La preuve par 18

By  | 30 janvier 2017 | Filed under: Actualité

La pre­uve par 18

Il l’a fait ! Il a re­mporté le 18ème et il a vain­cu le signe… es­pagnol ! Cinq ans après, Feder­er re­mpor­te son 18ème tour­noi du Grand Chelem, il porte en­core un peu plus loin la mar­que de l’ex­cell­ence et écrit en­core une fois une page mag­nifique de l’His­toire de ce sport où la beauté est au rendez-vous quand il joue, où le mystère en cinq actes est là dès lors que le résul­tat n’est pas écrit d’avan­ce, quand le ten­nis n’est pas in­éluct­able mais cap­ricieux, qu’il reste aussi im­prévisib­le que la bague que Woody Alen s’amuse à faire re­tomb­er du (bon ? mauvais ? tout est af­faire de point de vue…) côté à la fin de son magistr­al Match Point.

Les cris, l’enthousias­me, la joie, le bon­heur chez la gran­de majorité des 15lovers, une belle bande de fans du Suis­se, et même la jouis­sance pour l’un d’entre eux qui se re­con­naîtra, les di­gues qui lâchent même chez Pat­ricia, et pour moi, tout cela à la fois, et un im­men­se soulage­ment.

Il s’en est pour­tant fallu de si peu.

Il s’en est pour­tant fallu de si peu, une balle, la dernière par ex­em­ple, eût-elle été plus lon­gue que la face du monde du ten­nis en eût (peut-être…) été changée. Dans ce match qu’il aurait pu gagn­er plus facile­ment, Feder­er aurait en­core une fois pu être le per­dant mag­nifique, le héros roman­tique d’un ten­nis de funam­bule, celui qui ar­rache des cris qui sont tout autant ceux de l’émer­veil­le­ment que ceux de la peur, toujours là au creux des reins, de voir l’ar­tiste chut­er à chaque in­stant, pour re­tomb­er brisé dans la pous­sière.

Alors oui, c’est le soulage­ment qui l’em­porte. Je vais pouvoir re­gard­er à nouveau ce chef d’œuvre sur in­ter­net sans me dire qu’il est in­ac­hevé, comme cette quête du Graal que ni Per­cev­al, trop naïf, ni Gauvain n’achèvent alors même qu’il leur tend les bras et que Chrétien de Troyes lui-même n’a peut-être pu se résoud­re à ac­hev­er, lais­sant l’œuvre ouver­te et ap­pelant… une foule de con­tinuateurs !

Or avec ce match, c’est la Fin de l’His­toire, le Graal réintégré dans le Saint des Saints par la magie d’un héros par­fait, celui dont on dit tantôt qu’il « joue » vrai­ment au ten­nis, tantôt qu’il « est » le ten­nis. La quête ac­complie par celui qui était l’Elu, que les vrais amateurs de ten­nis avaient de­puis longtemps re­con­nu, et dont les apôtres se retro­uvaient sur 15Love.

Mais man­quait en­core pour be­aucoup la pre­uve suprême, celle qui tient du Mirac­le, de la Révéla­tion. Celle qui achèverait de con­vaincre les Hom­mes et les Fem­mes de peu de foi, ceux qui sont Légion sur les sites clas­siques, haineux, sans ar­gu­ments, aux multi­ples pseudos, traitant le Maître de dan­seuse, de pleureuse (rien de tel que la féminisa­tion pour in­sult­er l’en­nemi…) et sur­tout dégainant chaque fois que pos­sible l’ar­gu­ment suprême l’H2H con­tre Nadal, pre­uve ir­réfut­able que le Maître n’était pas le Ten­nis…

Dans tous les pays, les foules d’amateurs comme la plupart des an­ciens champ­ions at­tendaient cette vic­toire comme la man­ifes­ta­tion in­dis­cut­able. Même si tous re­con­nais­saient la valeur de Nadal, Nadal n’est pas l’In­carna­tion, il est au mieux celui qui aura per­mis au Mes­sie de se révéler, de se « trans­cend­er » pour de­venir celui qui est au-delà du débat.

Feder­er, on ne sait trop com­ment, a peu à peu réussi ce mirac­le si rare en sport, ter­ritoire où le chauvinis­me et l’esprit de cloch­er trouvent de sol­ides re­fuges, à faire tomb­er les barrières nationales, les esprits par­tisans. Par­tout, il joue à domicile, même con­tre les héros nationaux. Il est de­venu l’Univer­sel… et j’emploie ce terme à de­ssein, car c’est le sens pre­mi­er de « cat­holique », et que par bien des côtés, le re­tour de Feder­er après le chemin de croix de la bles­sure au genou, au dos, puis six mois d’abs­ence tient plus de la Résur­rec­tion que du Re­tour du Roi. Il fal­lait voir les foules se pre­ss­er, à la Hop­man Cup, pour as­sist­er à son pre­mi­er en­traine­ment pub­lic. On voulait le voir, vérifi­er (l’abs­ence des) stig­mates, puis l’ac­compagn­er sur le chemin pour que la Vérité éclate enfin aux yeux des pires aveug­les, ceux qui ne veulent pas voir.

Re­des­cendons sur Terre après ces pas­sages mys­tiques mais qui se just­ifient parce que l’en­goue­ment pour Feder­er dépasse celui pour un sim­ple spor­tif.

A quel­ques points près, ceux qui croient en d’aut­res prophètes et prient dans d’aut­res églises, Djokoviciens et Nadalis­tes, avaient raison… A quel­ques points près, nous avons raison. Nadal est re­poussé (Vade retro Nadalas…) à quat­re lon­gueurs, sans doute un peu trop dans sa trente-et-unième année, Djokovic, à l’aube de la tren­taine, est à six. Mais à quoi cela tient-il ?

A un peu d’arithmétique, à une ques­tion de quan­tifica­tion comme pre­uve définitive de la qualité.

Comme si le quan­titatif de­vait être l’ar­gu­ment suprême, celui qui l’em­porte sur le qualitatif, la beauté, la grâce. Il y avait bien longtemps que nous sav­ions que l’art de la demi-volée de re­v­ers est supérieur à tous les aut­res mais en­core fallait-il que celui-ci fût l’arme fatale dans un com­bat en cinq sets con­tre l’en­nemi de toujours. Il y avait bien longtemps que nous sav­ions que jouer au ten­nis, c’est in­scrire la beauté et la variété, la sur­pr­ise aussi, dans l’ef­ficacité. Mais il y avait en­core un doute, même chez les plus con­vain­cus, doute porté par les ar­gu­ments quan­titatifs des non con­ver­tis : Djoko aura bientôt dépassé la dan­seuse, Rafa mar­tyr­ise votre Feder­er dès qu’il se présente. Nous av­ions pour nous la con­vic­tion in­time mais elle ne suf­fisait pas à con­vaincre : Djokovic, même avec plus de GC que Feder­er, n’in­carnerait jamais ce sport tout à fait, pour des raisons qui ne tien­nent pas au décompte des tit­res mais au rap­port entre le champ­ion suis­se et l’ess­ence de ce jeu, qui tient plus de la variété des coups que de la mono­tonie des schémas… Tout cela ne tenait pas face au H2H, ar­gu­ment suprême.

Le soulage­ment qui gagne aujourd’hui le sup­port­er de Feder­er tient aussi à ce qu’il n’aura plus jamais à de­voir ap­port­er la char­ge de la pre­uve. Qu’il pro­fite de ce sen­ti­ment de plénitude… Im­aginons que Djoko re­ssor­te de sa boite deux ou trois GC dans les deux ans, et qu’il poin­te son nez à 15 à 31 ans et des brouet­tes… Vous voyez ce que je veux dire ?

Jésus a dû ac­complir plusieurs mirac­les pour que quel­ques fidèles ac­ceptent de le suiv­re. L’Open d’Australie était le pre­mi­er. Vive­ment Wimbledon !

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Classé 15/4, je joue au ten­nis de­puis 40 ans... Appris à jouer avec une prise mar­teau, des années à m'en débar­rass­er.

135 Responses to La preuve par 18

  1. Djita 31 janvier 2017 at 23:58

    D’ailleurs à mon tour de vous raconter comment j’ai vécu cet open d’Australie. Alors tout d’abord je n’attendais rien mais absolument rien de Roger. Je m’attendais à ce qu’il perde au deuxième ou troisième tour. J’ai vu ces matchs avec une attitude totalement zen, car la défaite pouvait venir à tout moment. Mon cerveau et mon cœur étaient prêts à encaisser une défaite. C’était un sentiment extrêmement agréable.
    Je crois que j’ai commencé à y croire uniquement quand il est parvenu en finale. Je me suis dis  » et s’il le faisait? » Mes frères étant des FFF, ils ont commencé à m’appeler pour partager leur joie de voir RF en finale et s’inquiétaient déjà de voir Rafa face à lui. Moi encore plus. Je me suis dis « Ce Rafa que j’apprécie beaucoup d’ailleurs va encore venir briser notre rêve de voir Federer, remporter un 18ème titre » Je refuse donc d’espérer, la douleur des défaites était trop intense ces dernières années. Et j’étais hyper fiere car j’étais passé à autre chose et je voulais juste profiter du super tennis de Rodger et ne plus espérer même si le principal intéressé y croyait dur comme fer.
    Un rdv matinal m’a empêché de regarder le début de la finale (croyez moi j’étais bien contente d’avoir ce rendez-vous, ça m’évitait de stresser surtout apres ma nuit blanche) j’ai supplié mes frères de ne pas me tenir au courant du score même si RF mènerait éventuellement la finale ( évidemment ils ne l’ont pas fait pour mon grand plaisir d’ailleurs). Je suis rentré à la maison au moment de l’égalisation de Rafa. J’étais désespérée. Mais bizarrement je n’ai pas éteins ma télé. Quelque chose m’a poussé à continuer de regarder. Même apres le break de RAFA (c’est la meilleure idée que j’ai eu) et j’ai pu assister à la remontada incroyable de Rodgeur. J’avais l’impression d’être dans un rêve. On parle parfois d’alignement de planètes, de chances, de circonstances atténuantes mais pour moi c’était son destin cet open c’était écrit!
    La joie Que j’ai ressentie lors de sa victoire est indicible. Elle m’a même surprise. J’avais les larmes aux yeux. Quand vous avez quelque chose dont vous rêvez depuis des années secrètement qui se réalise et bien ça vous fout un coup dans le cœur et mets pleins de sensations bizarres. Je me souviens avoir appelé mes frères. Avoir crié, rit, sauté et que sais-je encore. Nous étions dans une douce euphorie, qui n’est toujours pas retombé d’ailleurs.
    Puis je suis venue vous lire , partager ma joie et la votre. Lire vos réactions et votre bonheur, car finalement c’est aussi avec vous que j’avais envie de partager ça.

    J’ai connu RF, il y’a 10 ans. J’avais à peine 17 ans. J’en ai dix de plus et je n’ai pas vu les années passées. J’ai côtoyé 15-love quand j’étais une jeune fille toute innocente ;) Depuis j’ai construit une vie de famille très épanouie et j’ai grandi et mûri . Mais je n’ai pas vu les années passées. Quels bons délires j’ai eu ici avec vous. Ah le bon vieux temps comme on dit. Ce titre de RF m’a libérée d’une certaine manière. Je n’attends vraiment plus rien de RF, le reste sera réellement du bonus. Que RAFA le dépasse ou pas, Rodger est et sera à jamais le meilleur joueur de tennis que j’ai vu et qui m’a donné tellement de plaisir.

    J’aime Rodger et je vous aime aussi…énormément.

    • Antoine 2 février 2017 at 18:39

      Vraiment sympa ton post Djita.

      Cette victoire m’a fait le même effet que lorsqu’il a gagné à Roland Garros en 2009. Un sentiment d’achèvement de quelque chose qu’il voulait depuis très longtemps…

  2. Alex 1 février 2017 at 08:05

    Vraiment bon cet article, tu as bien analysé les choses ! Rodje est au-delà des comptes d’épicier, sa magie se joue des chiffres, la beauté est parfois mathématique, celle de l’esthète est dans ses courbes, celles des trajectoires imprimées à la balle.. chapeau l’artiste

  3. Lucile 1 février 2017 at 11:37

    Superbe texte Homais.
    Quel plaisir de vous lire tous avec votre talent d’écriture que l’on rencontre si peu ailleurs.
    Le lyrisme ambiant est à la hauteur de l’immense joie que nous a procuré cette victoire tellement désirée mais tellement inattendue.
    Comme vous tous, deux sentiments prédominent : l’immense joie bien sûr mais aussi le soulagement.
    J’étais tellement triste pour Roger qu’il butte comme ça en finale alors qu’il le méritait tellement. Mais comme il est dit sur l’autre fil, le mérite en sport…..Et bien là, pour une fois, le mérite a été récompensé.
    Je crois que cette victoire est une de mes plus grande joie sportive avec RG 2009.
    L’histoire est tellement belle avec ce scénario hitchcockien.
    Paradoxalement, c’est au moment où il devient sans doute inaccessible dans les chiffres qu’il s’affranchit définitivement des chiffres.
    Quel beau dimanche. Merci Roger.

  4. Renaud 1 février 2017 at 14:32

    Une petite question en passant pour les rois des stats
    N’est-ce pas la 1ère fois que Fed break Nadal dans chaque set dans un match au meilleur des 5 sets
    Car si je ne m’abuse il a pris au minium une fois le service de Nadal dans chacun des 5 sets ?

    Merci pour la réponse

    Si j’avais vu juste une explication de plus pour justifier sa performance.

    • Antoine 2 février 2017 at 18:37

      Pas dans le 4ème set, mais dans tous les autres, oui…C’est ce qui m’a permis de rester à peu près zen quand il a été breaké au début du cinquième..

      • Renaud 3 février 2017 at 15:46

        Merci du retour
        Même si effectivement pas dans le 4ème je pense que le déroulé du match lui a certainement servi à rester Zen comme tu dis

  5. Gerald 2 février 2017 at 21:06

    Je me suis amusé à regarder plus loin le palmarès de Roger en GC

    Roger, c’est à ce jour 69 GC dont 65 consécutifs!!!

    C’est certes 18 victoires mais aussi 10 finales.

    On peut ajouter ces 13 1/2 finales qui signifient que dans 41 (18+10+13) de ses 69 participations, il s’est retrouvé dans le dernier carré!

    Si on rajoute encore ses 8 quarts de finale, on arrive à dire que 71% de ses participations, il s’est retrouvé en seconde semaine de GC.

    Pour compléter le tableau, on mentionnera encore ses 8 places en 8ème de finale, ses 5 fois au 3ème tour, son unique élimination au 2ème tour (Wimbledon 2013!!) et ses 6 éliminations au 1er tour (toutes entre 1999 et 2003).

    Par tournoi maintenant:
    L’AO c’est 5 victoires, 1 finale, 7 demis, 2 8ème et 3 fois le 3ème tour et surtout 18 participations consécutives depuis 2000.

    Roland-Garros lui a valu 1 victoire, 4 finales, 2 fois les 1/2, 4 fois les quarts, les 8ème à 2 reprises, le 3ème tour à une reprise et 3 éliminations au 1er tour en 17 participations

    Wimbledon, son jardin avec 7 victoires, 3 finales, 1 fois les demis, 3 fois les quarts, le fameux 2ème tour en 2013 et … 3 fois le 1er tour (1999,2000, 2002) comme quoi son amour pour le gazon n’était pas naturel!! 18 participations consécutives ici aussi et 14 fois au moins en quarts de finale, impressionnant!

    Flushing Meadows: ici c’est 5 victoires, 2 finales, 3 demis, 1 fois les quarts, les 8ème à 4 reprises et une fois le 3ème tour en 2000. Pour ce tournoi, il n’y a « que » 16 participations.

    Bref, si sa santé tient encore cette saison, ses deux « meilleurs » tournois sont encore à venir…

    Et pourquoi pas 19…

    • Lucile 2 février 2017 at 22:57

      Et pourquoi pas en effet ? Il a dit que Wimbledon était évidement un objectif prioritaire.
      Je pense qu’il va être libéré d’un grand poids et si son physique tient le coup je le vois être très dangereux sur les deux derniers grands chelem.
      Quand on l’entend en interview il a l’air remonté comme un coucou (Suisse) et ça fait vraiment plaisir. Le lien : https://www.youtube.com/watch?v=9sYr2KiHZSI

    • Elmar 3 février 2017 at 07:42

      Son amour pour le gazon est tout à fait naturel, d’ailleurs il y a gagné son seul titre du chelem chez les juniors.
      Mais il se mettait à chaque fois beaucoup trop de pression en arrivant à Wimbly.
      Bon et une année il perd quand même contre Ancic dont le jeu était parfaitement adapté au gazon.

  6. Achtungbaby 3 février 2017 at 13:56

    Questions post AO :

    - faut il avoir un T-shirt qui pique les yeux pour créer l’exploit en finale de GC ou est-ce une spécificité suisse ?
    - suis-je le seul à trouver Fed un peu hautain avec son adversaire quand il bénéficie d’un let dans le jeu ?
    - quel influence réelle peut on accorder à Lubjic sur le revers pétaradant de Fed durant cet AO ?

  7. Achtungbaby 3 février 2017 at 14:03

    Question subsidiaire : à partir de combien de re-visionages de certains passages de la finale doit on consulter ?

    • Don J 4 février 2017 at 09:43

      Autant que tu veux, ça sera même bientôt prescri par tous les médecins du monde, vu leur vertu curative !

  8. Achtungbaby 3 février 2017 at 14:06

    Question subsdiaire-bis : quel autre joueur sur le circuit est plus nerveux que Nadal (à part les retraités Agassi et Roddick) ?

  9. Homais 3 février 2017 at 21:13

    Pour la réponse à ta première question, je sais pas… Comme j’avais l’alibi de ne pas avoir vu le direct, j’ai commencé par des HL de 17 min, puis de 25, puis la version longue, plus des extraits ici et là. Faut que j’arrête.
    A revoir le match, je me demande encore comment il a pu gagner au 5e : il a affiché un niveau en revers stratosphérique à ce moment là quand dans les matches précédents il en était à boiser et à mettre dans le filet. Sans ça, il était vraiment mal après le break. Sa victoire a, de ce fait, quelque chose de miraculeux. Pourtant, dans le même temps, il a dominé tous les sets je trouve, même ceux qu’il a perdus : toujours lui qui était dans le court, à dicter.

    Pour la réponse à ta seconde, Nadal est hors compétition depuis longtemps. Plus de tocs chaque saison…

  10. Jérôme 4 février 2017 at 11:48

    Antoine, je maintiens sur la très relative mais non moins réelle faiblesse relative de Federer au plan mental par rapport à d’autres grands champions qui, eux, ont où avaient un mental de pitbull inoxydable.

    C’est une analyse d’autant moins délirante qu’elle est fondée sur des résultats la corroborant assez nettement et pas du tout limitée à ses seules confrontations avec Nadal.

    Et ces résultats auxquels je me réfère, ce sont les issues des matches en 5 sets disputés par Roger contre des cadors dans les tournois du grand chelem ou dans d’autres tournois dont la finale se jouait en 5 sets.

    Depuis qu’il est arrivé au sommet du tennis (en 2003) et avant cette finale de l’open d’Australie 2017), Roger n’avait gagné que 4 de ces matches (quart de finale de l’US open 2004, contre Agassi qui avait tout de même 34 ans, finale de Miami 2005 contre un Nadal qui n’avait pas encore 19 ans et qui n’était pas encore tout à fait devenu Nadal, finale de Wimbledon 2007, finale de Wimbledon 2009 contre Roddick qui n’était plus un cador mais a joué le match de sa vie).

    En revanche, il en avait perdu un paquet. J’en décompte 9 (demi-finale de l’open d’Australie 2005 contre Safin, finale du Masters 2005 contre Nalbandian, finale de Rome 2006 contre Nadal, finale de Wimbledon 2008 contre Nadal, finale de l’open d’Australie 2009 contre Nadal, demi-finale de l’US open 2010 contre Djokovic, demi-finale de l’US open 2011 contre Djokovic, demi-finale de l’open d’Australie 2013 contre Murray, finale de Wimbledon 2014 contre Djokovic).

    On pourrait rajouter 1 ou 2 matches à chaque colonne du décompte (la demi gagnée contre Del Potro en demi de RG 2009 et le quart perdu contre Tsonga à Wimbledon 2011), mais cela ne change guère le ratio.

    Quand Federer est embarqué dans un 5ème set contre un cador, cela se termine en défaite 2 fois sur trois.

    Federer gagne ses matches contre des cadors dans une relative facilité, en général en 4 sets, parfois en trois. Mais quand il est embarqué par eux dans un 5ème set, c’est le signe qu’il n’est pas au mieux et c’est de mauvais augure parce que lui n’est pas autant un pitbull qu’eux. Ce genre de 5ème set, c’est comme de l’ultimate fighting. En général, le maître en arts martiaux se fait battre par le pitbull.

    C’est pour cela que cette victoire de Federer en 5 sets contre Nadal en finale de l’OA 2017 arrive pour moi au sommet de ses finales de GC. Il a élevé son engagement mental à un niveau qu’il n’avait pas autant ou ne parvenait pas autant à avoir dans ce type de confrontation. Il a été cherché au fond de lui quelque chose qu’il avait mais qu’il ne parvenait auparavant pas à mobiliser.

  11. Jérôme 4 février 2017 at 14:18

    Tenez. Ce petit court métrage vaut le détour et la rigolade.

  12. Renaud 4 février 2017 at 16:17

    Jérome je maintiens que tu tords les faits pour les faire rentrer dans ta grille de lecture.
    Le jeu des uns, Fed, McEnroe, Sampras, Edberg… nécessite plus de précision qui comme chacun le sait s’effrite au fil des heures, donc et tout naturellement ce type de joueur développe une filière qui les conduit à jouer vite et à être plus performant sur 2-3 voir 4 sets.
    Pour le dire autrement ils sont capable de fulgurances, de génie mais c’est très rare de pouvoir tenir cette filière pendant 3h30 et +

    Le jeu des autres, Nadal, Djokovic, Willander, Lendl…. se construit d’avantage dans le « combat » et s’ils ne sont capable des mêmes fulgurances que les premiers cités ils sont à l’inverse à même de tenir et maintenir un niveau élevé plus longtemps.

    Bref si Fed a gagné la majorité de ses matchs rapidement c’est intrinsèque à son jeu et tout naturellement il baisse d’intensité au fil des heures (imperceptiblement pour le profane) suffisant parfois pour son adversaire à plus forte raison si c’est un Nadal ou un Djoko pour le coiffer sur le fil.
    CQFD

    • Jérôme 4 février 2017 at 17:47

      Alors on est au moins deux à tordre les faits de la même manière : Mac Enroe et moi. Confère l’analyse d’après match sur YouTube.

      https://youtu.be/5SPwQnnq8Y0

      • Renaud 6 février 2017 at 15:16

        Tout d’abord ne jamais oublier que c’est plus facile de commenter l’histoire quand le résultat est connu. Vision courtemiste par excellence.
        Bref sempiternelle rengaine
        S’il avait perdu c’est qu’il est faible mentalement
        S’il a gagné c’est qu’il a vaincu sa faiblesse mentale

        Jusqu’à la prochaine fois.

        Surtout dans le H to H Fed versus Nadal et Djoko il faudra tôt ou tard accepter le fait qu’il n’est pas de la même génération qu’eux et que 5 ou 6 ans d’écart c’est vertigineux dans le sport professionnel.

        Pour le dire autrement et si tu exclues donc les 2 joueurs cités il n’a pas un ratio particulier en matière de 5 sets sur les joueurs de sa génération me semble t’il ???

  13. Geo 7 février 2017 at 11:45

    Une question aux membres de la secte de La Chèvre, fort représentée ici, au sujet de l’idolâtrie. Je fus, pour reprendre une expression de Karim, « amoureux d’Agassi » à l’adolescence (bon, une adolescence débutée dans les années 90 et qui a pris fin en même temps que la carrière du Kid). Chaque victoire m’enthousiasmait et plus encore, chaque défaite importante était une horreur. Mieux valait ne pas croiser ma route un lendemain de finale de l’US Open (Pete, si tu me lis, je t’ai parfois maudit).

    Le temps a passé. J’ai ou j’ai eu ces dernières années de vraies sympathies pour des joueurs aussi différents que Nalbandian, Couilles, Dimitrov, demain Kyrgios (?), d’autres le temps d’un match ou d’un tournoi. Je souhaitais vivement que Federer gagne la finale de Wimbledon 2012, j’estimais que Djokovic méritait de remporter celle de 2014. Toutefois il n’y a pas plus de déraison dans l’inclination virtuelle qui m’anime. Mon cœur ne bat plus aussi vite, aussi fort.

    Comment faites-vous pour vibrer à ce point une fois la maturité venue? Parfois, je vous envie.

    • Achtungbaby 7 février 2017 at 15:46

      En ce qui me concerne à 15 ans mon humeur dépendait des résultats de Big Mac. Le diable s’appelait donc Lendl.

      Aujourd’hui mon humeur ne varie pas en fonction des résultats de Federer, en tout cas pas au delà de la durée d’un match, et je ne bas personne en cas de défaite. Par contre je vis ses matchs intensément (parfois comme un sauvage, il faut l’avouer), a fortiori quand Nadal ou Djoko sont en face.

      Contrairement à l’époque de l’adolescence où j’avais une petite tendance à l’idolâtrerie, je ne me fait AUCUNE illusion sur le/les personnages, dont je me fous royalement. J’ai simplement déjà écris souvent ici que je ne perçois pas du tout Federer comme le joueur modeste et humble qu’on nous vend à longueur d’articles. Mais peu importe.

      Je vibre pour le beau jeu au tennis, et pour moi c’est Fed qui le personnifie. Je le vois comme un artiste. Certains vibrent sur un match de foot, d’autres sur un opéra, d’autres sur un magnifique paysage, d’autres encore sur un bon plat ou une bonne bouteille. Certains (dont moi) sur plusieurs de ces choses/sensations.

      ça ne se commande pas j’imagine, et cela ne me paraît pas une bonne idée de faire intervenir la maturité la dedans, comme si nous étions des gamins immatures. Sauf à dire qu’avec l’âge on apprécie encore mieux les bonnes choses et qu’on vibre d’autant mieux qu’on connait leur valeur…

      J’espère que dans la petite liste ci-dessus, quelque chose vous concerne, c’est tout !

  14. Renaud 7 février 2017 at 12:42

    Juste garder une âme d’enfant et la capacité de s’enthousiasmer dans le cas présent.
    La sagesse selon Oscar Wilde aussi par exemple.
    Etc etc
    Essaye tu verras c’est rafraîchissant

  15. Homais 8 février 2017 at 10:01

    Pareil que Achtungbaby… Je vibre pour ce que Fed incarne, la manière dont il joue et qui correspond à ce que plein de joueurs aimeraient atteindre (petits amateurs comme moi ou grands champions même encore en activité). Et donc je suis heureux quand je vois que le tennis qu’il représente (et qui va contre une relative monotonie de jeu) parvient encore à l’emporter. Je suis heureux pour ce que j’aime au tennis.
    Après, évidemment, à 50 ans passés, il n’est pas raisonnable d’avoir des emportements d’adolescent mais le jour où je n’en aurai plus du tout, c’est que le tennis me sera devenu complètement indifférent, et je regretterai le temps où quelque chose me faisait encore vibrer : ça prouve que je suis encore un peu en vie, aussi…
    Tout n’est pas que tennis dans cet enthousiasme : il y a des côtés plus personnes : parce que j’aime bien aussi l’idée qu’il donne encore la leçon a des gars qui ont 15 ans de moins que lui… une petite revanche qu’il offre à son public sur le temps qui passe, et qu’il le doit à sa maîtrise du jeu; j’aime bien aussi le fait qu’il a une femme qui ne ressemble pas à un mannequin et qu’il a quatre gosses à la maison : je te l’accorde, on est à la limite du comportement de groupie adolescent, mais j’assume : péché véniel…

  16. Renaud 8 février 2017 at 19:53

    Merci à vous deux de résumer parfaitement avec des mots que j’aurai pu utiliser ce que je ressens.

    Et pour le coup l’image des joueurs est savamment mis en avant par les journalistes qui vivent de cela et parfois avec le concours de l’entourage des joueurs voir avec le joueur lui même.

    Le plus bel et dernier exemple, la célébration de victoire de Djokovic à RG !!!

    Et pour le coup oui j’ai totalement, avec mes 50 ans passés, dépassé tout ce qui concerne l’à côté du sport.
    Pas plus Fed que Nadal qu’un autre ne sont des exemples dans le sens « valeurs humaines » puisqu’ils font partie de ce système qui accepte avec les millions d’€ sur la table de ne faire très bien vivre qu’une poignée de joueur (dont eux) bien vivre qu’une petite centaine et d’avoir des centaines de pros à la rue financièrement parlant.

    Par contre sur la partie sport et je me refuse l’emploi du mot « spectacle » je vibre autant qu’avant.

    J’irai même plus loin, je pense que seul le sport peut procurer cet engouement et cette fraternité à grande échelle et ce genre d’émotion (mais là je suis partisan car je sais évidemment qu’un bon concert, une oeuvre, un film, un paysage…le peuvent tout autant)

    Une anecdote pour préciser ma pensée sur le point « fraternité », un ami à moi était dans la région de Lille lors de la 1/2 finale de la France en hand, il a réussi à acheter l’une des dernières place pour le match et comme il me disait il a vibré avec des parfaits inconnus durant tout le match :-)

    Bref Fed est ma référence en tennis, il est le Tennis tout comme Rossi est la moto, Ali la boxe, Jordan le basket…

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