André Agassi : touché par la grass

By  | 9 février 2011 | Filed under: Histoire

Chaviré par le poids de l’exploit, ter­rassé par l’émo­tion qui lui coupe des jam­bes qui ne le por­tent déjà plus, André Agas­si est à genoux sur le peu d’herbe qu’il reste du Centre Court de Wimbledon, les mains join­tes en signe de prière ; peut-être implore-t-il le Divin qu’il ne s’agis­se pas d’une cruel­le il­lus­ion, d’un songe éveillé dont il va de­voir être tiré. Le petit homme en blanc ne voit plus l’avenir en noir et tout lui ap­paraît clair à nouveau, malgré des yeux embués par les lar­mes qu’il ne peut con­tenir ; son de­stin sur les co­urts sera bien celui que les orac­les lui ont prédit, une chevauchée tri­omphale dans un ciel con­stellé de succès.

En re­mpor­tant Wimbledon ce 5 juil­let 1992, le Kid de Las Vegas fait plus que déflor­er un pal­marès à la vir­ginité jusque-là douloureuse­ment préservée en Grand chelem ; André signe sans doute une des vic­toires les plus re­ten­tissan­tes de l’ère Open. Pas de ces fol­les em­bardées sur­prises et sans len­demain, de ces succès ac­quis à la faveur d’un al­ig­ne­ment im­prob­able d’astres non-consentants ; plutôt une aut­hentique et mag­nifique première es­tocade portée dans une arène que d’aucuns lui aurait jugé totale­ment in­ex­pugn­able.

En re­mpor­tant Roland-Garros en 1999, André Agas­si est de­venu le pre­mi­er joueur de­puis trente-sept ans et un cer­tain Rod Laver, à détenir une vic­toire dans chacun des tour­nois majeurs. En l’es­pace d’une décade pour­tant, il est déjà re­joint en 2009 par Roger Feder­er puis en 2010 par Rafael Nadal dans ce cercle (plus si) fermé ! Pour ceux qui sont nés au ten­nis dans les années 2000 et pour­raient ne pas per­cevoir la portée du sacre d’Agas­si à Wimbledon, lui op­posant notam­ment ceux de Feder­er à Paris en 2009 ou de Nadal à New York l’an de­rni­er, une petite (re)mise en per­spec­tive s’im­pose.

Wimbledon en 1992 : la volée à votre ser­vice

L’Enfer vert ; c’est le sur­nom du myt­hique cir­cuit du Nürburgr­ing dans sa Nordschleife, un tobog­gan fou de 21 km ser­pentant en pleine forêt et réservé aux pilotes sévère­ment burnés. C’est aussi le sur­nom qu’on aurait pu donn­er au tour­noi de Wimbledon durant les années 1980 et 90 pour tout joueur de fond de court. Son herbe glis­sante et fusan­te aux re­bonds quasi-inexistants avait fini par y re­ndre la pratique du service-volée ob­ligatoire pour quicon­que avait l’am­bi­tion de ne pas dis­paraître dès les pre­mi­ers tours. Chaque année à la même époque, les mal­habiles de la volée et aut­res souffreteux du ser­vice pre­naient la poud­re d’es­campet­te dès l’ouver­ture de la saison des her­bivores.

Le gazon avait toujours favorisé le jeu d’at­taque et la pratique du service-volée, notam­ment dans la pure tradi­tion du ten­nis australi­en des années 1950 et 60. Si les années 70 avaient vu le re­tour en grâce de la re­lan­ce et du pass­ing shot avec l’extrater­restre Borg, la décen­nie suivan­te avait sonné la résur­rec­tion de l’ordre an­ci­en d’abord avec John McEn­roe et le re­tour de la volée-reine, puis un virage brut­al avec l’émerg­ence des serveurs-artilleurs comme Kevin Curr­en, Slobodan Zivojinovic et sur­tout Boris Be­ck­er. La fin des années 80 reste marquée du sceau de ses duels homériques con­tre Stefan Ed­berg, le prin­ce des funam­bules.

Avec les années 1990 on entre définitive­ment dans l’ère du 1,90m et de l’ace par paquets de dix. Stich, Krajicek, Ivanisevic, Ros­set, Rusedski, Philip­pous­sis, tous ces noms son­nent comme ceux de l’ogre et font re­ssembl­er le gazon an­glais à la forêt de Brocélian­de. Avec ses Nike de sept lieux, défiant les pro­nos­tics qui le don­nent mangé dès les mises en bouc­he, Agas­si le Petit Poucet va jouer crâne­ment sa chan­ce cet été 1992 et se fray­er un chemin dans ce bois in­festé de ser­vices effrayants.

Je parle d’une époque où les vain­queurs de Roland-Garros par­fois ne se don­naient même pas la peine de travers­er la Man­che, trop sûrs du sort qui leur serait fait sur cette sur­face qui plait tant aux ruminants. Je parle d’une époque où Ivan Lendl pratiquait le service-volée sur première et secon­de balle. Je parle d’une époque où les de­rni­ers carrés de Roland-Garros et Wimbledon n’étaient pas in­terchan­ge­ables. Je parle d’une époque où le ser­vice pouvait rap­port­er une soixan­taine de points di­rects par match aux meil­leurs ar­tifici­ers. Vous avez dit mis­s­ion im­pos­sible de­puis la ligne de fond ?

André Agas­si en 1992 : un homme en crise

Un champ­ion blessé, un roi sans trône ni co­uron­ne, une en­velop­pe pub­licitaire sans l’être de champ­ion à l’intérieur, une pop star égarée dans le monde du ten­nis, une pro­mes­se non-tenue ; en 1992 André Agas­si c’est un peu tout ça et moins en­core. Alors que la bannière étoilée se hisse fiè­re­ment sur le toit du Grand chelem par l’entrem­ise de Chang, Sampras puis Co­uri­er, André Agas­si reste coincé dans l’an­tichambre de l’Olym­pe. Par trois fois le Héros a tenté de se faire Dieu, par trois fois il a échoué écrasé par l’im­mensité de la tâche et la pesan­teur de sa part humaine, donc faib­le. C’est pour­tant lui qui semble avoir joui des faveurs des fées du ten­nis, elles qui ont passé plus de temps penchées sur son be­rceau que sur ceux de ses équipi­ers du nouvel Argos américain. Les fol­les ex­pec­tatives nées de son départ tonit­ruant de 1988 ont fait long feu, la faute à ses échecs répétés dans les Majeurs et pis, aux succès de ses frères de portée auparavant aveuglés par sa lumière fac­tice. Sorti de son ombre, Jim Co­uri­er tout frais numéro un mon­di­al, a posé sa lour­de patte sur le ten­nis mon­di­al qu’il tient d’un grip ferme. Mic­hael Chang malgré sa petite cylindrée a choqué la planète en re­mpor­tant Roland-Garros à l’âge de la con­duite ac­compagnée et Pete Sampras, après une première salve à Flush­ing Meadows en 1990, semble peaufin­er le dosage d’un co­cktail qu’on de­vine ir­résis­tible une fois à matura­tion.

Au prin­temps 1992 André Agas­si semble perdu, hésitant dans son ten­nis et dans sa vie. Malgré quel­ques succès d’es­time (Mast­ers en 1990 notam­ment) il lui man­que cette première gran­de vic­toire qui l’ab­soud­ra des soupçons de fraude au champ­ion qui pèsent sur lui. Après avoir as­s­isté im­puis­sant au sacre de son Némésis Jim Co­uri­er à Roland-Garros l’année d’avant, puis suivi de loin son pre­mi­er tri­mestre ébourif­fant en cette année 1992, André com­pte se re­lanc­er Porte d’Auteuil et montr­er au monde que Co­uri­er ne re­stera pas en poste. « S’il me bat, alors ça voud­ra dire qu’il est vrai­ment fort » ; voilà ce que déclare en sub­stan­ce le Kid per­oxydé et présomptueux, la veil­le de leur demi-finale. Cette re­ncontre, leur quat­rième suc­ces­sive dans ce tour­noi (!), se con­clut sur une fessée sèche 6/3 6/2 6/2. De match il n’y a pas, André pre­nant comme un up­percut sur la tempe l’écart qui le sépare désor­mais de Big Jim. C’est grog­gy et traumatisé qu’il fuit Paris pour… le Nevada au lieu de Londres, tan­dis que ses petits camarades se font la main verte en préparant studieuse­ment Wimbledon via ses tour­nois préam­bules. Préparer Wimbledon à Las Vegas, André est décidément le roi du con­trepied.

André Agas­si et Wimbledon avant 1992 : je t’aime, moi non-plus

La première ten­tative de pacifica­tion des pâturages lon­doniens d’André Agas­si est un échec cuisant : en 1987, âgé d’à peine 17 ans, l’adoles­cent punk n’en­tend rien à cette sur­face glis­sante et sort de la route vic­time de son ten­nis in­adapté et des bon­nes œuvres de l’ex­cellent jar­dini­er Henri Lecon­te, qui lui fait re­ndre gorge 6/2 6/1 6/2. Décidément l’herbe ne lui plait que séchée et fumée, il se pas­sera de la révérence de­vant la loge royale les trois années suivan­tes, snobant le tour­noi des rois entre 1988 et 1990.

In­ter­rogé sur ses ab­s­ences répétées au All En­gland Lawn Ten­nis and Croquet Club, André Agas­si in­voque entre autre grief la stric­te rigueur du code ves­timen­taire qui ne lais­se la place qu’à peu de fan­taisie entre le blanc, le blanc et le blanc. Cette fer­veur mono­chromatique sied mal à un joueur dont la sin­gularité de la garde-robe un rien bi­garrée menace de con­jonctivite ceux qui l’approc­hent de trop près. A un jour­nalis­te qui lui rap­porte les pro­pos de Philip­pe Chat­ri­er qui com­parerait ses tenues aux oripeaux d’un clown, le Kid ir­révéren­cieux répondra « I dress like Bozzo ? Chat­ri­er is a Bozzo then ».

C’est dans ce climat hos­tile et tendu que la bête fluo et traquée se ris­que à une secon­de première visite à Wimbledon en 1991. André sait qu’une carrière sérieuse ne peut s’en­visag­er en faisant in­défini­ment l’im­passe sur le pèlerinage an­glais ; alors il fait amen­de honor­able et pose ses valises à Londres pour ce que be­aucoup prévoient être une vraie bouc­herie. Après tout, ni Lendl ni Wiland­er, deux des champ­ions iconiques des années 80 n’ont réussi à in­scrire leur nom au pal­marès, broutant puis régur­gitant à qui mieux-mieux cette herbe qu’on dit pour­tant di­ges­te. Pour Agas­si, éviter le ridicule suf­fira.

La cam­pagne 1991 d’André à Londres est un franc succès, qui le sur­prend lui-même un peu. Sa tenue im­macul­ée fait plus parl­er d’elle que tous les délires psychédéliques portés jusque-là, son com­por­te­ment ir­réproch­able et son re­spect de l’étiquet­te ainsi qu’un ten­nis fin­ale­ment très à-propos et résolu­ment novateur fin­is­sant de faire de lui la star du tour­noi. Il a d’autant moins de mal à faire la « Une » de la pre­sse loc­ale que le vénérable doyen des tour­nois semble à la re­cherche d’un re­nouveau, entre un vain­queur aussi trans­parent que talen­tueux (Stich) et la fin de l’ère Be­ck­er vs Ed­berg. Le par­court d’André s’achève en quarts de fin­ale et au bout des cinq man­ches con­tre son com­pat­riote David Wheaton, ex­cel­lent maître étalon sur la sur­face. Il s’offre notam­ment une vic­toire en­couragean­te en trois sets sur un jeune bom­bardi­er Batave, Ric­hard Krajicek, en démontrant son habilité à con­tenir les ser­vices sur­puis­sants. Il peut en­visag­er plus sereine­ment ses pro­chaines ten­tatives.

André Agas­si à Wimbledon en 1992 : et le monde de de­venir fou

Comme évoqué précédem­ment, c’est un homme fragilisé et un joueur en proie au doute qui pose ses valises à Londres en ce mois de juin 1992. La dérouillée ad­ministrée par le rugueux Co­uri­er à Paris a creusé des sil­lons dans la con­fian­ce d’Agas­si et les graines de l’in­certitude semées ont germé sur le ter­reau fer­tile d’un ment­al trop meub­le. A ce point de sa carrière et sur cette herbe im­pratic­able, même les book­mak­ers les plus téméraires n’osent croire en une vic­toire fin­ale d’André. L’his­toire leur don­nera tort.

Drapé dans sa tunique blanche, Agas­si récite enfin son ten­nis au lieu de l’éruct­er, loin des re­gards et des at­tentes dans un tour­noi dans lequel on ne lui nour­rit aucune am­bi­tion ; il enchaîne les tours et se fait plaisir. Ses succès sur Ches­nokov et Masso ne sus­citent aucun intérêt, ses deux vic­times n’ayant rien de foud­res de guer­re végétaliens. Au troisiè­me tour il se défait de son com­pat­riote De­rrick Ros­tagno dont la vic­toire sur Sampras – fut-il en de­venir – ici même l’année précédente est un bon in­dicateur de la valeur. Agas­si l’écarte en trois sets et com­m­ence à in­téress­er les ob­ser­vateurs. Saceanu est logique­ment battu au quat­rième tour, et toujours en trois sets. André a pris ses mar­ques et se sent désor­mais pouss­er des ailes ; porté par Eole, il at­teint la deuxième semaine du tour­noi et prend comme du rab’ tout ce qui peut venir par la suite. Et le rab’ de se chang­er en agapes…

En quarts de fin­ale c’est tout simple­ment Boris Be­ck­er, la figure la plus em­blématique de ce tour­noi de­puis Borg (et avant Sampras), qui se dres­se sur sa route. André l’a déjà dominé à plusieurs re­prises, notam­ment en demi-finale à Roland-Garros et à Flush­ing Meadows l’année précédente. Sur herbe toutefois, la meil­leure sur­face de l’Al­lemand, Agas­si doit pass­er de vie à trépas sans l’ombre d’un doute. Le match est une pièce à sus­pen­se con­clue 6/3 au cin­quiè­me acte par Dédé qui re­mpor­te une vic­toire précieuse qui en dit long sur sa con­fian­ce dans ce tour­noi, et la qualité extra­or­dinaire de ses re­tours et ses pass­ings. Face à l’ex-roi des ser­veurs, il réalise un fes­tiv­al à la re­lan­ce et en con­tre et signe son pre­mi­er vrai ex­ploit en Grand chelem, sa première vic­toire réel­le­ment sig­nificative. S’il a déjà battu Boris comme on l’a vu précédem­ment, le faire sur le Centre Court de Wimbledon donne une nouvel­le di­mens­ion à la per­for­mance.

En demi-finales, André n’a aucun mal à se défaire du lent fantôme de John McEn­roe, 6/4 6/3 6/2. Re­tourn­er les secon­des bal­les de Boris au tour précédent a été un ex­cel­lent ex­er­cice pour ab­ord­er les pre­mi­ers ser­vices de Big Mac. Tout va trop vite et trop fort pour ce re­scapé d’une autre époque qui voit défiler les re­tours et les pass­ings sans pouvoir faire op­posi­tion aux chèques tirés sur le com­pte des années. Mc mis sous cel­lophane, André peut ab­ord­er la dernière et plus haute marche de cette as­cens­ion in­sensée : face à lui se dres­se l’Antéchr­ist des ser­veurs, Goran « Aceman » Ivanisevic.

Le jeune Ivanisevic s’est sign­alé en 1990 en éco­ur­tant dès le pre­mi­er tour la pro­menade prin­taniè­re de Be­ck­er au Bois de Boulog­ne. Boris quit­te Roland-Garros et la porte d’Auteuil roué de coups sur une terre bat­tue qui prend des al­lures de par­quet quand s’abat­tent sur elle les mises en jeu météoriques du lon­gilig­ne Croate. Un mois plus tard à Wimbledon il n’est pas loin de re­nouvel­er la per­for­mance, Boris s’en sor­tant en quat­re sets et deux jeux décisifs, au bout d’un match ex­trême­ment tendu. L’aver­tisse­ment est sonore, Goran est LE joueur à éviter sur tapis vert, d’autant plus que cette année 1992 il joue tout simple­ment le meil­leur ten­nis de sa jeune carrière et semble avoir mis un peu de sol­ide dans un ment­al plutôt li­quide.

La re­lan­ce d’André a fort à faire face à la mac­hine à aces qui fin­ira d’ail­leurs le tour­noi avec un total supérieur à deux cents réalisa­tions (soit le total en carrière des deux frères Roc­hus mis bout à bout). André s’arcboute sur ses pro­pres en­gage­ments pour re­st­er au con­tact et at­tendre l’éclair­cie dans ce déluge d’aces. Il ac­cepte de voir pass­er les mis­siles de loin sans se frustr­er et sur­tout ne rate aucune oc­cas­ion lorsqu’el­le se présente : secon­des bal­les, volées approximatives, bal­les co­ur­tes, il trans­for­me l’essai sur tout ce qui se présente. Les rôles sont in­versés et c’est fin­ale­ment Goran qui a la pre­ss­ion de de­voir ser­vir par­faite­ment, la moindre bais­se de ce côté étant im­médiate­ment sanctionnée par le métronome de la baseline. André fait le plus dur en ravis­sant les secon­de et troisiè­me man­ches, puis s’ac­corde une pause dans la quat­rième qu’il lais­se filer.

Le cin­quiè­me set est celui de toutes les tens­ions, les joueurs tenant leur ser­vice jusqu’au dixième jeu. Mené 4/5, le Croate sert pour re­st­er dans la par­tie et une fois de plus, ses nerfs re­pas­sent à l’état li­quide et le trahis­sent ; en une frac­tion de secon­de le match est plié. André Agas­si vient de re­mport­er Wimbledon.

Épilogue

Plus qu’une sim­ple vic­toire, le succès d’Agas­si à Wimbledon vient comme une rédemp­tion. Cette vic­toire avait beau se de­ssin­er plus précisément au fil des tours de­puis deux semaines, elle choque, méduse, ébahit l’as­sistan­ce et Agas­si lui-même. Avec ce gars-là les choses ne seraient donc jamais banales ; différent jusqu’au bout il choisit d’ouv­rir son com­pteur en Grand chelem en com­men­çant par la fin, en s’im­posant là où per­son­ne ne lui ac­cordait de chan­ce de succès, et au mo­ment où on s’y at­tendait le moins. De par sa com­posan­te dramatur­gique et son im­prédic­tibilité, la vic­toire d’André Agas­si à Wimbledon en 1992 reste un aut­hentique ex­ploit qui dépasse les fron­tières de l’ATP.

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242 Responses to André Agassi : touché par la grass

  1. karim 11 février 2011 at 16:31

    Deux des coups droits modernes les plus parfaits techniquements pour moi c’est Agassi et Blake, dans la grande tradition du coup droit américain née à partir de la fin des 80′s. Pas de prise ou d’accompagnement fantaisiste, pas de lift abominable, pas de chichis, un plan de frappe simple, un geste épuré, c’est sec. Plus de force chez Blake qui tente tout le temps la der des der, plus de sécurité chez Agassi qui ne libère totalement le chevaux qu’une fois par match mais ça part très très fort. Celui de Blake est vraiment très très beau.

    • Arno 11 février 2011 at 17:10

      Je suis complètement d’accord, mais le problème est qu’on a pu comparer ces coups droits à celui de Fed, qui est LE coup droit.

      Techniquement plus que parfait, pur, en total relâchement, ultra rapide et précis… Blake et Agassi, c’est excellent, mais à côté de Fed c’est juste passable.

      C’est là qu’on voit qu’on a tendance, en tant que spectateur, à prendre pour base l’exceptionnel, qui par définition est relativement rare.

  2. peterson 11 février 2011 at 16:58

    Mon petit classement depuis Borg avant je ne connais pas

    service : Sampras , Ivanisevic et Roddick ce dernier pour 2 raisons , la qualité de son service et surtout son pourcentage hallucinant pour un gros serveur
    coup droit : Federer ,Lendl , Gonzales Fernando et une mention spéciale pour Sampras en bout de course
    volée : Rafter ,Cash ,Mac
    revers :Connors ,Safin , Kuerten
    coup défensif : Nadal , Borg ,Wilander particuliérement son lob

    Avec tout ses coups de tennis on oublie sans doute l’élément le plus important dans ce sport qui est pour moi la force mentale et quand on parle de force mentale elle se divise en 2 catégories , il y a le mec qui abandonne jamais qui se bat jusqu’à la dernière balle cette catégorie englobe pour moi 80% des joueurs et puis il y a l’autre facette de cette qualité c’est le mec qui ne choke pas qui ne semble jamais nerveux et sur ce point cela me parait beaucoup plus complexe
    j’aurais franchement du mal à faire un classement pour cette partie là

    • karim 11 février 2011 at 17:04

      « surtout son pourcentage hallucinant pour un gros serveur »
      vraiment impressionnant c’est vrai. régulièrement au-dessus des 70% ce qui démontre une MAITRISE totale de son geste.

    • Coach Kevinovitch 11 février 2011 at 18:03

      La force mentale se divise selon moi en cinq catégories:

      1) Ne rien lâcher jusqu’à la dernière balle: C’est le versant le plus facile du mental, « se battre jusqu’au bout. D’aucuns croient que c’est la clé d’un grand mental alors que ce n’est que le strict minimum. Ceux qui n’ont que cela sont des…PERDANTS ni plus ni moins.

      2) La concentration: La faculté de rester concentré le plus longtemps possible pendant un match, la faculté de ne pas se disperser pour x et y raisons est quelque chose de primordial dans le tennis. Si 80% des joueurs ont la 1), je dirais que seuls 50% ont un niveau très bon niveau de concentration

      3) Gestion de la pression: Tous les joueurs sont nerveux dans un match de grande importance à cause de la pression générée par l’évènement etc mais ceux qui savent transformer toute cette nervosité en quelque chose de positif sont les…GRANDS CHAMPIONS

      4) La conviction de la victoire: C’est le fait d’être persuadé quelque soit le tournoi, la surface, l’adversaire, le jeu de l’adversaire, son propre jeu, le score du match que l’on VA gagner. Tous les très grands champions l’ont, les joueurs très sûr de leur fait l’ont à un degré supérieur.

      5) La détermination: « Nous aimons tous gagner, mais combien aime s’entraîner? ». « Ce n’est pas la volonté de gagner qui fait de vous un gagnant, c’est la volonté de s’y préparer ».

      Voilà sans doute, les phrases qui illustrent le mieux ce que doit être la détermination dans un sport professionnel individuel tennis même si alors que la seconde phrase a été prononcée par Djokovic, la première nous vient de l’ancien…..NAGEUR Mark Spitz.

      Cette cinquième partie est fondamentale, c’est la clé d’un sport comme le tennis, c’est elle qui trace les courbes d’une carrière et marque même la fin de cette dernière quand elle disparaît.

      Pour gagner des matches et des titres, les parties qu’il faut avoir nécessairement sont les 3), 4) et 5) car ce sont elles qui font gagner des parties. Il n’y a pas de grands joueurs auxquels il a manqués une des trois, elles sont fondamentales.

      Les parties 1) et 2) sont très utiles mais ce ne sont pas elles qui vont permettre de faire la décision aux moments clés. Avoir ces deux parties sert plus à éviter des défaites bêtement concédées plus qu’à gagner des grands matches.

      Les meilleurs joueurs de tennis au niveau mental sont ceux qui arrivent à réunir les 5 à la fois, de mon vécu de téléspectateur de tennis assidu depuis moins de 10 ans, je pense que Nadal est le seul qui réunit les cinq versants du mental à la fois. Mais je rappelle bien, on peut faire avoir un meilleur palmarès que Nadal en n’ayant que 3 des 5 (les 3), 4) et 5) évidemment!).

      • karim 11 février 2011 at 18:12

        Très intéressant. Pour Nadal je ne lui accorde pas vraiment le 1. Il a souvent cette attitude de petit garçon quand il s’en prend une bonne, il a l’air perdu sur le court. Nadal c’est un bulldozer, il fonce, impressionne, renverse tout, mais dans certains matches ou mieux certaines périodes, on se demande vraiment où est passé le warrior. C’est un point où certains, Hewitt notamment, sont meilleurs. Mais il est tellement fort sur le reste qu’il est rarement mis en demeurre de défendre le 1. Et surtout dès qu’il se prétend diminué, le 1 fout totalement le camp. Donc pour moi il n’a pas les 5 à 100%.

        • Coach Kevinovitch 11 février 2011 at 18:20

          Ah j’avais oublié Hewitt! C’est vrai que si on met les deux à côtés, Hewitt de la grande époque est un poil devant car il garde mieux le 1) même quand il se prend une raclée. Nadal a le 1) mais plus quand il est dans le coup. Disons que Hewitt et Nadal ont les 5 à la fois mais Hewitt garde le 1) en toutes circonstances, là où il peut « sauter » chez Nadal.

      • Clément 11 février 2011 at 19:09

        Salut à tous, pas revenu ici depuis la fin de l’OA, même pas pu voir la finale et j’ai pas suivi le tennis (et encore moins 15LT) depuis, enfin bref…

        Tout ça pour dire que je ne résiste pas à l’envie de réagir à ton post Coach, c’est très intéressant en effet même si je ferais quelques ajustements.
        Déjà je pense qu’on pourrait réunir la 1 et la 4 dans la même catégorie. On se bat jusqu’au bout PARCE QU’on croit à la victoire non ? Je ne saisis pas forcément la nuance…
        D’autre part, j’irai plus loin que toi en ce qui concerne la détermination. Pour moi elle ne fait pas même pas les matchs, elle fait carrément les carrières.

        Un exemple choisi au hasard : Roger Federer. Il a souvent été raillé pour un mental parfois jugé un peu limite. Ses défaites répétés en finale de RG jusqu’à l’humiliation en 2008 – qui donnait l’impression d’être consentie- en sont l’exemple le plus évident. Mais au niveau de la détermination ce type est insubmersible. Je suis certes jeune, mais de mémoire, ça reste LE tennisman à qui on prédit le destin le plus noir possible depuis 3 ans déjà !! A chaque défaite c’est la même chanson : le déclin, la pré-retraite voire la retraite tout court ! Et tous les fans qui s’y mettent en chœur pour expliquer que oui, son coup droit est moins bon, que non il ne se déplace plus aussi bien, etc.

        Que ça soit vrai ou non, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il s’en est pris plein les dents. Certains auraient subi des burn-out ou des déprimes pour moins que ça. Regardez Borg ou Agassi, pas trop des clowns pourtant. Mais non, depuis 3 ans le plus loin qu’il soit descendu au classement c’est… n°3 mondial.
        On répète à l’envie que le mec est fini alors qu’au bout du compte il nous fait même pas une « reculer à la 130ème place pour mieux sauter » à la Agassi, mais qu’au contraire il se maintient au top du top !!

        Dans le registre, je ne vois guère que Nadal pour tenir la comparaison : jamais plus loin que 4ème mondial depuis 2005 et une volonté de fer pour cravacher et revenir tout en haut malgré toutes ses blessures et les arrêts, parfois longs, qui vont avec. Encore une fois même Sampras, arrivé en fin de carrière, et même si ça restait correct bah c’était déjà plus loin (il finit 11ème à l’ATP en 2001 je crois, à vérifier).

        Bref, Fed (et dans une moindre mesure Nadal, qui est plus jeune et donc a priori plus frais psychologiquement) c’est vraiment du méga-super-ultra champion. Il a même plus le sport dans le sang, si on regardait au microscope on verrait ses doubles-hélices d’ADN former le mort TENNIS, je suis sûr.

        • Diana 11 février 2011 at 19:31

          Clément, je t’ajoute à mes favoris sur Facebook :mrgreen:

          Je m’amuse beaucoup à lire toutes les inepties relatives au mental bof bof de Fed :)
          Le plus grand joueur de l’ère open en termes de palmarès, de records en tout genres ne peut qu’avoir un mental d’acier. Et s’inscrivant dans une telle durée dans l’élite mondiale, pas le fruit du hasard non plus.

        • Babolat 11 février 2011 at 19:44

          En 2001, Pete avait 30 ans. L’âge qu’aura Fed à la fin de la saison 2011. (Puisqu’ils ont presque dix ans d’écart jour pour jour). On verra où Fed sera à la fin de la saison. Je ne lui souhaite bien évidemment pas de descendre si bas.

          Pete avait battu le record (jugé imbattable) de Emerson à Wimbledon l’année précédente. Il avait tout gagné hormis Roland Garros sur lequel il avait déjà fait une croix depuis 1996. Il avait battu le record de longévité à la première place mondiale pour le porter à un niveau que l’on pensait inaccessible pour le commun des mortels. Pouvait-il se douter qu’un Federer viendrait moins de 10 ans plus tard manger ses records comme un boeuf bouffe les pissenlits ?

          Sampras se voyait au firmament des records de son sport pour des décennies. Normal que le mental en subisse le contre-coup. Comment se motiver encore lorsqu’on est arrivé en haut de l’Everest ?

          Federer détient maintenant tous ces records (ou presque) mais le taureau est déjà sur ses traces.

          Quand Pete a pris sa retraite, qui imaginait qu’un jour le type au chignon en boule et au duvet naissant allait le laisser sur place ?

          Federer sait déjà que son record peut être battu. C’est certainement ce qui le pousse à rester au top. Quitte à ramener des parpaings en haut de l’Everest, il veut rester le plus haut de tous. :0

          • Diana 11 février 2011 at 20:02

            « C’est certainement ce qui le pousse à rester au top »

            Pas uniquement, il y a l’amour du jeu, une donne indispensable à ce maintien.

      • Coach Kevinovitch 11 février 2011 at 19:39

        @Clément: Je fais une distinction entre la 1) et la 4) en deux temps que j’aurais dû expliquer c’est vrai qui est la suivante.

        1er temps: La 1) et la 4) sont deux versants de la même catégorie mais les versants contraires. Celui qui n’est que dans la 1) est prêt à combattre, celui qui est dans la 4) est prêt à gagner. La 1) équivaut aux expressions: « ne pas se laisser faire », quand la 4) équivaudrait à « dicter sa loi coûte que coûte ».
        La 1) c’est le côté « perdant » du courage, la 4) est le côté « gagnant ». La 1) permet de ne pas s’avouer vaincu, la 4) de triompher malgré tous les périls.

        2ème temps: La 1) est une catégorie « acquise » du mental, la 4) c’est quelque chose d’inné la plupart du temps ou plus rarement que l’on peut apprendre mais par soi-même. Quand un enfant fait du sport, les professeurs ou entraîneurs lui apprennent les parties 1), 2) et 3) du mental puisque ce sont les seules qu’ils peuvent enseigner. La 4) comme la 5) sont quelque chose de plus propre à l’individu, de plus innée.
        L’ordre par lequel j’ai énoncé ces parties le souligne aussi. Les parties 1), 2) et 3) sont les parties les plus « logiques » ou « rationnelles » du mental, les parties 4) et 5) sont beaucoup plus irrationnelles, difficilement explicables.

        Sinon pour la détermination, j’avais dit qu’elle faisait les carrières à ce moment-ci: « Cette cinquième partie est fondamentale, c’est la clé d’un sport comme le tennis, c’est elle qui trace les courbes d’une carrière et marque même la fin de cette dernière quand elle disparaît. »

        Pour ce qui est de Federer, au niveau mental, il est évident qu’il est exceptionnel voire unique. On ne peut pas avoir un tel palmarès sans avoir des qualités mentales hors du commun. Le « problème » de Federer avec les médias est qu’il a tellement habitué tout le monde au super exceptionnel que les médias ont oublié que faire rien que le dixième de sa carrière est déjà exceptionnel. Gagner rien qu’un GC est exceptionnel, l’article de Karim le nous montre bien.

      • peterson 12 février 2011 at 02:51

        Bon tu catégorises encore plus que moi mais je pense que la 3 est celle qui s’applique le plus , des éffondrements comme on peut en voir au tennis des joueurs ou joueuses incapable de jouer liberé dans les grands évenements sont caracteristique à ce sport ,une Safina par exemple en finale de Rg contre Kuzi c’est la quitescence de cet excès de pression , la fille est incapable d’effectuer la moindre frappe de balle ,sa double faute finale résume cela à merveille , ce jour là Safina ne sait tout simplement plus jouer au tennis
        Je connais très peu de sport ou cette sorte de pression est équivalente ,peut-être le golf ,le dernier trou de Jean Van de Velde c’est un peu du mémé acabit , le type ne sait tout simplement plus jouer au golf

      • Guillaume 13 février 2011 at 09:44

        L’actualité nous fournit d’ailleurs un exemple flagrant de ce que le mental peut prendre diverses formes, parfois a priori contradictoires, et pourtant…

        Ce cher Nicolas Almagro, à raison considéré comme une tête folle capable de perdre ses moyens dans les moments chauds et donc défini comme « mental suspect ». Et bien c’est le même Nico qui depuis ce matin présente un excellent bilan de 8 finales remportées sur 10 disputées en carrière. Mental friable donc, mais qui n’empêche en rien le joueur de toujours répondre présent dans ces moments particulièrement révélateurs que sont les finales. Comme quoi rien n’est jamais ni tout blanc ni tout noir : ce que l’on désigne sous le terme de « mental » recouvre bien plusieurs facettes.

        Un exact opposé d’Almagro était (est?) Mario Ancic. Excellent dans les matchs à enjeu, les rencontres serrées, toujours au rendez-vous quand il faut aller à la bagarre… mais carrément désastreux quand il s’agissait de jouer pour gagner un titre (perd ses finales à répétition sur des Dupuis, Moodie, Arthurs…).

  3. Jeanne 11 février 2011 at 17:18

    Moi aussi je veux jouer !

    Dans les coups, et comme ciment invisible, je rajoute le mental

    Donc

    Mental : Nadal, Connors (les pires bouledogues)

    Retour de service : Connors Agassi Murray

    Passing : Borg, Nadal

    Revers : Kuerten

    Volée : McEnroe, Edberg, Rafter

    Coup droit : Nadal, Del Potro Sampras Fed avant 2008

    Service : Sampras (le meilleur de l’histoire), Ivanisevic, Tanner, Stich

    Smash : Sampras

    Amortie : Coria

    Lob : Hewitt

    • karim 11 février 2011 at 18:05

      Pour JMDP en coup droit lui je le mets plus dans la catégorie de Gonzalez ou Larson, les coups droits vraiment vraiment plus puissants que les autres. Mais quand on fait le tour de tout ce qu’on peut faire avec un coup droit, il y a quelques lacunes. Gonzalez par exemple n’est très très dangereux que lorsqu’il arrive à se décaller. Là ce sont vraiment des coups droits de freaks, mais pas forcément les meilleurs dans l’absolu.
      La mention avant 2008 pour Fed coule de source, en fait on prend chacun des coups à son meilleur. Le service de Boris par exemple perd 5% d’efficacité entre 87 et 88 pour ne plus jamais être celui de Wimbledon 86.

    • Jeanne 11 février 2011 at 18:29

      Ben je trouve pas le parallèle Gonz / Del Potro totalement convaincant. Pour moi Gonzalez est un kamikaze du coup droit, mais Del Po lui peut gagner des GC grâce à ce coup, entre autres bien sûr. De même Larsson, chez qui le coup droit était une sorte de protubérance dans le jeu, mais finalement pas plus.

      Pour Fed si je précise avant 08, c’est que je trouve qu’il a vraiment perdu au niveau de ce coup, d’une façon assez marquée (même plus que les 5 % dont tu parles).

      A moins que ça ne soit le fait de le bomber énormément…

  4. Diana 11 février 2011 at 20:11

    Clijsters a débuté son match contre Dokic, elle vient de remporter le 1er set, et si elle le conclut victorieuse, nous tiendrons enfin une n° 1 mondiale multiple détentrice de titres du GC :)

    • Jeanne 11 février 2011 at 20:12

      WTA Revolution ! !

    • Diana 11 février 2011 at 20:33

      Voilà, c’est fait, sur le score sans appel de 6/3 6/0.

      Pour ceux qui seraient curieux, je vous invite à aller lire buytshirts qui a consacré une série d’ »articles » sur le tennis féminin.

      A croire que 15 inspire :)

  5. David 11 février 2011 at 20:35

    Le meilleur revers à une main actuel est pour moi sans conteste celui de Youzhny : moins puissant qu’Almagro ou Wawrinka, moins fort en long de ligne que celui de Gasquet, Youzhny arrive cependant à utiliser tous les effets possibles et imaginables. Et je trouve son geste très joli.

    • Guillaume 11 février 2011 at 20:38

      Et Lopez alors ? Pas un mot sur son revers d’exception ?

  6. Antoine 12 février 2011 at 14:41

    @Coach K. et tous,

    Je trouve que la décomposition de Coach est très pertinente et que c’est assez utile de classer les joueurs selon cette grille qui décompose ce que l’on définit ordinairement comme étant le mental qui, avec le physique et les qualités tennistiques intrasèques (innées ET travaillées) forment les trois piliers permettant de juger les uns et les autres.

    Une fois que l’on utilise la grille de Coach, on peut arriver à des jugements plus pertinents sur le mental plus ou moins bon des uns et des autres.

    cela aide donc grandement mais ne résoud pas tous les problèmes pare que certaines choses sont mesurables ou perceptibles et d’autres moins:

    Le 1) est perceptible quand on voit un joueur évoluer de nombreuses fois et même si je suis d’accord pour dire que la plupart des joueurs ont le 1), certains l’ont davantage que d’autres. le 1°, c’est un peu la détestation de la défaite; exemple: Connors.

    Le 2) est également observable: o voit des joueurs qui, plus que d’autres ont des passages à vide durant un match que le physique n’explique pas. Subitement, ils sortent d’un match. D’autres sont beaucoup plus constant s durant un match et plus constants de match en match. Borg est un exemple avec un très fort 2) à mon avis.

    Le 3) est non seulement observable, mais mesurable: il suffit de comparer le %age de réussite moyen d’un joueur avec son %age de réussite sur les points ou la pression est plus forte, c’est à dire les balles de break à défendre..Quand on se livre à cette exercice, on s’aperçoit que les meilleurs sont presque insensible à la pression et qu’il n’y a pas d’écart significatif avec leur performance moyenne. D’autres « craquent »..On dit souvent qu’ils ont été gagnés par « la peur de perdre »..

    Le 4), même reformulé par Coach dans son deuxième post ne me parait pas très clair. Comment apprécier la volonté de s’imposer coûte que coûte. Je reformulerai la question ainsi: ceux qui aux moments cruciaux prennent les risques nécessaires pour l’emporter.

    Si on reformule la question ainsi, le 4) devient observable et même mesurable. Il suffit de comparer la fréquence moyenne avec laquelle un joueur remporte le point au retour avec le pourcentage moyen de balles de break converties. Un écart positif (une forte propension à convertir es balles de break) signale les meilleurs à l’aune de ce critère. Les plus mauvais sont ceux dont on dit, ou constate a postériori, qu’ils ont eu « peur de gagner »..

    Le 5) n’est pas observable en match mais la connaissance des uns et des autres finit par faire leur réputation et permet, dans une certaine mesure, d’apprécier cette détermination ou cette volonté comme on voudra..

    Il faut cependant signaler un problème constant dans la qualification des uns et des autres, c’est le caractère auto-régressif des jugements reposant sur les résultats.

    Dire par exemple que ceux qui sont les meilleurs à l’aune du critère 2 (Cf. plus haut) ou d’un autre d’ailleurs sont, par définition, les grands champions ne règle pas ce problème, au contraire..

    • Clément 12 février 2011 at 20:01

      Salut Antoine !

      Un bémol à propos de tes précisions sur la 4), étant donné qu’il arrive tout de même régulièrement qu’un joueur sauve lui-même les balles de break, ce qui de fait empêche l’adversaire de les convertir. Cela malheureusement n’est pas mesurable, et même pas toujours observable, dans la mesure où on peut toujours couper les cheveux en 4 dire « oui l’un a mis un winner pour sauver la balle de break, mais l’autre aurait pu taper plus fort son coup droit à tel moment du point et donc le gêner plus », etc. Alors au final est-ce que le bon est celui qui sauve la balle de break, est-ce que le mauvais est celui qui ne la convertit pas ? Délicat…
      En utilisant les stats dont tu parles on peut tout de même se faire une idée un peu plus précise, c’est vrai.

      Pour mettre ça en parallèle avec les posts de Coach et la dimension mentale: on est bon parce qu’on gagne, ou bien on gagne parce qu’on est bon ? Ça mériterait sans doute un article…

      Pour ma part je pense que les deux approches sont vraies, mais à différents stades de la carrière des joueurs. Je vais reprendre Federer comme exemple vu que je connais correctement le sujet et qu’en plus ça parle à tout le monde. De 2003 à 2007 il gagne parce qu’il joue le meilleur tennis. Mais à Wim 2007, alors qu’il est dominé du fond par Nadal il gagne quand même. Un match qu’il aurait probablement perdu en début de carrière. Car sans même prendre en compte les 4 premiers aspects mental de Coach (Fed a bien perdu en 8èmes à l’US’03 contre Nalbide alors qu’il était tout frais « Wimbledon champion » et donc enfin décomplexé), il avait déjà une telle aura que ça lui donnait une confiance fabuleuse, de quoi gagner un match qu’il aurait dû perdre. On a revu le même genre de chose à l’US’07 (même chose qu’au-dessus), RG’09 (SON moment), Wim’09 (SON tournoi)…

      Pour résumer : de 2003 à 2007 il gagnait parce qu’il était bon (le meilleur), après il était bon parce qu’il gagnait (alors qu’il était pas forcément le plus méritant) !

      @Diana, merci ! Mais je n’ai pas de fan page sur Facebook, ou alors je suis pas au courant. :) Je suis d’accord avec toi pour la comparaison avec Sampras ; j’entends bien les arguments de Babolat mais l’amour de Fed pour le jeu me semble de toute façon bien supérieur. Même Annacone semblait le dire…

      @Coach, merci pour les précisions et je pense comprendre ta démarche, même si je t’avoue que je trouve ça un peu tiré par les cheveux (sur la distinction précise 1 et 4 j’entends) !

  7. Babolat 12 février 2011 at 20:28

    « j’entends bien les arguments de Babolat mais l’amour de Fed pour le jeu me semble de toute façon bien supérieur. Même Annacone semblait le dire… »

    Cela voudrait-il dire que Sampras n’avait pas autant d’amour pour le jeu que n’en a Federer ? Difficile à dire… Je ne pense pas que Pete a fait péter 14 Gc pour le bonheur de son banquier. Il aime jouer, il aime gagner.
    Fed aussi et quand il dit qu’il s’est bien « amusé » à faire 5 sets contre le phasme Simon, je me dis qu’il fait un peu comme Maurice: « Il pousse le bouchon un peu loin ». L’amour du jeu a bonne mine quand on ne fait plus que perdre… Federer ne le supporterait pas. S’il avait perdu contre Simon (ce qui était pas loin d’arriver) Je me demande dans quel état mental il aurait abordé le reste de la saison.

    Si Roger devient 30ème mondial et que son niveau est celui d’un Kohlschreiber ou d’un Tipsarevic, je ne donne pas longtemps avant qu’il raccroche la raquette. L’amour du jeu a ses limites quand on a dominé son sport et qu’on en est réduit à jouer les 3ème rôles.

    Sampras a vraiment eu la sortie la plus belle de toute l’ère open et peut-être de toute l’histoire du tennis. J’en souhaite une aussi belle au natif de Bâle.

    Je persiste et signe… ce qui motive le plus Federer en ce moment, c’est Nadal. ;) Et vice Versailles…

    • Diana 12 février 2011 at 20:57

      « S’il avait perdu contre Simon (ce qui était pas loin d’arriver) Je me demande dans quel état mental il aurait abordé le reste de la saison ».

      Il a connu des défaites qui auraient pu être traumatisantes : AO 2009, ce qui ne l’empêche pas de remporter RG et Wimby, RG et Wimby 2010, ce qui ne l’empêche pas de faire une excellente fin de saison sur dur.

      Il a un tel mental le Doudou, qu’il se relève toujours.

      Franchement, la défaite contre Simon aurait été « un accident » selon moi, vu les conditions de jeu à l’AO cette année. Une telle lenteur ne pouvait que favoriser le Frenchie, où l’on voit que gagner un match dans de telles conditions a presque relevé de l’exploit.

      Tant que Fed maintiendra son niveau physique assez exceptionnel, il faut bien le dire (punaise, je me suis repassé des matchs récents, il est incroyablement véloce), il n’aura pas de souci à se faire tant techniquement, il est le maître du tennis mondial. La référence absolue.

      Pour Nadal, je ne suis pas du tout convaincue : on en fait des tonnes sur le sujet, mais que je sache, Nadal est encore très très loin du compte. Et si antinomiques à tout points de vue ces deux-là.

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