Le bush de Kooyong (1/5)

By  | 8 décembre 2021 | Filed under: Actualité, Histoire

L’open d’Australie est désor­mais bien in­stallé dans ses murs, dans ses dates et dans sa case Grand Chelem de manière in­dis­cut­able. Mais il n’en a pas toujours été ainsi, loin de là, et les meil­leurs joueurs ont longtemps boudé la levée des Anti­podes, pour di­ver­ses raisons. Petit re­tour sur l’ouver­ture de 1968 et ses con­séqu­ences, dont on verra qu’elles ont im­pacté le Grand Chelem australi­en, mais aussi le ten­nis australi­en dans son en­semble.

Harry Hopman

Première par­tie : Harry Hop­man à l’école des sor­ci­ers

Le pal­marès du Grand Chelem au cours des Tren­te Glorieuses a été globale­ment dominé par l’Australie, qui a aligné une suc­cess­ion de grands champ­ions avec une in­croy­able régularité. Au-delà des talents in­dividuels, un homme se cache derrière cette avalanche de succès qui ne peuvent être le seul fruit du hasard : Harry Hop­man. Lui-même joueur de ten­nis, il ex­er­ce le métier de jour­nalis­te lorsqu’il com­m­ence à s’intéress­er à un petit groupe d’es­poirs loc­aux, parmi les­quels figurent Frank Sedgman et Ken McGregor. Nous som­mes en Australie, une contrée riche mais située aux anti­podes de ses alter ego anglo-saxons que sont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. De­puis toujours, les Australiens, et pas seule­ment les spor­tifs, sont imprégnés de cette cul­ture de l’éloig­ne­ment, et sont con­scients que l’ouver­ture sur le monde passe par de longs voyages loin de leurs ter­res.

Sous l’im­puls­ion de Hop­man va se de­ssin­er une petite struc­ture centrée sur les meil­leurs éléments ten­nistiques du pays, dédiée non seule­ment à leur en­traine­ment, mais aussi à leurs voyages à trav­ers le monde. Côté en­traine­ments, Harry Hop­man leur en­seig­ne le ten­nis avec une de­v­ise et une méthode ; la de­v­ise, c’est d’apprendre à maîtris­er toute la palet­te des coups du ten­nis, et de pratiqu­er un ten­nis résolu­ment tourné vers l’at­taque, car il vaut mieux aller cherch­er le point plutôt qu’at­tendre que l’ad­versaire ne le donne ; la méthode, c’est un travail tech­nique et physique in­ten­sif, doublé d’un goût forcé pour la dis­cip­line. Au cours de leurs voyages, Hop­man ne sera pas seule­ment leur en­traineur, il sera égale­ment leur père de sub­stitu­tion, en les met­tant à l’amen­de lorsqu’ils se tien­nent mal, mais aussi en veil­lant à ce qu’ils écrivent réguliè­re­ment à leurs parents et en super­visant leurs de­voirs. Au cours des longs voyages que ces es­poirs du ten­nis de­vront ef­fectu­er, cet ap­port sera plus qu’im­portant. Peu imbu de lui-même, Harry Hop­man in­diquera à de nombreuses re­prises qu’un autre en­traineur que lui aurait sans doute mené la même généra­tion aux som­mets du ten­nis. Harry est modes­te, mais il se trom­pe pro­bab­le­ment.

Voici quel­ques années, Pat­rick Raft­er, alors re­spons­able du haut niveau à Ten­nis Australia, a engagé un pro­gram­me dans lequel lui-même se char­gerait d’ac­compagn­er des jeunes es­poirs en Europe pour de lon­gues tournées es­tivales, et il n’a pas manqué de rap­pel­er que lui-même s’était retro­uvé em­bar­qué dans sa jeunes­se dans ces voyages ten­nistiques au long cours qui l’auront fait dor­mir chez l’habitant dans le Li­mousin, les Pyrénées ou la Bour­gogne. Pat­rick ne fait là que re­con­duire un système qui lui a si bien réussi, et ces voyages lorsqu’il avait 17 ans auront été des écoles de la vie tout autant que des écoles du ten­nis (au pas­sage, j’ig­nore si Be­rnard Tomic et Nick Kyr­gios ont pu bénéfici­er d’un tel dis­positif, auquel cas ils ont man­ifes­te­ment loupé quel­ques étapes). En raison de la posi­tion mar­ginale de l’Australie dans la carte du ten­nis, il re­venait sans doute à l’Australie et à un Australi­en d’in­vent­er de tels dis­positifs.

Harry Hop­man n’a pro­bab­le­ment pas innové avec sa vis­ion du ten­nis lui-même, cer­tes per­fec­tionnée mais qu’ef­fective­ment d’aut­res que lui pratiquaient avec la même in­ten­sité à cette époque. Il a été précur­seur, en re­vanche, avec ces pro­gram­mes de voyages où étaient sélec­tionnés des adul­tes, mais aussi des juniors, ce qui as­sura la péren­nisa­tion de son système. Dans des contrées éloignées de leur foyer, cette vie en groupe re­ndait l’éloig­ne­ment sup­port­able, mais créait sur­tout une émula­tion extra­or­dinaire. Ici se trouve pro­bab­le­ment la sin­gularité de la méthode Hop­man. Au mo­ment où nombreux jour­nalis­tes s’ex­tasiaient sur Rosewall, Em­er­son et Laver et in­ter­rogeaient Hop­man sur les sec­rets d’une méthode qui semblait pro­duire des champ­ions à la chaîne, l’entraineur préparait déjà la suite avec New­combe et Roche, en at­tendant John Al­exand­er et Phil Dent.

In­lass­able pro­moteur – si j’ose dire – du ten­nis amateur, Harry Hop­man voyait la Coupe Davis comme l’épreuve reine du ten­nis ; sur la cha­ise de capitaine, il a mené son équipe nationale à une mois­son extra­or­dinaire et sans équivalent, avec 15 Saladi­ers d’ar­gent re­mportés entre 1950 et 1967. Ken McGregor, Frank Sedgman, Lew Hoad, Ken Rosewall, Neale Fras­er, Roy Em­er­son, Rod Laver, John New­combe et Tony Roche sont les grands ar­tisans d’une domina­tion quasi­ment sans par­tage que n’ont pas remis en cause les départs suc­ces­sifs de be­aucoup d’entre eux vers les rangs pro­fes­sion­nels. Rap­pelons que Sedgman et McGregor, en 1951, ont réussi l’unique Grand Chelem en doub­le de l’his­toire du ten­nis. A peine l’un d’entre eux cédait aux sirènes du pro­fes­sion­nalis­me que la relève était prête pour pre­ndre la suite et con­serv­er le titre, les tour­nois du Grand Chelem n’étant alors que des jalons de prépara­tion pour l’épreuve la plus pre­stigieuse du ten­nis, la Coupe Davis. Précisons toutefois que le Chal­lenge Round était alors en vigueur, et que la na­tion tenan­te du titre n’avait qu’à dis­put­er la fin­ale sur ses ter­res, ce qui donne un avan­tage cer­tain…

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

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22 Responses to Le bush de Kooyong (1/5)

  1. Sam 8 décembre 2021 at 14:16

    Héhéhé, merci Rubens, et quand je vois que c’est seulement le premier épisode, je jubile !
    Par contre quand je lis le nom d’Hopman, me revient le souvenir douloureux d’après midi passés sous le cagnard avec le coach qui ne jurait que par lui : aller faire un revers long de ligne fond de court côté gauche, remonter faire un coup droit croisé court, redescendre pour un autre revers; laisser la place à son collègue pour un très court moment de récupération, et rebelote…

    • Rubens 8 décembre 2021 at 14:30

      Salut Sam,

      Merci de braver mes tunnels, sur un sujet improbable… mais de saison, comme on va le voir.

      C’est clair que la méthode Hopman, c’était le tennis à la dure. Mais il faut bien prendre la mesure de l’influence qu’a eue ce type sur l’apprentissage du tennis dans le monde entier.

      Je me demande d’ailleurs si les méthodes d’aujourd’hui, qui semblent plus « ludiques » et plus douces, contribuent réellement à ouvrir le tennis à un plus large public. Parce que moi, j’ai commencé le tennis en 84, je me suis pris du Hopman direct dans la tronche, et je n’en fais pas moins partie de la génération qui a porté le tennis en France à son record de licenciés (1,5 millions je crois au tournant des années 80 et 90). Comme quoi, enseigner le tennis à la dure, y compris à des gamins qui débutaient, n’était pas forcément répulsif.

      • Sam 8 décembre 2021 at 14:56

        Tout à fait d’accord. Je suis également de cette génération et j’ai plutôt trouvé – « pris », aussi – mon compte à ces exercices (mention spéciales aux stages d’été : 7h par jour dont une bonne partie de Hopman et le soir, comme on s’ennuyait, on se faisait des matchs entre nous…).
        Je ne crois pas qu’il soit totalement passé de mode, on peut voir des pros s’entrainer avec le coach et son panier. Par contre, j’ai cru comprendre que l’une des limites qui pouvaient être soulignées et que ce type d’exercice comporte une forme de systématisme : une fois tapé le revers du fond, on sait qu’on a le coup droit plus proche du filet et qu’ensuite on va retourner au fond, ceci n’étant bien entendu pas le cas en match…Quoique, ça se discute en plus.

  2. Montagne 8 décembre 2021 at 14:50

    Je ne suis pas sûr que la « méthode Hopman » était appliquée systématiquement dans tous les clubs de tennis de France et pour tous leurs adhérents. Je me souviens plutôt de stage de tennis à esprit plus ludique dans les années 70/80 (mais ce n’étaient pas des stages s’adressant à des deuxièmes séries ) et ma fille faire des stages enfants fin des années 80 dans un esprit là aussi assez ludique.
    Peut-être la méthode Hopman- suivie de la méthode Bollettieri- s’adressait plus à des filières « compétition » relevées.

    • Rubens 8 décembre 2021 at 15:00

      Ce serait intéressant de faire un grand sondage. Je te précise que je me suis bouffé du Hopman dès mes premières années, et j’étais loin alors d’être en deuxième série.

      De 2012 à 2015, j’ai un peu repris le tennis, et j’ai connu un certain nombre de jeunes de 14-17 ans.

      1. Ils étaient classés 15/2 ou 15/1, mais ils ne jouaient pas plus que 15/5 chez les adultes. La prolifération des tournois de jeunes leur permettait d’accéder à des classements qui n’avaient de signification qu’entre eux, entre jeunes. Dès qu’ils jouaient avec des adultes, ils ne justifiaient absolument pas leur classement.

      2. Leur bagage technique était faible. Vraiment faible. Je schématise un peu en disant qu’ils ne savaient taper que des coups droits, très fort, et si ça rentrait tant mieux.

      Et je repensais à mon entraineur, qui nous faisait faire des heures de panier, en se mettant derrière nous pour voir notre placement, notre prise de raquette, notre accompagnement de la frappe, notre lancer au service, etc. Pour le coup, c’était tout sauf ludique… pour lui !

      • Sam 8 décembre 2021 at 15:10

        Rubens, moi aussi, du Hopman, dès le début.
        J’ai pu aussi constater une différence de niveau à classement égaux entre des « jeunes » et des adultes à ma reprise il y a une dizaine d’années, mais c’est un constat assez léger pour la bonne et simple raison qu’il m’est rare de voir des jeunes et encore plus de les affronter : où sont-ils ? A mon époque (tsss, « à mon époque »…), ado, on s’inscrivait sur tous les tableaux adultes (ça et le Hopman, ça forge le caractère non de Dieu). Aujourd’hui, je crois pouvoir dire que je n’ai affronté aucun ado dans mes laborieuses pérégrinations de milieu de troisième série. Et pour le coup, ceux que j’ai vu jouer contre notre équipe senior (« sénior », chez nous ça veut dire moyenne d’âge 45 ans), jouaient vraiment très bien, tout en étant pas mal dans le cliché du Jeune Tennisman d’aujourd’hui : prise coup droit ultra fermée, revers à deux mains (en 84, ça ne courait pas les rues, ça).

    • Sam 8 décembre 2021 at 15:01

      Possible, pour moi c’était période ado bouffeur de tennis H24. Et le ludique pouvait être « tu sortiras pas du court tant que tu n’auras pas dégommé 3 fois chaque boîte de balle », posées aux angles du carré de service…

      • Rubens 8 décembre 2021 at 17:30

        Sam, je crois qu’on a eu le même prof de tennis…

        • Sam 8 décembre 2021 at 18:34

          Mais pas avec les mêmes résultats, si je t’ai bien lu…!
          Par contre, je partage aussi le constat d’une volonté de rendre le jeu et l’apprentissage plus « ludiques », ce sont quasi les bases de recrutement de B.E dans mon club avec un bilan pour le moins mitigé en ce qui concerne les objectifs d’attirer « des jeunes et des filles ». Bilan des courses, que des ex Hopmaniens sur les courts, et un léger parfum de c’était mieux avant.

          • Alexis 10 décembre 2021 at 18:18

            Hello
            Excellent article!
            Concernant l’évolution des méthodes d’entraînement, le côté ludique n’est-il pas rendu obligatoire par la concurrence féroce des autres activités envisageables pour un/e enfant qu’on veut occuper le mercredi après midi? La tendance au zapping encouragée par la profusion ne favorise pas les méthodes à la Whiplash…

            • Rubens 10 décembre 2021 at 22:26

              Salut Alexis,

              C’est marrant que tu parles de Whiplash, j’ai vu ce film à sa sortie, depuis c’est devenu un proverbe. Ceci dit, il y a un gap entre le sérieux nécessaire pour atteindre un certain niveau dans une discipline donnée, et des méthodes de tortionnaire du cerveau que le film nous fait découvrir.

              Pour le côté ludique, je ne sais pas dans quelle mesure ça s’est généralisé. Je constate que ça ne marche pas, puisque le nombre de licenciés est en baisse constante, notamment chez les jeunes et notamment chez les filles.

              Mon intuition, c’est que si les parents recherchent des activités ludiques pour leurs enfants, tu peux descendre le niveau d’exigence aussi bas que tu veux, le tennis restera un tennis pas simple à appréhender pour un débutant, jeune ou pas. Il y a d’autres sports qui peuvent te procurer un plaisir plus immédiat, et là je pense notamment au padel, qui semble beaucoup plus rapide à assimiler que le tennis.

              • Alexis 16 décembre 2021 at 18:37

                Syndrome Rantanplan je réponds maintenant seulement.

                Tout à fait d’accord avec toi.

                Il me semble en plus qu’avec le padel le tennis (ie les joueurs/joueuses pros qui en font la promotion comme Monfils) se tire une balle dans le pied : en montrant à quel point c’est plus ludique et accessible, on met l’accent sur le côté frustrant du tennis. Ce n’est pas ainsi que le nombre de licenciés va augmenter !

              • Guillaume 16 décembre 2021 at 19:16

                Tout à fait, c’est même corroboré par les chiffres de licenciés en Espagne où, sur dix ans, le padel a globalement gagné ce que le tennis a perdu. De là à penser que l’on transvase de l’un à l’autre (en Espagne ce sont 2 Fédés différentes)… La France a fait le pari d’englober le padel au sein de la Fédé de tennis et pourra à ce titre sans doute préserver les apparences au niveau du chiffre ‘bête et méchant’ de licenciés, mais comment effectivement inciter quelqu’un qui aura découvert le padel et s’y éclatera, à aller ensuite se compliquer la vie sur un sport plus dur et plus ingrat ? L’immense majorité des pratiquants arrivés par le padel resteront au padel, épicétou. Et après on viendra pleurer qu’on n’a plus gagné Roland-Garros depuis le Grand Sachem.

  3. Colin 8 décembre 2021 at 17:13

    Excellente mise en bouche… On attend la suite avec impatience.
    Accessoirement ça m’a fait penser qu’une autre des victimes collatérales de l’épisode lamentable de la Coupe Davis scandaleusement vendue à Kosmos, a été la Hopman Cup, sacrifiée pour faire de la place à la nouvelle ATP Cup, créée pour concurrencer la Piqué cup.
    Ceci dit il paraît que l’ITF réfléchit à remettre en route une nouvelle Hopman Cup dès 2022, en Europe cette fois (cf. une interview du président de l’ITF David Haggerty en date du 31 juillet dernier : “We want to bring the Hopman Cup back because we love to have men and women playing together in an event. Most likely it would be in Europe. Within the next two weeks we will announce a decision”.
    Beaucoup plus que 2 semaines se sont écoulées depuis et aucune annonce n’a été faite.

  4. Jo 8 décembre 2021 at 17:57

    A propos de séries, premier épisode de la saison 3. Kasper est papa (il a déconné) et s’est séparé dans la foulée (il a doublement déconné). Tout va bien, il n’a pas changé.

    • Rubens 8 décembre 2021 at 21:17

      Kasper a un talent inouï pour se torturer tout seul. C’est son charme, et c’est aussi sa malédiction.

  5. Rubens 8 décembre 2021 at 21:45

    @Sam et Montagne,

    En vous lisant, je me dis qu’en effet la méthode Hopman était répandue dans les années 80, mais pas généralisée. Je ne suis pas sûr, par exemple, que des adultes prenant des leçons particulières – ce qui constitue une bonne part de l’emploi du temps d’un entraineur – ont besoin de cette méthode. Par contre, pour des gamins, ça semblait carrément la meilleure. Dans le patelin où j’ai grandi, j’avais des « grands frères » de 17-18 ans, qui ont fait bénévolement leurs premiers pas d’entraineurs avec des gamins du village. C’étaient des apprentis Hopman, mais ils n’avaient pas le bagage technique pour assimiler complètement cette méthode, encore moins pour la transmettre. C’est l’un d’entre eux, revu des années plus tard, qui me l’a avoué lui-même.

    Les choses ont probablement évolué, mais la méthode Hopman, je reste persuadé qu’un jeune raisonnablement doué, motivé et ambitieux n’y coupera pas. Elle ne produit pas des champions à la chaine, Sam et moi-même en sommes la preuve, mais je ne vois pas comment un gamin devient un excellent joueur sans qu’on lui enfonce dans le crâne la technique du tennis (que du reste il ingurgite avec la biomécanique qui lui est propre, Daniil Medvedev est une preuve vivante qu’un tennis franchement laid peut avoir son efficacité).

    Ce qui n’exclut pas que d’autres méthodes, plus ludiques, s’adressent à des jeunes qui débutent le tennis. Si la feuille de route d’un BE est de créer une convivialité et une alchimie qui vont faire venir au club plein de jeunes (et leurs parents), la méthode Hopman n’est pas nécessaire. Mais si la feuille de route est de développer l’école de tennis de telle sorte que dans 10 ans émerge une équipe 1 qui évolue en Nationale, alors il faudra, pour le moins, opérer une division du travail, et là Papy Hopman me semble incontournable.

  6. Guillaume 9 décembre 2021 at 10:31

    Merci pour la série que j’ai pu lire en avant-première :smile: je vais faire attention à ne pas spoiler la suite.

    J’ai toujours été fasciné par ce qu’Hopman a réussi à mettre en place, jusqu’à dominer le tennis non-stop pendant plus 20 ans avec plusieurs promos aussi boulimiques les unes que les autres. De Sedgman au début des 50′s à Newcombe le dernier des géants, ils n’ont laissé que des miettes à la concurrence. D’autant qu’Hopman a aussi décliné sa méthode avec succès chez les filles, puisqu’il drivait également Margaret Court ou Lesley Turner. Au-delà des techniques d’entraînement (grosse préparation physique, séances au panier et répétitions ‘à l’australienne’, un mec d’un côté du filet face à deux de l’autre), il a réussi à transformer en force ce qui était à la base un inconvénient : venir du bout du monde et devoir partir 8 – 10 mois d’affilée loin de chez soi (on voit encore en 2021 avec Barty ou Kyrgios à quel point ça n’a rien d’évident). Il a réussi à créer un esprit famille de substitution au sein de ces groupes qu’il trimballait avec lui en Europe. Et à leur faire prendre conscience que le tennis était leur chance de voyager et voir le monde, leur ouvrait des portes qui seraient restées fermées autrement.

    Ce dernier point est peut-être la différence majeure avec aujourd’hui, et expliquerait pourquoi Rafter a fait un bide quand il a voulu relancer le modèle au moment où il était à la tête du haut niveau Aussie. Personne parmi les jeunes n’a été volontaire. Faut dire aussi, aparté, que de Kyrgios à Tomic voire Kokkinakis, le retour de karma a été particulièrement violent niveau têtes de cons :lol:

    Je tente pour la photo, si tu as la légende quelque part : Rex Hartwig, Lew Hoad, Harry Hopman, Ken Rosewall et Mervyn Rose ?

    • Rubens 9 décembre 2021 at 10:41

      Pour la légende de la photo, tu as tout bon !

      Je repasserai !

    • Rubens 9 décembre 2021 at 15:43

      Merci Guillaume, de compléter pour Rafter. J’étais tombé, voici pas mal d’années, sur la chronique de Richard Evans dans une revue que je ne citerai pas, où il était question de Rafter nouveau responsable du haut niveau en Australie, qui comptait emmener les jeunes dans des voyages tennistiques à travers le monde. Mais je n’ai plus entendu parler de cette initiative ensuite, et j’ignorais que Pat avait fait un bide. En même temps, comme tu le dis, le tennis australien vit un retour de karma particulièrement violent.

      La chronique d’Evans, en tout cas, m’avait parlé. Entre autres parce que j’ai un copain qui m’avait expliqué, au moment de la première victoire de Pat à l’US en 97, qu’il avait un jour affronté dans un petit tournoi de province un certain Patrick Rafter, Australien, 17 ans, assimilé 0, qui lui avait mis une grosse branlée. Qui logeait chez des bénévoles du club où se disputait le tournoi. Tout le monde avait été enchanté de son passage et de son ouverture sur le monde. Et il n’avait pas maugréé sur cette foutue terre battue européenne qu’il découvrait. Parce qu’il savait que s’il atteignait le haut niveau il n’y couperait pas. D’où mes interrogations concernant les propos de Kyrgios sur Roland, la terre et le reste. Ils viennent vraiment du même pays ?

  7. Sebastien 12 décembre 2021 at 19:46

    Rubens, tu es un opéra fabuleux !

    Je suis époustouflé par l’érudition des contributeurs de ce site.

    On est au niveau de chercheurs ou de chartistes paléographes du tennis. Je n’ai vu cela nulle part ailleurs sur le web, pas même de la part de Laurent Vergne sur Eurosport qui est un excellent narrateur mais dont les connaissances semblent moins encyclopédiques. Là, Rubens, tu es un polymathe et c’est rassurant de voir que cela existe au 21ème siècle.

    Géniale leçon d’humilité pour des internautes lambda comme moi qui ont découvert le tennis à la fin des années 2000. Même la sœur de Nathan qui a fait une thèse sur Pic de la Mirandole et Pinocchio dans la littérature fantastique semble vraiment profane à côté.

    • Rubens 13 décembre 2021 at 10:22

      Ah Sébastien, je me sens rougir là…

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