Cinquième partie : Flinders Park, épilogue (1988)
L’ITF et Tennis Australia ont conclu un pacte. Les deux parties tiendront leur promesse… à un an d’intervalle. En janvier 1987, Edberg conserve son titre de décembre 1985, à une période – la deuxième quinzaine de janvier – qui n’a plus bougé depuis. Et en janvier 1988, Flinders Park (rebaptisé par la suite Melbourne Park) ouvre ses portes. Le dernier carré constitué de Wilander, Cash, Lendl et Edberg, opère une transition en douceur avec la levée précédente, trois des quatre demi-finalistes de 1987 étant à nouveau au rendez-vous. Mais le monstre que nous connaissons aujourd’hui est le fruit d’une longue construction, dont le prix à payer a été très élevé. Au cours de la période du « bush », l’Open d’Australie a été menacé dans son existence-même en tant que levée du Grand Chelem.
Reste le débat, sans fin, sur la valeur d’un titre à l’Open d’Australie en comparaison avec ses trois voisins d’étage.
Pour les tenants de la tradition du tennis, il n’y a pas photo : un titre down under n’a jamais valu et ne vaudra jamais un titre dans le temple de Wimbledon, qui dès le départ a accueilli tous les meilleurs joueurs du monde. A l’autre bout du spectre, les statistiques de l’ATP ne font aucune distinction entre les quatre levées du Grand Chelem ; Mark Edmondson, Brian Teacher et Johan Kriek sont des vainqueurs du Grand Chelem au même titre que Connors, Borg ou McEnroe. Ma position sera intermédiaire : elle rejettera en bloc les deux énoncés qui ne sont que des positions de principe, et se concentrera sur la difficulté sportive. Notion partiellement subjective évidemment, qui repose néanmoins sur quelques éléments tangibles.
Il n’y a pas de raison de croire que la lutte pour le titre entre les grands champions australiens des années 60-70 soit moins intense à Kooyong qu’ailleurs. Il en est tout autrement lorsque les meilleurs australiens ne sont plus 5 dans le Top 10, mais 7 ou 8 dans le Top 100. Le « championnat national » qu’ont disputé les joueurs australiens d’après-guerre a bel et bien connu un déclin lorsque l’usine Hopman a montré des signes de faiblesse.
C’est le changement de dates, d’abord vers la première quinzaine de décembre, qui a amorcé le renouveau de l’Open d’Australie. Les victoires de Wilander et d’Edberg à Kooyong ne sont pas légitimées rétrospectivement par leur pédigrée en Grand Chelem (qui était vierge pour Edberg, dont l’opus 1985 est le premier titre), elles le sont par la qualité de l’opposition qu’ils ont rencontrée pour aller jusqu’au titre.
On relèvera que sur la période 1983-1987, les deux joueurs dominants qu’étaient Lendl et McEnroe revinrent bredouilles de Kooyong. Dans le cas d’Ivan, ses échecs répétés à Wimbledon accréditent l’hypothèse d’une difficulté spécifique avec le gazon.
Le cas McEnroe est plus énigmatique, mais expliquer sa malédiction à Kooyong par le peu d’intérêt qu’il aurait porté au tournoi (qui donc n’aurait intrinsèquement que peu d’intérêt) ne tient pas la route. D’une part, il est Américain, un voyage vers Melbourne lui coûte, et qu’il vienne sans se sentir concerné semble peu probable. D’autre part, personne n’imagine que sa sortie de route précoce à l’US Open 1983 face à Bill Scanlon soit justifiée par le peu d’intérêt qu’il accordait au tournoi. Quant à sa défaite contre Zivojinovic en décembre 1985, elle ne souligne rien d’autre que le déclin de Mac, déjà amorcé au cours des mois précédents et qui se confirmera quelques semaines plus tard au Masters, autre rendez-vous qu’on peine à considérer comme insignifiant pour lui.
A partir de 1983, l’Open d’Australie est digne de son appellation « Grand Chelem », et une victoire y est aussi difficile qu’ailleurs.
L’histoire du tennis australien est l’histoire d’une contrée éloignée de tout, dont les représentants du haut niveau ont choisi de partir à l’assaut des plus grands tournois du monde, condition sine qua non pour faire exister leur contrée sur la carte du tennis. De leurs voyages aux long cours, ils revenaient avec la Coupe Davis et une fabuleuse moisson de trophées dans leurs bagages, laissant derrière leur passage aux Etats-Unis et en Europe une trace indélébile de champions et de gentlemen. De leur éloignement ils firent une force. Et leur stade de Kooyong, quand ils avaient la chance de s’y produire, leur permettait d’évoluer enfin devant leurs proches. Aucun joueur professionnel d’aujourd’hui n’est contraint de s’éloigner de son cocon pendant huit ou neuf mois d’affilée, et il est difficile d’imaginer l’ampleur des sacrifices consentis par ces jeunes gens. Lorsqu’ils se sont effacés au cours des années 70, il a fallu bien de l’huile de coude pour éviter à l’Australian Open de devenir un tournoi de seconde zone.
Melbourne Park, qui brille de mille feux aujourd’hui, est l’héritage de cette histoire.
Le public de Melbourne, cosmopolite et bigarré, a tout de suite répondu présent à l’événement porté par ce nouveau stade. En tribunes, les supporters rivalisent de déguisements et de maquillages pour afficher leurs couleurs et leurs favoris, dans une ambiance généralement bon enfant – bien que ternie à la marge par quelques bagarres entre supporters affichant un peu trop ostensiblement leurs couleurs nationales ou religieuses.
Sur le plan tennistique, le tournoi dans sa version moderne affiche un bilan plus que prestigieux, avec seulement deux « one-shoters » n’ayant pas été n°1 mondiaux, Petr Korda en 1998 et Thomas Johansson en 2002. Tous les grands champions de ces dernières décennies figurent au palmarès. La singularité du tournoi repose sur son climat (l’été austral affichant des températures variables mais pouvant être extrêmes) et sur sa position, très tôt dans le calendrier. Les joueurs ont le temps de préparer l’Australian Open, alors qu’ils sont parfois en bout de course à Roland Garros ou à l’US Open. Certains y affichent le fruit de leur énorme travail foncier réalisé entre deux saisons, d’autres leur forme étincelante sous les fortes chaleurs. Melbourne a été le théâtre de plusieurs matchs monumentaux, qui sont autant de joyaux de l’histoire récente du tennis :
- Le quart-de-finale de 1995 entre Courier et Sampras
- La demi-finale de 2000 entre Sampras et Agassi
- La demi-finale de 2005 entre Federer et Safin
- La finale de 2012 entre Nadal et Djokovic
- La finale de 2017 entre Federer et Nadal
Le stade de Kooyong, qui accueille aujourd’hui des exhibitions, et (jusqu’à récemment) des rencontres de Coupe Davis, a vu sa capacité réduite de 8500 à 5000 places en 2019. Il n’en est pas moins le cœur historique du tennis australien, et reste le témoin d’un pan entier de la légende du tennis.
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Rien sur Ben Testerman, le dernier des intrus des derniers carrés down under ? J’suis déçu
(j’aurais pas eu grand-chose à ajouter sur lui, je te rassure. Si ce n’est qu’il est une vedette universitaire du Tennessee, ce qui devrait te faire plaisir).
Ton épilogue est parfait. De toute manière, et ce fut souvent l’argument des champions concernés, les absents ont toujours tort. Le reste, le temps passant, n’intéressera qu’une poignée de grands malades sur des supports aux audiences confidentielles J’ajouterai que s’interroger sur la ‘valeur’ de tel ou tel GC mène fatalement à un engrenage infernal : « oui mais il n’y avait pas Machin » ; « oui mais Truc était blessé » ; « et le RG77 de Vilas, qu’en serait-il resté si Borg avait été là » ; « et Djoko aurait-il gagné RG16 si Nadal n’avait pas eu bobo poignet au 3e tour » ; et tant qu’on y est, y-a t-il exploit de Panatta en 76 si RG n’a pas opté, pour la seule année et on ne sait quelle raison, pour des balles Tretorn, notoirement défavorable aux lifteurs… Si on veut bien et avec une dose plus ou moins importante de mauvaise foi, on peut tout remettre en question, tout devenant affaire de curseur
Juste une précision, ne sachant plus si c’est abordé en début de série : Kooyong est au départ l’un des nombreux stades où se dispute l’Open d’Australie. La particularité du GC australien est en effet d’être itinérant, tantôt à Sydney, tantôt à Brisbane, tantôt à Perth… Il se stabilise à Kooyong en 72, jusqu’à 1987. Une période finalement courte, mais désespérément associée aux années sombres de l’OA.
Ce sont ces années-là qui semblent aujourd’hui encore peser de tout leur poids quand Tennis Australia fait tout ce qui est en son pouvoir (et même plus) pour faire participer Djokovic à leur tournoi en dépit des règles sanitaires. 30 ans déjà que l’OA est revenu dans le gotha mais ses organisateurs se comportent toujours comme s’il était le vilain petit canard des GC, menacé dans son statut même de GC en cas d’absence d’un top joueur – rengaine encore ressortie par Tiley en épilogue de l’affaire Djokovic, pointant le risque de se faire ‘doubler’ par un autre tournoi qui prendrait leur place de GC. Comme si ce statut était à leurs yeux toujours fragile. Ils entretiennent une peur du déclassement qui, vue de loin, semble totalement hypocondriaque.
L’OA est même devenu un GC adoré des joueurs : c’est la rentrée, les joueurs comme les fans sont à bloc, c’est l’été, les gradins sont remplis d’un public bruyant et bon enfant, les installations sont top… Ils ont beaucoup de points forts. Ajoutant quelques spécificités toujours liées à leur souci de séduire les joueurs (l’enveloppe de billets en liquide remise à l’arrivée « pour les frais divers »), ils ont largement concurrencé leurs autres collègues du GC dans la course à l’affect. Si Wim reste au-dessus (le prestige, une certaine étiquette vieillote qui bizarrement les touche), dans l’esprit des joueurs il y a aujourd’hui largement match entre les 3 autres.
« Aucun joueur professionnel d’aujourd’hui n’est contraint de s’éloigner de son cocon pendant huit ou neuf mois d’affilée, et il est difficile d’imaginer l’ampleur des sacrifices consentis par ces jeunes gens » On en revient toujours à l’actu, mais c’est un peu ce qui était demandé aux Australiens depuis deux ans. Cela sembla trop pour beaucoup, quitte à mettre leur carrière en suspens (Kyrgios, Barty en 2020), mais cela souligne aussi l’ampleur de ce que Barty a réalisé l’an passé, partie 7 mois 1/2 engranger les titres un peu partout avant de rentrer au pays toujours nantie du dossard de n°1 mondiale. Et en creux, ça n’en souligne que plus l’égocentrisme de Djoko à ne pas (vouloir) voir en quoi son comportement est indécent pour un pays entier.
Bref, merci Rubens, c’était une chouette série, qui a permis de parler de plein de trucs… et a tout de même réussi à prendre un tour très ‘actuel’ malgré la distance temporelle !
Top commentaire par le patron. Les commentaires récurrents des journalistes sont même que maintenant l’AO est le GC favori en terme d’organisation et d’hospitalité, et sans être aussi grossier que Kyrgios, RG n’offre pas la même démesure et obséquiosité à cet égard.
Pour en revenir sur ce diable de Kyrgios qui suscite toujours plus d’intérêt que ne mérite ses résultats, je n’ai pas pu m’empêcher de regarder des highlights étendus de son match contre Broady. Et il est égal à lui-même : une créativité remarquable, pas mal de jeu de chat et souris et un déplacement indigent.
En outre, son coup droit devient de plus en plus inoffensif où il fait des boucles à ne plus finir avant de mettre une balle neutre avec un peu de lift sur le court le plus souvent. Ironiquement, j’ai trouvé que son revers pelle à tarte a beaucoup plus de maîtrise des trajectoires et de vitesse maintenant.
Pourtant, quand il déboucle son coup droit la balle part super vite mais c’est beaucoup trop rare.
Dans un monde idéal, nous aurions eu Shapo et Kyrgios se battant au sommet, nous avons déjà Shapovalov qui progresse et n’a pas perdu en terme de spectacle et c’est super.
Le Medvedev vs Kyrgios tournera à la boucherie, Kyrgios n’a pas la puissance de feu pour défoncer le russe et il cédera le premier. 3-0
Ouais sauf que les (très) rares occasions où Kyky se sort un peu les doigts c’est quand il joue contre un top player. Donc s’il est au top ça peut déménager.
Je n’ai pas l’intention de te contredire mais cela fait 8 ans que Kyrgios est identifié par les top-players et ils savent le gérer, le manque de constance dans le travail de Kyrgios le rendant moins pertinent.
Federer en 2018 lui avait 3 sets secs par exemple.
Il y aura des points géniaux, aucun doute en revanche mais l’issue me paraît très certaine.
Petit post omicronné envoyé depuis le fond de mon lit.
Guillaume, il faudrait creuser l’aspect hypocondriaque des Australiens avec leur GC. Franchement j’ignorais ce fait. Qu’ils aient eu la trouille en 84 avec la suspension de Mac et la défaite prématurée de Lendl, je peux le comprendre. Mais qu’en 2022, après 34 éditions de Melbourne Park et un magnifique succès populaire, ils en soient encore à prendre l’absence du n°1 mondial pour une menace directe pesant sur leur statut de Grand Chelem, les bras m’en tombent. C’est pourtant, aux côtés du contexte politique du moment en Australie, un élément de mise en perspective plausible dans le Djokogate, du moins tant que Craig Tiley n’aura pas fait la lumière sur le rôle exact de Tennis Australia dans cette histoire.
Ma mémoire me fait défaut, mais John Newcombe n’avait-il pas envisagé la création d’un « cinquième Grand Chelem » il y a une vingtaine d’années, qui se déroulerait début mars en Chine ou au Japon ? Le cinquième GC est un vieux serpent du tennis pro (les patrons de Key Biscayne peuvent en témoigner), mais le lièvre soulevé à l’époque par Newk n’avait-il pas réveillé des traumatismes bien enfouis depuis la période Kooyong ?
Et bien vu Guillaume pour la précision pour le GC itinérant à travers l’Australie ; je crois avoir juste écrit qu’en 72 le tournoi se fixait définitivement à Kooyong, mais c’est important de rappeler, par exemple, qu’en 1969 Rod Laver a remporté la première de ses quatre couronnes royales à Brisbane.
Et deux Français en deuxième semaine. Bon, Monfils et Mannarino, on a vu mieux comme incarnation d’une relève, mais ne boudons pas notre plaisir. Pour Mannarino, c’est un superbe tournoi, j’espère qu’il va se lâcher face à Nadal.
Sinon, tous les favoris sont au rendez-vous. La défaite de Rublev face à Cilic ne m’a pas surpris. Dès qu’il a en face de lui quelqu’un qui répond à sa puissance, il n’a pas de jeu de rechange. A 24 ans, je commence à m’inquiéter pour lui. Sinner a le même jeu, mais il n’a que 20 ans et tout de temps d’étoffer son jeu avec des variations.
Tout à fait d’accord, ça fait plaisir de voir Manna et Gaël. Ce dernier surtout, n’a pas l’air le moins du monde émoussé ou lassé par les ans, il est frais, et puis de nos jours, dans le tennis, 35 ans…S’il passe, ce qui semble vraisemblable au vu du côté Gaël Sérieux qu’il semble avoir adopté, il serait tout à fait crédible contre Busta ou Berrettini pour ensuite, pourquoi pas, aller se prendre une rouste contre Zverev.
Pas encore vu beaucoup jouer Cressy. Mais au vu de son parcours à l’OA et de ce que j’ai compris, la FFT a peut être laissé passer une jolie chance de relève…
Peuple de Fed, sage et non imbécile, à force de regarder et de montrer du doigt Nole, ne vois-tu donc pas la grosse lune de Rafa à l’horizon ?
Effectivement, personne n’en parle mais le fait que Djoko se « soit retiré » après le tirage au sort, ça a laissé un tableau beaucoup plus simple. De plus avec la défaite de Zverev il est déjà en finale, ce n’est pas Gael qui va me contredire :-/
Une des qualités nécessaires à un champion c’est de savoir profiter des circonstances, ne pas passer au travers. La fenêtre pour Nadal est idéale, je pense qu’il ne va pas la rater. Il n’est pas sûr que son physique sera au top en mai à Paris, s’il veut le vingt et unième, c’est peut-être maintenant ou jamais.
Il paraît que Cressy est un adepte du service-volée. Allez, une petite séquence nostalgie, avec un chef-d’œuvre méconnu : https://www.youtube.com/watch?v=GL2MLAqHAPQ
Krajicek… Un des types qui m’ont fait le plus rêver. Pete était passé par un trou de souris pour gagner le TB du deuxième set. Just watch.
Krajicek, je suis né 1 ou 2 ans trop tard pour vraiment l’avoir vu en vrai avoir de bonnes périodes. Il méritait vraiment ce bon mot d’Agassi « Richard, il lui suffit de voir un terrain de tennis pour qu’il se blesse ».
Son service ressemble un peu à celui de Stich, un rythme diablement efficace sans avoir besoin de décomposer à la façon d’un Delbonis.
Il avait un excellent niveau quand il pouvait se régler et avoir le rythme mais ses genoux l’ont rapidement empêché de joueur plus de 6 matchs consécutifs.
De cette vidéo, il est effectivement impressionnant de ne voir aucun rallye, le point se réglait en 2 coups de raquette.
En terme esthétique, ce sont 2 très beaux services, celui de Pete en particulier est la beauté à l’état pur pour moi, qui arrivaient à prendre régulièrement à contre-pied le relanceur. Cela arrive nettement moins maintenant, est-ce grâce à l’analyse statistique plus poussée?
Une autre grande différence est la vitesse de déplacement et la capacité à rester dans le point. Les joueurs actuels sont plus rapides et souples, mais j’ai également l’impression qu’ils ont moins besoin de centrer pour mettre les balles de l’autre côté du filet.
Et sinon, Zverev qui tombe après Rublev, cet Open d’Australie se présente décidément sous les meilleurs auspices. Comme cogneur sans imagination, il ne reste que Sinner, pour ma part ça me convient très bien. J’aimerais que Tsitsi soit en demi de nouveau. Ma finale rêvée serait évidemment Shapo/Tsitsi, ou Shapo/FAA.
Au passage, cet AO commence à me faire penser à l’US 2019, avec un Monfils/Berrettini en quarts, un Nadal qui attend le vainqueur et un Medvedev comme possible adversaire en finale.
Bon, sûr que ça n’est pas l’élégance d’un Pete voire d’un Krajicek, mais le Cressy a manifestement été gênant un bon moment pour Medvedev, c’est pas rien… Et ça fait du bien de voir des volées.
Moi, ma finale idéale serait Gaël / Tsitsi. Il ne s’agit bien entendu pas d’un pari, qui serait pour le moins hasardeux tant que je crois qu’on se dirige vers un Nadal Med, qui serait tout de même très intéressant et qui, en cas de victoire de Med, le ferait grimper un peu plus haut dans le gotha grâce à des victoires en finale de slam devant 2 gros 3.
D’autant qu’il deviendrait alors numero 1 mondial
Dans un monde irréel, nous aurions des demi-finales Gaël-Denichou et Fanou-Félix. Dans un réel immonde, nous aurons des demi-finales entre les quatre autres.
Mouais, le Félix pour moi n’a rien à envier aux dizaines de robots – à 2 mains – qui peuplent le circuit. Med, par contre….
Félix dégage quelque chose de profondément sympathique. Il a une bonne tête, un parler aimable, est métis et pousse des râles de jazzman à la frappe (« oooh yeaaah »). Tout ça est très important.
Bon là c’est clair, ça rajeunit au top niveau. Seulement 4 vieux en deuxième semaine (Manna et Carreno), et plus que 2 en quarts. Gaël on sait que ça va caler à un moment ou un autre (et en soi qu’il aille au bout serait suffisamment rafraîchissant pour compenser l’âge canonique). Reste l’éclopé de Manacor qui nous refait le coup du « j’ai eu peur que ma carrière soit finie » avec sa 258e blessure de fin d’année finalement bénigne au vu de ses résultats dès son retour. De ce que j’ai vu de son match contre Khachanov, même sans scaphoïde, il est toujours dans la tête de ses adversaires. C’est terrible entre Riri, Fifi et Loulou, à chaque fois qu’un voire deux nous font des vacances, t’a toujours le troisième qui revient gâcher la fête.
N’importe lequel des 7 restants m’irait très bien. Comme beaucoup, préférence pour Denis mais sans illusion sur le côté encore léger du garçon. Retour de blessure, Stefanos est ric-rac sur ce tournoi, par contre il fait le taf pour construire quelque chose d’intéressant plus tard dans l’année. Daniil j’aimerais bien parce que le franc-parler du bonhomme me plaît, la capacité à transformer les mots en actes aussi (hein, Sascha ?), et un titre à Melbourne vaudrait prise de pouvoir bienvenue dans ce tennis sclérosé. Sinner et FAA, pas les plus excitants à voir jouer mais pour la déflagration que signifierait une victoire en GC si rapide, je prends aussi.
Rien que de lire que Gaël « aille au bout » est rafraichissant. Mais en admettant que Berrett’ ne soit qu’une formalité pour le nouveau-nouveau Gaël, ce dernier pourrait se retrouver avec balle de match contre Rafa, je ne parierais toujours pas sur lui, même avec une 259ème blessure de Rafa. En fait pour cette très hypothétique demie, il faudrait que Djowill soit dans la tête de Gaël pour un retour vers 2008, et ensuite, bref…C’est pas gagné.
Le ‘nouveau nouveau Gaël »
Tu vas rire mais elle a existé, celle-là, par le biais de Jim Courier en son temps, à un journaliste le questionnant sur le « nouveau Agassi » : « Vous voulez dire le nouveau Agassi, ou le nouveau nouveau Agassi ? »
Il y en a une aussi de Bollettieri, à propos du tennis français. C’était en amont de la finale de CD 91, mais je crois qu’on peut sans problème l’appliquer à Gaël aujourd’hui : le plus dangereux de tous, c’est Leconte, car il ne sait pas ce qu’il fait.
Très bon !
Comme quoi on a pu dire à peu près la même chose que d’Iggy Pop, pour des raisons peut être pas si éloignées.
Mais je ne dirais pas cela du N.N Gaël. Là, il semblerait qu’il ait résolu, au moins ces jours ci, ses contradictions entre appétit pour la défense à 5m de la ligne et l’agressivité. Pourvu que cela dure.
Moi, il me plait ce tournoi. C’est tres ouvert, on a eu de belles bagarres aujourd’hui. En fait n’importe lequel des 8 restants pourrait bien aller au bout. Ca fait longtemps qu’on n’a pas eu un tel cas de figure. Nadal a l’experience et tout ca? Mouai, il y a 5 ans avec un pareil tableau il aurait surement rafle la mise, mais la a 35 ans, c’est tres loin d’etre gagne. Medvedev est un peu au dessus, mais vraiment un petit peu, et il pourrait sortir en quart sans m’etonner plus que ca. Non, vraiment n’importe lequel des 8. Oui, bon, sauf Gael peut etre, ca, ca serait vraiment incroyable. Meme si en niveau de jeu jusqu’ici il n’a rien a envier aux autres.
Héhéhéhé, et voilà…Les Gros Titres !
Guillaume : « qu’il aille au bout ! », Kristian : « En niveau de jeu, il n’a rien à envier aux autres ! »…
Si un GC doit être claqué, c’est celui-là.
Ca vaudrait quand même une sacrée cote, mais effectivement ses chances ne sont pas nulles.
Ceci dit, j’ai beaucoup de mal à l’imaginer battre Medvedev en finale…
« Si un GC doit être claqué, c’est celui-là. »
Ou c’est Gaël qui va se claquer.
Shapovalov très décevant pour le moment : nul au retour, engueulade avec l’arbitre (en le traitant de corrompu…), en train de s’énerver en permanence… Ca va faire une petite fessée en trois sets.
Et Nadal qui connaît une grosse baisse, au service notamment, avec de vilaines doubles fautes. Deux sets à un…
Oui, il avait commence fort l’espagnol mais grosse baisse physique depuis le milieu du troisieme set. Ca va etre dur pour lui desormais
Oui quatrième set Shapo.
Bon et ba Shapo s’est completement rate sur son premier jeu de service du 5e set en offrant le break a Nadal avec 4 fautes directes. Il n’en faut pas plus. L’espagnol s’est contente d’assurer ses mises en jeu par la suite sans trop courir sur les jeux de service du canadien. Dommage pour ce dernier, il y avait une opportunite.
Oui… Il y avait une vraie fenêtre, Nadal n’était plus aussi saignant. Shapo est encore très friable en revers et doit apprendre à contrôler ses nerfs : j’avais l’impression d’avoir Zverev sur le court pendant les deux premiers sets.
Bien joué Gaël ! Il a choisi de se faire rapidement breaker, signe qu’il cache son jeu et va la jouer « je suis en mode diesel, l à ça chauffe »…
Et voilà le travail…Gaël a notamment obligé Berrett’ a servir un ace à 216 sur le T pour obtenir le premier set. On va voir qui est le patron.
Et pan, quelques balles de break sauvées, de la double faute, et 6mn pour gagner son jeu de service, 1/0 Gaël.
Il fut un temps où je faisais nuit blanche sur nuit blanche pendant la quinzaine avant de partir au travail. C’est une époque révolue, mais j’ai fait mon premier match intégral de la quinzaine pour ce Shapo-Nadal.
Shapo a été mauvais au premier set et Nadal était très impressionnant au service.
Dans le second set, le Canadien a haussé son niveau de jeu, mais Nadal est resté intraitable.
Puis, vases communicants, Nadal a baissé dans le 3ème, ce qui a permis à Shapo de vraiment poser son jeu: il était à la fois plus régulier tout en étant plus agressif. C’est devenu le patron sur le court en fin de set et ça s’est poursuivi dans le 4ème où Nadal a plongé physiquement. Là, c’était la tête des mauvais jours de Nadal, on voyait que quelque chose le dérangeait physiquement.
Au début du 5ème, il s’accroche sur son premier jeu de service, il accepte l’offrande d’un break de Shapo, lequel n’a pas su ensuite menacer suffisamment Nadal qui a clôt le match en se serrant le jeu sur ses engagements.
Au final, la victoire de Nadal est logique : Shapo a trop mal commencé et pas su finir. J’ignore si les soucis de Nadal étaient juste passagers où s’ils vont les poursuivre. Mais autant ça peut éventuellement passer contre Berret’ ou Monfils en étant pas au top, autant contre Medvedev en finale, je pense que c’est impossible. Après, s’il y a un autre gus de l’autre côté du filet dimanche, l’ami Rafa pourrait bien réussir un joli hold up et coiffer Djoko pour le 21ème.
Nan mais vous imaginez le truc ? Djoko tellement aveuglé par son 21e qu’il a emmerdé le monde jusqu’à braquer l’opinion publique australienne, condamné à regarder devant sa TV Nadal le coiffer au poteau sur ‘sa’ Rod Laver Arena, le tout sous les clameurs du public forcément en adoration devant Rafa, sa gentillesse, son humilité, son amour infini pour le jeu (sortez les violons)… Le Novak est parti pour boire le calice jusqu’à la lie
Prespective assez rejouissante.. Rien que pour ca, j’aimerais voir Rafa dimanche mordre dans quelque chose
Tsss…Quand il faut 20mn à Berrett’ pour gagner son service, il n’en faut que 3 à Gaël.
…Et à peine plus pour le perdre à 3/3, avec une double, deux fautes directes sur le deuxième coupe de raquette…L’autre va déborder de confiance et faire nimp.
Le plan se déroule à la perfection, Matteo a comme prévu baissé sa garde, Gaël lance l’offensive.
La répétition générale face à Djoko en demies de l’US porte ses fruits. Matteo est perdu. Gaël avait tout prévu depuis 5 ans.
Les choses se déroulent sans accro, y compris sur l’idée de servir en premier au 5ème. A peine Big Berrett’ est-il un peu plus cuit que prévu, et encore.
Apres avoir vu comment Nadal a fini sur les rotules, Monfils s’est dit que celui qui ira l’affronter devra aussi avoir 5 sets dans les jambes. Trop facile sinon. Alors il a commence tout doucement. Sacre Gael..
Il gagnerait ce match et finirait blesse que je ne serais meme pas surpris
ça commence à ressembler à l’alignement stellaire pour le Nadalito. Manque plus au programme dimanche qu’un FAA bien lesté par son passif en finales et cornaqué par Tonton Toni l’ayant bien briefé quant au fait qu’il n’a pas le droit de battre son neveu.
Double break Berrett’, il pousse le bouchon à fond là Gaël.
Tout est sous contrôle, il endort l’adversaire pour mieux le surprendre en finale à Roland.
5/2 40/0 Berettini. C’est bon Gael, maintenant envoie la sauce
Voilà. C’est ce qu’on appelle un avertissement. Personne ne fera le malin à RG.
Rafa ne va rien comprendre quand, menant 6/2 6/2 5-1 40-0 au 3e tour du prochain Roland, il va soudain voir Gaël abattre son jeu.
Je me rends compte qu’ils ont change la programmation de la 2e semaine en Australie. Les demi-finales hommes auront lieu le meme jour vendredi. Nadal et Berettini auront donc 2 jours de repos. Cela attenue assez nettement l’impact des marathons qu’ils ont eu a effectuer aujourd’hui.
Rien à voir mais si Babolat passe dans les parages : j’ai mis en brouillon un énorme pavé qui aurait une bonne tronche d’article à publier au printemps, à peine actualisé à la fin. Ca t’inspirerait ?
Concernant Monfils, rien de nouveau sous le soleil australien. Il s’est vautré à la fin, comme il l’a fait des dizaines de fois en GC.
La nouvelle du jour, par contre, c’est que Rafa est à bout physiquement. A bientôt 36 ans, rien que de très normal, c’est d’ailleurs là-dessus qu’il a perdu sa couronne l’année dernière à Roland. Mais là il est vraiment cuit. Medvedev ne sera peut-être même pas requis pour achever la bête en finale, Berrettini a suffisamment d’armes pour faire durer le match et donc pour l’emporter.
Pour les deux derniers quarts, je n’espère réellement qu’une chose, une victoire de Tsi². FFA ça m’ira, l’ours aussi, Fanou aussi, mais par pitié, la machine à pains de Sexten, non.
« la machine à pains de Sexten »
Rubens, tu t’es trompé de site, là, vide ton cache.
Le nom italien de la commune est Sesto, mais Sexten c’est son nom allemand. Et je ne suis pas disposé à lui accorder une italian attitude qu’il n’a absolument pas.
Je m’étais senti obligé de vérifier, mais je n’ai pas pu résister
Elle était facile !
Certes, il vient d’un endroit particulier. Remarquez, nous avons bien des Basques ou des Corses. Néanmoins, Jannik Sinner, Italien incontestable, n’a prodigieusement rien de son pays. Un prénom teuton, un nom germain, une tête de fritz, il parle allemand et frappe comme un panzer. Existe-t-il un autre spécimen de la sorte au monde ?
Et, pour compléter les réponses de Guillaume et d’Elmar, Sinner n’est pas nécessairement un « Italien incontestable ». Car les Südtiroliens, justement, contestent leur appartenance à l’Italie, eux en tous cas ne se perçoivent pas comme des Italiens, dont ils n’ont que la carte d’identité.
Par contre Guillaume, je ne savais pas que Seppi venait aussi de ce coin-là. Et je peinais à percevoir le côté latin chez lui. Peut-être en effet qu’il y a des constantes sociologiques et culturelles, chez nous tous d’ailleurs.
Ceci étant dit, Seppi m’a semblé être un gars très sérieux, mais je n’ai jamais eu le moindre doute : si on le pince, on lui fait mal, alors que je ne suis pas certain d’une réaction chez Sinner…
Andreas Seppi me laissait la même impression, tennis panzer en moins – mais un jeu très ‘carré’ tout de même, plus proche de l’imagerie teutonne que du grain de folie latin. Le contraste était d’autant plus flagrant qu’il partageait avec Fognini le statut de tête de gondole du tennis italien ces années-là. Je ne connais pas du tout le nord de l’Italie, mais sans doute pas un hasard si Sinner et Seppi viennent de la même région.
Disons que la diversité « impériale » de l’Italie est un fait occulté. Il y en beaucoup de minorités en Italie et un nombre conséquent de régions ont une co-langue officielle qui n’est pas l’italienne.
C’est en particulier le cas du Nord de l’Italie qui est un éperon dans l’Europe Centrale, un carrefour culturel entre les germaniques, les romans et les slaves balkaniques (à l’est).
Ainsi en est-il du Val d’Aoste (français & Allemand), du Trentin-Haut-Adige (d’où viennent Seppi & Sinner) avec l’allemand, de la Vénétie (ladin), du Frioul (croate, slovène)
Mais la Sardaigne (il y a des populations catalanes) et la Sicile (albanais) ont également des minorités protégées.
Dans le genre, sportifs qui ne correspond pas au cliché du pays, N’golo Kanté serait typique par exemple (le nom, la tête, et le comportement n’ont rien de français), en blanc, les frères Karabatics seraient candidats également.
Et encore, le terme de Trentin-Haut-Adige est le terme italien, mais la région est plus connue sous son appellation germanophone de Südtirol, région d’ailleurs autrichienne jusqu’en 1919.
Les Autrichiens ont d’ailleurs tendance à considérer que les Südtirolliens sont des leurs. Ainsi, le pourtant italien alpiniste Reinhold Messner est pour certains Autrichiens une figure nationale.
Tout à fait pour les précisions. Disons que le temps et la paix ont énormément atténué ces problèmes d’identité (le terrorisme indépendantiste du Südtirol est réglé depuis plus de 30 ans).
Parmi les jeunes générations, la langue italienne est plus largement embrassée et la dialectique de supériorité que les catalans ont depuis 15 ans vis à vis des castillans n’a plus vraiment cours chez les Südtiroliens.
De mon vécu à Innsbruck (capitale du Tyrol) et de mes interactions avec les südtiroliens de mon âge (environ la trentaine maintenant), ce sont des italiens qui parlent allemands et ont leurs traditions mais il n’y a plus de sentiments de victimisation par des arriérés et par l’injustice de l’histoire.
En ce sens, l’Italie a réussi un très beau compromis politique qui est gagnant-gagnant : la paix avec l’Autriche, une grosse économie dans cette province avec des impôts qui tombent, et quoi qu’on en dise, une italiennisation factuelle (le rapport de force est passé de 90/10 à 55/45 maintenant).
Realisme absolu cote Tsitsipas aujourd’hui : 3 balles de break, 3 breaks, (et comme c’est parti), 3 sets. Solidissime le grec ce matin.
Ca fait un moment que je me dis que le bas du tableau dans ce tournoi est meilleur que le haut (pas vraiment une surprise vu que la tete de serie numero 1 s’est fait ejectee). Mais avant meme le second quart, je pense de plus en plus que le vainqueur viendra du bas. On a eu de bons matchs hier, mais la c’est le niveau au dessus. Certes les conditions sont un peu differentes avec le toit ferme et le fait de jouer a l’ombre.
Quelle démonstration !! Il marchait sur l’eau le Stefanos…
Connaissez-vous le concept du « oui-heu » ? Mon meilleur pote de fac l’avait importé du lycée. « Ouiiiheeeu, le contrôle était très difficiiileeeu. » « Ouiiiheeeu, l’examen était infaisaaableeeu. » Nous riions de démasquer les adeptes du « oui-heu » parmi nos condisciples. À vrai dire, nous étions nous-mêmes devenus des experts. Cette fausse modestie permettant d’anticiper un éventuel échec pour mieux feindre la surprise face au succès. « Tiens, j’ai eu la meilleure note. » Tant qu’il sera en vie, je me méfierai de ce crevard royal. Et puis, rappelez-vous cette règle d’or, il faut toujours regarder un taureau dans les yeux.
En compulsant un peu les analyses de matchs sur le site officiel, je découvre que l’on pourrait obtenir des vitesses de coups gagnants. Et ces valeurs sont un peu marseillaises:
https://ausopen.com/match/2022-jannik-sinner-vs-stefanos-tsitsipas-ms503#!infosys-3
Par exemple, Sinner a des revers en passings gagnants à plus de 200 km/h!