Bercy affiche complet : les qualifs

By  | 7 novembre 2010 | Filed under: Rencontres

Bercy le samedi. Les tech­niciens s’af­fairent, con­solident les struc­tures, achèvent de mont­er les balustrades, his­sent les co­uleurs des spon­sors. Une poignée de joueurs sont déjà arrivés et se succèdent à l’entraî­ne­ment sur le court centr­al. Ça rit, ça chambre. Nicolas Al­mag­ro se fait mettre en boîte parce qu’il n’a pas jugé néces­saire de troqu­er son téléphone port­able pour un IP­hone. Mikhaïl Youzhny et Juan Ig­nacio Chela font des séries de re­v­ers, Philipp Kohlschreib­er les ob­ser­ve dis­traite­ment… Chela ? sur­saute t-on soudain. Il est en­core là, lui ? Et bien oui. Il faut croire que « El flaco » fin­ira par être l’ul­time sur­vivant de la faste généra­tion ar­gentine du début de millénaire.

Quel­ques jour­nalis­tes ont déjà posé leur val­ise en salle de pre­sse. A vue de nez, en­viron 150 médias venus du monde en­ti­er de­vront se serr­er ici durant la semaine. Se serr­er, c’est bien le terme, tant Bercy souffre de ses in­frastruc­tures, d’un com­plexe dans lequel le de­rni­er Mast­er 1000 de l’année est à l’étroit. Les co­urts an­nexes, avec leur faib­le capacité d’ac­cueil du pub­lic, leur pein­ture défraîchie, les con­duits d’aé­ra­tion ap­parents au plafond, ne sont pas faits pour motiv­er des joueurs qui même en Chal­leng­er sont par­fois habitués à mieux.

Des joueurs, dites-vous ? Hé oui, car tan­dis que les de­rni­ers préparatifs du tour­noi vont bon train, cer­tains com­pétiteurs sont déjà à pied-d’œuvre. Ils ont pour noms Gic­quel, Rus­sell, Niemin­en, Gabashvili, et doivent en pass­er par les qualifica­tions pour gagn­er le droit de foul­er le Centr­al parisi­en avec ses DJs et ses mises en scène lors de l’entrée des joueurs. Dans ce tour­noi à part entière, on retro­uve nombre de pro­tagonis­tes du de­rni­er Open de Re­nnes, Marc Gic­quel, vain­queur final du tour­noi, en tête. Le Breton bat sans dif­ficulté l’Al­lemand Kamke (6/2 6/4). Sur le court N°2 voisin, Rober­to Bautis­ta Agut, l’Es­pagnol qui aime les sur­faces in­door, s’incline en deux sets con­tre Fabio Fog­nini, latin lover non­chalant perdu de vue de­puis sa vic­toire sur Gaël Mon­fils à Roland-Garros. Stéphane Bohli, pour qui l’express­ion « sol­ide sans être génial » semble avoir été in­ventée, passe quant à lui le Tchèque Hajek en deux sets.

A l’heure de débuter le para­grap­he sur Benoît Paire, spéciale dédicace à Sam le Homard, qui avait découvert l’éner­gumène à Re­nnes et en avait fait ce laconique résumé : « Il a perdu 7/6 au 3e. Je prépare un Flash Re­nnes. Il est fou. » Le dos­si­er est ouvert : Benoît Paire est-il fou ? Oui, in­dubitab­le­ment, si l’on songe à l’express­ion « chien fou ». Il y a une raf­raîchis­sante im­maturité chez ce garçon, un rejet (une ig­noran­ce ?) des mécanis­mes et auto­matis­mes qui régis­sent la mac­hine ATP. Il l’a par­fois payé cher – ex­clus­ion du Centre nation­al d’entraî­ne­ment l’an de­rni­er – mais a sur­tout com­pris de­puis peu qu’il fal­lait quel­que peu se calm­er s’il voulait per­c­er. En Bretag­ne, débutant son match par une doub­le faute, il s’était par ex­em­ple ex­clamé : « Ça com­m­ence bien ! C’est pas comme ça que tu vas gagn­er, tiens ! » Et de se flagell­er ainsi tout au long du match, mode Goran Ivanisevic activé. Rien de cela à Bercy. Hors une con­tes­ta­tion pour er­reur d’ar­bitrage qui s’éten­dit tout de même sur deux jeux, le jeune homme de 21 ans ne per­dit jamais le fil. In­trinsèque­ment meil­leur que son ad­versaire, l’Uk­raini­en Marchen­ko, c’est sur­tout son physique qui finit par le trahir. Mais on put ad­mir­er trois sets durant sa qualité de frap­pe, la pureté de son re­v­ers à deux mains, son touch­er de balle, ainsi que son af­fec­tion pour les coups dits « de main » : amort­ies, lobs, volées amort­ies… Seule­ment le chien fou n’est jamais bien loin et le 152e joueur mon­di­al se con­ten­te rare­ment d’un seul coup de ce type. S’il en réussit un, il re­ten­te réguliè­re­ment le même dès le coup suivant… et, privé de l’effet de sur­pr­ise, le perd la plupart du temps ! Il af­fection­ne égale­ment be­aucoup les gris-gris entre les points, jongle en foot­balleur avec les bal­les, es­saie d’attrap­er les ser­vices « out » de l’ad­versaire… Be­aucoup de fiori­tures donc, mais une cer­titude tout de même : talen­tueux, ce joueur a claire­ment les moyens de se faire une place parmi les 50 meil­leurs mon­diaux.

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Di­manche 7 novembre. De­rni­er tour des qualifica­tions.

Fin de l’aven­ture pour Clément Reix. Mais l’his­toire fut belle. Il y a trois mois, cet Amiénois d’origine était 783e mon­di­al. La semaine pro­chaine, il poin­tera aux al­en­tours du 280e rang. En­tretemps, le plus tout à fait jeune homme (il vient de fêter ses 27 ans) a brillé sur le cir­cuit Fu­tures, trois tit­res – Mul­house, Plaisir et La-Roche-sur-Yon – ainsi qu’une tri­pot­ée de vic­toires sur des Tops 300 à la clé : Brzezic­ki, Jouan, Mer­tens. Résul­tat des co­ur­ses : une wild-card ob­tenue pour les qualifs de Bercy, un cadeau qu’il aura su honor­er en bat­tant au pre­mi­er tour le Turc Ilhan, 90e mon­di­al (6/4 6/4). « C’était ma première vic­toire sur un Top 100… ainsi que la première fois que j’affron­tais un Top 100 ! », sourit l’intéressé, en­core un peu étonné… tout comme doivent l’être les pro­fes­seurs de ten­nis de sa jeunes­se : à 20 ans, Clément Reix était « seule­ment » classé 1/6 ! Autant dire qu’à l’heure des paris spor­tifs légaux cela valait une cote de l’imagin­er en joueur pro­fes­sion­nel…

Et puis vin­rent les années aux États-Unis. Plus âgé de deux mois que l’Amiénoise la plus célèbre du ten­nis français, Julie Coin, tous deux firent leurs études dans la même cité scolaire de la capitale picar­de et choisirent, grâce à une bour­se d’études, de par­tir étudi­er aux Etats-Unis, à l’univer­sité de Clem­son, où en para­llèle aux cours ils por­taient les co­uleurs de l’équipe loc­ale des Tig­ers en cham­pion­nat uni­ver­sitaire. L’un comme l’autre y con­nurent une cer­taine réus­site, Reix intégrant le Top 8 NCAA en 2006.

Rentré en Fran­ce diplôme en poche et classé – 15, Clément Reix se décida en 2007 à tent­er l’aven­ture pro­fes­sion­nelle. Vain­queur d’un pre­mi­er titre en Fu­ture en 2008, c’est vrai­ment de­puis cet été que sa carrière a décollé. En jan­vi­er, il per­dait quat­re fois de suite au pre­mi­er tour d’épreuves Fu­tures. Nous voilà en novembre et il joue les qualifs de Bercy, où il donna aujourd’hui des sueurs froides à Jos­selin Ouan­na. Le déclic ? « Mon mariage, en juin de­rni­er. Ça per­met de voir les choses aut­re­ment, avec plus de sérénité. » A Bercy, Reix a su tirer pro­fit de l’am­bian­ce, du cadre, et loin d’être in­timidé, s’en est servi pour pro­pos­er un ten­nis punchy et empli de con­fian­ce en lui. Con­tre Ouan­na, il ne lâcha pas l’af­faire après la perte du pre­mi­er set 6/2, re­par­tit de l’avant, sauva une balle de break en début de second set, com­men­ça même à faire dout­er son deuxième Top 100 en deux jours. A 5/4, il se détacha 0/40, trois bal­les de set à la clé. Ouan­na sor­tit alors la gros­se ar­tillerie au ser­vice et, comme souvent dans ces cas-là, breaka son ad­versaire juste derrière. Score final : 6/2 7/5. Mais rien à re­grett­er donc. La semaine fut belle, très belle. Et l’an pro­chain, les Fu­tures pour­raient bien céder la place aux Chal­leng­ers.

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Di­manche s’achève douce­ment. A Bâle, Feder­er a battu Djokovic dans le choc du week-end. Quat­rième titre de l’année pour l’Helvète, dont tout le monde se de­man­de main­tenant s’il a fait de Bercy un ob­jec­tif réel. Sur le court N°1 du POPB San­tiago Giral­do a battu Mic­hael Rus­sell (6/4 6/2), et avec cette vic­toire du pro­met­teur Col­om­bi­en sur le vétéran Américain ce sont les qualifica­tions qui s’achèvent. Bilan des heureux élus : Be­njamin Be­ck­er (affron­tera dès de­main matin Denis Is­tomin), Jarkko Niemin­en (même menu matin­al face à Xavi­er Mal­is­se), Fabio Fog­nini (affron­tera l’Al­lemand Mic­hael Be­rr­er), San­tiago Giral­do (re­ncontrera, dans un choc de « p’tits jeunes qui mon­tent », le Hol­landais Thiemo De Bakk­er), Illya Marchen­ko (retro­uve son com­pat­riote Stak­hovsky) et Jos­selin Ouan­na (opposé à Stanis­las Waw­rinka de­main en night sess­ion). Quant à Mic­hael Rus­sell, il n’aura pas tout perdu puis­qu’­en raison du for­fait du Serbe Janko Tip­sarevic il prend place dans le tab­leau en tant que lucky loser : il affron­tera Radek Stepanek au pre­mi­er tour.

Rendez-vous de­main pour le début du tab­leau final. A suiv­re notam­ment : De Bakk­er / Giral­do, Mahut / Gas­quet et Llod­ra / Starace, afin de voir où en est le Mon­sieur Doub­le de l’équipe de Fran­ce de Coupe Davis.

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349 Responses to Bercy affiche complet : les qualifs

  1. Jean 8 novembre 2010 at 11:28

    @ Guillaume : lance ta babouche dans la tête d’un journaliste de l’Equipe pour moi, stp.

    Kukushkin, Dodig ( ??), je commence à vraiment ne plus rien comprendre à la moitié des posts de ce forum. Bon, je connais Benoît Paire, quand même…

    • Lionel 8 novembre 2010 at 11:51

      Dokic on te dit Jelena, celle qui va faire un come back comme Anna K. Faut creer une section autre sport, comme sur Marca, tout a part le foot.

  2. Guillaume 8 novembre 2010 at 11:51

    I totally approve Mr Cucumber. Federer ne fait pas un enchaînement Shanghai (F), Stockholm (W), Bâle (W), Bercy (?) et Masters (?) juste par philanthropie et affection pour ces épreuves.

    Le Suisse sait qu’en janvier il va traverser une petite zone de turbulences au classement, où en cas de résultat moyen à l’OA il pourrait très bien se retrouver 5e mondial. Donc il se crée un petit matelas de points pour amortir une éventuelle défaite en 1/4 ou 1/2.

    En plus, une fois Melbourne passé, il entrera dans une période où il peut engranger : Dubaï (forfait), I. Wells (3e t.), Miami (8e), Rome (2e t.), là il peut prendre des gros points… et alors se repositionner à l’affût, en fonction des résultats de Nadal jusqu’à NY. On est en fin de saison, mais il place déjà ses billes en vue de 2011, en quelque sorte.

    • Lionel 8 novembre 2010 at 11:53

      Exactly! Si ca contınue de rouler jusqu en Australie, le number 1 est pas loin!

      • Duong 8 novembre 2010 at 12:08

        le number 1 il faudra longtemps, très longtemps, pas avant l’été prochain (au mieux Roland-Garros, plus plausiblement l’US open – même si j’y crois pas du tout), ce que dit Guillaume c’est plutôt déjà pour protéger le numéro 2 : il en est là Fed, il peut encore retomber numéro 5 après l’Australie.

        • Lionel 8 novembre 2010 at 12:12

          On en reparle s il gagne Dimanche tiens!

        • Antoine 8 novembre 2010 at 12:14

          Numéro 5 ? Et pourquoi pas 50 pendant qu’on y est !? je m’étrangle d’indignation..

          • Lionel 8 novembre 2010 at 12:19

            Numero 5 pffff ridicule

    • Marque 8 novembre 2010 at 12:09

      Complètement d’accord avec l’analyse de Concombre et de Guillaume. A mon avis Fed à chargé son calendrier de fin d’année pour engranger un maximum de points et rester en embuscade pour la 1ere place
      Passé Melbourne s’il y limite la casse, il peut prendre un max sur les 5er M1000, voir RG et surtout Wimbledon
      D’autant que Nadal ne refera pas forcément le carton plein sur TB comme cette année
      Et 2 semaines à la 1ere place lui suffirait largement..

  3. Antoine 8 novembre 2010 at 11:53

    Le Master’s rapporte plus que cela Concombre: 1 500 points pour un vainqueur qui gagne tous ses matchs, 200 points de moins s’il a perdu un match de poule. En fait, c’est 200 points par victoire en poule, plus 400 points pour une demie victorieuse et 500 points pour la finale. Federer a donc gagné 400 points l’an dernier et peut donc potentiellement en gagner 900 ou 1 100 de plus s’il gagne le titre, soit au moins autant que s’il gagne Bercy..

    Au dela, pour redevenir numéro un, il faut très probablement qu’il garde son titre à Melbourne, ou aille au moins finale, fasse une meilleure saison que l’année dernière au printemps (ce qui n’est pas très difficile), fasse un Roland correct et regagne Wimby. S’il fait cela, il sera sans doute numéro un après Wimby. Jusqu’à Wimbledon inclus, Rafa ne peut gagner des points qu’à Melbourne, un peu sur les deux MS (IW et Miami) et rien ailleurs…

    @Guillaume, je ne sais pas si c’est toi qui a posé la question que j’avais proposée à JF Caujolle mais il a donné la réponse dans l’Equipe aujourd’hui:

    Ils ont décidés d’accélérer la surface s’étant rendus compte qu’ils faisaient fausse route pour un tournoi indoor en choisissant des surfaces de plus en plus lentes et que les seuls qui étaient content étaient les joueurs de terre battue. Mieux vaut tard que jamais…Federer n’était pas le dernier à déplorer cette évolution et il est possible que cela ait joué aussi parce que Federer en finale à Bercy, c’est incontestablement bon pour le tournoi…

    Caujolle dit que l’indice de rapidité du court est passé de 38 à 45 et que les joueurs perçoivent des différences de trois points et devraient donc nettement sentir la différence cette année. Federer l’a également mentionné dans son interview hier…

    • Le concombre masqué 8 novembre 2010 at 11:59

      Ben oui pour les points du Masters : 3 matchs de poules plus la demie de gagner ça fait bien 1000 points. Il doit bien aller en finale du masters pour gagner la même chose qu’en gagnant Bercy.

      Ou alors ne gagner que deux matchs de poule + la demie + la finale (=200+200+400+500) , là effectivement ça fait 1300 points, mais ça fait quand même pas tant que ça en plus et surtout, SURTOUT, ça reste 4 matchs contre le Top 8 à gagner, dont vraisemblablement 3 contre le Top 4.

      Moins rentable.

      Après totallement d’accord avec toi sur la suite de la saison. et très intéressant ce coup de l’indice de rapidité : tu as les stats pour tous les tournois? Ils mettent le gazon à combien?

      Sauf au niveau du plamarès, bien entendu.

      • Antoine 8 novembre 2010 at 12:05

        Le gazon est le plus rapide mais je n’ai pas les indices des différents tournois. Je sais que l’US Open est légèrement plus rapide que l’OA cependant. On doit pouvoir les trouver qq part mais je ne sais pas où ?

        Pour en revenir au Master’s, il ne faut pas charrier: ce serait bien le diable s’il ne se qualifie pas pour les demies, même en perdant un match au passage éventuellement..Il aura un top 4 dans sa poule et peut perdre ce match si c’est la Murène mais sinon, je ne pense pas..

        La finale du Master’s se jouera probablement entre lui et la Murène..Djoko sera fatigué par Bercy, Rafa ne viendra pas ou se fera étendre assez facilement et les autres sont quand même assez loin derrière, surtout en ce moment..

    • Guillaume 8 novembre 2010 at 12:00

      La vitesse ? On en parle justement en début de texte suivant ! Si vous voulez bien me suivre…

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