Nimy, quelque part du côté de la sortie 23 de l’autoroute Bruxelles-Paris, un peu au sud de Mons. Nous sommes en région wallonne. Les routes sont rappées d’usure dès qu’on sort des voies nationales. L’académie locale de musique n’est jamais loin du bar du coin, qui n’est jamais loin de la mutuelle locale, du zoning en réfection, des colliers de maisons grises qui font village. On vote socialiste. On travaille au noir. On paie sa bière, puis celle de l’autre. On n’a rien contre les Flamands et d’ailleurs on ne parle pas leur langue.
Et à Nimy, quelques centaines de mètres après la bretelle d’autoroute, il y a un club de tennis. Le TC Nimy a sa légende. Les joueurs de la région prétendent que la porte d’entrée du club ne s’ouvre qu’avec le clou planqué au-dessous du paillasson d’entrée. Le TC Nimy devait devenir le complément hennuyer du centre AFT de Mons, avant que les instances du tennis francophone ne décident de s’en désinvestir. La buvette sent la cigarette froide. Le Quick des terrains intérieurs ressemble au Dresde des lendemains de bombardement. Le toit perce. Les surfaces gèlent durant l’hiver et les piliers de soutien du hangar évoquent les heures glorieuses de la révolution nord-coréenne. Le TC Nimy, de l’avis de son président, est le club le plus pourri de la région, qui en compte pourtant quelques-uns. Mais voilà, Fred – c’est le président, Fred – est ambitieux, et cela fait deux ans maintenant qu’il veut rénover le club, reconstruire la buvette et doter le hangar d’un revêtement décent. Il a discuté avec le bourgmestre. Raclé les fonds de tiroir des commerçants locaux. Et décidé il y a deux ans d’organiser au TC Nimy un tournoi de ce qu’on appelle le Belgian Circuit, à savoir la catégorie d’élite des tournois nationaux en Belgique.
Cette année, c’est Byzance. Fred connait de loin Christophe Rochus et l’a convaincu – « en sachant se montrer persuasif », dixit Christophe – de participer au tournoi. Les coachs de la région ont rameuté le petit monde local du tennis. On a adossé une tente blanc pluie à la buvette, qu’on a baptisé restaurant pour l’occasion. Soixante joueurs se sont inscrits dans le tableau Messieurs I, du Hainaut, de Bruxelles, de Flandre ; des jeunes qui se testent, des coachs, les coureurs de cacheton, des joueurs solides et limités. Il y a François, qui a perdu cinq fois au tie-break le gain d’un point ATP. Il y a Maxime, qui me dit hier encore qu’un ancien champion de Belgique lui avait avoué qu’il « avait une belle main ». Il y a Sophie, la juge-arbitre, qui rappelle à qui veut l’entendre que « Christophe a refusé d’avoir un coin à lui durant le tournoi, et qu’il préfère rester dans le club-house comme tout le monde » – c’est un gars simple, quoi. Il y a Dennis, trop fort pour la Belgique et trop faible pour le reste du monde. Il y a Maxim, Arthur, Damien, Antoine et tant d’autres, à qui leurs coachs assis à côté d’eux leur répètent depuis deux ans qu’ils ont leur potentiel pour être pros, et qui deviendront plus tard professeurs de tennis.
Et puis il y a moi. Cela fait dix-neuf ans maintenant que je cours les tournois du printemps à septembre, et huit ans cette année que je joue ce qu’on appelle « la grille », à savoir le système de répartition de points définissant le haut des classements belges. J’ai longtemps joué la peur au ventre. J’avais commencé à jouer en compétition un peu après les autres joueurs de mon âge, et j’en avais gardé des années durant un léger complexe d’infériorité ainsi que la volonté scolaire de bien faire, de me battre, de ne pas perdre. Ne pas faire la faute, ne pas délier le bras, attendre la défaite adverse. Je ne l’avouais à personne, mais je ne supportais pas ces jours de tournoi, où la nausée me venait presque à l’idée d’être ridicule, dépassé, grotesque devant mon adversaire souvent plus rapide, mieux habillé, plus sûr de lui. Mais je gagnais des matchs néanmoins. J’étais calme, j’avais l’œil rapide et je me cramponnais tant à mes peurs que la rage qu’elles me permettaient de tenir mes rencontres au-delà de l’épuisement physique et mental. Je suis devenu adulte. La peur n’a jamais disparu et les kilos commencent à empeser mon jeu. Mais je joue mieux. Je sens que le regard des autres sur moi a changé. J’ai aujourd’hui un élégant jeu de contreur, lent mais souple. Les gens aiment regarder mon revers, un joli revers à deux mains, coulé, varié, précis. Et les buvettes des tournois m’apprécient parce que je ressemble aux gens qui les composent : un peu trop lourd, un peu trop vieux, peu habillé – regarder Pitseys jouer permet au bras cassé de se dire qu’il suffit d’un peu de chance pour avoir un joli jeu de poche.
Tout ça pour dire que je n’ai jamais rêvé d’être un vrai joueur de tennis, ni même un joueur qui ressemble à un vrai joueur : fin et dur, tenue floquée, coup droit d’apparat. J’ai battu trois fois Becker contre le mur de mon garage, en finale de Wimbledon. Mais sur le terrain, le rêve c’est pour les autres.
C’est pourtant moi que le tirage au sort avait désigné dans le tableau de qualifications pour jouer contre Christophe Rochus en premier tour de tableau final. C’est moi. Cette fois c’est moi, pas le prof de Mons, le jeune con qui revient de chez Mouratoglou ou le coach à bourgeoises de l’Est de Bruxelles. C’est ma partie. J’ai marché hier comme un mort de faim sur mon adversaire de qualifs. J’ai deux raquettes, un sac en plastique, je porte encore le short et le polo blanc, et c’est moi, la vieille bique, qui vais avoir l’honneur de me faire déchiqueter dans quelques minutes par l’invité de la semaine. Les gosses courent dans le club-house, et trois adolescentes braquent un regard énamouré devant « Christophe », qui se tient légèrement en retrait en fond de salle. Julien, qui est censé rencontrer Rochus au tour prochain, me souhaite rapidement bonne chance. Sophie me présente à mon adversaire, qui ne prend pas la peine de réprimer un sourire surpris à la vue de mon sac en plastique Carrefour abritant mes deux raquettes et la bouteille de Spa que j’ai remplie dans les vestiaires. Nous entrons dans le hangar.
La rencontre commence. Elle durera onze minutes exactement. Le temps de l’échauffement, où le grand con que je suis se dit forcément qu’à ce rythme, le gars d’en face doit tout de même être jouable. Car c’est vrai qu’il n’est pas grand, Christophe Rochus. C’est vrai qu’il est indolent, absent de lui-même, presque gêné de devoir vivre éveillé. Pas vraiment sympathique mais presque touchant en Bartleby du tennis exsudant son « je préfère ne pas… » à longueur de coups ; je préfèrerais ne pas courir ; ne pas suer ; ne pas être là ; ne pas me faire chier à répondre à ces branleurs, à ces faux-culs, à ces abrutis qui me demandent si je me sens bien dans leur hangar ; ne pas parler, ne pas me lever, ne pas devoir sourire ; ne rien faire ; disparaitre ; me faire de la thune et disparaitre. Il joue doucement, et rêve peut-être de mers brumeuses et de soleils silencieux. Je me sens presque bien. Je voudrais que ça dure.
Et le premier jeu, disputé, que je faillis prendre, que je dois prendre d’ailleurs. Je sais que le match sera difficile pour moi, car je souffre d’une ampoule depuis le match d’hier. Le revers, mon coup fort, sera en panne. J’envoie ce que je peux au service et manque de m’ouvrir la main au retour. Je sens qu’il y a un infime espace pour tenir ce service, et peut-être celui d’après. Grappiller quelques jeux. Ne pas être ridicule. Le coup ne passera pas loin, quelques centimètres sur une attaque de coup droit ; mais deux retours gagnants plus tard, c’est Christophe qui prend le jeu. Les quarante minutes suivantes me permirent alors de comprendre ce qu’est un vrai joueur de tennis.
Que dire ? Christophe n’a pas perdu un kilo depuis son retrait des terrains. Il court vite, est impeccable dans sa technique de course, prend la balle juste après le rebond. Pas de coup neutre, pas d’attente. Je remets la balle, il la termine. Je l’attaque, il me dépasse. Je slice, il monte. Je joue au centre, il me déporte. Je joue croisé, il me déporte davantage. Je tente l’amortie : ben, il contre-amortit, forcément – ne JAMAIS amortir sur un Rochus. Je le lobe, il me tweene. Je le re-lobe, il me fait avaler la balle. Christophe Rochus n’est pas un joueur puissant, il doit donc être un joueur rapide. Il joue sur l’étourdissement constant, le tricotage agressif. Le phasme se fait colibri, le poux devient puce. Et les jeux se succèdent. Mon T-shirt peut abreuver l’Afrique entière. J’essaie de me cramponner à mon service de gaucher, slicé extérieur côté avantage, une saloperie fuyante que même les meilleurs finissent par vomir. Verdict, quatre retours gagnants d’affilée, et ma raquette gémissant de désespoir.
Il en va sans doute de ce genre de match comme d’un deuil à construire à l’annonce d’une maladie grave. On y croit au début. Puis on se révolte, on se met en colère: ce revers qui ne va pas, ces doubles fautes qu’on ne fait (forcément) jamais d’habitude, fichue ampoule, mauvaise tension, surface de merde. La peur de partir ridicule vient ensuite. Je me vois faire semblant de penser à un plan de rechange. Je serre le poing pour la forme, tout en esquivant le regard du public. Et, je vous l’avoue, je pense un peu à vous, en me disant que j’aurais bien voulu ne fût-ce que sortir un coup droit ulysséen en l’honneur de la formidable bande de tarés que vous formez tous. Et puis le sourire vient, le deuil est fait. C’est à ce moment là que tombe presque naturellement mon seul jeu du match : trois coups gagnants, dont une jolie amortie bloquée. Le corps se relâche. Je profite des derniers instants. Je me surprends à le regarder jouer, le petit bonhomme d’en face, son visage sérieux et triste, sa moue ironique, sa pure merveille de revers.
6/0, 6/1, cinquante minutes. La leçon, quoi. Une charge atomique de tennis dans les dents. Coup de pot, Christophe est dans un de ses bons jours. Et moi, il me fait plutôt marrer avec son tempérament d’Asperger. On boit des bières. Et Christophe parle, fidèle à sa réputation… Il parle de lui, bien sûr, et beaucoup : des quelques tournois qu’il jouera encore cette année, des projets qu’il a dans le golf, de la difficulté de coacher la nouvelle génération de joueurs belges, extrêmement privilégiés financièrement et peu volontaires. Et parlant de lui, du circuit dans lequel il a passé dix ans de sa vie. Où on apprend que le circuit tel qu’il l’a laissé ne laisse selon lui plus assez de place au jeu lui-même, à la création de trajectoires et de filières tactiques créatives. Qu’il y a peu de choses plus emmerdantes pour un joueur que de jouer Berdych, Soderling ou la nuée de leurs clones. Qu’il échangerait dix Ukrainiens contre un Corretja. Que la pauvreté technique du jeu au top est, selon lui, heureusement masquée par la présence de deux joueurs touchés par les dieux, à savoir Federer et Murray. Qu’à ce titre, le fait que Gilles Simon soit incapable d’attaquer une balle mi-court n’en fait pas moins un des jeux les plus intéressants du circuit. Que vu l’inflation du volume physique des joueurs actuels, la seule manière efficace de lutter contre le dopage sur le circuit serait d’intensifier les contrôles au niveau junior, car c’est à cet âge, vers 14 ou 15 ans parfois, que des gosses, souvent inconscients de ce qui leur est administré, commencent à se faire « charger » par leurs parents ou coachs ; que l’argument selon lequel tel ou tel joueur – suivez mon regard, amis de la corrida – serait « naturellement » puissant physiquement à 17 ou 18 ans est non pertinent à cet égard ; qu’il ne lui revient pas de reprocher à ce type de joueur – suivez mon regard, amis de la paella – de maximiser ces gains professionnels mais qu’il ne plaindra pas s’il venait à faire un infarctus à 40 ans ; que si les pratiques de dopage sont plus massives auprès de certains cultures tennistiques – suivez mon regard, amis de la vodka et du tango – elles sont néanmoins généralisées au sein du top – suivez mon regard, amis de l’emmenthal. Et que, au passage, Tim Henman serait probablement champion de golf professionnel s’il se tirait les doigts de sa vie familiale. Christophe parle, longuement, de la manière de ceux qui ne parlent pas souvent, qui ne parlent que d’eux et qui préfèrent être compris qu’appréciés. Il n’impose pas son point de vue et se fiche du tien. Il est heureux qu’on le prenne comme il est, une tête de lard. Et puis il te serre la main, au milieu d’une de ses phrases, en te disant qu’il s’en va. Il est pourtant de très bonne humeur. Car il lui plait de repartir solitaire.
Tags: tranche de vie
Pas de commentaire, juste un grand merci !
Merci John!
J’ai l’impression que si tu es content d’avoir vu Rochus, tu ne l’apprécie pas beaucoup.
Intéressant l’idée de dopage dès 14-15 ans, après c’est l’avis de Rochus ça vaut ce que ça vaut.
En tout cas merci de nous avoir fait partager tes impressions.
Le meilleur article jamais publié sur 15-Love ?
Bravo et merci John.
Je crois franchement. Chapeau John.
Super article John, merci d’avoir partagé cette expérience avec nous, c’est vraiment dommage de l’avoir affronté diminué.
Sinon le Rochus lance pas mal de torpilles dans toutes les directions concernant le dopage. Vu qu’il le considère (à différents niveaux) généralisé à tout le circuit, il t’aurait pas confessé d’en avoir aussi goûté à la potion magique?
Début du service après vente.
Alors, la discrétion commande de ne pas tout dire non plus de ce qui fut échangé. Mais sur ce point, les choses semblent sincères: le père de famille, médecin de profession, se serait montré intraitable.
Au delà du compte rendu du match et de l’expérience vécue, particulièrement bien relatée, l’intérêt de l’article vient également de ce que Rocchus dit ainsi en privé, sans journalistes, en disant ce qu’il pense tout simplement…
Et je suis bien évidemment d’accord en ce qui concerne la pauvreté du jeu…En ce qui concerne le dopage, tout ceci est probablement malheureusement exact aussi. Il ne faut pas se faire d’illusions au motif que très peu de joueurs ont été attrapés en sanctionnés…
Superbe, John. C’est très touchant, sans effets de style excessifs, une matière brute, directe… J’aime. Ca renvoie bien l’image de votre match express finalement, et de ce drôle de type qu’est Christophe Rochus.
Me souviens l’avoir croisé il y a quelques années maintenant, à Lille. Toujours dans son coin, mains dans les poches, pas bavard, l’apparence renfrognée… L’exact opposé de son frère. Sans les connaître mais de l’image qu’ils me renvoient, je me dis qu’une grande partie du caractère ombrageux de Christophe doit être liée à « Oli », ce petit frère dont on a dû le bassiner depuis l’enfance avec son talent, ses coups de pattes, son joli revers, et puis cette petite taille qui, vous comprenez mon bon monsieur, le handicape pour viser plus haut, sans cela il ferait des merveilles. Des caractéristiques qui valent aussi pour Christophe… mais toujours un peu moins. Parce qu’il est un chouia moins doué, que son revers est un chouia moins somptueux, qu’il est un peu moins lilliputien que son cadet…
Je n’irai pas jusqu’à dire aigri, mais il y a au moins un côté aigre chez Crochus. Ses dégommages à la sulfateuse font le sel du personnage dans un milieu trop propre sur lui, mais du coup on comprend aisément que ses ex-confrères du circuit l’apprécient peu.
Assurément un grand moment de ce site, John, merci !
Merci Guillaume. Je ne saurais dire si Christophe est aigre ou simplement introverti. Et je saurais bien incapable de tirer la moindre conjecture sur son parcours psychologique. Mais c’est une personnalité acre et particulière, c’est sûr: intrigante en tout cas.
Acre serait sans doute plus juste que aigre, tu as raison. Après faute de réellement le connaître je suis purement dans l’hypothèse. C’est juste qu’il m’a souvent donné l’impression d’être agacé par la renommée certaine de ce frangin si doué et si sympa, quand de lui on n’aura finalement retenu que sa « grande gueule ».
Merci John.
C’est super que cette expérience unique (ou presque) ait pu faire l’objet d’un article aussi fouillé et intéressant.
Sur la question du dopage: j’ai eu l’occasion de discuter récemment avec un ami d’amis, médecin du sport de son état, et qui est / a été le médecin personnel de plusieurs sportifs de haut niveau (dont certains ont été n°1 français, européen, mondial ou olympique dans leur sport, voire sont aujourd’hui consultant à la télé), et équipes. Cette discussion a permis de dissiper mes derniers doutes sur le sujet. Cette personne n’a rien d’un affabulateur, les exemples qu’il donne (exclusivement français) sont soit vécus, soit relatés de première main (par ses confrères).
Et justement, pour ce qui est du tennis, il a le même discours que Rochus: le plus gros du processus de dopage se fait à l’adolescence.
Excellent ce récit John ! La présentation de l’ambiance, ta mise à nu osée, les confessions d’après-match… Et tu as eu l’occasion de voir ce que vaut vraiment un joueur pro, ça n’a pas de prix. Difficile pour le commun des joueurs d’imaginer que des types comme Rochus frappent des coups droit comme on sert une main. Des réflexes inscrits dans la chair. Le réflexe remplace la réflexion.
J’apprécie particulièrement sa remarque sur l’impossibilité de débarquer à 17 ans avec un corps absolument hors-normes. J’ai toujours détesté cet argument sur le physique de Nadal, l’enfant d’Hercule et d’Arès, un physique unique et qui expliquerait ses performances incroyables à peine la majorité atteinte. Cela confirme ce que je pensais sur lui : on lui cache beaucoup de choses et lui ne se pose pas toutes les bonnes questions… Un cas qui incrimine Toni, qui m’effraie de plus en plus, mais ça n’engage que moi bien sûr…
Sinon, ce très bel article m’ennuie un peu car j’en ai un en attente qui va vraiment faire petit bras à côté… Tant pis !
En tout cas merci John, tu avais toute la pression du site sur les épaules et tu as porté haut nos couleurs ! Long live John !
Je lirai donc ton article avec plaisir et impatience
juste superbe John !
pour un peu j’aurai pu être une groupie de Pitsey dans les gradins
plus que le côté un peu aigri, je dirai que Christophe s’est résigné à la fatalité : puisqu’ils sont meilleurs et mieux préparés, à quoi bon lutter ?
être le frère de… l’effet mirroir qui fait mal, sans doute.
Christophe, un peu jaloux de son frère, Marie Jo ?
Christophe a été 62ème, a gagné un tournoi (Chennaï en 2000) et fait deux autres finales: Rotterdam en 2006 et Vanlence en 2003. Il a gagné un peu plus de 2,7M$ de prize money dans sa carrière pas encore totalement terminée.
Son frère Olivier a fait mieux: 24ème à l’ATP, gagné deux tournois (Munich et palerme) et été huit fois finaliste. Il a jusqu’ici gagné un peu plus de 4,5 M$ de prize money.
Olivier a donc eu une carrière plus réussie que celle de son frère aîné, et il est possible qu’il en soit quelque peu jaloux, mais la différence, réelle, qui les sépare n’est pas celle qui sépare les deux Murray ou les deux Djokovic.
c’est plutôt dans le sens ou CRochus est toujours juste derrière son frère, de peu sans doute, mais derrière quand même… mais je pense que ce sont tous ces mecs qui lui sont passés devant impunément et il doit en avoir une certaine rancœur vu qu’il en parle encore aujourd’hui.
PS: il n’a pas gagné de titre en simple, juste un en double, je suis allée voir sa fiche…
Tu a s bien fait de corriger cette erreur: effectivement à Chennait il a gagné en double avec Boutter.
Malheureusement pour eux, les Rocchus ne sont pas nés au bon moment. Dans les années 60, ils auraient sans doute fait une très belle carrière, mais sans gagner un rond non plus, ou presque…
Sinon, John, j’ai une question sur le match: les 4 retours gagnants qu’il t’a fait sur service slicé extérieur côté avantage, il a fait comment ? pris la balle tot et fait un revers long de ligne ou il a renvoyé court croisé ?
Les deux, et les même les trois mon général: pris court long ligne, frappé à toute force long croisé, et glissé vicieusement court croisé. La panoplie, quoi.
Le saligaud, il t’a tout fait..Et le quatrième ?
Je crois que l’être humain, pour survivre, a naturellement tendance à refouler ses expériences douloureuses.
John, que veut dire cette phrase:
« Et que, au passage, Tim Henman serait probablement champion de golf professionnel s’il se tirait les doigts de sa vie familiale. »?
Après quelques mois retirés des courts, la plupart des anciens pros trouvent dans le golf un succédané aux temps passés de la compétition: et pour faire court, Christophe Rochus s’intéresse aujourd’hui davantage à la qualité de son putt qu’à celle de son coup droit. Parlant des autres joueurs dans le même cas que lui, il semblait dire qu’un certain nombre d’entre eux en viennent à rêver in petto d’un deuxième round professionnel dans le golf = tu te souviens sans doute que Kafelnikov compte fermement se qualifier pour les jeux de Sotchi. Sauf Henman, bien meilleur que tous les autres, qui aurait peu ou prou le niveau professionnel mais préfère laisser dormir son classement au profit de sa vie de famille.
Merci!
Sinon, cela fait du bien de voir qu’un autre joueur dit du bien de Maître Gilou, mon joueur préféré.
Nous sommes trois, Antoine. Nous sommes trois.
Qui est le 3ème ? William ?!
Le Rochus.
Antoine, gilles ne peut pas être ton joueur préfère, techniquement, conceptuellement, physiquement, philosophiquement ce n’est pas possible. Même pour gilles lui même.
C’est vraiment passionnant, John, cette immersion, et c’est formidablement raconté. La fibre autobiographique, que tu annonces dès le titre – décalque transparent de Rousseau – c’est toujours un peu casse-gueule, mais tu t’en tires avec une sorte de grâce, une bonne humeur qui donnent envie de crier « encore ! » à la fin de la lecture.
Un vrai régal ! Merci beaucoup !
Comme Antoine je ne suis pas loin de penser que c’est le meilleur article publié sur ce site. En tout cas le meilleur récit. C’est juste superbement maitrisé, je suis admiratif. En plus raquette en main tu es sûrement le meilleur du site aussi, c’est officiel je te déteste. En plus tu m’as pris Jeanne mon amazone. Je te poursuivrai jusqu’en enfer pour te faire la peau motherfucker!!!
Comme tous ici je ne me faisais aucune illusion sur le dopage, mais ça reste choquant.
Colin tu balances des noms oui ou merde?
t’es jaloux ? rohhhhh
et depuis quand Jeanne est ton amazone ? ça m’a échappé !
Jeanne May et Hamtaro étaient mes trois premières recrues.
Merci Karim: quand le compliment vient du taulier en chef, on le prend et on l’encadre dans sa chambre.
Quant à me faire la peau, je serai sans doute à Bastille ce dimanche 6 mai, de plutôt bonne humeur je pense.
Un des rares papiers que je vais relire. L’introduction notamment est un chef d’œuvre.
Sympa pour les autres !! Tu ne relis pas mes oeuvres jour et nuit Karim ?
Non, tu me fais peur!
L’article était à la hauteur du buzz et des attentes, c’était la John Pitseys’week sur 15-lt.
Unité de lieu, d’action (le match) et des réflexions et confidences qui l’accompagne : la trilogie est réunie en un seul article ni trop court, ni trop long..Seul le titre qui résume la fin de l’article et non son ensemble peut être discutée, peut être…
Un témoignage replacé dans son contexte qui ouvre des perspectives: on lit rarement d’aussi bons articles quel que soit le média utilisé. Mis à part le fait que les confidences de Rocchus devraient peut être être très légèrement modifiées pour ne pas s’attirer d’ennuis, ce serait marrant, John, de proposer cet article à « l’Equipe » sous un autre titre peut être, qui pourrait plutôt être centré sur ce que cela fait de jouer de jouer contre un pro quand on est un amateur…De toute façon, c’est la rédaction qui choisit les titres..
Je pense qu’ils le publieraient peut être.
Merci Antoine.
Je voulais pour ma part que le titre résume justement l’ensemble du recit, et le point de vue de tous les protagonistes. Je crois cela dit, comme toi, que je frôle de temps en temps la ligne rouge de la conversation privée, meme je te prie de croire que j’ai déjà passé un coup d’édulcorant: il vaudra peut etre mieux que je le retoilette légèrement pour éviter les ennuis.
Quant à l’Equipe, pas question. Le site a sa légitimité à part entière, et sa fournée déjà bien remplie d’articles collectors…
Je ne pense pas que tu puisses avoir d’ennuis au vu de ce que tu écris: c’est allusif en réalité au sujet du dopage et s’agissant de Berdych, Soderling et autre ukrainiens, je pense qu’il s’en fout complètement.
Merci pour ce compte-rendu John. Eh ouais… le petit Rochus fait marrer les spécialistes de tennis sur canapé que (presque tous) nous sommes. On ne se rend même pas compte que le 500ème mondial peut quasiment jouer de la main gauche et les yeux bandés contre la star de notre club.
Question dopage…je me souviens d’une rencontre de Coupe Davis en février 2001 entre la France et la Belgique. La France avait remporté la rencontre 5 victoires à 0 mais ce ne fut pas sans mal. Clément et Grosjean, respectivement finaliste et demi-finaliste du dernier open d’Australie ayant eu lieu quelques jours plus tôt, avaient dû batailler ferme pour remporter les deux premiers simples. Fait étrange… tous deux avaient remonté deux sets de déficit contre Christophe et Olivier Rochus. Je me souviens parfaitement de ces deux matchs et me souviens également avoir zappé sur la RTBF (Je suis originaire de la région lilloise et recevait à l’époque, avant de m’expatrier au pays du matin calme, les chaines belges) tant les commentateurs de France télévision m’exasperaient avec leur chauvinisme primaire (pléonasme ?). « Grosjean et Clément peuvent remporter la Coupe Davis à eux deux » et autres sentences à la gloire de nos nouveaux héros gaulois.
Sur la RTBF, donc, les commentateurs n’y sont pas allés par quatre chemins: « Ces gaulois ont trouvé leur potion magique » dirent-ils. Grosjean et Clément couraient comme des lapins dans leur 5ème set tandis que les deux frères Rochus accusaient visiblement le coup. L’interview des Rochus très ambigüe (aussi bien au niveau des questions que des réponses) réalisée par la RTBF ne laissait aucun doute sur la performance française. Et pourtant… pas un papier le lendemain dans l’équipe sur les soupçons évoqués. Le 20h belge se contentant de dire que la Belgique avait perdu avec les honneurs (ou presque… 5/0 quand même !! ) contre une équipe de France nantie de joueurs évoluant dans le top 10.
J’aurais bien aimé avoir le sentiment de Christophe sur cette rencontre de Coupe Davis… mais bon, c’est trop tard maintenant… à moins que tu ne le joues encore au prochain tournoi John.
Quel pied ! C’est vrai que le point fort de l’article, c’est d’associer le récit du ‘troufion des courts’ et son parfum du terroir(comme il en fut déjà d’épiques)à la conversation d’après-match d’un joueur qui est, dans une autre dimension, en même temps l’étoile et le has-been…
En ce qui concerne le sujet du dopage, Crocus déflore l’un des 10 préjugés que j’ambitionne d’exposer, l’innocence présumée des impétrants… j’ai de mon côté une anecdote de confession personnelle un gars qui a intégré Fontainebleau à 14 ans en pentathlon, pour raccrocher 3 ans après sur « cassage » du genou. (Il reste en contact avec le haut niveau en équitation, le dopage des chevaux c’est pas triste non plus…) « Au petit déjeuner, on nous mettait de la poudre dans le yaourt, en 3 mois on attrapait des muscles partout, des épaules de déménageurs. On ne posait aucune question au staff, on rigolait entre nous de la « poudre magique » et on était parfaitement ravis ! A cet âge-là, on n’a aucun recul critique, c’est pour ça que j’ai empêché mes enfants de faire de la compétition. »
Tiens, Christophe Rochus a encore gagné 6/0-6/1 au tour suivant contre un type (un certain Coene Bram) qui avait mis 6/0-6/0 à son adversaire. Comme quoi, le Rochus déroule ! Les autres rencontres ont été plus serrées ( http://www.tournoi.org/tournoilive/affiche_tableau32_tournoi.asp?nuclb=3027&datedeb=2012%2F4%2F7&datefin=2012%2F4%2F15&IdTournoi=308400&categ=342654&TypeTab=Final , revoilà le lien )
Merci à toi John pour ce superbe article et respect de lui avoir mis un point et apparemment tu as eu a des balles de jeu au début.. comme quoi ça devait quand même jouer un minimum par moment. Face à un tel niveau, chapeau.
Et rebelote en demi-finale, pour son sixième match en trois jours: 6/1, 6/0, contre un ancien sparring d’Henin.
J’ai pris pas mal de leçons au cours des tournois (minables) que j’ai disputé.
Là, je prends une leçon d’écriture.
En ce qui concerne le dopage, Christophe Rochus en avait déjà parlé il ya deux ans et s’était fait remonter les bretelles par l’ATP.
Un joueur de foot est mort aujourd’hui en Italie et la fédération a décidé de suspendre tous les matchs de tous les championnats ce week-end. Comme dit Christophe, ils jouent avec leur vie, et certains avant d’atteindre 40 ou 50 ans.
Pffff!
Cet article est grand, l’auteur est grand, le Rochus est grand!
L’article est tellement grand que j’oublie les allusions de dopage faites par Rochus vis à vis d’un certain Rafael N.
Ton titre est fantastique car l’image du joueur solitaire rêveur est si bien deroulé. Tu la fais glisser naturellement de toi-même vers Christophe Rochus que ce texte devient un pur bijou.
Grazie Mille!
Console-toi, Coach. Je n’ai pas tout mis dans l’article, et ses allusions étaient encore plus claires concernant d’autres joueurs – je tiens à la santé de Sylvie.
Ce n’est finalement pas saugrenu de penser que le dopage commence dès l’adolescence, ça répond même à une logique très perverse. Je ne m’y connais pas mais pour reprendre l’exemple du yaourt magique, un ado qui se met à réagir plus vite, à prendre de la masse plus rapidement, ça lui fait avant tout très plaisir et il est bien content de frimer avec ses potes. Penser éthique morale à 12 ans, faut pas trop leur en demander non plus. Et une fois arrivé sur le grand circuit, le jeune joueur n’a certainement aucune envie d’arrêter son « régime », qu’il soit au courant du traitement ou qu’il le suspecte simplement. Et s’il décide de la jouer clean, honnête, en bref « sport », et bien il se fera chiper sa place par un autre moins scrupuleux ou plus cynique…
C’est même très logique puisque c’est la où ils se professionnalisent.
Auparavant, ils font leur activité comme tous les enfants pratiquant le même sport dans des clubs…AMATEURS.
C’est à l’adolescence qu’ils sont intégrés dans des centres de formation, fédérations, académies qui sont des structures PROFESSIONNELLES.
Et comme qui dit sport professionnel d’élite, dit dopage, ce dernier commence ici.
Le tableau de Monte Carlo est sorti:
http://fr.monte-carlorolexmasters.com/Share/Event-Draws.aspx?Year=2012&Draw=ms
Quart potentiel de Nadal: Almagro
Quart potentiel de Djokovic: Ferrer
Demi potentielle de Nadal: Tsonga
Demi potentielle de Djokovic: Murray
Coach, ta main invisible est diablement efficace!
Le tableau parait très déséquilibré entre les deux parties supérieures et inférieures du tableau:
En haut, chez le Djoker: Dolgo, Monaco et Ferrer dans son quart, puis du côté de la Murène: Troicki, Mlzer, Nishikori, Ramos et Berdych
En bas, coté Nadal: Wawrinka (opposé à Lopez au premier tour) et Almagro comme adversaire potentiel en quart, absolument personne avant pour ce qui concerne Rafa.
Dans le quart de Jo: Tipsarévic, adversaire potentiel en quarts et Simon, Verdasco et Kohly dans le lot: pas très impressionnant non plus..
Cela devrait être une promenade de santé pour Nadal jusqu’en finale ou il sera alors au point, si ce n’est le cas avant..
En face, Djokovic a un tableau d’enfer pour arriver là: Ferrer en quarts, puis Murray ou Berdych en demies..
L’article était largement à la hauteur des attentes.
Je dirais bien plus en fait : là où j’attendais de l’anecdote, tu livres les « questions existentielles du champion ». Je n’ai pas tout lu ici, loin s’en faut, mais c’est, sur le plan littéraire, le meilleur article que j’aie lu ici.
De l’émotion toute en retenue, une concision toute durassienne.
Manque juste l’amour (tu étais trop saoul pour remarquer J en fausse serveuse d’un soir)
Merci John.
Jeanne ? Jeaaaaaannnne !
Bonjour,
Je suis totalement newbie sur le site. J’aimerai sincèrement féliciter John pour son magnifique article. Non seulement tu sais tenir une raquette, mais en plus tu manies admirablement bien la plume.
Chapeau !
Bienvenue alors
Bienvenue. Rémy !
welcome !
et ça fait plaisir de voir des posteurs qui utilisent un avatar
Bienvenue à toi Remy mais n’oublies surtout pas de nous dire très vite ce que tu penses d’Ivan Lendl.
Merci Antoine, je commençais à en avoir assez de jouer les rabats-joie en évoquant d’entrée de jeu le cas Lendl… Tu reviens aux affaires, tant mieux pour nous, tant pis pour Ivan !
Ben Lendl … je ne suis pas sur de vouloir passer mes vacances avec lui.
Comment cela t’es pas sûr ? Tu plaisantes j’espère..
Super article, John, tu manies la plume aussi bien que la raquette, ce que peu de pros savent faire.
Pas très encourageant, ce que dit le père Rochus sur les jeunes et l’élevage de joueurs en batteries ! Mais c’est vraiment ce qu’on sent venir depuis plusieurs années.
J’ai vu le reste du tableau, les autres joueurs n’ont pas gagne plus de jeux que toi, dommage a la fois que tu aies rencontre Rochus si tôt et en plus avec une ampoule.
Vive les gauchers !
John, bravo et merci pour ce magnifique article,non seulement il est excessivement bien écrit, mais en plus il regroupe plusieurs aspects très intéressants. Tout d’abord le côté vécu, qui a souvent donné ici de très beaux textes, avec la description du club, l’ambiance, ton parcours.
Et puis le match lui-même et pas n’importe quel match. Une rencontre du pot de terre contre le pot de fer, la chance de jouer un ancien pro et les impressions ressenties.
Et pour finir, les impressions vues de l’intérieur d’un ancien du circuit sur le tennis actuel avec la confirmation, malheureusement, que le dopage est bien généralisé comme on s’en doutait et ce,dés l’adolescence.
Ce texte est une pépite, bien au-dessus de la production de nombreux pros qui écrivent dans la presse sportive et qui n’ont pas le quart de tes qualités d’écriture ni un d’angle d’attaque aussi intéressant à apporter.
Ce site est vraiment top.
Ce site est vraiment top.
Est-ce que quelqu’un peut rappeler comment aller sur Gravatar pour récupérer mon ancien avatar ? Je croyais que c’était les mêmes identifiants et mots de passe qu’ici mais ça ne fonctionne pas
sauf si tu as créé un mot de passe différent… mais logiquement, il faut être connecté aux deux sites avec le même mail.
Merci,j’ai trouvé
Ah enfin le retour du Marsupilami !
C’est mieux que le cornichon.
Ahhh!
C’est beaucoup mieux comme ça!
Youpi, on a retrouvé la vraie Sylvie ! Les taches te vont tellement bien au teint…
Le tableau de Monte Carlo est déséquibré c’est vrai (franchement, qui en doutait ?) mais sur cette terre-là peu importe le tableau, Nadal c’est demi-finale minimum. Ferrer, Monaco, Dolgo… Du menu frétin. Alors oui, il aurait pu avoir Murray, bon, c’est Tsonga à la place. Tant mieux pour Nadal. Djokovic aura fort à faire. Je souhaite très fortement une finale Djokovic-Nadal :
1-si Nadal gagne, il interrompt la série de Djokovic contre lui et gagne un soupçon de confiance supplémentaire très important pour Madrid et Rome
2-si Djokovic l’emporte, il met d’entrée de saison une pression d’enfer pour Roland Garros…
Si les deux tiennent leurs rangs, ça promet !
Alors Rochus aime Corretja, Federer, Murray et Simon? Alors Rochus n’aime ni Berdych ni Soderling? C’est mon clone ou quoi?
Sinon, bien joué pour le jeu pris, John. Dommage, cette cloque qui t’a empêché de savoir jusqu’où tu aurais pu aller.
Ca me fait penser que quand on perd un match, spécialement contre un tout bon, on a toujours la frustration, la sensation de ne pas avoir été à son top et on aimerait savoir ce qu’il en aurait été.
Et bien joué aussi pour l’article. On s’y croirait. Magnifique.