Le plus beau tournoi du monde

By  | 18 juin 2010 | Filed under: Actualité

A peine les de­rni­ers grains de pous­sière de l’ocre parisi­en re­tombés, les yeux des amateurs de ten­nis se tour­nent déjà vers un horizon de ver­dure : le début de la très (trop ?) co­ur­te saison de gazon.

Le Queen’s, Halle, s’Her­togen­bosch, Eas­tbour­ne… autant d’étapes qui mènent au sanctuaire du plus pre­stigieux des tour­nois du Grand chelem : le vénérable tour­noi de Wimbledon. Ce de­rni­er n’est pas seule­ment le plus an­ci­en des tour­nois du Grand chelem, il est aussi le plus vieux tour­noi de l’his­toire du ten­nis.

Il fut, en effet, créé en 1877 et les fem­mes y furent ad­mises pour la première fois en 1884. Le tour­noi déménagea en 1922 pour oc­cup­er son ac­tuel site de Church Road.

Wimbledon n’est pas une com­péti­tion comme les aut­res. C’est un tour­noi à part, hors du temps, dont le maître mot est tradi­tion. Plébis­cité par les joueurs et la majorité des spec­tateurs, il re­pose sur le re­spect de règles stric­tes, ce qui le rend si spécial ou si désuet selon les sen­sibilités.

Wimbledon est le seul tour­noi pro­fes­sion­nel or­ganisé par un club, le très sélect All En­gland Lawn-tennis and Croc­ket club, dont les co­uleurs, vert et violet, sym­bolisent à elles seules l’événe­ment.

A Wimbledon, la tenue blanche est de rigueur et les mar­ques des spon­sors doivent être le moins os­tentatoires pos­sibles. La pub­licité, so shock­ing, est in­ter­dite auto­ur du ter­rain.

A Wimbledon, on fait fi du clas­se­ment ATP et ce sont les mem­bres du All En­gland club qui déter­minent les têtes de séries, sur la base d’un clas­se­ment « spécial gazon » établi en fonc­tion des résul­tats sur la sur­face au cours des trois dernières années.

On ne joue jamais le pre­mi­er di­manche du tour­noi, sous aucun prétexte, ce qui oc­casion­ne des re­tards par­fois con­séquents et des grin­ce­ments de dents dans les ves­tiaires. Car une autre des tradi­tions du tour­noi est aussi celle de son pays hôte : la pluie.

Tous les ans, le vain­queur de l’édi­tion précédente ouvre le bal sur le Centre court à 14h précises.

Quel­ques con­cess­ions ont malgré tout été faites à la moder­nité. Ainsi de­puis 2003, le duc de Kent a aboli la tradition­nelle révérence de­vant la loge royale sauf si la reine ou le prin­ce de Gal­les y sont présents. Cer­taines, comme les soeurs Wil­liams, con­tinuent pour­tant à plier le genou. Qui n’a jamais vu des légen­des du ten­nis tel­les Borg ou Sampras ou des bad boys des co­urts comme McEn­roe, Con­nors ou Safin se fendre d’une co­ur­bette face aux mem­bres de la famil­le royale ne peut saisir l’ess­ence même de ce tour­noi. Les im­ages si savoureuses des joueurs ou joueuses, tout à la joie de leur vic­toire ou à la décep­tion de leur défaite, oub­liant le tradition­nel salut et faisant marche arrière d’un air em­bar­rassé pour satis­faire au pro­tocole, re­steront dans la mémoire col­lec­tive.

De­puis 2009, le Centr­al s’est égale­ment doté d’un toit rétract­able afin de pal­li­er aux in­tempé­ries. Il est désor­mais deuxième tour­noi du Grand chelem équipé d’un toit après Mel­bour­ne.

Autre signe de chan­ge­ment, le pub­lic lon­doni­en, réputé si fair-play, s’est découvert des points com­muns avec les pub­lics du monde en­ti­er. La Mur­raymania a rélégué les clichés des gentlem­en et des lad­ies applaudis­sant de façon équit­able les deux ad­versaires, au ves­tiaire. Signe des temps ou démoc­ratisa­tion du tour­noi ?

Wimbledon est un tour­noi qui oc­cupe une place à part dans le cœur des amoureux du ten­nis d’at­taque et du service-volée. C’est le lieu où furent sacrées leurs idoles : McEn­roe, Ed­berg, Be­ck­er, Sampras et de­puis 2003 Roger Feder­er. C’est aussi un tour­noi qui per­mit à quel­ques monstres de la terre d’écrire une page de leur légende : le roi Borg et ses cinq vic­toires con­sécutives, Rafael Nadal plus récem­ment.

Il fut un temps où le tour­noi lon­doni­en était af­faire de spécialis­tes. Tous les ans, des joueurs sor­taient de l’ombre pour y brill­er le temps de la quin­zaine. Citons l’In­di­en Vijay Am­ritraj dont le nom évoque im­médiate­ment le tour­noi (17 par­ticipa­tions, dont 16 con­sécutives entre 1972 et 1987).

Wimbledon a co­uronné la plupart des grands joueurs ou joueuses de ten­nis. La liste des vain­queurs donne le tour­nis : Re­nshaw, Borot­ra, Co­chet, Perry, Em­er­son, Laver, New­combe, Borg, McEn­roe, Con­nors, Ed­berg, Be­ck­er, Sampras, Agas­si, Nadal, Feder­er… chez les hom­mes. Lengl­en, King, Smith, Goolagong, Evert, Nav­ratilova, Graf, Hin­gis, les soeurs Wil­liams… chez les dames.

Le Tem­ple man­que néan­moins au pal­marès de quel­ques grand champ­ions et cela reste comme une cicat­rice indélébile de n’avoir pu in­scrire son nom sur la coupe du Graal. Ken Rosewall, Ivan Lendl, Monica Seles ou plus récem­ment Just­ine Hénin ne par­vinrent jamais à s’im­pos­er à Londres. Le re­tour à la com­péti­tion de la Belge est prin­cipale­ment motivé par cette quête ul­time.

Wimbledon nous a of­fert parmi les plus be­lles fin­ales de l’his­toire du ten­nis tel­les Borg/McEn­roe en 1981 ou en­core les duels Be­cker­/Edberg de 1988-89-90. Les trois dernières fin­ales ne dérogèrent pas à la règle : trois matchs en cinq sets, épiques. En 2007, Feder­er égalait le re­cord de Borg. En 2008, Nadal, au bout de cinq heures de jeu et de feu, in­scrivait enfin son nom au pal­marès du tour­noi. Enfin, en 2009, de­vant un par­terre de légen­des, Feder­er re­mpor­tait son quin­zième titre du Grand chelem au bout d’un match in­croy­able d’in­tensité et de sus­pen­se.

A Wimbledon, plus qu’ail­leurs, s’écrit l’His­toire.

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178 Responses to Le plus beau tournoi du monde

  1. Ulysse 21 juin 2010 at 12:47

    Fed laisser 4 jeux à Falla au premier tour ? Non ce genre d’acharnement besogneux et infantile n’est pas pour le Maître, tu dois confondre avec quelqu’un d’autre Jeanne.

    Le Maître ne s’abaisse jamais à humilier le commun. Il le battra certes en 3 sets, mais avec componction et bienveillance 6-3 7-5 6-2 et sans auréoles aux aisselles. Il a conscience que c’est un moment historique pour le Colombien et il ne va pas le gâcher.

    • Jeanne 21 juin 2010 at 12:53

      Point ne serait besoin d’acharnement pour le Maître, ce serait surtout une incontrôlable et trop garde marge sur le Colombien la responsable de cette flagellation :lol:

      • Jeanne 21 juin 2010 at 12:56

        garde = grande

  2. Damien 21 juin 2010 at 13:43

    Puisqu’on en parlait dans les coms qui ont suivi cet article, j’ai regardé en intégralité la finale 94 entre Sampras et Ivanisevic.
    Pour ceux que ça intéressent la 1ere partie est là : http://www.youtube.com/watch?v=JBEWlOB4qDo

    A la suite de ce visionnage, il n’y a rien a faire, je n’accroche pas à ce style de match. Les 2 garçons ont du talent, c’est certain, mais je trouve que le jeu proposé est très ennuyeux. Cela ne veut pas dire que le niveau de jeu est bas, loin de là, ils sont excellents dans leur style, mais je préfère les finales de ces dernières années, qui proposent, de mon de vue, plus de variété dans le jeu.
    Si vous regardez ce match, il y a une stat qui résume bien la vitesse des échanges, qui est donnée à un moment vers la fin du 2eme set, ou le début du 3eme: depuis le début du match 1 seul point aura dépassé les 4 coups de raquette (sur 190 points de mémoire).

    D’un autre coté, je comprend que ceux qui aiment ce genre de jeu soient frustrés aujourd’hui !
    Sur ce, bon tournoi à tous.

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