Nick Bollettieri, ou le darwinisme tennistique

By  | 9 janvier 2020 | Filed under: Histoire

L’his­toire de Nick Bol­lettieri est une his­toire comme l’Amérique les aime tant, une his­toire banale­ment américaine. L’his­toire d’un gamin sans le sou de­venu l’un des en­traineurs les plus im­por­tants de la planète ten­nis. Le per­son­nage fut haï autant qu’admiré, au fil des années les lan­gues se sont déliées, la réalité de son usine à champ­ions est aujourd’hui con­nue et documentée et cette réalité n’est pas que re­luisan­te. L’af­firma­tion que Bol­lettieri est l’un des per­son­nages clés de l’his­toire du ten­nis n’en reste pas moins véridique : en ter­mes de stan­dards de dis­cip­line et d’entraine­ment, il y a bel et bien eu un avant et un après Bol­lettieri.

bollettieri

North Pel­ham

Nic­holas James Bol­lettieri est né en 1931 dans la région de New York. Il est le fils de deux émigrés d’origine napolitaine, qui avaient trav­ersé l’At­lantique pour fuir la misère de l’Italie de l’Entre-Deux-Guerres. Ils s’installèrent dans un quar­ti­er désar­genté de New York, North Pel­ham.

C’est dans ce quar­ti­er populaire que le jeune Nick va gran­dir, aux côtés des com­munautés noire et his­panop­hone. Le jeune homme en gar­dera une in­différ­ence totale à la co­uleur de peau, dans un pays où la ques­tion raciale était brûlante – elle l’est toujours aujourd’hui, malgré l’élec­tion d’Obama. Il en gar­dera aussi un re­gard aiguisé sur la con­di­tion des Noirs américains, qu’il a perçue chez trois de ses élèves : Zina Gar­rison, Lori McNeil et Chan­da Rubin. Selon lui, chacune des trois avait dans les mains les moyens de de­venir la meil­leure joueuse du monde. Toutes trois ont d’ail­leurs at­teint le Top Ten. Mais elles avaient intégré leur con­di­tion d’infériorité, dans un sport sociologique­ment blanc et huppé à l’origine, et leurs com­plexes les privèrent d’une plus gran­de carrière. Il en sera tout aut­re­ment, bien en­ten­du, avec les sœurs Wil­liams.

Nick Bol­lettieri découv­re le ten­nis par hasard, lorsqu’un co­usin éloigné débar­que chez ses parents et lui in­cul­que, quel­ques mois durant, les rudi­ments tech­niques de ce sport. Il n’aura pas le temps de rêver à une carrière de joueur : il a déjà 20 ans, et l’heure est venue pour lui de re­mplir ses ob­liga­tions militaires. Ce sera dans une base militaire au Japon, en pleine guer­re de Corée. Mobilisé dans le corps des Marines, dans une unité de para­chutis­tes, Nick est soumis à une dis­cip­line que Stan­ley Kub­rick a par­faite­ment décrite dans son chef-d’œuvre Full metal jac­ket, et qui va avoir une in­flu­ence déter­minan­te sur la suite : vexa­tions, humilia­tions, émula­tion poussée à l’extrême, sans oub­li­er les nombreux in­ter­dits. De­v­ise bol­lettierien­ne par ex­cell­ence, la souffran­ce et le man­que sont des éléments in­dis­pens­ables pour at­teindre le som­met d’une dis­cip­line. Lui-même, chez les Marines, aura ex­péri­menté cette maxime.

La période du jeune homme chez les Marines l’aura en tout cas aidé à se trouv­er une voie. Pen­dant sa mobilisa­tion au Japon, il ar­rondit ses fins de mois en en­seig­nant à des of­fici­ers les rudi­ments de ten­nis qu’il a en sa pos­sess­ion. Le vieux sage au visage buriné par le sol­eil ne s’est jamais ap­pesan­ti sur sa pass­ion pour le ten­nis. Selon ses pro­pres ter­mes, cer­tes il aimait ce sport, mais il y a sur­tout vu un for­mid­able moteur d’as­cens­ion sociale.

Le ten­nis que Nick Bol­lettieri a eu sous les yeux dans les années 40-50 est un sport joué en pan­talon, par des élites aisées qui jouaient en trot­tinant. L’un de ses élèves à son re­tour de Corée fut d’ail­leurs Jay Roc­kefell­er, mem­bre de l’une des gran­des dynast­ies de l’his­toire américaine, et futur sénateur. Nour­ri des méthodes d’entraine­ment qu’il venait de connaître chez les Marines, il était facile pour Nick d’imagin­er ce que pouvait de­venir ce sport s’il était joué par de vérit­ables athlètes cap­ables de faire avanc­er la balle be­aucoup plus vite et de co­urir be­aucoup plus vite. Et si lui-même était trop limité tech­nique­ment pour ac­compagn­er des en­fants vers l’élite, il al­lait en re­vanche de­venir celui qui en ferait des athlètes sur le plan physique. C’est sur ces bases que va se matérialis­er la pro­mes­se qu’il se fait à cette époque, et qu’il fait à ses parents, de­venir le meil­leur en­traineur du monde.

En com­men­çant par le début : donn­er des leçons de ten­nis à 3 dol­lars de l’heure, comme tout le monde. Et faire ses clas­ses, appréhend­er la tech­nique du ten­nis. Si la chan­ce vient frapp­er à la porte et lui offre un di­amant à sculpt­er, il ne suf­fira pas d’en faire un Marine, il faud­ra aussi en faire un grand joueur de ten­nis.

Gottfried

La légende Bol­lettieri a fait de Jimmy Arias le pre­mi­er de ses poulains à se faire une place parmi l’élite. Mais la légende tous­se, et la chronologie des événe­ments lui ap­porte un démenti cinglant. Au cours des années 70, les pre­mi­ers jour­nalis­tes spor­tifs à s’être intéressés à Nick Bol­lettieri et à son académie avaient en tête ses résul­tats auprès d’un autre joueur Américain.

Au début des années 60, le jeune en­traineur voit ar­riv­er un en­fant de 8 ans, Brian Gottfried, qui le stupéfie par ses qualités de co­or­dina­tion et son coup d’œil. Par la suite, de tel­les qualités de­viendront pour lui le sign­al de détec­tion d’un futur champ­ion : la tech­nique s’apprend et se travail­le, ce n’est qu’une ques­tion d’heures passées sur le ter­rain à travaill­er une ges­tuel­le sur un coup donné. En re­vanche, un coup d’œil ne s’apprend pas, il est inné ou pas.

Première étoile de la galaxie Bol­lettieri, Gottfried fut l’un des meil­leurs joueurs américains des années 70-80. Son style ne déton­nait pas par­ticuliè­re­ment pour l’époque, c’était un serveur-volleyeur de fac­ture clas­sique, aux ges­tes har­monieux et élégants, qui ne fût pas en mesure de se mêler à la lutte pour le trône que se sont livrés Borg, Con­nors et McEn­roe à son époque. Mais il fut, aux côtés de Ros­coe Tann­er, un pili­er de l’équipe américaine de Coupe Davis, il a at­teint la fin­ale de Roland Gar­ros en 1977 et le de­rni­er carré de Wimbledon en 1980. Ces résul­tats, Gottfried les doit, entre aut­res, à sa con­di­tion athlétique. A ce moment-là, la mon­dialisa­tion du ten­nis en est à ses prémices, Borg, l’homme qui ne trans­pire pas, est perçu comme un OVNI, le ten­nis ne se joue plus en pan­talon mais il se joue en­core mas­sive­ment à la main. N°3 mon­di­al en 1977, Brian Gottfried at­tire sur lui l’at­ten­tion de quel­ques jour­nalis­tes spor­tifs américains, qui s’intéres­sent à son en­traine­ment. C’est donc à cette époque que re­mon­tent les premières re­ncontres entre Bol­lettieri et la pre­sse.

Braden­ton

Le succès de Brian Gottfried sig­nale Nick Bol­lettieri comme un en­traineur de pre­mi­er plan dans le pays, de plus en plus de gamins doués se pre­ssent à sa porte. Il est temps pour lui de se doter du centre d’entraine­ment adéquat, car les gamins s’en­tassent chez lui, il doit bientôt louer des caravanes et des chambres d’hôtel pour les gard­er auprès de lui. En 1978, il achète un champ de tomates à l’écart de la petite ville de Braden­ton, en Floride, et y fait con­struire les pre­mi­ers ter­rains de ten­nis, ainsi qu’un dor­toir.

Qu’il s’agis­se du lieu ou de son règle­ment intérieur, le terme « centre d’entraine­ment » ne semble pas adéquat pour décrire le lieu. Les témoig­nages de tous ceux qui sont passés entre les fourches caudines de Bol­lettieri à Braden­ton sont con­cor­dants. L’an­ci­en Marine met en œuvre ses idées sur la dis­cip­line du sport de haut niveau, qui doit se caler sur la dis­cip­line militaire. Le tarif est salé pour les cen­taines d’adoles­cents pen­sion­naires à plein temps de Braden­ton : la re­la­tion aux parents est limitée à un coup de fil le week-end et une visite par tri­mestre, la télévis­ion, l’al­cool, les cigaret­tes, les bois­sons gazeuses sont pro­scrits, pas de co­pain/copine, collège le matin, suivi de six heures de ten­nis, ex­tinc­tion des feux à 21h00. Vue du centre de Braden­ton, la réputa­tion de douceur de vivre de la Floride a du plomb dans l’aile.

Côté ten­nis, Bol­lettieri, sans doute con­scient de ses li­mites, saura s’en­tour­er. Il a bien des idées sur les as­pects quan­titatifs : ap­port­er une modifica­tion à un coup coûte 30000 frap­pes à l’entraine­ment, soit plusieurs semaines ex­clusive­ment dédiées à ce coup. Sur le qualitatif, en re­vanche, il délègue la tâche à des en­traineurs. Be­aucoup d’ob­servateurs ont cru iden­tifi­er un « style » Bol­lettieri : gros­ses frap­pes en coup droit, jeu puis­sant porté vers l’ag­ress­ion du fond du court, notam­ment par une prise de balle précoce. Au vu des pro­fils des pre­mi­ers joueurs sor­tis de la prison de Braden­ton, ce n’est pas en­tiè­re­ment faux, mais on y fera au moins trois ob­jec­tions.

  • D’une part, si l’on re­con­naît une « patte » à un en­traineur, alors ce n’est pas Bol­lettieri qui est en cause, puis­que plusieurs en­traineurs ont opéré à Braden­ton.
  • D’autre part, au cours des premières années de Braden­ton, la norme a semblé être de mettre l’ac­cent sur les points forts des élèves et de les re­nforc­er, ce qui crée à la fois une arme effrayan­te et un jeu déséquilibré, sac­hant que pour une majorité de joueurs le coup droit est un coup plus naturel que le re­v­ers.
  • On pour­rait ajout­er que l’influ­ence de Nick Bol­lettieri ne semble pas s’appliqu­er à Brian Gottfried, serveur-volleyeur assez clas­sique, dont le jeu n’a pas grand-chose de com­mun avec ses suc­ces­seurs de Braden­ton. Bien plus qu’un style de jeu, ce qui semble caractéris­er les élèves de Nick, c’est une con­di­tion athlétique hors du com­mun, longtemps travaillée, qui ap­porte une di­mens­ion physique à leur jeu.

La « patte » Bol­lettieri, en re­vanche, est in­dis­cut­able dans l’or­ganisa­tion de son centre et des en­traine­ments. Au-delà de la dis­cip­line de fer, sa con­cep­tion du ten­nis était dar­winien­ne : il était im­por­tant de mettre ses élèves en con­curr­ence di­rec­te les uns avec les aut­res, de manière quotidien­ne. Il était im­por­tant aussi de faire un travail spécifique, via des mises en situa­tion réelle, sur les mo­ments im­por­tants d’un match. L’ob­jectif final était de développ­er la con­fian­ce en soi chez les élèves, paramètre cruci­al dans le ten­nis de haut niveau.

L’his­toire de Bol­lettieri a re­tenu les résul­tats de ses poulains, l’extraor­dinaire con­fian­ce en eux qu’ils dégageaient sur le ter­rain, leurs bles­sures aussi. Ce qui est passé aux oub­liet­tes et qui n’est pas mesur­able, c’est la liste des pen­sion­naires de Braden­ton qui furent les per­dants de cette émula­tion per­manen­te, ceux dont le corps en sor­tit com­plète­ment mutilé avant même leurs pre­mi­ers pas sur le cir­cuit pro­fes­sion­nel, ceux enfin qui n’ont pas sup­porté les humilia­tions et les ag­ress­ions psyc­hologiques dont ils furent vic­times. Cette liste, à n’en pas dout­er, est très lon­gue. Bol­lettieri répondra que le ten­nis n’est pas un sport d’en­fants de chœur, et que oui, détruire physique­ment et/ou psyc­hologique­ment une cen­taine d’adoles­cents est une néces­sité si l’on veut fab­riqu­er un champ­ion.

Tel Aviv

Tel­les sont les données du problème de cette académie, dès ses débuts. Et les deux premières ter­reurs is­sues de Braden­ton sont des cas d’école.

Jimmy Arias, né en 1964, est repéré très tôt par Bol­lettieri. Ex­trême­ment précoce, déten­teur de plusieurs tit­res de champ­ion nation­al dans les cat­égo­ries de jeunes, Jimmy a 13 ans lorsqu’il intègre l’écurie. Selon ses pro­pres dires, les gran­des lig­nes de son jeu n’ont ab­solu­ment pas été modifiées à Braden­ton, ce qui re­nfor­ce l’hypothèse du travail ex­clusif sur le point fort. Arias a déjà un énorme coup droit à 13 ans. Il ne tarde pas à semer la ter­reur sur le cir­cuit pro­fes­sion­nel, au sein duquel son as­cens­ion sera foud­royan­te. Il se hisse en demi-finale de l’US Open 1983, à seule­ment 19 ans, en s’offrant au pas­sage le scalp du récent vain­queur de Roland Gar­ros, Yan­nick Noah. Son as­cens­ion est stoppée net dès l’année suivan­te, malgré une brève ap­pari­tion à la 5ème place mon­diale. Il lutte avec les bles­sures, qui fin­is­sent par en­gloutir sa carrière après 1985, alors qu’il n’a que 21 ans. Déten­teur de cinq tit­res sur le cir­cuit ATP en 1982-1983, il re­stera bloqué sur ce chiffre jusqu’à sa re­traite, dans un total an­onymat, en 1994.

Les lamp­ions de l’US Open 1983 à peine éteints, le ten­nis américain n’a même pas le temps de se réjouir de ce jeune demi-finaliste qui in­car­ne la relève à la généra­tion Connors-McEnroe. Un mois plus tard, un autre pro­dige de l’académie de Braden­ton étab­lit un re­cord qui tient toujours aujourd’hui. A 16 ans et 1 mois, Aaron Krickstein de­vient le plus jeune joueur à re­mport­er un tour­noi ATP, à Tel Aviv. Même jeu qu’Arias, avec notam­ment un coup droit sur­puis­sant. Mais aussi un ment­al à toute épre­uve, comme en témoig­ne son autre re­cord, celui d’avoir re­monté vic­torieuse­ment un han­dicap de deux sets à 10 re­prises. Mais Aaron a passé la plus gros­se par­tie de sa carrière avec une im­pres­sion­nante – et lour­de – genouillère, sym­bole des bles­sures multi­ples qui freineront sa pro­gress­ion. Contra­ire­ment à Jimmy Arias, Krickstein saura re­bon­dir de ses bles­sures ; sa carrière, faite de lon­gues éclip­ses, est jalonnée de deux demi-finales en Grand Chelem, à l’US Open 1989 et à l’Australian Open 1995, et d’une 6ème place mon­diale fin 1989. Cette année-là, dans une in­ter­view publiée dans Ten­nis Magazine, Aaron Krickstein ac­ceptait avec le sourire le titre de « vétéran de 22 ans et demi », jeune par les cel­lules, mais vivant déjà sa septième saison sur le cir­cuit…

Leim­en

A Braden­ton, un pre­mi­er bilan s’im­pose.

Le cas Brian Gottfried doit d’emblée être mis à part, car l’influ­ence de Bol­lettieri sur sa carrière s’est faite bien avant la mise en place du régime para­militaire de Braden­ton. Mais, en ce début des années 80, Nick Bol­lettieri, ex­trême­ment doué pour vendre son modèle, at­tire les élèves, les spécialis­tes et les jour­nalis­tes comme des mouc­hes, ne serait-ce qu’en clamant sur tous les toits qu’il est le meil­leur en­traineur du monde. La con­trepar­tie, c’est que les résul­tats de ses poulains sont désor­mais ex­aminés à la loupe et il doit re­ndre des com­ptes.

La dis­cip­line qu’ont subie les adoles­cents à Braden­ton est une in­ep­tie. En appliquant à des corps d’en­fants un en­traine­ment physique déjà épuisant pour les adul­tes dans la force de l’âge que sont les Marines, l’équipe de Braden­ton aura détruit be­aucoup de corps, avant même que ces jeunes gens ne soient en mesure de se frott­er au haut niveau. Et les quelques-uns qui ont sur­monté l’épreuve, pour spec­taculaires que soient leurs as­cens­ions précoces, ont été lâchés par leur corps, ce qui a rendu leur carrière météorique.

Andre Agas­si, peu soup­çonn­able de com­plaisan­ce en­v­ers Bol­lettieri, men­tion­ne dans son auto­biog­raphie les sort­ies heb­domadaires qu’il pouvait se per­mettre au sein de l’académie, « per­miss­ions » qui lui furent d’ail­leurs par­fois sup­prim­ées en raison de ses in­frac­tions au code de con­duite. Andre a donc bien eu à Braden­ton une li­berté, sor­tir une fois par semaine, que n’ont pas eue Arias et Krickstein quel­ques années avant lui, qui témoig­ne d’un début d’as­soup­lisse­ment du règle­ment.

D’Agas­si à Sharapova en pas­sant par Co­uri­er, Seles et les sœurs Wil­liams, la liste est éloquen­te. Nick Bol­lettieri, par le biais de son académie, a bien « fab­riqué » plusieurs im­men­ses champ­ions. Néan­moins, quel­ques ob­jec­tions de­meurent :

  • Bol­lettieri a lui-même peu mis les doigts dans le cam­bouis tech­nique du jeu de ses élèves, mis­s­ion qu’il a es­sentiel­le­ment déléguée.
  • Il faut dis­tin­gu­er les pen­sion­naires de l’académie, qui y vivaient à l’année, de ceux qui y ont fait de brefs séjours, dans le cadre de stages ou de com­péti­tions, comme par ex­em­ple Mic­hael Chang ou Pete Sampras. Bol­lettieri men­tion­ne Sampras parmi ses élèves, alors que con­crète­ment per­son­ne à Braden­ton ne s’est jamais penché sur son jeu.
  • D’aut­res pen­sion­naires pre­stigieux de l’académie méritent égale­ment d’être traités à part, car ils ont bien été les élèves de Bol­lettieri, mais à l’âge adul­te. Pier­ce, Be­ck­er ou en­core Hin­gis sont dans ce cas-là. Im­pos­er un en­traine­ment physique de chev­al à un Arias de 13 ans ou à un Be­ck­er de 27 ans ne débouc­hera pas sur le même résul­tat. Dans le cas de Boris, s’attribu­er les mérites des cinq tit­res du Grand Chelem qu’il avait ob­tenus avant de boss­er avec Bol­lettieri est pour le moins calamiteux.

Bar­celone

Au cours des années 2000, le camp de Braden­ton com­m­ence à at­tir­er moins de monde. Jelena Jan­kovic, Maria Sharapova et Kei Nis­hikori re­steront pro­bab­le­ment comme les dernières pépites made in Braden­ton, site que Nick a d’ail­leurs vendu à IMG pour co­ul­er aujourd’hui une re­traite paisib­le.

En 1993, la vic­toire de Sergi Bruguera sur Jim Co­uri­er en fin­ale de Roland Gar­ros in­augure la percée du ten­nis es­pagnol, ainsi que la « filière es­pagnole » sous-jacente dont bénéficieront, entre aut­res, le Russe Marat Safin et l’Ecos­sais Andy Mur­ray. Basée sur la répéti­tion des ges­tes bien plus que sur la fluidité tech­nique, cette filière favor­ise la prise d’automatis­mes dans le jeu, évitant la gam­berge dans les mo­ments cruciaux. Couplée à la généralisa­tion des grands tamis, la filière es­pagnole va pro­gres­sive­ment im­pos­er sur le cir­cuit des joueurs au ten­nis d’ap­par­ence robotique mais ter­rible­ment réguli­er et avare en fautes di­rec­tes. Privés du temps de réac­tion néces­saire, les serveurs-volleyeurs s’éteig­nent pro­gres­sive­ment. Quant aux cog­neurs de la filière Bol­lettieri, ils n’ont plus l’avan­tage de la puis­sance, car la filière « co­ur­te » qu’ils im­posaient à la fin des années 80 (la mise hors de posi­tion en deux ou trois coups de raquet­te) se heur­te à des con­tres de plus en plus longs et réguli­ers qui les ob­ligent à jouer le coup de plus, et fin­ale­ment le coup de trop.

Les poètes de l’académie de Braden­ton qui ont surgi au cours des années 80 avaient donc suivi une prépara­tion physique et men­tale sans com­mune mesure avec ce qui ex­is­tait alors, seuls Borg (qui a ex­plosé en plein vol à 25 ans) et Lendl (le galérien tri­ste) pouvant leur être com­parés sur ce plan. En re­vanche, dans l’ombre de Bol­lettieri qui ac­caparait toute la lumière de­puis la loge d’Agas­si, de nombreuses académies, notam­ment européennes et sur­tout es­pagnoles, ont vu le jour, ab­or­dant la prépara­tion au ten­nis de haut niveau sous un angle plus com­plet, plus humain et plus dur­able. Il ne se trouve plus aujourd’hui grand monde pour rêver d’en­voy­er sa pro­géni­ture dans un camp militaire, car la méthode ne fait plus re­cet­te.

A ma con­nais­sance, per­son­ne ne s’est penché sérieuse­ment sur les dom­mages col­latéraux que la dis­cip­line de Bol­lettieri a oc­casionnés. La bi­og­raphie d’Andre Agas­si, qui re­coupe les nombreux re­por­tages con­sacrés au huis clos de Braden­ton, précise que les pen­sion­naires per­manents à un in­stant donné se com­ptaient par di­zaines. Que sont de­venus ceux qui ne se sont pas fait un nom raquet­te en main ? Ont-ils lâché physique­ment, ou men­tale­ment, en cours de route ? Ont-ils fait leur carrière dans les li­mbes reculés de l’ATP sans jamais par­venir à per­c­er ?

Une chose semble cer­taine : Bol­lettieri a mutilé les corps et les têtes de jeunes adoles­cents. Et c’est aut­re­ment plus grave que de s’attribu­er des mérites que l’on n’a pas.

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

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408 Responses to Nick Bollettieri, ou le darwinisme tennistique

  1. Bapt 2 février 2020 at 13:37

    Par ailleurs, ça joue quand même franchement bien. C’est d’un bon niveau actuellement.

    • Bapt 2 février 2020 at 13:40

      Depuis trois quatre jeux il y a des brouettes de coups gagnants.

  2. Bapt 2 février 2020 at 13:55

    Schtroumpf…

  3. Paulo 2 février 2020 at 13:59

    Et voilà… Djoko est plus calme, il joue mieux, et exploite la petite ouverture laissée par Thiem. Fin renard, le Serbe… il se relance complètement.

    Il va falloir que Domi se mette en mode Stanimal s’il veut l’emporter.

    • Bapt 2 février 2020 at 14:00

      Il jouait effectivement mieux depuis le début du quatrième set. Il va y avoir un gros bras de fer dans le cinquième set.

    • Paulo 2 février 2020 at 14:00

      Merci à Bapt et Robin pour la réponse, ça confirme qu’il faut que Thiem se mette en mode bison.

  4. Jo 2 février 2020 at 14:00

    « C’est au cinquième set qu’on voit les hommes ! » Jean-Peul Loth (featuring Ion Tiriac)

    • Paulo 2 février 2020 at 14:03

      Petit avantage pour l’Autrichien, pour la 1ère fois du match il sert en premier et fera la course devant.

  5. Paulo 2 février 2020 at 14:17

    Ces deux balles de débreak loupées pourraient lui coûter très cher…

  6. Paulo 2 février 2020 at 14:25

    4-2 Djoko, ça commence à sentir le pâté.

    • Bapt 2 février 2020 at 14:33

      heureusement qu’il a sauvé les balles de break

  7. Clément 2 février 2020 at 14:29

    Le pire c’est que Thiem a le match dans la raquette mais il s’est mis à faire trop de fautes depuis la fin du 4e set.

  8. Bapt 2 février 2020 at 14:39

    Il sert bien le Serbe… 5/3. Ça sent le sapin malheureusement.

  9. Rubens 2 février 2020 at 14:46

    La situation médiatique du Djoker m’inspire un petit encart publicitaire, pour un jeu de société auquel j’ai joué il y a une vingtaine d’années : Res publica romana. C’est un jeu de simulation de la république romaine dans l’antiquité. Chaque joueur incarne un parti, avec des sénateurs, et cherche à gagner en influence par rapport aux autres partis. Le jeu est semi-coopératif, car au début de la partie les ennemis de la république sont nombreux et puissants, et tout le monde doit se serrer les coudes, y compris en puisant dans les fonds personnels de ses sénateurs, pour lever des armées pour combattre les ennemis. Au fil de la partie, les ennemis se font moins puissants, et les joueurs s’affrontent plus directement. Chacun doit toutefois rester vigilant, car le jeu inclut un indice de satisfaction du peuple, si celui-ci est trop élevé le peuple se soulève. On peut néanmoins faire baisser la pression, en organisant des exhibitions d’esclaves, des courses de char ou des jeux du cirque (je vous jure que c’est vrai !).

    Bref, le jeu prévoit aussi la possibilité d’instruire des procès pour les sénateurs corrompus. Si ça tourne mal pour le sénateur et s’il est condamné, il peut faire appel au peuple pour une éventuelle réhabilitation. Et si cet appel au peuple tourne mal, c’est la foule, excédée par les jérémiades de l’accusé, qui le tue de ses propres mains.

    Je ne vois pas de meilleur qualificatif pour décrire le comportement de Nole sur le terrain : des jérémiades. On pourrait envisager un procès instruit conjointement par ses pairs et par les médias, qu’il insupporte autant les uns que les autres. Et au moment où le Serbe ferait appel au peuple, je compte bien sur la foule en colère pour l’achever.

    Humour, je précise !

  10. Bapt 2 février 2020 at 14:46

    ppfff… fini.

  11. Paulo 2 février 2020 at 14:48

    Et voilà, petit craquage quand même de Thiem en fin de match.

    Et Djoko à nouveau numéro un mondial demain…

    Heureusement d’une certaine façon, Melbourne est le GC qui lui réussit le mieux. Avec un peu de chance, ce sera le seul GC qu’il gagnera cette année.

  12. Jo 2 février 2020 at 14:57

    Djokovic face à l’Histoire. Huitième titre à l’Open d’Australie, comme Federer à Wimbledon et aucune finale perdue dans « son » Grand Chelem, comme Nadal à Roland Garros.

    • Bapt 2 février 2020 at 15:11

      Ça commence effectivement un peu à ressembler à RG l’Australian open malheureusement.

  13. Paulo 2 février 2020 at 14:59

    Les deux joueurs ont servi correctement (64 et 65% de premières), mais avec davantage de réussite derrière leur service pour Djoko (76% derrière 1ère et 51% derrière 2nde) que pour Thiem (69% et 46%).
    Bonne réussite au filet pour les deux : 24/29 pour le Serbe – qui deviendrait presque bon – et 23/31 pour l’Autrichien.
    Davantage de winners pour Thiem : 55 vs 46, et même nombre de fautes pour les deux : 57.
    Au total, 10 points de plus remportés par Djoko : 157 vs 147.

    Dommage que Domi n’ait pas su se mettre en mode Stanimal, il aurait pu gagner ce match…

  14. Remy 2 février 2020 at 17:07

    Notre ami Thiem n’avait pas assez d’essence pour finir ce match et c’est bien dommage parce qu’à deux manches à une le Djoko était au fond du trou.
    Il paye sans doute des matches à rallonges en début de tournoi.

  15. Jo 2 février 2020 at 18:02

    Je pense que ça va devenir de plus en plus dur pour Gramoune Rogé, bien qu’il demeure très compétitif. Dur de conquérir les grands titres, les seuls qui l’intéressent vraiment, au-delà des deux fiefs qui l’emballent, Halle et Bâle. Thiem est désormais un vrai numéro trois mondial en puissance, très costaud, Zverev s’est remis dans le droit chemin, Tsitsipas a les dents qui rayent le parquet. Ces trois-là n’ont pas peur du Vieux, lequel a dit dans une interview qu’il avait encore un ou deux Grands Chelems dans la raquette. Plutôt un à mon avis, Wimbledon et dès cette année. Je pense aussi qu’au-delà des records en jeu, Papy doit vouloir franchir la barre symbolique des quarante ans avant de partir en beauté, sans doute pas à Halle, pourquoi pas à Bâle, voire au Masters.

  16. Babolat 2 février 2020 at 18:45

    Le playmobil des Balkans a encore frappé.
    Je le croyais rincé après le 3e set… bizarre, il revient au 4e et ne rate plus rien. Enfin…

    Thiem progresse mine de rien. Il perd sa première finale de Grand Chelem en 3 sets, la deuxième en 4 et la troisième en 5. La prochaine sera la bonne normalement. Tout le monde sera d’accord en désignant Roland Garros comme son probable premier trophée slamesque. Encore faut-il y déloger le Terreminotaure.

    Content d’avoir revu la trogne de Safin lors de la remise des prix. D’ailleurs, une anecdote amusante. Safin gagne l’Open d’Australie en 2005 (contre Hewitt en finale) et cette année là, il bat au premier tour un jeunot de 16 ans qui dispute son premier tournoi du Grand Chelem en 3 sets secs mais le rookie a de l’avenir, on le sent doué malgré son allure dégingandée, Un gars fin comme un coton-tige, un certain… Djokovic.

    • Jo 2 février 2020 at 19:24

      Un autre élément d’appréciation intéressant de la progression lente mais sûre de Thiem est son historique de défaites en finale. En 2016, Domi perdait en ATP 250, en 2017, en ATP 500 au pire, en 2018, en Masters 1000 au pire, en 2019, au Masters au pire. Et en 2020, en Grand Chelem au pire ? Et dès 2021, Thiem sera-t-il invincible en finale ?

    • Bapt 2 février 2020 at 19:28

      Espérons que Thiem soit une force tranquille qui franchise les étapes les unes après les autres. Après une défaite en finale en cinq sets il y aurait enfin la victoire : la lumière au bout du tunnel.

      Au-delà de Thiem, il y a quand même un fait depuis les deux derniers GC : les membres du Big Three ont perdu un peu de marge par rapport aux jeunes générations. Rafa gagne contre Medvedev en partie à l’expérience et en partie du fait de la fatigue de Medvedev et de sa propre fraicheur.
      Et il gagne en 5 sets
      Là ce n’est pas très différent : avec un Thiem frais et un Djokovic fatigué par une grosse demi-finale, je suis sûr que le résultat aurait été inversé.

      Pour Thiem, il faut espérer gratter la tête de série numéro 4 en fait : ça serait un gros atout pour arriver jusqu’au bout. Car être dans les premières têtes de série, le Big Three sait parfaitement en profiter.

      • Anne 3 février 2020 at 08:06

        Et pourtant L’Equipe a quand même dégoté quelqu’un (en l’occurrence Leconte) qui prédit à Djokovic le Grand Chelem calendaire et Wilander, lui, ne voit pas comment il ne pourrait pas gagner 25 GC….

      • Bapt 3 février 2020 at 12:18

        Le Grand Chelem calendaire ? Il n’a pas réussi à le faire lors de ses meilleures années… pourquoi maintenant ?

        Quant aux 25 GC selon Wilander… s’il arrive déjà à 20 ce sera très bien. Il a gagné ses deux derniers assez à l’arrache. Et battre Thiem en 5 sets après avoir eu un tableau en carton alors que ce dernier était usé n’a rien d’extraordinaire. C’est bon à prendre dans l’escarcelle mais ce n’est une assurance sur rien.

        Enfin, pour donner du crédit à ce que raconte Wilander depuis longtemps. Je me souviens encore de son article avant son match Nadal / Federer à l’OA en 2012 je crois… « Federer va lui en mettre une bonne ». Ben voyons.

    • Jo 2 février 2020 at 19:29

      Marat porte beau ses quarante ans, il ne semble pas s’être laissé aller, comme d’autres, durant son après-carrière. Goran n’est pas mal non plus mais, plus vieux, il commence à ressembler à son père.

      • Perse 2 février 2020 at 20:00

        Safin a de beaux traits, une prestance et un air facétieux qui font son charme. En revanche, ses tatouages sont déguelasses et il s’en est couvert depuis la retraite.

  17. Nathan 2 février 2020 at 19:09

    Joker est tout de même le Prince des filous. Il bat Connors dans cet exercice qui était pourtant excellent, voire un maître également. Cette façon qu’il a d’être à l’agonie quand il est dominé, c’est du grand art. Et cette pause si judicieusement choisie pour repartir comme en 40 !

    • Bapt 2 février 2020 at 19:24

      Je l’ai surtout trouvé à la rue tennistiquement dans le troisième set mais physiquement il en donnait pas l’air de souffrir.

      ll est clair que son medical time out était bidon : il voulait faire le point dans sa tête. Dans les faits ça a très bien marché puisqu’il est revenu beaucoup plus serein et dans son tennis.

      Roger avait fait un truc assez proche en 2017 pour mieux attaquer le dernier contre Rafa (même si c’était sans doute un peu moins bidon et qu’il avait peut-être un petit quelque chose).

      • Anne 2 février 2020 at 19:44

        Contre Nadal et Wawrinka, Federer sort pour se faire soigner aux adducteurs, zone assez peu telegenique… Djokovic sort alors que de son propre aveu il n’avait rien médicalement. Il a affirmé ne plus sentir d’energie. Il n’avait donc aucune raison de sortir, encore moins avec son sac… la différence aussi entre Djokovic et Federer, le premier break assez rapidement derrière son MTO, Federer se fait breaker derrière….

        En conférence de presse Djokovic a affirmé que s’il tape par deux fois le pied de l’arbitre à qui il venait de reprocher de lui avoir mis deux warnings, dont un synonyme de perte du premier service, c’était purement amical. Avant qu’il n’en rit. Il a ensuite affirmé qu’il ignorait que le réglement l’en empêchait (c’est bizarre, ce n’est autorisé dans aucun sport). Rarement vu un joueur pro semblant aussi souvent ne pas connaître des dispositions du règlement.

    • Rubens 2 février 2020 at 23:45

      Nathan, je crois qu’il ne faut rien exagérer. Nastase, Connors et McEnroe surpassent largement Djoko en filouterie. Ceci dit, la comparaison me semble difficile car si tu veux les comparer il faut comparer les corps arbitraux devant lesquels ils ont évolué.

      Effacer une marque avant que l’arbitre ne puisse la vérifier, j’ignore combien ça vaudrait aujourd’hui, mais a minima probablement point perdu d’office, et un avertissement.

      Plus grave encore, le coup du type qui reçoit une injection dans les vestiaires pour terminer une finale de GC, c’est totalement impossible aujourd’hui. C’est pourtant ce qui s’est passé à l’US 83, ce qui prouve moins la filouterie de Connors que l’amateurisme du corps arbitral de l’époque, où traiter un problème se faisait à la bonne franquette, au mépris de toute équité sportive, et au mépris de l’adversaire. Il est vrai que l’adversaire était Ivan Lendl, représentant symbolique du tennis socialiste honni, et que sa défaite méritait bien quelques arrangements avec la morale.

      Ben Johnson est passé à la postérité comme un dopé, Jimbo comme un grand champion. Va comprendre…

      • antsiran23 3 février 2020 at 10:24

        Ce qui est louche chez Djokovic c’est qu’il ne terminait jamais un match. Il abandonnait. A cours de carburant. Et tout d’un coup il devenu indestructible. Force est de douter un minimum sur la probité du mec. Nadal lui il a démarré comme çà. On ne sait pas comment il était avant…

      • Bapt 3 février 2020 at 12:20

        Je n’ai pas trouvé Djoko indestructible à l’OA cette année ni d’ailleurs depuis un certain temps. Ses performances physiques, semblent être nulles, n’ont rien d’extraordinaires actuellement. C’était plutôt en 2011-2012 que c’était particulièrement louche.

        • Anne 3 février 2020 at 13:38

          En revanche, quand on le voit haletant dans son altercation avec l’arbitre et la façon dont il termine la partie avec 3 poumons, là, respect ! ;-)

      • Paulo 3 février 2020 at 14:43

        Rubens, il me semble que la lutte contre le dopage était beaucoup moins développée à l’époque de Jimbo qu’à notre époque ; du coup il n’est pas certain que Jimbo ait enfreint une loi en se faisant piquer à l’US 83 (sauf si tu as des éléments factuels précis là-dessus). Je suis à peu près certain que dans les années 70 voire 80, les joueurs de tennis, comme bien d’autres sportifs, pouvaient utiliser un certain nombre de substances, dont certaines « récréatives », en toute impunité, et que pas grand-monde n’y voyait quoi que ce soit de répréhensible.

        Et puisqu’il est question de Djokovic, je me souviens très bien de cette fois où à un changement de côté, il se cacha le visage sous une serviette pour prendre (vraisemblablement) un comprimé ; ça avait quelque peu défrayé la chronique… car pourquoi se cacher s’il est réglo ?

        • Bapt 3 février 2020 at 20:08

          Dans l’affaire de la piquouse de Jimbo il semble bien qu’il ait été en faute et qu’il le savait d’ailleurs. L’arbitre l’aurait engueulé mais ne serait pas allé plus loin (mais je ne me souviens plus très bien du contenu de l’article).

          Les filous du tennis, entre le pied de Jimbo, et le celui de l’arbitre de la finale d’hier, ont un lourd passif pédestre… 

        • Rubens 3 février 2020 at 22:33

          Salut Paulo,

          Cet épisode a déjà été traité sur ce forum : https://www.15-lovetennis.com/?p=16667.

          Même en 83 c’était interdit. C’est à cette occasion que l’un d’entre vous a sorti l’une des plus belles fulgurances que j’ai lues sur ce forum, en gros Connors avait parfaitement le droit de se prendre une injection de xylocaïne, il n’avait juste pas le droit de le faire pendant un match. C’est un peu comme si je disais à mon fils « Mais bien sûr mon chéri que tu peux rouler à contresens sur la route, griller tous les feux rouges et emplâtrer les piétons, le seul moment où tu n’as pas le droit de le faire c’est quand tu es ailleurs que sur ta PS4″.

          • Paulo 4 février 2020 at 11:49

            Quel mauvais joueur, ce Lendl ! Qu’on le pende !

          • Paulo 4 février 2020 at 11:59

            Ah, j’ai trouvé, c’est Antoine, le 10 sept à 22:01 (qui rappelle que la xylocaïne est simplement un analgésique)… et l’affreux Colin qui juste avant relativise…

            Antoine, reviens !

            • Rubens 4 février 2020 at 14:24

              C’est Antoine en effet. Je sais que toute question touchant à Lendl bouleverse sa capacité de jugement, mais là tout de même ça devait être de la bonne…

      • Nathan 3 février 2020 at 15:15

        Loin de moi l’idée d’accuser le Joker de turpitude, de dopage, ou d’effaçage de traces ou de score. Non, non. J’ai juste parlé de filouterie, au sens du droit pénal. Certes, une merveille de filouterie à plus de 4 millions de dollars. C’est pour cela que je l’appellerai désormais le « Prince des filous » car c’est une filouterie joliment réussie et rémunératrice.

        Tellement réussie, que j’y ai cru, comme beaucoup d’autres sur ce site. En même temps, j’y ai cru sans y croire vraiment puisqu’à la fin du 3ème set, je pensais à un match de ce bon vieux Connors contre je ne sais plus qui au cours duquel, Connors mal embarqué, fait croire à tous qu’il est quasi victime d’un malaise.

        Le match s’interrompt, Connors est assis sur une chaise, déjà un pied dans la tombe, demande un coca préalablement débarrassé de ses bulles pour faire durer un peu plus le plaisir. Puis se remet bravement, avec un courage extraordinaire, à essayer de jouer. Son pauvre adversaire tombe dans le panneau, perd de sa hargne et le fil de son jeu, quand il s’apercevra qu’il a été grugé, ce sera trop tard, couché sur sa balle dans son style inimitable, Jumbo envoie des pralines rasantes dans tous les coins du court.

        C’est un peu cela qu’a fait Djoko. Une filouterie bien menée, comme sait en faire un mec très fort et passablement très filou.

        Cela étant, il fallait être deux pour tomber dans le panneau. Et pas sûr qu’à ce moment du match, le plus fatigué des deux était celui qui était sorti reprendre ses esprits.

        Thiem a très bien joué durant cet AO. Ses deux matches contre Nadal et Zverev étaient durs et superbes. On pourra dire que c’est pas de chance pour Thiem, qu’il était épuisé. On pourra dire aussi, mezza voce, que c’est peut-être là la limite de la filière nadalienne pour vaincre le Prince des filous.

  18. Mat4 3 février 2020 at 18:17

    Très bel article, Rubens.

    Je dois, malheureusement, ajouter qu’à différents degrés, rien n’a vraiment changé depuis. Dans la plupart des cas, le travail des entraîneurs avec les jeunes continue à être un pillage mental, émotif et physique, surtout dans les pays où ce travail n’est pas réglementé, et les enfants et les parents ne sont pas protégés par des mesures bureaucratiques et par une fédération bien organisée. Le monde du tennis est, plus que jamais, un monde de filouterie, d’argent et, à la différence d’autres sports, de désespoir.

    Pour revenir sur AO, on a eu un beau tournois, avec des rencontres passionnantes, de gros combats, et du beau tennis. Le haut du tableau a offert quelques rencontres de très haut niveau ; de bons Medvedev-Wawrinka, Nadal-Kyrgios, Sandgren-Federer, Thiem-Nadal… La finale a été un combat surtout psychologique, où les deux joueurs ont dû faire face à leurs démons cachés. Djokovic s’est en le mieux sorti cette fois-ci, à la différence de leur match à RG.

    On parle beaucoup de ralentissements des surfaces, mais, après avoir jeté un coup d’oeil aux stats, je pense plutôt que les balles sont le plus grand facteur dans la vitesse du jeu. On peut facilement voir que, sur le même court, il y avait plus d’aces pendant les grosses chaleurs, moins d’aces avec des balles neuves. Malheureusement, le processus de sélection et le matériel moderne avantagent surtout les gros serveurs, et le nombre de services gagnants n’a jamais été si grand, si l’on peut croire aux statistiques d’UTS. La nouvelle génération ainsi utilise des raquettes plus légères.

  19. Paulo 4 février 2020 at 19:46

    Un article intéressant sur l’apport de Youzhny à Shapovalov sur le site de l’ATP :

    https://www.atptour.com/en/news/shapovalov-youzhny-feature-2020

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