La saga de l’ère Open – Acte IV : Philippe Chatrier

By  | 13 mars 2019 | Filed under: Actualité, Histoire

Dans l’imaginaire col­lec­tif, l’année 1968 est générale­ment présentée comme le début de l’ère Open. Dans l’his­toire du ten­nis, les re­cords an­térieurs à 1968 sont, pour la plupart, en­tachés d’une sus­pic­ion quant à leur sig­nifica­tion, car ces re­cords ont été étab­lis dans le con­tex­te de deux uni­v­ers radicale­ment séparés, celui des amateurs et celui des pro­fes­sion­nels. Mais, dans la pratique, 1968 n’est que le début d’une période agitée qui va s’étaler sur toute une décen­nie, au cours de laquel­le l’ITF, in­stan­ce in­ter­nationale « of­ficiel­le » du ten­nis, va faire émerg­er les con­tours du cir­cuit pro­fes­sion­nel tel que nous le con­nais­sons aujourd’hui. Voici une es­quis­se de cette his­toire, racontée par le pris­me de ceux qui l’ont im­pulsée. Ici, Philip­pe Chat­ri­er.

chatrier

Chris Schen­kel

L’an passé je vision­nais une petite rétro sympa sur l’US Open 1976. Dis­put­ée sur le har-tru de Forest Hills, cette levée débouc­ha sur la vic­toire fin­ale de Con­nors sur Borg en quat­re sets. Au cours du re­por­tage, Björn Borg est présenté comme un champ­ion « émer­gent ». J’ig­nore si le com­men­tateur, Chris Schen­kel de son pat­ronyme, savait de quoi il par­lait, ce qu’il avait fumé, ou s’il se foutait délibérément de la gueule du monde. A l’US Open 1976, Borg avait déjà re­mporté deux tit­res à Roland Gar­ros et un à Wimbledon, soit autant de Grands Chelems que Con­nors. Pour Wimbledon, Schen­kel peut plaid­er la panne d’oreil­lette ; pas pour Roland Gar­ros.

Je n’ai jamais été un fan des com­men­taires ten­nistiques de Fran­ce Télévis­ions, et j’avoue que je les troque désor­mais systématique­ment pour un bon vieil album de James Brown lorsque je re­gar­de mon sport préféré. Mais en 1994, lorsque Pete Sampras s’est présenté Porte d’Auteuil en quête d’un Pete Slam, ni Mic­hel Drhey, ni Jean-Paul Loth, ni Li­onel Chamoulaud n’ont présenté l’Américain comme un « champ­ion émer­gent » au prétexte qu’il n’était pas Français et ne s’était jamais imposé sur l’ocre parisi­en.

Une fois ma rate dilatée, je me suis dit que ce Chris Schen­kel en dis­ait be­aucoup plus long qu’il n’en avait pro­bab­le­ment con­sci­ence. Il n’a pas été évacué du con­tinent américain sur un rail habillé de goud­rons et de plumes, et ce qu’il dis­ait en creux était tout simple­ment une op­in­ion lar­ge­ment répan­due outre-Atlantique. En gros, Roland Gar­ros est un gen­til tour­noi de plage, Borg est un joueur venu de Laponie Herzégovine qui se nour­rit de blat­tes com­munis­tes dans des pièces ob­scures, et de toute façon peu im­por­te si je me trom­pe ou si j’exagère, puis­que ce qui se passe à l’est des Be­rmudes nous est fort loin­tain et nous in­diffère.

Et ils étaient nombreux à l’époque, vrai­ment nombreux, à par­tag­er l’opin­ion de Chris Schen­kel.

Paris compte-t-il ?

Pen­dant 73 ans, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie et la Fran­ce auront été les uni­ques na­tions ayant re­mporté la Coupe Davis, ce qui ex­plique lar­ge­ment la no­tion de « Grand Chelem », puis­que les stades con­struits (ou ag­randis) pour ac­cueil­lir le Chal­lenge Round se de­vaient d’être à la hauteur de la com­péti­tion, c’est-à-dire les plus grands au monde. Rien d’éton­nant à ce que ces mêmes stades soient voués en­suite à ac­cueil­lir les plus grands tour­nois in­dividuels, en par­ticuli­er Roland Gar­ros et Wimbledon.

Dans ce quar­tet myt­hique, deux tour­nois ont longtemps été à la traîne, pour des raisons dif­féren­tes. Je ne détail­lerai pas ici le cas du Grand Chelem australi­en, en gros il a souf­fert de son éloig­ne­ment géog­raphique et de sa posi­tion pro­blématique dans le calendri­er.

Le « French » n’a pas ce doub­le han­dicap. Mais le ten­nis, sport aris­tocratique né en An­gleter­re, est longtemps resté la chas­se gardée des trois aut­res gran­des na­tions. En re­mpor­tant la Coupe Davis en 1927, la Fran­ce s’est invitée au con­cert des gran­des na­tions du ten­nis, et elle a con­struit pour cela un stade à la hauteur de l’enjeu, Roland Gar­ros. Le choix de la terre bat­tue, logique du point de vue français, n’en était pas moins une sin­gularité visuel­le et tech­nique qui sépara pen­dant longtemps le tour­noi français de ses trois alter ego. Car en effet, pen­dant près d’un demi-siècle en­core, les stades qui ac­cueil­laient les aut­res pili­ers du Grand Chelem seraient en gazon, sur­face originel­le et reine du ten­nis. En plus d’être les seuls à table à ne pas parl­er an­glais, ces in­cor­rigib­les french­ies se per­met­taient en plus d’avoir leur pro­pre sur­face, radicale­ment différente du gazon !

Après la parenthèse des Mous­quetaires, suivie d’une co­ur­te période de domina­tion britan­nique dans les années 30, la suprématie du ten­nis al­lait re­par­tir, pen­dant plus de 30 ans, entre les mains des Américains et des Australiens, les prin­cipaux étant, chronologique­ment, Donald Budge, Jack Kram­er, Pancho Gon­zales, Ken Rosewall et Rod Laver. Kram­er ne s’est jamais déplacé Porte d’Auteuil, et dans sa période de domina­tion, le French Pro n’était pas or­ganisé ; quant aux aut­res, leur pas­sage a été souvent fur­tif avant leur pas­sage chez les pro­fes­sion­nels.

Dans la mesure où aucun joueur français, au cours de ces années, n’a été en mesure de se mêler à la lutte pour le titre (alors of­ficieux) de meil­leur joueur du monde, il n’est pas exagéré de dire que les champ­ions de cette période n’ont que peu joué à Roland Gar­ros, et que ce n’est donc pas du côté de Paris que s’est jouée la suprématie du ten­nis. Pour être précis, ajoutons quand même que le French Pro ne fut pas dis­puté entre 1940 et 1955, mais qu’entre 1956 et 1962 Roland Gar­ros a été le théâtre de mag­nifiques em­poig­nades entre Pancho Gon­zales, Tony Trabert, Lew Hoad, Ken Rosewall, Rod Laver et Andrès Gimeno. Entre 1963 et 1967, c’est le bois de Co­uber­tin qui al­lait ac­cueil­lir le French Pro.

En bref, lorsque les meil­leurs joueurs du monde, Américains et Australiens à l’époque, ont joué à Roland Gar­ros, c’était en ter­rain hos­tile, sur terre bat­tue, une sur­face quasi-inexistante au Royaume-Uni, aux Etats-Unis ou en Australie. Et quand ar­riva l’ère Open en 1968, le French n’était pas précédé de six semaines de com­péti­tion ex­clusive­ment dédiées à la terre bat­tue et ponctuées de trois Mast­ers 1000.

Roland Gar­ros peut s’enor­gueil­lir, pour des raisons de calendri­er, d’avoir été le pre­mi­er tour­noi du Grand Chelem Open en 1968, qui s’est déroulé dans un climat de gran­de in­cer­titude spor­tive, puis­que pour la première fois amateurs et pro­fes­sion­nels al­laient s’expliqu­er di­rec­te­ment. Ce fut un grand et émouvant mo­ment de l’his­toire du ten­nis, mais les années qui suivirent, comme ex­pliqué dans un précédent ar­ticle, ont été aut­re­ment plus com­pliquées.

Fuck­ing clay

Au cours des années 1974-1988, c’est-à-dire au mo­ment où le ten­nis s’est invité à la télévis­ion et a im­primé l’imaginaire col­lec­tif, Roland Gar­ros a co­uronné es­sentiel­le­ment trois champ­ions : Björn Borg, Mats Wiland­er et Ivan Lendl. Si l’ocre parisi­en a été leur première terre d’élec­tion, tous trois ont par la suite lar­ge­ment garni leurs étagères par d’aut­res conquêtes en Grand Chelem, et créé une il­lus­ion d’op­tique qui gom­mait la sin­gularité et la spécificité de Roland Gar­ros. Malgré les échecs répétés de Borg à l’US Open, et de Lendl et Wiland­er à Wimbledon, il fal­lait vrai­ment s’ap­pel­er Chris Schen­kel pour ne pas pre­ndre au sérieux ces trois im­men­ses champ­ions.

Après 1988, si l’on ex­cep­te les Américains Chang, Co­uri­er et Agas­si qui se sont il­lustrés sur d’aut­res ter­ritoires, Roland Gar­ros a co­uronné une suc­cess­ion de joueurs au pro­fil taillé in­itiale­ment, et pre­sque ex­clusive­ment, pour la terre bat­tue. Gomez, Bruguera, Must­er, Kuert­en, Moya, Costa, Fer­rero et Gaudio n’ont jamais brillé en d’aut­res lieux, et sont restés re­lative­ment an­onymes pour les pub­lics anglo-saxons. Bien en­ten­du, sur la même période, les grands champ­ions qu’étaient Ed­berg, Be­ck­er et Sampras se sont tous cassé les dents sur la terre bat­tue parisien­ne. Je ne traiterai pas ici la période la plus récente, celle de l’ogre Rafa et des miet­tes laissées à Feder­er, Waw­rinka et Djokovic.

Cette sin­gularité du pal­marès parisi­en, ob­servée entre 1989 et 2004, n’est en fait qu’un re­tour au galop d’une ten­dance lar­ge­ment visib­le dans les années qui ont précédé 1974, et qui cor­robore le re­gard am­ical mais teinté d’inquiétude que les grands champ­ions de l’après-guerre, qu’ils soient américains ou australiens, ont porté sur le tour­noi parisi­en. Il était lar­ge­ment en­visage­able de brill­er à Wimbledon, à Forest Hills ou à Mel­bour­ne sans s’y présent­er longtemps à l’avan­ce, car les repères de sur­face, mais aussi li­nguis­tiques et cul­turels, étaient ac­quis d’emblée. Un coup d’avion le di­manche, on démar­rait sur le gazon royal, et on ne re­stait, si tout se pas­sait bien, que deux semaines à Londres.

En re­vanche, viser la vic­toire à Paris, ça ne s’improvisait pas. Si l’on voulait maximis­er ses chan­ces de succès, il fal­lait par­tir en Europe con­tinen­tale dès le mois d’avril, s’entraîner lon­gue­ment, se pre­ndre des raclées con­tre des crocodiles qui co­uraient par­tout et qui re­nvoyaient tout, man­g­er son pain noir, re­com­menc­er, échou­er Porte d’Auteuil, puis re­com­menc­er l’année suivan­te, sans en at­tendre forcément de résul­tats plus pro­bants. A la char­nière des années 60-70, les grands champ­ions qu’étaient John New­combe, Stan Smith et Arthur Ashe ont connu sur la terre bat­tue parisien­ne de grands mo­ments de sol­itude, sans jamais trouv­er la clé du déplace­ment sur terre bat­tue.

L’af­faire des In­ter­villes

Si je dres­se au préal­able cette fres­que d’en­semble, c’est pour tent­er d’expliqu­er com­ment, en 1974, la lour­de menace qui frap­pa Roland Gar­ros passa, auprès de be­aucoup de monde, comme un sim­ple dom­mage col­latér­al. Et quand je dis « be­aucoup de monde », je ne fais pas al­lus­ion qu’à des Chris Schen­kel, je parle égale­ment des n°2 et 3 mon­diaux, John New­combe et Jimmy Con­nors. Et je parle enfin des collègues de Philip­pe Chat­ri­er, les présidents des trois aut­res fédéra­tions nationales majeures, qui ont ob­servé cette af­faire avec la neut­ralité et la dis­tan­ce de ceux qui ne se sen­tent en rien con­cernés.

La lon­gue his­toire de l’ouver­ture du ten­nis aux joueurs pro­fes­sion­nels est con­tem­poraine de l’émerg­ence du sport-spectacle, notam­ment aux Etats-Unis. Au début des années 70, le succès médiatique crois­sant du ten­nis sus­cite un intérêt de plus en plus gour­mand de la part des pro­moteurs d’événe­ments spor­tifs. A l’instar des sports les plus populaires comme le baseball, le bas­ket ou le foot­ball américain, des stades gigan­tesques de­vraient être sus­cep­tibles d’ac­cueil­lir du ten­nis.

C’est ainsi qu’émer­gent deux struc­tures de­stin­ées à or­ganis­er de grands événe­ments ten­nistiques op­posant des vil­les américaines sous la forme de matchs par équipes : la NTL en 1972, et l’IPTL en 1973. Très vite, les deux struc­tures, qui par­tagent les mêmes ob­jec­tifs, fusion­nent pour form­er la WTT (World Ten­nis Team). 16 li­c­ences sont ven­dues à des vil­les américaines, chaque équipe (mixte) de­vant dis­put­er 44 re­ncontres entre début mai et fin août. Les pro­moteurs du dis­positif in­novent à bien des égards, avec des co­urts bi­colores dépour­vus de lig­nes, des bal­les en co­uleur, et un système de com­ptage des points et des jeux n’ayant rien à voir avec le système tradition­nel. De toute évid­ence, la qualité du spec­tacle a voca­tion à prim­er sur la per­tin­ence spor­tive d’un tel événe­ment.

Mais l’as­pect le plus pro­blématique de cet événe­ment rapide­ment sur­nommé les « In­ter­villes » est le calendri­er. Une pause est bien prévue dans le calendri­er WTT, afin de per­mettre aux joueurs et joueuses de dis­put­er Wimbledon. Mais, pour les raisons évoquées plus haut, Roland Gar­ros ne bénéficie pas du même traite­ment de faveur, pas plus que d’aut­res tour­nois im­por­tants sur la terre bat­tue européenne, en par­ticuli­er Rome.

Le nouveau président de la FFT élu en 1973, Philip­pe Chat­ri­er, se voit ainsi con­fi­er un dos­si­er très lourd… Il va en­gag­er un long bras de fer avec les In­ter­villes, en ex­cluant de Roland Gar­ros tout joueur qui sig­nerait avec la WTT. Afin d’at­tir­er du pub­lic, les or­ganisateurs de l’événe­ment ont mis l’ar­gent qu’il fal­lait pour re­crut­er des têtes d’af­fiche. Passe en­core pour Rod Laver, Ken Rosewall ou Roy Em­er­son, qui sont en fin de carrière. Aut­re­ment plus pro­blématiques sont les sig­na­tures de John New­combe, qui signe avec In­ter­villes à l’été 1973, et de Jimmy Con­nors, le n°3 mon­di­al, qui re­mpor­te, le 1er jan­vi­er 1974, l’Open d’Australie… Re­ndons tout de même hom­mage à Stan Smith et Arthur Ashe : si jamais ils ne pour­ront brill­er Porte d’Auteuil, ils ne tom­beront pas non plus dans les filets de la WTT car ils ne la con­fon­dent pas avec un tour­noi or­dinaire, pas plus qu’ils ne con­fon­dent le spec­tacle des In­ter­villes avec du vérit­able ten­nis.

En­gag­er une telle batail­le ne va pas de soi. Les di­rigeants européens, Chat­ri­er en tête, per­çoivent à juste titre la WTT comme une menace di­rec­te pour eux, mais aussi pour la Coupe Davis et plus générale­ment pour le calendri­er ten­nistique. En ouv­rant la porte à une in­itiative comme In­ter­villes, le ten­nis pro­fes­sion­nel s’ex­pose à d’aut­res pro­jets an­alogues qui per­tur­beraient d’aut­res périodes du calendri­er, un précédent ayant été créé. C’est pour­quoi les op­posants à In­ter­villes, qui ne désar­meront pas pen­dant les 5 années d’exist­ence de cette com­péti­tion, se battront pour un enjeu qui les dépasse de loin. Chat­ri­er ac­ceptera d’en payer le prix fort, à savoir priv­er son tour­noi de plusieurs des meil­leurs joueurs du monde : Con­nors de 1974 à 1977, mais aussi Borg en 1977 et Nas­tase en 1976. C’est un French Open ap­pauv­ri qui va travers­er cette période, avec un tab­leau qui devra se pass­er (entre aut­res) du n°1 mon­di­al Jimmy Con­nors…

Dans cette af­faire des In­ter­villes, cer­tains ont joué un rôle plus que d’aut­res. Je ne men­tion­nerais pas Bi­llie Jean King si elle n’avait pas été aussi ac­tive et im­pliquée dans la mise en place du cir­cuit WTT à l’été 1973. Son mari Larry est l’un des fon­dateurs de l’IPTL en février 1973, et elle-même prit la tête de l’équipe des « Philadelphia Freedoms » dans la com­péti­tion. A la même époque, Bi­llie Jean créa la WTA et en de­vint la première présiden­te, dans le con­tex­te d’un long com­bat – ô com­bi­en honor­able – pour l’égalité des dota­tions entre hom­mes et fem­mes, ce qui ex­plique les dif­ficultés re­lation­nelles qu’elle a en­tretenues à cette époque avec la Fédéra­tion in­ter­nationale. De là à ap­port­er sa cau­tion à ce qui s’ap­paren­tait davan­tage à un cir­que qu’à du ten­nis, il y a un pas. Le bi­opic con­sacré à Bi­llie Jean King, centré sur la « Batail­le des sexes », omet soig­neuse­ment ce détail de sa bi­og­raphie, détail pour­tant par­faite­ment con­tem­porain (1973) de son match face à Bobby Riggs. Les grands champ­ions comme Jimmy Con­nors ont leurs faib­lesses, les gran­des cham­pion­nes comme Bi­llie Jean King aussi.

En 1978, l’entrepr­ise WTT de­vient net­te­ment déficitaire suite à la fail­lite de deux équipes ; les pro­moteurs d’In­tervil­les met­tent alors fin à cette com­péti­tion, qui re­stera comme l’une des dernières menaces sérieuses pour le ten­nis pro­fes­sion­nel. En 1979, Philip­pe Chat­ri­er peut en­fil­er son chapeau pour voir enfin évolu­er Jimmy Con­nors Porte d’Auteuil. Après un re­tour avorté en 1978 pour cause de mono­nucléose, Jimbo re­vient pour la première fois à Roland Gar­ros et le pub­lic français l’ac­cueil­le à bras ouverts, mais il ne re­mpor­tera jamais le tour­noi.

Un seul pilote dans l’avion

Dans la foulée du boycott de Wimbledon en 1973, une nouvel­le in­stan­ce voit le jour : le Con­seil pro­fes­sion­nel. Com­posé à parité de re­présen­tants de l’ITF, de di­rec­teurs de tour­nois du Grand Prix et de joueurs délégués de l’ATP, cette in­stan­ce a pour mis­s­ion d’ar­bitr­er les con­flits de valeurs et d’intérêts entre joueurs, tour­nois et fédéra­tions nationales. Le Con­seil pro­fes­sion­nel est la struc­ture qui aura manqué en 1973 au mo­ment de l’af­faire du boycott.

En 1977, Philip­pe Chat­ri­er est élu à l’unanimité à la présid­ence de l’ITF. La force de caractère qu’il aura déployée dans l’épreuve des In­ter­villes n’aura pas échappé à ses collègues, qui feront amen­de honor­able. En ces temps in­cer­tains pour la gouver­nance du ten­nis qu’ont été les années 70, le di­rigeant français re­stera comme l’homme qui a empêché le déploie­ment de cir­cuits para­llèles et con­cur­rents, en clair un épar­pille­ment du calendri­er.

Président de l’ATP et de l’ITF, Chat­ri­er de­vient aussi président du Con­seil pro­fes­sion­nel, de­venant de fait l’unique pat­ron du ten­nis. Il re­stera 14 ans à la tête de l’ITF, poste jusqu’alors occupé générale­ment pour un ou deux ans. Ce re­cord sera seule­ment battu par Fran­cesco Ricci Bitti, qui l’a occupé durant 16 ans entre 1999 et 2015. Pas­sons rapide­ment sur le reste de l’œuvre de Chat­ri­er :

  • Fin du « net­toyage » de la Coupe Davis, déjà lar­ge­ment entamé par ses prédéces­seurs. L’Af­rique du Sud, le Chili et la Rhodésie feront tour à tour l’objet de polémiques, marquées par le désis­te­ment des équipes qui doivent les affront­er. La politique in­ter­nationale s’in­vite au menu de la Coupe Davis, et les joueurs de­vien­nent la vit­rine de leur régime politique. Sous l’égide de Philip­pe Chat­ri­er sont créés en 1981 le groupe mon­di­al et les di­vis­ions in­férieures géog­raphiques ; la Coupe Davis prend ainsi la forme qu’elle con­ser­vera pen­dant 37 ans, avant d’être ter­rassée par des mit­rail­lettes de bi­llets verts.
  • Début des règles de présence sur les tour­nois du Grand Prix. En 1982, à un mo­ment où ex­hibi­tions et tour­nois sans grand enjeu com­men­cent à fleurir auto­ur du calendri­er prin­cip­al, est mise en place la règle de présence à 10 tour­nois du Grand Prix, en plus des Grands Chelems. Une règle pas si contra­ig­nante a priori, mais que Borg utilisera comme prétexte pour précipit­er la fin de sa carrière.
  • Achève­ment de la « bête » Lamar Hunt. Le Texan frap­pe un grand coup en 1982 en lançant un cir­cuit de 18 tour­nois WCT, dotés de 300000 dol­lars chacun. Des som­mes plus que con­séquen­tes pour l’époque. Néan­moins, le cir­cuit WCT péric­lite au cours des années 80, et vit sa dernière édi­tion en 1989.
  • Réintroduc­tion du ten­nis aux Jeux olym­piques. Au-delà des débats philosop­hiques sur la per­tin­ence ou non du ten­nis aux JO, l’ob­jectif de Chat­ri­er est just­e­ment d’en finir avec Lamar Hunt. Une clause de par­ticipa­tion aux JO est de ne par­ticip­er à aucun autre cir­cuit que celui du Grand Prix au cours de l’année écoulée, ce qui vise évidem­ment le cir­cuit WCT.

En 1988, la di­cta­ture Chat­ri­er ron­ronne. Le Français at­tend tran­quil­le­ment les JO de Séoul. Après la réintroduc­tion du ten­nis à Los An­geles comme sport de démonstra­tion en 1984, Séoul sera la première édi­tion à con­sacr­er, dixit Chat­ri­er, « le meil­leur joueur de ten­nis du monde » pour les quat­re années à venir, à l’instar de ce qui se passe pour l’athlétisme. Mais il n’a pas tout prévu, et c’est sur un park­ing qu’une nouvel­le révolu­tion va être déclenchée…

A suiv­re : cin­quiè­me et de­rni­er acte, le park­ing de Flush­ing Meadows

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

26 Responses to La saga de l’ère Open – Acte IV : Philippe Chatrier

  1. Paulo 13 mars 2019 at 18:05

    Ta série tombe vraiment à point nommé, Rubens, considérant les événements actuels. L’éviction de Chris Kermode comme patron de l’ATP, avec un conseil des joueurs présidé par Djokovic, commence à faire des vagues, et j’ai comme l’impression que la division entre les joueurs est profonde et pourrait laisser des traces. En face il y a quand même Federer, Nadal, Wawrinka (mais aussi de jeunes joueurs comme Kyrgios et Shapovalov)… selon Maylin et Pioline, c’est même toute l’organisation du circuit qui pourrait en être bouleversée, avec à moyen terme un déplacement des tournois vers les pays où il y a de l’argent, à savoir les pays du Golfe et l’Asie. Une chose est sûre, les enjeux financiers sont très conséquents…

  2. Perse 13 mars 2019 at 20:39

    Comme d’habitude, c’est superbe. Et ce cliffhanger me laisse impatient de connaître le chapitre final.

  3. Antoine 14 mars 2019 at 14:33

    Cela fait longtemps que je n’ai pas posté et viens de lire les articles qui figurent sur la Une.

    Rubens: Bravo pour cette série que je m’étais promis d’écrire un jour comme complément de celle que j’avais rédigée il y a de nombreuses années sur l’histoire du tennis pro avant l’ère Open. Autrement dit, tu as écris la suite et tu as bien fait vu que je n’ai pas tenu ma promesse…

    • Rubens 14 mars 2019 at 14:49

      Merci Antoine ! Je t’attendais !

  4. Colin 14 mars 2019 at 20:22

    Excellent Rubens ! Quelle somme !!

  5. Nathan 17 mars 2019 at 17:23

    Franchement, Rubens, je suis bluffé par cette « Saga de l’ère Open ». Ce n’est pas un article, c’est une thèse, mieux qu’une thèse car cette série est très agréablement rédigée. Honnêtement, je ne suis pas assez compétent sur le sujet pour juger de sa pertinence mais je suis quand même très impressionné de cette somme de connaissances et de la maestria de ta rédaction.

  6. ConnorsFan 17 mars 2019 at 21:33

    Dommage pour Connors qui, en étant écarté de Roland-Garros, a raté la chance de jouer pour le Grand Chelem complet en 1974. J’aurais bien aimé le voir contre Borg sur la terre battue ocre (je l’ai vu battre Borg sur la terre battue américaine les deux années suivantes).

    Sur une note très différente, on suit ici, au Canada, les exploits de la jeune Bianca Andreescu. Son jeu varié, intelligent et agressif fait plaisir à voir.

    • Rubens 17 mars 2019 at 22:27

      Salut ConnorsFan,

      Au vu de ton pseudo, on va y aller mollo.

      Je me suis longtemps posé la question concernant Jimbo à Roland Garros. Pour ma part, je ne le crois pas capable d’aller chercher Borg sur la terre battue européenne :
      – parce que ses parcours ultérieurs à Paris, quand il y a joué, montrent bien qu’en milieu de deuxième semaine il calait physiquement. Pecci, Gerulaitis, Clerc, Higueras, Roger-Vasselin, autant de joueurs qui l’ont cueilli physiquement plus que tennistiquement.
      – parce que la terre battue américaine était assez différente de l’européenne. Pour avoir joué là-dessus, j’ai été surpris de la trouver si peu glissante et si rapide. Ca ressemble bien plus à du dur qu’à de la terre battue.
      – parce que, compte tenu du jeu de Borg, l’affronter à Paris était le défi ultime, et ce dès 1974. Orantès n’était pas le premier venu, il a dominé le début de cette finale avec un tennis plus offensif et plus tranchant que celui du jeune Borg. Sauf qu’au bout de 2 sets il était essoré physiquement. Les années suivantes, Borg a progressé au niveau du jeu et ses succès sont plus rapides, mais pour les rares qui pouvaient rivaliser sur le tennis pur, il restait au Suédois une caisse physique sans égale.

      • ConnorsFan 17 mars 2019 at 23:10

        On ne saura jamais ce qui serait arrivé, et c’est bien ce qui me chagrine. On aurait vu s’il pouvait gagner les 4 titres, plutôt que de présumer qu’il ne pouvait pas le faire. Connors était à son sommet de 1974 à 1978, exactement la période où il n’a pas jouer à Roland-Garros. Quant à la terre battue de Forest Hills, elle a couronné les champions suivants : Orantes, Connors et Vilas. Donc Connors et deux spécialistes de terre battue, ce qui laisse croire que ce n’était pas tout à fait « comme du dur ». Connors a disputé les 3 finales, gagnant son titre contre Borg.

        • Rubens 17 mars 2019 at 23:46

          Je vois bien que ça te chagrine, mais Connors est l’un des nombreux joueurs qui n’ont pas pris au sérieux Roland Garros, c’est l’objet de l’article justement. Après son exclusion de 1974, a t-il sacrifié quelques billets verts contre la perspective de l’emporter à Paris ? Non, il a joué les Intervilles pendant 3 années supplémentaires. Entretemps il a attaqué en justice la FFT ; que cherchait-il exactement ? Sûrement pas le titre « volé » à Paris, un titre en Grand Chelem ne s’achète pas. Non, quelques billets de plus, et c’est tout. C’était son droit de préférer toucher des sommes confortables sans trop se fouler sur le territoire américain, plutôt que d’aller suer sang et eau sur la TB européenne. Mais il connaissait les règles.

          Orantès a battu Connors en 75, sur har-tru effectivement, en jouant exactement comme Ashe à Wimbledon deux mois plus tôt, exactement comme Newcombe en Australie début 75. Après le Petit Chelem de Connors, ils ont étudié son jeu, et ils lui ont fait des balles basses et cotonneuses sur son revers, avant de prendre le filet le plus vite possible, afin d’éviter à tout prix de le jouer en cadence du fond du court. C’est comme ça qu’ils ont gagné tous les trois. La surface n’a rien à voir là-dedans. Quant à Vilas, alors dans sa meilleure saison, il a battu à l’usure un Connors qui a en partie raté son match et qui n’a pas tenu la distance.

          Tu peux demander à n’importe quel Américain qui vient jouer en France sur TB : ils hallucinent devant la lenteur du terrain, et ils ont l’impression de nager tellement c’est glissant. J’avais entendu Sampras dire un truc dans le même genre : à ses débuts il s’était amusé à préparer RG sur du har-tru en Californie. C’était en 89 je crois, il avait marqué 3 jeux contre Agassi à Rome, et 3 contre Chang à RG. On ne l’a plus repris à préparer RG sur du har-tru !

          • ConnorsFan 18 mars 2019 at 00:29

            Sur dur, Orantes et Vilas n’auraient pas été jusqu’en finale. C’est ce qui me porte à croire que cette surface de Forest Hills était assez différente de la surface dure.

            Les balles lentes et basses, n’était-ce pas sur le coup droit de Connors qu’elles étaient le plus efficace? Le revers était probablement son meilleur coup.

            • Montagne 18 mars 2019 at 09:07

              Exact, Connorsfan, plutôt sur le coup droit (voir notamment la victoire de Roger-Vasselin en 83).
              Je pense que Connors préfère en effet les billets verts qu’une victoire à RG. (plus que tout autre chose d’ailleurs)

            • Rubens 18 mars 2019 at 11:48

              Oups, mes mains ont glissé sur le clavier. Je voulais dire le coup droit en effet.

              Pour le reste, je t’invite à regarder des stats détaillées sur la terre battue américaine. Tu pourras y constater que la durée des échanges, notamment, y est pratiquement identique à celle des terrains en dur. Je sais que c’est difficile à comprendre pour nous, puisque les Américains l’appellent la « terre battue ». Si Connors a battu Borg en 76, c’est justement parce que la rapidité de la surface lui permettait d’abréger les échanges sans s’enfermer dans la défense adverse. Chose qui aurait été beaucoup plus difficile à RG.

            • ConnorsFan 18 mars 2019 at 13:05

              Ça n’explique toujours pas comment des gars comme Orantes et Vilas ont pu gagner sur cette surface prétendument si rapide.

              • Rubens 18 mars 2019 at 21:58

                Parce que le jeu de Connors était terriblement moderne, mais une fois le point faible repéré, il n’avait pas de jeu de rechange. Du reste, il n’avait que 23 ans en 1975. D’ailleurs, le Connors de 1982 me semble meilleur. Non que ses coups soient intrinsèquement meilleurs, mais il réfléchissait davantage sur le court, et il offrait beaucoup plus de variations. Il n’aurait jamais battu McEnroe et Lendl à ce moment-là en se contentant de prendre la balle tôt avec son revers. Tout ceci, évidemment, passe relativement inaperçu pour ceux qui ne regardent que son palmarès brut. En effet sa période de domination s’étend surtout de 74 à 78. Mais en 82-83, compte tenu du jeu qui s’était accéléré entretemps, il était encore meilleur.

                Parce que « des gars comme Orantes et Vilas » n’étaient pas d’uniques spécialistes de la TB comme tu sembles le penser. Ils ont gagné l’un et l’autre le Masters (en 74 sur gazon pour Vilas, en 76 en indoor pour Orantès). Ils ont été des top 10 pendant plusieurs années, des top 5 réguliers. Et pas seulement grâce à leurs résultats sur ocre. Le toucher de l’un et la puissance physique de l’autre en ont fait des joueurs majeurs de ces années-là. Orantès, entre 1972 et 1977 (ses meilleures années), n’avait en effet aucune chance d’atteindre une finale en GC sur dur, puisque ça n’existait pas.

                Enfin, parce que dans le contexte de 1975 et de 1977, toute victoire sur Connors était unanimement saluée dans les vestiaires et dans les tribunes. Jimbo avait largement oeuvré pour cela. Ceci explique en partie qu’Orantès et Vilas aient joué un grand match face à lui, leur envie de gagner était décuplée.

  7. ConnorsFan 17 mars 2019 at 23:34

    Bianca Andreescu a gagné Indian Wells! Wow! Cette fille, qui était 243ième au classement WTA en octobre 2018, a des résultats remarquables depuis ce temps.

  8. Jo 18 mars 2019 at 06:51

    Hommage à Elmar et à son annonce, peut-être moins fantaisiste qu’il n’y paraît, de titre de Grand Chelem pour Thiem. Une victoire en Masters 1000 est une première étape, un premier verrou qui saute. Pas encore favori, Dominator sera dans tous les cas en embuscade à Roland Garros.

    • Patricia 18 mars 2019 at 09:11

      J’avoue que je suis bien contente que thiem fasse le coup de remporter son premier M1000 hors TB, et contre Fed (bon tous les fedolâtres rêvaient plutôt d’un millième titre pour la Chèvre…) !
      J’avais un très bon feeling après avoir vu son match d’excellente facture contre Rao, la configuration ressemblant bcp à son dernier USO où il avait, selon moi, joué le meilleur match de l’année contre Nadal en 1/4 : maîtrise tactique impeccable contre un très gros serveur (ici 2) avant, qui l’avait battu 2/2 dans le cas de Rao, à 6/1 pour Anderson, bon service, confiance évidente, fraîcheur (cet été Thiem, malade, avait à peine joué avant l’USO). Sa demi à Bercy était aussi encourageante. Bref, je suis aux anges !

      • Remy 18 mars 2019 at 09:22

        Je suis tellement vert du match de cette nuit.
        Je le voyais gagner facilement le Fed.
        Ce dernier set et les 2 amorties pourries à 5 partout, j’en ai pas dormi de la nuit.

      • Nathan 18 mars 2019 at 11:40

        Moi aussi, tous les clignotants au vert, un Fed de très bonne facture, une victoire qui lui tendait les bras avec 12 ans de plus (c’est hallucinant tout de même quand on y réfléchit) et puis…

  9. Nath 18 mars 2019 at 07:41

    Moyenne d’âge du top 8 à l’ATP Race : 29 ans et 9 mois avec 4 joueurs de plus de 30 ans (Djoko, Nadal, Fed et… Monfils), j’aimerais bien que ça rajeunisse un peu quand même.

    • Patricia 18 mars 2019 at 09:07

      Prend le top 10 au classement technique et ça va mieux ! ^^

  10. Alex 18 mars 2019 at 12:56

    Énième défaite crève-cœur à l’arrache Pour vieux Fed .. on commence à avoir l’hab de ce ou de ces deux petits points qui le séparent d’un palmarès encore plus énorme (quand on y pense déjà colossal)

  11. Elmar 18 mars 2019 at 13:41

    Le match n’a valu que pour son 3ème set.
    Thiem cueilli à froid en début de partie. Roger étrangement nul dans le second (des sautes de concentration, on a déjà vu, mais ce jeu produit à 2-1 je crois, c’est une hallucination).
    Dans le 3ème, les deux joueurs se sont rendu coup pour coup et ça aurait pu basculer dans l’autre sens, mais c’est bien que l’Autrichien puisse débloquer son compteur dans cette catégorie.

  12. Patricia 18 mars 2019 at 18:16

    Cadeau : ma trad de l’interview de Bresnik (qui a commenté le match pour la TV autrichienne, étant remplacé depuis 4 semaines par Massu en « touring coach ».) Comme d’hab, des avis tranchés et contestables !^^

    Bresnik à propos de Thiem: « Il s’est extrait lui-même du marécage »

    Après ce triomphe à IW, le coach lance des fleurs à son protégé : « il n’y a personne qui peut faire autant avancer son coup droit, son revers et son service »

    STANDARD: DT avait eu jusqu’ici peu de succès dans sa saison. Comment expliquez vous cette victoire ?

    Bresnik: En Australie, il n’était pas en bonne santé, et avait un gros manque d’entrainement. Son humeur était dans la cave. Il lui a fallu plus d’un mois pour revenir en pleine forme. Les 15 jours précédant IW, on a travaillé intensément sur le foncier, il a bcp tapé la balle. Le tirage des premiers tours était favorable, il a haussé son niveau avec l’adversaire. Ce qu’il a montré contre Raonic et Federer, c’était un tennis haut de gamme.

    STANDARD: Que signifie ce 1er titre en M1000 pour sa carrière ?

    Bresnik: Son rendement dans ce type de tournois les dernières années était perfectible. Son succès actuel est une étape importante. Sur le plan pratique, une finale à RG rapporte plus de points. Pourtant, une victoire en tournoi à IW s’apprécie plus. On quitte le lieu avec une veste blanche, on reste immaculé. Cette semaine, Dominic s’est tiré tout seul du marécage, c’est une satisfaction incroyable.

    STANDARD: Quelle influence a eu le travail en commun avec son nouveau Touring-Coach Nicolas Massu?

    Bresnik: C’est un gars très positif, un fanatique du tennis, avec du tempérament. Ce n’est pas le prof principal qui dose tout. Pour certaines choses il est sans doute plus facile et pratique que moi, une bonne influence. En tant que gagnant des jeux olympiques il s’accommode très bien de tout le cirque du circuit. Pour l’instant, c’est le partenaire optimal, le parfait Touring-Coach. Le travail en commun est harmonieux.

    STANDARD:Vous attendiez vous plutôt à une victoire sur terre pour débloquer le compteur en M1000 ?

    Bresnik: Ça fait des années que je m’élève contre le fait de considérer Dominic comme un spécialiste de TB. Le réduire à une surface est absurde. Il ne joue pas moins bien sur dur que sur terre, même si c’est là qu’il a eu le plus de succès. S’il avait été en meilleure forme, il aurait pu aussi gagner à Bercy en indoor. Sur chaque surface il a des chances.

    STANDARD: Dans les faits, il a déjà battu Federer sur dur, gazon et terre. Dans le H2H Thiem mène 3 à 2. Le Suisse lui convient ?

    Bresnik: Il ne faut pas exagérer. Federer n’est pas un joueur qui peut convenir à qui que ce soit. Toutefois, j’avais le sentiment dimanche que Dominic était le meilleur en fond de court. Son service était également fiable. Et ce n’était pas sporadique. Le tempo derrière, l’intelligence tactique. Il y avait peu à redire, voire rien. Dominic a un super package. Personne ne peut faire avancer plus vite l’ensemble coup droit/revers/service.

    STANDARD: Pourtant de nombreux observateurs critiquent le manque de constance de ses performances. A raison ?

    Bresnik: Il a des semaines où pas grand chose ne fonctionne. Mais il y en général des raisons. Il y a à peine 5 joueurs de la classe de Thiem au monde. Tout adversaire peut être mis en difficulté. Ça fait 3 ans qu’il est dans le top 10. Il peut gagner des tournois sur toutes les surfaces, il peut battre tous les grands joueurs. Qu’est ce qu’on veut de plus ? Oui, je préfèrerais qu’il puisse gagner tous les GC en un an.

    STANDARD: Avec les points d’IW en poche, peut il avancer plus tranquille dans le reste de sa saison ?

    Bresnik: Clairement, ça fait du bien. Ça fait plaisir de remonter aux avant-postes au classement. La confiance vient de la performance, et non le contraire. J’espère que tout lui sera plus facile les prochaines semaines. Mais il n’y a pas de garanties. A chaque tournoi on repart à zéro.

    • Colin 20 mars 2019 at 22:42

      Merci Patricia pour l’interview de Bresnik. Je me doutais bien que la victoire de Thiem à IW allait te faire sortir du bois.

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