Tops/flops : En attendant Wimbledon…

By  | 21 juin 2009 | Filed under: Actualité

Fabrice Santoro (photo DR)Cette semaine char­nière, quasi­ment la plus im­por­tante de­puis le début de l’année vous en con­viendrez – en témoig­ne d’ail­leurs la fas­cina­tion mâtinée de mutis­me re­spec­tueux avec laquel­le nous avons com­menté les pre­mi­ers jours des tour­nois d’Eastbour­ne et S’Her­togen­bosch – n’a comme tous les ans pas ap­porté d’éléments haute­ment sig­nificatifs quant à la conquête de la pelouse lon­donien­ne, mais a per­mis de sor­tir quel­ques affamés de l’anonymat ou de re­plong­er quel­ques aut­res dans les abîmes du doute.
Et puis bien sûr, il y eut le tirage rocam­boles­que du tab­leau mas­culin, déjà ab­on­dam­ment com­menté dans ces col­on­nes.

Les Tops :

· Be­njamin Be­ck­er, In­itiales B.B. L’autre Be­ck­er, son Be­njamin de 14 ans, n’avait pas fait parl­er de lui de­puis son seul par­cours mémor­able de l’US Open 2006 où il mit fin ir­onique­ment à l’incroy­able carrière de qui l’on sait. Comme quoi, jamais un coup de Dédé n’entravera le hasard. D’ail­leurs, ce joueur com­plet, sorte de vers­ion al­leman­de de Gros­jean (égale­ment entraîné aux Etats-Unis), en un peu plus com­plet et be­aucoup moins ful­gurant, n’a jamais tel­le­ment fait parl­er de lui. Débar­quant pénib­le­ment et pro­gres­sive­ment de la 1000ème place mon­diale, il est rentré dans le top 100 à la faveur de son périple new-yorkais… avant de mont­er jusqu’au 38ème rang puis de re­tomb­er gen­ti­ment.
Mais cette année, il re­vient telle une défer­lante passée bi­zar­re­ment in­aper­çue. Le gail­lard a enchaîné 27 vic­toires pour 4 défaites dans le monde im­pitoy­able des Chal­leng­ers, soit 5 fin­ales, toutes gagnées, sauf une cédée sur ab­an­don. C’est peu dire que le Teuton est en con­fian­ce et a sorti une semaine de gros niveau en croquant tour à tour le débon­naire Serra, le bronzé Ver­dasco, le funoc­tambule Llod­ra, l’inoxyd­able Schuettl­er et l’inat­tendu Sluit­er.

· Fab­rice San­toro, médecin malgré lui. Quand son ad­versaire du jour, Ivan Ljubicic, trébuche et se tord la chevil­le sur le gazon d’Eastbour­ne, le Français est le pre­mi­er à co­urir vers son sac pour en ramen­er des poc­hes de glace et com­menc­er à soign­er le Croate. Mieux, il filera en­suite un coup de main au kiné qui pre­nait sa place au chevet du blessé.

· Raemon Sluit­er, re­tour vers le futur. Il y a un peu plus d’un an, le tren­tenaire Néer­landais annonçait sa re­traite. Mais le démon du jeu a été le plus fort : après une re­pr­ise plutôt con­cluan­te en tour­nois Fu­tures, il a su pro­fit­er de la wild-card ob­tenue à domicile, à S’Her­togen­bosch. 866e à l’ATP, il sort suc­ces­sive­ment Daniel Gimeno-Traver, Mar­cos Baghdatis (sur ab­an­don), Dudi Sela et Ivan Navarro-Pastor : voilà l’an­ci­en N°46 mon­di­al (en 2003) en fin­ale, où il sera fin­ale­ment battu par l’Al­lemand Be­njamin Be­ck­er. Pas de quoi gâcher une belle semaine qui a décidé Raemon Sluit­er à jouer au moins jusqu’à la fin de l’année. A noter que, durant cette semaine, Sluit­er avait amené dans ses bagages un autre jeune re­traité, in­scrit en doub­le avec lui : Peter Wes­sels. En 1995, tous deux avaient re­mporté le doub­le de Roland-Garros chez les juniors.

· Ivan Navar­ro, l’ex­cep­tion cul­turel­le es­pagnole. Au fond, n’est-ce pas ir­onique de voir que l’un des de­rni­ers re­présen­tants au top-niveau du service-volée soit es­pagnol ? Ivan Navarro-Pastor ne fait pas de com­promis avec l’his­toire de son sport : service-volée sur première balle, service-volée sur secon­de balle, retour-volée sur ser­vice ad­verse. Du chip and char­ge comme on n’en voit plus guère. Cette semaine, ce ten­nis d’un autre temps lui a per­mis d’at­teindre les demi-finales à S’Her­togen­bosch.

· Rain­er Schuettl­er, le re­tour de la mort qui tue (brr…). Qu’on se le dise, les Boc­hes sont en con­fian­ce. Après une bonne per­for­mance col­lec­tive à Roland-Garros, le titre halal de Haase, par­don de Haas à Halle, celui de Be­ck­er à Bois-le-Duc, c’est Rain­er qui a re­fait parl­er de lui en ne tom­bant que face à son com­pat­riote sus­nommé.
Alors qu’il fût sorti 9 fois sur 14 au pre­mi­er tour en 2009, l’in­submer­sible grog­nard et im­prob­able demi-finaliste en titre a de nouveau démontré qu’il al­lait fal­loir se le col­tin­er. Le voir pass­er 3 tours à Wimbledon n’aurait vrai­ment rien de sur­prenant, et ça va sûre­ment être au douteux Nole de se le far­cir (Schuettler-Robredo, je suis sûr que vos babil­les en frétil­lent d’avan­ce, à vos magnétos les mecs !).

· Tamarine Tanasugarn, gazon béni. Deux ans qu’elle nous fait le coup. A la rue onze mois sur douze (ou pre­sque), la Thaï­landa­ise re­fait sur­face pour la saison de gazon, où son jeu de con­tre fait des mer­veil­les. Pour la deuxième saison con­sécutive, Tanasugarn a re­mporté le tour­noi de S’Her­togen­bosch. Pour la deuxième saison con­sécutive, elle s’y est of­fert le scalp d’une cer­taine Di­nara Safina. L’an de­rni­er, ce tour­noi avait été suivi par un quart de fin­ale à Wimbledon. Re­belote en 2009 ?

· Thomas Johansson , l’adieu aux armes. Un coup de chapeau au vétéran suédois qui vient de pre­ndre sa re­traite, à 34 ans. Mem­bre de la dernière belle généra­tion que le ten­nis Varègue ait connu (avec les Bjorkman, En­qv­ist et Nor­man), Thomas Johansson a notam­ment re­mporté l’Open d’Australie en 2002 et le Mast­er Se­ries de Montréal en 1999. Sélec­tionné à 32 re­prises en Coupe Davis, il a par­ticipé à la conquête du Saladi­er d’ar­gent en 1998. Son de­rni­er fait de gloire re­stera sa médail­le d’ar­gent en doub­le aux Jeux Olym­piques de Syd­ney, l’an de­rni­er. Seul re­gret, sa carrière aura été tron­quée par les bles­sures : al­er­te car­diaque en 1999, bles­sure à l’épaule en 2002, déchire­ment de la rétine en 2006 et fin­ale­ment op­éra­tion du pied fin 2008. Bonne route, Thomas !

Les Flops :

· Les or­ganisateurs de Wimbledon ou Les appren­tis sor­ci­ers. Evi­dem­ment, chaque méthode d’attribu­tion des têtes de série à Wimbledon sera toujours sujet­te à critiques. N’empêche que, cette année en­core, le résul­tat in­ter­pelle. Marat Safin écope d’une tête de série N°15 : lui qui n’a rien fait de mar­quant cette année est donc préservé d’une re­ncontre avec l’un des seize meil­leurs avant les huitièmes de fin­ale (en ad­mettant que Marat aille jusque-là). Rain­er Schuettl­er, N°19, ou Al­bert Mon­tanes, N°32, ne se plaindront pas non plus du traite­ment qui leur a été réservé. Au contra­ire d’un Tommy Haas, récent vain­queur à Halle et qui ne doit sa tête de série qu’au for­fait de Gaël Mon­fils.

A ainsi aimer jouer les appren­tis sor­ci­ers, les or­ganisateurs de Wimbledon s’ex­posent à de cinglants re­tours de bâton : rap­pelons que Lleyton Hewitt, tenant du titre éliminé au pre­mi­er tour en 2003 par Ivo Kar­lovic, n’aurait jamais dû affront­er le Croate. En effet, Hewitt, N°2 mon­di­al, avait été promu tête de série N°1 au détri­ment d’Andre Agas­si. Un peu plus loin de nous, on peut pens­er à Ric­hard Krajicek, snobé par les or­ganisateurs en 1996 : 13e mon­di­al mais jamais à son avan­tage sur le gazon lon­doni­en les années précéden­tes, il n’avait pas reçu de tête de série. Tant pis : il s’est vengé en gag­nant le tour­noi !

· Les ab­sents nous font du tort. Mario Ancic privé de Wimbledon pour cause d’une mono­nucléose qui fait pass­er celle du génie suis­se pour un aim­able rhume. Mar­cos Baghdatis qui n’en finit pas de scoumoun­er, cette fois aux genoux. Et bien sûr Nadal que son physique lâche pour la première fois à un mo­ment vrai­ment très in­approp­rié (pre­mi­er tenant du titre ‘out’ de­puis Safin en 2006, pre­mi­er n°1 out de­puis l’US Open 1999), en espérant que ce ne soit pas le début d’un long cal­vaire pour lui.
Soit 3 joueurs ultra-sympathiques sor­tis du tab­leau avant même d’y faire leurs armes, voilà qui lais­se comme un goût âcre dans la bouc­he.

· Mar­ion Bar­toli, seule con­tre tous. Bien sûr, Vir­ginie Raz­zano n’a pas été tendre avec elle dans le quotidi­en L’Equipe («Mar­ion est une super joueuse, elle est in­tel­ligen­te, je la re­spec­te en tant que per­son­ne mais sur le court on a l’impress­ion que tous les moyens sont bons chez elle pour gagn­er : ap­pel­er le soig­neur, pleur­er, boit­er… Je ne la re­gar­derai pas si elle prend plein de temps entre les points à faire ses mélis-mélos. Il n’y aura aucun re­spect et aucune pitié des deux côtés, ça ne veut pas dire que je ne l’aime pas. Simple­ment je ne veux pas me laiss­er déstabilis­er sur le court»). Main­tenant, était-ce vrai­ment néces­saire de re­fus­er de lui serr­er la main, alors que la Nîmoise venait pre­ndre de ses nouvel­les après son ab­an­don ? En­core une fois, Mar­ion Bar­toli donne la désagréable im­press­ion d’entretenir le con­flit avec ses com­pat­riotes. Quit­te, en ces temps dif­ficiles pour le ten­nis féminin français, à plomb­er les chan­ces des tri­colores en Fed Cup. Espérons que l’âge venant, Mar­ion réus­sira, à la manière d’un Cédric Pioline en son temps, à ouv­rir quel­que peu sa carapace…

· Amélie Maures­mo, femme pas si libérée que ça. On aurait pu pens­er que son bref pas­sage au som­met du ten­nis mon­di­al et sur­tout sa super­be vic­toire à Wimbledon l’auraient incité à relâcher la pre­ss­ion qu’elle semble se mettre en per­man­ence sur les épaules, elle dont la qualité de jeu est prin­cipale­ment liée à son lâcher-prise et à sa con­fian­ce.
Mais non, tout comme Jana Novot­na en son temps, la talen­tueuse française et quasi-dernière am­bassad­rice du re­v­ers à une main chez nos amies les fem­mes a la ténacité men­tale d’un Flam­by, ce qui lui a valu une énième décon­venue, cette fois à Eas­tbour­ne face à Marakova. 1ère man­che : breakée, elle ar­rache le tie-break, mène 6 points à 2… mais non, perdu 10-8. 2ème man­che : 4-0, puis 5-3. Oups, tie-break. C’est pas grave, 5 à 2 pour la frenchie. Ben non, ça fera 15-13. Re­mbal­lez. Allez, c’est pas grave, elle connaît. Tu vas te re­prendre à Wimby, Momo.

· Les matches truqués, quel­que chose de pour­ri au royaume du ten­nis. Alors qu’on pen­sait le dos­si­er plus ou moins en­terré, le voici qui re­ssur­git par la gran­de porte. 6 à 12 joueurs, Rus­ses, Ar­gentins, Italiens et Es­pagnols, seront sur­veillés de « très près » dixit la pre­sse (il n’y a que 4 italiens dans le tab­leau). No com­ment de la FIT ou du re­spons­able de la sec­tion « tennis-intégrité » (mon Dieu, un truc pareil ex­is­te, c’est vrai­ment le règne du politique­ment kor­rekt). De plus, on apprend que 3 matches (Koel­lerer/Her­nandez à Den Bosch, un non cité à Kitzbühel et le Li­snard/C.Roc­hus de Monte-Carlo) sont dans le col­limateur des enquêteurs pour des mouve­ments sus­pects chez les book­mak­ers. Am­bian­ce…

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Fan de Stepanek, Kjetil-Andre Aamodt et de tout autre man­ieur de raquet­te à la per­vers­ion in­ven­tive, je suis fier de re­joindre cette éminen­te com­munauté de pas­sionnés de bons mots et de bon­nes bal­les. Au fait, merci Kor­nati, il est très bien ce mot de passe !

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77 Responses to Tops/flops : En attendant Wimbledon…

  1. Bastien 25 juin 2009 at 05:08

    Tiens, personne n’a remarqué que le Almagro/Monaco s’était vu devancer par le Hanescu/Navarro : 251 minutes vs 238, malgré son nombre global de point inférieur.

    C’est cette sangsue de Simon sans Garfunkel qui a encore les nouilles bordées de postérieur… tous ses adversaires potentiels se sont déjà tapés au moins un 5 set. Je le vois bien se faire atomiser en huitième du coup.

    Quant à Federer, il doit être ravi de voir ses adversaires s’épuiser autour de lui. Il a joué 55 jeux, alors que Kohlschreiber en est déjà à 81, Almagro à 116 (!), Soderling à 85.

    Dans sa moitié, les seuls qui s’en tirent vraiment bien sont Tsonga grâce au forfait de Bolleli et Haas grâce à l’abandon de Llodra.

    Fish va être à surveiller : un Fish-Haas en quart ne serait pas pour me déplaire

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