Le bouffon, la reine et le truand

By  | 7 novembre 2018 | Filed under: Histoire

Le film « Battle of the sexes » évoque lon­gue­ment la re­ncontre, hyper-médiatisée à l’époque (1973), entre Bi­llie Jean King et Bobby Riggs. Bien qu’il fût pure­ment honorifique d’un point de vue spor­tif, ce match a pris une énorme di­mens­ion sym­bolique, au point d’être adapté au cinéma 44 ans plus tard. Le film, ad­mirab­le­ment con­struit et in­terprété, m’a toutefois in­spiré quel­ques ques­tions, en par­ticuli­er sur Jack Kram­er, per­son­nage pas si secon­daire.

King Riggs Press Conference

Les trois OVNI des sevent­ies

Dans un con­tex­te d’émerg­ence du sport-spectacle aux Etats-Unis, di­v­ers pro­moteurs d’événe­ments spor­tifs se sont penchés sur le ten­nis au cours des années 70. De cette époque, on re­tient prin­cipale­ment trois matchs, non pas tant pour leur intérêt stric­te­ment spor­tif, mais parce qu’ils ont con­stitué, en leur temps, des re­cords de dota­tion, de fréquen­ta­tion et/ou de téléspec­tateurs.
Le pre­mi­er de ces trois matchs se déroula le 14 mai 1972 à Dal­las : la fin­ale WCT entre Laver et Rosewall. Lamar Hunt, aficionado non philanthrope du ten­nis, or­ganisait avec ce cir­cuit WCT une série de tour­nois sur le con­tinent américain, dont cette fin­ale con­stituait le point d’orgue. Dans l’écurie de Hunt figuraient la plupart des meil­leurs joueurs du monde, seuls man­quaient à l’appel Smith, Nas­tase et Kodès. Après une édi­tion 1971 déjà très réussie, la fin­ale de Dal­las 1972 fût sur­nommée à l’époque « match du siècle ». Portée par des stan­dards de mar­ket­ing et d’or­ganisa­tion préfigurant lar­ge­ment ce que nous con­nais­sons aujourd’hui, elle fût ef­fective­ment, à l’époque, le match de tous les re­cords : 15000 spec­tateurs, 21 mill­ions de téléspec­tateurs, et une dota­tion de 50000 dol­lars au vain­queur (Ken Rosewall), qui em­poc­hait ce jour-là un chèque d’un mon­tant supérieur à ce qu’il touc­hait en une saison au début des années 60, à l’époque où il était un pro­fes­sion­nel banni des gran­des com­péti­tions.
Le troisiè­me match est pro­bab­le­ment le plus alléchant sur le papi­er, mais aussi le plus an­ec­dotique. Le 2 février 1975, à Las Vegas, le n°1 mon­di­al Jimmy Con­nors affron­te dans un « match-défi » celui qui est alors un­anime­ment con­sidéré comme le plus grand champ­ion de tous les temps, Rod Laver, âgé de 36 ans. Pour le deuxième de ces matchs-défis op­posant Con­nors à New­combe, la prime au vain­queur sera de 500000 dol­lars… On ne sait alors jusqu’où ira la sur­enchère. Toujours est-il que, CBS Sports étant de la par­tie, et la mise en scène du match ap­pelant le pub­lic à man­ifest­er comme jamais auparavant, ce fût en­core une fois un succès populaire sans com­mune mesure avec les tour­nois du Grand Chelem de cette année-là… A coup sûr, le modèle écon­omique du ten­nis était en­core en train de se cherch­er.
Mais c’est le deuxième de ces trois « matchs » qui est passé à la postérité, bien avant de faire l’objet d’une adap­ta­tion au cinéma. Le 20 sep­tembre 1973, à Hous­ton, Bi­llie Jean King, meil­leure joueuse du monde (au coude-à-coude avec Mar­garet Court, sac­hant que le clas­se­ment WTA n’exis­te pas à l’époque) relève le défi que lui a lancé l’an­ci­en champ­ion Bobby Riggs, et le domine en trois sets (6/4 6/3 6/3).

Un match truqué ?

Je vais d’emblée tuer le sus­pen­se, en avouant be­noî­te­ment que je n’ai aucune in­for­ma­tion par­ticuliè­re sur les rumeurs qui ont ac­compagné – et qui con­tinuent d’ac­compagn­er – ce match légen­daire. En gros, le résul­tat aurait été ar­rangé, et Bobby Riggs, aux prises avec la Mafia en­v­ers qui il avait contra­cté des de­ttes, aurait eu plus à gagn­er en per­dant la re­ncontre qu’en la gag­nant. Riggs étant décédé, si quel­qu’un a les co­or­données de la Mafia pour leur poser la ques­tion, je suis pre­neur.
Bi­llie Jean King a évidem­ment tenté de tordre le coup à cette rumeur, mais la cham­pion­ne américaine est-elle la mieux placée pour le faire ? Bien sûr que non. Dans cette af­faire, l’humanité se di­v­ise de toute façon en deux, comme à l’époque, entre ceux qui croient en la sup­ériorité mas­culine et ceux qui n’y croient pas. Et chacun des deux camps puisera dans l’événe­ment les ar­gu­ments con­for­tant sa thèse in­itiale. Il en est ainsi de ce sujet comme de tous les aut­res.
Concentrons-nous donc sur ce qui est vérifi­able : l’as­pect spor­tif.
Bobby Riggs, an­ci­en n°1 mon­di­al (of­ficieux) âgé de 55 ans en 1973, était à n’en pas dout­er un re­dout­able ad­versaire pour Mar­garet Court et Bi­llie Jean King. Je salue, au pas­sage, la qualité de la re­constitu­tion des matchs. Lorsqu’une fic­tion s’em­pare du ten­nis, on re­doute toujours le pire sur la crédibilité des ac­teurs raquet­te en main, mais Emma Stone et Steve Carell s’en sor­tent avec les hon­neurs.
Le pre­mi­er match, face à Mar­garet Court, a vu la cham­pion­ne australien­ne s’écroul­er totale­ment sous la pre­ss­ion d’un enjeu sym­bolique qui la dépas­sait totale­ment. A n’en pas dout­er, le guig­nol a réussi un gros coup ce jour-là. Mais quid de la qualité de son match à lui face à King ? Le film fait net­te­ment ap­paraître l’épar­pille­ment du joueur dans les semaines qui ont précédé la re­ncontre, ne man­quant pas une oc­cas­ion de faire mont­er la pre­ss­ion par ses pit­re­ries et ses phrases tapageuses, mais oub­liant au pas­sage l’es­sentiel, à savoir s’entrain­er sérieuse­ment. Le quin­quagénaire a sans aucun doute craqué physique­ment au bout d’un set et demi, lui qui avait im­prudem­ment voulu le for­mat des trois sets gag­nants ; le piège s’est re­fermé sur lui, c’est lui qui n’a pas tenu la dis­tan­ce. En re­vanche, pen­dant ce pre­mi­er set et demi, Bobby ne pour­rait in­voqu­er la fatigue, et il a été dominé tout de même.
Ce que tout le monde a vu, c’est un joueur se faire domin­er par une joueuse. Rien, dans son lan­gage cor­porel, n’accrédite l’hypothèse qu’il aurait délibérément balancé le match ; il es­sayait bien de gagn­er les points, et il n’en mar­quait pas assez pour l’em­port­er. Point. Com­bi­en il a touché en per­dant, com­bi­en il aurait touché en gag­nant, en­core une fois nous ne le saurons jamais. Mais pour le coup, j’irai dans le sens de Bi­llie Jean lorsqu’el­le af­firme qu’il s’est vrai­ment battu : en effet il s’est vrai­ment battu, et ç’a été in­suf­fisant.

Le dénoue­ment idéal

« Battle of the sexes » men­tion­ne, sans trop s’ap­pesan­tir, l’homop­hobie de Mar­garet Court. Cor­rec­tion minimale vis-à-vis d’une cham­pion­ne qui ne le mérite pas forcément, mais qui est toujours en vie et dont l’exécu­tion médiatique n’est pas le pro­pos du film. L’exécu­tion médiatique, qui co­uvait de­puis des années, Mar­garet l’a eue en mai 2017 – à un mo­ment où le film était déjà bouclé – en af­firmant que le ten­nis féminin était re­mpli de les­bien­nes, et en rap­pelant qu’il y en avait déjà quelques-unes à son époque… Bien qu’elle ne nomme pas sa gran­de rivale, il n’est pas com­pliqué de faire le sous-titrage.
Le film prête à Mar­garet un soupçon dès qu’elle voit Bi­llie Jean re­cevoir sa co­if­feuse dans sa suite. C’est plausib­le, bien que non vérifi­able. Ce qui est aut­hentifié, c’est que la cham­pion­ne s’est con­ver­tie au pen­tecôtis­me, de­venant même, en Australie, ministre de ce culte résolu­ment homop­hobe. On peut donc dif­ficile­ment im­agin­er deux cham­pion­nes plus dis­sembl­ables que King et Court, au tour­nant des années 60-70, d’un côté la tradition­nalis­te mère de famil­le, de l’autre la libérale militant pour l’égalité des droits et des rémunéra­tions entre les deux sexes. A n’en pas dout­er, Mar­garet Court, lorsqu’el­le a affronté Riggs, ne per­cevait pas l’ampleur de l’enjeu sym­bolique que re­celait cette re­ncontre. Si l’on en croit le film, elle a es­sentiel­le­ment ac­cepté le défi pour des raisons fin­an­cières.
Mar­garet fut en effet la seule mère de famil­le à écumer le haut niveau féminin à cette époque. Elle mit sa carrière entre parenthèses à trois re­prises, en 1967 pour son mariage, et en 1972 et 1974 pour donn­er nais­sance à ses deux en­fants. A titre de com­paraison, Bi­llie Jean King choisit d’avort­er en 1971, sans doute pour pour­suiv­re sa carrière pro­fes­sion­nelle qui était sa priorité. On peut aussi men­tionn­er ses orien­ta­tions sexuel­les, sur les­quel­les elle com­men­çait peut-être à s’in­terrog­er. C’est un choix scénaris­tique que de faire co­ïncid­er les débuts de sa re­la­tion avec Marilyn Bar­nett en 1972 ou 1973, et de prêter à Marilyn le pre­mi­er pas. Bi­llie Jean, con­sul­tante sur le film, caution­ne cette vers­ion des faits, mais son avor­te­ment de 1971 n’est-il pas le signe éven­tuel qu’elle n’était à l’époque pas cer­taine de ses orien­ta­tions sexuel­les, et par ricoc­het de l’avenir de son co­u­ple avec Larry King ?
Ce point n’est qu’un détail, sans gran­de im­por­tance. Mais dans cette his­toire, le fait que Bobby Riggs batte Mar­garet Court avant de s’inclin­er face à Bi­llie Jean King n’est pas an­odin. Im­aginons la situa­tion ex­ac­te­ment in­ver­se, la ques­tion de l’égalité des prize money ne serait cer­taine­ment pas de­venue si brûlante si Bi­llie Jean avait perdu et Mar­garet avait gagné. Je n’en­tends pas re­mettre en cause la légitimité de la vic­toire de King, je dis simple­ment que le dénoue­ment a été le meil­leur qui soit pour la cause du féminis­me spor­tif.

L’homme de l’ombre

La prin­cipale omiss­ion du film selon moi, c’est de ne pas avoir creusé davan­tage le per­son­nage de Jack Kram­er. Plus j’y pense, plus je suis con­vain­cu que Kram­er est l’un des per­son­nages clés de cette his­toire. Dans le film, Kram­er est présenté comme un « of­ficiel » du ten­nis américain, aux con­vic­tions bien chevillées au corps con­cer­nant le man­que d’attrac­tivité du ten­nis féminin, mais à la tenue im­pecc­able, ne faisant pas de vagues, au contra­ire du clown médiatique Bobby Riggs. Ce n’est pas in­exact, mais c’est 10% de ce qu’il y a à dire sur Kram­er.
Première er­reur dans le cast­ing, l’ac­teur in­terprétant Kram­er, Bill Pullman, est âgé de 64 ans en 2017, soit net­te­ment plus que le vrai Kram­er en 1973, qui avait alors 52 ans. Kram­er était de trois ans plus jeune que Riggs, ce qui n’ap­paraît ab­solu­ment pas dans le film !
Né en 1921, Jack Kram­er a connu ses gran­des heures au len­demain de la guer­re. Il s’im­pose comme le meil­leur joueur amateur, en re­mpor­tant Wimbledon en 1947, l’US Open en 1946 et 1947, et la Coupe Davis ces deux années. Dominant out­rageuse­ment le ten­nis amateur, il signe un contra­t pro­fes­sion­nel avec le pro­moteur Jack Har­ris pour faire fruc­tifi­er ses talents ten­nistiques sur le plan monétaire. Le n°1 mon­di­al des pro­fes­sion­nels est alors… Bobby Riggs. Kram­er ne tarde pas à lui ravir son trône. Au point qu’en 1950, Riggs, lassé et humilié de per­dre soir après soir con­tre Kram­er, met un terme à sa carrière pro­fes­sion­nelle et se re­con­vertit dans l’or­ganisa­tion des tournées pros.
Riggs devra in­ter­rompre rapide­ment cette re­con­vers­ion, dépassé par… Jack Kram­er, qui prend en main l’or­ganisa­tion du cir­cuit pro­fes­sion­nel et le fait pass­er véritab­le­ment à l’âge adul­te. Sous la houlet­te de Jack, les tournées pro­fes­sion­nelles se doub­leront bientôt d’un cir­cuit de tour­nois qui va élever les tour­nois du French Pro, du Wembley Pro et de l’US Pro au rang de jalons majeurs du ten­nis pro­fes­sion­nel.
A deux re­prises dans sa carrière, Bobby Riggs sera donc sup­planté par Jack Kram­er, d’abord raquet­te en main, puis en tant que pro­moteur de tournées pro­fes­sion­nelles. De quoi nour­rir quel­ques éven­tuel­les rancœurs… Mais met­tons pour l’instant cet aspect-là de côté, et ter­minons sur Kram­er.
A par­tir de 1953, de­venu man­ag­er, l’Américain de­vient une vérit­able usine à re­crute­ment des meil­leurs amateurs : Segura, Sedgman, Gon­zalez, Trabert, Rosewall, Hoad, Gimeno, Laver, tous déser­teront les rangs amateurs pour re­joindre son écurie pro­fes­sion­nelle, qui de­vient au fil des années une hy­pothèque sur la crédibilité des tour­nois du Grand Chelem. De­venu l’homme à ab­attre pour la Fédéra­tion in­ter­nationale, Jack Kram­er sera l’un des in­lass­ables pro­moteurs du ten­nis « Open », c’est-à-dire ouvert à tous sans dis­tinc­tion. L’ouver­ture de 1968 lui don­nera fin­ale­ment raison, en ce sens il a été un grand vision­naire du ten­nis de haut niveau.
Nous par­lons bien d’un homme qui n’est déten­teur à titre per­son­nel que de trois co­uron­nes en Grand Chelem, parce qu’il en­ten­dait vivre de son métier de ten­nisman et qu’en 1947 c’était mal vu. C’est bien le même homme qui s’est fait train­er dans la boue pen­dant 15 ans par les par­tisans du ten­nis amateur, con­ser­vateurs d’un âge fin­is­sant et qui al­lait d’ail­leurs s’ac­hev­er en 1968.
C’est bien cet homme-là, donc, qui se dres­se de­vant Bi­llie Jean King au début du film, qui lais­se par­tir sans sour­cill­er Bi­llie Jean et ses consœurs vers un cir­cuit à l’avenir in­cer­tain, et qui les ex­clut de la Fédéra­tion américaine, les privant ainsi d’une place dans les tour­nois du Grand Chelem.
Il y aurait de quoi se tenir les côtes, si ce n’était aussi répug­nant.

Jack Kram­er, seul vrai per­dant de la batail­le des sexes

La seule raison val­able à un tel com­por­te­ment, c’est que la perte de neuf des meil­leures joueuses du monde était à ses yeux un sim­ple dom­mage col­latér­al, et que l’im­pact fin­an­ci­er d’une telle décis­ion serait si faib­le que cela ne valait pas la peine de négoci­er quoi que ce soit pour les gard­er à la maison. Le mo­ment le plus im­por­tant du film est bel et bien celui où Bi­llie Jean met son véto à la présence de Kram­er comme com­men­tateur du match. Jack Kram­er, en effet, était aut­re­ment plus dan­gereux pour le ten­nis féminin que ne pouvait l’être Bobby Riggs, parce que Kram­er croyait sincère­ment à ce qu’il dis­ait.
Quel­ques semaines avant le match King/Riggs, l’US Open 1973 fut le pre­mi­er Grand Chelem à pratiqu­er une stric­te parité entre les gains du sim­ple dames et ceux du sim­ple mes­sieurs : Mar­garet Court em­poc­ha la co­quet­te somme de 25000 $, tout comme John New­combe, le vain­queur du tour­noi mas­culin. Il est pour le moins co­cas­se que la gran­de dame par qui tout cela est arrivé, Bi­llie Jean King, ait dû ab­an­donn­er en raison d’une grip­pe lors de cette édition-là. Une défaite de King face à Riggs n’aurait pas manqué de re­lanc­er le débat sur la légitimité de ce choix de l’US Open, et nul doute que Kram­er aurait été pre­mi­er de cordée pour re­tourn­er la lame dans la plaie…
La vic­toire de Bi­llie Jean King a donc bien co­uvert la lutte pour l’égalité des dota­tions du ver­nis de re­spec­tabilité qui lui était in­dis­pens­able. Qui en a pâti ? Jack Kram­er, qui a dû réviser son juge­ment uni­que­ment dicté par des con­sidéra­tions fin­an­cières, et qui a dû par la suite com­pos­er avec cette nouvel­le réalité et en­visag­er un par­tage plus équit­able du prize money.
Qu’en est-il de Bobby Riggs ? Ses pro­pos in­cen­diaires avant la re­ncontre étaient tel­le­ment caricaturaux qu’il est rétros­pective­ment dif­ficile de les pre­ndre tout à fait au sérieux. Que cherchait-il réel­le­ment ? Une chose est cer­taine, Bobby Riggs avait des raisons val­ables d’en vouloir à Jack Kram­er, qui aura tout réussi mieux que lui. Mais sur­tout, une chose m’a sauté aux yeux à la lec­ture de cette his­toire : si l’in­ten­tion de Riggs était de décrédibilis­er les posi­tions mis­ogynes de Kram­er en les contra­nt par l’exem­ple raquet­te en main, il ne s’y serait pas pris aut­re­ment. Un in­dice majeur plaidant en ce sens est la sol­ide amitié qui est née entre Riggs et King à la suite du match. Le film l’effleure à peine sur la fin, mais leur amitié n’était pas fein­te.
Je ter­minerai sur une tirade im­aginaire du bouf­fon Bobby Riggs à l’ad­resse de Bi­llie Jean King, à la sor­tie de leurs ves­tiaires re­spec­tifs, juste après le match : « Bi­llie Jean, je te félicite. Je te félicite vrai­ment, parce que ta vic­toire, ainsi que la manière, étaient la meil­leure issue que ce match pouvait pro­pos­er. Je ne de­vais pas te battre, le sport féminin aurait connu un ter­rible re­tour en arrière. Je ne de­vais pas non plus te faire cadeau du match, ç’aurait été la con­des­cendan­ce ul­time pour la cause que tu défends. Non, le mieux pour tout le monde, c’était que j’es­saie vrai­ment de te battre et que je n’y par­vien­ne pas. »
Pour tout le monde, sauf pour Jack Kram­er évidem­ment.

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

300 Responses to Le bouffon, la reine et le truand

  1. Jo 19 novembre 2018 at 14:04

    Autant je serais tombé de l’armoire si Anderson avait battu coup sur coup Federer puis Djokovic, autant je ne suis pas du tout surpris que Zverev ait enchaîné Rogé puis Nole. Cela fait maintenant deux ans qu’il est un des tout meilleurs joueurs du monde et il a amplement montré qu’il savait gagner sur un format court. Du reste, il n’a que 21 ans, c’est si jeune. Le temps tennistique s’est allongé, les joueurs sont hyper-professionnalisés, la maturation est plus longue. 21 ans aujourd’hui, c’est 19 naguère? On ne peut pas exiger quoi que ce soit de Sascha pour l’année qui vient, simplement de continuer à grandir (je me comprends) et si, tout de même, d’être plus consistant, plus régulier en Grand Chelem, de ne pas s’abîmer dans les premiers tours, encore que l’identité de ses vainqueurs de ces trois dernières années soit rarement infamante, Evans excepté. L’avenir du tennis, c’est lui, il a pris une nette longueur d’avance sur les autres, qui finiront par le rattraper. C’est à eux qu’il faut le comparer. Zverev est l’indiscutable numéro un mondial de la Next Gen, au Masters de laquelle il aurait dû participer… Et il est désormais un candidat normal aux plus beaux titres.

    • Babolat 19 novembre 2018 at 14:18

      C’est sûr qu’on n’est pas prêt de revoir un vainqueur de grand chelem de 17 ans (même chez les filles). Le dernier « moins de 20 ans » à avoir remporté un grand titre, c’est Nadal à Roland en 2005 mais c’est un phénomène.
      On espère juste que Zverev fera des émules.

      • Jo 20 novembre 2018 at 07:55

        Je crois beaucoup en Tsitsipas et Shapovalov, moins en Gusanito, dont le jeu est, du reste, bien moins flamboyant.

  2. Kristian 19 novembre 2018 at 15:47

    Zverev, enfin! Le seul veritable jeune, enfin non, meme pas seulement jeune, disons chez les moins de 30 ans a avoir l’envergure d’un champion. Parce que depuis Djokovic/Murray qui sont de 87 on a jusqu’a Zverev, ne lui en 97, un vide quasi-total. Celui qui va pousser le Big 3 ou 4 dehors avant l’age de la retraite c’est lui. Ou cela ne peut etre que lui.
    A la veille de Roland Garros je le voyais numero 1 mondial en fin d’annee. Parceque Djoko etait aux fraises, Nadal n’avait plus les jambes pour jouer sur dur, et Federer commencait a faire son age. Je me suis un peu emporte..
    Il a fait un super printemps, mais il manque de constance dans la performance. Notamment lors des tournois qui comptent vraiment, la ou les 3 autres, enfin surtout Djokovic dernierement, sont des tueurs, lui reste un tireur d’elite intermittent.
    Mais bon, il s’est alloue les services du plus grand tueur de l’ere open et 2019 devrait etre son annee. Cela pourrait meme etre lui qui fera mordre la terre battue a Nadal beacoup plus que Thiem.

    • Jo 19 novembre 2018 at 16:17

      Le plus grand tueur de l’Ère Open, voilà un concept intéressant. Lendl a beaucoup gagné (94 titres) mais il a trop perdu (8 titres du Grand Chelem sur 19 finales). Pour moi, le tueur ultime, c’est celui qui gagne (presque) toujours dans les grands rendez-vous. Borg est pas mal mais il a fini par se suicider. Federer est handicapé par sa Némésis. Djokovic à les stats de Lendl à l’US Open. Spontanément je songe à Sampras. Ou à Némésis, enfin, Nadal.

    • Paulo 19 novembre 2018 at 16:40

      Oui enfin derrière lui et se rapprochant à grands pas, des plus jeunes que lui : Tsitsipas (15è), Shapovalov malgré quelques ratés ces derniers mois (normal, il apprend) et de Minaur me paraissent à même de lui donner la réplique, quand ils auront fait leurs classes – sans oublier le trio de Russes aux dents longues : Khachanov, Medvedev, Rublev.

      Zverev vient de remporter le Masters en 2 sets gagnants. En Grand Chelem, il a encore tout à prouver, à commencer par atteindre une finale.
      Le point positif est d’avoir engagé Lendl, c’est indiscutable. Avec ce dernier, finis les caprices d’enfant gâté : il va falloir se prendre en main tout seul comme un grand sur le court, même et surtout quand ça ne va pas comme il veut.

    • Perse 19 novembre 2018 at 22:23

      Bien d’accord et le résultat de ce Masters contrairement à l’année dernière me satisfait en désignant un vrai champion. Zverev a déjà la carrière la plus consistante en format court hors Big 4 et sa progression est linéaire. A 21, déjà deux saisons dans le top 5 avec de gros tournois à la clé. En terme de jeu, je ne suis pas si fan, car sa régularité et son volume de jeu colossal occultent des éclairs de génie (il est pour moi un Djokovic avec 10 cm de plus sans perte proportionnelle en mobilité) qui me font adorer un Kyrgios en forme par exemple.

      Pour Géo: le tueur pour moi est la capacité à faire le match contre un gros joueur et à saisir les occasions dans les gros tournois. Le Big 3 évacué tant ils sont hors-normes à tous égards statistiques, je désignerai Becker comme tueur de match (il a un énorme taux de réussite contre le Top 10) tandis que Sampras post 92 représente le mieux la victoire (ou la volonté de vaincre en dépit des circonstances) avec son thriller contre Corretja à l’US 96, Courier à l’Ao en 93 mais également le démantèlement d’Agassi à Wim 99 (qui avait surpris les suiveurs et rétroactivement est encore plus forte vu le parcours d’André les 12 mois suivants).
      C’est une différence fondamentale pour moi entre Federer et Sampras, le premier gagnant par un niveau tellement supérieur tandis que l’autre gagnant parce qu’il le veut plus, et plus encore.

  3. Jo 20 novembre 2018 at 07:54

    Jack Sock est incomparable. Le gars a vécu à crédit dans le top 20 pendant un an grâce à un Bercy tombé du ciel doublé d’un Masters euphorique. Deux semaines = douze mois, un taux de rentabilité qui défie les lois de la Bourse, Jacky est un sacré investisseur. Est-ce un cas unique dans l’Histoire du tennis?

    L’an dernier, il l’a joué solo, cette année, il refait sauter la banque avec un complice providentiel, un desperado bien connu des services de l’ATP, le serial winner Mickey, dit « La main droite du diable ». Et c’est reparti pour un tour, Wimbledon, l’US Open, retour au Masters et banco!

    Jack Sock, cocu, vainqueur et content.

    • Elmar 20 novembre 2018 at 08:16

      Sock a déjà un sacré palmarès en double. Il a quasiment tout gagné.
      Vu sa saison en simple, on peut se demander s’il ne va pas se spécialiser dans le double.

      A sa place, j’aurais essayé de me spécialiser en joueur de terre battue. Avec son spin de malade, il aurait pu faire de sacrés dégâts.

      Après, c’est sûr que son jeu fait pas rêver. Mais c’est un bon Yankee bien sympatoche.

      • Perse 20 novembre 2018 at 16:20

        Jack Sock est d’ailleurs le meilleur joueur de double en classement ELO, il a gagné en double mixte à Rio et est excellent peu importe l’équipe en GC.
        Il me semble qu’il est passé par la NCAA dont le format est en équipe et qu’il raffole de ça. Guère étonnant que Bryan revive à côté d’un tel partenaire

    • Rubens 20 novembre 2018 at 09:20

      Salut Jo,

      Il y a d’autres cas similaires dans l’histoire. Je ne me souviens pas de tous, mais celui qui me vient spontanément est Alberto Mancini en 1989, vainqueur à Monte Carlo et Rome, quart de finaliste à RG et huitième de finaliste à l’US. Il était 9ème mondial à la fin de la saison, premier remplaçant pour le Masters. Il a terminé la saison 1990 à la 127ème place.

      • Babolat 20 novembre 2018 at 15:19

        Et Berasategui ? Le mec fait une finale à Roland en 94, fait le masters dans la foulée où il se prend trois belles fessées puis il s’éteint petit à petit.

      • Colin 20 novembre 2018 at 16:44

        Ouaip mais sa chute a été beaucoup plus « glissante » que celle de Mancini.
        Parmi les météores il y a eu aussi le grand (et gros) Slobodan Zivojinovic… Capable de quelques coups d’éclat entre 85 et 88 mais globalement très inconsistant, puis disparu des radars vers 1989.
        Et pi aussi Kent Carlsson, mais lui ce sont les blessures à répétition qui l’ont tué.

        • Elmar 20 novembre 2018 at 16:54

          Et PimPim Johansson dans le même registre.

          • Babolat 20 novembre 2018 at 17:13

            Pareil… les blessures à l’épaule. Et Ulf Stenlund ?

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