Swissmade : le tennis suisse en dix exploits (1/2)

By  | 19 juillet 2010 | Filed under: Histoire

Heinz Günthardt, Roland Stadl­er, Jakob Hlasek, Claudio Mez­zadri, Marc Ros­set, Roger Feder­er, Geor­ge Bastl, Mic­hel Kratochvil, Stanis­las Waw­rinka, Marco Chiudinel­li. Dix. Ils sont dix, les Suis­ses à avoir connu au moins un jour la vie dans le Top 100 mon­di­al. Dix, c’est deux de moins que le nombre d’Es­pagnols ac­tuel­le­ment dans le top-100 ; ou un de moins que le nombre de Français. Sur ces dix vail­lants Helvètes, quat­re ont été « top ten ». Pro­por­tion­nelle­ment, quel­le autre na­tion peut en dire autant ? Re­culons les aiguil­les de l’hor­loge helvétique pour découv­rir dix temps forts du ten­nis suis­se. En toute sub­jec­tivité, il va de soi !

1. Il est 8.0 heures, Zurich s’éveil­le

Ten­nistique­ment in­exis­tante jusqu’au début des années 1980, la Suis­se entre dans le cir­que ATP par l’in­termédiaire de trois Zuric­hois : Günthardt le précur­seur, Stadl­er l’éphémère et Hlasek l’Ed­berg Suis­se. Ce de­rni­er, qui aurait pu em­brass­er une carrière de hoc­keyeur pro­fes­sion­nel – comme tout bon Tchèque d’origine qui se re­spec­te – sig­nera le pre­mi­er ex­ploit du ten­nis helvétique : par­ticip­er à un Mast­ers. Le vrai, l’unique, celui du Madison Square Gard­en. On est en 1988 et pour en ar­riv­er là, Kuba – pour les in­times ! – réalise un auto­mne de folie : fin­ale à Bâle, de­m­ies à Toulouse, de­m­ies à Bercy, vic­toire à Wembley (après avoir re­monté un han­dicap de deux sets en fin­ale), vic­toire la semaine suivan­te à Johan­nesbourg (qui peut se van­t­er d’avoir gagné sur deux semaines con­sécutives deux tour­nois situés à une dis­tan­ce de 9000 km ?), fin­ale à Bruxel­les la semaine… suivan­te (qui peut se van­t­er d’avoir été fin­alis­te trois semaines con­sécutives en ayant en­glouti pratique­ment 18 000 km ???) et fin­ale­ment de­m­ies au Mast­ers. Soit 27 vic­toires et 5 défaites en 60 jours, dont 19 matchs joués au seul mois de novembre. Il pro­fite de cette série pour pass­er du 27e au 8e rang mon­di­al. Il de­vient ainsi le pre­mi­er Suis­se à en­tr­er dans le cercle fermé des dix meil­leurs joueurs du monde.

Arrêt sur image sur l’apogée de cet auto­mne : sa par­ticipa­tion au Mast­ers du MSG. Fin novembre, 8 des 10 meil­leurs joueurs du monde (Con­nors et Carlsson sont for­faits) se retro­uvent à New York. Wiland­er (1), Be­ck­er (4), Ed­berg (5) et Lecon­te (9) sont réunis dans un groupe ; Lendl (2), Agas­si (3), Mayot­te (10) et un cer­tain Hlasek (8) com­posent l’autre. Le Suis­se au jeu très académique est un adep­te du service-volée ; son re­v­ers à une main est honnête, son coup droit sol­ide, son ser­vice plutôt bon ; mais c’est sur­tout la qualité de sa volée – par­ticuliè­re­ment pro­pre tech­nique­ment – qui lui per­met de ter­roris­er ses ad­versaires sur une sur­face ultra-rapide. En effet, malgré son T-shirt enfilé dans son short et sa coupe en bros­se, il ne fait pas rire ses collègues du Mast­ers. Jugez plutôt : Kuba com­m­ence son tour­noi par une vic­toire sur Lendl 7-5 au troisiè­me set ; il li­quide en­suite Mayot­te et Agas­si en deux sets et ter­mine pre­mi­er de sa poule. Et il vient de se far­cir les numéros 2 et 3 mon­diaux ! En demi-finales, il s’apprête à affront­er Boum-Boum Be­ck­er. La Suis­se vibre ce jour-là pour la première fois pour un ten­nisman. J’ai 8 ans et c’est mon cas. Le pote de Guy-la-science – avec qui il re­mpor­tera le Mast­ers de doub­le en 1990 – fait jeu égal avec l’Al­lemand deux sets durant. A tout mo­ment, le match peut bas­cul­er dans un sens ou dans l’autre. Mais les deux joueurs sont très sol­ides sur leurs en­gage­ments et c’est Be­ck­er qui, pro­fitant de son ex­péri­ence, re­mpor­te les deux tie-breaks. 6/7 6/7 en demi-finales du Mast­ers con­tre Be­ck­er : la Suis­se vient de mettre un pied dans la porte du gratin mon­di­al. Le pre­mi­er ex­ploit du ten­nis suis­se est une défaite. Mais il est des défaites qui son­nent comme des vic­toires.

2. 9h20, paëlla en entrée

Quel­ques mois après les résul­tats sol­ides de Hlasek, une espèce de grand échalas monté sur deux baguet­tes vient choqu­er le monde ten­nistique et le micro­cos­me genevois. Marc Ros­set naît ten­nistique­ment chez lui, à Genève, en re­mpor­tant son pre­mi­er tour­noi ATP en 1989. Cette vic­toire en tour­noi a tout du conte de fées : Ros­set est en­core étudiant au gym­nase, il n’a en­core jamais battu un Top 100 de sa vie, et a même plutôt une fâcheuse ten­dance à per­dre au pre­mi­er tour des Chal­leng­ers suis­ses aux­quels il s’inscrit. Invité en tant que local du tour­noi genevois, il éli­mine pour­tant quat­re Tops 100 – dont For­get au pre­mi­er tour et Perez-Roldan, tout de même 37e mon­di­al, en fin­ale. Ros­set choque le ten­nis car il est, avec Goran Ivanisevic, l’in­carna­tion d’un nouveau type de joueur : le double-mètre au ser­vice in-retournable. Après cette vic­toire, il décide de mettre un terme à ses études et de­vient un vrai ten­nisman. Cette ex­press­ion est-elle toutefois réel­le­ment approp­riée lorsque l’on sait qu’il est le seul joueur de l’his­toire à avoir hésité toute sa carrière à jouer son re­v­ers à une ou à deux mains, au point qu’il n’était pas rare de le voir exécuter l’un et l’autre au cours d’un même match (si si !). Re­latif égale­ment lorsqu’on sait à quel point ses fras­ques hors-tournois ont égayé la cité genevo­ise – quel Genevois n’a pas une an­ec­dote sur Marc Ros­set aperçu totale­ment bourré à telle ou telle soirée? Enfin, Ros­set, c’est aussi ça: http://www.youtube.­com/watch?v=8azjdm48pAE&­feature=­related

Au contra­ire de son très réguli­er com­pat­riote Hlasek – le Zuric­hois ne quit­te pas le Top 100 entre novembre 1984 et avril 1995 et est un sol­ide Top 30 de 1986 à 92 – le Genevois est l’homme des coups. Ir­réguli­er, cap­able d’enchain­er dix défaites con­sécutives (prin­temps 1991), le sosie du Grand blond à la chaus­sure noire peut aussi taper qui il veut. Et la plupart du temps, quand il veut. Ses fameuses an­non­ces « Ce mec, je vais l’éclat­er! » n’augurent vrai­ment rien de bon pour ses ad­versaires.

Et c’est ainsi qu’il fera de 1992 une date fon­datrice pour le ten­nis helvétique avec les ex­ploits n° 2 et 3 du ten­nis suis­se : l’or olym­pique glané à Bar­celone et l’ac­cess­ion à la fin­ale de la Coupe Davis face à la meil­leure équipe jamais con­stituée, com­pos­ée de quat­re numéros 1 mon­diaux. Quand Ros­set se poin­te aux Jeux de Bar­celone, il n’a pour­tant que trois vic­toires à son com­pteur de­puis deux mois. La terre bat­tue, si elle l’a vu gagn­er son pre­mi­er tour­noi sur le grand cir­cuit, n’est pas sa meil­leure sur­face car son ser­vice s’y révèle moins ef­ficace. Et comme, dans l’échan­ge, la terre entière sait qu’il suf­fit de touch­er une ou deux fois son re­v­ers pour mar­qu­er le point, la mis­s­ion semble délicate pour le futur pote de Marat Safin. Et ce d’autant plus que, à l’ex­cep­tion du pre­mi­er tour, il ne re­ncontrera que des joueurs mieux classés que lui (44e). Pour­tant, le Genevois, après avoir bénéficié de l’aban­don d’Alami au pre­mi­er tour, passe sans en­combre l’obstac­le Fer­reira (13e mon­di­al). Se pro­file alors un match comme il les aime tant : un défi, un vrai, con­tre le maître du ten­nis mon­di­al, N°1 in­con­testé, le maître de la terre bat­tue (vain­queur des deux de­rni­ers Roland-Garros), le sym­pat­hique Jim Co­uri­er. Ros­set an­non­ce: « Je vais me le faire ». Stupeur: 6/4, 6/2 et 6/1. Sept jeux laissés à Co­uri­er sur trois sets. Le choc n’est pas loin d’être com­par­able à la bombe Soderl­ing 2009. L’Américain, totale­ment im­puis­sant du début à la fin, n’a pas eu l’ombre d’une chan­ce. Pour la première fois de l’his­toire, un petit Suis­se a fait la peau à un numéro 1 mon­di­al. Et, désor­mais, Ros­set se retro­uve à une vic­toire de la médail­le olym­pique.

Mais pour cela, il faud­ra vaincre sur ses ter­res un vrai crocodile : Em­ilio Sanchez. Le match est âpre, tendu. Le pub­lic est venu as­sist­er à une cor­rida. Il veut de la sueur et du sang. Celui du Suis­se évidem­ment. Mais ce qu’il ig­nore, c’est que le Genevois adore ça. Il aime jouer con­tre un pub­lic, le pro­voqu­er. Et il ne s’en prive pas. Les re­gards noirs fusent, l’intox est présente de bout en bout. Et le Suis­se sort vain­queur d’un for­mid­able com­bat 6/4 7/6 3/6 7/6. Il est désor­mais assuré d’être médaillé (sauvant ainsi toute la déléga­tion helvétique du nauf­rage total) puis­que les demi-finalistes n’ont pas en­core be­soin d’en découd­re pour l’ob­ten­tion du bron­ze. Marc retro­uve alors son meil­leur pote sur le cir­cuit : Goran Ivanisevic, qu’il n’a en­core jamais battu en trois re­ncontres. Des échan­ges, il n’y en aura guère ! Une pluie d’aces, en re­vanche. Et pas tel­le­ment du côté qu’on at­tendait. Après avoir balayé le numéro 1 mon­di­al, Ros­set ef­face le 4e meil­leur joueur du monde qui aura ce mot « Aujourd’hui, il n’y avait rien à faire, juste à aller se plac­er de l’autre côté pour re­gard­er la balle pass­er » : 6/3 7/5 6/2. La vic­toire ne se dis­cute pas. Le plus fêtard des ten­nism­en pro­fes­sion­nels aura donc l’oc­cas­ion de de­venir le deuxième champ­ion olym­pique de ten­nis de l’ère Open. Il reste néan­moins une dernière étape à franchir. Il faud­ra pass­er sur le corps de Jordi Ar­rese. A nouveau, il faud­ra vaincre toute une na­tion. L’af­faire part plutôt bien : 7/6 6/4. Ros­set con­tinue sur le même mode que durant le reste du tour­noi. Son ser­vice n’a jamais été aussi bon et il prend tous les ris­ques en re­tour. Il systémat­ise le décalage coup droit (parce que Marc Ros­set, c’est aussi le seul joueur de l’his­toire où tu étais assuré de plant­er un ace en jouant une deuxième balle à 112km/h plein champ coup droit tel­le­ment il se décalait !) et cela paie. Mais voilà, tout ça est pre­sque trop facile. Et la tens­ion le rattrape. Le li­mage du fond d’Ar­rese porte égale­ment ses fruits et son ser­vice de­vient moins ef­ficace. L’Es­pagnol re­vient à hauteur (3/6 4/6), après notam­ment un hor­rible jeu de ser­vice du Suis­se à 4/4 dans la 4ème man­che (deux doub­le fautes). Débute un cin­quiè­me set de folie, avec un fes­tiv­al de moon­balls pro­lon­geant le match au-delà des cinq heures de jeu. Per­son­ne ne veut com­mettre la faute. La fin du match re­ssemble à ça : http://www.youtube.­com/watch?v=XJXX3ZRwVGo&­feature=­related . Le point à 7min03 don­nant à Ros­set une balle de match vaut le détour. C’est fait, dans la fatigue, dans la souffran­ce, un Suis­se de deux mètres et au visage de poupon est champ­ion olym­pique de ten­nis. C’est le deuxième ex­ploit du ten­nis helvétique.

3. 9h20, fon­due moitié-moitié en plat prin­cip­al

C’est en sur­fant sur cette vague de succès que la petite Suis­se ten­nistique his­sera, la même année, le drapeau nation­al jusqu’en fin­ale de la Coupe Davis. Le par­cours de Hlasek et Ros­set – les deux seuls joueurs à croix blanche qui joueront, durant la cam­pagne, les matchs à en­jeux, en sim­ple comme en doub­le – est avant tout le résul­tat d’un bel op­por­tunis­me.
Le pre­mi­er tour en Hol­lande se joue sans Krajicek. Les Suis­ses en pro­fitent pour li­quid­er l’af­faire dès le samedi. Pour la première fois de son his­toire, l’équipe helvétique jouera un quart de fin­ale de Coupe Davis. Cela se pas­sera con­tre le voisin français, tenant du titre, dans les arènes de Nîmes et sur terre bat­tue. Pour le Romand Ros­set, ce match a forcément une saveur par­ticuliè­re : la Fran­ce, c’est le grand frère que l’on jalouse et que l’on adore détest­er. Avant la re­ncontre, pour les médias français, l’af­faire ne fait pas un pli : la Fran­ce de Yan­nick Noah l’em­portera facile­ment. Pour­tant, à l’heure du tirage au sort, la mage Yann’ a réservé une sur­pr­ise : plutôt que de titularis­er en sim­ple le duo For­get – Lecon­te qui a re­mporté la fin­ale en décembre, il lance dans le grand bain Ar­naud Boetsch et Thier­ry Champ­ion qui auraient re­mporté les sets d’entraine­ment durant la semaine de prépara­tion. Or, le pari de Noah se révèle per­dant le vendredi : la Suis­se mène 2-0 après notam­ment un mor­ceau de bravoure de Kuba face à Boetsch, un match tendu qui sourira au joueur le plus ex­péri­menté et maîtrisant le mieux ses nerfs avec notam­ment deux tie-breaks re­mportés. Et un point-culte sur une balle de break pour Boetsch : sur une balle amor­tie du français, Hlasek remet la balle comme il peut et Boetsch, à deux mètres du filet, doit simple­ment pouss­er la balle dans le court ; Kuba bais­se la tête et s’en va vers sa cha­ise lorsqu’il s’aperçoit tout à coup que l’ami Ar­naud com­met la faute en lon­gueur. L’af­faire sent donc très bon le samedi, ce d’autant plus que la paire helvétique mène 2 sets à 0, sans qu’on n’y puis­se rien dire. A noter que les deux paires sont in­vain­cues en­semble en Coupe Davis. Toutefois, le week-end semble pre­ndre un tour­nant à sus­pen­se lorsque les Suis­ses ratent le coche dans le quat­rième set. For­get – Lecon­te re­vien­nent en effet de deux sets et l’em­portent sur le fil. L’austère Hlasek, avec neuf heures de ten­nis dans les jam­bes, doit re­venir le len­demain pour tent­er de grapill­er ce troisiè­me point. Ce qu’il fera de haute lutte. En trois jours, Kuba est resté tre­ize heures sur le court (mieux en­core que Isner et Mahut !), a qualifié son équipe pour les demi-finales… et lui a per­mis de dans­er « Saga Af­rica » dans les Arènes de Nîmes, sous les yeux médusés du pub­lic français. Mo­ment sur­réalis­te que le vrai faux Marc Ros­set ne pouvait pass­er sous sil­ence : « c’est d’ail­leurs la seule fois où j’ai vu Jakob Hlasek dans­er ». Ce quart est claire­ment le temps fort de cette cam­pagne 1992.

La demi-finale jouée à Genève, en in­door, de­vant 20 000 spec­tateurs et con­tre des Brésiliens de secon­de zone (Jaime On­cins, Luiz Mat­tar) est une for­malité. A l’issue du doub­le, les deux compères, aussi différents (alémanique-romand, sérieux-déconneur, stable-instable) dans la vie qu’ils sont com­plémen­taires sur un ter­rain, tom­bent dans les bras l’un de l’autre. 5-0, di­rec­tion Fort Worth, Texas. Face à eux se dres­se une ar­mada monstrueuse : Co­uri­er, Agas­si, Sampras et McEn­roe ! En apéro, Agas­si ne fera qu’une bouchée d’un Hlasek trop limité et tendu pour tirer son épingle du jeu. Mais Ros­set offre un tout autre plat de résis­tance puis­qu’il re­joue la même par­ti­tion qu’aux JO : grâce à ses ser­vices de plomb et ses patates en coup droit, il s’offre le scalp du numéro 1 mon­di­al, en cinq sets cette fois. La petite troupe de spec­tateurs helvétiques ayant fait le déplace­ment a trans­formé le court en arène de com­bat de re­ines (tradi­tion helvétique de com­bat de vac­hes) : les cloc­hes suis­ses réson­nent dans la salle et le pub­lic américain est dans ses petits souli­ers. Pour l’anec­dote, se trouve parmi eux un cer­tain Andy Rod­dick… 1-1 le vendredi soir, le doub­le s’an­nonce décisif tant il paraît im­prob­able que les deux gladiateurs suis­ses puis­sent re­mport­er les deux sim­ples du di­manche con­tre les n°1 et 9 mon­diaux. Opposés à l’improb­able paire McEn­roe – Sampras, le Genevois et le Zuric­hois par­tent pied au planch­er. Hlasek fait le job à la volée, mais c’est sur­tout Ros­set, sur­pas­sant Sampras en puis­sance, qui est le pat­ron sur le ter­rain. 7/6 7/6, pas le moindre break après deux sets. Les Suis­ses se sont montrés les plus réalis­tes. Le rêve totale­ment fou de soulev­er le Saladi­er d’ar­gent se matérial­ise gen­ti­ment, ce d’autant plus que le troisiè­me set est dominé par les Suis­ses. McEn­roe est franc fou et, sous les yeux de l’ar­bitre im­pas­sible, se per­met de crach­er à trois re­prises sur celui dont il prétend être l’ami, Jakob ! In­timid­ée (?), la paire helvétique ne par­vient pas à break­er malgré quel­ques semi-opportunités. On en ar­rive à 5/6 ; les Suis­ses mènent 40-15 et ont la pos­sibilité de s’offrir un troisiè­me tie-break. Hélas, c’est à ce mo­ment que le bras de Ros­set tremble : il claque deux très vilaines volées pour­tant faciles dans le filet. Comme souvent, le héros se trans­for­me en zéro. C’est le tour­nant du week-end. Les Suis­ses se font break­er. Derrière, ils ac­cusent le coup physique­ment et ne montrent plus grand-chose dans les deux de­rni­ers sets. Le di­manche, malgré une belle résis­tance de Kuba dans le quat­rième match face à Co­uri­er, la Suis­se s’incline fin­ale­ment 3-1. Elle n’a pu que caress­er le rêve ; pour­tant, au mo­ment de la re­m­ise du trophée, c’est bien toute l’équipe suis­se, bras dessus-bras de­ss­ous, qui danse et chan­te en folie. Super­be image d’esprit d’équipe dans laquel­le le mas­seur ou le quat­rième joueur – Thier­ry Grin pour­tant 449e au clas­se­ment – se retro­uvent au même rang que les deux héros de la cam­pagne (qui re­mpor­teront en­semble l’anec­dotique World Team Cup en 1996). Comme pour l’exploit numéro 1, le numb­er 3 se révèle être une défaite.

4. Midi et demi-finale de Grand chelem.

Après cette folle épopée, le ten­nis de­vient l’un des sports majeurs du petit pays alpin (ce d’autant plus que les skieurs et leurs com­binaisons aux co­uleurs du Gruyère de­vien­nent la risée de la Wünder­team aut­richien­ne). Durant les trois années suivan­tes, Hlasek est toutefois sur la pente de­scen­dante. C’est donc es­sentiel­le­ment sur les épaules de Ros­set que re­posent les es­poirs suis­ses. Entre 1993 et 1995, il par­vient d’ail­leurs dix fois en fin­ale de tour­noi (sept vic­toires) ; sig­nalons d’ail­leurs la petite per­for­mance du géant genevois qui, grâce à un titre gagné de haute lutte à Halle con­tre Mic­hael Stich après un tie-break à co­uteaux tirés, de­vient l’un des rares joueurs à re­mport­er un titre sur les quat­re sur­faces.
Mais il n’y a toutefois pas de gran­des per­for­mances à se mettre sous la dent dans les seuls tour­nois qui com­ptent vrai­ment, les Grands chelems. Jusqu’à Roland-Garros 1996. Après trois petits tours tran­quil­les con­tre Steeb, Novak et son compère Kuba (26 jeux per­dus, aucun set égaré), il retro­uve en huitièmes de fin­ale Stefan Ed­berg qui a épaté son monde jusqu’à présent en écar­tant Alami, Moya et sur­tout Chang (4e mon­di­al, fin­alis­te de l’édi­tion précédente). Mais Ros­set qui a eu con­tre Hlasek le par­fait en­traî­ne­ment avant d’affront­er Ed­berg gère par­faite­ment le seul mo­ment chaud du match : le tie-break du pre­mi­er set. Il ne sera plus menacé en­suite. Jamais l’Helvète n’a paru autant affuté physique­ment et il semble même avoir à peu près stabilisé son re­v­ers (il par­vient même à réussir un pass­ing gag­nant en re­v­ers à une main !).

Tous les feux sont donc au vert pour le Suis­se qui ar­rive pour la première fois en quart de fin­ale d’un Majeur. Et la tâche ne semble pas in­sur­mont­able face à Bernd Kar­bach­er et sa coupe de Lan­celot. Mais le double-mètre est tendu comme jamais à son entrée sur le court. Le Genevois est trop vulnérable sur sa deuxième balle (un ridicule 22% de points gagnés derrière sur l’en­semble du match). 6/4 6/4 pour l’Al­lemand sans qu’il n’y ait grand-chose à dire. Le Suis­se se re­prend légère­ment dans le troisiè­me set qu’il em­poc­he 6/3. Mais l’ac­cess­ion à la fin­ale se jouera avant tout dans le quat­rième set, dans lequel Lan­celot se pro­cure deux bal­les de match. Et Ros­set d’en sauv­er une avec un coup joué en con­tour­nant le filet ! C’est le tour­nant du match : l’Al­lemand ne mar­quera plus le moindre jeu dans ce match. Un Suis­se at­teint ainsi pour la première fois les demi-finales d’un tour­noi du Grand chelem. Le plus fort, c’est peut-être que cela semble norm­al et ne souffre pas vrai­ment la dis­cuss­ion. De plus, a priori, le Genevois de­vrait avoir sa chan­ce con­tre Stich qui n’évolue pas sur sa meil­leure sur­face. La Suis­se espère ; mais Ros­set joue un non-match dans lequel il n’a pas voix au chapit­re. Trois sets secs, c’est le tarif. Mais la contre-performance du joueur à croix blanche semble étran­ge tant il avait dégagé une belle im­press­ion jusqu’alors. Tel­le­ment étran­ge qu’une légende ur­baine court: Stéphane Ob­er­er aurait récupéré son joueur à 4h du mat’ en boîte de nuit à Paris, le matin même de sa demi-finale. Cela semble évidem­ment totale­ment fou, et pour­tant cela pour­rait assez col­l­er avec l’homme. C’est dire le type de réputa­tion dont jouit Ros­set dans sa ville natale!

5. 20h01, l’Odyssée de Wimbledon : un Suis­se réalise l’im­possib­le.

1996, c’est aussi l’année où Hlasek décide de pre­ndre sa re­traite. Pen­dant deux ans, il n’y a plus qu’un Mohican helvétique dans le paysage ten­nistique ; Mohican qui par­vient – grâce à l’aide de Loren­zo Manta, que ses com­pat­riotes con­sidèrent comme « Le meil­leur joueur de doub­le de Coupe Davis du monde », et dont le seul fait de gloire in­dividuel re­stera un huitième de fin­ale à Wimbledon en 1999 après une vic­toire sur Krajicek – à main­tenir l’équipe suis­se de Coupe Davis dans le groupe mon­di­al. Émer­gera en­suite en 1999 un deuxième joueur of­frant un souti­en à Ros­set : un ado aux cheveux longs, un chien fou du nom de Roger Feder­er (pro­non­cez son prénom « Rojé », comme vous le feriez pour un papy mar­seil­lais buvant son pas­tis) qui, avant de pétrifi­er la planète ten­nis, fut d’abord un roc en Coupe Davis – à l’ex­cep­tion notoire d’une re­ncontre jouée en Be­lgique. Autant prévenir le co­urageux lec­teur par­venu jusque-là : ce fameux RF a tel­le­ment banalisé l’exploit qu’ob­jective­ment, il est évidem­ment l’unique déten­teur des dix plus grands ex­ploits suis­ses. Chiffre que l’on pour­rait très facile­ment doubl­er pour la seule gloire du veau d’or.
Roger Feder­er a, durant ses premières années, avant tout existé par des coups d’éclat ac­complis ou seule­ment touchés du bout des doigts. Son in­constan­ce, en re­vanche, l’empêche d’ar­riv­er à ce que cer­tains es­ti­ment être son de­stin. Pen­dant ses années de « rookie », les fans du Suis­se peuvent espérer une vic­toire de sa part con­tre n’im­porte quel joueur… mais peuvent tout aussi bien re­dout­er une défaite mal­en­contreuse et sèche con­tre un ob­scur 87e mon­di­al. Les mon­tagnes rus­ses, pratique­ment en con­tinu.

Il est toutefois un match pro­digieux qui se clas­se au pre­mi­er rang des per­for­mances réalisées par le jeune nâtif de la cité rhénane (pas belle cette périphrase ?) ; un ex­ploit que cer­tains téméraires en­visageaient déjà à l’époque comme une forme de pas­sage de témoin : une vic­toire con­tre son idole, l’homme à qui les ob­ser­vateurs le com­parent de­puis qu’il joue chez les juniors, Pete Sampras. Et cette vic­toire, ob­tenue au bout de cinq sets héroïques, est de plus ob­tenue dans l’antre de Pis­tol Pete, son jar­din an­glais de Wimbledon. Match dan­tesque en ter­mes de niveau de jeu, cette re­ncontre est sur­tout l’oc­cas­ion pour Feder­er de sor­tir du bois, de révéler à toute la planète ten­nis l’éten­due de son poten­tiel et de sig­nal­er enfin le travail ac­compli sur lui-même : la con­centra­tion adul­te sans fail­le du 15e mon­di­al d’un bout à l’autre du match tranche avec les coups de sang de l’ado qu’il était quel­ques mois plus tôt en­core. Enfin, plus im­pres­sion­nant : Roger se révèle meil­leur que Pete dans sa pro­pre filière, au ser­vice : 25 aces con­tre 26 ; 6 doub­le fautes con­tre 9; 82% de points gagnés derrière sa première balle con­tre 76% (malgré un bon 69% de premières bal­les pour l’Américain) ; 51% de points re­mportés derrière la secon­de balle con­tre 45%, alors que Pete est connu pour avoir la meil­leure secon­de balle au monde. C’est donc une par­faite lec­ture du jeu, notam­ment en re­tour, et un touch­er de balle qui con­fine à la per­fec­tion qui ont per­mis à la fu­ture chèvre de pre­ndre le meil­leur sur la chèvre de l’époque.

Cette vic­toire ac­qu­ise sur le fil, cer­tains osaient l’espérer secrète­ment tant ils im­aginaient que Feder­er en avait le poten­tiel, mais ces mêmes ne se per­met­taient pas de l’évoqu­er ouver­te­ment avant le match, tant ils savaient que les pro­babilités que le Suis­se réalise enfin son match-référence dans cette rencontre-là, si im­por­tante, étaient faib­les. Une fois l’exploit réalisé, les es­poirs les plus fous nais­sent : Feder­er peut-il aller jusqu’au bout et re­mport­er le titre sur le gazon an­glais ? Il faud­ra, pour cela, tuer les es­poirs de toute une na­tion : battre Tim Hen­man. Après un pre­mi­er set raté, le Suis­se fait jeu égal trois sets durant avec son co­pain Gentleman Tim. Mais Feder­er n’a pas la même verve que deux jours auparavant sur les points im­por­tants ; l’expéri­ence du Britan­nique lui per­met de s’im­pos­er dans un match où il était plutôt dominé dans le jeu. L’exploit réalisé par Feder­er reste donc pour l’instant sans len­demain.
Pour le plaisir : http://www.youtube.­com/watch?v=ZMaJ­0yokjsA&­feature=­related

About

Tags:

44 Responses to Swissmade : le tennis suisse en dix exploits (1/2)

  1. Jean 19 juillet 2010 at 11:26

    Ouf, pas de Bastl sauf dans l’intro mais je sens que cela va être pour la prochaine fois.

    Super article Elmar, les Suisses sont deux cent et ils nous sortent un Federer et une Hingis… D’ailleurs, c’est bizarre de ne pas évoquer Martina, à moins que j’ai mal lu. Quelle superbe joueuse, quelle immense gâchis, qu’est ce que j’aimerais être un cheval.

    Et bravo pour votre 5-0 face à l’Espagne.

    • Elmar 19 juillet 2010 at 13:05

      Ca, je savais qu’on allait me le reprocher.

      Mais mon but était de parler de tennis. Je n’inclus donc pas la WTA là-dedans. J’ai donc pris un malin plaisir à la passer totalement sous silence.

    • Jean 20 juillet 2010 at 01:55

      Bah ça te fait au moins un point commun avec Thierry Roland. Et Pete Sampras.

      Depuis le jeu de paume moyenâgeux, Le tennis est tellement le seul sport qui ait ouvert sa pratique aux femmes dès l’origine que c’en est quasiment un sport de gonzesse. En tout cas, mixte depuis toujours. En France, je crois bien que tous les clubs le sont.

  2. Antoine 19 juillet 2010 at 12:01

    Super cet article sur nos amis suisses ! Au passage, il montre que l’on n’a pas besoin de venir de l’un des quatre pays dotés d’un GC pour obtenir de bons résultats et qu’il n’y a pas de lien mécanique entre le nombre des licenciés et les performances des meilleurs. La Belgique est dans le même cas chez ces dames et des très nombreux petits pays ont produit de grands champions. Un champion, c’est toujours une aberration statistique…Il y a plus de chances d’en voir émerger un d’un gros vivier mais rien n’est garanti, très loin de là..

    Sur les joueurs cités, j’aimais bien Hlasek, moins Rosset qui était un peu trop unidimensionnel..Sur le match de Federer contre Pete que je n’ai vu qu’après coup il n’y a pas très longtemps, c’est certainement un grand match du Suisse, sa première victoire vraiment marquante mais Pete m’a paru un ton nettement en dessous des années précédentes. Il manquait sans doute un peu de confiance au moment d’aborder le tournoi et était un peu moins bon au service et à la volée..

    • Sam 19 juillet 2010 at 12:09

      Effectivement, point besoin de venir d’un des 4 pays à GC. Preuve aussi avec les Tchèques (-oslovaques, précisément).

    • Franck-V 19 juillet 2010 at 12:28

      La Suède.. ça va aussi… :roll:

    • Elmar 19 juillet 2010 at 13:10

      Oh, Antoine? Je rougirais presque… Je m’attendais à la mitraillette traditionnelle de ta part!

    • Elmar 19 juillet 2010 at 13:18

      Concernant la qualité du tennis helvétique, elle tient tout de même beaucoup à la chance (et à la Tchécoslovaquie qui nous a livrés les parents de Hlasek, Kratochvil, Bastl et Hingis). Seuls Fed, Kratoch et Chiudi sont passés par les structures mises en place par Swisstennis. Et les perspectives d’avenir ne sont pas réjouissantes (comme j’en parle dans la seconde partie à venir).

  3. Sylvie 19 juillet 2010 at 12:40

    Enfin un article d’Elmar ! Bravo pour cette épopée très détaillée du tennis helvétique vue de l’intérieur. Tu as pris ton temps pour écrire mais c’est très réussi.
    Je me souviens très bien de Hlasek et Rosset. J’aimais beaucoup le jeu du premier.

  4. MarieJo 19 juillet 2010 at 13:00

    sacrés petits suisses !
    enfin pas si petits que ça quand on lit les exploits racontés ici :)
    curieusement, mes premières impressions suisses se déroulent à bercy :
    - un rosset/santoro avec bercy comme chaudron bouillant supportant d’une seule voix fabrice qui use les grandes cannes de rosset avec ses chips et autres coups cuisinés ! rosset ne gagne pas mais le match dure 2h et quelques, c’était un poil long mais bon ;)
    - henman/federer : une des rares occasions ou je découvre le suisse, je le trouve élégant académique, mais j’ai l’étincelle pour henman, déjà j’étais pour l’autre, quelle fâcheuse habitude ! un très beau match dans mon souvenir :)

    • Elmar 19 juillet 2010 at 13:09

      Puisque tu parles de Bercy, il est à noter que Hlasek est le seul joueur à avoir participé aux 10 premièrs éditions du tournoi, ce qu’il lui avait valu une réplique miniature du trophée de la part des organisateurs. Belle preuve de régularité à haut niveau tout de même.

      Quant à Federer à Bercy, je crois que c’est le tournoi au monde dont il se fiche le plus. Même Brest semble lui tenir plus à coeur. Il n’y a jamais, jamais été bon.

    • MarieJo 19 juillet 2010 at 14:00

      le fait de rendre tous les MS obligatoires a tué l’intérêt des tournois de fin de saison, où seul qques potentiels masterisables se disputent le trophée, ou qques outsiders font leurs emplettes de trophées quand tout le monde est cramé… c’est dommage, mais on n’y peut pas grand chose pour fed, comme pour nadal, ou d’autres !
      sympa pour Hlasek, surtout que l’arbre de fanti était autrement plus beau que l’immonde sculpture que nalby, tsonga et djoko doivent se farcir sur une de leurs étagères à trophées !

  5. Le concombre masqué 19 juillet 2010 at 14:38

    Bravo Elmar, pour cet article.

    Joli travail d’investigation, et belles tournures de phrases.

    J’ai tout lu, malgré la longueur et la fome (pavés). C’est dire!

  6. Colin 19 juillet 2010 at 14:48

    Palpitant! Je me souviens très bien de la finale de la CD 92, j’étais à fond pour les Suisses ce week-end là. Par contre j’avais oublié les crachats de McEnroe sur Hlasek, tu es sûr de toi sur ce coup-là? Si c’est confirmé, je suggère fortement de rétrograder McEnroe derrière Lendl dans le classement des GOATs.

    Dommage quand même que tu ne parles pas de tennis féminin, il y avait tant à dire: Martina Hingis, Patti Schnyder, Miroslava Vavrinec… Je ne doute pas que ça sera pour le volet n°2 de la saga Helvetia :mrgreen:

    Et George Bastl, c’est aussi pour le deuxième volet?

    • Elmar 19 juillet 2010 at 14:59

      A moins que ma mémoire soit capable de créer les pires atrocités, je confirme pour les ideux crachats de McEnroe, par-dessus le filet. L’image est restée gravée dans ma mémoire.

      Pas de WTA pour le 2ème volet. Je ne mange pas de ce pain-là. Pour le reste, suspens, suspens…

      • Coach Kevinovitch 19 juillet 2010 at 17:57

        Je comprends que la WTA ne soit pas ta tasse de thé mais beaucoup de « jeunes » comme moi ont appris qu’on jouait au tennis en Suisse aussi avec Martina.

        En plus, elle a été la première suissesse (hommes et femmes confondus) dans plein de domaines notables avec quelque bons records.

        Quand on me dit tennis suisse, je pense à Federer et Hingis en premier lieu donc c’est un peu étrange que tu n’en parles pas.

        Mais d’un autre côté, ton excellent article m’a appris plein de choses sur des joueurs que je ne connaissais que de nom. Je ne pensais pas que les Suisses avaient fait tout cela dans les nineties!

        Vivement la seconde partie!

  7. karim 19 juillet 2010 at 15:59

    Putain que c’est lourd!! j’ai pas encore lu mais, ils ont vraiment fait tout ça les suisses? En plus en deux parties? Quand il s’y met c’est pas du chiqué l’ennemi Elmar!

    bon je me garde ça au chaud pour ce soir.

  8. MarieJo 19 juillet 2010 at 16:57

    elmar je viens de me rendre compte que la dernière video a été suprimée sur youtube… si tu as un autre lien je le modifirai en conséquence.

    • Elmar 19 juillet 2010 at 18:35

      J’ai vu ça. Bon, c’était un lien pour le Pete-Roger. Y en a pas mal d’autres. Par exemple celui-ci, où ils ont réussi à saucissonner tout le match, apparemment. Vais me le faire un de ces 4 :

      http://www.youtube.com/watch?v=kbGgmePjkRQ&feature=PlayList&p=C2ECFA24F21200F3&playnext_from=PL&index=0&playnext=1

      • Elmar 19 juillet 2010 at 23:34

        Dans la 2ème partie, à 5m55, on aperçoit Allegro tout jeune dans la loge de Federer. Marrant.

        Je parle pas non plus de Yves dans mon papier, mais ce type est clairement le plus grand pique-assiettes de l’histoire du tennis. Il est quand même parvenu à effectuer une carrière pro (ok, en double), à être convié dans toutes les fêtes de joueurs et à être à peu près connu par tout le monde alors que son niveau de jeu est celui d’un bon joueur d’interclubs (bon, après vérif’, il a quand même pointé au 210ème rang mondial en 2004, donc disons : un excellent joueur d’interclubs). Ca aide quand même d’être le pote d’une chèvre.

    • Robin des bois 26 juillet 2010 at 08:49

      Marrant, ce match Sampras vs roger : le suisse montait quand même un peu au filet à l’époque. Par contre, il arborait déjà son air perpétuellement renfrogné d’aujourd’hui.

  9. Guillaume 19 juillet 2010 at 18:24

    Une petite pause pour dire un mot sur ce texte que j’ai pris grand plaisir à corriger tant c’est super instructif. On relève plein d’anecdotes, peut-être encore plus dans la seconde partie, qui sont (forcément) passées inaperçues par chez nous.

    Hlasek, trop vieux pour moi, pas grand-chose à raconter, si ce n’est que quand on voit des photos il fait un peu peur. Surtout la coupe de cheveux et les joues creuses. Son père était militaire ?

    Rosset je connais déjà plus. J’aimais bien sa semi-retraite entre 2002 et 2004, où il ne jouait quasiment plus mais pouvait encore emmerder n’importe qui quand il reprenait la raquette (notamment les Français en Coupe Davis). J’aimais bien aussi sa complicité avec le jeunot Federer, comme si seule une tête à claques pouvait comprendre une autre tête à claques. J’aime bien aussi son franc-parler, quand il dit de Wawrinka : « Comment peut-on être Top 10 en ayant gagné un seul tournoi en carrière, qui plus est trois ans plus tôt ? », ou quand, revenant sur sa demi-finale de Roland : « C’est le regret de ma carrière de perdre contre Stich. Derrière, Kafel, je le tapais. Son jeu m’allait bien, je n’avais jamais perdu contre lui de toute ma carrière, et cette fois-là j’aurais encore gagné ».

    J’attends avec impatience la mise en ligne de l’opus 2 demain. Bastl, Kratochvil et Heuberger en force !

    • Elmar 19 juillet 2010 at 18:33

      Heuberger, faut pas pousser non plus! J’aurais pu vous parler de Veglio, Strambini ou même Thierry Grin, tant que vous y êtes… Mais bon, là, c’est pas 10 pages de texte que vous auriez eues…

  10. Quentin 19 juillet 2010 at 19:41

    Enfin un article d’Elmar! Il fallait bien que je sorte de mon mutisme pour féliciter mon cher ancien collège de WLT pour son excellent article!

    Très instructif, comme un certain nombre de petiots je ne connaissais que Hingis et Federer, donc c’est extrêmement enrichissant.

    J’attends avec impatience le second volet!

  11. Jeanne 19 juillet 2010 at 19:42

    Chouette, tu l’as fait ton article sur le tennis suisse, Elmar ! Et ça donne un super rösti comme on les aime par chez vous ! Bravo pour tout le boulot ! Et vivement le 2/2 en guise de Toblerone !

  12. Patricia 19 juillet 2010 at 20:56

    Un vrai festin, pas même bourratif malgré les en tête de paragraphe !
    L’obscurité clignotante des exploits helvétiques a la saveur d’un petit cru du terroir qui prépare à l’auréole du chevreau et à ses millésimes au delà du réel… Très agréable de replonger dans ce clair obscur (j’ai visionné le premier set du dernier des 10 exploits), qui fait ressentir que Rogé a bien du talent, mais que son épanouissement (sans parler de triomphe) est tout sauf acquis en cette aube de 2001… On le voit sans ses tics de mèche, sans doute assagi, mais bien plus expressif qu’ensuite, avec une posture de retour encore non ancrée ; tout ébloui et épaté quand il arrive sur le central, mais retrouvant une parfaite concentration de bon augure de goat, avec une belle détermination et de bons nerfs sur ce set, face à une légende que tout le public idôlâtre. Il ne maîtrise pas encore son slice signature, on le voit à peine – par contre à la volée, faut dire qu’il a rien gagné depuis.

    C’est émouvant, même Mirka était déjà là pour son Rogé de 19 piges, qui a encore de l’acné, et les caméra s’attardent sur la blonde du goat en titre ! Et Pete vit ce que Fed a connu il y a 5 minutes, au même âge, au même endroit, dans son sanctuaire : se faire sortir par un même pas prétendant (Pete c’était pire, première fois que Fed passait un tour dans le tournoi).

    L’article met aussi en évidence par contraste le talent de Wawrinka, en caractérisant ces styles (Rosset, Hlasek) qui ne font guère rêver au contraire de leurs parcours sympathiques et pittoresques : goat à part, Stan sort vraiment de l’ordinaire helvétique et en d’autres temps, eut fait frissonner et espérer dans les chaumières transalpines !

    • Elmar 19 juillet 2010 at 22:53

      J’ai essayé de ne pas trop parler de Roger qui est évidemment le géant cachant tous les nains suisses derrière lui.

      Mais viendra un jour où j’écrirai une chronique détaillée de la carrière de Federer. J’en ai un paquet à raconter, et dès 1998. Cette victoire contre Pete est vraiment une des pierres angulaires de sa carrière.

      Si je devais définir des épisodes, on aurait:
      1998-2001 : Roger l’adolescent talentueux qui se met en colère
      2001-2003 : Roger en pleine maturation mentale et tennistique qui rassemble les pièces de son puzzle
      2003-2006 : Roger le jeune-génie-sympa-n°1-que-tout-le-monde-aime
      2007 : Roger l’homme obsédé par la GOATitude
      2008 : Roger en déclin
      2009 : Roger, papa en rédemption
      2010-? : Roger le pré-retraité qui se fait plaisir (?)

      • Franck-V 19 juillet 2010 at 23:00

        Ce sera une chronique verboten d’accès à la guérilla, bien entendu, faudra le pass certifié « Chewbacca » pour y avoir droit.

      • Jeanne 19 juillet 2010 at 23:33

        Roger vs Andropause, le seul chapitre que la guérilla validera

      • Sylvie 20 juillet 2010 at 00:55

        Maintenant que tu as franchi le pas, on attend impatiemment la suite.

        Et la chronique détaillée de la carrière de Federer m’intéresse aussi car j’ai loupé le début et ça me plairait bien d’avoir le récit de quelqu’un qui l’a suivie depuis le commencement.

      • Coach Kevinovitch 25 juillet 2010 at 21:21

        2009 n’est pas plutôt la « consécration du veau d’or », en 2008, la bête fut blessée et ensuite elle fut (encore plus) adorée.

  13. May 19 juillet 2010 at 21:42

    Elmar cet article vraiment instructif et très plaisant à parcourir nous rappel à quelques souvenir très furtifs de Hlasek & Rosset et introduit inévitablement les prémices d’un futur géant de la discipline.
    C’est dans les petits pots (Suisse) qu’on fait les meilleures chèvres?

    Je pense qu’il y a quelques heures de boulot derrière ces quelques lignes alors encore bravo.
    Vivement la suite… pour demain à priori.

  14. karim 19 juillet 2010 at 23:13

    Le onzième exploit c’est celui d’Elmar qui arrive à rendre passionnante une histoire suisse!!

    curieusment j’ai pas mal de choses à dire sur le tennis suisse, ce soir je n’ai malheureusment pas le temps, j’ai tout consacré à la lecture de ce pavé vraiment passionnant. Mais si le second sort demain je mettrai dessus mon com sur les suisses et moi… ou sur celui-là s’il reste d’actualité.

  15. Elmar 20 juillet 2010 at 01:11

    Allez, encore une louche de ce qu’était le personnage Rosset:

    http://www.youtube.com/watch?v=GsVHv43uFRg&feature=related à partir de 3m35. C’était il y a moins de 10 ans. Comment imaginer cela aujourd’hui? Pas pour rien que ses deux meilleurs potes sur le circuit étaient Goran et Marat!

  16. MarieJo 20 juillet 2010 at 08:01

    hors sujet, mais on n’a pas encore de section mais que deviennent-ils ?
    http://twitpic.com/267dpa :D

    • Guillaume 20 juillet 2010 at 08:26

      Dire qu’il y a des gens qui l’ont pris dans leur team :lol:

    • May 20 juillet 2010 at 08:30

      Et qui s’en sont débarassé à la 1ère occas’

    • Franck-V 20 juillet 2010 at 09:36

      Vaidisova l’a pris dans sa team :-)

    • Colin 20 juillet 2010 at 11:41

      Et même en cas de blessure, elle ne peut pas s’en débarrasser, c’est son « crack » à elle

    • Guillaume 20 juillet 2010 at 11:53

      Et elle son Amérique à lui ?

  17. Le concombre masqué 20 juillet 2010 at 14:26

    Ouattaboutezetousurtou?

  18. Robin des bois 20 juillet 2010 at 15:05

    tiens, j’ai vu passer un elmar, ça faisait longtemps, je crois
    sur le fond la suisse est certainement l’un des plus grand pays du monde en matière de tennis

  19. MONTAGNE 22 juillet 2010 at 15:11

    J’ai vu Hlasek se faire battre par Mac Enroe en finale du tournoi de Lyon (en 89 je crois) après un match qu’il n’aurait jamais dû perdre. Ce jour là, à Gerland, moi le toquard de quatrième série, l’inconditionnel du grand Mac (THE GOAT), j’ai vu ce qui me semblait impossible : un joueur qui avait une plus belle volée que mon idole !!
    Si mes souvenirs sont bons, juste après la finale, ils ont joué (et perdu) ensemble la finale du double.

  20. Yaya 25 juillet 2010 at 15:12

    les deux articles sont excellents, notamment grâce à l’angle choisi. C’est bourré d’anecdotes, de faits que je ne connaissais pas.

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Commentaires récents

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis