Le premier Grand chelem annuel vient de s’achever, et les antipodes ont comme chaque année réservé leur lot de surprise. Têtes à l’endroit ou têtes à l’envers, tour d’horizon des évènements marquants de la quinzaine.
Djokovic – Murray, prix du meilleur second rôle. Depuis le temps qu’ils piaffent dans l’ombre… Alors quand par hasard ni Roger Federer ni Rafael Nadal ne sont à l’affiche d’une finale majeure, ce sont Novak et Andy qui s’invitent sur le devant de la scène. Par hasard, disions-nous ? Pas dans le cas de Novak Djokovic puisque, comme en 2008, c’est lui qui s’est chargé en personne d’éliminer Roger Federer en demi-finales. Également vainqueur expéditif de Berdych et d’Almagro, Djokovic joue, de l’avis même de son coach Marian Vajda, le meilleur tennis de sa carrière. Service retrouvé voire amélioré, coup droit que l’on ne savait pas si solide, revers toujours aussi tranchant, couverture de terrain exceptionnelle, il n’y a guère qu’au filet que le Serbe n’a pas réellement progressé. Mais il s’en passe très bien, au point de rejoindre, à 23 ans, des Safin, Rafter, Hewitt ou encore Kafelnikov au tableau d’honneur du Grand chelem.
Andy Murray, lui, a moins impressionné qu’en 2010, où ses matchs contre Isner et Nadal avaient été des festivals de coups gagnants. Cette année, il tâtonna beaucoup plus, joua en réaction plutôt qu’en action, avançant dans le tournoi sans faire de vague et à dire vrai sans impressionner. Mais comme son tableau s’ouvrait à mesure qu’il avançait (Dolgopolov et Ferrer en lieu et place de Soderling et Nadal), il s’offrit un peu à la surprise générale le droit de rejouer pour le titre le dernier dimanche.
N’aurait-il pas mieux valu qu’il perde auparavant plutôt que d’enregistrer sa troisième défaite en trois finales majeures ? US Open 2008, Open d’Australie 2010, Open d’Australie 2011 : trois finales, et toujours pas le moindre set remporté. La déroute fut hier patente : si les deux premiers rendez-vous avaient été perdus sur plus fort que lui, cette fois c’est bien Murray qui est complètement passé à côté, pas inspiré, acceptant la filière de jeu du Serbe sans rechigner. Crispé, sans relâchement, sans montées au filet, sans variations même, bref sans idées, l’Ecossais est apparu paralysé par l’enjeu, plombé en outre par un laborieux 51% de premières balles « in ». Un enfant contre un champion, c’est aujourd’hui la différence entre Novak Djokovic et Andy Murray. Ça, ainsi que deux titres en Grand chelem.
Li Na, l’aînée turbulente. Avec son tatouage à la naissance du sein, son franc-parler (« Si on m’avait laissé choisir ce que je voulais quand j’étais enfant, je n’aurais jamais fait de tennis ») et ses traits d’humour spontanés (« Comment veux-tu que je sois relax alors que tes ronflements m’empêchent de dormir ? » à son entraîneur de mari), Li Na n’est assurément pas la tenniswoman chinoise la plus soumise au régime de Pékin. Mais elle est celle de tous les records, ce qui justifie bien une certaine émancipation à laquelle n’ont pas droit ses compatriotes : première Chinoise à gagner un titre WTA (2004), première Chinoise à jouer un quart de finale en Grand chelem (2006)… et maintenant première Chinoise à jouer une finale de Grand chelem, match où elle eut largement son mot à dire contre Kim Clijsters. Un premier set gagné de manière très autoritaire, un début de second qui ne demandait qu’à basculer d’un côté ou de l’autre… et qui sourit à la plus expérimentée des deux joueuses. Li Na s’incline mais, à 28 ans, s’est fait un nom sur la planète tennis. Son tennis, très propre, taillé pour un jeu en cadence, ainsi que sa fraîcheur hors court, ont été une bouffée d’air frais pour une WTA qui cherche désespérément un second souffle. Ce lundi, Li Na est la première Chinoise à intégrer le Top 10.
Federer – Nadal, un coup dans l’eau. Petite devinette : mon premier n’est plus tenant du titre du moindre Grand chelem, pour la première fois depuis juin 2003. Mon second a échoué dans sa quête d’un carré d’as historique, un exploit que mon premier avait lui aussi tutoyé il y a quelques années. Mon premier avait pourtant passé en revue tous ses petits camarades du Top 5 lors du dernier Masters. Mon second avait quant à lui remporté les trois derniers Grands chelems. Mon tout n’a, on en prend les paris, absolument pas envie de s’amuser en ce moment même, et rumine déjà sa vengeance à Paris ou à Londres.
Wozniacki, une reine peu divertissante. Les malheurs de Caro, cataloguée ennuyeuse sur le court comme en-dehors. Et tant qu’à vouloir rectifier cette réputation, la Danoise s’est trompée de cible. La N°1 mondiale a ainsi essentiellement fait parler d’elle à Melbourne par ses happenings en conférence de presse : apostrophe aux journalistes en leur reprochant de ne pas lui poser de questions intéressantes, comique de répétition à propos d’un bobo contracté au cours d’un match de boxe contre un bébé kangourou… Et pendant ce temps-là de tennis il ne fut pas question. Malgré les conseils, malgré les évidences, Caroline continue à proposer la même cuisine sans saveur, aux bilans de points gagnants faméliques – 14 en trois sets en quarts contre Schiavone, 10 en trois sets contre Na Li en demies – et au manque certain d’efficacité dans les grands rendez-vous. En son temps, Dinara Safina fut pointée du doigt pour être une N°1 incapable de gagner ses finales majeures… Mais elle, au moins, en jouait, des finales ! Même Amélie Mauresmo, qui connut en son temps la pression née d’un leadership non légitimé en Grand chelem (2004) avoue ne pas comprendre à quoi joue la Danoise. A Melbourne, Caro s’est clairement trompée de priorités.
Stanislas Wawrinka, taille patron. « L’autre » joueur suisse a franchi un cap. Longtemps, Stan Wawrinka a donné l’impression de se satisfaire d’être là, sans forcément en demander plus. Un passage furtif dans le Top 10, des « perfs » régulières sur terre battue… Une carrière sans histoire ? Oui, mais voilà : à 25 ans, Stanislas a visiblement compris qu’il n’avait plus beaucoup de temps devant lui pour faire quelque chose de grand sur le court. Alors il a décidé de se donner les moyens de ces ambitions nouvelles et de s’investir à fond dans le tennis : son couple n’y a pas survécu, mais le résultat sur le terrain est prometteur. Après un premier quart de finale en Grand chelem à l’US Open, le Suisse a récidivé à Melbourne, mais en ôtant tout l’aspect hésitant revêtu par son parcours new yorkais : trois sets collés à Gaël Monfils, trois sets assénés à Andy Roddick, Wawrinka s’est visiblement acheté des nerfs. Et si Roger, l’ami, le modèle, fut encore un peu trop fort pour lui, ce quart de finale augure de belles choses à venir lors de la saison de terre battue: Stan sera rapidement de retour dans le Top 10, on en fait le pari.
Francesca Schiavone et Svetlana Kuznetsova, combat de lionnes. 4h44, le match le plus long jamais disputé par deux femmes en Grand chelem. Et quel match : un huitième de gala entre les deux dernières lauréates de Roland-Garros. Deux premiers sets à oublier, avant un troisième acte apte à réconcilier n’importe qui avec la WTA. Tennis puissant de la Russe contre variations de l’Italienne, combativité de l’une contre opiniâtreté de l’autre, les deux championnes ont offert un grand spectacle, les derniers jeux regorgeant de points magnifiques. Au bout du suspense, c’est finalement « la Leonessa » qui eut le dernier mot : victoire 16 jeux à 14, six balles de match sauvées à la clé. La prise d’assaut du filet par l’Italienne aura fait la différence.
Nouvelles têtes recherchent place au soleil. Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Et bien si, enfin ! Le cru 2011 de l’Open d’Australie aura mis en avant bien des nouveaux venus, âgés de 18 à 24 ans et tous décidés à ne plus laisser les Roddick, Hewitt, Nalbandian et autres vétérans truster les places en deuxième semaine. Tableau d’honneur :
- Bernard Tomic, Australien, 18 ans : bat Chardy, Lopez et file au troisième tour, battu par Rafael Nadal. Il est 181e à l’ATP cette semaine (+ 18 places).
- Milos Raonic, Canadien, 20 ans : la grosse sensation de la quinzaine. Quasiment inconnu au départ du tournoi, hormis pour ceux qui avaient suivi sa bonne tournée asiatique l’an dernier, le qualifié canadien a fait mal dans le grand tableau : bat Llodra, bat Youzhny, prend un set à David Ferrer en huitièmes de finale. Avec ses six matchs gagnés à Melbourne, il intègre le Top 100 cette semaine (94e, + 58 places).
- Ricardas Berankis, Lituanien, 20 ans : sans faire d’étincelles, il signe un troisième tour, battant la wild-card locale Matosevic et cueillant ensuite un David Nalbandian définitivement plus compétitif sur le format cinq sets. Lui aussi stoppé par David Ferrer, qui n’aime rien tant que croquer du tendron. Est 73e aujourd’hui (+ 22 places).
- Alexandr Dolgopolov, Ukrainien, 22 ans : celui qui a été le plus loin, à savoir quarts de finale. Celui qui s’est offert les plus beaux scalps, aussi : Jo-Wilfried Tsonga, et surtout Robin Soderling, que beaucoup voyaient comme troisième homme potentiel de ce tournoi. Ce résultat est toutefois moins surprenant que pour les précités, tant il vient confirmer une prometteuse année 2010 pour l’homme au jeu le plus surprenant de tout le Top 100 (32e cette semaine).
- Kei Nishikori, Japonais, 21 ans : le retour. Vainqueur de Fognini et de Florian Mayer, il signe un probant troisième tour. Deux ans et demi déjà après sa meilleure période (titre à Delray Beach, huitièmes de finale à New York) et après une année entière rendue blanche par les blessures, il signe son retour. Le voilà 70e (+ 12 places).
- Robin Haase, Hollandais, 23 ans : nombre de 15lovers ont misé sur lui à l’Odyssée, à raison au vu de ce premier grand rendez-vous annuel. L’homme qui avait poussé Nadal aux cinq sets lors du dernier Wimbledon a notamment battu Juan Monaco, avant de chuter face à Andy Roddick. Avec ce troisième tour, il monte au 52e rang mondial (+ 10 places).
- Sergiy Stakhovsky, Ukrainien, 24 ans : une équipe de Coupe Davis à naître avec Dolgopolov ? Net vainqueur de Brands et Kubot, l’attaquant ukrainien a toutefois déçu au troisième tour contre Tommy Robredo. Dommage, un huitième de gala face à Roger Federer lui tendait les bras. Il se consolera avec une place de N°42 mondial cette semaine.
Jurgen Melzer, double dix. 9e mondial en double (vainqueur de Wimbledon en 2010), tout nouveau 10e mondial en simple, l’Autrichien est le premier joueur depuis Evgueni Kafelnikov à occuper en simultané un strapontin du Top 10 dans chaque discipline. On est loin du palmarès à rallonge de « Kafel » (deux Grands chelems en simple, quatre en double), mais cela méritait bien d’être signalé.
Justine Hénin, clap de fin, deuxième. Pour la deuxième fois, Justine Hénin stoppe sa carrière. Pour la deuxième fois, l’annonce prend tout le monde de court. En 2008, on parlait de « burnout » et d’une histoire sentimentale malheureuse ; cette fois, c’est tout simplement son corps – son coude pour être précis – qui dit « stop ». Trop martyrisé depuis de longues années, il craque. On se demandait comment ce bout de femme d’1,68m pouvait tenir le rythme du très haut niveau, on sait maintenant : l’avis médical émis par les spécialistes est suffisamment alarmiste, exprimant des risques de séquelles permanentes, pour pousser Justine à cesser une nouvelle fois sa carrière professionnelle. La Wallonne devrait tenir une conférence de presse la semaine prochaine pour revenir plus en détail sur cette annonce. D’ici là, quel bilan tirer de cette – très – courte seconde carrière ? Un retour en fanfare, quelques-uns des plus beaux matchs de l’année 2010 (finale de Brisbane contre Clijsters, deuxième tour contre Dementieva à Melbourne), un plateau de finaliste en Grand chelem dès son retour… et très vite la mécanique qui se grippe, malgré deux titres en tournois, Stuttgart et S’Hertogenbosch. Jamais la Belge n’aura retrouvé sa mécanique au service, transformant en douce utopie sa volonté affichée de placer son comeback sous le signe du tennis d’attaque. Dépassée par la puissance de Sam Stosur en son royaume parisien, un coude récalcitrant la mettait sur le carreau dès Wimbledon, son objectif prioritaire. Le retour effectif de Justine aura donc duré à peine six mois. Puisse sa deuxième retraite être plus heureuse que la première.
Les Français… Hommes et femmes confondus, aucun tricolore du tableau ne passa le cap du troisième tour ; une première depuis… 1992, tant l’Australie avait pris l’habitude de devenir le terrain de jeu favori des Français, au gré des performances d’Amélie Mauresmo (un titre, une finale), Mary Pierce (un titre, une finale), Jo-Wilfried Tsonga (une finale, une demie) Arnaud Clément (une finale), Sébastien Grosjean (une demi-finale, trois quarts), Nathalie Dechy (une demi-finale), Nicolas Escudé (une demi-finale)… Une édition à oublier, où seul Gilles Simon avait les moyens d’aller loin. Manque de chance : il se frottait à Federer dès le second tour. Mention aussi à Alizé Cornet pour son encourageant troisième tour, perdu en deux sets serrés face à Kim Clijsters.
… et toutes les nations historiques du tennis. France donc, mais aussi Australie, États-Unis, Suède… Tant chez les hommes que chez les femmes, les pays qui ont écrit la légende de ce sport n’ont pas été à la fête à Melbourne. Et si pour la France cela relève de l’accident de parcours, la situation devient préoccupante pour le géant US, dont les trois leaders des années 2000 ont été rattrapés par leur âge ces derniers mois : que restera t-il à l’Oncle Sam quand Venus, Serena et Andy seront partis ?
En conclusion de cette Open d’Australie 2011, standing ovation aux 15lovers du Down under, en particulier à l’insomniaque Arno, à la cucurbitacée voyageuse, aux nouveaux posteurs qui ont sauté le pas ces derniers temps, sans oublier les poètes de la deuxième semaine.
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Jim Courier: «Federer parle une autre langue que les autres sur un court sinon dans les vestiaires ça va, on comprend quand il parle lentement malgré son accent»
Ancien numéro un mondial, l’Américain séduit à Melbourne par ses interviews sur le court. Dans celle qu’il a accordée au «Vent», il parle de ce qu’il a été, de ce qu’il fut mais aussi de ce qu’il était, de ce qu’il avait été et également eut été ou encore eut avoir été, de l’évolution du jeu et de Federer
Le Vent : Vos interviews des joueurs sur le court ont beaucoup de succès…
Jim Courier: Les gens retiennent les petits détails. Moi, ce que j’aime, c’est que les joueurs racontent leur manière de gérer les moments clés d’une rencontre. J’ai envie de savoir ce qui s’est passé dans leur tête, le problème c’est qu’il ne s’y passe rien la plupart du temps.
– Le fait d’avoir été joueur vous aide à vous mettre à leur place…
– C’est clair. Ils sont très à l’aise avec moi. Je ne suis pas journaliste. Je les aborde avec un état d’esprit d’ancien joueur et avec ma Winchester à canon scié 1872. Ca détend vraiment bien l’atmosphère.
– Pourquoi restez-vous sur le circuit?
– Ah, oui vous avez raison, on va arrêter de faire l’interview sur ce circuit de karting, ça devient dangereux. D’autant qu’on m’a dit qu’Ivo Karlovic devait venir faire un tour et comme je me suis laissé dire qu’Ivo conduisait aussi bien qu’il joue au tennis je crois que l’expression faire un tour n’aura jamais paru aussi évidente ! Il va sortir de cet anneau aussi vite que dans un tableau de tournoi de grand chelem (rires).
– Joueur, vous ne sembliez pas très commode. Avez-vous l’impression d’être différent de celui que vous étiez?
– Je t’emm… avec tes questions à la c… ! Et je suis toujours pareil dugenou !!!
– Etes-vous davantage vous-même maintenant?
– Je crois qu’il est possible d’avoir plusieurs versions de soi-même. Et donc de rester soi-même quand on change. Si jamais tu arrives à comprendre un traître mot de ce que je viens de dire n’hésite pas à m’interrompre hein ! Je suis en train de me larguer moi-même. Je pense que si je devais retrouver l’état d’esprit que j’avais en tant que joueur, j’en serais capable. Mais je me sens plus à l’aise et plus vivant maintenant. Et beaucoup moins ridicule ! Mon Dieu cette casquette ! MAIS CETTE CASQUETTE !!!! (rires) Mais comment j’ai pu porter ça pendant des années ? Je me comporte vraiment comme un abruti parfois.
– Quel regard portez-vous sur Roger Federer, sur son jeu, sa personnalité et sa rivalité avec Rafael Nadal?
– Nous vivons une période unique avec deux incroyables champions, les deux meilleurs de tous les temps jouant en même temps bla bla et bla bla bla. (grimace énervée) Bullshit tout ça ! Tu sais, man, tu permets que je t’appelle « man » ? Ok. Tu sais man, il existe deux sortes de gens dans le monde, les exploitants de mines et les fermiers. Les exploitants de mines extirpent de la terre tout ce qui a de la valeur et s’en vont sans rien laisser, à part des dégâts. Les fermiers, eux, profitent de la terre mais plantent. Roger et Rafa sont les meilleurs fermiers que le tennis ait jamais eus. Et ils plantent de plus en plus souvent.
– Etes-vous surpris qu’ils s’entendent si bien alors qu’à votre époque, les meilleurs se détestaient?
– Nous avions une relation plus agressive parce qu’on était moins efféminés que les espèces d’androgynes d’aujourd’hui qui ressemblent à rien et qui n’ont rien dans le slibard. Attends je dis pas ça pour critiquer hein ! Je constate, c’est tout. Tu serais pas en train d’être assis sur ma Winchester, man ? Ca se fait pas trop par chez moi, tu sais !
– Gulp…euh…avez-vous l’impression que le fossé entre eux et leurs poursuivants, Djokovic et Murray, se comble un peu?
– On verra. Ce sera long. Tu sais c’est comme quand tu veux rattraper une vache qui vient de quitter le troupeau. Tu la rattrapes pas comme ça, man. Il faut t’équiper, équiper ton cheval, le monter, suivre les traces, t’approcher doucement, préparer ton lasso en silence et le lancer avec précision. C’est long d’enchaîner tout ça. Eh bien pour moi Djoko et Andy ne sont même pas encore monté à cheval. Je crois même qu’Andy n’a pas encore de cheval ! (Il crache par terre en riant)
– Sur le plan du jeu, quelle est la différence entre le leur et le vôtre à l’époque?
– Je me reconnais davantage dans celui de Rafa. Il est plus proche de mon style ou de celui d’un Thomas Muster. La finesse à l’état brut quoi ! Quant à Roger, c’est un animal différent. Il est le joueur le plus complet que je connaisse. Il ne parle pas le même langage que les autres sur un court. Il possède une impressionnante variété de coups, qu’il peut jouer à tout moment. Il dégage une sorte de grâce naturelle qui m’est étrangère. Comme n’importe qui d’autre, je l’admire avec émerveillement mais je peux pas m’empêcher de penser que c’est du tennis de gonzesse (Il se racle la gorge et crache à nouveau).
– Federer a joué remarquablement bien au Masters de Londres. Comment jugez-vous son évolution ces derniers mois?
– On ne voit en général que ce qui est en surface. C’est comme avec un canard sur l’eau. Il a l’air tout tranquille et en fait en dessous, il pédale avec ses pattes. C’est pareil pour Roger sauf qu’il n’est pas jaune, qu’il n’a pas de plume, de bec et qu’il n’est pas sur l’eau. Bon au moins parfois il pédale ! Surtout quand il joue contre le Nobody from France là … comment ç’est déjà son nom…ah oui Gilles Simon ! Ah lui c’est pas un canard, plutôt un cormoran. Il ramène parfois de belles prises mais il est en dessous de la surface le plus souvent.
– Peut-il encore gagner un tournoi du Grand Chelem?
– QUI ?! GILLES SIMON ?!!! AH AHA ahh ah HAH ahh (Rire inextinguible)
(pendant que Jim se mouche bruyamment et essuie ses larmes)– Quelle leçon peut-on tirer de la défaite de Federer face à Djkovic en demi-finale?
– Que sa défaite contre Novak en demi-finale de l’US Open a eu un impact. Roger l’a battu trois fois entre-temps, mais ce sont les victoires en Grand Chelem qui comptent. Roger le sait, tout le monde le sait, même Henri Leconte le sait ! Il en est conscient et je suis certain qu’il trouvera la solution pour changer ça. Comme par exemple d’arrêter de jouer des Grands Chelems.
– Avez-vous lu le livre d’Andre Agassi? Il y évoque votre relation…
– Tu rigoles ou quoi ? Je suis un vrai Américain. Je ne sais ni lire ni écrire. Une télécommande me suffit à me cultiver. Avec André en tout cas maintenant, nous sommes de grands amis. On se parle très souvent. Et on essaie de se voir dès que l’on peut. Nous sommes liés par tout ce que nous avons partagé, mais au-delà de ça, par tous les dossiers noirs que nous avons entassé l’un sur l’autre au cours de nos longues carrières. Je pourrais vous en raconter des sacrées sur cette damnée enflure si je ne l’aimais pas autant. (sourire)
Capri, ça faisait un moment qu’on ne t’avait vu!!!! Bizarrement, je m’attendais à ce que l’interview de Jim te fasse sortir du bois…
Toujours aussi drôle, bravo!
Salut Arno, je ne suis pas très disponible en ce moment. Ni pour regarder des matchs, ni pour les commenter, ni pour aller sur le net.
C’est d’autant plus sympa d’avoir pris le temps de faire celle-là! Et j’espère (je crois ne pas être le seul) que tu pourras revenir nous voir régulièrement d’ici peu.
Capri, tu nous manques !!!
Ton détournement est une pure merveille. Vivement un prochain Balles de match.
« Vivement un prochain Balles de match »
Demain te conviendrait-il ?
MDR de MDR de chez MDR
Capri, tu viens de faire rire un Vulcain! Et ce n’est pas rien…
TU ES UN GENIE !!!
Une petite dédicace à Sylvie. Par rapport à un sujet dont on parlaient.
http://www.slate.fr/story/32941/rivalite-nadal-federer
Oui, c’est vrai que la virulence de cette guéguerre est aussi récurrente que lassante. La plupart des sites tennis ne tournent qu’autour de ça et on est, effectivement, souvent plus proche de l’insulte et de l’irrationnel que du débat.
En tous les cas cela doit être un fond de commerce lucratif, car de nombreux sites ou articles alimentent la machine à coup de citations tronquées ou sorties du contexte promptes à déclencher les hostilités.
Sympa l’article, merci Djita!
Je t’en prie Damien.
Eh oui Sylvie, c’est très lucratif. Cette « gueguerre » a donc encore beaucoup d’avenir devant elle. Mais plus Federer « vieillit » (et Nadal aussi par la même occasion), plus cela va être virulent.
Mais moi ça me saoule tout ça, donc je ne lis plus ce type de commentaires. Je ne m’y attarde plus en tous cas.
Franchement, vous voyez qui pour empêcher Djokovic de faire le Grand Chelem cette année ???
je vois la terre battue et un certain Nadal, pourquoi ?
On disait déjà cela en 2008. Comme l’a dit yaya, Nadal dés RG sans doute. Autant, je voyais Nadal comme capable de s’envoyer les quatre à la suite. Fed, aussi à une certaine époque s’il n’ y avait eu Nadal à Roland, autant Djoko, j’ai de gros doutes. Mais qui sait ? peut être un nouveau candidat au titre du GOAT ?
Idem Sylvie, le circuit ATP perdrait en crédibilité s’il pouvait accoucher d’un postulant au titre suprême tous les 3 ans.
Murray, of course !! L’Ecossais vit une période fractale. Ou il continue à ne plus jouer sous les yeux de sa Mom’, ou il quitte définitivement l’enfance et retrouve enfin son inspiration sans laquelle sa main, qui m’a semblé l’une des plus belles du circuit il y a 3 saisons, ne sert à rien. Le jeu d’Andy en ce moment me fait penser, toute proportion gardée, à mes débuts au ping-pong. J’attendais que l’adversaire attaque pour contrer, je ne prenais presque jamais l’initiative. Cette période m’a été très utile pour développer ma défense mais j’ai commencé à vaguement gagner quand je me suis mis à prendre le jeu à mon compte.
Murray en finale c’était « Je t’en prie, tu vois bien que je te renvoie la balle alors tu vas finir par perdre, n’est-ce pas ? ». En ce moment ce type n’a rien d’un champion et plus grand chose d’un joueur de tennis. A lui de se réveiller…et de se révéler.
T’exagères Capri, chaque année il fait 1 ou 2 matches par an en prenant l’initiative. Ça ne compte Pas? Bon ok alors!
Djoko n’a pas encore prouvé qu’il pouvait être à son Top sur toute une saison et comme Marie-Jo j’ai vu ses straps au genou et à l’épaule, j’espère que c’est du préventif mais ça n’augure rien de bon…
Qui pour l’arrêter? Un éminent membre du top 30.
Je l’ai entendu dire (au moins pour l’épaule) que c’était strictement préventif. Pour le genou en revanche, je ne sais pas.
Qui pense sérieusement que Djoko va faire ce que ni Fed ni Nadal n’a réussi à faire ?
Il est très bon, mais réaliser cet exploit est loin, très loin de ses capacités.
Bon bilan de cette quinzaine Guillaume. Moi il m’a plu cet OA.
Bon c’est le vide maintenant… Je n’aime pas la semaine qui suit un Grand Chelem.
Pour les nostalgiques d’Ivanisevic, il joue en ce moment un double avec Cilic à Zagreb
Merci beaucoup, Sylvie, de nous faire partager l’interview de Jim Courier. Elle est très intéressante. Pour être honnête, les passages concernant Laurel et Hardy me passionnent peu, on y rabâche toujours un peu la même chose, le passage « exploitants/fermiers » vire même au pathos (tant qu’à faire, je préfère la formule originale, façon Clint : « Il y a deux sortes de personnes dans le monde : ceux qui ont le flingue, et ceux qui creusent »), mais le reste est très bien : la vision qu’il a du jeu d’aujourd’hui, ce qu’il pense pouvoir apporter en tant que consultant et interviewer, et bien sûr sa carrière, la manière dont il l’a vécue, les rivalités avec les champions de l’époque… Je n’ai pas connu le joueur mais du peu que j’en vois j’apprécie beaucoup l’homme Courier. Lui, si je le croise dans les allées de Roland, c’est séance interview. Obligé.
Je peux pas laisser passer ça.
Le réplique exacte, c’est:
« Le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé, et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. »
Cultissime.
J’ai vu « The Ghost Writer » de Polanski au ciné samedi dernier. Eli Wallach y fait une (courte mais remarquable) apparition, j’avoue que je ne l’aurais pas reconnu si son nom n’était pas cité au générique de fin. Il a changé en 40 ans…
ahhh cliiiiinnnntttt ! j’adore
et toi tu creuses… dit-il le sourire un brin moqueur, la bobine de wallach vaut de l’or c’est certain
sergio leone est le GOAT des westerns makers
Avec Sam Peckinpah et John Ford. Please.
ou qu’il se cache le GOAT n’est jamais le même ! et comme d’hab ya bcp de concurrence
Ah Courier ! Mon 1er vrai coup de coeur pour un tennisman. Je ne connais que sa carrière à RG, mais j’étais fasciné par ce joueur.
Quelle patate en coup droit! Lorsqu’il a déboulé à RG, sa puissance semblait pouvoir tout emporter.
C’est vrai que son jeu se rapproche plus de celui de Nadal, mais son service était meilleur, et il était naturellement plus à l’aise que l’espagnol sur dur. S’il avais eu la volonté de Nadal pour se perfectionner, je pense qu’il aurait pu remporter quelques GC supplémentaires. N’oublions pas qu’il est arrivé en finale de Wim à une époque où tout le monde se ruait au filet.
C’était la minute nostalgique.
Puisqu’on parle de patate en coup droit : c’est pas charitable mais je me suis surpris à me marrer tout seul devant mon ordi à force de voir Tommy Haas transformé en punching-ball :
http://www.youtube.com/watch?v=ClJBdv81Nco&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=DWGPARiGOYA&feature=related
Je m’en souviens. Gonzalez était exceptionnel, encore meilleur que contre Nadal en quarts, j’avais trouvé. S’il avait converti ses deux balles de premier set (sur son service et consécutivement !) contre Federer , on aurait peut-être eu droit à une finale mythique en cinq entre les deux hommes.
Moi j’ai un faible pour celui là :
http://www.youtube.com/watch?v=rM-xrbvXdGI
Très bon. Return with interest comme on dit au pays de James.
Assez jouissif ces coups droit de poètes, envoyés par palettes (de parpaings).
Pendant que je regarde les vidéos du Gonzo-Haas (surtout du Gonzo), je jette un oeil au livescore de Santiago : 1 set partout entre Nalby et Berlocq, et déjà 9 DF pour Nalbandian… Z’avez vu que Dolgo fait la tournée sudaméricaine à partir de la semaine prochaine ?
je suis pris de spasmes, je sens que je vais vomir, ton com, c’est trop…
Ces semaines d’après GC sont déprimantes. Il n’y a que la transition RG Wimbledon qui passe, parce qu’il n’y a que deux semaines entre les deux et qu’on change d’univers avec les tournois sur herbe.
Pourquoi a-t-il fallu que ce soit le mot de la fin ?