Le sommet des dieux

By  | 31 août 2022 | Filed under: Histoire, Légendes

Apéro australi­en

Au cours de mes années al­sacien­nes (1998-2001), je n’ai pas la télé dans ma hutte d’étudiant, et en ce mois de jan­vi­er 2000 je sors d’une année quasi­ment vier­ge en ter­mes de suivi du ten­nis à la télévis­ion. Le seul événe­ment que j’ai suivi en di­rect est la fin­ale de la Coupe Davis entre la Fran­ce et l’Australie. Je ne vis alors le ten­nis que par pre­sse in­ter­posée. Je n’ai pas vu Agas­si re­mport­er Roland ou s’inclin­er en fin­ale de Wimbledon face à un Sampras monstrueux. Je n’ai pas vu le Kid gagn­er l’US en l’abs­ence de son rival blessé et finir n°1 mon­di­al. Mes collègues m’ont juste mur­muré qu’Agas­si est de re­tour à son meil­leur niveau et que Sampras, bien que (désor­mais) n°3 mon­di­al, n’a jamais aussi bien joué qu’au cours du semestre précédent. En ce jeudi matin de jan­vi­er, je m’autor­ise une sess­ion buis­sonniè­re pour re­joindre mes co­pains du ten­nis, avec la pro­vis­ion de bière et de cacahuè­tes. Con­for­table­ment in­stallés dans un canapé, nous as­sis­tons à ce qui nous semble alors être le plus fabuleux des duels entre Sampras et Agas­si… et cette im­press­ion ne s’est pas dis­sip­ée 22 ans après.

Sampras-Agassi

Un voile de brumes

Pour­quoi donc, alors qu’en ter­mes de qualité de ten­nis il sur­pas­se tous les aut­res, cet opus de l’Australian Open 2000 n’est-il pas perçu comme le plus beau de leurs affron­te­ments dans l’imaginaire col­lec­tif ? Et plus précisément, pour­quoi est-il à ce point éclipsé par le duel qu’ils ont livré 19 mois plus tard à l’US Open ?

Pour des raisons extra-tennistiques, et qui tien­nent, d’une part à l’ex­posi­tion médiatique par­ticuliè­re de leurs duels sur leur sol à Flush­ing Meadows, et d’autre part à la per­son­nalité com­plexe d’Andre Agas­si et à sa per­cep­tion par le grand pub­lic.

On ne s’étendra pas sur le pre­mi­er point : le pub­lic new-yorkais ayant son duel entre ses deux champ­ions a montré une pass­ion évidem­ment plus prégnan­te que le pub­lic australi­en. Et cette pass­ion était d’autant plus forte que les médias américains faisaient mont­er la sauce, jusqu’à l’exagéra­tion par­fois, en con­sidérant tous leurs op­posants comme de sim­ples éléments de décor.

Je suis tombé, sur Youtube, sur une série de rétros­pectives de l’US Open pour les années 1992, 1993 et 1994. Là où 92 et 93 font l’objet de vérit­ables comptes-rendus de l’en­semble de la quin­zaine, 94 n’est abordé que sous l’angle du par­cours d’Agas­si. An­ec­dote sig­nificative de l’écrin médiatique dont le Kid aura bénéficié (ou qu’il aura subi, c’est selon) tout au long de sa carrière, et sin­guliè­re­ment dans son pays.

Pail­lettes mises à part, le match le plus chargé d’en­jeux de toute leur rivalité re­stera sans doute la fin­ale de l’US Open 1995. Bien que décevan­te sur le plan ten­nistique, cette re­ncontre al­lait con­sacr­er le meil­leur joueur de la saison 1995, entre deux champ­ions qui s’y affron­taient pour la cin­quiè­me fois de l’année, toujours en fin­ale, et qui avaient chacun un grand titre dans la be­sace. On ferait dif­ficile­ment plus légitime comme juge de paix…

Sampras et les aut­res

Mathématique­ment, le règne de Pete Sampras com­m­ence en avril 1993 pour s’ac­hev­er définitive­ment en novembre 2000. Sur cette période, les joueurs l’ayant délogé de sa place de n°1 mon­di­al sont, dans l’ordre chronologique, Jim Co­uri­er, Andre Agas­si, Thomas Must­er, Mar­celo Rios, Car­los Moya, Iev­gueni Kafel­nikov, Pat­rick Raft­er et Marat Safin.

Pas­sons rapide­ment sur la période 1998-2000, au cours de laquel­le le trône de Sampras a été de plus en plus vacil­lant, période hélas dépour­vue de matchs chargés de grands en­jeux pour le trône. On relèvera le gros cail­lou dans la chaus­sure qu’a été Pat Raft­er… en août 1998, l’em­portant à Cin­cinnati et sur­tout en demi-finale de l’US Open. Et on rap­pellera que pour Marat Safin, de neuf ans le cadet de Pete, la fin­ale de l’US Open 2000 a les attributs d’une pas­sa­tion de pouvoir, tant l’Américain était dépassé en vites­se ce jour-là.

Men­tion­nons Thomas Must­er, ogre de la terre bat­tue entre 1995 et 1996, ne serait-ce que pour rap­pel­er que sa trajec­toire s’est faite pre­sque en para­llèle à cel­les d’Agas­si et Sampras à ce moment-là, l’Aut­richi­en glanant l’es­sentiel de ses points sur une terre bat­tue boudée par les deux Américains, alors que ceux-ci s’affron­taient sans cesse sur le dur américain et les sur­faces in­door. Rap­pelons toutefois que Thomas s’est réel­le­ment positionné dans la co­ur­se à la place de n°1 mon­di­al en re­mpor­tant le Mast­ers 1000 d’Essen en oc­tob­re 1995, bat­tant au pas­sage un cer­tain Sampras en demi-finale, 7/6 6/2. Et re­gret­tons pour finir la demi-finale de Roland Gar­ros 1995 qui n’a pas existé, celle qui aurait dû op­pos­er Must­er à Agas­si, la bles­sure du Kid en quarts con­tre Kafel­nikov ayant privé Paris d’un choc qui s’annonçait plus que pro­met­teur.

Une fois mis de côté les n°1 de cir­constan­ce et les suc­ces­seurs de Sampras, qui ont pris le pouvoir alors que le Califor­ni­en voyait ses for­ces s’amenuis­er, il ne reste que deux champ­ions poten­tiel­le­ment rivaux pour Pete : Jim Co­uri­er et Andre Agas­si. Sans pour autant que leurs places re­spec­tives dans la carrière de Sampras soient iden­tiques. Bien au contra­ire.

Co­uri­er

Le bûcheron de Dade City n’est rien de moins que le n°1 mon­di­al auquel s’at­taque Pete Sampras, en 1993, pour en­tam­er sa lon­gue période de domina­tion. L’ac­cess­ion au trône du Califor­ni­en, le 12 avril 1993, était dans l’air de­puis de longs mois et une cer­taine demi-finale de l’US Open 1992 qui les avait opposés. Malgré un coup de pompe physique durant le match, Pete éclabous­se Flush­ing de toute sa clas­se pour bout­er hors du tour­noi le n°1 mon­di­al, auquel il pose be­aucoup de problèmes, et dont il est alors sur le point… de pre­ndre la place à l’or­dinateur. Be­aucoup ont oublié ce détail, mais lorsque Sampras et Ed­berg en­ta­ment leur duel en fin­ale de l’US Open 1992, la place de n°1 mon­di­al est pro­m­ise au vain­queur. Ce sera une récupéra­tion de trône pour Ed­berg, mais c’eût été une première pour Sampras. Auteur d’un été de feu marqué par des tit­res à Kitzbühel, Cin­cinnati et In­dianapolis, Pete s’arrête à une poignée de points du trône en même temps qu’il se découv­re une haine viscérale pour la défaite. Il fin­ira l’année au second rang mon­di­al, reléguant, définitive­ment, Ed­berg à la troisiè­me place. Il faud­ra quat­re tit­res sup­plémen­taires au Califor­ni­en, début 1993, pour accéder enfin au trône. Ce qui al­imen­tera la rancœur de Jim Co­uri­er, qui vient de con­serv­er avec auto­rité sa co­uron­ne à l’Open d’Australie et reste le pat­ron dans be­aucoup de têtes. Tout le monde at­tend LE duel qui les mettra d’ac­cord.

Pete et Jim, c’est déjà une vieil­le his­toire. Amis plus que rivaux dans leur jeunes­se, ils ont par­fois joué le doub­le en­semble et par­tagé la même chambre, s’avérant bien meil­leurs qu’ils ne l’imaginaient à l’époque. C’est Jim, alors pen­sion­naire de l’académie de Nick Bol­lettieri, qui à l’été 1989 présenta Pete à un en­traineur ex­péri­menté, an­ci­en joueur des années 60, Joe Bran­di. L’as­socia­tion por­tera ses fruits dès l’US Open 1990.

Au tour­nant de deux décenn­ies, néan­moins, les deux amis découv­rent avec effroi qu’ils sont, de plus en plus, des rivaux, et que la pro­ximité ne peut être la même. Chacun dans son co­uloir, et chacun à son rythme, ils se his­sent vers les som­mets du clas­se­ment ; et si Pete dégaine le pre­mi­er en Grand Chelem, c’est Jim qui s’in­vite le pre­mi­er dans la lutte pour le trône que se dis­putent alors Be­ck­er et Ed­berg. C’est Jim qui écarte sans ménage­ment Pete en quarts de fin­ale de l’US Open 1991, pour at­teindre en­suite la fin­ale. C’est Jim, quel­ques mois plus tard, qui de­vient le pre­mi­er n°1 mon­di­al de la bande, peu après son tri­omphe à l’Open d’Australie, af­fichant une ex­cep­tion­nelle résis­tance à la pre­ss­ion. Et c’est en­core Jim qui con­ser­ve sans sour­cill­er ses deux tit­res du Grand Chelem ac­quis, à Paris en 1992 puis à Mel­bour­ne en 1993.

En ce mois d’avril 1993, il est dif­ficile de con­test­er à Sampras sa légitimité mathématique, mais il est tout aussi dif­ficile de con­test­er à Co­uri­er son statut de meil­leur joueur du monde. Il est temps pour nos duet­tistes de régler ça sur le ter­rain. Ce ne sera pas à Roland Gar­ros, où l’un et l’autre s’inclinent face à Sergi Bruguera, qui dépossède au pas­sage Jim de l’une de ses deux co­uron­nes majeures. Ce sera donc à Wimbledon.

Cette fin­ale n’al­lait pas forcément de soi au départ. Sur gazon, Pete n’a pour lui que la demi-finale de l’année précédente, où il s’était frustré de­vant le déluge d’aces que Goran Ivanisevic avait fait pleuvoir sur lui. Quant à Jim, son meil­leur résul­tat était un quart en 1991 ; n°1 mon­di­al en 1992, il avait trébuché au troisiè­me tour face à l’obscur Andreï Ol­hovskiy. Et sa nette vic­toire en demi-finale face à Ed­berg est une vraie sur­pr­ise, tant la sur­face ap­parais­sait favor­able à l’at­taquant suédois.

Outre le rap­port de for­ces sym­bolique entre les deux joueurs, l’enjeu de cette fin­ale de Wimbledon 1993 sera, comme espéré et at­tendu, la place de n°1 mon­di­al. Et si les deux hom­mes con­tinuent de se re­spect­er, ils sont désor­mais rivaux avant tout. Le duel sera d’autant plus mag­nifique que la quin­zaine lon­donien­ne aura été épargnée par la pluie, re­ndant le re­bond plus haut que d’habitude et favorisant le re­lan­ceur et les échan­ges. La vic­toire de Sampras n’en sera que plus légitime.

Ce match con­stitue une rup­ture majeure dans la carrière de Jim Co­uri­er. Alors qu’il vient de dis­put­er sept fin­ales en Grand Chelem sur dix pos­sibles entre juin 1991 et juil­let 1993, il n’en dis­putera plus aucune. Jim vient de com­prendre que Pete est en train de le dépass­er ; pour le n°1 mon­di­al qu’il était il y a peu, le con­stat est dur à en­caiss­er. Sa vic­toire à In­dianapolis au cours de l’été, qui le ramène à la première place mon­diale, est un trompe-l’œil : il décline rapide­ment, au point de sor­tir du Top Ten en 1994. Il connaîtra un net re­gain de forme en 1995, sans pour autant par­venir à menac­er les duet­tistes Sampras et Agas­si qui se par­tagent alors tous les grands tit­res – nous y re­viendrons.

Monstre de sol­idité men­tale, Jim Co­uri­er ne fut sûre­ment pas le n°1 mon­di­al le plus facile à déboulonn­er. Mais c’est précisément sur le plan ment­al qu’il va s’effrit­er, per­dant désor­mais be­aucoup de matchs sur quel­ques détails, ceux-là mêmes qu’il re­mpor­tait lorsqu’il était le pat­ron du ten­nis. Un rival, Jim, pour Pete Sampras ? Oui, le temps pour ce de­rni­er de s’em­par­er du trône et de battre son rival à la régulière à Wimbledon. Mais sur la durée du règne de Pete, Jim n’ap­paraît qu’au début.

Agas­si

Mais après tout, Sampras ayant été l’in­contest­able champ­ion de son époque, pour­quoi donc serait-il à tout prix néces­saire de lui ac­col­er un rival ? Pour des raisons de storytell­ing, sans doute. Pour l’attrac­tion naturel­le que con­stituait Andre Agas­si pour les médias, c’est une évid­ence. Pour le sur­croît d’at­ten­tion que les médias américains – toujours en avan­ce d’une guer­re sur le mar­ket­ing – ont ac­cordée à un duel 100% US, c’est une réalité. Mais il serait réduc­teur de re­streindre les re­ssorts d’une rivalité à ses as­pects extra-sportifs.

Je dois l’un de mes plus grands chocs ten­nistiques au vision­nage en di­rect du quart de fin­ale de Bercy en 1994 qui a opposé Pete Sampras à Andre Agas­si. Le spec­tacle était total, entre deux champ­ions à 100% de leurs moyens physiques et tech­niques et dont les jeux s’imbriquaient à mer­veil­le. Je découv­rais le « nouvel Agas­si », que je n’avais jamais vu aussi réguli­er en fond de court, ni aussi patient, ni aussi con­sis­tant.

Et ce fut le début d’une période qui dura un peu moins d’un an, marquée par une série de duels entre Sampras et Agas­si, période cer­tes re­strein­te dans la décen­nie 90 mais qui semble la résumer :

  • Bercy 1994, quart de fin­ale : Agas­si 7/6 7/5
  • Mast­ers 1994, demi-finale : Sampras 4/6 7/6 6/3
  • Open d’Australie 1995, fin­ale : Agas­si 4/6 6/1 7/6 6/4
  • In­dian Wells 1995, fin­ale : Sampras 7/5 6/3 7/5
  • Miami 1995, fin­ale : Agas­si 3/6 6/2 7/6
  • Montréal 1995, fin­ale : Agas­si 3/6 6/2 6/3
  • US Open 1995, fin­ale : Sampras 6/4 6/3 4/6 7/5

Précisons qu’Agas­si émar­geait au 7e rang mon­di­al à l’ouver­ture de Bercy en 1994, et qu’au Mast­ers 1994 la vic­toire de Be­ck­er sur Sampras en poule précipita ce de­rni­er vers une demi-finale face à Agas­si. Par la suite, en 1995, Sampras et Agas­si ne se sont affrontés qu’en fin­ale.

En en­globant les Super 9 (les Mast­ers 1000 de l’époque) dans les rendez-vous im­por­tants, hors terre bat­tue, seuls deux des neuf tour­nois de cette période ne débouchèrent pas sur une fin­ale (ou à défaut une con­fron­ta­tion, fin 1994) entre les deux duet­tistes : Wimbledon 1995, où Be­ck­er vint à bout d’Agas­si en demi-finale, et Cin­cinnati 1995, où Sampras s’inclina en quarts con­tre Mic­hael Stich. En amont dans l’ère Open, on ne retro­uve pas la trace d’une rivalité aussi in­ten­se sur une année. Et en 2006, lorsque Feder­er et Nadal ont com­mencé à se retro­uv­er systématique­ment le de­rni­er di­manche, les ob­ser­vateurs firent im­médiate­ment référence à cette période de 1994-1995 ; il va de soi qu’en 2006, per­son­ne n’imaginait qu’on en aurait pour be­aucoup plus longtemps avec les Fedal… La rivalité entre Sampras et Agas­si, qui a évidem­ment connu des éclip­ses, n’en a pas moins été d’une in­ten­sité ex­cep­tion­nelle, et alors inédite, pen­dant 10 mois. Cette seule réalité, même décon­nectée de la deuxième époque dorée de leurs affron­te­ments (à par­tir de 1999), dis­tin­guera Agas­si comme le prin­cip­al rival de Sampras. Sur cette période, Pete a eu un vrai op­posant, qui dis­putait peu ou prou les mêmes tour­nois que lui, qui le retro­uvait en fin­ale pre­sque à chaque fois et qui ne l’em­portait pas qu’oc­casion­nelle­ment.

La bas­cule

Telle était la situa­tion, le 10 sep­tembre 1995, lorsque, visages ten­dus, Pete et Andre pénétrèrent sur le stadium Louis Armstrong. Chacun détenait alors un titre du Grand Chelem en 1995, et l’US Open al­lait les dépar­tag­er. Cette fin­ale était espérée par le pub­lic américain, mais aussi par be­aucoup de fans de ten­nis du monde en­ti­er. Rare­ment, dans l’ère Open, un match aura ras­semblé autant d’en­jeux.

Parmi ces en­jeux, le seul man­quant à l’appel était la place de n°1 mon­di­al, qui re­sterait quoi qu’il ar­rive la pro­priété d’Agas­si quand les deux hom­mes ir­aient se co­uch­er ce soir-là. Le Kid était le tenant du titre, et sor­tait d’un été im­maculé au cours duquel il avait re­mporté quat­re tour­nois d’affilée ; il avait re­mporté leur match le plus im­por­tant, à Mel­bour­ne ; en extérieur, Sampras ne l’avait battu que dans les con­di­tions très ven­teuses d’In­dian Wells. A bien des égards, il était donc légitime de faire d’Agas­si le favori de cette fin­ale.

On connaît la suite… ou pas. L’autobiog­raphie étant un genre sujet à cau­tion, le re­gard de l’auteur doit être pris pour ce qu’il est, le re­gard de celui qui ne livre au grand pub­lic que ce qu’il veut bien lui li­vr­er. Quel­ques éléments me gênent un peu dans la vers­ion d’Agas­si à pro­pos de ce match.

Il décrit cette défaite comme un grand tour­nant négatif dans sa carrière. Mais il détail­le égale­ment sa bles­sure au pec­tor­al du di­manche matin. Si cette bles­sure est réelle, il y a évidem­ment quel­que chose de frustrant, de rageant, d’in­support­able, à ne pas pouvoir se présent­er à 100% de ses moyens pour un match aussi im­por­tant. Mais si cette bles­sure au pec­tor­al était la cause de son match assez moyen voire terne, il n’y a pas là de quoi ex­plos­er en vol comme il l’a fait, il y a juste à raval­er sa décep­tion, à con­stat­er l’évid­ence – il ne peut battre Sampras en étant di­minué – et à donn­er rendez-vous à Pete pour la pro­chaine échéance. Pour qu’une fêlure psyc­hologique soit aussi pro­fon­de qu’elle ne l’a été pour Andre au soir de ce match, il faut autre chose qu’une bles­sure.

Agas­si, à ce moment-là, a in­tériorisé l’idée que Pete était un meil­leur joueur que lui. Jamais, s’il n’avait été que blessé et di­minué, il n’aurait fait ce con­stat.

Il y a pour­tant bien des cir­constan­ces atténuan­tes au ratage du Kid ce jour-là :

  • Vain­queur de quat­re tour­nois d’affilée, aux­quels s’ajoutent les six matchs jusqu’à cette fin­ale de l’US Open, Agas­si avait connu un été très chargé. L’hypothèse de la fatigue physique est plausib­le.
  • Le par­cours pas si sim­ple d’Andre au cours du tour­noi. Avec notam­ment un Cor­ret­ja qui le pous­se au cinq sets au deuxième tour, puis deux matchs en quat­re sets ten­dus, en quarts et en demis.
  • La fixet­te sur Boris Be­ck­er, qui (selon son auto­biog­raphie) était dans le viseur d’Agas­si de­puis le début de l’été. En le li­sant, on com­prend que le mo­ment vire à l’ob­sess­ion pour Andre, qui ne rêve que de pre­ndre sa re­vanche de Wimbledon et de lui faire payer ses déclara­tions. En y par­venant non sans mal, Andre n’a-t-il pas laissé trop d’influx ner­veux, et du coup peiné à se re­mobilis­er pour le match suivant ?
  • La pre­ss­ion inhérente à la posi­tion de tenant du titre et de favori des book­mak­ers.

Autant de dif­ficultés que n’avait pas, ce jour-là, un Sampras plus frais et qui a mieux géré la pre­ss­ion inédite de ce match. Aussi chargés soient les en­jeux de cette fin­ale, il n’y avait aucune raison qu’elle soit davan­tage qu’un épisode, cer­tes im­por­tant, dans le duel au som­met que se li­vraient les deux hom­mes de­puis de longs mois. Re­mportée par Agas­si, elle aurait définitive­ment con­sacré ce de­rni­er comme le meil­leur joueur du monde. Aux yeux de be­aucoup, la vic­toire de Sampras, sur le mo­ment, n’a fait que re­battre les car­tes et re­lanc­er l’in­certitude quant à la suite des événe­ments.

L’explos­ion en plein vol

Sauf que les pla­ies ouver­tes dans le ment­al du Kid par le dénoue­ment de ce match ont com­mencé à sup­pur­er, et ont mis fin de facto à la saison 1 des gran­des manœuvres entre Sampras et Agas­si. La rivalité entre les deux hom­mes a une spécificité par rap­port aux aut­res dans l’his­toire du ten­nis, à savoir l’asymétrie dans le re­gard que chacun des deux posait sur l’autre.

Que des ques­tions men­tales vien­nent para­sit­er l’esprit d’un champ­ion s’apprêtant à affront­er un ad­versaire dif­ficile pour lui, c’est vieux comme le ten­nis. Pete savait que battre Andre était dif­ficile, qu’il de­vait se donn­er à 100% pour y par­venir et que ça ne suf­firait peut-être pas. Mais à la suite d’une défaite face à Andre, Pete re­gar­dait simple­ment, et posément, ce qui lui avait manqué pour l’em­port­er, avant de pass­er au match suivant. Sans se préoc­cup­er outre mesure du pro­chain match face au Kid, qui ar­riverait tôt ou tard et sur lequel il con­viendrait de se pench­er le mo­ment venu. Ce qui man­quait à Pete quand il per­dait con­tre Andre était d’ail­leurs souvent facile à iden­tifi­er : son pour­centage de premières bal­les était en général trop faib­le.

Rien de tel chez Agas­si, qui a vécu ses défaites face à Sampras comme autant de flèches dans le cœur. Open, pour le coup, est assez éloquent sur le décalage pro­fond entre le re­ssen­ti d’Andre Agas­si tout au long de sa carrière et ce qu’il nous a donné à voir sur le ter­rain. Dans son paysage ment­al étriqué, où son père avait fait en sorte qu’il n’y ait rien d’autre que le ten­nis comme sacer­doce et la place de n°1 mon­di­al comme ob­jec­tif, l’idée qu’un ob­stac­le majeur pour­rait se dress­er entre Andre et cet ob­jec­tif n’exis­tait ab­solu­ment pas. Lorsque cet ob­stac­le, en la per­son­ne de Pete Sampras, se matérialisa sous ses yeux ce jour-là, ce fut une révéla­tion im­pos­sible à en­caiss­er. 14 ans plus tard lorsqu’il s’at­tablera à Open, la plaie sera en­core béante.

En s’en­tourant de Gil Reyes puis de Brad Gil­bert, Andre Agas­si avait le sen­ti­ment d’avoir enfin toutes, ab­solu­ment toutes les car­tes en main pour de­venir le meil­leur joueur du monde. L’une des phrases les plus im­por­tantes d’Open, c’est l’en­courage­ment de Brad au début de leur col­labora­tion en 1994, où il prévient Andre que tirer la quin­tess­ence de son poten­tiel va lui pre­ndre quel­ques mois, qu’il es­suiera des défaites, mais qu’à un mo­ment il sen­tira un déclic dans son jeu, cette capacité à jouer le bon coup au bon mo­ment. Et Brad de con­clure que dès lors que ce déclic ar­rivera, il n’y aura plus aucune raison pour qu’Andre ne de­vien­ne pas le n°1 mon­di­al. Le point im­por­tant dans cet échan­ge, c’est que Brad ne parle à Andre que de la place de n°1 mon­di­al, alors qu’Andre n’a en tête que de dépass­er Pete Sampras ; la nuan­ce est de tail­le. Et Brad avait pre­sque raison, il lui man­quait juste la dernière pièce du puzzle, celle qui n’ap­partenait qu’à Andre : cette fixa­tion sur Sampras.

Lorsqu’Andre Agas­si re­ntre sur le court ce 10 sep­tembre 1995, il surfe de­puis de longs mois sur une vague quasi-ininterrompue de succès. Il n’a jamais été aussi fort, aussi en forme, aussi dis­cip­liné, aussi con­centré sur son sujet, aussi bien en­touré. Cette défaite, il la voit comme la démonstra­tion que, bien qu’il ait mis toutes les chan­ces de son côté, Pete est au-dessus de lui, et donc que tous ces ef­forts auront été vains. La chute en sera d’autant plus brutale.

Les vac­hes maig­res

La période 1996-1998 ap­paraît comme terne du point de vue de la lutte pour le trône mon­di­al. La faute à Andre Agas­si, sûre­ment, qui en­tame une dégrin­golade vers les abîmes du clas­se­ment. La faute aussi à une con­curr­ence pas au niveau.

Boris Be­ck­er re­mpor­te un de­rni­er grand titre à Mel­bour­ne en 1996, et livre à Sampras la plus furieuse des op­posi­tions en fin­ale du Mast­ers de la même année. Mais Boris joue là sa dernière gran­de année, son poig­net le lâche à Wimbledon et il de­vient un in­ter­mittent du ten­nis, au point que sa par­ticipa­tion à ce fameux Mast­ers 1996 re­stera longtemps in­cer­taine.

Mic­hael Chang traver­se cette période en em­bus­cade ; n°2 mon­di­al la plupart du temps, il ne par­vient pas à tirer pro­fit d’un af­faib­lisse­ment physique de Sampras. Fragilis­ée par la perte de son titre à Wimbledon con­tre Ric­hard Krajicek, la place de n°1 mon­di­al de Pete ne tient plus qu’à un fil à l’ouver­ture de l’US Open 1996. Mais après un légen­daire com­bat face à Cor­ret­ja, Sampras barre la route à Chang avec auto­rité en fin­ale. Ce de­rni­er ne pro­fite même pas des ab­s­ences de son rival en­combrant, notam­ment à l’US Open 1997, où là en­core la place de n°1 mon­di­al est à sa portée. Kafel­nikov, Raft­er et Kuert­en re­mpor­tent leur pre­mi­er grand titre, sans avoir à affront­er Sampras (à Roland 1996, Kafel n’a pas battu Sampras, il a battu son cadav­re) et sans menac­er sa place de n°1 mon­di­al.

1998 sera l’année d’un duel à dis­tan­ce, pure­ment mathématique, entre un Sampras dont les for­ces déclinent et dont l’étrein­te sur le ten­nis mon­di­al se de­sser­re in­exorab­le­ment, et un Mar­celo Rios réguli­er mais ap­hone en Grand Chelem, et dont la fin­ale australien­ne en début d’année sera la seule de toute sa carrière. Alors que Pete com­m­ence à subir les ef­fets de la thalassémie, l’abs­ence d’un vérit­able rival se fait cruel­le­ment re­ssen­tir.

S’en­suit un pre­mi­er semestre 1999 où les hasards des points gagnés ou per­dus amènent Pete Sampras à portée de fusil de plusieurs joueurs. C’est ainsi que Moya, Kafel­nikov et Raft­er décroc­hent le fauteuil suprême pour une poignée de semaines chacun, sac­hant que Krajicek rate de peu l’op­portunité de se joindre à la liste.

Le re­tour du Kid

C’est donc dans un con­tex­te de gran­de in­stabilité au som­met, qui a priori ne le con­cer­ne même pas, qu’Andre Agas­si ab­or­de l’édi­tion 1999 de Roland-Garros.

Car entre déprime, ad­dic­tions, nouvel­les résolu­tions, case chal­leng­ers et dis­cip­line de moine, Andre Agas­si s’est re­construit pier­re par pier­re. Enfin résolu à jouer au ten­nis pour lui-même et non par pro­jec­tion des am­bi­tions de son père, il réussit un beau re­tour sur le de­vant de la scène en 1998, saison qu’il ter­mine à la 6e place mon­diale. Son pre­mi­er semestre 1999, plombé par son di­vor­ce avec Brooke Shields, n’en sera que plus décevant. Blessé à l’approc­he de la quin­zaine de l’ocre parisi­en, il est d’autant moins favori que sa dernière ap­pari­tion en deuxième semaine à Roland re­mon­te à quat­re ans et que la len­teur de la sur­face semble désor­mais jouer con­tre lui.

In­exis­tante en début de quin­zaine, fragile après avoir frôlé la défaite au deuxième tour face à Ar­naud Clément, la con­fian­ce du Kid de Las Vegas va gran­dir au fil du tour­noi, sur­tout après sa vic­toire pro­ban­te con­tre le tenant du titre Car­los Moya, marquée par des échan­ges d’une viol­ence inouïe. Et cette ar­mure de con­fian­ce lui sera cruciale en fin­ale pour re­mont­er un han­dicap de deux sets face à Med­vedev. Cette vic­toire in­at­tendue cat­apul­te Agas­si de la 13e à la 4e place mon­diale ; et à l’ouver­ture de Wimbledon, le Kid fait désor­mais par­tie des n°1 poten­tiels à l’issue du tour­noi.

L’été in­di­en de Sampras

Et les nos­talgiques des duels Sampras-Agassi de se réjouir de l’arrivée, tant at­tendue, de la saison 2. Ils sont loin d’imagin­er à quel point ils vont être comblés, et rapide­ment de sur­croît. D’emblée, Agas­si démontre à tous que son tri­omphe à Roland Gar­ros, aussi in­at­tendu soit-il, n’était pas un feu de pail­le, et at­teint avec auto­rité la fin­ale à Wimbledon pour y défier un Sampras alors en quête d’un sixième titre dans le Tem­ple. Ce jour sera celui de Sampras : ab­solu­ment divin du début à la fin, il ver­rouil­le ses mises en jeu pour mettre une pre­ss­ion monstrueuse sur les jeux de ser­vice d’Agas­si. Ce de­rni­er, pour­tant ex­trême­ment sol­ide, ne peut éviter une défaite en trois sets. Ce sera l’un des plus beaux matchs de la carrière de Pete.

Par un hasard du clas­se­ment, ce Wimbledon, au cours duquel Pat­rick Raft­er at­teint les demi-finales, place les trois hom­mes dans un mouc­hoir pour la place de n°1 mon­di­al… et c’est Agas­si, bien que vain­cu en fin­ale, qui émerge en tête. S’en­suit un été de faus­se in­stabilité, marqué par une – et une seule – semaine où Raft­er accède au trône suprême, marquée sur­tout par deux nouveaux duels Sampras­/Agas­si, en fin­ale de Los An­geles et en demi-finale de Cin­cinnati, tous deux re­mportés par Sampras. Deux chefs-d’œuvre mécon­nus de leur rivalité, au cours de­squels Agas­si fait mieux que se défendre mais se fait co­iff­er dans le money time. Sampras s’offre égale­ment au pas­sage une mag­nifique re­vanche sur Raft­er en fin­ale de Cin­cinnati. Le Califor­ni­en af­fiche alors un niveau de jeu hal­lucinant, son talent est à son apogée et sa puis­sance au ser­vice, à la volée, mais aussi en coup droit, sont dévas­tatrices.

Re­venu sur le trône à la veil­le de l’US Open, Pete Sampras en est alors le favori légitime, et tout le monde at­tend désor­mais de savoir si le Kid va se con­tent­er de la posi­tion de faire-valoir en fin­ale. La ques­tion re­stera sans réponse : vic­time d’une her­nie dis­cale, Sampras déclare for­fait à l’ouver­ture du tour­noi, et Raft­er ab­an­donne dès le pre­mi­er tour face à Pioline. Débar­rassé de son tour­menteur at­titré et d’un rival dan­gereux (doub­le tenant du titre), Agas­si file sans trop d’émo­tions vers un titre dont il est de­venu le grand favori. Sa place de n°1 mon­di­al ne sera plus menacée d’ici la fin de l’année, Sampras blessé ne pouvant défendre ses points de fin 1998, période où il avait enchaîné les tour­nois en Europe afin de s’as­sur­er de la place de n°1 mon­di­al en fin d’année.

For­fait à Bercy après une dif­ficile vic­toire con­tre le modes­te Es­pagnol Fran­cisco Clavet, Pete Sampras émarge au 5ème rang mon­di­al à l’ouver­ture du Mast­ers, il est à court de com­péti­tion. Dans la phase de poules, il s’incline lour­de­ment face à Dédé (6/2 6/2).

Sa montée en puis­sance n’en sera que plus soudaine. Vain­queur de Kuert­en et Lapentti en poules, puis de Kief­er en demi-finale, Pete s’offre une nouvel­le vic­toire de référence sur Agas­si en fin­ale (6/1 7/5 6/4) à l’issue d’une nouvel­le démonstra­tion de force. Eb­louis­sant de bout en bout – sur une sur­face qui lui est favor­able face à son rival – Sampras con­clut de la plus belle des manières son deuxième semestre 1999, au cours duquel il n’aura pratique­ment pas connu la défaite (ab­an­don à In­dianapolis, for­fait à Bercy, défaite sans con­séqu­ence en poules au Mast­ers). La saison 1999 a remis sur le de­vant de la scène le co­u­ple in­fern­al du ten­nis américain de la décen­nie écoulée, mais elle débouc­he sur un para­doxe : Agas­si est un n°1 mon­di­al in­con­test­able, mais Sampras l’a battu à quat­re re­prises, notam­ment en fin­ale de Wimbledon et du Mast­ers, et peut légitime­ment être en­core con­sidéré comme le meil­leur joueur du monde.

Le som­met des dieux

C’est lesté de cet enjeu que s’ouvre l’Open d’Australie du nouveau siècle. N°3 mon­di­al, Sampras se retro­uve dans la même moitié du tab­leau qu’Agas­si. Ce n’est pas une fin­ale can­nibale qui nous at­tend, ce ne sera qu’une demi-finale can­nibale. Hor­mis un troisiè­me tour WTF de Sampras où il re­mon­te un han­dicap de deux sets face à Wayne Black, les duet­tistes avan­cent sans trop d’émo­tions vers le de­rni­er carré où ils se sont donné rendez-vous.

Une pluie d’aces et des coups de mutants côté Sampras, des re­tours et des pass­ings pro­digieux côté Agas­si, tout le monde se régale de­vant la par­tie de Tet­ris, d’une in­ten­sité physique saisis­sante. Sampras bril­le de tous ses feux, la puis­sance de ses volées est phénoménale, et s’il s’écroule physique­ment au cin­quiè­me set, ce n’est pas sans avoir livré une per­for­mance de haute volée dans les duels de fond de court. Pour Sampras, l’heure n’est pas en­core à se re­pos­er se re­pos­er sur les ser­vices ad­verses une fois le break en poche, ten­dance récur­rente sur les dernières années de sa carrière. Agas­si devra re­st­er vigilant du début à la fin sur ses jeux de ser­vice, et en­caiss­er de nombreux points gag­nants du fond du court.

Le legs à la postérité de ce match reste le tie-break du quat­rième set, dont les 12 points seront tous gag­nants. Sampras y réussit deux aces sur secon­de balle, ainsi qu’un im­prob­able pass­ing croisé de coup droit en bout de co­ur­se… mais Agas­si ne lâche rien, et la qualité de ses re­tours de ser­vice fait, de just­es­se, la différence. Si l’on doit re­tenir une seule séqu­ence de la rivalité Sampras-Agassi, ce tie-break s’im­pose haut la main ; jamais leur face-à-face n’a at­teint une telle in­ten­sité.

Il n’a manqué à ce match qu’un cin­quiè­me set serré : à genoux physique­ment, Pete n’a plus rien à donn­er, et en­cais­se un 6/1 in­jus­te au re­gard du reste du match. Mais la vic­toire, ce jour-là, s’est bien of­fer­te au meil­leur des deux hom­mes, Agas­si, qui a fait de la durée du match un allié précieux et a survécu à un déluge de 37 aces.

Une douceur pour le de­ssert

Ce duel de Mel­bour­ne va sign­er, para­doxale­ment, la fin de la saison 2 des gran­des manœuvres entre Agas­si et Sampras. Le kid de Las Vegas vient de con­fort­er avec auto­rité son statut de n°1 mon­di­al et de s’ex­tirp­er de la posi­tion in­con­fort­able de vic­time préférée de son rival. Mais sa pro­pre série de succès (coiffée de trois tit­res du Grand Chelem en huit mois) va connaître un coup d’arrêt.

Quant à Pete, son de­rni­er titre à Wimbledon, quel­ques mois plus tard, a des al­lures de chant du cygne. De plus en plus sujet à des coups de pompe physiques, il est désor­mais con­damné à éco­urt­er les échan­ges (pas plus de 3-4 coups de raquet­te), ce qui aug­mente les déchets de son jeu. La jeune garde, désor­mais équipée de grands tamis, par­vient à re­tourn­er son ser­vice avec la puis­sance de l’en­voyeur. Marat Safin et Lleyton Hewitt à l’US Open, Roger Feder­er à Wimbledon, Gus­tavo Kuert­en au Mast­ers, an­éan­tissent ses es­poirs de gar­nir en­core son étagère de trophées majeurs. Et le Califor­ni­en, désor­mais ir­réguli­er, dégrin­gole au clas­se­ment.

Aussi, lorsque Sampras ter­rasse Pat­rick Raft­er à l’US Open 2001 pour s’offrir un duel face à son grand rival tout de noir vêtu, c’est pre­sque une sur­pr­ise de le retro­uv­er là. Dédé est alors un n°2 mon­di­al lorgnant claire­ment sur la place de n°1 en fin d’année. Ils se sont affrontés deux fois cette année-là, pour deux net­tes vic­toires d’Agas­si au terme de matchs oub­li­ables. Dans un grand jour au ser­vice, Sampras en­voie la sul­fateuse ce soir-là, au point que le divin chauve ne trouvera pas la moindre ouver­ture sur le ser­vice ad­verse ; mais lui-même reste très ferme sur ses en­gage­ments, tout se jouera sur les nerfs, lors des tie-breaks, et les nerfs de Pete seront les plus sol­ides.

Lorsque les duet­tistes pénètrent sur le Stadium ce soir-là, l’ova­tion qui les ac­cueil­le tient plus à une nos­talgie qu’à l’intérêt réel de ce match dans l’his­toire de leur rivalité. Le pub­lic, en­thousias­te et par­tagé, semble leur dire « on est ravis de vous voir, ce sera sans doute la dernière fois alors on veut juste en pro­fit­er. Et profitez-en aussi, lâchez-vous ». De fait, tout le monde en pro­fitera ce soir-là, même le vain­cu : dans les tri­bunes, le ventre de Stef­fi Graf s’ar­rondit, et le ten­nis n’est pas tout dans sa vie. Il n’est plus ques­tion de domina­tion sur le ten­nis, chacun des deux pro­tagonis­tes est juste con­scient que les oc­cas­ions de retro­uv­er son rival de l’autre côté du filet seront de plus en plus rares, et seront tri­butaires des cir­constan­ces que les tirages au sort des tab­leaux voud­ront bien leur aménager. Aussi, quand une stand­ing ova­tion ac­cueil­le le début du de­rni­er tie-break, Agas­si et Sampras, aussi pudiques l’un que l’autre, n’en sont pas moins saisis par l’émo­tion, la même émo­tion qui traver­se les tri­bunes. On est juste con­tents d’être là, et on en pro­fite.

Ce re­ssen­ti général pèse lourd dans le re­gard rétros­pectif que les fans de ten­nis posent sur ce match, cer­tes marqué par de splen­dides échan­ges, mais dont on pour­rait re­tourn­er en défaut ce qui est générale­ment présenté comme une qualité : aucun des deux joueurs, en 48 oc­cas­ions, n’a réussi à ravir la mise en jeu ad­verse, une statis­tique flat­teuse ni pour l’un ni pour l’autre.

Le pousse-café

A ce stade, Sampras ne semble plus avoir grand-chose dans la raquet­te. S’il prend une belle re­vanche sur un Marat Safin loin de son meil­leur niveau en demi-finale, c’est pour mieux se faire cueil­lir physique­ment en fin­ale, con­tre un autre nouveau venu à ce niveau, Lleyton Hewitt. Pete n’a plus d’ess­ence dans le réser­voir… et semble-t-il plus rien à donn­er si l’on en croit sa feuil­le de résul­tats les mois suivants. A une époque où tous les champ­ions – sauf Agas­si – fin­is­sent car­bonisés à 30 ans, le Califor­ni­en traine sa peine. Battu par des an­onymes lors des pre­mi­ers tours des tour­nois aux­quels il par­ticipe, il connaît en 2002 deux défaites par­ticuliè­re­ment humilian­tes sur son gazon chéri : en Coupe Davis con­tre un Alex Cor­ret­ja qui ne goûte guère le ten­nis sur herbe, puis à Wimbledon face à l’anonyme Geor­ge Bastl, qui le domine en cinq sets.

A l’ouver­ture de l’US Open 2002, Sampras doit défendre la majeure par­tie des points ATP qu’il lui reste ; en cas de défaite prématurée, c’est une plongée vers les pro­fon­deurs du clas­se­ment qui l’at­tend. Au troisiè­me tour, cinq sets lui sont néces­saires face à Rusedski, et son ad­versaire battu pro­nos­tique sa défaite au tour suivant. Entamé physique­ment, Pete sait que son pour­centage de premières bal­les sera déter­minant ; sur le ser­vice ad­verse, il se doit de pre­ndre tous les ris­ques pour éco­urt­er les échan­ges. Ce huitième de fin­ale, face à Tommy Haas, sera peut-être le mo­ment de bas­cule du tour­noi. Face au n°3 mon­di­al, Sampras se re­pose sur les jeux de ser­vice ad­verse, at­tendant quel­ques fautes ad­verses annonçant l’ouver­ture. Pete s’im­pose en quat­re sets serrés, au terme d’un match qui re­stera le brouil­lon tac­tique de sa fin­ale face à Agas­si, dont les schémas de jeu sont pro­ches de ceux de l’Al­lemand. En quarts, Pete se sent pouss­er des ailes face au jeune Andy Rod­dick qui craque totale­ment sur son ser­vice, avant une demi-finale par­faite­ment négociée en trois sets face à Schalk­en.

Voilà donc, à la sur­pr­ise générale, le Califor­ni­en à nouveau en fin­ale face à son meil­leur en­nemi Andre Agas­si, qui a fait le sale boulot en le débar­rassant du tenant du titre Hewitt en demi-finale. Contra­ire­ment à Sampras, le Kid est en­core sacrément dans le coup, ses résul­tats sont aussi réguli­ers qu’éblouis­sants et il lorgne claire­ment sur la place de n°1 mon­di­al détenue par Hewitt. Autant dire que per­son­ne ne donne cher de la peau de Sampras avant cette fin­ale, bien qu’Agas­si ne l’ait en­core jamais battu à New York.

La clé de ce de­rni­er affron­te­ment, plus que pour tous les aut­res, sera le pour­centage de premières bal­les de Sampras. Au cours de cette dernière semaine, Pete a élevé ce pour­centage, que ses nombreuses doubles-fautes n’ont pas entamé. Elevant sa mise en jeu au rang de for­teres­se im­pren­able, il peut mettre la pre­ss­ion sur le ser­vice ad­verse, quit­te à la relâcher com­plète­ment une fois le break en poche. A trois re­prises dans ce match, Pete a pris le ser­vice d’Andre, et sa vic­toire ne re­pose que sur ces trois jeux. Et notam­ment le de­rni­er break, à 4/4 au 4e, léger mo­ment de frustra­tion pour le Kid qui vient de laiss­er échapp­er plusieurs bal­les de break au jeu précédent et qui va per­dre sa mise en jeu au pire mo­ment pour lui. Sampras n’a plus qu’à ser­vir…

Une his­toire des années 90

Pete Sampras et Andre Agas­si ont été rivaux, et cette rivalité ne fut pas que médiatique ; elle re­pose sur plusieurs séries d’affron­te­ments marqués par l’enjeu de la domina­tion du ten­nis mon­di­al. Sur le mo­ment, en 1995, il était légitime d’y voir une rivalité inédite, leurs affron­te­ments répétés d’un tour­noi sur l’autre n’ayant alors pas d’équivalent au cours des années précéden­tes.

Toutefois, les chiffres de cette rivalité n’en dis­ent pas tout, ils n’en dis­ent même pas grand-chose.

L’his­toire du ten­nis a connu quel­ques rivalités mar­quan­tes pour le trône, qu’il soit of­ficiel ou of­ficieux : Kram­er, Gon­zales, Hoad, Rosewall, Laver, New­combe, Con­nors, Borg, McEn­roe, Lendl, Ed­berg, ont livré des joutes mémor­ables, tout comme le trio Fedalic au cours du XXIe siècle. Mais tous ces champ­ions, aussi différents soient leurs jeux et leurs per­son­nalités, ont en­tretenu avec une con­stan­ce re­mar­qu­able une farouc­he volonté de s’em­par­er du sceptre et de le con­serv­er.

A la liste ci-dessus, il faut évidem­ment ajout­er Pete Sampras. Mais sûre­ment pas Andre Agas­si.

Dans la con­figura­tion par­ticuliè­re qui fut celle des années 90, Sampras fut le joueur dominant, qui s’as­suma comme tel et qui, jusqu’au bout, ne se fixa pas d’autre ob­jec­tif que de gagn­er des Grands Chelems et d’ag­randir, année après année, son ar­moire à trophées. Peu lui im­por­taient ses ad­versaires, son at­titude sur le ter­rain était celle d’un champ­ion per­suadé qu’en faisant ce qu’il fal­lait, il soulèverait le trophée à la fin. Quand on y réfléchit, il faut un or­gueil démesuré pour raisonn­er de la sorte ; mais ainsi sont faits les grands champ­ions.

Le Kid de Las Vegas a-t-il sa place dans cette liste ? Oui, si l’on re­gar­de son pal­marès. Non, si l’on ex­amine de plus près le rap­port totale­ment névrotique qu’il a en­tretenu avec son sport et avec le grand rival qui s’est dressé sur sa route. Pro­grammé par son père, dès son plus jeune âge, à de­venir le meil­leur joueur du monde, Andre Agas­si a longtemps joué au ten­nis pour des raisons qui ne lui ap­partenaient pas. Et si, à plusieurs re­prises, il a en­visagé d’arrêter pure­ment et simple­ment le ten­nis, il n’a pas franchi le pas car son père ne lui avait stric­te­ment rien mis d’autre dans la tête, et il n’avait donc pas la moindre idée de ce qu’il aurait pu faire d’autre. L’idée qu’un autre joueur soit cap­able de s’in­terpos­er entre lui et la place de n°1 mon­di­al n’entrait même pas dans son im­agina­tion. Lorsque cette idée se concrétisa avec Sampras, son ob­sess­ion se détour­na de la place de n°1 mon­di­al pour s’orient­er vers ce rival. Et son échec de l’US Open 1995 fut pour lui in­sup­port­able.

Aucun autre champ­ion, pro­bab­le­ment, n’a vécu une défaite aussi dure­ment qu’Andre Agas­si ce jour-là. Par rap­port aux champ­ions cités plus haut, sa carrière au plus haut niveau se dis­tin­gue par de lon­gues éclip­ses, et notam­ment celle de 1995-1997, au cours de laquel­le le ten­nis dis­parut tout simple­ment de son champ de vis­ion. La défaite fait in­fini­ment plus de mal que la vic­toire ne fait de bien, écrit-il dans son auto­biog­raphie. Sans doute l’une des phrases les plus im­por­tantes et les plus sincères de son livre, comme en at­testent les hauts et – sur­tout – les bas de sa carrière. Mais une phrase qu’aucun des aut­res grands champ­ions de l’his­toire du ten­nis ne serait prêt à con­tresign­er. Pour douloureuse que soit une défaite, et bien que cer­tains d’entre eux re­ven­diquent la haine de la défaite davan­tage que l’amour de la vic­toire, aucun n’a vrillé pen­dant de longs mois comme Andre l’a fait à dater de ce 10 sep­tembre 1995. Tous s’en sont remis, sauf lui.

Ce qui fait l’originalité de la rivalité Sampras-Agassi ne tient donc, ni dans la récurr­ence de leurs affron­te­ments, ni dans la di­ver­sité de leurs jeux, ni dans les à-côtés médiatiques dont elle a été en­tour­ée. Ce n’est pas la rivalité Sampras-Agassi qui est originale, c’est Andre Agas­si lui-même qui oc­cupe une place totale­ment à part dans l’his­toire du ten­nis. A part, pour la puis­sance fin­an­cière et médiatique qu’il a représentée tout au long de sa carrière. A part, parce qu’il a débarqué sur le cir­cuit pro­fes­sion­nel doté d’un jeu révolution­naire mais lesté d’un cer­veau tour­menté au sujet de sa place dans ce monde et dans ce sport, tour­ments que ses vic­toires et ses défaites n’ont ab­solu­ment pas résolus. A part, enfin, parce qu’il nour­rissait à l’endroit de son grand rival une ob­sess­ion à nulle autre pareil­le.

Oui, Sampras et Agas­si ont été des rivaux, et pas des moindres.

Oui, les défaites d’Agas­si face à Sampras – et notam­ment à l’US Open – sont les jalons es­sentiels de leur rivalité, tout simple­ment parce qu’ils ont été vécus comme tels par la vic­time, Agas­si.

Oui, Agas­si ayant été, pour de bon­nes et de mauvaises raisons, globale­ment plus populaire que Sampras, le grand pub­lic a épousé le point de vue d’Agas­si et réserve une place de choix à leur rivalité dans l’his­toire du ten­nis.

Et oui, leur duel de Mel­bour­ne en 2000 n’oc­cupe qu’une faib­le place dans cette rivalité, tout simple­ment parce qu’elle a débouché sur une vic­toire d’Agas­si.

Reste que je ne re­gret­te pas d’avoir séché les cours ce jour-là.

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

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238 Responses to Le sommet des dieux

  1. Sebastien 24 septembre 2022 at 02:11

    Quelle immense émotion que ce départ de Rodge ! Ce final était magnifique avec un Nadal qui pleurait presque autant.

  2. Achtungbaby 28 septembre 2022 at 16:43

    Petit bilan de la Laver Cup et des adieux de Fed.

    Points négatifs :

    – sans doute pas la compétition avec le meilleur bilan carbone. L’opulence est partout et ça sens un peu trop le fric à mon gout, depuis les jets privés jusqu’aux bouteilles de champagne gâchées en mode F1. Tout est fait pour que les joueurs soient bien accueillis, mais trop c’est trop.

    - trop d’interviews creuses, sans doute pas la seule compète concernées, mais là avec le concert de louanges pour Fed, c’était vraiment lourd sur 3 jours.

    - un intérêt sur le moyen terme qui va être mis à rude épreuve avec le départ des 3 monstres. Voir Djoko cocher un Fedal ou voir Ruud cocher TsiTsi, ça n’aura pas vraiment la même saveur ni le même intérêt pour les groupies.

    - Une cohésion d’équipe sur la base d’une opposition Europe/World qui reste à trouver, là où c’est plus évident en golf avec la Rider.

    Points positifs :

    - une sortie très réussie pour FED. Il ne pouvait guère rêver mieux, malgré la double défaite (son match et son équipe) qui n’a pas d’importance, à part remuer le couteaux dans la plaie (match perdu avec BdM sur son service…). Des collègues plutôt sincères, yc Djoko pour qui ça n’était pas forcément évident.

    - un très bon niveau de jeu, loin d’une exib classique. Certes les joueurs se remettent sans doute vite d’une défaite en laver cup (à voir si Tsitsi va digérer rapidement, son ego a du en prendre un coup quand même) mais le niveau était vraiment très bon et chacun a visiblement à cœur de marquer des points pour son équipe. La encore, à voir comment l’absence des 3 monstres aura une influence sur la motivation de chacun.

    - un Nadal en pleurs qui assume le fait d’être sensible et de pleurer. Un très bon point contre la masculinité toxique.

    Bref, globalement un bon moment de tennis/groupie.

    • Achtungbaby 28 septembre 2022 at 16:50

      * coacher, pas cocher !

    • Colin 28 septembre 2022 at 18:43

      Plutôt d’accord avec ce bilan achtungbabyesque.
      J’ajouterais quelque chose concernant le lieu. Jusqu’ici la Laver Cup s’était tenue à son motto originel à savoir d’être organisée dans des grandes villes dépourvues de gros événements tennistiques : Grands Chelems, M1000, Masters Cup (même pas un ATP 500).
      Au maximum, un ATP 250 en plein air sur terre battue (Genève), donc rien à voir.
      Mais en 2022 on voit bien que Fed et Godsick ont cédé aux sirènes du gros gras pognon en choisissant Londres, complète entorse à leurs habitudes.
      Alors que des tas de grandes villes européennes auraient très bien pu faire l’affaire en respectant la règle (non écrite) initiale (Berlin, Bruxelles, Amsterdam, Dublin, Lisbonne, Porto, Francfort, Manchester, Liverpool, Glasgow, etc. etc.).
      Bonne nouvelle, 2023 => Vancouver, on revient aux fondamentaux.
      Quid pour 2024?

      • Anne 28 septembre 2022 at 21:12

        En 2024, on le sait déjà : la Laver Cup se jouera à Berlin. Et il y aura des changements de coachs aussi. C’était dans l’intérêt de la O2 Arena de proposer d’accueillir la Laver Cup au moment où elle perdait le Masters… la Laver Cup elle gagnait la seule salle indoor d’Europe capable de rivaliser un tant soit peu avec les salles nord-américaines…

        En 2021, il n’y avait pas un seul membre du Big 4 dans l’équipe européenne et non seulement elle aura été jusqu’à présent l’édition la plus survolée par l’Europe mais surtout les joueurs ne se sont pas privés de se prodiguer des conseils. Il serait surprenant que RF ne devienne pas coach de l’Europe à partir de 2024 et dans ces cas là, on risque de non pas lui reprocher de ne quasi rien dire façon Borg mais au contraire de ne pas savoir s’arrêter…

        Pour ce qui est des autres reproches faits à la Laver Cup en fait ils peuvent être faits au tennis en général… le calendrier n’est de ce point de vue là quand même pas un modèle vertueux, bien au contraire. Avec pas mal d’aberrations même. Et les déplacements se font régulièrement aussi en jet, etc.. Et les joueurs, pour la plupart n’ont quand même pas attendu la Laver Cup pour offrir régulièrement des interviews peu intéressantes. Je vous conseille dans le genre les interviews réalisées par la FFT pour rendre hommage à RF… pas sûr que celui-ci ait eu la moindre poussière dans l’oeil si jamais quelqu’un a eu l’idée de lui montrer la vidéo… que ce soit niveau pédigrées comme niveau banalités…
        Après n’est ce pas le tennis en général qui peut s’inquiéter sur son avenir, même à court terme avec le départ progressif du Big 3? Ce serait amusant de faire un sondage aujourd’hui auprès du grand public : qui sont les deux derniers vainqueurs de l’US Open chez les hommes. Je pense qu’on peut même pousser jusqu’à se limiter qu’à la seule dernière édition et être bien surpris des réponses…. L’édition de Wimbledon a été faiblarde, l’US Open très bonne mais qui l’a vu, hors les adieux de Serena Williams ?

        • Anne 29 septembre 2022 at 07:47

          *vue

      • Colin 29 septembre 2022 at 17:37

        Berlin, merci, je ne savais pas, mais ça fait sens !
        Si Federer remplace Borg comme capitaine, alors je suggère que McEnroe soit mis à la retraite par la même occasion, et remplacé par… DEL POTRO évidemment ! ça lui permettra de se refaire un peu la cerise financièrement parlant. Sinon… hé ben pourquoi pas Roddick, ce serait rigolo qu’il continue après la retraite de se faire martyriser par Fed :mrgreen:

        • Anne 30 septembre 2022 at 07:18

          A priori comme Borg, McEnroe va arrêter à l’issue de l’année prochaine. Je trouve aussi que Roddick comme Del Potro seraient des capitaines monde tout trouvé. Roddick serait peut être le plus expressif sur le banc des deux

          • Achtungbaby 30 septembre 2022 at 09:52

            c’est sûr que Roddick, vu ses états de services en conf de presse durant sa carrière, serait parfait pour le rôle !

  3. Montagne 30 septembre 2022 at 14:04

    A Annecy, cette semaine c’est le festival du cinéma italien comme toutes les années depuis 40 ans. Un régal pour les cinéphiles.
    Mercredi soir, j’ai assisté, dans un petite salle, à un film documentaire ayant pour titre « Una squadra », film réalisé par Domenico Procacci. Ctte squadra, c’est l’équipe de Coupe Davis italienne des années 1975/1978. Elle est coachée par Nicola Pietrangeli, icône du tennis italien des années 60, vainqueur à Roland Garros en 1959 et 1960? et deux fois finaliste (61 et 64).

    Les joueurs étaient Adriano Panatta, Corrado Barazzutti, Paolo Bertolucci et Tonino Zugarelli.

    On retrouve les débats entre les joueurs, les officiels, les journalistes, les politiques pour savoir si l’équipe devait aller au Chili jouer la finale contre l’équipe locale. Chili alors sous le régime de Pinochet et dont l’équipe soviétique avait boycotté la demi-finale.

    Les italiens gagneront la finale sur terre battue (4/1).

    Le film alterne des images des matchs, de l’ambiance militaro-sécuritaire entourant la rencontre (le stade de tennis étant attenant au stade de foot de Santiago qui avait servi en 1973 à l’enfermement-et à la torture- des opposants au coup d’Etat) et des interviews des joueurs (italiens et chiliens).

    On suit également d’autres matchs de Coupe Davis de l’équipe italienne de cette époque, notamment un match Italie/Espagne à Barcelone qui se termine par un pugilat dans les tribunes entre Panatta et des spectateurs espagnols et un double entre les italiens et les britanniques avec le bel Adriano s’entêtant à servir le coup droit de Taylor(son point fort) par pur orgueil au désespoir de Bertolucci son partenaire.

    Le film insiste sur la dichotomie de l’équipe italienne entre Panatta et Bertolucci d’un côté, les bons vivants, se payant un retour en Concorde d’une exhibition en Argentine pour profiter d’une journée à Copacabana, et Barazzutti et Zugarelli d’un autre côté rentrant de Buenos Aires par un vol commercial.

    Ce film est un montage cinéma d’une série produite pour Sky Italie, en quatre épisodes. Si quelqu’un a accès à cette série, regardez la, ça vaut le coup pour les amateurs de tennis de cette époque.

    Ah !! la nostalgie des raquettes en bois, du toucher de balle, des plongeons de Panatta au service, de sa classe et de son look de play boy.

    • Montagne 30 septembre 2022 at 14:20

      Bien sûr, les plongeons de Panatta sont au filet et non pas au service, faut pas exagérer !

  4. Sam 17 octobre 2022 at 13:30

    On aurait pas un peu de spleen là ?!

    https://www.youtube.com/watch?v=dPuPEgcNGZY

    • Rubens 17 octobre 2022 at 20:34

      Sam, nos routes se séparent sur nos goûts musicaux. Convoquer Serge Lama en 2022, c’est à peu près comme supporter Leconte dans les années 80 : on ne peut plus rien pour toi, ton cas est incurable :mrgreen:

      Dixit un réac devant l’éternel.

      Si vous aimez les voix : https://www.youtube.com/watch?v=MRb9_F-CZHE

      • Sam 20 octobre 2022 at 12:13

        Rubens, je comprends qu’on bloque immédiatement en voyant arriver le Lama. Mais, as-tu pris le temps d’écouter l’Oeuvre ?

        • Rubens 20 octobre 2022 at 16:52

          Non, j’avoue. Quelques chansons m’ont largement suffi. Mais je précise que je suis peu sensible aux paroles et bien plus à la musique, ce qui ôte à la chanson française tout avantage compétitif pour mes oreilles.

          J’ai connu une brève période d’égarement, voici une dizaine d’années, en regardant un peu la télé et plus précisément l’émission de Ruquier le samedi soir. J’étais tombé sur un échange génial entre Léa Salamé et Michel Sardou, que je reprends à mon compte :
          – Léa : quand j’étais petite j’adorais vos chansons.
          – Michel : oui merci… Mais ce n’est plus le cas ?
          – Léa : non, malheureusement quelqu’un m’a fait écouter les Rolling Stones.
          – Michel (sur un ton d’autodérision bien senti) : ah oui, là évidemment je ne peux plus lutter…

          Telle est l’histoire musicale de Léa Salamé, et telle est la mienne, à ceci près que Sardou (et Lama, Lenorman ou encore Duteil), j’ai longtemps cru que c’étaient des chanteurs que pour les enfants. Peut-être suis-je passé à côté de leur œuvre, c’est possible.

          Mais là actuellement, je suis mobilisé par Miles Davis, et plus précisément par « In a silent way ». Le grand Miles comptait déjà au nombre de mes références majeures, mais je ne m’étais jamais trop penché sur cet album, dont j’écoute en boucle les « complete sessions » (3h30 au lieu des 40mn de l’album original) et qui m’a mis à genoux à la troisième écoute.

          Je ne tricherai pas sur la marchandise : pour un non-initié qui n’écoute pas de jazz, c’est de la musique de drogué. Si vous êtes aussi vaporisés que moi, sachez que mes morceaux préférés de l’album sont « It’s about that time » et « The ghetto walk », et que je ne pardonnerai jamais à Miles Davis de ne pas avoir retenu le second pour la sortie de l’album original en 1969.

          • Sam 23 octobre 2022 at 15:17

            Oui, paroles ou musique, Lama, c’est une certaine chanson française de droite pénible, c’est sûr. Mais c’était pour le thème.

            Me demande si je ne vais pas commencer une Compil tennis, celle-ci pourrait être en bonne place :

            https://www.youtube.com/watch?v=bXTnV5FoSb4

          • Colin 26 octobre 2022 at 22:21

            Oh my god… Le Federer de Lama est aussi nullissime que le Tennisman de Chamfort. Affligeant. Egalité dans la nullité.
            A ce rythme ta playlist va arroser les bâches ou échouer tout en bas du filet mon pauvre homard, ce sera un naufrage.
            Angle plus intéressant peut-être : les anciens tennismen devenus chanteurs. Bon évidemment il y a notre Yan national reconverti dans la chansonnette gentillette et le reggae aseptisé, ça, tout le monde connaît. Personnellement j’apprécie beaucoup plus Cyril Mokaïesh, ancien espoir du tennis français (même génération que Gasquet) passé depuis belle lurette à la chanson disons… « exigeante ». Mais impossible de trouver dans ses textes la moindre référence à la balle jaune.

  5. Anne 21 octobre 2022 at 15:59

    Comme l’actualité tennis était un peu au ralenti ces derniers temps, Halep s’est chargée, malgré elle, de la dynamiser. Elle aurait été contrôlée positive à une substance proche de l’EPO lors du dernier US Open. On prend les paris qu elle va faire porter le chapeau à son ex mari ?

    • Perse 26 octobre 2022 at 16:19

      C’est dingue que cette nouvelle ne fasse pas réagir, Halep est tout de même l’une des athlètes les mieux payées au monde et avec un palmarès conséquent.

      Pour ce qui est du Cluedo, son ex-mari lui a déjà fait part publiquement de son soutien, qui n’avait pas l’air d’être celui de la corde au pendu.

      Le plus étonnant est surtout que personne ne commente la résurgence de Thiem qui gagne enfin des matchs en ATP et du client au passage. J’ai toujours une impression un peu mitigée quand je le voie maintenant, comme pratiquant un jeu obsolète après son hiatus d’un an : celui d’un bûcheron qui passe en force mais avec un manque de vitesse patent par rapport à la nouvelle génération des Alcaraz et Sinner.

      Mais je suis content pour lui et son revers vaut le déplacement et le coup d’oeil !

  6. Rubens 3 novembre 2022 at 00:31

    Gilou je t’aime.

  7. Rubens 4 novembre 2022 at 11:34

    Article très intéressant sur Eurosport :

    https://www.eurosport.fr/tennis/atp-paris/2022/rolex-paris-masters-gilles-simon-et-le-malentendu-de-son-potentiel-il-avait-tout-pour-devenir-n1-mon_sto9212270/story.shtml

    Et qui pourrait difficilement être plus proche de mon point de vue sur Gilou.

    • Nathan 4 novembre 2022 at 21:39

      Effectivement, article très pertinent avec l’analyse de Lafaix.

    • Anne 5 novembre 2022 at 12:46

      De mon côté, j’ai du mal à partager cette analyse. Comme j’ai du mal à croire que l’insouciance (et donc sa perte ensuite) explique pourquoi il fait une saison 2008, début de saison 2009 extraordinaire et qu’ensuite, il n’arrive plus à faire davantage qu’enquiquiner le big 3. Et encore quand il était lui dans un excellent jour.

      De mon point de vue, il n’a jamais eu le potentiel pour être numéro 1 mondial. Pas plus à cette époque qu’après, d’ailleurs. Parce qu’il y avait quand même pas mal de joueurs soit au-dessus, soit nettement au-dessus de lui. Il a prouvé qu’il pouvait les battre, puisqu’il y est parvenu. Mais durablement, non. Et au final il y a tout au long de sa carrière plein de joueurs qui, même sans le big 3, étaient bien au dessus de lui sur une saison et même sur des parties de saison. Pour moi, et c’est tout à son honneur, il a réussi en effet à maximiser son potentiel. Et c’est plus qu’un compliment.

      Après quand on voit qu’en 2022 pour l’annoncer sur un court alors qu’il s’apprête à raccrocher, on en a est a rappeler sans cesse qu’il a battu Nadal et Federer en 2008 et on ne cite pas grand chose après, c’est un peu inquiétant pour l’ensemble de sa carrière.

      Cela a peu avoir mais la FFT a vraiment fait le minimum niveau hommage. Peut-être pensait-elle qu’il allait perdre dès le premier tour et que la présence de ses copains de promo suffisaient. Sinon comment expliquer qu’elle n’avait pour seule vidéo quels quelques vieilles images mais surtout qu’une poignée d’interviews toutes enregistrées à Bercy ?

  8. Kristian 4 novembre 2022 at 19:14

    Bon sinon, on est a 2 matchs d’assister a un exploit peut etre unique dans l’histoire de l’ATP. FAA pourrait dimanche remporter un quatrieme tournoi consecutif en quatre semaines de suite. De memoire ca n’est jamais arrive, a moins que Connors ou Vilas dans l’obscure circuit des annees 70 aient realise quelque chose de comparable mais ce ne serait de toutes facons pas comparable. On n’y est pas encore, il reste 2 matchs et probablement l’affreux au bout, mais bon quand meme.

  9. Nathan 7 novembre 2022 at 11:00

    Quel naïf je suis ! J’avais complètement oublié de m’occuper des sources d’eau des Pyramides, l’eau des Pyramides, l’élément de base indispensable à la préparation de la potion magique ! Comment ai-je pu être aussi stupide ?

    • Sebastien 9 novembre 2022 at 09:47

      Ben oui Nathan, ils ont osé en plein Bercy, lui concocter une mystérieuse préparation à base de poudre et d’eau des pyramides.

      Ils savaient cela hautement prohibé et ont tenté de masquer cette honteuse opération de recours aux éléments divins des pyramides.

      Cela doit cesser, et nous savons quel héros dédié tu es dans cette lutte antipyramides qui sont le moteur du Fils de Dieu.
      Courage, tes efforts portent.

  10. Achtungbaby 7 novembre 2022 at 15:49

    Vu les highlights de la finale de Bercy hier.

    Il y a un truc qui me laisse vraiment songeur. Comment Djoko, qui maîtrise aussi mal certains coups du tennis peut être à 21 GC et surtout à 3 victoires en finale de Wim contre Fed ?

    Le type ne sait pas smasher et ne sait pas quoi faire de la balle à la volée, et il a 21 GC, série en cours, dans la besace. Dingue.

    • Rubens 7 novembre 2022 at 16:24

      Parce que la volée est devenue un coup mineur en tennis.

      Parce que sur gazon, savoir se déplacer est beaucoup plus important que savoir volleyer. C’était d’ailleurs déjà vrai il y a 30 ou 40 ans, sinon Noah et Rosset, pas maladroits au filet, auraient été beaucoup plus loin à Wimbledon.

      Et enfin parce que Novak a probablement (je n’y étais pas) grandi dans un environnement où on ne lui a pas expliqué qu’avec son jeu il ne pourrait jamais jouer les premiers rôles. :mrgreen:

      • Achtungbaby 7 novembre 2022 at 18:23

        et bien je dis que quand on s’appelle Rubens, Picasso ou je ne sais qui, on devrait trouver ça moche ! ;-)

        • Rubens 7 novembre 2022 at 18:40

          Moche mais efficace. Et ni dingue ni inexplicable.

          • Achtungbaby 7 novembre 2022 at 19:51

            comme dirait l’ami Fritz, c’est un peu sommaire, mais ça peut être efficace !

    • Nathan 8 novembre 2022 at 17:01

      Parce que Djoko, s’il n’est pas un volleyeur triomphant (et élégant aussi, sachant que l’élégance impacte forcément le jugement de l’observateur qui juge de la qualité d’une volée) sait (hélas !) terminer le point au filet après un échange savamment construit. Au filet, Djoko est un Chinois qui s’appuie sur l’adversaire, ce n’est pas un joueur qui veut franchir le Rubicon en imposant des trajectoires éclatantes et inattendues. Bref, il faut en convenir, c’est moche certes, mais Djoko sait venir au filet pour conclure.

    • Elmar 8 novembre 2022 at 17:21

      Je déteste Djoko, tout le monde le sait.

      Mais dire qu’il ne sait pas quoi faire à la volée alors qu’il y a un an, il a battu Medvedev en montant au filet quasi systématiquement, c’est quand même un peu caricatural pour le moins.

      Sinon, la demi-finale contre Tsitsipas et la finale contre Rune étaient vraiment remarquables. Tsitsipas a un niveau très élevé, ce gars DOIT remporter de gros titre. Il est vraiment regrettable que Roland lui ait échappé l’an dernier. La performance de Rune en fin de match a été bluffante. Sauver 6 balles de débreak et parvenir à terminer son jeu de service malgré le stress et un physique qui commençait à flancher, c’est fort, très fort.

      • Sebastien 9 novembre 2022 at 09:42

        Rares sont ceux (au moins ici) qui ne détestent pas Djokovic, tellement il tend le flanc.
        Ce sont des moments merveilleux de le voir perdre, et si rares.
        Concernant Tsitsipas et son niveau, oui, mais depuis la finale de Roland, il y a une dynamique un peu cassée dans les phases finales des tournois, moins d’audace et de confiance, un léger repli mental.
        Il dit lui-même que Rune par exemple est comme lui-même était il y a quelques années. Il se met une trop grosse pression sur les épaules. Le toilet break de Djokovic a vraiment tout changé et j’espère qu’il va reprendre vraiment confiance en lui. Car il a un tel besoin de coaching que cela démontre quand même un manque d’assurance manifeste.

      • Achtungbaby 15 novembre 2022 at 15:33

        Tu as raison Elmar de veiller à ce que personne ici ne tienne de propos caricaturaux sur Djoko ! Par contre attention, c’est un job à temps plein sur 15-LOve !

        Blague à part je persiste sur son niveau à la volée, regarde son match en finale à Bercy. Entre les 3 prétendus GOAT et eu égard à son immense palmarès, ses lacunes en la matière sont assez flagrantes je trouve. Surtout quand il doit jouer une volée sur une balle avec rebond.

        • Montagne 16 novembre 2022 at 14:29

          Jouer une volée sur une balle avec rebond ??? Explique

          • Achtungbaby 16 novembre 2022 at 16:00

            tu montes au filet et plutôt que d’envoyer un passing sur les côtés ou un balle plein corps bien forte, ton adversaire te mets subtilement une balle qui est courte, dans le pieds, alors que tu vient de monter. Tu es donc à la volée avec une balle que tu dois rejouer après un rebond. Bien plus compliqué à jouer qu’une volée sur un passing tendu que tu rabats, car là tu dois d’abord faire remonter la balle pour qu’elle passe le filet, et souvent tu renvoies une balle assez molle qui permet au défenseur de te passer facile.

            Fed a fait ça sans arrêt contre le frère ainé de Zverev à l’AO 2017, hyper efficace pour neutraliser un volleyeur compulsif.
            C’est plus clair ?

            • Montagne 16 novembre 2022 at 17:22

              Si tu joues une balle après un rebond ce n’est pas une volée, même si tu es près du filet.
              Une volée c’est un coup joué avant le rebond. Dans ton cas c’est une demi-volée (la spécialité de McEnroe souvent jouée en sautant).

              • Achtungbaby 17 novembre 2022 at 23:17

                Alors remplace à la volée par au filet et tu m’as compris!

  11. Kristian 14 novembre 2022 at 17:38

    Bon sinon, les nostalgiques des surfaces rapides devraient etre contents, visuellement ca semble aller vraiment vite a Turin. Trop vite pour Nadal en tout cas. Vu son niveau de forme et les conditions, je doute qu’il gagne un match cette semaine. Sinon beaucoup de sets et de matchs se jouent et vont se jouer au tie break

  12. Guillaume 15 novembre 2022 at 17:27

    Je ne m’explique vraiment pas ce que Nadal est venu faire à Bercy et à Turin. Le mec est manifestement rôti pour cette année, physiquement et on dirait bien mentalement, il vient à 36 ans d’être pour la première fois papa, qui plus est après une grossesse compliquée pour Madame comme il l’a dit lui-même lors de la Laver Cup… et plutôt que de profiter de sa nouvelle vie, 15 jours après la naissance du bébé il est à Bercy puis à Turin, disputer des tournois qu’il a zappé pour moins que ça étant plus jeune.

    Plus généralement, il n’a jamais autant dit et redit que le tennis n’est pas sa priorité dans la vie, que la famille, la santé et d’autres trucs étaient plus importants… et tout dans sa prog de 2022 aura traduit le contraire de ses mots. Après l’OA il tire sur la corde à Acapulco et Indian Wells et s’y pète logiquement. Contre-la-montre pour jouer sur terre, retour et bobo pied à Rome, tout le psychodrame de Roland, « peut-être mon dernier match »… et dès qu’il soulève la coupe, « naaaan j’déconne, à l’année prochaine ». Trois semaines plus tard, il est à Wim. Forfait en demies… il revient fissa à l’été, manifestement trop court, termine l’US en se disant la tête ailleurs avec la paternité à venir… pour, celle-ci avérée, revenir aussi vite à Bercy donc.

    Vraiment, je ne comprends pas à quoi ça rime, pourquoi il n’a pas coupé pour « de vrai », pas une convalescence comme il en est coutumier, mais des vacances, pouponner peinard, et revenir fringant en janvier après une bonne prépa. Est-ce à dire que biberons et couches ne sont pas son truc ? :mrgreen: Ou est-ce que, cyniquement, derrière les discours de façade, il s’est dit que, quand même, il y avait un truc à tenter pour la place de n°1 de fin d’année avec Carlito qui n’avançait plus depuis Flushing ?

    Juste dommage, si c’est ça, de ne pas l’assumer clairement. Mais ça irait bien dans le sens d’une tendance nouvelle à ce que personne, à entendre joueurs et joueuses, ne veuille réellement de ce dossard #1. Ou pas au point d’en faire un objectif direct. La conséquence de victoire(s) en Chelem, oui. Une cerise sur le gâteau. Mais plus un objectif à part entière. Encore un truc dévalué, tiens, après les doubles, la Davis, quasiment le Masters qui a bcp perdu de son lustre passé… Comme si les Chelems avaient pris trop de place et phagocytaient tout.

    • Guillaume 15 novembre 2022 at 17:35

      Message de service par ailleurs : @Elmar, tu consultes encore la boîte avec laquelle tu t’es inscris ou c’est un mail mort ?

    • Anne 16 novembre 2022 at 12:00

      Je suis assez portée à croire en effet que la potentielle place de numéro 1 a dû jouer sur sa présence à Bercy et à Turin. Ou sinon, en effet, je ne vois vraiment pas ce qu’il est venu y faire alors qu’il était visiblement bien cramé physiquement et mentalement. Après, ça a toujours été sa com que de prétendre ne pas être le meilleur, de ne pas avoir ce genre d’objectifs… alors que ses choix démontrent tout le contraire.
      A Paris, sa présence était d’autant plus surprenante que femme et enfant n’étaient visiblement pas du voyage et qu’il semble en plus avoir fait un aller/retour le samedi précédent le début pour une fête d’anniversaire (?) d’un proche. Donc pas vraiment de sens…

      Je suis d’accord avec toi sur le fait qu’étranglement la place de numéro 1 semble de plus en plus passer en second plan. Ce qu’elle ne devrait pas. Limite, le record de Djoko en M1000 est bien plus mis en avant que son record en haut du classement

      • Montagne 16 novembre 2022 at 14:34

        Anne, pas mal le lapsus calami avec « étranglement » !!!

    • Perse 16 novembre 2022 at 12:27

      Je partage effectivement l’incompréhension autour du calendrier de Nadal. Mais il y a peut-être des pressions de l’ATP pour sa présence vu l’ultra concentration du marketing de l’ATP autour des 2 Mohicans restants.

      En revanche, je suis assez consterné par l’affadissement général du circuit et le phagocytage du circuit par les GC. C’est vraiment la mentalité élitiste et inégalitaire en diable avec un gagnant qui remporte littéralement tout, qui mets en danger la pérennité du circuit.

      Auparavant, les GC et le Masters étaient les points d’orgue d’une saison alors que maintenant le sentiment est que les GC sont les seuls choses dignes d’intérêt. Grave erreur à mon sens.

      Et à mon sens, être n°1 est bien plus significatif que de gagner des GC vu que la signification est d’être le meilleur avec la pression inhérente à la cible dans le dos.

      Le fait qu’Alcaraz soit le plus jeune n°1 de l’histoire, et de fin d’année est un exploit qui mérite le terme d’historique, même si c’est vrai qu’il est absent au Masters.

      Ceci étant, la prolongation de carrière du Big 4 est analogue à l’apologue du géant qui mange ses propres enfants, d’un point de vue marketing il est préférable qu’ils prennent leurs retraites et que les nouvelles générations se forgent un palmarès : Alcaraz, Sinner, Rune & Co ne manquent pas de talent ni de style.

      • Achtungbaby 16 novembre 2022 at 16:42

        cette évolution dans l’importance accordée au GC au détriment de la place de n°1 est forcément liée au contexte ambiant où il faut à tout prix désigner le GOAT, le nb de GC ayant été décrété comme le meilleur indicateur. On ne parle plus du nb d’année comme n°1 par exple.

        Et aussi au plan com des 2 cadors encore en activité, qui passent leur temps à dire que la place de n°1 ne les intéresse plus. Quand les 2 tauliers dévaluent quelque chose, ça a forcément un impact sur la communauté du tennis et sur la perception des autres joueurs et des suiveurs. Parce que celui qui sera n°1 à la fin de la saison saura, et nous aussi, que les 2 cadors n’auront pas tenté de lui disputer (vrai ou faux, à vérifier…)

  13. Guillaume 15 novembre 2022 at 17:55

    De ce que j’ai vu du Masters jusque-là (seul Ruud me manque encore), le tournoi semble promis à Djokovic.

    C’est triste, mais Tsitsipas stagne, en admettant même qu’il n’ait pas régressé depuis un an. Il ne relance pas bien, il boise ses revers à en rendre jaloux la Piole, et puis Djoko lui est rentré dans le cerveau. Medvedev aussi est dans le creux de la vague. Et Nadal, j’en parle au-dessus. Je ne sais pas s’il est mathématiquement éliminé ou s’il peut encore passer par un trou de souris dans une config à 3 deuxièmes de poule à 1 victoire, mais bon…

    Les autres partent de loin, n’ayant pas l’habitude de gagner gros, ni de battre Djoko. Rublev hier t’avais l’impression qu’il avait gagné le tournoi. FAA montre de belles choses mais sa course poursuite folle pour Turin a dû laisser des traces : contre Nadal je l’ai trouvé exceptionnel au service (Nadal n’a dû remettre en jeu que 40% de ses services), autant à l’échange entre les toiles, les mauvais choix… Faudra monter en puissance si Djoko est au rdv en face. Fritz est un compromis de joueur en forme mais relativement frais grâce à son élimination rapide à Bercy. A t-il pour autant une tête de vainqueur du Masters ?

    Bref, à moins d’un Patator en chaleur en demie, ou d’une montée en puissance subite de Medvedev qui reste jusqu’à preuve du contraire, avec Nadal, le plus à même de poser des problèmes à Djoko à la régulière, on est bien parti pour DjokoSix. Si ce n’est pas DjokoUno en 2023.

    • Anne 16 novembre 2022 at 12:03

      Pour Tsitsipas, il semble vraiment marquer le pas. Et cela aurait été une anomalie que de le voir prendre la tête du classement à la d’écrue d’un excellent Masters de fin d’année. Un autre truc embêtant chez lui je trouve, vu son jeune âge, c’est qu’il ne donne pas l’impression d’être hyper épanoui sur un court de tennis, de traîner un peu sa peine. Mais peut-être n’est ce là qu’une fausse impression

      • Guillaume 16 novembre 2022 at 13:39

        Fanou il ne serait pas assisté du giga méga Coach que la Terre entière nous envie et que son omniprésence dans les médias a rendu intouchable dans lesdites multiples colonnes où il prêche la sainte parole, il y a longtemps qu’on se poserait la question de l’apport de son staff depuis 2 ans, et la pertinence d’avoir à ses côtés un entraîneur qui batifole de box en box en fonction de la forme du moment des pensionnaires de son académie.

        • Rubens 17 novembre 2022 at 11:49

          Je voyais Mark Philippoussis hier dans le box de Fanou. Pour les plus jeunes, en gros Philippoussis est le Bernard Tomic version 0.9, Australien cela va de soi, et accessoirement d’origine grecque. Le Marko doit parfaire son Grec moderne en papotant avec Fanou, en revanche j’ai du mal à deviner ce que lui, Marko, peut apporter à Fanou :smile:

          • Guillaume 17 novembre 2022 at 15:09

            Philippoussis – Tomic ? T’es dur ! Je me souviens d’un Mark flambeur, oui, tombeur aussi, mais finalement plutôt bosseur et capable de revenir d’une grave blessure au genou pour rejouer une finale de GC alors que tout le monde le pensait plus ou moins fini pour le tennis. Meilleure mentalité, meilleurs accomplissements, plus dur au mal, certes jeu moins riche que Bernie (que je tiens comme un des plus gros gâchis de son temps eu égard à ce qu’il était capable de produire) mais taillé pour les canons de l’époque… y’a pas grand-chose pour les réunir, hors la nationalité.

            Mais je partage ton questionnement sur l’apport de Philou à Fanou, sorti du dénominateur commun grec.

        • Anne 19 novembre 2022 at 13:00

          Tu as tellement bien résumé la situation. C’est fou qu’il soit intouchable à ce point. Quand on voit la bien maigre bafouille dont il s’est fendu pour la retraite plus ou moins avérée de celle qui aurait dû être sa Queen Serena… ça interroge

          Je me demande si d’ailleurs PM ne leur fait pas signer des contrats qui les engagent sur un paquet d’années, sans vraiment possibilité d’en sortir. Dans le cas de Fanou, vu son manque de réussite criante sur tous les points importants contre les too joueurs et ce tout au long de l’année, ou quasi… il serait temps qu’il envisage autre chose. En tous les cas, il est à parier que s’il avait eu autour de lui une structure plus traditionnelle et moins pater + PM dépendantes, il ne se poserait même pas la question et s’en serait débarrassé

  14. Rubens 16 novembre 2022 at 00:33

    Casper je t’aime. Gillou est mort, vive Casper. Et en plus j’adore les trois cousines de ton box :smile:

    Tout ceci, en effet, sent quand même bien fort la victoire de l’Immonde à la fin.

  15. Rubens 17 novembre 2022 at 00:00

    Magnifique tie-break du 2ème entre Fanou et Daniil. Le Russe est encore en vie.

  16. Kristian 17 novembre 2022 at 09:22

    Djokovic, je sais pas. Oui, il a l’air plus solide. Mais c’est tous les ans comme ca, et a l’arivee le Masters lui echappe et il se fait coiffer par un jeune. En realite le Masters appartient aux jeunes, La derniere victoire du serbe remonte a 2015 quand il etait lui meme encore jeune. C’est pourquoi je mets une piece sur FAA, si comme je le pense il tombe sur le Djokovic en demi-finale.

  17. Guillaume 17 novembre 2022 at 15:50

    Le nouveau Ferrer peut-il être à la hauteur de son aîné qui, pour inoffensif qu’il ait pu être sur terre (22-2 au H2H !), a su faire jeu égal avec Nadal sur dur (4-4) ?

    Il y a un vrai enjeu pour Ruud aujourd’hui, comme pour Felix il y a 2 jours. Parce que si tu ne bats pas ce Nadal-là, en indoor en fin de saison, comment tu veux espérer y parvenir quand tu devras l’affronter dans les derniers tours d’un GC en 2023 ?

    • Guillaume 17 novembre 2022 at 16:56

      Y’a une grosse différence tout de même entre Ferrer et Ruud : Ferrer avait un très bon revers. Ruud explose trop vite de ce côté.

      Merci aussi pour le vilain passing baduf sur balle de break à 4-4 au premier set. Après ça Nadal a déroulé.

  18. Rubens 18 novembre 2022 at 10:46

    Salut Guillaume,

    Mark Philippoussis…

    De ce que j’en sais, il passait ses heures à jouer à la Nintendo. Il n’aimait pas trop les GC, car les matchs plus longs empiétaient sur son temps de Nintendo.

    A la fin de sa carrière, il a participé à une émission de télé-réalité, des filles s’affrontant pour que la gagnante puisse passer la soirée avec lui. De mon modeste point de vue hétéro non refoulé, je me demandais si ce type beau comme un dieu avait besoin d’en arriver là pour entrer en contact avec une personne du sexe opposé. Si Twitter avait existé, il aurait fait un malheur. Quand je vois les concours de zizis Narbé-Nicky, je me dis que ce cher Marko a eu le grand malheur de naître 20 ans trop tôt.

    Quant à sa carrière, elle a effectivement une autre allure que celle de Narbé. Mais elle est également marquée par des éclipses liées à des blessures, autant de périodes où (pour ce qui m’en a été dit) son hygiène de vie était absolument déplorable. Ce qui retardait d’autant ses retours au plus haut niveau, et a pesé lourdement sur sa carrière. Ceci dit, Marko a également été capable de bosser sérieusement à certains moments (tout comme Narbé du reste), quand son corps le lui permettait et quand l’envie lui prenait. Il avait un rapport bipolaire au tennis, avec des épisodes dépressifs qui débouchaient sur des matchs semi-balancés ou un éloignement des courts. Par moments il ne venait que pour toucher sa garantie, il n’y avait pas à l’époque les réseaux sociaux pour documenter et amplifier tout ça. Quand il n’avait pas envie de jouer, il faisait un peu illusion sur le terrain. Il faut dire qu’à la base c’était un serveur surpuissant, doublé d’un cogneur, l’un des plus grands de son époque. Quand il ne voulait pas, il lui était facile d’envoyer des missiles de tous les coins du terrain, c’était son jeu de toute façon. Quand ça ne rentrait pas, la conclusion logique était d’écrire qu’il était dans un mauvais jour.

    Pour être tout à fait juste avec Marko, je lui reconnais un vernis de bonne conduite en société que n’a absolument pas Narbé. Il n’avait pas cette flamboyance dans l’affirmation de son je-m’en-foutisme du tennis. Mais entre les deux, il y a une différence de curseur, pas de nature.

    Je lisais vos échanges sur Tsi² qui ne semble pas épanoui sur le terrain. En son temps, David Nalbandian m’avait fait un peu la même impression, et si je devais remonter encore le nom de Mark Philippoussis réémergerait rapidement. Ou, dans un autre registre, Agassi en 94-95. Des types qui dégagent quelque chose d’étrange, voire de malsain, dans leur comportement sur le court. Chez les filles, Naomi Osaka me semble rentrer dans ce registre. Ce sont des personnalités très différentes, dont le point commun me semble être de ne pas avoir situé exactement la place du tennis dans leur vie. Et donc de souffrir des sacrifices qu’ils font pour évoluer au plus haut niveau.

    La dernière chose à faire quand on se pose ce type de question, c’est d’aller chercher quelqu’un qui a eu les mêmes et s’est avéré incapable d’y répondre. Mark Philippoussis est la dernière personne dont Fanou aurait besoin sur le terrain. Et je dirais la même chose si Naomi Osaka allait chercher Mary Pierce.

    • Guillaume 18 novembre 2022 at 12:31

      Ah oui, à ce point-là ? Je te fais confiance, tu sembles avoir tes sources J Me concernant, j’ai surtout connu le Philippoussis des dernières années, celui qui s’est donné les moyens de revenir après ses opérations au genou et n’est pas passé loin d’accomplir son rêve de gagner Wimbledon. Le genre de parcours auquel j’accorde du crédit. Après que dans ses jeunes années il ait eu un côté branleur… Il avait tout pour en cocher les cases, du physique de jeune premier à l’explosion précoce (à peine 19 ans quand il met 3 sets à Sampras à l’OA). Mais, et c’est un pareil pour Bernie, ce genre de comportement à 18, 20 ans, ne m’étonne pas et me paraît même plutôt humain – c’est l’inverse, les mecs ultra focus dès leurs 16 ans à la Nadal qui sont à mes yeux l’anomalie. Même Roro cochait les cases du caractériel féru de jeux vidéos et au rapport au tennis ambivalent à ces âges-là ;) En revanche, c’est quand rien n’a changé à 30 piges que ça devient plus problématique : Narbé aurait très pu être tête de con à 20 ans et avoir compris des trucs à 30.
      Je te rejoins pour le reste. Il y a un équilibre à trouver en être investi dans ton sport, être dédié à ton sport, tout en étant capable de relativiser les échecs. Lüthi parlait de la capacité de Rodge à « switcher » après un revers, à passer à autre chose. Sans ça, tu t’autodétruis. C’est ce qu’à vécu Coria par exemple. Tsitsi me semble là-dedans : les défaites le marquent durablement. IL a eu beaucoup de mal à rebondir après sa défaite sur Stan à RG en 2019, quand il se voyait tout bouffer, et il traîne encore comme un boulet celle de RG 21 contre Djoko.

      • Rubens 18 novembre 2022 at 17:07

        Mes sources ?

        Feu le tournoi de Toulouse, qui existait à l’époque où j’y étais étudiant. A Toulouse comme ailleurs, les joueurs pouvaient se signaler par des comportements en dehors de la norme (en bien comme en mal, d’ailleurs). Et à Toulouse comme ailleurs, certains des acteurs qui gravitaient autour du tournoi étaient aussi des dirigeants ou des bénévoles dans les clubs environnants. Marko a marqué le tournoi de son empreinte, avec un titre en 96 et une finale en 97. Et, sans trop en dire, il ne l’a pas marqué que sur le terrain. Ceci dit tu as raison, il avait la vingtaine à l’époque de Toulouse, et l’inquiétant n’est pas d’être comme ça à 20 ans mais de l’être encore à 30. Mark Philippoussis est sans doute le principal underachiever de son époque, qui aurait dû atteindre sa plénitude sur la période allant de la fin des années Sampras au début du règne de Federer. Il avait dans la raquette un arsenal largement suffisant pour marquer cette période au fer rouge. Mais il est resté à l’état de promesse perpétuelle, incapable de gérer sa carrière, incapable de conscientiser son véritable potentiel et de s’astreindre à la discipline nécessaire pour l’exploiter à fond. Incapable de prendre soin de son corps, qu’il a lui-même rendu fragile par négligence.

        Quant à l’histoire de l’émission de télé-réalité, elle vient d’une certaine revue que je lisais avec assiduité, dans la rubrique « à la volée » je crois, en 2005 ou 2007, je ne sais plus :smile:

        Et sinon, au-delà de Toulouse, ayant été au contact de nombreux acteurs locaux ou nationaux du tennis jusqu’en 2005, j’ai eu des échos par des biais. Et parfois des témoignages de première main. Selon ces mêmes témoignages, d’ailleurs, il semble que Marat Safin était un plus grand bosseur que ce qu’il voulait bien en dire, bien plus que ce que son image publique a retenu de lui. Il pouvait prendre du bon temps à l’occasion, mais sûrement pas autant que ce que l’Histoire en a retenu, et sûrement pas en étant en lice dans un tournoi. Mais c’est lui, en répondant à ces questions par des sourires entendus, qui alimentait sa légende. Parce que Marat entre 1998 et 2005, il se levait tôt environ 360 jours par an, et il ne chômait pas à l’entrainement. Sa légende ne porte que sur les 5 jours restants…

      • Colin 18 novembre 2022 at 18:03

        Ah Philippoussis… Finalement je me demande si son plus grand « achievement » n’a pas été cette finale de Coupe Davis à Nice en 1999 sur TB indoor, où il explose coup sur coup Grosjean et Pioline (au contraire de Hewitt (encore très jeune) battu deux fois). Mais bon, on va dire qu’il était alors sous l’influence bénéfique d’un capitaine de CD et du reste de l’équipe aussie qui ne prenaient sûrement pas cette finale à la légère. Peut-être qu’ils lui avaient confisqué sa Nintendo toute la semaine…

        • Rubens 19 novembre 2022 at 00:05

          Le match contre Pioline est un chef-d’œuvre. Du Del Potro avant l’heure, une mitraillette, de n’importe quelle position du terrain. Pioline n’était pas le premier venu, mais là il ressemblait à un petit garçon dépassé par la puissance de l’adulte. Hallucinant.

          Le match contre Sampras à l’AO 96, autre grand moment : le gars en fusion totale, qui ne rate absolument rien. J’étais presque surpris que le score soit aussi serré (6/4 7/6 7/6). Sampras n’est resté au contact que grâce à son service. Dès que l’échange se prolongeait au-delà de deux coups, Marko remportait le point dans 80% des cas. Une boucherie. Une démonstration de force comme Pitou en a subi très peu dans sa carrière. Soit dit en passant, Pitou était parti pour se prendre le même tarif en quarts de Wim 99, mais le genou de l’Australien l’a lâché.

          Mais mon préféré de Marko, c’est une défaite, la finale de Bercy 2000 contre Safin. Finale monstrueuse d’intensité, marquée par des points joués à une vitesse irréelle. C’est le match, je crois, qui fait de Marat le nouveau n°1 mondial, dans le cadre d’une course sublime contre Kuerten pour le trône en fin d’année.

          J’ai vu ces matchs-là. Et j’en suis sorti à chaque fois en me disant que je n’avais jamais vu quelqu’un jouer à la fois aussi vite et aussi bien au tennis. Même Pitou était démoli en puissance.

          A l’arrivée, deux finales en GC et une éphémère place de n°8 mondial en 1999. Ce gars avait un problème. Un vrai gros problème. Il avait des contentieux avec Hewitt oui, et aussi avec Rafter. Je ne sais pas si ses coéquipiers lui confisquaient sa Nintendo lors des rencontres de Coupe Davis. D’un côté, des trucs pareils au sein d’une équipe de Coupe Davis semblent inimaginables, d’un autre côté ce serait tout à fait conforme au personnage, d’une immaturité à donner le vertige. Guillaume, c’est toi je crois qui avais parlé de mauvais retour de karma à propos du tennis aussie des années 2000. Question décérébration, Kyky et Narbé ont touché le fond, mais rendons à César ce qui appartient à Jules et convenons, outre la prime à l’ancienneté, que les profondeurs atteintes par Marko étaient déjà abyssales.

    • Guillaume 18 novembre 2022 at 21:44

      Oui, Safin il y a une large part de Liberty Valance là-dedans, on imprime la légende. Mais le type a quitté pays et famille pour aller s’entraîner en Espagne à l’adolescence ; la famille a emprunté de l’argent à des gens qu’on ne fait pas attendre à l’heure de rembourser ; Marat s’est déglingué le dos à rembourser ladite dette et ses intérêts le plus vite possible, et celle de sa soeur en même temps… Rien dans son parcours n’accrédite le je m’en foutisme.

      Quant à Philippoussis, c’est clairement sa meilleure période, de sa finale d’US Open 98 à la victoire en Davis un an plus tard. Au milieu, un M1000 à Indian Wells, un quart à Wim où il est contraint à l’abandon alors qu’il a gagné le premier set contre Sampras… Avec 2003, il fait aussi partie des privilégiés qui peuvent se targuer d’avoir inscrit 2 fois le point du titre en Davis.

      Je crois avoir lu aussi qu’il y avait eu un temps un relationnel difficile avec Hewitt.

      • Rubens 19 novembre 2022 at 00:42

        « la famille a emprunté de l’argent à des gens qu’on ne fait pas attendre à l’heure de rembourser »

        Je ne sais pas si le moment où Marat a payé sa dette est connu ??

        Mais ce serait intéressant de le savoir, parce que ça nous éclairerait sur sa trajectoire. Je parlais juste à l’instant de son accession au trône en novembre 2000, je soupçonne que c’est à la fin de cette année-là qu’il a réglé la note.

        Un indice plaidant en ce sens est la purge qu’ont été les six premiers mois de 2001. D’aucuns y ont vu une mauvaise digestion de cette place de n°1 qui lui échappe finalement d’un cheveu fin 2000. Franchement je n’y crois pas. En revanche, je soupçonne une phase de décompression à ce moment-là, jouer au tennis et gagner de l’argent n’étant plus une affaire de survie. Je ne peux pas imaginer ce que ce doit être de vivre et de jouer au tennis avec une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête. Dans les années 90, un donateur russe était déjà un donateur russe, c’est-à-dire en effet quelqu’un qu’on ne fait pas attendre. Peut-être a-t-on repêché quelques cadavres de jeunes Russes prometteurs quelque part en Mer Noire, ou peut-être a-t-on récupéré dans les poubelles du métro moscovite leurs membres dont les skins n’avaient pas voulu :mrgreen:

        Toujours est-il que c’est à cette période-là que Marat a commencé à faire du sur-place, à se blesser, à partir, à revenir… et à nourrir une image d’épicurien qui ne l’a plus lâché.

        Reste que le Marat fut en son temps le plus jeune à devenir n°1 mondial. Et dans des conditions normales en plus. On était en 2000, pas en 2022, Sampras n’a pas fait 6 mois de taule et Agassi ne s’est pas fait amputer du pied droit, ils étaient là et bien là :smile:

        • Guillaume 21 novembre 2022 at 12:03

          On sait plus ou moins, oui. Il a cravaché pour rembourser au début, ce qui explique notamment son calendrier de stakhanoviste en 2000. Le mec joue quand même 31 tournois + la Coupe Davis ! Et il ne baisse pas de cadence après son titre à l’US. Il explique aussi qu’il s’y déglingue le dos au passage, ce qu’il paie en 2001. Quand tu évoques son premier semestre loupé, il y a aussi cette donnée-là. A Dubai, il abandonne à cause de la douleur. A Indian Wells, il va au bout de son match contre Thomas Johansson (tiens, déjà :lol: ) mais il sert en moyenne à 140 km/h en première !

  19. Colin 18 novembre 2022 at 18:19

    Daniil Medvedev a fait un pari insensé avec des copains, celui d’être le premier joueur de l’histoire à perdre ses trois matches de poules aux Masters au tie-break du 3ème set.
    Le bougre est bien parti pour gagner cet improbable pari !

  20. Colin 18 novembre 2022 at 18:25

    Voilà c’est fait. Bravo Daniil. L’année prochaine tu tenteras un pari moins stupide, celui de GAGNER tes trois matches de poules au tie-break du 3ème set. L’avantage c’est que tu pourras essayer ensuite de refaire ça en demi-finale puis en finale.

    Novak Djokovic c’est un peu comme si Tom Simpson s’était relevé, était remonté sur son vélo, et avait repris tous les autres coureurs un par un pour finir par s’imposer au sommet du Ventoux.

  21. Colin 18 novembre 2022 at 18:28

  22. Colin 18 novembre 2022 at 18:53

    Nadal gagnera encore Roland-Garros à 55 ans.
    Mais Djokovic, lui, fera beaucoup mieux : Il gagnera encore des matches de tennis après sa mort.

  23. Colin 19 novembre 2022 at 01:44

    Ruud, Fritz, et donc Rublev. Je vous avoue que je ne suis pas très confiant.

    • Anne 19 novembre 2022 at 13:02

      Nathan, on a besoin de toi. Un ultime coupe de collier avant janvier s’il te plaît. L’avenir du tennis est entre tes mains

    • Nathan 21 novembre 2022 at 13:46

      N’ayant pu me rendre aux Pyramides, je suis allé à Turin pour soutenir Rublev et répandre de mauvaises ondes sur celui dont j’ai promis de taire le nom pour les siècles des siècles.

      Pourquoi Rublev ? Rublev, c’est ma failesse honteuse, je le regarde en cachette, je ne peux pas m’en passer, c’est ma dope, ma préférence à moi. Un jeu monomaniaque, un tennis instable sur courant alternatif, un type pas très fun dont les rares sourires ont les charmes mystérieux d’une embellie au fin fond des prairies tourbeuses d’Ecosse en décembre, une âme slave torturée, version masochiste, toujours prêt à se crier dessus et à se frapper quand il rate une balle (c’est peu dire que le grand Autre dans la tête à Rublev doit être un brin persécuteur ou persécutrice).

      Bref Rublev, c’est l’anti Slip, un tennis non maîtrîsé qui vous met les nerfs en pelote, un type a priori sympa en dépit d’un abord peu accueillant, au lieu d’être un sale type à l’accolade accueillante -vous aurez reconnu celui dont je parle, il faut en effet toujours se méfier des gens qui sourient trop facilement.

      Tout avait bien commencé. La blancheur adamantine des Alpes enneigées promettait un avenir radieux, il faisait un soleil magnifique sur Turin, le Vitello Tonnato était très bon, le Barolo exquis, les Italiennes étaient belles comme d’habitude, tutte bene…

      La soirée s’annonçait sous les meilleurs auspices. La salle du Pala Alpitour était bondée, j’étais bien assis, chèrement assis tout de même, je voyais bien.

      Rublev semblait en forme. Le service pétait des aces, le coup droit mitraillette faisait très mal, on sentait qu’il allait faire le break d’un moment à l’autre. Il dominait l’échange… et puis patatras ! Vous connaissez la suite. No comment. Le pire du pire. Un jeu de service plein de fautes. Et surtout derrière, un tennis indigne, un mental en carton. Rublev frappait ses cuisses maigrelettes de ses petits poings. Rublev avait dix ans. Rublev voulait montrer à tout le monde qu’il était incapable de jouer.

      Le plus terrible dans l’histoire, c’est qu’en face Ruud jouait son tennis aseptisé, bien fait, solide, hygiénique. Voilà, Ruud, c’est le tennis hygiénique. Un tennis hygiénique condamné à perdre contre l’Autre des Balkans. Triste soirée. Même pas envie de me fatiguer à répandre de mauvaises ondes pour faire chuter l’Innomable.

      Il va falloir que Rublev change de tête. Et s’il changeait de coach pour changer de vision ? Accepter de perdre… pour se foutre la paix et gagner. Je lui conseillerais bien Stéphane Robert, le Kerouac du tennis, qui est devenu coach dans une Académie indigne, ou alors son mentor, Ronan Lafaix. Si Ronan l’a fait pour Stéphane (elle est bonne, celle-là !), il pourrait le faire pour Andrey. Non ? je rigole mais au fond, c’est une idée qui est loin d’être stupide.

      • Nathan 21 novembre 2022 at 13:53

        Innommable, c’est mieux avec 2 M, un M de plus pour celui qu’on déteste, quelle cruelle ironie…

      • Colin 24 novembre 2022 at 18:17

        Djokovic, appelons-le désormais l’innoable.

      • Colin 24 novembre 2022 at 18:19

        Allez, je veux bien (comme toi) pousser jusqu’à lui mettre un I majuscule, pour rendre hommage à son melon majuscule.

        Donc Djokovic = l’ Innoable.

        • Nathan 25 novembre 2022 at 16:25

          C’est une proposition parfaite !

  24. Nathan 23 novembre 2022 at 15:31

    Et voilà ! Le cirque médiatique est reparti ! Maintenant qu’il a gagné le Masters, on lui prédit x années de carrière avec 2/3 GC par an. Même Ruud avec sa tête de gendre parfait et de gentil garçon lui lèche les pieds, pour ne pas dire autre chose, en commentant sa victoire « C’est incroyable après tout ce que tu as enduré en 2022 ! ». Un comble, le gars refuse de se faire vacciner, a un comportement d’un egocentrisme irresponsable, et c’est le monde qui serait contre lui ! Si ça continue comme ça, je vais prendre les sens interdits, le sens interdit est une injure insupportable à ma liberté corporelle personnelle inaliénable d’aller et venir. C’est comme ça !

    • antsiran23 23 novembre 2022 at 18:28

      Personnellement je n’aime pas le joueur, mais pas du tout. En revanche le bonhomme il a du panache. Il a défié la bien-pensance en ne se faisant pas vacciner pour se protéger et il est allé au bout, au risque assumé de freiner sa course aux grands chelems. Ses années au top étant inexorablement comptées. Il a préféré user de sa liberté de penser et d’agir, valeurs oh combien bafouées par une société mondialisée qui a voulu imposer un pseudo vaccin qui ne sert à rien. Et pas sans effets secondaires. En tout cas ni à éviter la transmission, ni la contagion. Contrairement au lobbying des labos. Chapeau le bonhomme. Mais je continue à vomir son tennis.

  25. Anne 23 novembre 2022 at 23:22

    Euh… la pensée de Djokovic en matière sanitaire est surtout particulièrement perchée et carrément dangereuse. Il n’est pas contre le vaccin contre le Covid mais contre la vaccination en général et se retranche derrière « la vaccination doit être un choix personnel ». Ce qui méconnaît grandement le principe même de la vaccination et est une attitude très égoïste. C’est à se demander comment il fait pour scolariser ses enfants à Monté-Carlo puisque la vaccination est obligatoire pour nombre de maladies là bas. Et il a tenu des conversations dangereuses à plusieurs reprises, notamment sur la force du seul esprit de transformer de l’eau impure en eau potable. Ah oui, il a aussi des parts dans une société danoise de « remèdes alternatifs » pour tenter de soigner entre autres le Covid… le problème n’est pas qu’il défie la bienpensance mais bien que certains de ses propos et de ses actes sont dangereux et son plus proches de certains gourous sectaires qu’autre chose. Propos qu’il prend bien garde de ne propager qu’en serbe car il sait combien ils se retourneront contre lui en anglais… Personnellement’ je ne vois strictement aucun panache dans son attitude. Et comme il y a nombre de points qu’il s’est bien gardé d’éclaircir sur tout l’épisode australien… donc là aussi, question panache, il peut repasser…

    Chacun ses opinions mais TOUTES les études médicales sérieuses démontrent que si les vaccins n’empêchent pas TOTALEMENT la transmission ou la contagion, ils les réduisent FORTEMENT, en plus d’atténuer très fortement les risques de contracter une forme grave de la maladie (comme quoi le vaccin est loin de ne servir à rien…). Même à Djokovic je ne souhaite aucun des symptômes les plus graves du Covid…

    • Rubens 24 novembre 2022 at 13:59

      Pour ma part, j’ai bien assez de reproches à faire à Novak Djokovic, je n’y ajouterai pas de remarques sur ses positions antivax. En revanche, Antsiran, je crois que tu réécris l’histoire : c’est une chose de ne pas vouloir se faire vacciner, c’en est une autre justement de ne pas accepter d’en subir les conséquences et de tenter de rentrer frauduleusement sur le territoire australien en présentant de fausses attestations.

    • Colin 24 novembre 2022 at 18:31

      Toutafé.
      Panache my ass.
      Le panache ç’aurait été de rester chez lui. Ce qu’il a fait en Australie c’est le contraire du panache. C’était « I am the King ; et toi, le monde, conforme-toi à Mes souhaits ». Et il a été tout surpris de découvrir que l’Australie et la Serbie, ça ne fonctionnait pas pareil. Dommage, à 36 ans, d’être encore autant coupé des réalités.

      • Anne 24 novembre 2022 at 18:57

        Je plussois totalement et puis j’ajouterais que le panache c’est tout sauf prétendre assumer les conséquences de son choix et de se répandre à longueur d’interviews sur le fait que cette saison a été super compliquée pour lui et ses proches. Et d’envoyer son coach et son entourage dire maintes fois combien ses résultats en fin d’année sont tellement extraordinaires surtout pour un joueur qui a dû s’entraîner sans savoir quand il serait autorisé à jouer ou pas

  26. Anne 23 novembre 2022 at 23:56

    je suis étonnée que le fait que Nadal zappe la Piqué / Davis Cup pour aller jouer une exhibition en Argentine ne fasse pas plus parler que ça… alors que la phase finale de la-dite Cup se joue quand même en Espagne. accessoirement d’ailleurs ses compatriotes ont perdu contre la Croatie… qui joueront donc la demi-finale contre les Australiens

    • Colin 24 novembre 2022 at 18:36

      J’ignorais. Mais moi tout ce qui est susceptible de planter un clou de plus sur le cercueil de la Piqué cup, je l’accueille très favorablement, donc si Nadal était allé jouer une exhibition sur Mars plutôt que d’aller soutenir cette mascarade j’aurais trouvé ça aussi très bien.
      Piqué cup et FIFA world cup au Qatar, c’est du pareil au même : corruption, aberration, et enterrement des valeurs sportives les plus élémentaires.

  27. Anne 27 novembre 2022 at 19:55

    Et voilà, le Canada qui a perdu au premier tour mais a été repêché après la disqualification de la Russie a gagné la Piqué Cup

  28. Rubens 2 décembre 2022 at 12:07

    Article très intéressant d’Eurosport, à propos du contrôle positif de Fernando Verdasco. Il semble que l’usage du méthylphénidate, un stimulant du système nerveux, soit largement répandu dans le tennis de haut niveau. Ce n’est pas un produit interdit, mais il doit faire l’objet d’une prescription médicale, et c’est sur ce point que l’Espagnol a fauté puisque son AUT n’était pas à jour.

    A 39 ans, Nando est en fin de carrière, mais l’essentiel n’est pas là. Le recours massif à ce type de traitement en dit long sur la pression psychologique à laquelle sont soumis les joueurs et joueuses de haut niveau, et sur les difficultés qu’ils rencontrent pour la supporter.

    Comme souvent en pareil cas, nous parlons d’un médicament légal. Mais si j’ai bien compris, il s’agit d’un stimulant pour les capacités d’attention, et donc un produit aidant celui qui le prend à améliorer ses capacités de concentration. Selon moi il s’agit donc bien de dopage, puisque c’est un produit susceptible d’améliorer la performance. Nous sommes loin du crystal meth du Kid et du rail de notre Richie.

    Un certain nombre de commentateurs ont observé, en parlant du Big 3 et de la cohorte de leurs suiveurs immédiats, que la nouveauté de l’époque était que ces types étaient d’une constance absolument remarquable. Pour rebondir sur le thème de mon article, Pitou et Dédé, même dans leurs phases les plus fastes, n’ont pas aligné les quarts, demis voire finales en GC et en M1000 avec la même constance que Tsonga, Berdych ou Ferrer. J’ignore s’il y a un lien avec les produits que la médecine met désormais à disposition des joueurs, mais l’arrière-plan de cette affaire Verdasco pose au moins trois questions :

    – le recours massif (puisque renouvelé sur ordonnance) à de tels produits est-il dangereux à long terme pour la santé ?

    – ce type de produits doit-il continuer à être autorisé ?

    – ne serait-il pas préférable de faire retomber la pression sur le corps et l’esprit des joueurs et joueuses, plutôt que de les aider (par la chimie) à encaisser cette pression ?

    Les autorités du tennis, qui prétendent être attentifs au bien-être des joueurs et joueuses (ils l’ont martelé au moment de l’affaire Osaka), ont là une magnifique occasion de transformer les paroles en actes.

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