Balles perdues – 5ème édition

By  | 2 août 2010 | Filed under: Insolite

C’est l’été ! Voici donc une série d’imbécil­lités pleines de fraic­heurs à dégust­er sur la plage entre deux coups de sol­eil.

Doub­le = épre­uve qui ex­is­te en de­hors de la coupe Davis même si c’est dif­ficile à croire. En effet, hors Coupe Davis, même le plus as­sidu des téléphages ten­nissop­hiles ne par­vient à en visionn­er qu’une demi-heure maxi­mum par an.

Double-hommes = pro­bab­le­ment la seule vers­ion du doub­le qui de­vrait ex­ist­er. D’ail­leurs dès que l’on évoque le doub­le ne parle-t’on pas de paires ?

Double-dames = amusant con­cours d’air-balls où il ar­rive par­fois, sans raison vérit­able, qu’un point gag­nant sur­vien­ne. A ce sujet je ne résiste pas à vous in­diqu­er l’avis d’Henri Co­chet à ce sujet (publié dans son « Que sais-je » sur le ten­nis – Pre­sses Uni­ver­sitaires de Fran­ce – n° 1084 – page 96) : « Il n’y a pas grand-chose à en dire si ce n’est qu’en Fran­ce nous ne bril­lons pas dans cette spécialité. La plupart du temps les quat­re joueuses jouent uni­que­ment du fond du court et nous font as­sist­er à d’invraisembl­ables part­ies de « renvoie-balles » aussi désopilan­tes qu’inef­ficaces »

Doub­le mixte= ab­er­ra­tion qui voud­rait ap­port­er la pre­uve que la co­exist­ence d’un homme et d’une femme n’aboutirait pas forcément à un désastre. Il suf­fit de voir le niveau de jeu pro­posé par les meil­leures paires pour avoir une idée claire de la sig­nifica­tion de l’express­ion « pre­uve par l’ab­surde ».

Tennis-elbow = point fort de Ric­hard Gas­quet.

Gam­berge = point faib­le de Nicolas Mahut et de John Isner.

Tennis-ballon = petit en­traî­ne­ment de foot­ball pratiqué sur un ter­rain de ten­nis où il con­vient de soig­neuse­ment éviter de faire trembl­er le filet. En­or­me in­flu­ence tac­tique de l’équipe de Fran­ce de foot­ball de­puis des années.

LL ou Lucky Loser= joueur (ou joueuse) qui a eu la chan­ce de per­dre con­tre un UW (Un­luc­ky Winn­er). A noter que l’ATP a longtemps hésité à créer un statut d’UL (Un­luc­ky Loser) au vu de l’évolu­tion de la carrière de Paul-Henri Mat­hieu.

WIMBLEDON 2010 – Avoir un an­ci­en vain­queur de coupe Davis comme con­sul­tant ça ne se re­fuse pas ! C’est d’ail­leurs pour ça qu’on n’a pas pu re­fus­er. On ne peut pas toujours avoir de la chan­ce. Nous avons donc donné rendez-vous à Henri pour un point sur le tour­noi de Wimbledon à mi-parcours.

(on sonne à la porte, nous co­urons ouv­rir) Capri news = Bon­jour Henri

Henri Lecontre (mine re­nfrognée et ton lugub­re) = Bon­jour.

CN = Euh…ça va pas ?

HL = At­tends au début c’était au country-club de Roland que je con­sul­tais et main­tenant tu me don­nes rendez-vous dans un ap­part’ min­able d’un im­meub­le délabré d’une ban­lieue im­mon­de. A ton avis ça va com­ment ?

CN = Ben..Henri..ici c’est chez moi en fait !

HL (il lance un re­gard panoramique) = Ah oui, quand même ! Bon, moi je juge pas, chacun vit comme il veut mais je suis un con­sul­tant sérieux moi !! Y’aurait pas un bi­strot pas trop crad’ pas loin de chez toi ? Je con­sul­te moins bien quand j’ai soif.

CN = Il y a le « Cas­que à re­bours » à deux pas mais c’est pas dans mes moyens. Si vous avez soif je peux vous pro­pos­er du jus d’oran­ge ou du jus de pomme. Et pis j’ai des raisins secs pour ac­compagn­er.

HL (im­pas­sible) = Ok, j’ai pro­bab­le­ment été mal­ad­roit mais c’est pas une raison pour de­venir gros­si­er, gamin ! Allez, on file au bi­strot !

CN = Mais Henri, c’est pas dans mes prix !

HL = T’inquiète, c’est moi qui offre !

Nous som­mes donc assis à une table du « Cas­que à re­bours », Henri a com­mandé un sérieux de bière blon­de et moi un di­abolo fra­ise.

CN = Euh..Henri, vous trouvez pas que ça ris­que de faire trop la bière, là !

HL = Ben, non ! Le prix m’a paru très cor­rect. Bon, j’alimen­te la men­teuse et tu poses tes ques­tions après, d’ac’ ? (il in­gur­gite avec force bruits le tiers de sa chope) RAAAAaaahhh, ça fait du bien. Allez, en­voie !

CN = Oui, alors pre­mi­er point sur Gil­les Simon qui est arrivé en 16ème alors qu’il n’était qu’à 50% de ses moyens.

HL = C’est bien ça !

CN = Vous trouvez donc son par­cours méritoire ?

HL= J’en sais rien. Ce que je trouve bien c’est que s’il joue plus qu’à 50 % ça veut dire qu’il n’y a plus que 50% des spec­tateurs qui s’en­nuient.

CN = Ah !? Et Tson­ga, c’est dom­mage on l’a senti trop tendu. Il faud­rait qu’il re­ncontre un vérit­able spécialis­te de l’herbe pour se décontract­er, non ?

HL = Bonne idée, faud­rait en parl­er à Yan­nick.

CN = Noah ? Sans lui en­lev­er de mérite on ne peut pas dire que ses résul­tats sur gazon ont été mirobolants.

HL (il fron­ce les sour­cils puis son visage s’éclaire) = Aaah, d’ac­cord ! Tu par­lais de l’herbe, la sur­face de jeu !

CN = Oui, quoi d’autre ? C’est à vous qu’on pen­sait en fait, pas à Noah.

HL = MOI !! Mais j’ai jamais rien pris, moi. Une ou deux tafs par ci par là je dis pas mais c’est tout.

CN = NON, POUR LE TEN­NIS !!

HL = T’éner­ves pas, gamin ! T’iras pas vieux sinon. Dis-moi c’est quoi cette manie de dire « on » ou « nous » quand tu par­les au fait ? Tu es plusieurs ?

CN =. Non, c’est parce que je parle au nom de la rédac­tion, du journ­al quoi. C’est comme ça qu’on fait. Qu’avez-vous pensé du match Isner-Mahut ?

HL = C’était long, sur­tout les 85 de­rni­ers jeux. J’ad­mire ces gars, ne pas réussir un break en jouant 140 jeux il n’y avait guère que le Thier­ry Tulas­ne de la gran­de époque qui en était cap­able.

CN = En tout cas ils vont en­tr­er au panthéon du ten­nis !

HL (es­tomaqué) = QUOI ?! Ils sont morts !! C’est la fatigue ou quoi ?

CN = Mais non ! Pour­quoi pensez-vous qu’ils sont morts ?

HL = Ben, mon gars, au Panthéon les loc­ataires re­muent plus be­aucoup, si tu vois ce que je veux dire !

CN = Ah mais non ! Je vous parle du panthéon vir­tuel, comme pour les dieux grecs et romains, pas du monu­ment de Paris. C’est pour ça.

HL (dubitatif) = Vir­tuel, hein ? OK. Bon lais­se tomb­er les ques­tions, ça te fatigue et moi aussi. Je vais te faire une an­alyse maison au poil, tu vas voir (il sort un livre de la poche de son blouson en nous faisant un clin d’œil). Tu vas être con­tent, j’ai potassé come une bête ! (il chaus­se une paire des lunet­tes, ouvre le livre et cherche une page précise) Ah, voilà. Alors, cette année Ed­berg sera dans les favoris, tout comme Be­ck­er mais il faud­ra aussi se méfier de…

CN (nous le co­upons) = Mais Henri, de quoi parlez-vous ?

HL = De Wimbledon. Tiens, j’ai un super-almanach de­ssus (il nous tend son livre).

CN = Vous avez vu la date, Henri ? C’est une édi­tion de 1989 !

HL = Ah bon ? Tu sais moi et les chiffres. Ca pose un problème ?

CN = Ca parle de joueurs d’il y a 20 ans, Henri, il est là le problème !

HL = Non. Le problème, vois-tu petit c’est que mon verre est vide (il se met à hurl­er à la can­tonade) HOLA TAVER­NI­ER !! Faud­rait voir à pas laiss­er se dessécher la clientèle !! LA MEME CHOSE RAPIDO !!

CN (nous som­mes gênés) = Henri, s’il vous plaît, de la discrétion.

HL = Quoi de la discrétion ? La vie c’est comme le sport, fis­ton, si tu t’im­poses pas t’as jamais rien. Mais dis-moi si ce bouquin a 20 ans il y a des chan­ces que ça cause de moi quel­que part. Cherche voir s’il te plaît (le ser­veur ar­rive avec son deuxième sérieux pen­dant que nous cherchons dans le livre) . AHHH, c’est pas trop tôt, il y avait une dévia­tion ou quoi ?!

CN = Ah, c’est là il y a une présen­ta­tion des joueurs. Alors Henri Lecon­te…euhh, oui c’est là..euh

HL= Ben, vas-y lis donc !

CN = Euh..d’ac­cord.(nous li­sons) « Henri Lecon­te est un di­let­tante au jeu super­be qui se liquéfie dans l’ad­versité, sa carrière pour­rait se com­par­er à « l’Arlésien­ne » de Bizet ».

HL (radieux) = Waoouh ! je pen­sais pas être aussi apprécié. Et on me com­pare carrément à une statue ! Sinon y’a des ter­mes que j’comprends pas bien. Ca veut dire quoi « di­let­tante », « liquéfie » et « ad­versité »

CN = Euh un in­stant, Henri, je vais vous ex­pliqu­er (nous nous tour­nons vers le com­ptoir) Pat­ron, la même chose que mon­sieur s’il vous plaît.

HL = Bravo, mon gars, on va pouvoir tri­nqu­er !!

CN = Ah, ça c’est sûr ! Enfin peut-être plus vous que moi. Bon on arrête la con­sul­ta­tion pour aujourd’hui ?

HL = Ouaip. Faut jamais ab­us­er petit t’as raison !

CN = Et puis merci pour la tournée, hein.

HL = T’inquiète, je te dis, je mettrai ça sur la note de frais du journ­al.

CN = Mais le journ­al, c’est nous, enfin c’est moi, Henri ! Et je suis plutôt raide en ce mo­ment.

HL= T’af­fole pas. Je trouverai bien un plan de re­mplace­ment d’ici à ce que nous ayons fini de boire.

(Note de la rédac­tion = cet in­ter­view nous est par­venu du com­mis­sariat de Bag­nolet où notre rédac­teur et Henri Lecontre ont séjourné quel­ques heures pour ten­tative d’escroquerie)

RE­MER­CIE­MENT : Un grand merci à Co­chran qui a conçu l’habil­lage des photos et qui est re­spons­able en en­ti­er de la première et de la dernière vig­nette Isner- Mahut.

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Capri est indéfini.

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168 Responses to Balles perdues – 5ème édition

  1. Nath 8 août 2010 at 23:15

    Washington, d’un argentin à un autre… Sympa cette finale :)

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