Tandem : quatrième étape

By  | 24 juillet 2016 | Filed under: Actualité
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Stéphane Robert à la re­lan­ce

Ainsi par­lait, sur la ligne de départ de Tan­dem, Nat­han (ne ratez pas son post-scriptum en fin d’ar­ticle !) :

« En­fl­er » les gens n’est pas mon genre, mes amis ! Les as­sas­sin­er, oui, quand ils m’in­suppor­tent, mais les en­fl­er, jamais !

D’un Ric­hard à l’autre… je sais pour­quoi Pat­ricia a choisi le nom de Tan­dem au nouveau jeu, c’est en­core à cause de Ric­hard… Ric­hard Co­ccian­te, « il mio re­fugio », la chan­son du film « Tan­dem » que même Mar­garet Thatch­er se pas­sait en bouc­le, le soir, toute seule dans son bureau, en pleurant énormément !

Oui, je tutoyais les étoiles à 3000 mètres d’al­titude jusqu’à me rétamer sur une plaque de verglas, à force de trop de gravité. Mon dos re­ssemble à celui de Ric­hard, en bien pire et en­core plus douloureux. Varap­pe, « sport à la con », décidément !

Oui, Rub­lev m’ap­partient, il est tout à moi ! Merci, mes frères, merci ma sœur, de vos générosités! L’âme russe plus violen­te que l’es­pagnole et sur­tout tel­le­ment plus in­spir­ée, c’est pour moi ! Davai ! C’est pas que le gamin soit une as­suran­ce tous ris­ques, oh que non ! Sa fin d’année fut aussi médioc­re que son début re­ten­tissant. Son physique m’inquiète et sur­tout son coude. Mais qu’im­porte ! J’aime les los­ers glorieux ex­empts de tout djokovis­me, la mal­adie in­fan­tile et pénible du ten­nis.

Si j’ai bien com­pris, il, faut que je lui trouve un vieux pour calm­er son tempéra­ment de feu, c’est bien ça ?

Je re­pars il­lico, cette fois-ci pour me « plong­er dans le poème de la mer », moins dan­gereux que les som­mets glacés. Je vais re­lire la prose mag­nifique de Pat­ricia et la règle du jeu par la même oc­cas­ion dans le train.

Tan­dem sera une réus­site, pour les joueurs, le para­dis… comme Van­es­sa :

« Dans le mot je t’aime /Tan­dem/ Autant d’M/ Par­fois ça bril­le comme un diadème/ Toujours le même thème/ Tan­dem/ C’est idem/ Bientôt le crash I don’t know when ».

So long ! Rub­lev is good for me, sure !

Nat­han est porté dis­paru, au front des vacan­ces, au front du déclin cap­rin, comme tant d’aut­res. On n’aura pas eu la joie de goûter à nouveau ses jail­lisse­ments lyriques sur le de­stin des paris risqués : oui, à l’heure où s’achève bi­z­ness as usual la Gran­de Bouc­le, la quat­rième étape de notre jeu cyc­loten­nistique donne le Tan­dem de Nat­han bon de­rni­er. James Dean a renâclé à l’obstac­le, il a plongé trop pro­fond dans le poème de la mer et Gab­riel Garcia-Lopez n’a pas re­dressé la barre. Déprime, ab­an­don de l’étape de juin, Nat­han nous fait une Rub­lev, c’est logique.

Fast an furi­ous into the Wall : An­drei Rub­ley

Porté dis­paru aussi, le Vieux Beau de Zogidur : il est plus pro­b­able que Tommy Haas qui can­tonne ses ap­pari­tions ten­nistiques à Miami et à l’herbe al­leman­de, déplie ses raquet­tes en cette année. Le re­mplace­ment par son gauch­er Ramos per­met un coup d’éclat au fan numéro 1 de Gil­les Simon : tout comme son archi-jeunot Auger-Aliassime (récent fin­alis­te à Wimbledon junior), l’es­pagnol sur­mon­te l’obstac­le d’un co­ef­ficient peu juteux et dans une ac­tion très co­or­donnée, se hisse sur le podium : 3è place au général, 3è place in­dividuel­le pour chacun des co­ureurs.

Podium monocycle

A 15 ans, le jeune Félix poin­te ac­tuel­le­ment à la 597è place du clas­se­ment, malgré un début d’année com­promis par les bles­sures. 250 places gagnées, un titre en doub­le à Wimbledon avec son com­par­se Shapovalov (la pépite de précocité passée sous les radars de Tan­dem)…. Ils vont faire très mal en Coupe Davis dans quel­ques années, si les gros co­chons du ten­nis bi­z­ness ne la vident pas de toute sub­stan­ce (ce qui paraît bien parti).

Parl­er de Ramos est pour moi un tour de force, sans Jeff je serais coite, malgré quel­ques jolis faits d’armes : récem­ment Ramos a battu Ver­dasco en fin­ale de Bas­tad, at­teint un troisiè­me tour à Wimbledon sorti par un Gas­quet qui pro­met­tait des étin­celles (snif), et sur­tout il claque un quart à Roland Gar­ros, où il torche en en­filade Sock et son gros coup droit, Raonic et son gros ser­vice. Oui, sa vic­toire con­tre Roger doudou l’an de­rni­er à Shanghai (ouch) n’était pas un coup dans l’eau !

Pas trouvé de photo pour le quart de Ramos : ap­parem­ment, l’affront à Roger a plus marqué Goog­le…

Plus tri­ste que la défec­tion de Haas, dans l’ordre naturel des choses, celle du jeune Chung, ex­pliquée par des problèmes familiaux d’après notre sour­ce coréenne Babolat, me voit per­dre à la fleur de l’âge un Blanc-Bec au jeu très agréable et au poten­tiel des plus pro­met­teurs : après un début d’année où il trainait sa peine de défaite en défaite, il semble après Roland Gar­ros avoir mis fin à sa saison, peut-être à sa carrière, sans tam­bours ni trom­pettes. Je lui ai sub­stitué mon jeune gauch­er Nis­hioka, qui tire pas trop mal son épingle du jeu. Du coup mon Tan­dem intègre le top 5, mais si Chung pouvait se sor­tir de son abîme et re­point­er sa fra­ise je serais ravie de pre­ndre la lan­terne rouge à Nat­han.

Nis­hioka est une minia­ture façon Roc­hus avec un joli coup d’œil et une belle patte de gauch­er ; à la Race, il poin­te au 81è rang mon­di­al, alors qu’il s’ébat­tait dans les eaux de la 150è place en fin d’année 2015. Il vient de battre Tiafoe, le jeunot d’Elmar en fin­ale du chal­leng­er de Win­netka.

L’an passé, Nis­hioka por­tait le short co­chonou sacré à Roland Gar­ros, et a réussi ce hot shot de mal­ade digne de rasta Brown !

Par­lons main­tenant des très bon­nes sur­prises : le nouveau caïd à Tan­dem, celui dont le score écrase le précédent cador Fritz (qui semblait hors d’at­tein­te), c’est notre Stéphane Robert Nation­al !

Etape 4 Tandem

Grâce à l’extraor­dinaire run du Kerouac de l’ATP (co­pyright Nat­han), Mon­tagne chipe la première place à Nico !

Epaulé par un Moutet en con­valesc­ence, le seul Tan­dem franco-français en­file les cols les plus ardus, fait la raz­zia sur les étapes de Mon­tagne (hahum), et pro­uve que notre jeu est décidément al­ter­natif et décrois­sant. L’ami Stéphane ne s’est pas con­tenté d’une défaite au panac­he jouis­sif con­tre le yéti Djoko à Rome, ou en huitièmes de fin­ales con­tre le néo Mon­fils aux Anti­podes : une demi fin­ale dans un 500 (cer­tes sacrément étiolé) vient co­uronn­er un par­cours con­stam­ment taillé à la mac­hette dans les qualifs brous­sail­leuses, à quoi s’ajoutent un titre et deux fin­ales sur le cir­cuit secon­daire.

Stéphane a revêti ses plus beaux atours pour célébrer !

Un de­rni­er mot pour la per­for­mance de Zverev, qui pour­rait bien co­iff­er Fritz au poteau si ce de­rni­er ne re­fait pas un coup d’ici la fin d’année. Alex n’a pas brillé en ses ter­res ham­bour­geoises pour­tant fauchées de tout top 20, et le clash avec le re­venant Mon­fils en demi de Was­hington a fait pshit (bagel au second set), mais il a marqué les esprits sur toutes les sur­faces : fin­ale sur herbe à Halle, à Nice con­tre Thiem, et sur­tout un joyau de match con­tre un ex­cel­lent Gilou sur l’in­door rapide de Rot­terdam. Plus d’images (bouffées par le co­pyright), sub­sis­te notre match-calling ému sur cette épip­hanie ten­nistique.

Gloire et hon­neur donc au Tan­dem de Mon­tagne !

logo tandem4

Moutet et Robert es­caladent les som­mets

POST SCRIP­TUM MELAN­COLIQUE de Nat­han (aussi déprimant qu’une chan­son de Léo Ferré)

« M’en fous d’être le de­rni­er. De toute façon, les de­rni­ers seront les pre­mi­ers. C’est quel­qu’un de bien qui a dit ça, un jour.

Re­stons sur le ten­nis, sujet mineur dans ce monde plein de fureur et d’hor­reur. Il faut con­tinu­er à parl­er de sujets mineurs, ab­solu­ment. Alors par­lons ten­nis.

Et là, y a de quoi pleur­er aussi, faut le dire, à défaut de tragique. En­core que…

Dans la fade tisane des peine-à-jouir qui voyaient dans le ten­nis « in­tel­ligent » made in Be­lgrade quel­ques matières à se dis­traire (il y a deux no­tions qui sont très bêtes au ten­nis, comme ail­leurs en fait mais plus qu’ail­leurs tout de même, c’est l’in­tellig­ence et le naturel), il y avait fort heureuse­ment quel­ques as­tres mer­veil­leuse­ment ar­tificiels qui bril­laient du plus bel éclat dans la banalité du ciel sport busi­ness des champ­ions ban­als, in­tel­ligents et naturels.

Je ne par­lerais pas de l’homme de Vit­ruve du ten­nis, le génie suis­se dont chaque coup droit aut­refois semblait at­teindre la per­fec­tion du nombre d’or de la bi­omécanique. Avec le temps, hélas, va, tout s’en va… On connaît la chan­son et on re­gar­de l’astre quitt­er la scène, en­core joli­ment, très joli­ment même.

Non je par­lerai du petit Rub­lev qui me plaisait tant. Il était mal élevé, par­fois mal em­bouché, ner­veux, bavard, em­porté, on le de­vinait plus Russe que Safin, plus rockn’roll, plus fou, plus mys­tique, plus…

Rien de moins cérébral que le ten­nis de Rub­lev, enfin ! C’est le ten­nis du corps, du bras, du coeur, de l’es­tomac, le ten­nis qui de­man­de enfin à la tête de suiv­re et de cess­er ses cal­culs d’épici­er auvergnat. Rub­lev traver­sait des pas­ses « in the zone », ces périodes sub­limes qui im­pri­ment notre mémoire quand le corps du champ­ion de­vient in­tel­ligent. Rub­lev était un joueur nietzsché­en, au fond.

Pat­ricia lui a porté la pois­se en l’ap­pelant « James Dean ». Il ne s’est pas crashé avec une Porsche dans un platane. C’est pire en­core. Ce n’est pas tant qu’il perde be­aucoup. Il perd be­aucoup ef­fective­ment. Mais, franche­ment, il n’y a pas de défaites déshonoran­tes puis­que l’on sait main­tenant qu’il peut y avoir des vic­toires pre­stigieuses sans hon­neur.

Non, c’est bien pire. Rub­lev a perdu sa magie.

« Il avait perdu sa magie. L’élan n’était plus là… Au lieu d’être cer­tain qu’il al­lait être extra­or­dinaire, il savait qu’il al­lait à l’échec. Cela n’intéres­sait plus per­son­ne. Il n’ar­rivait plus à at­teindre le pub­lic. Son talent était mort. Aut­refois, quand il jouait, il ne pen­sait à rien. Ce qu’il faisait bien, c’était par in­stinct. Main­tenant il pen­sait à tout et cela tuait toute spon­tanéité, toute vitalité. Il es­sayait de contrôler son jeu par la pensée. Il ne réus­sissait qu’à le détruire… » (Carole Bouc­hard, non ! Philip Roth, Le rabais­se­ment)

Je sais. On me par­lera de la Coupe Davis ex­emplaire, de la vic­toire sur Haase, d’un doub­le re­mporté, des hauts et des bas inhérents au ten­nis pro­fes­sion­nel, de la néces­saire maturité, d’un chan­ge­ment salutaire d’entraîneur, et puis du travail, en­core du travail et toujours du travail sur le plan physique, sur le plan tac­tique, sur le plan ment­al, sur le plan diététique, du cais­son, du glut­en… et on me citera de nombreux ex­em­ples de joueurs et de joueuses qui etc.

Je crains que cela ne soit plus grave. Quel­que chose s’est cassé. Il a perdu sa magie.

Mais il me reste Roland Gar­ros et les tour­nois de jeunes. Quand j’y vais tous les ans, je pense toujours à ce texte si éton­nant de Péguy dans Clio (non, pas la bag­nole) sur le sec­ret de l’homme de quaran­te ans :

« Cet homme est ou n’est pas philosop­he. Il est ou il n’est pas blasé. Il a une pensée de bête. Ce sont les meil­leures. Ce sont les seules. Il n’a qu’une pensée. Et c’est une pensée de bête. Il veut que son fils soit heureux. Il ne pense qu’à ceci, que son fils soit heureux ».

N’est-ce pas cela au fond que je vais cherch­er dans l’éclat d’un re­v­ers, d’un coup droit, l’il­lus­ion si per­nicieuse d’un avenir radieux chez ces jeunes joueurs si talen­tueux ? »

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Avocate at­titrée de Ric­hard Gas­quet sur 15LOVE (SAUVEZ les bébés phoques !) et Thiemolâtre irrécupérable. Que le Re­v­ers à Une Main soit avec toi.

62 Responses to Tandem : quatrième étape

  1. Patricia 10 août 2016 at 10:18

    Si tu vas à Rio, tu tombes de haut.

  2. Elmar 11 août 2016 at 13:34

    L’événement tennistique de l’été, c’est quand même l’accession de Juju de Bresse à un quart de finale de tournoi ATP.

  3. Patricia 11 août 2016 at 16:24

    Je regarde le début du Nadal/Simon, Gilou a l’air bien décidé à jouer les poisons. Il contrôle les zones à fond et vient de breaker blanc.
    Par contre sa barbe est encore plus moche que d’hab.

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