C’est beau la retraite !

By  | 4 octobre 2010 | Filed under: Bord de court

Ed­berg, McEn­roe, Lendl et Wiland­er sur un court de ten­nis : on n’a pas tout les jours l’oc­cas­ion de voir jouer ces légen­des aujourd’hui re­trait­ées. Alors moi, j’ai sauté sur l’oc­cas­ion quand j’ai vu que ces gars-là seraient à Paris pour le trophée Lagardère. Et croyez-moi, ce n’était pas uni­que­ment sur le court qu’on avait des re­traités ! Quand je suis arrivée vendredi après-midi aux ab­ords du stade Co­uber­tin, les tem­pes grison­nantes et les tous gris faisaient la queue pour en­tr­er et, pour le coup, je me suis de­mandée si je n’entrais pas dans un de ces clubs du troisiè­me âge où on joue aux car­tes !

Non, sans rire, il y avait un peu de tout, et sur­tout pas mal d’invités cravatés dans les loges qui ont in­scrit dans leur agen­da un soi-disant rendez-vous im­por­tant pour as­sist­er au re­tour d’Ivan Lendl ; on filoute comme on peut ! Les gradins n’étaient pas par­ticuliè­re­ment re­mplis, c’en est pre­sque dom­mage, mais tout le monde n’a pas la chan­ce d’être à la re­traite, faus­se­ment occupé, ou comme moi mid­inet­te en goguet­te sur une journée de repos. Aah, les jam­bes de Stefan Ed­berg…

Ivan Lendl, re­traité de­puis des lustres, n’avait plus touché une raquet­te jusqu’à l’année dernière. Il avait pris des kilos super­flus, s’adon­nait au golf à plein temps, bref la re­traite quoi ! Il a bien maig­ri pour pouvoir se re­mettre en jam­bes sur un court, et avait déjà joué une petite ex­hibi­tion con­tre Wiland­er il y a plusieurs mois. Résul­tats des co­ur­ses ? Le re­tour à la com­péti­tion même en mode sen­ior lui de­man­dera sans doute plus d’ef­forts. Dès le deuxième jeu, après un ral­lye un peu plus long que les précédents (plus de dix coups) que Lendl finit par per­dre, il de­man­de à Wiland­er « How old do you say you are ? » Avec son ac­cent tchèque, il n’est pas facile à com­prendre le père Ivan ! Deux minutes plus tard, sur une co­ur­se pour aller cherch­er une amor­tie, il de­man­de à Mats d’arrêter de le pouss­er à faire des co­ur­ses en avant… C’est pas du jeu, non ?! Wiland­er, bon prin­ce, ne lui en fera pas be­aucoup d’aut­res. Bref, on com­prend tout de suite que Mats, de son côté toujours très en jam­bes, est lar­ge­ment au-dessus, mais qu’il ne va pas cherch­er forcément à le montr­er sur le court. Il se déplace vraie­ment très bien, et son re­v­ers à deux main me fait pens­er à celui de Djokovic dans sa ges­tuel­le, très facile. Ivan, lui, montre toujours qu’il n’aime pas per­dre : il plan­te son fameux décalage en coup droit à chaque secon­de balle de Wiland­er, ce qui fait la plupart du temps le point ou au pire re­vient il­lico dans les pieds de Wiland­er. Ouaip, pas mal pour le papy, là !

En plus, je trouve que le re­v­ers d’Ivan est pas mal du tout, slicé rase motte, on a droit à des échan­ges en gam­mes slicées entre les deux joueurs où à chaque fois on croit que la balle va s’arrêter sur le filet, mais non elle passe ! Même en re­v­ers frappé le Tchèque est de­meuré très précis. Son ser­vice de plomb man­que en­core un peu, mais avec la pratique, qui sait si le re­tour d’Ivan le Ter­rible ne fera pas date.

En par­lant de re­traité, le DJ qui of­ficie aux chan­ge­ments de côtés a décidé de se la jouer 80′s, lui aussi est sorti des années MTV ? Faut croire vu qu’il vient pass­er le tube « La fotonovela » du météorique Ivan. Un clin d’oeil à Lendl dont il par­tage le prénom ? OK, mais je crois qu’il a loupé son coup… Mauvais, mauvais, mauvais ! M’enfin j’ai rigolé toute seule dans mon coin :)

Ivan a perdu logique­ment 6/4 6/3, et je suis curieuse de voir ce qu’il fera con­tre McEn­roe di­manche. Di­rect8 de­vrait re­transmettre quel­ques matchs. Mats reste reste mille fois plus charis­matique (oui oui), et quel sourire ! Tan­dis qu’Ivan reste Ivan ; il s’est sans doute déridé aujourd’hui sur un court mais a rap­pelé à tout le monde que ce n’est pas parce qu’il avait gagné un point sur une amor­tie let qu’il al­lait s’ex­cus­er ! Comme s’il voulait jouer en­core le rôle du méchant… Allez Ivan ; mais si voyons tu peux être cool !

In­termède franco-français avec Cédric Pioline et Guy For­get à la suite. For­get sert quand même vac­he­ment bien, il doit jouer réguliè­re­ment le boug­re, on di­rait le clone de Micka Llod­ra, à moins que ce soit l’in­verse ? Sans doute qu’à la fédéra­tion les chats ne font pas des chiens. En tant que mem­bre de l’or­ganisa­tion For­get est di­rec­teur du tour­noi (il porte com­bi­en de cas­quet­tes, lui ?) et on se de­man­de s’il ne gagne pas en raison de ce titre… Parce qu’il faut bien avou­er qu’en face Pioline, malgré quel­ques be­lles at­taques, n’a pas trop envie de gagn­er, à moins qu’il n’en ait pas les moyens car il cherche son souffle sur les longs échan­ges. For­get a eu la bonne idée de lui faire amortie-lob deux fois de suite, ça lui casse les jam­bes au Cédric. For­get 2, Pioline 0. Le match se ter­mine pile à l’heure pour per­mettre l’entrée en lice des joueurs de doub­le. C’est fou comme on ar­rive a tenir le tim­ing !

Et voici donc Ed­berg et McEn­roe qui en­trent derrière la paire Bahrami-Santoro, faut avou­er que c’est baroque comme doub­le ! On sait d’entrée à quoi s’at­tendre avec les deux « magiciens » comme l’a aimab­le­ment rap­pelé le speak­er : des pirouet­tes, des re­mises ahanan­tes, bref, la Com­media dell’arte pour faire face à deux légen­des de la raquet­te. Legen­da­ry, comme di­rait un cer­tain Bar­ney ! Je re­ssors la mit­rail­leuse à clichés numériques, qui a déjà pas mal chauffé avec le pre­mi­er match. Ah mais voilà Ed­berg qui se rue sur le filet, et ben c’est pas gagné pour faire une bonne photo ! Faut dire que malgré un très bon matos (prêté par le chef), les con­di­tions in­door sont par­fois dif­ficiles à mait­ris­er. Je n’ai pas l’habitude d’un ap­pareil aussi per­for­mant ! Bref. Ed­berg est aérien, léger, il sautil­le sans arrêt, vol­leye à tout-va… Il faut dire aussi que Man­sour et Fab­rice s’ar­rangent pour que McEn­roe et lui ef­fectuent toutes les volées pos­sibles et même in­imagin­ables !

Et voilà qu’au milieu de toutes ces pit­re­ries au filet on a droit au « shot of the year », aut­re­ment dit une volée amor­tie rétro déposée juste derrière le filet et qui re­pas­se le filet dans l’autre sens… In­touch­able ! Oui mes amis, celle-là je ne l’avais jamais vue, et en plus c’est Ed­berg qui l’a fait ! Même le Mac était ad­miratif, et San­toro doit en­core se de­mand­er com­ment il n’a pas vu ce tour de passe-passe venir le nar­gu­er au pied du filet. Le pub­lic est resté baba, tout comme moi ! Per­son­ne ne s’y est trompé, l’applaudimètre a ex­plosé ! S’il ne fal­lait re­tenir qu’un seul point de toute cette année ten­nistique, ce serait celui-là. Ahhh Stefan, j’ai at­tendu bien longtemps mais ça valait le coup ! Et en plus, il a toujours son look de jeune pre­mi­er, bien sage. Juste la clas­se, je suis une groupie, je l’as­sume.

John McEn­roe, tout grison­nant et rajoutant une bonne dose de « Super Brat » pour rigol­er, sur­joue son pro­pre rôle. Il est vrai­ment là pour amus­er la galerie. Il a une façon de tenir sa raquet­te com­plète­ment im­prob­able : aujourd’hui je pense que sa tech­nique serait rédhibitoire pour gagn­er, quoique avec lui qui sait ? Il ar­rive à claqu­er des volées dans n’im­porte quel­le posi­tion au filet, avec des an­gles qui re­ndent en­core plus chèvre Man­sour et Fab­rice. Quant à moi je n’ai pas le temps d’analys­er com­ment elles ont pu sor­tir de sa raquet­te !

Tout est bien qui finit bien, Stefan et John sor­tent du court en vain­queurs. Im­pos­sible d’imagin­er un autre scénario. La journée s’est ter­minée trop vite à mon goût… heureuse­ment pas trop tar­dive­ment quand même, car le park­ing d’a côté m’aurait couté une for­tune !

A voir aussi : galerie photos on Facebook.

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Gran­de prêtres­se de 15-LT : je désigne les pro­chains rédac­teurs quand on man­que d'ar­ticles, ils sont auto­matique­ment in­spirés pour écrire dans les plus brefs délais ! Un mirac­le ! ps mon avatar moi sur le canal St Mar­tin un jour d'hiver 2009, en pen­sant à ce que pour­rait être 15love :)

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95 Responses to C’est beau la retraite !

  1. Antoine 6 octobre 2010 at 16:26

    Cela me fait penser à autre chose: il y a beaucoup de gens qui n’aiment pas Rafa mais, au final, je me demande bien pourquoi ? Il a un jeu spectaculaire, fait de trucs assez inouïs en défense; il est très très difficile à battre, mouille sa chemise, n’est pas antipathique en dehors du court, bosse et progresse régulièrement; bref, à part le fait qu’il prend souvent un peu trop de temps pour servir quand il est sous pression et abuse du règlement, je ne vois rien à lui reprocher, au contraire…C’est un exemple pour tous ceux qui n’ont pas un talent naturel démesuré (99,5% des joueurs) et il leur montre jusqu’où on peut aller par volonté, effort etc…J’aimerais bien que cet exemple soit plus souvent suivi, en particulier de la part des joueurs français dont beaucoup se reposent sur le fait qu’ils ont une bonne technique sans pour autant maximiser leur potentiel..Nadal lui, quand il arrêtera, pourra se dire qu’il a vraiment tiré le maximum des dons qu’il a reçus. Il y en a combien qui peuvent en dire autant ???

    • Baptiste 6 octobre 2010 at 16:31

      richard?

    • Nath 6 octobre 2010 at 16:43

      Antoine, je me trompe ou (hormis pour celui que je ne nommerai pas pour ne pas t’énerver) le palmarès prend une part très importante dans ton appréciation des joueurs?

    • Franck-V 6 octobre 2010 at 18:02

      Il y a toujours une part de subjectif dans les goûts, et même dans les éléments que tu cites ( Il a un jeu spectaculaire, n’est pas antipathique en dehors du court etc), il y en a aussi… :roll:

      Et de mon point de vue, j’espère que son exemple ne sera surtout pas suivi. :-)

  2. Franck-V 6 octobre 2010 at 20:08

    Comme la saison tire à sa fin, quelques bilans, déjà.

    Pour la 2° année consécutive, aucun vainqueur de GC 2009 n’aura conservé son titre en 2010, et ce sera idem au Masters (je conserve l’ancienne appellation car WTF bofbof pour moi).

    Dans les MS1000, il reste Shanghaï et Bercy afin que Ljubicic, Roddick, Murray ou Federer tentent de doubler la mise, sinon ça sera la 1ère fois depuis 2002 qu’un seul joueur en gagne plus qu’un. Sauf une Nalbandian 2007 ou une Safin 2004 bien sûr, cas où le même joueur gagne les 2 derniers.

    2009: Nadal 3, Murray 2, Federer 2
    2008: Nadal 3, Murray 2, Djokovic 2
    2007: Nadal 3, Federer 2, Djokovic 2, Nalbandian 2
    2006: Federer 4, Nadal 2
    2005: Federer 4, Nadal 4
    2004: Federer 3, Safin 2
    2003: Roddick 2, Ferrero 2

    2002: Agassi 3

    Avant 2002, un seul vainqueur de plus d’un MS 1000 était plus fréquent. En 90-92-97 et 2000. Depuis leur création en 1990, l’année la plus partageuse en MS 1000 a été 2007 avec 4 joueurs à plus d’un titre.

    2001: Agassi 2, Kuerten 2
    2000: Safin 2
    1999: Kuerten 2
    1998: Rios 3, Rafter 2
    1997: Sampras 2
    1996: Agassi 2, Muster 2
    1995: Agassi 3, Muster 3, Sampras 2
    1994: Sampras 3, Agassi 2, Medvedev 2
    1993: Courier 2 , Stich 2
    1992: Chang 2
    1991: Courier 2, Forget 2
    1990: Edberg 3

    En 2010 déjà 4 titres sur 7 ont été défendus avec succès, Monte Carlo, Rome, Canada et Cinci.
    Anecdote, à Cinci, Federer a remporté son 17° MS.. comme Agassi en 2004.

  3. Christian 6 octobre 2010 at 20:22

    Merci Marie Jo, très agréable article sur les vieilles gloires encore chères à nos cœurs de vieux c… ! Je ne vais pas ressortir mon éternel couplet sur le charisme d’antan, mais quand on voit combien le temps parvient à humaniser un Edberg, à lui donner une vraie dimension, on se prend à vouloir retrouver les Nadal & Co dans vingt piges, histoire qu’ils prennnent un peu d’épaisseur…

    Merci en tout cas: c’était bien écrit et rafraichissant !

  4. Franck-V 6 octobre 2010 at 20:45

    A l’instant sur Arte, un reportage sur le dopage…. chez les soldats de la Wehrmacht. La blitzkrieg sans effort, tout ça.
     » La pilule de Göring »

    On en parlait l’autre jour.

    • DIANA 6 octobre 2010 at 21:10

      coucou Franckie :)

      Décidément… :mrgreen: Je viens d’aller faire un tour sur l’Equipe, et le dopage occupe une belle place avec Fraser et son recours possible (elle, elle avait mal aux dents :mrgreen: ) un haltérophile contrôlé positif, bref, après Contador et consorts..
      En parlant de ça, je me souviens que Marie-Jo avait évoqué un possible contrôle anti dopage de S Williams qui expliquerait sa « longue » absence du circuit. Des tas de rumeurs circulent, le pied n’étant, à mon humble avis, qu’une piètre excuse, car on ne se trimballe pas avec des talons de 10 cm de haut quand on a le pied en compote. J’opterais plus volontiers pour la thèse de la chirurgie plastique, car si vous regardez bien, elle s’est sacrément affinée (visage), elle qui avait des traits plutôt lourds.

      • DIANA 6 octobre 2010 at 21:35

        Merde, je l’avais loupé celui-là :mrgreen:
        Le dopage nous envahit tant que je finis par ne plus le voir :mrgreen:

      • Franck-V 6 octobre 2010 at 21:36

        En même temps, si il fallait les citer tous… :roll:

        • joseph 6 octobre 2010 at 23:49

          :)

          …sans vouloir créer de polémique, l’énigmatique Antonio Samaranch (président du CIO pendant 21 ans, oui oui 21 ans) « qui a fait passer l’olympisme de l’amateurisme pur au libéralisme financier le plus débridé » avec toutes les dérives que cela peut entrainer.

          • joseph 7 octobre 2010 at 00:46

            …suite (mon ordi déconne)
            En effet, fin de l’amateurisme pur, l’explosion de la commercialisation, le dopage… Le triomphe de l’argent et la recherche de la performance à tout prix, rendue possible par le dopage, deux aspects de l’olympisme apparus sous sa présidence, ont été critiqué par beaucoup.  »

            L’ère Samaranch sera surtout marquée par une flambée des affaires de dopage avec comme point culminant les Jeux de Séoul, en 1988, où le Canadien Ben Johnson, vainqueur du 100 mètres, épreuve-reine de l’athlétisme et des JO, a été convaincu de dopage et exclu des Jeux.

            D’autres ont suivi. Le CIO a organisé début 1999 une conférence internationale qui a débouché sur la création de l’agence mondiale anti-dopage (AMA). Avec quel sérieux?

            Son premier président, Dick Pound, a cependant déclaré que Juan Antonio Samaranch n’avait jamais été un ardent partisan de la lutte contre le dopage.

            Homme d’influence et de réseaux, « qu’il savait cultiver à la perfection » Il n’est pas impossible d’imaginer qu’il est pu utiliser ses influences (qu’il a prit soin de mettre en place) pour fermer les yeux sur certaines dérives sportive…

            Et pour finir sur une petite note un peu provocatrice, les hautes instances du sport Espagnol, mais aussi et surtout Nadal, l’ont beaucoup remercié pour tout ce qu’il avait fait au niveau sportif… ;)

        • Franck-V 7 octobre 2010 at 08:24

          http://www.canalplus.fr/pid1784.htm&nav=1 6:54 :mrgreen:

          L’Alchimiste mdrr, c’est lyrique comme du Paulo Coelho lu par Philippe Lucas.

  5. fieldog 6 octobre 2010 at 20:51

    Thanks MarieJo pour cet article teinté de « 80′s ». C’est spontané, frais, bref cela te correspond plutôt bien!
    J’aurais vraiment apprécié de voir sieur Edberg en chair et en os. Les seigneurs sont éternels…
    En revanche Noah m’insupporte de plus en plus. Je pense que l’homme est bien loin du personnage médiatique qu’il essaie de vendre aux 4 coins de la France. Mais c’est totalement subjectif.

    PS : un double merci pour le « Legendary » qui forcément m’a fait de l’œil, :lol:

  6. Ulysse 6 octobre 2010 at 23:21

    Bon il est très bien cet article, je l’avais pas dit ? Ça parle de McEnroe, ça fait l’éloge d’Edberg… Bravo !

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