Je propose un petit point sur mon dada, le jeune, avec un petit tour d’horizon des meilleures performances des dernières 52 semaines pour le top 10 des moins de 20 ans du circuit ATP, en ce jour où débute le tournoi de Cincinnati rebaptisé Mason.
1 Denis Shapovalov, 31è (avril 99)
Eclipsé par les récents faits d’armes de son compère Tsitsipas avec qui il bataillait pour la 1è place mondiale en juniors, Denis a été plus discret que lors de l’année précédente, où il débarquait en fanfare sur le grand circuit. N’oublions pas toutefois que dans cette tranche d’une année que je passe à la loupe, se trouve la belle performance de huitièmes de finale à l’USO 2017 : après 3 matchs de qualifications gagnés sans encombres, Denis se débarrassait en succession de Medvedev, Tsonga (alors 8è mondial) et Edmund, avant d’échouer, fourbu et en trois TB perdus, contre le rusé Carreno Busta. A noter aussi sa demi-finale à Delray Beach, où il élimine Karlovic, Donaldson et Fritz avant d’échouer contre Tiafoe, qui s’imposera dans le tournoi. Signalons aussi des débuts encourageants sur terre battue, une surface qu’il apprivoise tout juste, avec sa deuxième demi-finale en M1000 au tournoi de Madrid, où son parcours s’achève encore une fois contre le gagnant, Zverev ; il accroche les scalps de Sandgren, Paire, Raonic et Edmund.
Shapo compte 4 victoires contre le top 20 : Tsonga, à l’USO, Querrey, alors 14è, à Miami, Berdych, 17è, à Rome et enfin Fognini, 14è à Toronto.
2 Alex de Minaur, 43è (février 99)
Le jeune Australien faisait, lui, ses premières armes sur le circuit principal, avec en apothéose sa finale au tournoi 500 de Washington. Avant de perdre contre Zverev, il avait éliminé notamment Chung et Rublev, et profité du forfait de Murray. Pas mal quand on sait qu’il démarre l’année 2018 au-delà de la 200è place ! Il commencé l’année sur des prémices fastes, avec déjà une finale, perdue contre Medvedev à domicile, au tournoi 250 de Sydney (victoires contre Verdasco, Paire et Lopez) ; ce résultat était précédé par une demi à Brisbane.
Alex jouera encore sur le circuit challenger jusqu’en juin, où il enchaîne sur herbe une finale à Surbiton et une victoire à Nottingham. Il avait disputé une autre finale en avril, sur terre cette fois, à Alicante.
Alex compte 10 victoires contre le top 50 (il faut ajouter à celles citées plus haut les têtes de Johnson, Raonic, Dzumhur et Cecchinato).
3 Corentin Moutet, 111è (avril 99)
Un cran en-dessous de ces brillants représentants de la Next Gen, pour l’instant quasi cantonné au circuit secondaire (il joue même trois Futures), un autre gaucher après Shapovalov.
Il joue en enfilade ces Futures, avec deux victoires et une finale.
En challenger, il remporte Brest sur dur, contre Tsitsipas, et atteint la finale à Bastad, disputé sur terre comme le 250.
Il se qualifie dans plusieurs tournois ATP : Barcelone, où Tsitsipas prend sa revanche avant de s’envoler jusqu’en finale, Bastad et Hambourg, où il tombe aussi d’entrée contre Thiem. On peut présumer qu’il est à l’aise sur terre battue…
Dans la tournée sud-am, invité à Quito, il atteint d’ailleurs les quarts de finale.
Il compte 3 victoires contre des top 100 : deux contre Karlovic (en route lui vers la sortie) et donc Tsitsipas, qui y avait juste un pied au challenger de Brest. Il a gagné 90 places depuis….
4 Felix Auger-Aliassime, 114è (août 2000)
Né le même jour que Federer, Felix est le plus précoce de ce top 10 (même si son compatriote Denis a réalisé au même âge des percées sur le circuit principal plus probantes pour l’instant). Certes, il fait de belles premières armes au tournoi de Toronto qui vit exploser Shapovalov en sortant un Pouille (18è) en perdition, mais il cale contre Medvedev quand Denis avait enchaîné Tsonga et le N°1 mondial, le récent vainqueur 2018, Nadal.
Il remporte d’ailleurs un match dans tous les tournois ATP où il est invité (Umag, Gstaad et Toronto), à l’exception de Marseille. Au Master d’Indian Wells, il se qualifie et remporte aussi un match (contre un compatriote, Pospisil, avant de perdre contre un autre, Raonic). Pouille et Pospisil sont ses seules victimes du top 100.
Après Séville fin 2017, Felix remporte un challenger à Lyon, et enchaîne avec une finale à Blois.
5 Casper Ruud, 142è (décembre 98)
Le Norvégien ne fait pas une année de progression, puisqu’il a déjà été 108è.
Ses moments forts sont deux qualifications en grand chelem, à l’AO, où il passe un tour aux dépens de Quentin Halys, et à RG, où il se défait de Jordan Thompson. Invité à Bastad, il fait honneur à sa WC en atteignant les quarts de finale, où il est sorti par Gasquet après s’être imposé contre Ferrer. Outre Ferrer et Thompson, ses victoires contre des top 100 comptent Munar, Copil (faisant honneur à son invitation à Münich) et Sandgren.
A noter aussi des finales aux challengers de Braga et Francavilla Al Mare.
6 Miomir Kecmanović, 196è (août 99)
Le jeune Serbe a gagné une centaine de places depuis un an ; avant essentiellement présent sur le circuit Future, il avait bien réussi sa 1è expérience en challenger (demi-finale sur TB en avril 17) ; en octobre 17, il remporte sur dur à Suzhou son premier titre dans la catégorie. Il refait deux demi-finales : Lyon, où il perd contre Felix Auger-Aliassime, et San Francisco.
Pour ses premières qualifications pour un tournoi ATP, à Houston, il se qualifie mais perd contre Harrison.
Il rencontre encore bien peu de top 100 (une dizaine), et s’impose contre Tiafoe et Thompson.
7 Alexei Popyrin, 206è (août 99)
Malgré son nom, il est Australien et fait partie comme Tsitsipas de la team Mouratoglou. Ce qui lui a bien réussi, puisqu’il était au-delà de la 700è place un an auparavant ! Ce mois-ci, il devait encore passer par les qualifs pour jouer en challenger. C’est d’ailleurs en se qualifiant, soit 8 matchs remportés, qu’il gagne en août le titre à Junan, après un quart à Cherbourg et une demi à Aix en Provence.
A noter aussi une victoire et une finale en Future.
Une victoire contre un top 100, Delbonis à Sydney où il est invité aux qualifs (il sort aussi Mahut).
8 Rudolf Molleker, 252è (octobre 2000)
Premier joueur de la liste plus jeune que FAA, le jeune Allemand fait partie de cette émigration russe si brillante dans la jeune génération ; à l’instar de son compatriote Zverev, il est probable qu’il contribue à redorer le blason du tennis allemand après une éclipse.
Rudolph a lui aussi remporté un challenger, à domicile, à Heilbronn, où il s’impose contre Vesely (71è). 658è mondial un an auparavant, il jouait tout comme Popyrin essentiellement des Futures (deux finales dans l’année).
Il a surpris son monde en faisant honneur à son invitation à Hambourg, où Ferrer lui offre une victoire de grand prestige. Il avait fait de même avec son invitation à Stuttgart, où il bat son compatriote Struff (65è).
9 Jurij Rodionov, 255è (mai 99)
Troisième joueur d’ascendance russe de cette liste d’affilée, Youri est Autrichien ; comme Popyrin, il a gagné un challenger en se qualifiant, à Almaty. Il était 691è il y a un an, où plutôt que de jouer des Futures, il tentait les qualifs de challenger (avec succès, quart à Longborough et Shymkent, demi à Ningbo et Astana) – c’est la méthode Thiem !
Il obtient alors le classement pour disputer les qualifs du tournoi local de Kitzbühel, où il brille en sortant notamment Gulbis avant d’échouer contre son compatriote Novak.
Jordan Thompson est le dévoué top 100 qui lui offre aussi son scalp !
10 Mikael Ymer, 291è (septembre 98)
Le plus jeune des frères suédois d’origine éthiopienne est curieusement le plus âgé de cette liste. Il n’a guère progressé au classement cette année, puisqu’il était 310è. Invité à Bastad, il gagne comme ses copains son match initial contre Istomin avant d’échouer contre Fognini. Il aime les invitations, car il passe un tour au M1000 de Miami en battant Struff.
Il doit toujours jouer les qualifs de challenger, avec comme meilleurs résultats un 1/8è à Rennes et Champaign, un quart à Cherbourg, Pullach et Lyon, une demi à Bastad.
Il bat 4 top 100 dans l’année.
Parmi les sujets évoqués par Djokovic en conférence de presse, il y a… le format en 5 sets. Pour lui, il devrait disparaître totalement. Il affirme même qu’il a toujours été favorable aux 3 sets généralisés. Etrangement, avant qu’il ait 31 ans, je ne l’ai jamais entendu prendre une telle position mais j’ai pu passer à travers quelques-unes de ses interviews… Perso, je trouve d’ailleurs que ce serait une énorme erreur. Autant je suis pour le tie-break dans le 5e sert partout et pas qu’à l’US Open, autant retirer les 5 sets reviendrait à banaliser les GC selon moi qui ne serait plus qu’un « gros » tournoi en 7 tours, chaque tour étant joué un jour sur deux (et c’est ce qui me gêne dans la comparaison avec les femmes… même si les GC sont sans doute plus difficiles à gagner mentalement, d’un point de vue physique, ce n’est pas le cas pour les femmes)
@ Paulo : « cela dit il a disputé plus de matches en 3 sets gagnants : 20 (dont 2 en coupe Davis), contre 16 pour Djoko et 12 pour Roger »
>> Si on regarde en nombre de jeux disputés en 2018 :
>> Nadal : 1 000
>> Djokovic : 1 136
>> Federer : 991
Donc c’est pratiquement la même chose et c’est relativement peu par rapport aux années précédentes
Du coup j’ai regardé le nombre de points qu’ils ont disputés en 2018, ce qui me semble plus réaliste comme comparaison :
- Nadal : 6 125
- Djokovic : 6 215
- Federer : 5 744
Puis j’ai regardé le nombre d’échanges qu’ils ont joués en 2018, ce qui est encore plus réaliste :
- Nadal : 38 483
- Djokovic : 37 278
- Federer : 29 951
Puis j’ai appliqué un coefficient de 1.3 pour les matches disputés par plus de 30°C, notoirement plus exigeants pour l’organisme, ainsi qu’un coefficient de 1.2 (éventuellement cumulatif avec le précédent) pour les matches commencés après 22h (diminution du temps de récupération). Le tout me semble encore plus réaliste :
- Nadal : 44 245.43
- Djokovic : 41 687.88
- Federer : 32 458.04
Je travaille actuellement à l’application d’un coefficient linéaire par morceaux en fonction de la température (plus réaliste qu’un simple x1.3 pour les matches disputés au dessus de 30°C). J’espère avoir terminé mes calculs avant le début de l’US Open. D’ici là ne soyez pas surpris si je n’ai pas le temps de commenter.
Il faut aussi appliquer un coefficient pour le rapport taille-poids du sportif et, bien sûr, usure du corps en fonction du nombre de balles frappées (haut du corps) et de pas effectués (bas du corps) à l’entraînement depuis le début de leur carrière respectivement.
Le tout est à diviser par le coefficient (oeuf) ensuite.
après 22h, diminution du temps de récupération ? sauf que depuis la veille le gars s’est reposé !
sinon un coeff inférieur à 1 pour Nadal qui prend 40 secondes avant chaque point et un coeff supérieur à 1 pour Fed qui rejoue vite entre les points.
Et plus sérieusement, tout ça sert à quoi ? parce que les modèles c’est bien beau, mais il faut savoir quoi en conclure !
Rassure-moi Colin, tu bosses pour l’ATP ?
Une question plus sérieuse : tous ces chiffres, on les trouve où ? (nombre de jeux et d’échanges disputés)
Je suis un peu comme Elmar et Achtungbaby, le nombre d’échanges me semble suffisant.
Il y a des gars qui aiment jouer dans la chaleur (c’est le cas de Nadal), donc un coeff sur la base de la température me semble aléatoire. Pareil pour les matches disputés en night session : tu as moins de temps de récup après, mais tu en as eu plus avant…
Sur le fond, Sebastien a raison en ce sens que Nadal a joué moins qu’à son habitude à la même époque. Il est vrai qu’il a zappé la tournée américaine du printemps, n’a pas joué de tournoi de prépa avant Melbourne ni avant Wimbledon, et vient de zapper Cinci. Cela dit il prend lui aussi de l’âge et cette stratégie est sans doute la bonne : comme Fed, à un degré moindre.
Une autre remarque, Colin : quand je jouais encore au tennis, je trouvais physiquement exigeant de faire service-volée : c’est qu’il faut sprinter vers le filet ! Du coup je n’en faisais pas tant que cela. J’ai depuis entendu un ou deux consultants tennis (récemment) aller dans le même sens : ça pompe de l’énergie.
D’où ma question : quel coeff appliquer à un point joué en service-volée ?
ah oui, je crois qu’il est évident que les courses vers l’avant sont ce qu’il y a de plus dur au tennis.
Ah non, pas d’accord. Faisant partie de ceux qui jouent encore au tennis, j’utilise le service – volee justement quand je n’ai plus les jambes pour tenir l’echange. Ou pour surprendre l’adversaire.
Le mouvement vers l’avant est difficile quand c’est l’adversaire qui le provoque. Sur une amortie. Mais quand c’est toi qui l’initie sur un service-volee, c’est moins dur, d’autant que tu vas adapter ton lancer de balle et ton geste au service pour te propulser vers l’avant.
Vive le deuxième degré (Celsius bien sur)
oui, ça ne peut être que ça, surtout quand on voit les décimales aux chiffres des échanges joués par plus de 30 degrés ! Je suis tombé dans le panneau, je l’avoue.
Warf warf.
J’avais un comm tout prêt pour ce matin, mais hélas je n’ai pas eu le temps de le poster, pris par d’autres activités.
Je ne résiste pas à la tentation de le mettre quand même:
« Oups j’ai trouvé une erreur dans mes calculs, veuillez m’en excuser, pour Djokovic la bonne valeur est:
- Djokovic : 41 678.88 et non 41 687.88
Les plus vigilants d’entre vous auront corrigé d’eux mêmes. »
et le coefficient d’humidité ?
et le coefficient de marée ?
Ca y est, la rumeur a changé de statut : officiel, Lendl s’y colle pour botter le cul de Zverev en GC !
Sinon, il y avait un duel de Garçons Perdus australiens en qualifs de l’USO, c’est 4K qui bat Tomic, 36 60 63…
Il a l’air de revenir grâce à la stratégie challenger, son titre à Aptos lui a fait du bien. Pas sûre malgré tout que la santé suivra, il était forfait pour le 2è tour du tournoi suivant…
Il avait vraiment une stratégie curieuse de programmation cette année :
WC à l’AO, ça se comprend, puis un challenger (demi), puis une série de 5 tournois ATP, que du gros (un 500, trois M1000 et RG), avec du succès pour l’un deux où il passe par les qualifs et sort Fed.
Après RG, un challenger, défaite d’entrée, à nouveau des tournois ATP, Queen’s et Wim, où il perd en finale des qualifs, puis 2 250 plus modestes (défaite au 1er tour du tableau principal).
En gros, il pensait que sur son talent pur, il pouvait revenir de 2 années quasi blanches directement dans le grand bain. Faut dire que c’était passé crème dans sa tentative de retour en 2017, avec une finale pour son 6è tournoi.
Un peu cocky (haha)…
j’ai été surprise de voir 4K dans la liste des gagnants du 1er tour des qualifs, j’étais persuadée qu’il était à nouveau blessé
Excellent article de Laurent Vergne ce matin sur Eurosport.fr, qui aurait pu être titré « Point jeunes (et moins jeunes) français »
https://www.eurosport.fr/tennis/us-open/2018/2018-annee-noire-pour-les-francais-et-ce-n-est-peut-etre-pas-fini_sto6897369/story.shtml
C’est maintenant qu’ils ne sont plus là qu’on réalise que Tsonga, Gasquet, Monfils et Simon étaient un vrai « Big Four » à l’échelle du tennis français (à part la longévité, qui ne semble pas être équivalente à celle de Fed, Nad et Djoko). Après eux, le désert.