Tennis-JO : Les amants déchirés

By  | 21 juillet 2012 | Filed under: Histoire

D’aucuns préten­dent que le ten­nis n’a pas sa place aux Jeux Olym­piques. Le ten­nis n’aurait pas be­soin des JO car il possède déjà ses pro­pres gran­des com­péti­tions médiatiques et les Jeux se por­teraient comme un char­me sans le ten­nis, puis­qu’ils sont la com­péti­tion majeure pour la plupart des sports : que seraient en effet l’athlétisme, le judo ou le kayak sans la grand messe spor­tive quad­rien­nale ?

Le ten­nis et les Jeux Olym­piques sont en fait deux amants, aux per­son­nalités sans doute un peu trop for­tes…

Les amants fougueux

Pour tordre le coup à une idée fort répan­due, re­ntrons di­rec­te­ment dans le vif du sujet : n’en dépla­ise aux détrac­teurs du co­u­ple Jeux - Ten­nis, ce sport est l’une des plus an­cien­nes dis­cip­lines olym­piques puis­qu’il fut tout simple­ment l’un des… neuf sports pro­grammés lors des premières Olym­piades de l’ère moder­ne, or­ganisés à Athènes en 1896. Ce seul fait donne déjà une forte légitimité à la com­péti­tion ten­nistique au sein des Jeux. Tre­ize joueurs se sont alors dis­puté les médail­les du sim­ple et du doub­le ; et c’est, comme de bien en­ten­du, un An­glais du nom de John P. Boland qui re­mpor­te la première médail­le d’or olym­pique en ten­nis. A noter qu’il réussit même le doublé, as­socié à un Al­lemand (F. Traunet).

Lors des chaotiques Jeux de Paris en 1900 (étalés sur 5 mois ; ig­noran­ce de cer­tains athlètes d’avoir par­ticipé à des Jeux Olym­piques !), deux com­péti­tions ten­nistiques s’ajoutent au pro­gram­me : le sim­ple dame et le doub­le mixte. Plus im­por­tant, contra­ire­ment à l’édi­tion précédente, cette fois, tous les « meil­leurs mon­diaux » sont présents. Et les An­glais raf­lent une fois en­core la mise, les frères Doher­ty em­poc­hant notam­ment 4 médail­les d’or !

Les JO vont alors connaître un cafouil­lage : l’édi­tion de 1904, à New York, se révèle décevan­te, car les Européens ne font pas le voyage ; les Américains en pro­fitent pour trust­er les tit­res, notam­ment en ten­nis où Wright s’im­pose, en sim­ple comme en doub­le (il n’y a pas de com­péti­tion féminine).

Après deux édi­tions décevan­tes, le CIO décide d’or­ganis­er de nouveaux Jeux à Athènes en 1906 ; c’est le français Max De­cugis qui en pro­fite en ten­nis (sim­ple et doub­le)… mais pas pour très longtemps puis­qu’­en 1910, le CIO décide d’in­valid­er cette édi­tion des Jeux Olym­piques et tous les résul­tats sont annulés !

1908 voit l’introduc­tion d’une nouveauté, avec l’or­ganisa­tion d’un deuxième tour­noi olym­pique de ten­nis : à Londres, un tour­noi tradition­nel est or­ganisé sur gazon tan­dis qu’un second tour­noi a lieu en salle (serait-ce le pre­mi­er tour­noi in­door ?). Au total, 6 tour­nois sont or­ganisés et les Britan­niques re­mpor­tent notam­ment les 4 médail­les d’or des com­péti­tions de sim­ple.

A Stockholm en 1912, l’idée est con­servée ; comme, en plus, il y est réintroduit la com­péti­tion de doub­le mixte, de très nombreuses médail­les sont décernées en ten­nis durant ces Jeux Olym­piques (8 com­péti­tions). D’une cer­taine manière, c’est aussi une forme de re­con­nais­sance olym­pique en­v­ers ce sport.

Après guer­re, les Jeux de 1920 re­steront comme une édi­tion par­ticuliè­re pour le ten­nis : d’une part, c’est la première fois qu’un tour­noi de doub­le dames est or­ganisé ; d’autre part, sur­tout, c’est la star du ten­nis mon­di­al, Suzan­ne Lengl­en, qui s’im­pose. La légitimité du ten­nis aux JO ne fait alors pas un pli : il a été de toutes les édi­tions olym­piques, il n’a cessé de gagn­er en im­por­tance et les meil­leurs joueurs du monde s’y im­posent.

Un di­vor­ce douloureux

Hélas, Paris 1924 sera une édi­tion his­torique­ment tri­ste­ment décisive pour le ten­nis olym­pique. En effet, alors que l’or­ganisa­tion des Jeux est une réus­site, le tour­noi de ten­nis – dominé par les Américains avec le tradition­nel doublé simple-double – vire à la farce : les ar­bitres lais­sent re­ntr­er des spec­tateurs dans le stade pen­dant les échan­ges pour pre­ndre des photos ! La Fédéra­tion in­ter­nationale de Lawn-tennis réagit for­te­ment en de­man­dant au CIO de trait­er le ten­nis avec plus d’égard à l’avenir.

S’en­suit une ter­rible guer­re de cloch­ers. Les deux or­ganisa­tions ne sont pas d’ac­cord sur les règles d’amateuris­me con­cer­nant le ten­nis et le CIO, excédé, ose l’im­pens­able : il de­man­de à la Fédéra­tion In­ter­nationale de Lawn-tennis de… sup­prim­er le tour­noi de Wimbledon en année olym­pique ! En effet, le plus vieux tour­noi du monde se joue une semaine avant le début des Jeux et be­aucoup de joueurs ne font pas le voyage. La Fédéra­tion In­ter­nationale es­time que cette pro­posi­tion est ir­réalis­able et elle décide, tout simple­ment, de ne plus par­ticip­er aux Jeux Olym­piques. Le CIO tente de récupérer la main en ex­cluant le ten­nis du giron olym­pique. Chacun cam­pant sur ses posi­tions, c’est le début d’une lon­gue période sombre pour le co­u­ple.

Alors qu’il fut l’un des neuf pre­mi­ers sports olym­piques, alors qu’il par­ticipa à toutes les Olym­piades entre 1896 et 1924 (y com­pris les vrais-faux Jeux de 1906), alors que le tour­noi olym­pique gag­nait en ampleur à chaque édi­tion, le ten­nis se retro­uve banni : le di­alogue ne fonction­ne plus dans le co­u­ple, chacun se re­nvoie la balle et la faute et l’amer­tume de­vient trop im­por­tante. Le di­vor­ce est con­sommé.

Dans une uchronie, on pour­rait s’in­terrog­er sur ce que serait de­venu le ten­nis s’il avait décidé d’ac­cept­er la pro­posi­tion du CIO. Quel­les seraient les valeurs re­spec­tives des Grands chelems et des Jeux Olym­piques ? Toutefois, le fait même que la Fédéra­tion In­ter­nationale ait refusé cette pro­posi­tion accrédite la thèse selon laquel­le le ten­nis n’avait pas be­soin de Jeux pour se développ­er.

Nouvel­les fian­çail­les

Après de très nombreuses années passées loin de l’autre, sans doute à se re­gard­er en chiens de faïence, le ten­nis et les Jeux Olym­piques vont finir par se rapproch­er à nouveau. Comme un co­u­ple se re­ndant com­pte qu’il payait moins d’impôts lorsqu’il était marié, la Fédéra­tion In­ter­nationale de Ten­nis et le Comité In­ter­nation­al Olym­pique ver­ront un intérêt com­mun à s’unir à nouveau.

Une ten­tative con­finant au ridicule est en­trepr­ise à Mexico en 1968 : les pros n’y sont pas auto­risés et, étran­ge­ment, pour toutes les cat­égo­ries de jeu, deux tour­nois sont or­ganisés, l’un of­ficiel à Guadalajara et l’autre of­ficieux à Mexico ; le Mexicain Osuna en re­ssort d’ail­leurs avec des médail­les dans les deux com­péti­tions ! Dans la vers­ion of­ficiel­le, c’est San­tana qui re­mpor­te l’or en fin­ale de­vant son com­pat­riote Oran­tes. Plus que le tour­noi toutefois, ce sont bien les an­ec­dotes qui sont savoureuses sur cette première récon­cilia­tion. Ainsi, seule­ment 5 paires de doub­les dames sont in­scrites (ou com­ment ob­tenir une médail­le olym­pique facile­ment) ; de plus, ces paires ne sont pas néces­saire­ment nationales… Bref, tout cela n’est pas très sérieux (quel­ques très brèves im­ages ici, dès 7mn40), le mari est en­core trop volage et il n’y a pas de re­mariage en vue.

C’est Philip­pe Chat­ri­er, le tout-puissant président de la Fédéra­tion in­ter­nationale de ten­nis qui va re­lanc­er, à la fin des années 70, l’idée d’une adhésion de son sport au mouve­ment olym­pique. A cette période, sous l’im­puls­ion de Björn Borg, le ten­nis est de­venu un sport majeur. Il jouit ainsi d’un levi­er de pre­ss­ion in­téres­sant vis-à-vis du CIO.

Les démarches de Chat­ri­er ab­outis­sent en 1981, lorsque le congrès du comité olym­pique décide de réintégrer le ten­nis dans le giron olym­pique, d’abord comme sport de démonstra­tion pour les Jeux de Los An­geles prévus en 1984. Il faut dire que tout le monde y gagne : le CIO voit re­venir l’un des sports his­toriques des JO, un sport qui, de plus, est de­venu majeur grâce à une star venue de Suède ; la FIT, quant à elle, y voit la pos­sibilité de développ­er le sport, de « l’in­ternationalis­er », notam­ment en per­met­tant aux fédéra­tions nationales de touch­er des sub­ven­tions étatiques que seules les dis­cip­lines olym­piques ob­tien­nent. Les bans sont donc publiés.

Après 64 ans d’abs­ence – 12 édi­tions – le ten­nis re­fait enfin une « vraie » ap­pari­tion aux Jeux Olym­piques, en tant que sport de démonstra­tion (comme si le ten­nis n’avait pas déjà fait ses pre­uves…). Quat­re tour­nois sont or­ganisés: sim­ples mes­sieurs et dames ; doub­les mes­sieurs et dames. Les pros y sont auto­risés mais… seule­ment s’ils ont moins de vingt ans. A ce petit jeu, ce sont deux futurs n°1 mon­diaux qui s’im­posent : Stefan Ed­berg et Stef­fi Graf, deux fu­tures légen­des du jeu. Voilà donc, a post­eriori, une bien beau re­tour du ten­nis olym­pique, qui retro­uve ainsi quel­ques lettres de nob­lesse.

En 1988, à Séoul, le ten­nis est enfin un sport of­ficiel­le­ment olym­pique. Les meil­leurs joueurs répon­dent présents bien que ni ar­gent ni points ATP ne soient dis­tribués : c’est la pre­uve que l’idéal olym­pique possède sa pro­pre aura, y com­pris pour les joueurs et joueuses pro­fes­sion­nels. Stef­fi Graf en pro­fite pour agrément­er son Grand Chelem d’une médail­le d’or (les JO se déroulant dans la foulée de l’US Open) con­tre Sabatini ; elle réussit ainsi, sans doute, la plus belle année ten­nistique toutes époques et toutes cat­égo­ries con­fon­dues (la balle de match). Chez les hom­mes, c’est « le chat » Mecir qui signe la plus belle ligne de son pal­marès, hélas vier­ge de tout Majeur.

C’est sur la terre bat­tue que les meil­leurs joueurs du monde en découd­ront pour l’attribu­tion des médail­les en 1992 à Bar­celone. Face à l’ar­mada es­pagnole, c’est l’inénarr­able Suis­se Marc Ros­set qui l’em­porte, comme raconté dans cet ar­ticle (et vidéo ici).

Ces deux premières édi­tions of­ficiel­les après la réintroduc­tion du ten­nis se sont par­faite­ment déroulées : les meil­leurs étaient présents et motivés, les matchs au meil­leur des 5 man­ches ont été souvent haletants et les vain­queurs méritants. Rien ne lais­se donc présager les problèmes que re­ncontrera le co­u­ple JO - Ten­nis.

Il n’y a pas d’amour heureux

Car à At­lanta, en 1996, les six pre­mi­ers mon­diaux décident de ne pas par­ticip­er aux JO ! Privilégiant leur carrière per­son­nelle, leurs points à défendre ou leur porte-monnaie, ils se re­fusent à al­our­dir leur calendri­er pour une com­péti­tion – pour­tant allégée avec désor­mais des matchs en deux sets gag­nants – dont l’intérêt est es­sentiel­le­ment pat­riotique. Alors que la médail­le d’or olym­pique de­vrait re­présent­er le sum­mum de la carrière d’un spor­tif, elle se retro­uve snobée par les meil­leurs joueurs de la planète : c’est un vérit­able coup dur pour la crédibilité de cette com­péti­tion. Pour « sauv­er les meub­les », tout est fait pour écrire une vérit­able « suc­cess story » dont les Américains raf­folent : la rédemp­tion d’Agas­si, son re­tour au 1er plan qu’on veut co­uronn­er. A tout prix. Même à celui de toute morale ou équité spor­tive : en demi-finale, con­tre Wayne Fer­reira, quel­ques er­reurs d’ar­bitrage émail­lent la par­tie, toujours en faveur de Dédé ; sur­tout, dans une fin de match au co­uteau, Fer­reira se retro­uve monumen­tale­ment floué. Dans un jeu in­ter­min­able, une balle d’Agas­si sort de plusieurs cen­timètres – comme le démontrera la caméra placée dans le pro­lon­ge­ment de la ligne, ancêtre du hawk eye – ce que ni le juge de ligne, ni l’ar­bitre ne semblent avoir vu. Quel­ques points plus tard, le jeu est en poche. Agas­si s’im­pose 7-5 au 3e set et ne lais­sera pas pass­er l’oc­cas­ion con­tre Bruguera en fin­ale. Pen­dant le reste de sa carrière, Agas­si bran­dira cette médail­le d’or pour démontr­er à quel point son pal­marès est com­plet ; en cela, il a été le meil­leur pan­neau pub­licitaire pour donn­er un cer­tain pre­stige au ten­nis olym­pique. Mais c’est un peu la poule et l’œuf : est-ce Agas­si qui don­nait du pre­stige aux JO ou l’in­verse ? Plus per­fide­ment, on peut même se de­mand­er si Agas­si n’a pas sur­exploité cette médail­le d’or, gagnée un peu au rabais, pour se mettre lui-même en avant vis-à-vis de son meil­leur en­nemi Sampras.

L’édi­tion 2000 con­fir­me le man­que d’intérêt des meil­leurs pour les Jeux. Ceux-ci récla­ment une dota­tion de points ATP pour ce tour­noi. Après une lon­gue batail­le, ils ob­tien­nent gain de cause : 400 points seront attribués au vain­queur (à une époque où une vic­toire en Grand chelem en rap­portait 1000). Pas assez, toutefois, pour que le numéro 1 mon­di­al, Pete Sampras, ne se déplace jusqu’à Syd­ney. Le tenant du titre Andre Agas­si ne tient pas non plus à défendre son titre. Le récent vain­queur de l’US Open et numéro 2 mon­di­al Marat Safin fait, lui, bien le déplace­ment mais est balayé au pre­mi­er tour par sa bête noire San­toro. Autre poids lourd du cir­cuit, le Russe Kafel­nikov prétend ne pas y pre­ndre part – au point qu’il ne par­ticipe pas à la cérémonie d’ouver­ture – avant de se ravis­er. Bien lui en prend, puis­qu’il re­mpor­te l’or olym­pique, au bout de 5 sets in­ten­ses con­tre Tommy Haas que vous retro­uvez ici dans son in­tégralité. Un jeune Suis­se pro­met­teur, lui, échouera de peu dans l’ob­ten­tion d’une médail­le, per­dant les deux matchs – con­tre Haas et Di Pas­quale – qui auraient pu lui of­frir une breloque ; mais il n’a pas tout perdu pour autant, puis­qu’il y aura trouvé l’amour. Ce qui pour­rait pass­er pour une an­ec­dote aura pour­tant plus tard son im­por­tance dans la place occupée par le tour­noi olym­pique de ten­nis.

En effet, ce jeune Suis­se n’est autre que Roger Feder­er. Quat­re ans plus tard, il est le nouveau maître de la planète ten­nis. Numéro 1 mon­di­al bien établi, réalisant une saison ex­cep­tion­nelle, il n’a pas pour autant oublié les souvenirs de Syd­ney. A ses yeux, les JO sont à la fois syn­onyme de bon­heur, mais égale­ment d’échec. Et ce mauvais souvenir, il veut l’ef­fac­er : l’or olym­pique, en sim­ple ou en doub­le, est claire­ment son ob­jec­tif à Athènes et il le clame haut et fort. Comme le très sol­ide numéro 2 mon­di­al d’alors, Andy Rod­dick, tient le même dis­cours, les JO se retro­uvent valorisés auprès des suiveurs du ten­nis. C’est pour­tant un assez mauvais Feder­er qui évolue à Athènes : gêné par le vent, s’étant mis trop de pre­ss­ion, il tire la tête des mauvais jours, tant au pre­mi­er tour où il finit par se tirer pénib­le­ment des grif­fes de l’en­core in­con­nu Davyden­ko en trois sets, qu’au second tour où il est ter­rassé par un grand Tchèque 79e mon­di­al, 7-5 au 3e. Roger a claire­ment craqué dans les mo­ments chauds face à un jeune Tomas Be­rdych décomplexé. Et comme le sosie de Stifl­er se fait battre par Gon­zalez au 3e tour, le tour­noi est désor­mais ouvert. C’est un autre Chili­en, Nicolas Massu, qui en pro­fitera, s’im­posant sur le plagis­te Fish. Cette édi­tion, toutefois, mar­que une sorte de re­nouveau, tant les meil­leurs en ont fait un ob­jec­tif. Fin­ale­ment, elle re­ssemblera à celle de 1992 : les meil­leurs étaient là, motivés, mais ont été bat­tus par des out­sid­ers.

A Pékin en 2008, cet intérêt des meil­leurs est ô com­bi­en con­firmé, puis­que ce n’est ni plus ni moins que le tout nouveau numéro 1 mon­di­al qui l’em­porte : Rafael Nadal. En fin­ale, il s’im­pose con­tre Gon­zalez qui complète sa col­lec­tion de médail­les (l’or en doub­le en 2004, l’ar­gent en sim­ple en 2008 et le bron­ze en sim­ple en 2004). La dernière médail­le est ar­rachée par Djokovic, le numéro 3 mon­di­al. Comme, par ail­leurs, le numéro 2 mon­di­al Feder­er re­mpor­te l’or en doub­le aux côtés de son pote Stan, le pre­stige du tour­noi se retro­uve très net­te­ment à la haus­se : les 3 pre­mi­ers mon­diaux ont glané un métal, ce qui n’était jamais arrivé. Chacun des trois, d’ail­leurs, a son co­up­let à la bouc­he pour énon­c­er à quel point les JO sont à leurs yeux im­por­tants, même si Nadal – peut-être dans son humilité légen­daire – émet un petit bémol, énonçant qu’il plaçait ce tour­noi en 6e posi­tion, derrière les Grands chelems et le Mast­ers de fin d’année. Mais les lar­mes de Feder­er, champ­ion olym­pique pour­tant seule­ment de doub­le, con­fir­ment à quel point l’or olym­pique est im­por­tant aux yeux d’un spor­tif. Ces lar­mes seront d’ail­leurs, d’après Jac­ques Rogge, l’image de ces Jeux (hymne nation­al dès la 5e minute). Il semble loin, le temps où les 6 pre­mi­ers mon­diaux ne pre­naient pas même la peine de se déplac­er…

D’autant plus loin, d’ail­leurs, que l’édi­tion lon­donien­ne de 2012 pro­met d’être stratosphérique. D’une cer­taine manière, la bouc­le sera bouclée : c’était suite à une guer­re con­tre Wimbledon que le CIO avait décidé d’exclure le ten­nis des JO ; ce sera en ce lieu myt­hique même qu’aura lieu le tour­noi olym­pique de 2012. A n’en pas dout­er, aucun joueur ne peut sérieuse­ment désirer rater cet événe­ment ! Comme pour montr­er un peu plus les liens uni­ssant à nouveau ten­nis et JO – un re­mariage est-il pro­che ? – le CIO a entériné le présence d’un 5ème tour­noi, celui de doub­le mixte.

Valeur du tour­noi olym­pique

Le tour­noi olym­pique a testé différents modes de com­péti­tion : il a duré une ou deux semaines ; il s’est joué en 2 ou 3 sets gag­nants ; il a établi des tab­leaux al­lant de 10 à 64 joueurs ; il a aussi attribué des médail­les de bron­ze aux demi-finalistes, puis in­stauré une petite fin­ale ; il s’est, enfin, joué sur dif­féren­tes sur­faces (dur, terre bat­tue et gazon).

Fluc­tuant, mouvant, sa place n’était donc pas claire­ment définie et les joueurs, eux-mêmes, ont souvent eu de la peine à savoir com­ment con­sidér­er ce tour­noi : n’offrant aucune garan­tie fin­an­cière, il de­vient fatale­ment moins in­téres­sant pour les « pro­fes­sion­nels » du genre Davyden­ko, en re­gard des tour­nois clas­siques ric­he­ment dotés ; dénués de points ATP jusqu’à Athènes, les joueurs à la re­cherche d’un clas­se­ment l’ont un peu boudé.

Mais le tour­noi olym­pique com­m­ence à se stabilis­er. Pour la 3e fois con­sécutive, il con­ser­vera une forme quasi iden­tique. Désor­mais doté de 750 points ATP pour le vain­queur, le tour­noi olym­pique de­vient dès lors in­téres­sant d’un point de vue com­pt­able : tous les quat­re ans, il sup­plan­te les ATP 500 et de­vient le 15e tour­noi le plus re­nt­able de l’année en ter­mes de points dis­tribués.

Quin­zième tour­noi ? Est-ce là sa place ? Et si tel était le cas, ne pourrions-nous ef­fective­ment pas dire qu’il n’y aurait guère d’intérêt, dans une année déjà sur­chargée, à rajout­er un tour­noi qui ne com­pte, au final, que peu en re­gard des 8000 points attribués en Grand chelem et des 9000 donnés dans les Mast­ers 1000 ?

Mais les Jeux Olym­piques, à l’instar de la Coupe Davis, jouis­sent d’un pre­stige, d’un éclat qui dépas­sent lar­ge­ment le décompte de points ATP. Être médaillé olym­pique est le rêve de tous les spor­tifs. Or, ce sont bien les meil­leurs ten­nism­en qui don­nent de l’intérêt et du pre­stige aux tour­nois aux­quels ils décident de par­ticip­er. Et à voir avec quel­le envie ceux-ci vien­nent de­puis une décen­nie aux Olym­piades, on ne peut guère dout­er de l’im­portan­ce du tour­noi olym­pique : cer­tes pas au niveau d’un Grand chelem, le sim­ple vaut cer­taine­ment plus qu’un vul­gaire Mast­er 1000 de par sa rareté et de par le pre­stige dû au vain­queur ; on pour­rait donc, assez aisément le plac­er aux côtés du Mast­ers de fin d’année en terme de renom ou de la Coupe Davis pour son caractère nation­al. Quant aux com­péti­tions de doub­les et de doub­les mix­tes, snobées par tous ou pre­sque tout au long de l’année, elles gag­nent tout à coup en crédit : une médail­le olym­pique reste une médail­le olym­pique, quel­le que soit la dis­cip­line où elle est glanée.

Alors bien sûr, le ten­nis et les Jeux pouvaient vivre leur vie l’un sans l’autre sans trop de dom­mage. Mais leur vie n’est-elle pas plus agréable avec ces agréables retro­uvail­les quad­rien­nales ?

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502 Responses to Tennis-JO : Les amants déchirés

  1. MarieJo 4 août 2012 at 17:16

    bravo à richard et bennet’ belle médaille de bronze ! contente pour eux et ils peuvent dire merci à Gaël qui a déclaré forfait !

  2. Julie 4 août 2012 at 17:24

    Oui, j ai vu la fin du double, super! Ls commentateurs, aui pourtant etaient british, etaient extatiques sur gasquet, disant qu on sait tous qu il peut bien jouer mais que la il avait la determination et l energie qui lui manque parfois… T qu il etait de loin le meilleur des quatre. ET meme benneteau (que je ne connais pas trop) a fait des aces, des lobs winners, des retours gagnants, impressive!!!

    Is ont aussi fait un « compliment » a gasquet, en se demandait comment il pouvait servir si bien alors qu’il faisait 1m60 ;-)

    Je regarde le double mixte, germany great britain, et aui ne vois je pas sur le court??? Murray! Il est partout en ce moment decidement! Double break pour eux d ailleurs, meme si l allemande se debrouille super, mieux que le gars.

    Question technique sur le double mixte: les gars sont ils « fair play », cad, ne pas servir trop fort sur la fille ou taper trop fort sur la fille? Ou au contraire, pour essayer de gagner, il faut tt le temps jouer sur la fille? Quelle est la tactique a priori?

  3. inès 4 août 2012 at 17:50

    Les gars sont fair play quand cela n’est pas trop important. Mais pour une médaille, ils ne font pas de cadeau !

  4. Geô 4 août 2012 at 19:01

    Il m’est arrivé de dire que Julien Benneteau ne servait… enfin vous savez bien.

    Mais quand je lis ça: http://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/L-effet-jo-et-benneteau/303620

    Et ça: http://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Benneteau-au-dessus-de-tout/303658

    J’ai juste envie de dire: Bravo Julien!!! (Et bravo Richard, of course.)

    • Philippe 5 août 2012 at 00:06

      Félicitations à eux, ça fait plaisir de voir le sourire des 4 sur le podium. Sinon, Murray a une drôle de motivation pour la finale : « La seule raison qui me fait espérer, c’est qu’il n’a jamais joué pour une médaille d’or en simple par le passé ».
      Mais si les détracteurs du fair-play olympique des british ont raison (cf. aviron + cyclisme sur piste), « Andy Murray pourra faire rejouer tous les aces de Federer en disant qu’il n’était pas prêt ». Donc aie confiance Andy, aie confiance !

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