droit de faire ça. Il faut qu’il laisse croquer un peu les autres !

    (si on veut pinailler, Nole n’est pas très vigilant sur ce coup-là, mais la vitesse de bras et le relâchement sont juste hallucinants)

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