De son premier titre du Grand Chelem, décroché à Wimbledon, Andre Agassi dit : « C’était tellement beau que je pouvais arrêter de jouer au tennis. » A propos de son triomphe à Roland-Garros, sept ans plus tard, il lâche au contraire : « C’était tellement beau que je pouvais continuer à jouer au tennis. »
Roger Federer peut maintenant saisir toutes les nuances sous-entendues par les paroles de l’Américain. D’ailleurs, quoi de plus normal finalement que ce soit Andre qui remette la Coupe des Mousquetaires à celui qui le rejoint aujourd’hui dans le club très fermé des vainqueurs des quatre tournois du Grand Chelem ? Entre deux hommes qui s’estiment et se sont souvent affrontés en tant que joueurs, la joie et l’émotion étaient palpables ce dimanche…
On ne pourra évidemment que remarquer ce que leurs parcours ont pu avoir de similaires, à dix ans d’intervalle. Pour l’Américain comme pour le Suisse, on n’y croyait plus trop. Trop d’occasions envolées par le passé. D’autant que l’un comme l’autre avaient été loin d’impressionner lors de leurs premiers matchs. Pourtant, tour après tour, ils ont franchi les obstacles. Laborieusement. Pour Federer, jamais même on ne l’avait autant vu à la peine en Grand Chelem : on lui reprochait auparavant de ne gagner que sur son seul talent ? Il aura prouvé que, quand son tennis est en berne, il sait se sortir les tripes.
Cette semaine, le plus dur fut peut-être fait quand il survécut aux Trois glorieuses de la Porte d’Auteuil. Trois journées complètement folles : alors que Novak Djokovic puis Rafael Nadal disparaissaient à la surprise générale, Roger Federer s’en sortait de justesse face à Tommy Haas. Fallait-il y voir un signe ? En tout cas, la route vers la finale s’ouvrait : Gaël Monfils maîtrisé en douceur, Juan Martin Del Potro devenu soudain trop tendre à l’entame du cinquième set, le Suisse n’avait plus qu’à battre le tombeur de Rafael Nadal : Robin Soderling.
Gourmand et gourmet conviés à la table
Chose qu’il s’acharna à faire comme à ses plus belles heures, le maître récitant une leçon qu’il affectionne : prendre d’entrée son adversaire à la gorge, lui coller un set dans la vue en 23 minutes, et toujours mettre la pression en étant intransigeant sur sa propre mise en jeu. Pour cela, une arme fatale chez ce Federer-là : le service. Seize aces, autant de services gagnants, et une faculté retrouvée à serrer le jeu dans les moments-clés. A titre d’exemple, le tie-break du second set ne fut pas sans évoquer certains numéros de soliste effectués par le Suisse contre Lleyton Hewitt (US Open 2004) ou contre un certain… André Agassi (US Open 2005). Quatre aces sur ses quatre points de service, et quelques éclairs sortis de sa raquette en relance. Le plus dur était fait.
Le bras trembla pourtant au moment de conclure. Un peu. Mirka priait, les spectateurs avaient le doigt crispé sur leurs appareils photos et Federer servait pour le match, déjà prêt à pleurer. Quand le retour de Soderling échoua dans le filet, il tomba à genoux et laissa les larmes couler. Puis, devant les micros des journalistes, il expliqua que, après cette victoire, il pouvait maintenant « recommencer à jouer au tennis sans pression ».
Et en effet, qu’a-t-il encore à prouver ? Avec ce titre parisien, il égale le nombre de victoires en Grand Chelem de Pete Sampras, y adjoignant la diversité du palmarès d’Andre Agassi. Le gourmand et le gourmet se trouvent ainsi réunis dans la raquette du Suisse. Ses devanciers (Sampras, Agassi, McEnroe, Becker) l’ont tous adoubé depuis longtemps comme le meilleur d’entre eux. Objectivement, quel joueur de l’époque moderne peut encore lui contester ce titre ?
Alors maintenant, Roger Federer, qui s’était sans doute trop égaré dans sa quête aux records depuis 2007, va pouvoir retrouver le simple plaisir de jouer. Et là, à l’image de la dernière partie de carrière d’Andre Agassi, s’il met de côté la pression pour ne conserver que l’ambition, il n’en sera que plus redoutable…
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Bon OK. C’est vrai qu’on risque à tout momoent la redondance.
moment
Exactement, c’est comme si on avait du mal à reprendre son souffle après cette quinzaine totalement folle. Perso, je suis juste très content, avec l’impression que les choses reprennent leur place « naturelle ». Du coup, je reste sans voix. Tout ça va méchamment rebondir dans quelques temps, sur le gazon londonien…
Salut la compagnie!!!! Petit post d’encouragement pour votre super idée de site, spécial thanks to Guillaume et Karim, les deux monstres sacrés du tennis d’antan…Bon outre la victoire de Roger qui me satisfait c’est pour l’être humain que je suis heureux, un chic type et son attitude exemplaire lors des JO de Pékin m’avait bluffé…A bientôt pour manger de l’herbe!
Lord Mad… Martigan? Jure!!!
Le seul, l’unique : Lord Mad himself!!!!lol Maître Yoda…
Alors si ça c’est pas une putain d’apparition qui va reléguer le fameux retour de Jésus attendu depuis 2000 ans au rang d’événement de foire ou d’happening à la fête de l’huma!!!!!! Huuuuuge, énorme!!!!
MDR Karim toujours aussi lyrique!!! çà fait plaisir de te retrouver!!!
Y’a un barge (français pour l’anecdote) qui a battu le record du monde en apnée statique, il est resté 11’35″ ou quelque chose comme ça. Il s’est entraîné six mois à raison de 30hrs par semaine et mettra… deux mois à récupérer de sa perf!!! Frazier a passé deux semaines à l’hosto après sa première victoire comme Ali. Je me demande si on sait vraiment nous les terriens à quel point ces sportifs sont dédiés à leur performance. Plus que l’exploit physique, je pense que c’est le mental qui nous sépare simples mortels des champions.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais finalement pour moi le flop de l’année so far c’est Verdasco. Il n’a tenu aucune des promesses placées en lui. Il continue à se liquéfier contre les meilleurs. Se pourrait-il que son 1/4 contre Nadal reste à jamais le sommet de sa carrière? J’espère que non. Il a battu Murray en Australie mais pour moi la murène n’est pas encore l’alpha et l’omega en GC, loin s’en faut.
Dans le genre flop : Gilles Simon est pas mal aussi, à foirer chaque match important…
Gilles Simon est clairement surcoté avec un jeu qui est maintenant connu et dont les déficiences techniques apparaissent cruellement cette année, même son intelligence est indéniable. C’est un top/flop
on est tous sous le choc c’est tellement bon une victoire de Fed, c’est un silence de ferveur, comment dire ? les mots sont insuffisants !
http://www.youtube.com/watch?v=sGC0DHVP3Ww
Mort de rire. ça me rappelle une autre pub, tournée par Andy Roddick en 2003. Simplement hilarant.
http://www.youtube.com/watch?v=CLrNh0is8Sk
Excellente la video de Fed avec ses trophées !!! Malgré tout, je l’ai vue sans le son… Mais les images parlent d’elles-mêmes.
Celle de Roddick, je l’avais déjà vue… Et puis si on compare les palmarès des deux joueurs, la video de Roddick a tout de même moins de saveur… Si Roddik doit être assomé avec UNE coupe, alors Fed est déjà mort, le crane atomisé, la cervelle en bouille totale !!!
CF quand Al Capone (Robert de Niro) explose la tête d’un de ses traitres à la batte de base ball, dans Les Inccoruptibles, de De Palma…
Qu’est ce qui pourrait encore motiver Federer à jouer au-dela des 15…?
Peut-etre dépasser le record de semaines totales comme numero un…? Mais je crois que ce qui le motive vraiment, ce sont les grands chelems. Donc… le grand chelem, la meme année? SI il voit ce challenge comme possible c’est vraiment ca qui le motiverait et qui lui reste, si il gagne Wimbledon motive par cette victoire plus lenvie de reconquerir son titre, derriere l’US Open ou il peut faire le record des 6 fois de suite + empecher Nadal de faire le grand chelem a son tour. Dans ce cas la, il aurait encore un autre petit chelem et le grand chelem l’annee suivante, meme si terriblement difficile, serait un defi de nature à le mettre en appétit…?