Le bush de Kooyong (2/5)

By  | 14 décembre 2021 | Filed under: Actualité, Histoire

rosewall-ao72

Deuxième par­tie : la poule à la tête coupée (1969-1975)

S’il est un fil qui s’est brus­que­ment coupé en 1968 avec l’ouver­ture, c’est bien celui qu’avait lon­gue­ment tissé Harry Hop­man. Aux ex­clus­ions de Rosewall et Laver déjà en vigueur de­puis des années s’ajoutent désor­mais cel­les des amateurs qui se sont em­pressés de re­joindre les écu­ries pro­fes­sion­nelles début 1968, à savoir Roy Em­er­son, John New­combe et Tony Roche. Soit la totalité de l’équipe d’Australie vir­tuel­le de l’époque. Hop­man a bien préparé la suite, avec John Al­exand­er et Phil Dent, le pre­mi­er nommé, à 17 ans, de­venant le plus jeune joueur sélec­tionné en Coupe Davis pour la fin­ale de 1968. Mais en face se dres­se la puis­sante équipe des Etats-Unis, emmenée par Arthur Ashe et Stan Smith… Il n’y aura pas de mirac­le, et l’Australie est vain­cue 3/0 à domicile. La fin d’une ère, car la sour­ce Hop­man, qui semblait in­tariss­able, va brus­que­ment donn­er des sig­nes de faib­lesse. Son système, dont la différence se faisait sur la trans­miss­ion, s’ef­fondre brus­que­ment. Privés de grand frère, Dent et Al­exand­er ne joueront jamais les pre­mi­ers rôles, et il faud­ra at­tendre le milieu des années 80 pour avoir à nouveau un champ­ion australi­en, Pat Cash, d’en­vergure mon­diale.L’ouver­ture de 1968 va ouv­rir une nouvel­le période pour le Grand Chelem australi­en, celle où tous les grands champ­ions de l’époque seront désor­mais théorique­ment auto­risés à venir. Mais avec la fin de l’ère Hop­man, le Grand Chelem australi­en va se retro­uv­er con­fronté à l’assèche­ment de son réser­voir nation­al.

De­puis la fin de la guer­re, seules les vic­toires des Américains Dick Savitt en 1951 et Alex Ol­medo en 1959 empêchent un pal­marès im­maculé, con­stitué ex­clusive­ment d’Australiens. Sedgman, McGregor, Rosewall, Rose, Hoad, Co­op­er, Laver, Em­er­son. Un pal­marès qui a fière al­lure au pre­mi­er abord, mais qui mas­que le fait que l’Australian Open pro­pose des tab­leaux con­stitués pre­sque ex­clusive­ment d’Australiens, et qu’il s’ap­paren­te davan­tage à un tour­noi nation­al qu’à un tour­noi du Grand Chelem. Tant que les joueurs qui s’y affron­tent sont égale­ment les meil­leurs joueurs du monde, il n’est pas grand monde pour re­lev­er la différence. Mais les années 70, comme ex­pliqué plus haut, vont voir se de­sserr­er l’étrein­te australien­ne sur le ten­nis de haut niveau, et re­nvoy­er le stade de Kooyong à un statut de ves­tige d’une splen­deur passée.

Les di­rigeants de la fédéra­tion australien­ne sont bien con­scients de cette réalité lorsqu’ils mon­tent au créneau en mars 1968 pour empêcher l’ouver­ture. Des quat­re gran­des fédéra­tions qui règnent alors sur le ten­nis, celle des Anti­podes est sans nul doute la plus hos­tile à la révolu­tion de l’ère Open, car cette révolu­tion va in­évitab­le­ment mettre fin à 20 ans de domina­tion pratique­ment sans par­tage du ten­nis australi­en. En empêchant les « faux » amateurs Em­er­son et San­tana de par­ticip­er à la levée australien­ne de 1968, ils vien­nent d’ail­leurs de mettre fin à une hy­poc­risie générale qu’ils pratiquaient eux-mêmes auparavant. Un aut­hentique amateur, Bill Bow­rey, a pu ainsi in­scrire son nom au pal­marès du Grand Chelem, avec un tab­leau in­digent. Fin­ies les tournées mon­diales de ton­ton Harry fin­ancées par la fédéra­tion australien­ne. Les meil­leurs joueurs du monde sont payés pour ex­erc­er leur art, ils ont autre chose à faire que de pre­ndre les jeunes sous leur aile, ils re­gar­dent désor­mais leur Grand Chelem comme n’im­porte quel autre tour­noi, et s’il ne pro­pose pas une dota­tion suf­fisan­te ils ne se déplaceront pas.

L’his­toire de l’open d’Australie entre 1969 et 1975 s’ap­paren­te à la chronique d’un monde au bord de l’ef­fondre­ment.

[Note : pour chaque édi­tion sont précisées les dates de la fin­ale de la Coupe Davis, cel­les du Mast­ers à par­tir de sa première édi­tion en décembre 1970, ainsi que les prin­cipales têtes d’af­fiches de ces deux com­péti­tions.]

1969 (20-27 jan­vi­er – Dota­tion 26500 $)

Fin­ale Coupe Davis 1968 (Australie, du 26 au 28 décembre 1968) : Etats-Unis b. Australie (Ashe, Smith)

Pre­mi­er Australian « Open », avec 6 tours étalés sur 8 jours. Avec des bi­zar­re­ries, comme Allan Stone, tête de série n°16, di­rec­te­ment qualifié pour le second tour, contra­ire­ment à Tom Okker, tête de série n°3… Le tab­leau est dif­ficile à re­mplir, et 28 des 48 par­ticipants sont australiens. Le tour­noi est précédé d’une mini-saison de 3 semaines sur gazon en Australie, à des dates pro­ches de cel­les d’aujourd’hui.

Sur le ter­rain, Rod Laver, n°1 mon­di­al of­ficieux (le clas­se­ment ATP n’exis­te pas en­core) pose la première pier­re de son édif­ice monument­al de 1969. Il s’im­pose en fin­ale face à Andrés Gimeno, tom­beur en huitièmes de Ken Rosewall. Le plus beau match du tour­noi sera la demi-finale entre Rod Laver et Tony Roche. 4h20 de ten­nis total, 45° en­registrés sur le court, et tout le monde qui som­nole alors qu’un re­tour de Laver sort net­te­ment, à 4/3 Laver au cin­quiè­me set, 0/15 sur le ser­vice de Roche. La vic­time elle-même n’a plus le co­urage de venir se plaindre, quel­ques minutes plus tard Roche est éliminé. Mais il s’af­firmera comme le rival le plus cor­iace de Roc­ket sur la route du Grand Chelem, en le dominant à cinq re­prises cette année-là.

1970 (19-27 jan­vi­er – Dota­tion 12000$)

Fin­ale Coupe Davis 1969 (Etats-Unis, du 19 au 21 sep­tembre 1969) : Etats-Unis b.Roumanie (Ashe, Smith, Nas­tase)

Mêmes dates que l’année précédente, mais une dota­tion ridicule, même pour l’époque. Les pros de la NTL, Laver et Rosewall en tête, sont sous la coupe du puis­sant Geor­ge McCall, qui exige des garant­ies pour les faire déplac­er. La fédéra­tion australien­ne, totale­ment imprégnée d’un amateuris­me fin­is­sant, est loin de pouvoir of­frir les garant­ies suf­fisan­tes, et le tab­leau sera amputé des pros de la NTL. L’écurie de Lamar Hunt, elle, est bien présente. Avec 29 loc­aux et 19 étrang­ers, les Auss­ies con­tinuent à se taill­er la part du lion. Les or­ganisateurs ont enfin appris à faire un tab­leau et à positionn­er cor­rec­te­ment les 16 têtes de série, dont 8 seule­ment sont australien­nes, ab­s­ence des pros NTL ob­lige. L’étrein­te de la domina­tion australien­ne com­m­ence à se de­sserr­er.

Comme l’année précédente, le tour­noi se solde par un échec fin­an­ci­er. La levée australien­ne subit alors la désaf­fec­tion de son pub­lic, à laquel­le les re­transmiss­ions télévisées ne sont pas étrangères. Le spec­tateur peut désor­mais décap­sul­er sa bière et re­gard­er le tour­noi derrière son téléviseur, au lieu de brav­er la four­na­ise es­tivale.

Les quarts de fin­ale débouc­hent sur trois sur­prises, avec les défaites de Tony Roche, John New­combe et Tom Okker. C’est Arthur Ashe, tête de série n°4, qui tire son épingle du jeu, en dis­posant en fin­ale de l’Australi­en Dick Crea­ly en quat­re sets. Crea­ly est la bonne sur­pr­ise australien­ne du tour­noi. Tom­beur de Stan Smith, Tom Okker et Roger Taylor, il se poserait pre­sque comme un suc­ces­seur pos­sible aux légen­des bientôt vieil­lissan­tes, mais il a déjà 25 ans et ce sera sa seule fin­ale en Grand Chelem…

1971 (7-14 mars – Dota­tion 50000$)

Fin­ale Coupe Davis 1970 (Etats-Unis, du 29 au 31 août 1970) : Etats-Unis/RFA (Ashe)

Mast­ers 1970 (du 8 au 13 décembre 1970, Tokyo) : Rosewall, Franulovic, Ashe, Smith, Laver, Kodes

L’Australian Open pro­pose enfin une dota­tion digne de ce nom, grâce à un spon­sor, la mar­que de bal­les Dun­lop. Le mécène Lamar Hunt vient aussi à la re­scous­se du tour­noi en y en­voyant son ar­mada ; il a avalé la NTL de McCall l’année précédente, et son écurie com­pte désor­mais tous les meil­leurs joueurs australiens. Hunt a négocié di­rec­te­ment avec Dun­lop et non avec la fédéra­tion australien­ne. La main de Lamar Hunt est visib­le dans la date choisie, au mois de mars, à la fin d’un hiver où le cir­cuit ATP s’est es­sentiel­le­ment dis­puté sur le sol américain. Elle est visib­le égale­ment dans l’instaura­tion du tie-break, qui est déjà en vigueur sur le cir­cuit WCT mais qui est en­core loin d’être appliqué par­tout. L’Australian Open est pratique­ment un tour­noi WCT, même si les ap­par­ences sont re­spectées. Avec 26 loc­aux et 22 étrang­ers, les Australiens re­stent majoritaires. Mais avec 6 têtes de série australien­nes sur 16, le déclin se pour­suit.

Le chan­ge­ment de dates n’at­tirera hélas pas plus de pub­lic. Et curieuse­ment, les stars australien­nes ne se sen­tent pas par­ticuliè­re­ment con­cernées. Laver, Roche et New­combe chutent prématurément. Le seul à re­st­er de­bout sera Ken Rosewall. A 36 ans, « Muscles » est le pre­mi­er de l’ère Open à re­mport­er une levée du Grand Chelem sans per­dre un seul set. Il réussit une démonstra­tion de force en fin­ale, face au tenant du titre Arthur Ashe qui ne mar­que que 9 jeux.

1972 (26 décembre 1971 – 3 jan­vi­er 1972 – Dota­tion 10000$)

Fin­ale Coupe Davis 1971 (Etats-Unis, du 8 au 11 oc­tob­re 1971) : Etats-Unis b. Roumanie (Smith, Nas­tase)

Mast­ers 1971 (du 7 au 12 décembre 1971, Paris) : Nas­tase, Ric­hey, Barthes, Kodes, Smith, Franulovic, Graebn­er

Après des décenn­ies d’itinérance entre Syd­ney, Bris­bane, Adelaïde et Mel­bour­ne, le site de l’Australian Open se fixe définitive­ment à Kooyong, le plus grand et le plus pre­stigieux des stades de ten­nis australiens, le plus à même aussi d’ac­cueil­lir la pre­sse et les équipes de télévis­ion.

Le sort de cette édi­tion est scellé bien avant que la première balle soit frappée. En 1971, la fédéra­tion in­ter­nationale décide de ban­nir de toutes ses com­péti­tions les pro­fes­sion­nels de la WCT de Lamar Hunt. De­venu le pat­ron de 32 des meil­leurs joueurs du cir­cuit, le Texan exige des garant­ies fin­an­cières de plus en plus ex­or­bitan­tes aux yeux de l’ITF, qui ne peut suiv­re le rythme. Le décret d’Allan Heyman prend effet au 1er jan­vi­er 1972, et prive les résul­tats du pre­mi­er semestre 1972 d’une gran­de part de leur sig­nifica­tion spor­tive. Les or­ganisateurs de l’open d’Australie croient judicieux d’avanc­er leur tour­noi aux de­rni­ers jours de 1971, afin d’échapp­er au co­uperet de l’ITF. Mais en pleine trêve des con­fiseurs, per­son­ne ne se bous­cule au por­tillon du stade, d’autant plus que le spon­sor Dun­lop s’est enfui, en même temps que Lamar Hunt, re­ndant la dota­tion de cet opus à nouveau ridicule (10000 dol­lars). Avec 41 Australiens sur 50 joueurs dans le tab­leau final, et Met­reveli comme seul joueur non-australien d’en­vergure, c’est un vérit­able re­tour au tour­noi nation­al des années 50-60.

C’est dans ces con­di­tions que Ken Rosewall, à 37 ans et 2 mois, de­vient le plus âgé des vain­queurs en Grand Chelem, re­cord qu’il détient toujours. En fin­ale, il prend le pas sur son com­pat­riote Mal An­der­son, qui lui avait succédé au pal­marès de l’US… amateur, en 1957, avant de faire une carrière plus discrète dans les rangs pro­fes­sion­nels. A la sur­pr­ise générale, le vieil­lissant An­der­son a vain­cu sur le fil John New­combe en quarts de fin­ale. Pour l’anec­dote, Rosewall tomba en panne sur le chemin de la fin­ale, con­tinua en taxi et tomba dans les em­bouteil­lages, au point de n’ar­riv­er à Kooyong que quel­ques minutes avant le coup d’envoi de la fin­ale !

Mais cet opus 1972, avec tout le re­spect dû à Ken Rosewall, mérite-t-il le label « Grand Chelem » ? Que ce soit en ter­mes de dota­tion ou d’ad­versité, ce titre à Kooyong ne tient pas la com­paraison avec la fin­ale WCT de Dal­las quel­ques mois plus tard, toujours re­mportée par le petit maître de Syd­ney. Un match à co­up­er le souffle, con­clu 7/6 au cin­quiè­me set face à Rod Laver en fin­ale, de­vant le plus large pub­lic jamais en­registré (à l’époque) et les télévis­ions du monde en­ti­er, et avec une dota­tion globale de 100000 dol­lars, autant d’ar­gu­ments face aux­quels l’open d’Australie n’a que son pre­stige à op­pos­er…

1973 (26 décembre 1972 – 1er jan­vi­er 1973 – Dota­tion 10000$)

Fin­ale Coupe Davis 1972 (Roumanie, du 13 au 15 oc­tob­re 1972) : Etats-Unis b. Roumanie (Nas­tase, Smith, Gor­man)

Mast­ers 1972 (du 28 novembre au 3 décembre 1972, Bar­celone) : Nas­tase, Oran­tes, Gor­man, Hewitt, Smith, Con­nors, Kodes, Gimeno

Re­tour à un tour­noi « Open » pour cette cuvée 1973 après les tur­bul­ences de l’édi­tion précédente, mais toujours la même prédominan­ce du ten­nis australi­en (34 « auss­ies » sur 56 par­ticipants) dont il est désor­mais évident qu’elles traduisent moins la puis­sance et la prédominan­ce du réser­voir australi­en que le désintérêt des joueurs des aut­res con­tinents pour le Grand Chelem des Anti­podes. En pleine période des fêtes de fin d’année, les or­ganisateurs souhaiteraient dis­suad­er le monde en­ti­er de venir en Australie dis­put­er leur tour­noi qu’ils ne s’y pre­ndraient pas aut­re­ment… D’autant que les tour­nois de la « mini-tournée » australien­ne sont désor­mais situés après le Grand Chelem, et non avant.

Alex Met­reveli et Pat­rick Pro­isy sont les seules têtes de série non-australiennes. Le Français s’in­vite en demi-finale, où il s’incline face au futur vain­queur John New­combe, enfin maître chez lui, après ses trois demi-finales con­sécutives entre 1965 et 1967. John re­mpor­te une fin­ale assez serrée face à Onny Parun. Quant à Rosewall, il com­m­ence à faire son âge, le doub­le tenant du titre (tête de série n°1) est éliminé d’entrée, en trois petits sets, par l’Al­lemand Karl Meil­er.

1974 (26 décembre 1973 – 1er jan­vi­er 1974 – Dota­tion 44500$)

Fin­ale Coupe Davis 1973 (Etats-Unis, du 30 novembre au 2 décembre 1973) : Australie b. Etats-Unis (Smith, Gor­man, New­combe, Laver)

Mast­ers 1973 (du 4 au 9 décembre 1973, Bos­ton) : Nas­tase, New­combe, Con­nors, Okker, Smith, Oran­tes, Kodes, Gor­man

Réduit à une semaine de­puis l’année précédente, l’open d’Australie n’en pro­pose pas moins, cette année-là, un « vrai » tab­leau à 6 tours pour tout le monde, avec un pre­mi­er tour en deux sets gag­nants et une dota­tion « honnête » de 44500 dol­lars. Et un tab­leau un peu plus uni­ver­sel que les années précéden­tes, avec 35 Australiens et 29 étrang­ers.

En l’abs­ence du pat­riarche Ken Rosewall, les es­poirs de la na­tion se re­posent sur New­combe, n°2 mon­di­al et tenant du titre. Dans les rangs de l’op­posi­tion, deux jeunes loups qui ont com­mencé à at­tir­er l’at­ten­tion l’année précédente, Björn Borg et Jimmy Con­nors, n°3 mon­di­al. Hors de forme, Newk dis­paraît en quarts de fin­ale, lais­sant la voie libre au jeune Jimbo, 21 ans, qui ouvre son com­pteur en Grand Chelem à cette oc­cas­ion.

Et c’est tout un sym­bole de con­stat­er que les deux de­rni­ers ad­versaires de Con­nors, cette année-là, sont John Al­exand­er et Phil Dent, les deux de­rni­ers es­poirs de l’époque Hop­man, trop tôt livrés à eux-mêmes au mo­ment de l’ouver­ture de 1968 pour véritab­le­ment per­c­er au plus haut niveau. Plus que les aut­res sans doute, cette cuvée 1974 sig­nale le déclin du ten­nis australi­en, parce qu’elle co­uron­ne pour la première fois de l’ère open un jeune joueur et amor­ce une relève génération­nelle. Et pour la première fois de­puis des années, ce jeune champ­ion n’est pas australi­en.

1975 (21 décembre 1974 – 1er jan­vi­er 1975 – Dota­tion 62500$)

Fin­ale Coupe Davis 1974 (annulée, prévue le du 29 novembre au 1er décembre 1974) : In­de/Af­rique du Sud

Mast­ers 1974 (du 10 au 15 décembre 1974, Mel­bour­ne) : New­combe, Borg, Vilas, Nas­tase, Oran­tes, Sol­omon, Ramirez, Parun

Re­tour à un for­mat « Grand Chelem » cette année-là, avec des matchs au meil­leur des cinq sets dès le pre­mi­er tour, contra­ire­ment aux deux années précéden­tes. Un for­mat que le tour­noi con­ser­vera jusqu’en 1981. Con­séqu­ence logique, la durée du tour­noi est ral­longée… et en­globe désor­mais le jour de Noël en plus du Nouvel An ! Avec une majorité de 37 Australiens con­tre 27 étrang­ers, le tour­noi ron­ronne. Les or­ganisateurs se con­solent avec le n°1 mon­di­al Jimmy Con­nors, bien présent pour défendre son titre. Ses vic­toires à Wimbledon et l’US Open l’année précédente ont été syn­onymes de Petit Chelem pour le punch­er américain. Pour la première fois de­puis Rod Laver en 1969, un joueur ex­er­ce une forte domina­tion sur le cir­cuit.

Mais cette cuvée 1975 verra New­combe tri­omph­er, à l’issue d’un par­cours mag­nifique, sans doute le plus beau de toute sa carrière en Grand Chelem. L’Al­lemand Rolf Hehr­ing, ses com­pat­riotes Geoff Mast­ers et Tony Roche, le pous­sent tous trois aux cinq sets. Vain­queur 10/8 au cin­quiè­me en quarts, puis 11/9 au cin­quiè­me en demi, on ne donne pas cher de la peau de New­combe en fin­ale face à Jimbo, qui de son côté a connu un par­cours tran­quil­le jusqu’à la fin­ale.

Le match de Newk face à Con­nors est un modèle. Newk est le pre­mi­er à avoir trouvé le point faib­le dans le jeu de l’Américain, en jouant des bal­les bas­ses et volon­taire­ment co­ton­neuses sur le coup droit de Jimbo, sans cherch­er à s’en­ferm­er dans un duel de vites­se en fond de court où Jimmy est sans rival. En quat­re sets ten­dus, l’Australi­en s’offre à 30 ans son septième et de­rni­er titre du Grand Chelem, le plus dif­ficile et le plus héroïque. Il n’aura manqué à cet Australi­en que la con­stan­ce pour ex­erc­er une domina­tion dur­able sur ces premières années de l’ère Open, sa con­di­tion physique étant trop souvent sus­pec­te. Mais ce jour-là, face à la plus ter­rible des ad­versités, sa pre­sta­tion in­spire le re­spect. En cette décen­nie désor­mais bien avancée, l’open d’Australie ac­couc­he enfin d’un match clé, dont le résul­tat va peser sur le reste de la saison 1975. Car Arthur Ashe et Manu­el Orantès ont man­ifes­te­ment vu et lon­gue­ment disséqué ce match avant d’affront­er Con­nors cette année-là à Wimbledon et à l’US Open, et vont à leur tour faire chut­er le monstre en utilisant la même tac­tique.

About

Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

Tags: ,

85 Responses to Le bush de Kooyong (2/5)

  1. Guillaume 14 décembre 2021 at 12:04

    Merci Rubens, je me régale. Comme tu le relève, la chance de l’Open d’Australie, mais depuis toujours, en fait : j’avais fait un sujet il y a longtemps sur la visite du copain de Sam, Jean Borotra, en Australie en 1928, et il avait été reçu comme un ministre tellement les déplacements des Européens au bout du monde étaient rares… bref la chance de l’Open d’Australie a longtemps été de pouvoir se cacher derrière des champions nationaux qui étaient aussi les meilleurs du monde. Tant que ton palmarès reste globalement similaire à celui des autres Chelems, avec en plus de temps à autre l’avènement (Connors) ou la confirmation (Ashe) d’un grand nom étranger, tu peux cacher tout ce qui ne va pas par ailleurs sous le tapis (ça va changer dans ta troisième partie, où le tapis ne sera plus assez large :smile: ).

    Rétrospectivement, ce qui est très fort aussi de la part des Australiens, c’est avoir continué à tirer leur épingle du jeu en Davis dans les tristes années suivantes. 1977, 1983, 1986, trois titres dans une période de marasme qui doivent beaucoup au système D… et aux dernières traces de l’héritage Hopman : ses derniers poulains qui s’y subliment (Alexander, Fitzgerald, Dent), des vieux (Roche en 77) et des grands blessés (McNamara en 86) qui s’y arrachent en un ultime effort avant la quille, un second couteau pas si touriste que ce que l’histoire a retenu (Edmondson), et la culture double (McNamara/McNamee) qui s’y exprime toujours efficacement. Plus l’émergence du seul champion de calibre mondial dans un intervalle de 20 ans, Pat Cash (déjà important en 83) et ça ‘suffit’ à une moisson très respectable vu le matériau de bric et de broc à disposition – surtout la Davis de ces années-là, où il fallait slalomer entre les armadas (USA, Suède) et les équipes ‘juste’ composées d’un cador + 2/3 bons à ses côtés (Tchequie, RFA, Argentine…).

    • Rubens 14 décembre 2021 at 12:15

      Merci Guillaume.

      Tu as donc rédigé une bafouille sur Borotra en Australie ? Ca m’intéresse ! Là on est carrément dans la Préhistoire du tennis, et à une époque où le trajet ne se faisait que par bateau. Pour garder la main, Jean le Sautillant faisait du mur contre les cloisons de sa chambre.

    • Rubens 14 décembre 2021 at 12:23

      Et au fait, merci de te « régaler »… Parce que je suis bien conscient que sortir un fleuve sur un sujet pareil, on fait difficilement mieux comme démarche anti-commerciale. J’imagine les simple visiteurs du site, totalement effrayés devant la une, en train de se dire « Mais je me suis égaré sur le web là… Ils sont complètement cinglés ici, nous on attend du Federer et du Djoko ». Désolé de ne guère œuvrer à la fréquentation du site !

      • Montagne 14 décembre 2021 at 17:10

        Rubens, rassure toi, il n’y a pas que Guillaume qui se régale. Moi aussi et je pense qu’il y en aura d’autres (Colin par exemple).
        Un peu marre de lire toujours les mêmes commentaires sur Fed, Nadal et l’autre, comment s’appelle-t-il déjà ??

        Passionnant ces articles sur cette époque où l’Australie était vraiment le bout du monde, ainsi que la Nouvelle Zélande, et une terre d’exception pour le sport en général et le tennis, le rugby et l’athlétisme en particulier (Herb Elliott, Murray Halberg, Peter Snell notamment).

        • Guillaume 14 décembre 2021 at 18:28

          en même temps quand Djoko gagne un tournoi ça ne fait pas plus de posts :mrgreen:

          • Rubens 14 décembre 2021 at 19:42

            C’est vrai, hélas… En fait, la désaffection pour le tennis doit peut-être beaucoup à Djoko.

        • Kaelin 15 décembre 2021 at 12:16

          Moi aussi je me régale, étant historien de formation et passionné de tennis !

          Superbe série, merci beaucoup Rubens.

    • Guillaume 14 décembre 2021 at 18:27

      Ah ah faudrait que je retrouve ça. Mais oui, l’histoire est formidable. Pour être précis elle concerne Borotra, mais aussi Brugnon et Boussus, embarqués eux aussi dans l’expédition. Du fait des distances et du voyage en bateau, cela leur prend quelque chose comme six mois. C’est une tournée triomphale : ils font des escales en Argentine, en Afrique du sud, en Nouvelle-Zélande… A chaque fois, réceptions par les chefs d’états concernés, exhibitions avec les meilleurs joueurs nationaux, bains de foule et tout le tralala. Le terminus est l’Australie, où c’est la même niveau accueil, plus la participation au Grand chelem austral côté sportif – la seule fois où l’un des Mousquetaires jouera le (déjà) parent pauvre du Grand chelem. Borotra va faire le triplé, simple, double, mixte, et rentre en France peu de temps avant Roland-Garros… qu’il gagne aussi, je crois. Mais comme quoi dès les années 20 l’Australian est à la traîne et doit s’en remettre aux géants issus de son aire géographique (Wilding, Patterson, Crawford…) pour présenter un palmarès correct.

      • Sam 15 décembre 2021 at 01:01

        C’est documenté cette épopée ? Si tu retrouves, fais signe !

    • Rubens 15 décembre 2021 at 12:55

      Ah oui, Guillaume, je ne t’ai pas répondu pour les exploits en CD. Ca concerne plutôt la troisième partie.

  2. Sam 14 décembre 2021 at 20:28

    Super Rubens, merci, moi aussi je me régale (par ailleurs je suis incapable d’avoir ce recul historique).
    Et ça m’intéresse beaucoup plus que…Au hasard, le dernier masters.
    L’onglet « Histoire » de 15L commence à être très très joliment garni, la classe de ce site….

  3. Perse 14 décembre 2021 at 23:15

    Magnifique article et série Rubens, c’est véritablement passionnant d’avoir cette remise en contexte du palmarès de l’époque et cela m’enchante!

  4. Rubens 15 décembre 2021 at 10:34

    Un petit mot à propos de la Coupe Davis sur cette période.

    Jusqu’en 1972, la Coupe Davis est réservée aux amateurs. L’équipe d’Australie, amputée de tous ses ténors, ne pèse pas bien lourd en 1968 face aux Etats-Unis. Entre 1969 et 1972, ce sont deux « militaires », Stan Smith et Ilie Nastase, qui vont la tenir à bout de bras.

    La finale de 1972 (déjà évoquée dans un autre article) est le fruit d’une première réforme d’ampleur, à savoir l’abolition du Challenge Round et le retour à l’alternance pays hôte/pays visiteur. C’est en vertu de cette alternance que la Roumanie va accueillir les Etats-Unis à Bucarest, la première finale en Europe depuis des décennies.

    A partir de 1973, la Coupe Davis est ouverte aux professionnels. Les légendes australiennes ne laissent pas passer l’occasion de récupérer leur bien. A Cleveland, sur terrain adverse, Laver et Newcombe (avec Rosewall dans les bagages) l’emportent 3/0 contre Smith et Gorman.

    Les choses se gâtent en 1974, avec les défections massives dans les rangs américains et australiens. L’équipe d’Afrique du Sud, frappée du sceau de l’Apartheid, remporte la finale par forfait contre l’Inde, qui a refusé de disputer la rencontre en signe de protestation.

    En 1975, le Chili de Pinochet est le seul pays à accepter d’affronter – et de battre – l’Afrique du Sud. Lui-même au ban de la communauté internationale, le Chili s’incline à huis clos contre la Suède du jeune Björn Borg, qui emmène son pays à sa première victoire. En finale, la Suède l’emporte sur la Tchécoslovaquie de Ian Kodès. Ce sera pratiquement le chant du cygne pour Borg, qui ne disputera qu’épisodiquement la compétition pas la suite.

    La problématique de 2018, à savoir la désertion récurrente des meilleurs, existait donc déjà en 1974. Et en plus, l’opinion internationale de l’époque se penchait sérieusement sur les régimes dont les équipes de Coupe Davis étaient la vitrine. L’ITF n’a pas réagi en supprimant l’épreuve. Quand je vois qu’Abou Dabi est pressentie pour accueillir la Piqué Cup, j’ai juste envie de vomir.

  5. Rubens 15 décembre 2021 at 14:43

    Sur un sujet proche, l’Equipe publie ces jours-ci une série d’articles sur la crise du tennis français.

    En écrivant sur les Australiens, j’avais vaguement en tête (comme pour mon article sur Bollettieri) d’ébaucher quelque chose sur les méthodes de fabrication des champions, et sur ce qui nous manque, à nous Français, pour accompagner les jeunes joueurs vers le sommet. Le quart de siècle de domination australienne me semble intéressant à cet égard.

    Mais la remarque de Guillaume sur le flop de Rafter (qui souhaitait reconduire la formule des voyages longs et lointains) me donne l’intuition que le mal n’est pas spécifiquement français.

    • Guillaume 16 décembre 2021 at 14:57

      Fallait qu’on en parle : Tomic et Kyrgios se sont défiés par live Insta interposé :mrgreen: Soit donc Tomic, en réponse à la question d’un fan pour savoir lequel des deux est le plus fort.

      Nanard : « Moi, on s’est joués à Kooyong il y a quelques années, j’avais gagné 3 et 4. C’est un des meilleurs serveurs du monde mais on s’est pas mal entraînés ensemble et je le relance bien. »

      Kyrgios, invité à rebondir : « Kooyong, mec… Une exhib. Après mon palmarès parle pour moi : j’ai plus de titres, j’ai tapé tous les meilleurs alors que tu n’as jamais battu les plus grands champions. »

      Mot de la fin à Narbé : « Attends, j’ai battu Djokovic, Wawrinka, Cilic, Hewitt. Mais quand tu veux pour le 2-0″.

      Sérieux. Âge mental 13 ans. Dire que la question initiale était lequel des deux est le meilleur… J’aurais plutôt pris le truc en sens inverse en mode « lequel des deux a le plus gâché ses aptitudes ». Parce que niveau underachievers au XXIe siècle, là ils figurent tous les deux dans les cimes de classement.

      • Sam 16 décembre 2021 at 16:11

        N’empêche que K a raison, na.

      • Guillaume 16 décembre 2021 at 16:40

        d’ailleurs, cherchant en vain dans ma tête depuis tout à l’heure à quel moment Narbé avait battu Djoko, j’ai fini par aller me rencarder sur le site de l’ATP. Verdict : 6-0 Djoko. Cherchant encore plus dans les archives (SteveGTennis pour ne pas le nommer), je trouve enfin LA victoire de Nanard : Hopman Cup 2013. Il aime compter les exhibs dans ses faits d’armes, le garçon :lol:

        Ajoutons pour compléter que compter le Hewitt tout cassé des années 2010 parmi ses prises de choix, sachant en plus que la victoire concernée de Tomic a eu lieu à l’US 2015, soit l’avant-dernier tournoi professionnel de la carrière de Lleyton avant sa retraite, 13 ans après sa dernière victoire en GC… Voilà, voilà.

        Après je persiste à dire que leur discussion pour savoir qui est le « meilleur » des deux me fait penser à ça : https://www.youtube.com/watch?v=zZ7tUqcmLuM

        • Rubens 16 décembre 2021 at 17:38

          Guillaume, figure-toi que pour ma dernière partie (elle aussi underachieved comme tu le sais) j’envisageais de terminer sur Kyrgios et Tomic, histoire de situer le décalage avec les champions dont il est question dans cette série.

          Mais ce serait injuste pour ces deux messieurs, qui ne sont ni en charge du moral des troupes australiennes, ni dépositaires de l’histoire du tennis australien. Et surtout, ce serait leur faire trop d’honneur. Ils n’ont pas le câblage requis pour évoluer dans les sphères du haut niveau tennistique, et ils ne représentent que leur petit nombril.

          Ceci dit, j’ignore les détails du parcours de Kyrgios et Tomic, et notamment dans quelle mesure Tennis Australia les a pris en charge. Mais au vu de leur talent, j’aurais au contraire tendance à féliciter les gens qui les ont eu sous la main, parce que question tennis ils ont (avaient) tout dans les mains.

          PS : heureusement que je vous ai, sur ce forum, pour me mettre à la page concernant le langage d’aujourd’hui et les surnoms des joueurs. Narbé, j’avoue que j’ai mis quelques secondes à piger de qui il s’agit. Mais il faut me comprendre : je n’ai pas la télé et je ne suis pas sur les réseaux sociaux…

          • Sam 16 décembre 2021 at 19:51

            Tennis Leg’ a post le clash Insta Narbé K C nimp tro kiffé mater ahahah :)

            • Rubens 16 décembre 2021 at 20:31

              J’ai presque tout ! « mater » c’est quoi ?

              • Rubens 16 décembre 2021 at 21:01

                Ah, ce serait « mater » dans le sens de « regarder » ?

              • Sam 19 décembre 2021 at 19:03

                Yes Rubens, « mater » pour « Regardez » (je ne pense pas que l’on conjugue l’impératif avec beaucoup d’exactitude dans les « clashs »…).

              • Colin 19 décembre 2021 at 20:45

                Ouh là là, Rubens, je pensais qu’on avait sensiblement le même âge mais si tu n’as jamais entendu Julien Clerc chanter « Mélissa » c’est que tu es d’une génération indéterminée… Plus vieux que Tonton Antoine ? Plus jeune que notre petit padawan Kaelin ?
                Quoi qu’il en soit, excellente deuxième partie.

              • Rubens 19 décembre 2021 at 22:46

                Colin, j’ai chanté Mélissa en karaoké lors d’une soirée étudiante, voici 26 ans. C’était en 1995, j’avais 18 ans, je te laisse faire le calcul. La vie était belle à l’époque, un peu débile aussi il faut bien l’admettre.

                Mais j’ai connu deux immenses ruptures médiatiques dans ma vie. En 1991, le lendemain de la victoire de l’EDF en Coupe Davis, la télé de mes parents est tombée en rade. Mes parents n’avaient pas un rond à ce moment-là, ils ont mis des mois à mettre de côté une petite somme pour en racheter une. Entretemps, j’avais appris à m’en passer. Quand on l’a eue à nouveau, on ne la regardait qu’occasionnellement. J’en ai gardé une insensibilité à peu près totale à ce qui se passe à la télé.

                La deuxième rupture, c’est en 2001, alors que je terminais mes études supérieures (sans avoir eu la télé). Lors de mon stage de fin d’études, mes collègues se sont mis à parler d’une étrange émission où des no-names étaient placés dans un huis-clos, et qui la quittaient au compte-gouttes. Les collègues avaient beau m’expliquer, je ne parvenais pas à croire que du temps d’antenne hertzienne soit consacré à des conneries pareilles. Il m’a fallu des mois pour voir en replay de quoi il s’agissait, et ce que j’ai vu m’a mis très mal à l’aise, car j’avais l’impression de regarder discrètement la vie des gens par la fenêtre ou par le trou d’une serrure. Ce sentiment de honte ne m’a jamais quitté.

                Du coup, je n’ai même pas essayé d’aller voir sur les réseaux sociaux ce qui s’y passe. Savoir que des jeunes gens se suicident à la suite de commentaires sur leur physique me suffit amplement. Je crois percevoir, à la marge, un certain langage qui semble avoir pris forme sur les réseaux sociaux. Je ne le connais pas, je ne connais que la langue française, et il me faut généralement une aide pour la traduction. Mais bon, je le vis assez bien. Pour le reste, il y a bien quelques personnes dont l’avis m’importe, et quand on a la chance de se voir nos échanges ne se résument pas à un pouce levé ou baissé.

                Bref, rien dans mon parcours ne me prédisposait à avoir une « vie sociale virtuelle ». Je suis une erreur de mon époque, et en tant qu’erreur je me fais aussi discret que possible. Sauf sur quelques forums, dont celui-ci consacré au tennis est un exemple, et que j’adore car il est peuplé de fossiles au moins aussi cinglés que moi. Ceci étant dit, puisque tu me parles d’Antoine, il me manque. Et aussi Karim, Duong, Franck-V et d’autres, capables d’aligner des tunnels de 100 lignes à un rythme industriel sur Lendl, Connors et même Kramer et Tilden. C’est juste inouï ce qui s’est écrit sur 15-Love depuis ses débuts. Bravo les tauliers !

  6. Kristian 15 décembre 2021 at 17:11

    Bigre, ca c’est de la production. J’ai appris plein de choses. Merci.

  7. Guillaume 16 décembre 2021 at 10:45

    Rien à voir, mais Rubens quand tu publieras ton opus n°4 de cette saga, ce sera le 900e article de l’histoire de 15lt.

    • Rubens 16 décembre 2021 at 11:16

      Sauf si quelqu’un publie quelque chose d’ici là !

      • Sam 16 décembre 2021 at 14:05

        Cela donne envie d’en faire 100, que le millième tombe le jour du come back de Fed pour fêter ça devant un écran géant (niveau de complexité sur l’échelle de l’organisation de fête 11/10).

  8. Jo 19 décembre 2021 at 15:59

    Saison 3, épisode 3. Kasper a la boule à zéro. Quelque chose entre Trainspotting et Fantômas. De mieux en mieux.

    • Rubens 19 décembre 2021 at 22:49

      Je dirais davantage Fantômas. Dans mon souvenir, le personnage de Kasper me fait carrément flipper dans la saison 3.

  9. Coach Kevinovitch 19 décembre 2021 at 22:04

    Très belle série d’article sur l’Open d’Australie!

    Je me suis déjà délecté des deux premiers articles et j’attends la suite avec impatience.

  10. Perse 20 décembre 2021 at 18:42

    Pour faire sortir Anne du bois:

    https://www.welovetennis.fr/insolite/tsitsipas-veut-reformer-le-football-puis-se-ravise

    Sinon qui a pu lire l’intégralité de la série de l’Equipe sur la situation du tennis français du haut niveau, et leur enquête auprès de la FFT pour rapporter les initiatives et changements mis en place pour y remédier?

    J’ai pu lire l’article sur Caroline Garcia, pas mal et l’interview du Scud qui semble être vouloir nettement plus coopératif et ouverts avec les diverses compétences de l’écosystème (y compris privées) ainsi que l’aspect préparation mentale.

    • Rubens 20 décembre 2021 at 19:55

      Pas lu, pas pris. Mais je suis preneur d’infos, le sujet m’intéresse.

      • Sam 21 décembre 2021 at 12:37

        Idem, pas envie de m’abonner à l’Equipe, mais serait preneur de ce qui s’est raconté dans cette série sur le tennis français qui part en vrille.

    • Anne 21 décembre 2021 at 12:43

      pourquoi moi ? ;-)

      jai accès aux articles de l’équipe (j’ai profité d’une promo pas trop cher). Je peux vous faire quelques captures d’écran si vous voulez

  11. Jo 21 décembre 2021 at 15:23

    Saison 3, épisode 5. Une rousse remplace l’autre, moins jolie mais avec une très belle gorge. Les cheveux de Kasper repoussent (un tout petit peu).

    • Jo 22 décembre 2021 at 17:36

      Episode 6. Kasper est hirsute. Et un peu gros.

      • Jo 26 décembre 2021 at 10:04

        Fin de la saison 3. Kasper est (hélas) devenu transparent. Quant à Birgitte, elle gère tour à tour politique, partis, programme, élections, famille, séparations, trahisons, dépression, maladie, reconquête, chez elle ou chez les autres, avec charme et charisme. C’est elle qu’il nous faut à l’Élysée en avril prochain. De plus, elle parle français : https://www.youtube.com/watch?v=JXs2ToS-3Mg

        • Rubens 26 décembre 2021 at 13:13

          Je n’ai pas voulu te spoiler la fin, mais je crois que tu as bien résumé la saison 3. Kasper est beaucoup plus en retrait. Et ça manque, je trouve, car le personnage est absolument monstrueux dans les deux premières saisons.

          • Jo 27 décembre 2021 at 16:47

            Surtout si on le compare aux minauderies melliflues de la mère de son moutard. Néanmoins, j’ai trouvé cette dernière saison parfois passionnante sur le plan politique avec de vraies réflexions sur des thèmes forts : immigration, prostitution.

            • Rubens 27 décembre 2021 at 17:12

              Et aussi, si je me souviens bien, sur le malaise agricole, via un épisode qui expose le problème du début à la fin de la chaîne.

              Passionnant surtout sur l’élaboration d’un parti politique depuis le début et jusqu’aux élections. Super intéressant mais pas franchement transposable en France, qui est un pays beaucoup plus grand et qui fonctionne sur un régime présidentiel et non sur un régime parlementaire.

              Mais je trouve que l’équilibre entre les trois personnages principaux, exercice difficile mais réussi haut la main dans les deux premières saison, s’est rompu dans la troisième. C’est le principal défaut que je verrais.

            • Jo 27 décembre 2021 at 18:12

              Sujets traités en profondeur, création de parti, fonctionnement des institutions, que du bon.

              Cette recherche de l’équilibre et du compromis permanents m’ont régulièrement fait penser à… François Hollande, dont divers observateurs disent qu’il aurait été le Premier ministre « idéal » d’une démocratie scandinave. C’est con, quand on y pense, Hollande, qui aurait dû naître au Danemark, fut président de la France.

              Le personnage parfaitement réussi, c’est Alex. J’ai eu envie de le tuer de la première à la dernière seconde. Ce type représente tout ce que je hais dans la nature humaine.

              Qui sont pour toi les trois protagonistes des deux premières saisons ? Birgitte, Kasper et, heu, la blonde ?

              • Rubens 27 décembre 2021 at 18:47

                Alex, j’ai dû faire une recherche pour revoir qui c’était. Je n’en ai qu’un vague souvenir, c’est bien le jeune pourri qui prend les rênes de la chaîne TV et qui turbine à l’audimat ? Comme méchant il est pas mal (et hélas assez réaliste).

                Mais le meilleur méchant, pour moi, c’est Laugesen. Et lui il est là depuis le début, et il est absolument immonde. Le pompon, c’est dans la saison 2, quand il surveille Birgitte jusque chez elle et qu’il est au courant de son escapade.

                Katrine, jamais accroché. J’ai beaucoup aimé, par contre, le personnage de Bent. Il est absolument énorme.

              • Rubens 28 décembre 2021 at 00:45

                Et d’ailleurs, en y repensant, le personnage de Laugesen me semble être l’une des seules incohérences de cette série. Dans la saison 2 je crois, il y a un épisode sur le parti travailliste (en gros l’équivalent de notre PS) en pleine lutte interne, une cabale étant menée contre leur chef, « dernier des prolétaires », issu de la classe ouvrière et dont l’ascension a été syndicale avant d’être politique. Bref, l’archétype du social-démocrate à la sauce scandinave, des gens qui ont construit un état social infiniment plus solide que le nôtre.

                Et l’on apprend que Laugesen parti, ce type voit disparaître son principal soutien. Je ne suis pas très familier avec les arcanes de la politique danoise, mais c’est un peu comme si un DSK, un Valls ou un Macron avait débuté dans la roue d’un Mauroy ou d’un Beregovoy.

                J’ai retrouvé dans cette série beaucoup d’archétypes avec lesquels je suis familiers, parce que nous les avons en France. En particulier le personnage de Hesselboe, le monstre politique obnubilé par le pouvoir et qui n’a en tête que d’y retourner. Mais Laugesen en soutien de la cause ouvrière, j’avoue que j’ai du mal à y croire. En patron de tabloïd, par contre, il est dans son élément.

              • Jo 28 décembre 2021 at 10:44

                Bien qu’étant un intégriste de la VO, j’ai regardé Borgen en version anglaise car mes occasions de pratiquer le danois sont rares. Certains acteurs (tous ?) s’auto-doublent, à commencer par Birgitte, ce qui permet de joindre l’agréable à l’utile.

                Pour reprendre une phrase de Christophe Barbier sur Eva Joly, Laugesen a « un accent allemand », très prononcé, qui fait peur. Le jeune Chirac disait : « Ce n’est pas de ma faute si j’ai une gueule de droite ». Il est vrai que Laugesen a une gueule (et une voix) de droite… extrême.

                Les erreurs de casting existent. Au hasard, Arnaud (de) Montebourg. Au-delà de ses postures politiques, qu’est-ce que ce type, bouffi de suffisance, a de gauche dans son incarnation ?

                Il faut que tu m’expliques ton affection pour Bent, qui est énorme mais uniquement sur la balance. Ce gros plein de soupe idéaliste à la voix ridicule se fait bananer du début à la fin par Birgitte.

              • Rubens 28 décembre 2021 at 11:57

                Bent, c’est le patriarche, la présence rassurante. Le type capable de realpolitik, mais aussi la figure paternelle. Pas un seul de ses conseils n’est mauvais. Et quand il quitte le gouvernement, elle se sent seule et elle a raison.

  12. Anne 22 décembre 2021 at 00:26

    Comme beaucoup semble se targuer, en particulier sur les réseaux sociaux, d’être les porte-parole de Peng Shuai, peut-être serait-il temps que certains prennent vraiment le temps de lire les propos qu’elle a tenus dans son post vite censuré en Chine. Ce papier les publie en tous les cas in extenso :
    https://www.aipsmedia.com/index.html?page=artdetail&art=30619&fbclid=IwAR3ls_lWCjL_SvVfvYVMpWRpp4A_cTI9uf2figW145RgxB75a_0n0NcLbKs

    • Kaelin 22 décembre 2021 at 17:35

      Merci beaucoup Anne, ca aide à y voir plus clair et d’avoir une vision + objective de cette situation. Je n’avais encore jamais vu tous les messages.

      • Anne 22 décembre 2021 at 23:54

        Je t’en prie Kaelin. C’est fou finalement de voir combien les propos initiaux de Peng Shuai ont finalement été censurés par son pays mais aussi pas mal déformés hors de son pays et que l’histoire est nettement tolus complexe que ce que certains veulent bien en dire

        • Kaelin 23 décembre 2021 at 11:21

          oui bah c’est surtout qu’on aime bien mettre tout sur le dos des chinois (ou des Russes) en Occident plutot que de se regarder …

          C’est toujours facile, sans parler des biais culturels monde Western / Asie où la difference de facon de penser est juste phénoménale (suis bien placé pour le vivre au Cambodge depuis 2 ans – pays vassal assumé de la Chine)

          • Anne 23 décembre 2021 at 12:44

            oui, c’est toujours plus facile de regarder la paille dans l’oeil du voisin. Non pas que la Chine n’ait pas des torts en l’espèce mais pas forcément ceux que l’on veut nous faire croire

  13. Jo 29 décembre 2021 at 15:07

    Bonjour à tou.te.s. Réfléchissant à un possible virage de carrière, je consulte tous azimuts. Ce site n’est composé que de gens intelligents (c’est un plus), voire voyageurs (ça ne gâche rien), alors votre avis m’intéresse. Si vous aviez la possibilité de muter à, en vrac, Toronto, Moscou, Budapest, Porto, Casablanca, Rabat, où iriez-vous et pourquoi ?

    • Rubens 29 décembre 2021 at 18:11

      Tu parles autre chose que le Français ?

      • Jo 29 décembre 2021 at 19:47

        Tu as visiblement raté le récit de mon inénarrable rencontre avec un titubant Alberto Berasategui. Je suis C2 en espagnol, B2 en anglais et locuteur passif A2 en italien et en portugais.

    • Rubens 29 décembre 2021 at 23:13

      Spontanément, je n’aurais guère d’hésitation, je choisirais Toronto.

    • Colin 30 décembre 2021 at 11:30

      Je n’ai vécu ni même séjourné dans aucune de ces villes donc je me garderais de donner un avis non éclairé. Mais « spontanément », comme dirait Rubens: Moscou et Budapest, dans leur contexte politique actuel, ça ne déclenche pas chez moi un enthousiasme débordant (euphémisme).

      • Jo 30 décembre 2021 at 18:43

        On a forcément des réticences à trinquer avec Viktor & Vladimir. La Hongrie magnifiée par Mario Salieri et la Russie littérarisée par Sylvain Tesson sont beaucoup plus émoustillantes.

        • Rubens 30 décembre 2021 at 22:35

          En fait, tout dépend de ce que tu recherches et de tes affinités à toi.

          Les pays de l’Est ne m’attirent absolument pas et ne m’ont jamais attiré. Je me suis essayé à leur littérature, ça ne passe pas. Ils ont bien une tradition littéraire, hein, je ne dis surtout pas le contraire. Mais tout ce qui m’est tombé entre les mains m’a profondément ennuyé. Je n’insiste pas, je me sens beaucoup plus d’affinités avec les deux Amériques (et notamment la latine) et avec des pays plus proches, à commencer par nos voisins en Europe, et je n’aurai jamais assez de ma vie pour les visiter.

          Le Portugal, on m’en a dit beaucoup de bien, un de mes collègues s’apprête à s’y installer pour sa retraite.

          Si je t’ai répondu Toronto, c’est pour la qualité de leur système éducatif, ils émargent en tête, aux côtés des pays scandinaves et de la Corée du Sud. Je suis sensible au sujet (j’ai deux jeunes enfants) mais ça te laissera peut-être froid, ça dépend de ta situation à toi. J’ai aussi fait un séjour au Canada (avec quelques jours du côté de Toronto), j’en garde un très bon souvenir.

        • Jo 31 décembre 2021 at 08:30

          Provocations mises à part, je n’ai pas d’attrait particulier pour les pays de l’Est, surtout ceux aux dirigeants douteux. Cela dit, j’adore Sylvain Tesson, à l’écrit comme à l’oral, son style et son humour. La description qu’il fait de la Russie et des Russes dans ses divers ouvrages, fort pittoresque, donne envie d’aller y jeter un œil, peut-être pas de s’installer dans une cabane au bord du lac Baïkal. J’aurais aimé avoir l’avis de Kristian le Moscovite sur le sujet.

          Toronto, spontanément, ça fait envie : la grande ville, la modernité, les possibilités, le multiculturalisme, l’anglais et les autres langues, un Masters 1000 accessoirement. Le seul bémol serait ses hivers polaires. La fraîcheur, oui, le congélateur, bof. C’est donc davantage le climat qui me refroidirait que les questions d’éducation. Néanmoins, pour citer Cioran, une des références de Tesson, les enfants que je n’ai pas eus ne savent pas ce qu’ils me doivent.

          Tu as donc un penchant pour la littérature latino-américaine. Je vois poindre les Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. J’ai un bon souvenir de La frontière de verre de Carlos Fuentes, plus mesuré de César Vallejo et de sa poésie communiste (qualificatif affectueux, cela va sans dire). Plus au nord, je regrette de n’avoir pas pu entrer en contact avec le trop descriptif Bret Easton Ellis, pourtant héros de Beigbeder, lequel m’a beaucoup amusé dans ma jeunesse.

          Le Portugal est effectivement devenu un lieu privilégié de Français vieillissants en goguette. Nous avons, cher Rubens, le même âge, la retraite n’est pas pour tout de suite. J’ai passé quelques jours à Lisbonne en été. Si ce n’est une gastronomie qui ne vaut pas celle du pays voisin, c’est un endroit tout à fait charmant. Les gens rencontrés furent accueillants mais n’aiment guère qu’on leur parle espagnol… qu’ils comprennent très bien.

          L’Italie, que je connais peu hormis un séjour à Rome, me fascine. Je me demande comment un pays peut être aussi raffiné : son histoire culturelle, son architecture (même le Foro Italico est beau), ses mets et ses vins, sa musique (aaah, le jazz italien) et aussi décadent : ses travers, ses supporters de foot, ses dirigeants douteux, Salieri et consort (je ne saurais finir ce post et l’année en cours sans une dernière provocation).

          • Rubens 31 décembre 2021 at 10:50

            En gros, tout pareil !

            Mais tu me parles de l’Italie alors que, sauf erreur de ma part, elle ne figure pas dans tes destinations possibles ? Parce qu’entre Toronto et l’Italie, je choisis l’Italie ! J’ai vécu quelques mois à Milan, j’en garde une trace indélébile. Je me demandais comment un Berlusconi était possible, et comment ils arrivaient à le supporter. L’humour, m’ont-ils répondu. Une capacité inouïe à ne pas se prendre au sérieux. Dont un exemple magnifique est leur gastronomie, aussi diverse et créative que la nôtre mais qu’ils refusent d’élever au rang d’art, parce que pour eux c’est une pratique populaire, conviviale et festive. A ce sujet, j’avais eu un échange WhatsApp il y a quelques mois avec une vieille amie ragazza milanaise, qui découvrait les émissions de type Top Chef en France. Elle était effarée de voir qu’en France nous prenons vraiment la chose au sérieux. En Italie ils ont leurs émissions à la con, mais élever la cuisine au rang d’art qui justifierait la mise sur le grill de no-names pour comparer leurs risottos carciofi et leurs penne caprese, ça ne leur a même pas traversé le ciboulot. Cette âme, je la retrouve chez les joueurs italiens, Fognini évidemment, Berrettini, Musetti le génie (auquel je ne souhaite pas une carrière à la Leconte, mais pour cela il va devoir progresser dans sa tête). Surtout pas Sinner, par contre, mais en Italie comme ailleurs il y a la norme et il y a les marges.

            Pour la Russie, j’ai lu Tesson effectivement (Dans les forêts de Sibérie), mais aussi le Limonov d’Emmanuel Carrère. Des grands moments de lecture, mais que je mets à la place qui est la leur. Ce ne sont pas des Russes, ce sont des Français qui écrivent sur la Russie, ce qui fait une énorme différence. Je saisis sans problème leur sensibilité, ce qui n’est pas le cas des auteurs russes. Cette incompréhension s’applique d’ailleurs aux tennismen : je n’ai jamais été réellement fan de Safin, de Davy, et aujourd’hui de Medvedev. Ivanisevic et Medvedev-le-Vieux non plus d’ailleurs. Ils ont (ou avaient) un petit grain de folie a priori sympathique, mais derrière lequel perce une âme « slave » (je généralise) que je ne comprends pas et dont je ne maîtrise pas les codes. Du côté de l’est, le seul que j’aie vraiment adoré, c’est Mecir.

            L’Amérique latine… Un rêve pour moi, au même titre que l’Italie mais dans un registre totalement différent. Sabatini n’y est sans doute pas totalement étrangère. Garcia Marquez évidemment, mais aussi Vargas Llosa (La guerre de la fin du monde, Le rêve du celte). Et un coup de coeur ultime concernant la décennie écoulée : L’homme qui aimait les chiens, de Leonardo Padura. Roman monumental, d’une exactitude historique remarquable de surcroît.

    • Anne 31 décembre 2021 at 11:14

      Bonjour Jo,
      spontanément, je dirais aussi Toronto, ville cosmopolite, avec très bon système éducatif y compris gratuit, le système de santé semble plus proche du nôtre que des USA. Il parait que Porto est top, et que le Portugal est un chouette pays où vivre. Pour Moscou, Budapest ou Rabat, je ne connais pas assez pour pouvoir te guider. J’imagine que ton choix dépend aussi de ce que tu recherches véritablement dans cette nouvelle expérience.

  14. Sam 31 décembre 2021 at 11:25

    Je vote Toronto Porto. Je ne connais absolument pas Toronto, mais elle a cette image d’une ville moderne et pacifique, sympa, et un Master 1000. Pour ce qui est des vedettes locales, comme tout le monde j’aime bien Shapo, beaucoup moins F2A et une fois dit ça, je crois qu’on a fait le tour de l’extraordinaire retour du tennis canadien, faut pas non plus exagérer.
    Avantage de Porto : ah, mais on y mange très bien (et à pas cher en général). Inconvénient : c’est petit, on en a vite fait le tour. Inconvénient 2 : sauf erreur de ma part, le centre ville en tous cas, est en pente, tout descend, mais surtout remonte du Douro. Bref, ça fait les jambes, mais raide à vélo. Pour le tennis, sauf erreur toujours, Estoril n’est pas loin….
    Budapest m’a fait l’effet d’une ville sous tension froide. Prise dans son passé et persuadée qu’elle va l’oublier en achetant un plus gros 4X4. Et niveau tennis, n’en parlons pas. Connais pas Moscou, mais j’ai l’impression que c’est la même, en pire. A la limite, quand je vois Safin, je me dis qu’il a l’air civilisé, pour un Moscovite et que dans le genre âme slave tourmentée, il était plutôt rigolo, à la différence de ses collègues Kafel et Davy, dont on devinait un bouillonnement intérieur assez inquiétant. Voire même Youz dont je me demande s’il n’est pas le plus Limonovien – pour ceux qui connaissent par Carrère, vu que moi non plus je ne l’ai pas lu – de la bande. Ah, cette équipe de la finale de la CD de 2001….

    • Rubens 31 décembre 2021 at 11:41

      2002 Sam, la finale 2002 !

      Ah Youzhny… Pendant les deux premiers sets contre Paulo, il tirait une tronche de déterré. Avec des copains on était devant la télé, on a piqué un fou rire pendant tout le match à propos de Tarpichev sur la chaise. On l’imaginait en train de dire à son joueur « si tu perds, c’est le goulag », d’où la gueule que tirait Youzhny ! Et puis il s’est repris, et il a réussi une magnifique remontée. Je suis sans regret sur ce match, Youzh avait un jeu magnifique, plus complet que celui de Paulo, il est le meilleur sur ce match, meilleur tout court, et sa victoire est logique.

      Je ne sais plus où j’ai eu des rumeurs sur la soirée de l’équipe russe. Une fois la balle de match jouée, la nuit parisienne ne faisait que commencer : je crois qu’ils ont claqué leur fric au casino, ils sont allées en boîte, Marat était tellement bourré qu’il voulait se jeter dans la Seine… Bref, l’âme slave dans toute sa splendeur. Et ça recoupe des récits russes de types qui débutent dans un bar miteux et qui émergent trois jours plus tard dans un wagon à bestiaux à l’autre bout du pays, sans se rappeler de quoi que ce soit.

      • Sam 31 décembre 2021 at 12:28

        Ah oui, exact, 2002. Me souvient d’un membre de leur équipe, genre vaguement préparateur physique ou quelque chose comme ça, avec des lunettes noires sur sa chaise pendant tout le weekend. Flippant le gars.
        Cette équipe était totalement baroque. On me dirait que Kafel a arrêté le tennis dès le lundi suivant pour se mettre au poker, je ne serais pas étonné.
        Quand à Safin, je connais des filles se sont subitement intéressées au tennis ce weekend là (…)

    • Rubens 31 décembre 2021 at 12:09

      Et concernant Youz, je me souviens aussi évidemment de son ouverture de crâne avec sa raquette. Mais est-ce que vous vous rappelez du match à Roland contre Ferrer en 2012 ? Ferru le laminait totalement, et en plein milieu du deuxième set, voila mon Youz qui se met à écrire « sorry » avec sa raquette, sur la terre battue, à l’attention du public… Séquence autodérision hallucinante, en plein match. Oui Sam, Youz était peut-être le plus limonovien de tous. Attachants, oui, rigolos et complètement décalés (L2 + gauche, merci Daniil !). Mais je ne parviens pas à saisir le moindre atome de leur mécanique interne…

      • Sam 31 décembre 2021 at 12:44

        Me souviens pas de ce match…Par contre, j’ai eu la chance de le voir live au Challenger de Rennes, laminer Moutet. Son slice de revers était une merveille, très impressionné aussi par son lancer de balle au service, enfin par sa technique en général, le talent à l’état pur.

    • Colin 31 décembre 2021 at 12:23

      Je ne suis pas un spécialiste de littérature russe, loin de là (je n’ai quasiment rien lu… le seul grand souvenir de livre russe qui m’ait transporté, c’est « Le Maître et Marguerite » de Boulgakov, mais ça commence à dater un peu). En revanche le cinéma russe m’a toujours fasciné et je lui dois quelques unes de mes plus belles émotions cinématographiques : Eisenstein, Mikhalkov, et Tarkovski, bien sûr, pour ce qui est du vingtième siècle (ainsi qu’un film un peu trop oublié mais magnifique: Le Repentir, de Tenguiz Abouladze (1984)). Et pour ce qui est du 21ème siècle, le meilleur film (toutes nationalités confondues) que j’ai vu ces 5 dernières années est « Leto », de Kirill Serebrennikov (2019). Bon, l’action ne se passe pas à Moscou mais à St Petersbourg…

      • Rubens 31 décembre 2021 at 13:50

        Je note tes références, peut-être qu’un jour si mes enfants me laissent un peu de répit je pourrai m’y remettre. Je garde un bon souvenir de « Urga » de Mikhalkov.

      • Guillaume 3 janvier 2022 at 11:46

        Si on m’avait dit que je commencerais 2022 sur une référence à Leto… Egalement un de mes plus gros coups de coeur cinématographiques ces dernières années. Merci Colin ! Et bonne année à tous (sauf à Novak D).

        • Rubens 3 janvier 2022 at 23:20

          N’est-ce pas le propre d’un forum de prendre parfois des chemins de traverse ? Surtout si c’est pour passer de la CD 2002 aux classiques du cinéma et de la littérature…

          Bonne année à tous, tennistique et culturelle !

      • Colin 3 janvier 2022 at 16:33

        Pas de quoi ! Très bonne année à tous les 15-lovers !!! Et si c’est pas 2022 ben ça sera 2023 :lol:

      • Sebastien 3 janvier 2022 at 22:25

        D’accord avec toi Colin, ce sont des super films ! Sinon je suis très banalement classique sur les réalisateurs russes : Nikita Mikhalkov, Aleksandr Sokurov, Andrei Tarkovsky, Andrey Zvyagintsev, Yuriy Bykov.
        Sur la littérature, Grossman et son « Vie et Destin » reste un de mes gros favoris, quelle belle lecture ! Sinon outre les méga-classiques, je suis fan de Varlam Chalamov, Marina Tsvtaeva et Mikhaïl Cholokhov.

    • Elmar 3 janvier 2022 at 12:34

      J’ai pas d’anecdotes croustillantes sur le tennis russe, mais quand même deux petites pastilles-souvenirs sur Marat que je vous livre ici. Peut-être en avais-je déjà parlé? Je ne sais plus.

      Marat a-t-il vécu un temps à Genève? Ce serait une information à vérifier, toujours est-il que je l’y ai vu deux fois, ce devait être entre les années 2002 et 2005 mais je suis incapable de dire l’année exacte.

      1er souvenir : un samedi matin, je me rends à l’ouverture à la bibliothèque universitaire; celle-ci est située dans un joli parc de Genève, le Parc des Bastions. Il n’y a pas un chat à cette heure-là. Quand je sors de la bilbiothèque (il y a une dizaine de marche), je vois deux types faire un jogging en contre-bas. L’un des deux était Marat; l’autre plus âgé (un entraîneur physique?). Le Marat en jogging un samedi matin très tôt, c’est pas l’image qu’on se fait de lui habituellement!

      2ème souvenir : la semaine précédant Roland-Garros, je suis dans un bar – pizzeria du centre de Genève avec quelques potes. Il y a très peu de clients. Sur la table tout au fond, Marat en train de manger une pizza, à nouveau avec un type plus âgé (aucune idée si c’était le même que pour le jogging). Ce qui m’a frappé, c’est comme il pouvait manger sa pizza sans que personne ne vienne l’embêter. En partant, on lui a juste dit bonne chance pour Roland; il a levé la tête, il nous a dit merci et on a échangé 2-3 mots. Le gars vraiment relax.

      • Elmar 3 janvier 2022 at 12:35

        A noter : dans les deux cas, aucune cousine à l’horizon!

      • Colin 3 janvier 2022 at 16:32

        Hé bé tu en croises souvent des tennismen Elmar ! (référence à l’anecdote de ta rencontre avec Stan dans un musée)

  15. Jo 31 décembre 2021 at 13:53

    @ Rubens : Quand tu évoques « nos voisins en Europe », j’ai considéré plus vraisemblable que tu songes à l’Italie qu’au Luxembourg. ;-)

    @ Sam : Tu dois raffoler de la morue, moi pas. Non, non, pas de blagues sur les filles des pays de l’Est chères à Marat Safin. La plus belle photo de famille de tous les temps, l’âme slave à son zénith : https://siol.net/media/img/33/ag/8ebea1f9fc2d2ee49445-marat-safin-navijacice.jpeg

    Mes vœux pour 2022 :
    Open d’Australie : Sascha
    Roland-Garros : Fanou
    Wimbledon : Denichou
    US Open : J’ai du mal à trouver un quatrième esthète. Je dirais bien Grigor mais c’est le Nouvel An, pas le 1er avril.
    Masters France : Jean Lassalle

    • Rubens 31 décembre 2021 at 14:14

      Mais non Jo, voyons, le Luxembourg est un paradis terrestre. Fiscal aussi, hein, mais surtout terrestre. Mais en effet je lui préfère l’Italie, ô combien plus imparfaite mais ô combien plus humaine. Il y a des processus d’identification derrière tout ça, je suis un latin indécrottable, tout en emportements et en contradictions. La sociologie me parle, comme toutes les sciences molles (et dont je milite pour qu’elles restent molles), mais l’économie pas du tout. Je suis programmé pour vivre en Italie, pas au Luxembourg.

      Allez, Félix pour l’US Open. Ou Musetti, j’aimerais beaucoup. Mais il va sans doute y avoir une phase de maturation pour lui.

      Sasha à l’AO ? Je préfèrerais Daniil. Ou, plus précisément, maintenant que Daniil a torché Djoko à l’US, il est mon plus grand espoir de dégager l’immonde dans un GC, et j’aime autant qu’il soit là. Et comme il ne pourra pas le battre avant la finale… Mais bon, là je confonds l’urgence immédiate (débarrasser le tennis de Novak Djokovic) et mes véritables préférences, qui iraient plusôt à Shapo ou à Tsitsi.

    • Sam 31 décembre 2021 at 14:27

      Très belle photo en effet, et je suppose qu’elles ont toutes les trois été élues à la Douma.

    • Rubens 31 décembre 2021 at 14:32

      Ah oui, j’oubliais : collector la photo ! Ses « cousines »… Sacré Marat, bonjour l’épreuve physique !

  16. Anne 3 janvier 2022 at 17:08

    Belle et heureuse année à tous, avec et sans tennis !

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Commentaires récents

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis