On se dit amateur de tennis, et ce n’est pas complètement faux. On se croit grand consommateur – et c’est exagéré. Des images sur internet ou à la télé, et puis surtout des mots: de Tennis magazine et L’Équipe quand on était enfant, aux blogs et à Twitter aujourd’hui. Des mots qui forment un commentaire infini, si plaisants à lire ou à écrire, mais qui menacent de se superposer à la réalité du jeu. Que de grands matchs n’a-t-on pas vécus après-coup, dans un compte-rendu de journal, en commençant bien sûr la lecture par la ligne du score ! Mais un coup gagnant peint dans les traits vifs d’un grand style vaudra-t-il jamais l’original ?
Alors quoi ? S’abonner à une chaîne de sport pour améliorer le quotidien saccadé et flou du streaming ? Se payer un séjour dans un jardin londonien ou à la Porte d’Auteuil (vendre un organe, flinguer les vacances en famille, et se mettre à dos un patron hostile aux congés hors mois d’août) ? Et puis, en flânant ici et là, on tombe sur de drôles de récits, voire des récits drôles, quoique à la limite de l’expérience paranormale : il existerait un circuit de tennis où participeraient grosso modo les joueurs de la deuxième page du classement ATP. Aucune star, mais un bon niveau. Et il y aurait même des gens qui suivraient l’actualité de ces tournois semaine après semaine ! Les Challengers, que ça s’appelle. Comment ? Il pourrait y en avoir près de chez moi ? On consulte le calendrier et la lumière se fait. « Le challenger de Séville aura lieu du 6 au 13 septembre. » Alors on cède à la curiosité : rendez-vous est pris pour voir. Du tennis. Pour de vrai.
Séville, comme d’autres cités espagnoles en ce début de siècle, a nourri des rêves de grandeur sportive. Deux finales de Coupe Davis et un championnat du monde d’athlé ont eu lieu dans le hideux stade olympique, lui-même édifié au cœur des ruines plus ou moins désaffectées d’un rêve urbain essoufflé – l’Exposition universelle de 92. Une candidature à l’organisation des JO, vite évincée au profit de Madrid, fut la dernière folie d’une ville pourtant sans infrastructures dignes de ce nom. A l’opposé de ces projections pharaoniques, le Real Club de Tenis Betis, où se déroule le Challenger, loge dans un quartier résidentiel bourgeois, le Porvenir, situé non loin des réussites architecturales de l’autre grande Exposition, celle de 29.
En entrant dans le stade, en cette fin d’après-midi d’été, on aperçoit justement une des tours de la majestueuse Place d’Espagne. Puis, ce qui frappe le regard, c’est la couleur. On connaît la terre ocre de Paris, la har-tru verte des Etats-Unis. Il y eut la terre bleue de Madrid, aujourd’hui reléguée aux oubliettes. En Andalousie, la terre battue s’appelle de toute éternité el albero. On y célèbre les corridas dans des arènes bruyantes; on y marche, éreinté de chaleur, entre les chapiteaux des Férias. Et c’est sur cette terre, jaune, que se dispute la Copa Sevilla. La chanson dit vrai : Séville a une couleur spéciale.
Les installations me semblent succinctes : un court central avec tribunes sur deux côtés, deux courts adjacents, et c’est tout. Ah si, j’oubliais le point focal de tout lieu public espagnol qui se respecte : le bar, où la Cruzcampo ne cesse de couler et où l’affluence est souvent plus importante que celle des matchs. On ne croirait pas qu’un tournoi de tennis professionnel est en train de se dérouler. J’ai dû me tromper de stade. Ou de date. Ces joueurs sont certainement des amateurs de bon niveau, voilà tout. Euh… De très bon niveau, même ! Et ce grand blond un peu maigre, ne ressemble-t-il pas à Gimeno-Traver ? Pas que je le connaisse bien mais sa photo est partout ! Non, non, pas d’erreur, c’est bien là. Cette ambiance détendue, cette modestie, siéent bien à cette ville où se respire une certaine douceur de vivre.
Le marketing, en revanche, est hyperbolique, du moins sur le papier. L’affiche de l’édition 2014, qui comme il se doit n’a aucune peur du ridicule, vante ce tournoi comme étant « la catedral del tenis ». Et Wimbledon, c’est un presbytère ? On pourra lire aussi, sur le site officiel ou ailleurs, des classements qui semblent tomber à point pour valoriser l’événement : « le cinquième meilleur tournoi espagnol », le « quatrième mieux doté » (car El Espinar, à Ségovie, pourtant plus renommé, n’offre pas plus d’argent ni de points). Au moment de la cérémonie de remise des prix, la Copa Sevilla sera encore qualifiée de « meilleur Challenger espagnol sur terre battue ». Impressionnant, non ? Comment ça ? Vous avez mauvais esprit et vous vous demandez s’il ne s’agirait pas du seul de son genre ? Gagné : il n’y a que deux Challengers espagnols dans le calendrier. Et l’autre, Ségovie donc, se joue sur dur.
Les joueurs inscrits au tournoi sont venus par délégations. En dehors des locaux qui occupent plus de la moitié du tableau, on trouve des Néerlandais, des Français, des Italiens. Soyons honnêtes, je ne connais pas grand monde. Mais les spectateurs sont parfois chanceux : lors de l’édition 2001, ils avaient pu voir évoluer un futur grand tel que Rubén Ramírez-Hidalgo, ainsi que d’autres jeunes un peu moins connus, comme on peut le constater sur le tableau…
En 2014, l’organisation a choisi de nous vendre deux joueurs en particulier : Daniel Gimeno-Traver et Pablo Carreño Busta. Gimeno - aucun lien - a en effet remporté les trois dernières éditions du tournoi ; s’il gagne cette année encore, il égalera le record de victoires consécutives dans un Challenger, détenu pour l’instant par le seul HT Lee à Séoul ! Gros titres en perspective ! Quant à Carreño, surnommé « le prince » sur une affiche, il porte sur ses épaules le lourd statut de favori du tournoi, car il est le seul membre du Top 100 à y prendre part. Il est connu pour être jeune, gagner plein de Challengers, mais il est d’abord présenté comme le joueur qui a affronté Federer au premier tour de Roland-Garros 2013. Bref, c’est un peu comme si le Suisse en personne était venu taper des balles à Séville ! La photo de leur poignée de main d’après-match est d’ailleurs affichée sur les murs du club. Le score, bizarrement, n’est pas indiqué.
Et le jeu, dans tout ça ? J’y viens.
Mardi, tauromachie
Après avoir loupé la première journée du grand tableau (il y avait aussi les qualifs le week-end, mais l’ethnologie a des limites), je me rends pour la première fois dans ces arènes de terre jaune, pensant bien assister à quelque mise à mort.
Je m’installe devant un match de double sur le court nº3, qui intéresse une quinzaine de spectateurs, ramasseurs, juges de ligne et arbitre inclus. Contrairement au court nº2, il y a tout de même la possibilité de voir le match non pas debout derrière le grillage, mais assis sur une chaise surplombant le terrain.
Il s’agit d’un match France – Espagne, qui n’est pas fait pour corriger nos idées reçues. Si les Espagnols sont rivés en fond de court d’où ils liftent tout ce qu’ils peuvent en criant fort, la paire française cherche le filet en permanence. Jonathan Eysseric et Pierre-Hugues Herbert, car ce sont eux, mènent au score mais ont des difficultés à conclure. En simple, Eysseric a sorti le cadet des Melzer le matin même, tandis qu’Herbert est déjà éliminé. Eysseric m’est sympathique d’emblée par son grand sourire décontracté qui cache des nerfs à fleur de peau. C’est son équipier qui enfile le costume de leader sur le terrain avec son service et sa volée, mais c’est lui qui vit le plus le match. Il parle, il peste, il fait taire des jeunes filles qui gazouillent aux abords du court. Et se fait breaker en servant pour le match, après avoir mené 40-0. On comprend qu’il s’autorise quelques commentaires urbanistiques entre deux points :
« Mais j’y vois rien avec cet immeuble blanc de meeeeeeerde! »
Je me demande qui joue le rôle du taureau sur l’albero. Si ce sont les Français, qui se défendent comme ils peuvent des banderilles reçues au filet. Ou si ce sont les Espagnols, qui montrent leurs gros bras, se refusent à perdre le match, et remontent au score. Il est 20h00, le super-tie-break est sur le point de commencer, et la tension est palpable sur le visage des trois spectateurs du match, quand soudain… je fais faux bond aux Frenchies pour aller voir ce qui se passe sur le court nº1.
Car sur le court nº1, c’est peut-être la légende qui s’écrit. Certes, ce n’est pas Rod Laver en 1969, ni Sampras en 2000. C’est Gimeno-Traver. Mais s’il souhaite entrer dans l’Histoire, l’Histoire, elle, n’a pas l’air tout à fait d’accord. Je me suis rendu précipitamment à ce match par crainte qu’il ne se termine trop vite. Le score est de 6-0 dans le premier set, et break dans le deuxième… le tout en faveur de son adversaire! Ce dernier, Daniel Muñoz de la Nava de son petit nom, ne fera pas de cadeaux et s’ouvrira le chemin vers la victoire à coup de lifts consciencieux, Gimeno commettant faute sur faute. On s’ennuie franchement. Curieusement, le super-tie-break du double, commencé tout à l’heure, n’est pas encore terminé ! Il n’est pas trop tard pour courir voir les Français l’emporter 11-9, sous les yeux d’un nouveau venu. Un grand mince, à la blondeur angélique, et à la petite voix. Son match de simple commence d’ici une demi-heure. C’est Pablo Carreño.
Le temps de faire des réserves de bière et de sandwichs au stand, et la night session débute. Carreño, encore plus favori du tournoi depuis la raclée de Gimeno et l’élimination de trois autres têtes de série, joue contre un certain Jordi Samper. Vu les classements respectifs (70e contre 250e), on peut craindre un non-match. Peut-être influencé par l’entraîneur de Samper qui fait du coaching à trois sièges de moi, ou habité malgré moi par le tropisme des publics de tennis pour les outsiders, je souhaite assister à une surprise.
C’est mal parti pour. Carreño débute le match en douceur, sauve une balle de break, puis met un petit coup d’accélérateur sans avoir l’air d’y toucher. Le revers de Jordi Samper, d’un an plus âgé, est faiblard, même si son slice ne marche pas trop mal sur une surface qui prend bien les effets. Il est nerveux, parle beaucoup, et tourne dès que possible autour de son revers pour lâcher de gros coups droits liftés en dépensant beaucoup d’énergie. Pas assez pour gêner un tennis fluide, aux coups plus rasants, ponctué d’amorties et de montées au filet pour conclure les points. 6-3 Carreño, qui, mené 2-0 dans le deuxième set, débreake blanc grâce à quatre winners inspirés. Tout au bord du court, j’apprécie à sa juste valeur le kick parfois insensé de ses deuxièmes balles.
Carreño est à l’aise ce soir, peut-être trop. Il a une certaine nonchalance et laisse son adversaire placer quelques coups de cornes qui prolongent le match. Les échanges deviennent spectaculaires, et c’est Samper qui les gagne de plus en plus souvent, claquant au passage quelques passings inspirés. Alors que la buvette derrière les gradins ne désemplit pas, que des cris d’enfants nous parviennent depuis un terrain de sport dans l’enceinte, que les deux joueurs, donc, se concentrent dans une ambiance qui confine à la fête foraine, Jordi Samper égalise à un set partout après avoir réalisé le break décisif d’un coup droit gagnant au ras du filet qui a fait se lever les quidams.
Le match devient particulièrement intéressant, intense, dans le troisième set. Carreño sent le danger, se parle de plus en plus: « Pablo, no, Pablo ! », se lamente-t-il. Au bout d’un jeu long de 10 minutes où il breake – break décisif, pense-t-on – il lâche son premier « Vamos ! » Mais Samper ne tarde pas à revenir au score. Le jeu est désormais prenant, les coups gagnants se multiplient. Le sentiment que quelque chose est en train de se passer sur le court, la détermination des joueurs tendus vers leur but, sont tangibles. Chaque spectateur le ressent d’autant mieux que le bar derrière nous a fermé et que le clan des buveurs, faisant silence, s’est rapproché afin d’assister à ce final. Il n’y a plus de bruit que le choc des balles au sol et contre les cordages. Je suis heureux de voir ça, sans intermédiaire, sans filtre. Vivre ce match est grisant, à moins que ce ne soient les – nombreuses – bières qui commencent à faire effet. J’hésite à souhaiter la même issue qu’en début de match: il serait bien de revoir jouer Carreño. Le directeur du tournoi, quant à lui, doit trembler. Quand on organise une corrida, on n’espère pas la défaite du torero.
C’est ainsi que l’on en arrive au tie-break. Et Samper, après tout le chemin parcouru, se rate. Carreño, menant 4-1 sans avoir pris aucun risque, lâche ses coups et obtient 5 balles de match. Mais, alors qu’on se croyait proche du générique de fin du thriller, un ultime rebondissement. Carreño rate les deux premières occasions sur son service. Les deux suivantes s’envolent avec deux services gagnants. Et la cinquième, c’est au bout d’un échange intense, le plus disputé du match, le plus brillant de la part de Samper – car il faut le faire pour réussir à ce moment-là du match un tel coup droit décroisé gagnant – qu’elle disparaît à son tour. Retenez votre souffle, nous voilà à 6-6 ! Puis, c’est encore Carreño qui obtient la balle de match suivante. C’est presque tout. Le show se termine sur un couac en guise d’estocade : une balle de Samper, longue, n’est pas annoncée dehors par le juge de ligne, mais Carreño s’arrête de jouer, et l’arbitre confirme la faute. Le public semble se demander un instant si le match est vraiment terminé. Enfin, des applaudissements nourris emplissent l’air nocturne. Il est 23h30.
Mercredi, 3 jeux sur tapis vert
J’apprends que Gimeno-Traver et Muñoz de la Nava, adversaires hier (j’espère que vous suivez !), sont partenaires de double, et qu’ils ont déclaré forfait. Soit Gimeno est blessé, et le score sec de la veille s’explique (mais aucune information n’est sortie). Soit… soit il n’a plus envie de jouer avec ce sale type qui manque de savoir-vivre et n’hésite pas à l’humilier quand ils se jouent. C’est vrai : peut-on être amis et s’infliger des roues de bicyclette devant témoins, comme si de rien n’était ?
J’arrive au stade tout juste pour voir Lorenzo Giustino opposé à David Vega Hernández. Alléchant, n’est-ce pas ? Sont-ils des joueurs de la « deuxième page » ? Non, cherchez-les à la quatrième, voire la cinquième ! Giustino est un Napolitain de 23 ans ; Vega, originaire des Îles Canaries, a 20 ans – il est le plus jeune joueur du tournoi et dispute là un de ses premiers Challengers. Afin de me persuader de regarder ce match, je me dis que j’ai peut-être sous les yeux deux grands espoirs. Mais après le tie-break du premier set, le spectacle commence à me lasser. Comment le décrire ? Ah oui, j’y suis : deux gros bourrins qui liftent jusqu’à ce que mort s’ensuive. Fort heureusement, le déroulement du match compensera la pauvreté du contenu, et mort s’ensuivra. Prêtez attention.
Comme Vega a remporté le premier set, et qu’il semble prendre plus souvent l’initiative du jeu, je le soutiens sans failles dans le deuxième set, espérant surtout que ça se termine vite. Mais Giustino breake et rebreake. Que le troisième set soit bref, au moins ! Sauf que ce troisième set tarde à commencer : Vega n’a plus qu’un break de retard. Quand l’Italien sert pour le set une deuxième fois, le niveau s’élève brusquement ; on voit le jeu gagner en intensité et le lift remplacé par des coups plus tranchants, à la recherche du K.O. Après quelques minutes de grâce, Vega débreake, et l’affrontement reprend le sillon creusé depuis près de deux heures et demie maintenant. Je suis hanté : le lift, le lift, le lift, le lift.
Comme on pouvait s’y attendre, Giustino remporte malgré tout le tie-break qui suit et nous emmène au troisième set. C’est alors que quelque chose vient briser cette mécanique infernale. Le Napolitain, qui mène 2-1, se tord de douleur au milieu d’un échange, entre deux patates de coups droits qu’il commence à balancer sans se poser de questions, rompant le pacte tacite des échanges liftés à l’infini. Et alors qu’il convertit une balle de break pour mener 3-1, il s’effondre en plein milieu du court. Foudroyé par des crampes, il ne peut se relever, quand c’est pourtant à son tour de servir.
Le scénario bascule, par petites touches, dans le surréalisme le plus complet. Car l’arbitre annonce au micro que Giustino déclare forfait pour le prochain jeu, et qu’il ne mène plus que 3-2! En effet, le règlement stipule qu’on ne peut demander une pause médicale pour des crampes. Si un joueur choisit néanmoins de voir le kiné, il perd un point toutes les 25 secondes. Ce règlement n’ayant jamais été, à ma connaissance, appliqué au plus haut niveau, il était inconnu du public abasourdi.
Les soins durent, durent. Et brusquement, le score est de 4-3 pour Vega, ce qu’annonce l’arbitre au beau milieu du brouhaha! Ce sont trois jeux entiers que l’Italien a vu s’envoler en cinq minutes, se retrouvant même breaké sans jouer. Ça fait cher le massage. Et le jeu reprend, avec un Giustino qui tente le tout pour le tout au deuxième coup de raquette. Cette tactique n’étant pas au point dès la reprise, le jeune Vega mène désormais 5-3 après avoir gagné son deuxième jeu réel du troisième set.
Ce n’est pas fini. Bien que Giustino soit réduit, à un moment donné, à servir littéralement sur une jambe, il exécute quelques coups droits croisés léthaux et mène 40-0. Mais, au service suivant, un juge de ligne crie un « Foot fault » du plus bel effet, qui transforme d’ailleurs le point en double-faute. Ça y est ! On est devant Fognini – Montañés ! C’est l’acmé du match. Après cela, quoi de plus normal que l’Italien tienne son service, débreake quand Vega sert pour le match, et tienne encore le jeu suivant ! Au commencement de l’inévitable tie-break final, on pense ne plus pouvoir être surpris par quoi que ce soit que ce match puisse produire, quand Vega glisse en bout de course, chute, et se fait mal, au poignet semble-t-il. On se demande alors si les joueurs ne vont pas se départager en handisport, mais le match n’ira pas plus loin dans l’absurde. L’Italien mène 4-2 puis aligne cinq tristes fautes directes, jetant l’éponge au bout de 3h20 de match. Vega exulte en lâchant des cris de joie délirante. La poignée de main est glaciale.
Après toutes ces émotions, c’est au double de prendre le relais, retardé de deux heures. En ce jour de quart de finale de basket, la France est à nouveau opposée à l’Espagne, défendue par Carreño et Roberto Ortega-Olmedo, bourreau d’Herbert la veille. Carreño est le seul présent à être encore en course pour le simple. Il y a un hic pour les joueurs locaux : le service de P2H - qui, curieusement, multiplie les lancers de balle ratés, s’exclamant ainsi « Pardon » jusqu’à trois fois dans le même jeu – le service d’Herbert, disais-je, leur est aussi illisible qu’une page de Finnegans Wake, tandis que celui d’Ortega est malmené en permanence. Cet Ortega a un revers à une main, et n’est pas malhabile au filet, mais il est le plus petit des quatre joueurs. Le jeu, comme souvent en double, est agréable à suivre, direct, spectaculaire.
Obtenant le break au début de chaque set, les Français règlent l’affaire proprement en deux manches. Je me dis que le précepte de « monter plus souvent à la volée », que les commentateurs du monde entier répètent devant n’importe quel match, fonctionne indubitablement en double, et explique pour une bonne part le résultat. Au moment de la poignée de main, chacun s’excuse d’avoir visé les deux autres au filet durant le match. Carreño et Herbert semblent se connaître et s’entendre bien. L’harmonie règne. A 22 heures passées, bien qu’un dernier simple soit au programme, il est temps de rentrer.
Vendredi, lutte des classes
Ayant dû passer mon tour jeudi, j’ai malgré tout suivi les aventures de nos héros devant mon écran. Carreño a eu un quart de finale compliqué contre un Andalou. Décidément un peu mou parfois, il se fait marcher dessus dans le premier set, parvient à breaker à 2-2 dans le deuxième au terme d’un long jeu, puis déroule sans trop de problèmes. Quant aux Français, battus au super-tie-break par une paire irlando-néerlandaise, leur tournoi se termine en demies.
Ce vendredi, c’est la finale du double. Curieusement ou non, si l’Espagne avait placé 6 représentants en quarts de finale du tournoi individuel, elle n’en comptait qu’un parmi les 8 demi-finalistes du double. En finale, on retrouve trois Hollandais et un Irlandais. Parmi eux se trouve Boy Westerhof, dont le patronyme et les prestations de mannequinat (NSFW!) sont susceptibles d’inspirer du beau monde, comme cette cougar se prenant en photo avec lui et le draguant après la cérémonie de remise des prix. Un peu plus tôt dans la journée, il a abandonné sa demi-finale de simple après cinq jeux, mais est bien là pour le double. La surcharge musculaire alléguée ne doit pas être trop handicapante pour la discipline, à moins que les quelques heures de répit l’aient soulagé.
Quoiqu’il en soit, il gagne le tournoi, accompagné de Van der Duim, un joueur aux coups de patte astucieux, au bon toucher de balle. Comme ses coups de fond me semblent un peu pauvres, j’imagine l’ultra-spécialiste de double, mais le site de l’ATP m’apprend qu’il est tout de même 278e en solitaire. Il faut dire que c’est son plafond, à 27 ans.
Alors que la paire 100% Pays-Bas sert pour le match, à 7-6, 5-4, 30-30, petit incident : le point, accroché, se conclut par un passing gagnant des retourneurs. Mais Westerhof proteste immédiatement auprès de l’arbitre car James Cluskey – ce grand Dublinois dégingandé, qui pour le coup n’est productif qu’en double – a frôlé la balle au filet avant que Jesse Huta Galung ne la frappe pour de bon. L’arbitre n’a rien vu. Ce serait embêtant si Cluskey, fair-play, surtout en un tel moment, n’était intervenu pour rendre le point à ses propriétaires légitimes. Ceux-ci empochent le chèque de 2650€ d’un dernier service gagnant.
On a tout juste le temps de déguster des sardines marinées et un ceviche de gambas au bar du coin avant que ne commence la deuxième demi-finale du simple.
Deux nouveautés ont fait leur apparition pour les dernières journées du tournoi. Des gradins ont été ajoutés sur le court d’à côté ; je m’y installe pour suivre le jeu sous un autre angle, plus en hauteur, et derrière la chaise d’arbitre. La vue d’ensemble est appréciable pour mieux comprendre les échanges, mais la perception de la vitesse change considérablement. Pour compenser en partie, un radar calcule la vitesse des service. Il est toujours intéressant de noter les km/h, mais je me demande si la mesure est systématiquement fiable. Sur les matchs vus, la puissance aura été environ de 115 à 195 km/h. Et clairement, ça frappe plus fort quand il y a balle de break.
Dans l’arène, face à un Carreño de plus en plus favori pour le titre, on retrouve un des « taureaux » vu le premier jour face au double français : Iñigo Cervantes. On ne saurait imaginer deux jeunes hommes à l’apparence plus opposée. Cervantes, c’est une démarche un poil arrogante, des manches retroussées sur ses biceps, une carrure musclée, des cheveux ras… En exagérant un peu, on pourrait l’imaginer traîner sur les places de la ville entouré d’un groupe de « canis« , ces jeunes Sévillans, vauriens ou même voyous, au mauvais goût manifeste. Carreño incarne quant à lui parfaitement le fils de bonne famille bourgeoise, le « pijo » – qu’il est effectivement – et ce n’est pas son air détaché, sa facilité sur le court, qui contredisent cette première impression.
Arrivé un peu en retard pour ce duel pijo-cani, je ne retiens pas grand chose du premier set, si ce n’est que, menant 5-4, Carreño sauve deux balles de break et conclut la manche sur un enchaînement service – volée liftée peu académique mais impressionnant. On sent qu’il monte en puissance dans ce tournoi, car, face à un adversaire très accrocheur, loin de se laisser aller, il joue de mieux en mieux au fil du match, varie en premier la direction des balles, vise et touche les lignes. Cervantes, lui, non seulement, subit dans le jeu, mais dès qu’il s’approche du filet, contraint par la nécessité de l’échange ou plus souvent par les amorties adverses, c’est la catastrophe, à l’exception d’une belle séquence volée contre volée dont il sort gagnant. Malgré sa résistance et son refus de la défaite, exprimé par un jet de raquettes sur les bâches qui provoque les sifflets des gradins (pleins à craquer pour la première fois du tournoi), il perd 6-4, un score plus serré que la réalité de ce deuxième set.
Samedi, bref épilogue
La course de fond qu’a été cette semaine touche à sa fin. La dernière journée sera la moins prolifique en tennis, du moins en quantité. L’intérêt principal de ce sprint final, pour moi, est de voir jouer pour la première fois le Japonais Taro Daniel, trop souvent programmé en séance diurne jusque là.
Je sais qu’il est né à New York et qu’il est grand (1,91m). Sur le court, je trouve son jeu de jambes très bon, peut-être le meilleur vu cette semaine. Mais tous mes efforts pour m’intéresser à lui n’y peuvent rien. Son style de jeu tient en une formule : régularité du fond de court. On voit que, comme Ferrer, il a été formé à Valence – où il réside. Il est décevant de constater que pour sa taille, son service est quelconque et qu’il n’est guère tranchant à l’échange. Sa marge de progression en terme de jeu vers l’avant est donc énorme. En attendant, son jeu un peu limité à mon goût comprend les bases pour jouer sur terre. A sa décharge, je ne l’ai vu jouer qu’en finale.
Quant au match, le sixième entre ces joueurs (mais le premier en Challenger), il n’aura vraiment duré qu’un set. Carreño met la pression à 5-4 et breake pour la première manche. Au premier jeu du deuxième set, Daniel obtient plusieurs balles de break, dont l’une est sauvée par un passing de revers long de ligne superbe. Un coup qui punira le Japonais plus d’une fois. Une fois ces occasions envolées, Carreño est seul sur le court. Comme la veille, il joue mieux au fur et à mesure que le match avance. Et cette fois, le tableau de score affiche une note sévère, mais juste : 6-1.
Que c’est épuisant à suivre sur place, un tournoi. Pourtant, difficile de croire que c’est déjà fini. Après les matchs fous des premiers jours, la logique s’est imposée le week-end et nous laisse sur notre faim. Demain, on regardera à la télé des joueurs pas tellement meilleurs que notre Carreño vu en vrai se débattre en Coupe Davis. Les semaines suivantes, gavé de tennis, on fera une pause. Jusqu’à l’année prochaine, on oubliera que le circuit Challenger existe. Et puis en septembre, on replongera dedans, sûr.
Tags: Challenger
le duel pijo-cañi bien trouvé !
les challengers c’est un peu comme les premiers tours de grand chelem, le cadre et les big stars en moins… ya à boire et à manger, l’ambiance est souvent sympa, pour avoir fait Rennes, Cherbourg ou St Rémy qui est totalement gratuit d’ailleurs c’est assez rare pour le souligner… j’aime bien ce genre de petit tournoi…
pour l’ambiance espagnole sur place ou tout le monde est agglutiné à la buvette, ça me rappelle plein de souvenirs de vancances ! c’est un peu comme à l’heure de la messe y’en a plein qui restent dehors au troquet du coin !
Délicieux !
Le début a un côté polar lent d’ambiance, avec inspecteur qui résout le crime en arpentant les terrasses de café et en contemplant les pigeons…
Après avoir soigné un cadre somptueux, les tableaux se déroulent, copieux et épicés comme un buffet de tapas. C’est palpitant, ça frémit de petites rosseries ciselées, c’est de l’ethnologie tennistique en odorama. Encore.
Arpenter les terrasses et contempler les pigeons, j’aime beaucoup la formule!
Je profite des commentaires pour préciser que la remarque sur le prénom du Hollandais Westerhof et le lien vers la photo sont piqués à un de tes commentaires d’il y a 10 jours.
No plagiarism intended
A 4-4 dans le 1er set, Monfils qui a expliqué avant le match qu’il était fatigué (fatigué, fatigué, fatigué), sue comme Gasquet et joue un cinéma de l’épuisement style Mahut-Isner le 3è jour…. quel saltimbanque !
A part ça les coups sont beaux et Sousa pas du tout impressionné, plutôt percutant.
Bizarrement Sousa monte de plus en plus au filet, où il n’est pas forcément très inspiré….
Haha, la spéciale Gaël ! Après s’être assis durant l’altercation entre Sousa et l’arbitre, il colle 3 aces puis un enchaînement 2nde-super amortie qui expédie son jeu en 30 secondes.
TB, ils continuent à taper comme des ânes, Monfils avec un sourire ravi absolument Jar Jar Binks;
Il sourit encore plus largement après avoir rendu le mini break sur son service avec deux fautes cosmiques (dont une tentative de décapitation).
C’est assez original, sur balle de set, Sousa sert sa raquette glissante qui se fracasse sur le sol. Ils nous gâtent.
Monfils égalise sur un passing monstrueux.
Ah, cette fois c’est Gael qui laisse glisser sa raquette.
Malgré une bonne première, Monfils commet la faute qui offre le 1er set à Sousa.
Vu les niagaras de sueur, le Portugais prend une belle option sur le match.
Seulement 13 sur 23 à la volée pour Sousa, 11 aces côté Monfils n’ont pas suffit.
Il vient encore de vendanger une amortie…
Tiens, encore de l’inédit : sur une grosse 1è de MOnfils, Sousa retourne dans le sol une balle qui rebondit contre sa propre raquette. Tennis flipper.
Gael vendange tellement que c’est pas grave : BB Sousa.
Et voilà…
Monfils va voir sa maman en tribune pour lui dire qu’il n’a pas très envie de continuer à essayer de gagner, manifestement.Mais bon, c’est un bon fils, alors il marque 2 points. Puis 3. 0-40. Sera-t-il sauvé par la botte secrète Maman ? Mouairf. Egalité.
Le saligaud continue à parler à sa mère en position de retour, alors que Sousa va servir, puis s’excuse auprès de lui.
J’espère qu’elle lui a dit de s’accrocher sinon pas de dessert, ça lui fera les pieds;
3 jeux de suite qui durent moins d’une minute. Pas la peine de me casser, ce sera vite fini…
Voilà le 4è, Monfils d’une nonchalance complète qui balance des winners à l’insu de son plein gré.
Patriciaaa en force!
Super article sinon, une belle tranche de vrai tennis comme on les aime.
Moi j’adore les tournois Challengers. Sur le circuit principal, tous les tournois ont un petit côté aseptisé, chacun tentant de singer les recettes et le cérémonial des Grands chelems, tellement sérieux qu’ils en frisent parfois le ridicule (faut dire aussi qu’il ne sont pas aidés par les 100 pages de cahier des charges de l’ATP, des gens plutôt du genre jamais contents). Des grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le boeuf, il y en a aussi à l’échelon inférieur, bien sûr, notamment parce que les plus importants d’entre eux sont la plupart du temps portés par des boîtes privées. Sauf que quand ton partenaire principal répond au doux nom de Léon le cochon, ça t’oblige à cultiver un certain second degré
J’ai fait Rennes deux fois par le passé, et même si la société qui le gère est à fond branchée dans le trip évènementiel sportif à destination d’entrepreneurs locaux dynamiques, il y régnait à l’époque une ambiance bon enfant extrêmement agréable. J’espère qu’elle a survécu au fil des éditions. Epi y’avait Sam dans les tribunes.
Cherbourg m’avait bien plu aussi : c’est le plus vieux des Challengers français existant, et tu sentais l’équipe bénévole qui n’avait pas d’ambitions démesurées. Ils se satisfont de ce qu’ils sont, de ce qu’ils font, et c’est déjà très bien. Le tournoi est là, existe à cet échelon, et tout le monde là-bas cherche juste à bien mener sa tâche d’une année sur l’autre, sans se bercer du doux rêve que caressent la plupart des tournois de cette catégorie : devenir un jour ATP250.
Passage plus court, mais Saint-Rémy m’avait agréablement surpris, aussi. Dans une région où on se la pète pas mal, et pour un tournoi mené par des « noms » du tennis français (Sébastien Grosjean et Bernard Fritz, son ex-coach et lui-même ancien joueur), aucune grosse tête qui dépasse. L’organisation était menée à la bonne franquette avec, exceptions dans le paysage, l’entrée libre pour le spectateurs et l’égalité totale de tous sur le site : pas de badges, pas d’accréditations, chacun libre d’aller et venir à sa guise.
Le portrait de Séville par Skvo est délicieux. Après si un jour je vais là-bas en septembre, ce qui est très possible, ça ne sera pas pour voir du tennis, même si Gimeno de travers est à l’affiche. Par contre, j’aimerais bien faire Ségovie une année. Juste pour voir depuis le bord de court à quoi ressemble un service d’Albano Olivetti ou de Samuel Groth quand il est frappé à 1200 mètres d’altitude.
ça serait dommage de se priver vue que ma famille est du coin
Léon le cochon…s’il n’existait pas faudrait l’inventer! C’est le partenaire de quel tournoi?
En tous cas en 2013 à Halle, les bancs où s’asseyaient les joueurs étaient recouverts de charcuterie géante en quadrichromie. Federer avait astucieusement géré le problème d’image en étalant ses serviettes partout….
Quadri quoi?
Comme ça :
http://www.kleinemas.de/
http://cdn.perfect-tennis.co.uk/wp-content/uploads/2012/06/Haas-def.-Federer-in-Halle-640×330.jpg
J’adore l’air superfocus de Fed qui masque la plus grande partie des cochonnailles. Alors que Youzhny, il lui manquait plus que le tablier.
(NB : c’était en 2012 en fait mais ça m’a marquée)
J’avais un vague souvenir de ces bancs orange… Et puis la jeune femme qui croque tout sourire dans la saucisse, je ne sais pas si c’est moi qui suis détraqué mais dans le genre mauvais goût mauvais goût , difficile de faire pire…
@Ivan : http://restaurant.michelin.fr/restaurant/france/35000-rennes/leon-le-cochon/2ao2nz7
Un peu de respect, s’il vous plait…
Et cette bière au maroilles, au fait ?
Au moins il est répertorié au Michelin. A Rennes on porte haut les couleurs du cochon, pas comme les teutons et leurs saucisses industrielles.
Ouah ! Top Skvo ! Je n’ai jamais vu de tournois Challengers « en vrai », l’Open de Caen n’étant qu’une exhib, mais ça donne envie, c’est clair !
J’adore tes compte-rendus et l’écriture est très bonne. Ah, et puis « aussi illisible qu’une page de Finnegans Wake », fallait la sortir. Bravo.
Un mot aussi sur Séville qui est une ville magnifique et où tu as bien de la chance d’habiter.
« Le meilleur Challenger de terre battue d’Espagne », ça aussi, ça m’a tué…
les andalous sont les rois de la surenchère !
Ça se lit comme un roman (mais pas de Joyce).
Excellent, le tableau de l’édition 2001, avec en vedette cachée le magnifique Olivier Mutis. Marc Lopez TS1… Ferrer et Verdasco battus dès le premier tour par les immenses Todd Larkham et Quino Munoz…
A la lecture de ce récit très réussi (ça rime) je me dis qu’il faut être vraiment motivé pour voir certains matchs. Skvo, je soupçonne ton talent de plume de nous les rendre plus attractifs qu’il ne sont réellement. Car enfin, presque une semaine à se taper du Vamos, du lift à n’en plus pouvoir sur une terre battue de couleur jaune (Jaune!! C’est quoi ce bordel!?) non, vraiment. Sauf si… la bière aidant…
Ça me fait penser à la phrase de Coluche (on se calme, c’est une citation, c’est Coluche, c’est une blague):
« Pourquoi D ieu a t’il inventé l’alcool? Pour que les femmes moches baisent quand même. »
On pourrait ajouter : pour que le Challenger de Séville ait des spectateurs…
La course au meilleur comm est lancée. Oluive est suivi d’Ivan…
Murray a demandé une WC histoire de pourrir le tableau de Richard à Shenzhen… pendant que Ferrer affronte un quart avec 4 qualifiés. Typique.
Sinon, Kuala Lumpur a quelques matchs sympas en perspective : Kyrgios est dans le 1/4 de Nishikori, un petit Gulbis/Tomic, et après l’article de Sko, vous ne voudrez surtout pas rater le clash Taro Daniel/Cuevas, j’en salive déjà.
On pourra aussi peut être apercevoir le jeune Omar Jasika, encore un jeune Australien prometteur qui a remporté l’USO junior.
bonjour tt le monde !
bien arrive au vietnam, tout va bien. je vuolais ecrire pour remercier skvo car j ai adore ton article. jms eu l occaz de voir un challenger meme si j avais hesite avec celui de Mons cette annee, etant pas loin a Lille. faut que jme fasse chernourg aussi. au vietnam meme pas de challengers je crois, ms jtenterai d aller voir des Futures, ca c est le tennis vrai (dedicace a doublefaute)! faut que je monte mon challenger ici qui sait! a bientot!
C’est marrant cette réussite de Sousa en indoor… en fait, sa finale à Metz tombe à pic pour compenser son titre à Kuala Lumpur (9è clou dans le cercueil de Bennet).
C’est en indoor et sur herbe qu’il gagne le plus de matches (respectivement 58.3% et 57.1% de matches), et la terre est sa moins bonne (42.9%). D’autant plus rigolo qu’en challenger, il n’a joué quasi que sur terre avec seulement 28 matchs sur dur. Et en Futures, 50 sur 180 matchs joués sur dur.
De son côté, la pauvre Azarenka met fin à sa saison, après avoir sans arrêt du s’arrêter pour des blessures. Vraiment dommage, avec Na Li qui prend sa retraite, deux joueuses très concurrentielles ont dégagé le terrain.
Wozniacki et Ivanovic ont un regain de forme, mais elles n’ont pas la même capacité à embêter Madame 18è dans la chasse aux GC. Va falloir que Halep et Bouchard franchissent encore un cap.
Bon, j’espère qu’Azarenka reviendra suffisamment en forme l’an prochain, et que la petite Vicky Duval, qui a terminé sont traitement contre le Hodgkins ne se laissera pas freiner dans sa jusqu’ici très belle ascension : http://i.instagram.com/p/tL1KJLzLPl/ Elle a un super mental et un tennis déjà très mature.
En hors d’œuvre pour la finale de Metz, où j’espère que Goffin va l’emporter, la finale du challenger d’Izmir oppose le vieux Jaziri et le jeune Coric. Ce dernier talonne son conscrit Zverev au classement, le jeune Allemand s’étant incliné plus tôt dans le tournoi contre un qualifié beaucoup moins bien classé Coric est déjà 150è à la Race et dépassera Zverev s’il s’impose. Très régulier, il ne dépend pas autant de la grosse perf réalisée dans un 500.
Le Croate serait alors, à 17 ans, le mieux classé des moins de 19 ans devant Zverev et Nishioka, de deux ans son aîné.
Une bonne nouvelle pour Karen Khachanov qui s’était illustré dans les ATP250 nationaux sans percer en challenger : il a repris sa marche en avant en enquillant les futures (il vient d’en remporter un chez nous après un titre en Chine) et les challengers et atteint la 318è place. Il est revenu à hauteur de Jared Donaldson, un autre « 18 ans » dont on a pas mal parlé aux USA (il a remporté 3 futures d’affilée cet été). En octobre, il lui faudra toutefois compenser la perte de ses points à St Petersbourg et Moscou….
Incroyable n’empêche, ce réveil estival de Goffin qui est passé de quasi pas un match gagné à un run lui permettant d’aligner deux victoires en challenger et, sans doute, deux victoires en 250. Je pense qu’en 2015, il ba se rapprocher méchamment du top ten et venir confirmer la tendance au renouvellement des têtes de gondoles du circuit.
Oui, comme je pensais Goffin a roulé sur Sousa en pratiquant un tennis dans la filière de Nishikori. Il a fait comme le nippon de gros progrès au service, et même si le mental et l’expérience sont clairement moindres, la confiance accumulée lors de ce bel été la pallie contre des adversaires pas assez incisifs. Il joue comme je l’avais vu à l’intersaison (sauf le service, bien meilleur), ce qui m’avait amené à l’embaucher en libero avec enthousiasme.
D’après son ancien coach, il avait tellement envie de bien faire et de rattraper le temps perdu après sa fracture qu’il s’est mis une grosse pression…. Johnson était lui aussi passé par une phase similaire, les matchs gagnés en challenger l’ayant remis dans le droit chemin également.
Sko qui balance comme ça une tranche de vie de tennis comme on les aime, un des articles de l’année : c’est excellent, merci !
Skvo, c’est un véritable régal à lire ta chronique des poussières andalouses.
Ta prose sachant se faire fluide et altière à l’image des trajectoires de Carreño, ou alors plus féroce, ténébreuse, ensorcelée, tel ces lifts tempêtant dans le brûlant ocre jauni.
J’ai moi-même assisté à plusieurs matches à l’immarscecible Future d’Angers, qui dans sa trépidante jeunesse aura vu exploser l’échalas local Mahou et l’amateur de friandises chocolatées chères au coeur des enfants allemands, icelui étant Manceaux d’origine.
Et ben mine de rien, sur ces terrains de terre-battue soignés mais totalement quelconques que j’ai moi-même honoré de mes revers précis à quelque hectares près et de mon puissant service de gerbinette, dans cet environnement hagard et blafard de hangar calfeutré aux lumières bizarrement tamisées ; mine de rien disais-je, le niveau atteint par ces pages 4 à 15 du classement ATP est quand même sacrément bluffant et orgasmique à contempler par à-coups ou alchimies bienheureuses.
Ce qui fait la différence avec les nantis de la profession, c’est le rythme global d’un match, moins étouffant, et la capacité moindre à enchaîner les efforts sur la durée d’une rencontre ou d’un tournoi. Et l’aspect moins automatique de leurs… automatismes ! (mais du coup moins de tics à gogo)
Enfin bref, le charme de l’amateurisme, mais avec l’enjeu d’une autre vie si près… Et si loin.
Ps : Stéphane Huet, Mertinak, De Chaunac… que de nostalgie à la lecture du tableau de 2001.
Mais alors, quel suspense anachronique insoutenable ; qui de l’innomable toro de 15 ans ou de Galvani l’eût emporté de jour-là ?
La fin du suspense…
http://www.atpworldtour.com/Players/Head-To-Head.aspx?pId=N409&oId=G372
L’autre truc affreux, c’est que Mertinak joue toujours. Bientôt 10 ans après avoir raté l’occasion de devenir un héros national en apportant la Davis à son pays, il est toujours 88e en double. Il a même joué des finales à Zagreb et à Gstaadt cette année.
Les amis,
Vos commentaires flatteurs m’ont vraiment touché. Ça fait plaisir. Merci aux tauliers pour le boulot d’édition.
Je me disais ce samedi: c’est un sacré « fail » d’avoir écrit un article sur un challenger au moment même où Kaelin part en voyage, mais il a trouvé moyen de se connecter et de le lire, cool!
Parmi les différents genres de challengers mentionnées par Guillaume, on peut expliciter que la Copa Sevilla est d’ambiance franchement conviviale et n’a manifestement pas de désirs de donner au vainqueur plus que les 90 points ATP de sa catégorie. L’entrée est d’ailleurs gratuite, on y entre comme dans un moulin, ce qui explique la perplexité en arrivant pour la première fois au stade, on se demande si c’est bien là. Comme Saint-Rémy, si je comprends bien.
Ivan, je ne sais pas si c’est l’alcool, l’émotion de voir du tennis pro au bord du court, ou une quelconque capacité de ce papier à faire illusion sur la qualité réelle des matchs, mais j’ai pris beaucoup de plaisir cette semaine-là. Le match de premier tour de Carreño était passionnant, j’insiste. La demi et la finale étaient à sens unique mais ça jouait bien. Carreño n’est pas un crocodile comme d’autres, son jeu est varié et plutôt plaisant. Cependant, c’est vrai qu’au total, j’ai vu beaucoup de lift, mais quand tu vois deux joueurs se mettre à frapper plus à plat tous les deux à la fois, comme d’un commun accord, l’effet est spectaculaire, et le contraste avec les échanges précédents renforcent l’impression.
PS: L’édition 2001 de ce tournoi est le deuxième tournoi pro joué par Nadal, le premier challenger, et le premier match pro gagné (et par conséquent les premiers points ATP), le tout à 15 ans.
La finale de la Coupe Davis se jouera donc sur terre.
Monfils pourrait ne pas y être, à voir la gravité de sa blessure aux genoux.
Je pense que la terre permettra à Stan de mieux s’exprimer.
Pour moi c’est prendre un gros risque d’être 2-0 pour les Suisses le vendredi soir.
« La Couleur de Lille » sera donc l’ocre
Je bosse le vendredi.
Dis comme ça, tout le monde s’en fout. Mais, je compte y aller. Et je bosse le vendredi. Si en plus on commence à dire que ça va faire 2-0, ça commence à craindre. Fait c… Alors, c’est quoi cette histoire de genoux de Gael ?
Hors court:
Gala León choisit Gala León. La directrice sportive de la Fédé espagnole, l’ex-joueuse Gala León, chargée de convaincre Moya de revenir sur sa démission, ou de trouver un autre capitaine de Coupe Davis, a choisi de s’auto-désigner. Bien joué!
Inutile de dire que ça fout un beau bordel en Espagne…
Nadal a renoncé à l’exhibition indienne de Bhupathi. Enfin une décision sensée!
Par contre, Federer aurait accepté de le remplacer. Excusez-moi mais quel c…!
Se prêter à un spectacle pourri à l’intersaison, en Inde, pendant un mois, au lieu de prendre du repos ou bosser… Ce genre de préparation lui avait tellement réussi fin 2012 (en AmSud), on l’a vu l’année suivante.
Roger à l’ITPL, je dis non !!!!
Il avait pourtant dit clairement que ça ne l’intéressait pas. Faut croire qu’on a dû lui proposer un sacré saladier (pas celui d’argent).
Et il arguera que c’est la première fois qu’il pourra visiter l’Inde.
Je pense que c’est une erreur, mais si j’en crois ce que je viens de lire, il s’agit uniquement de 3 jours de « compèt », début décembre. Pas trop trop grave pour sa préparation, même si clairement pas idéal.
Roger confirme sur son twitter qu’il ira en Inde.
Skvo, j’ai enfin lu ton article. C’est du lourd, comme dirait l’autre! Superbement narré.
Moi les souvenirs de bords de « petits » courts, c’est les finales des Interclubs suisses auxquelles j’ai assisté; l’ancien Barclay Open à Genève (qui était un équivalent 250) où Rosset avait démarré sa carrière professionnelle en… remportant le tournoi; l’ancien challenger de Genève quand il se jouait durant l’été sur terre battue, où j’avais notamment vu Federer une année et Stan une autre année.
Et je dois dire que sincèrement, quand tu vois ne serait-ce qu’une finale d’interclubs, tu vois déjà un niveau de fou et tu demandes comment c’est possible de mieux jouer au tennis. D’ailleurs, sur le bord du terrain, tu ne vois pas une si grande différence avec les top-players et je trouve que la télé rend mieux les différences de niveau que le bord de court. Etrange sensation.
Pas du tout, mais alors pas du tout du tout convaincu par le choix de la terre battue pour battre les Suisses. Stan est très bon sur terre et Federer encore plus. Sans Nadal, Federer aurait plusieurs Roland Garros à son palmarès et il est encore bon cette année. Il suffit de voir qui était en finale de Monte Carlo !!
Et si on remplace ça par une autre surface, ça marche pas encore mieux ?
« Stan est très bon sur dur, et Federer encore plus. Même avec Nadal, Federer a 5 USO, 3 AO et 5 Masters à son palmarès. Il suffit de voir qui a remporté l’AO et Cincinatti (et faisait en finale de Toronto et Indian Wells) … »
Sébastien, ce n’est pas la surface qui compte, mais le changement de surface par rapport au Masters de Londres. Stan et Fed n’auront que 3 ou 4 jours d’adaptation, les joueurs français 2 ou 3 semaines (dès leur élimination à Bercy).
@Patricia : Fed a 6 Masters.
OMG toujours aussi pointue je suis…. Ce Roger est monstrueux, aussi.
Pour me faire pardonner le lèse-Biquette, une petite stat vérifiée : victoires/défaites sur terre et sur dur en 2014 pour les protagonistes :
TB dur
fed : 7-3 39-6
Stan : 5-3 22-6
Tsonga : 9-4 21-10
Gasquet : 3-1 20-10
Monfils : 8-3 22-9
Simon : 10-9 9-9
En y réfléchissant, Roger a pas des performances énormes sur terre depuis 2011, qui commence à dater. Surtout à Roland…
RG 2012: demi-finales après un parcours laborieux contre personne + un Del Potro diminué. Il perd même un set contre Mahut. Arnaud, j’espère que ça te donne des idées?
RG 2013: quarts, avec victoire en 5 sets contre Simon et défaite en 3 sets contre Tsonga.
RG 2014: Huitièmes (défaite en 5 sets contre Gulbis)
En Masters 1000, il a une victoire à Madrid dans des conditions de jeu trop spéciales pour que ça soit significatif, et 2 finales (Rome ’13 et MC ’14).
Alors bien sûr, il y a le fait qu’il mise désormais tout sur Wimbledon et se fout pas mal de Roland Garros.
Mais il faut voir qu’on est loin de l’époque où il était le deuxième ou troisième meilleur joueur sur terre du circuit. Surtout en 3 sets gagnants.
Donc le pari de la terre devrait fonctionner, au moins pour ce qui est de gêner Fed. Pour Stan, je suis moins sûr, mais il peut se déchirer tout seul aussi.
Patricia, répète après moi: Roger Federer détient le record de titres à l’Open d’Australie (ex-aequo), Wimbledon (ex-aequo), l’US Open (ex-aequo), et au Masters (seul).
C’est les fondamentaux, bordel!
Mea culpa, mea maxima culpa,
« Roger Federer AKA Le Seigneur détient le record de titres à l’Open d’Australie (ex-aequo), Wimbledon (ex-aequo), l’US Open (ex-aequo), et au Masters (seul). »
Ainsi soit-il pour les siècles et les siècles (sauf pour les 3 premières parenthèses) !
Amen.
super article Skvo, y’a des prix en fin d’année pour récompenser la meilleur patte rédactionnelle du site ?
je pense aller faire à un tour à l’open d’Orléans du coup cette semaine, ça m’a bien motivé, dommage que Zverev se soit déjà fait sortir… peut-être pourrais-je entre-apercevoir Kholi, Brown, Stakho et même Belluci, plutôt motivant !
Autrement changement de sujet et petite question aux connaisseurs, à votre avis quels seront les prix des billets pour la finale de coupe davis ? Et est-ce que les billets du dimanche sont forcément plus chers que ceux du vendredi ? Et dernière question : c’est prendre un gros risque de ne prendre que des billets pour le dimanche ou il vaut mieux assurer avec le vendredi ?
« c’est prendre un gros risque de ne prendre que des billets pour le dimanche ou il vaut mieux assurer avec le vendredi ? »
Expérience personnelle, j’avais pris ce risque en 1982, je m’en suis mordu les doigts…
En revanche, si on se limite aux finales de l’équipe de France, en 91, 96, 99, 2001, 2002 et 2010, il y a eu au moins un match décisif le dimanche.
perso, la recontre se joue le vendredi, soit les suisses prennent le large, soit on est a égalité et le dimanche sera aussi décisif comme dans beaucoup de finales de CD…
mais bon parrier que les suisses seront à 2-0 le vendredi est un gros coup de poker, sauf si gaël n’est pas là !
Enorme Caroline Garcia qui elimine Venus Williams et Radwanska a Wuhan. Prochain exploit contre Jankovic ?
Etonnant, elle a un énorme tableau de chasse cette année… (courtes périodes fastes entrecoupées de mauvaises passes où elle gagne peu) : 8 top 20, dont 3 top 10 (Radwanska, Kerber, Jankovic et venus Williams, Errani 2 fois, Stephens) !
Pour une actuelle 48è mondiale, c’est plutôt pas mal…
Cornet aussi fait dans l’étêtage, avec 4 top 10 (2 fois Serena tout de même ! + Radwanska et Halep) + 3 top 20.
Je crois que je traîne trop sur 15love, je rêve de Patricia la nuit maintenant
Allonge-toi sur ce divan et dis-nous tout…
Je crois que tu es amoureux tout simplement. Demande lui une première consultation!
en écoutant du doc gynéco
T’es pas trop jeune pour connaitre ça ?
personne n’est trop jeune pour connaitre le meilleur album de rap français de tous les temps
et si ça peut te rassurer il m’est arrivé quelque fois de faire des reves de 15lovers lol. J’ai ainsi vu Elmar en songe une fois et… Patricia! Elmar était jeune, parisien et cool (je crains qu’il ne soit l’opposé en vrai… ) et Patricia était bien cool et devait avoir son age réel plus ou moins! 30-40 ans non?
Vieux provincial con!
Je vous rassure, il n’y avait pas de Richard dans mes songes.
Encore un malaise pour Serena
23/09 11h09 – Tennis, Wuhan
Alors qu’elle s’apprêtait à servir pour le gain du premier set (6-5) face à la Française Alizé Cornet, Serena Williams a été contrainte à l’abandon, visiblement prise d’un malaise. Frappé d’une véritable malédiction, le tournoi chinois perd une nouvelle tête de série. La Niçoise, qui avait déjà battu l’Américaine à Wimbledon, affrontera la Belge Kirsten Flipkens en 8es de finale.
Alizé Cornet, faut vraiment qu’elle évite Serena.
Serena, faut vraiment qu’elle évite Alizé.