CHAPITRE 3/INFILTRATION
El**01225
Oula, les amis. Je me réveille avec un putain de mal de crâne. Que je vous explique ma soirée…
Hier soir, après mon point de la situation, je me suis engouffré dans le premier restaurant ouvert… Le Migimig. Ils font d’excellentes gambas. Il se trouve que j’étais pratiquement seul au restau; apparemment les Manacori sont très inquiets car la saison touristique est spécialement désastreuse, avec des températures qui ne prennent pas l’ascenseur… et ce ne sont pas les locaux qui vont aider à soutenir l’économie vu qu’ils sont sacrément dans la dèche.
Bref, comme il n’y avait personne, ça a été facile d’engager la conversation avec le serveur… qui était en fait le patron (ils ont même plus de thune pour le petit personnel…). J’ai donc pu continuer à me renseigner et, ça tombe bien, figurez-vous que le serveur, qui était en fait le patron du restau, n’était autre que l’oncle de Xisca! La vie est bien faite, non?
Comme avec le chauffeur de taxi, je n’ai eu qu’à sortir un « Incroyable, ce Nadal! » pour qu’il se mette à s’agiter dans tous les sens, me sortent les photos de Rafa dans son restau ou de Xisca, enfant, dans ses bras. J’ai eu droit à tous les détails de son enfance. Un temps, ils ont été inquiets pour la petite Xisca, parce que l’école, apparemment, c’était pas trop son truc. Et puis vers 13-14 ans, elle a commencé à fréquenter les bad boys du quartier. Du coup, quand elle s’est rapprochée de Rafalito, ils étaient plutôt contents, parce que sortir avec un Nadal, ça veut dire quelque chose à Manacor!
Pep – c’est son nom… je vous ai dit qu’on était copains comme cochons, après la gnole qu’on s’est avalée – aurait pu me parler toute la nuit. Le pauvre homme se sent seul depuis que sa femme l’a quitté pour un Xavier, plus jeune et moins bedonnant. Mais je m’égare presque autant que lui. Je l’écoutais mais je ne perdais pas de vue mon objectif. Plusieurs fois, j’ai dû le recadrer. En tous cas, le plus important dans l’histoire, c’est qu’il m’a dit que Xisca rentrerait seule à Manacor ce matin parce que Rafa devait prolonger des examens médicaux chez son nouveau médecin attitré à Barcelone (de ce que j’ai compris, Rafa a dû changer récemment de médecin car le sien, Dr F. est aux abonnés absents… Je vous jure, y a plus d’éthique chez ces médecins qui se tirent sans rien dire à leurs patients).
Vous imaginez bien que pour moi, ça commençait à devenir intéressant… Eh bien l’histoire ne s’arrête pas là. Pep avait téléphoné à la petite Xisca hier matin, parce qu’il se sentait mal ; ses enfants ont tous pris le parti de Maria (son ex-femme) et lui reprochent d’avoir toujours fait passer son restau avant sa famille. Pauvre Pep, il me faisait mal au cœur : lui qui a tout donné pour sa famille, jusqu’au nom de son restau en hommage à son aîné Miguel.
En tous cas, le malheur des uns faisant le bonheur des autres, il se trouve que la seule qui prend des nouvelles de lui, c’est Xisca et… devinez quoi…
Elle a promis de venir le voir aujourd’hui ! Gentille fille, cette Xisca.
Vous vous en doutez, je ne vais pas laisser l’occasion. Tout ça paraît presque trop simple !
En plus, un bonheur ne venant jamais seul, voyant que je ne savais où loger, Pep m’a gentiment proposé de dormir chez lui (à l’étage du restau). Autrement dit, je suis dans la place.
Elle est pas belle, la vie ? Tout se déroule comme prévu et Nadal ne pourra pas gagner Wimbly.
Kar**789784*
El*** tu as l’air de savoir ce que tu fais je ne vais donc pas poursuivre dans la stratégie mais je serai ton wing man, ton corner boy. Bon déjà tu dois savoir que dans les méga stars du sport, y’a deux catégories: les party animals cocaïnomanes alcoolos queutards invétérés qui rendent les entraîneurs chèvres et alternent coups de génie et passages à vide, et les ascètes focus déterminés constamment en mode ultimate warrior qui pèsent leur nourriture et leurs excréments. Nadal est de ceux-là. Quel intérêt pour toi? Il ne pratique la saillie sur Xisca qu’une fois par mois au mieux pour rester on the right track. Les jumelles de Roger ont été conçues in vitro, d’ailleurs le sexe et le nombre de la portée ont été longuement débattus. Bref tu auras face à toi une personne dont les besoin physiques ne sont que très partiellement remplis. Je reviens avec plus d’infos.
Je pense aussi qu’il a été repéré. De toute façon je suis déjà à Barcelone. J’ai essayé d’éviter ça, mais je n’ai plus vraiment le choix, je vais m’occuper de Rafa directement. El*** abort the mission, I repeat, abort the mission. Merde je crois qu’il ne me reçoit plus…
Ant*46821**++
Ce qu’il y a de bien à Manacor, c’est qu’ils sont tous cousins ou cousines, comme sur les îles grecques. Bon, la consanguinité fait quelques dégâts mais ils s’occupent aussi de ceux-là, une communauté beaucoup plus soudée et solidaire que chez nous.
Je t’envoie par DHL une bouteille d’Armagnac de 1888 que je viens d’acheter chez Dupeyron et qui m’as coûté la peau du cul, à savoir tous mes gains de paris durant la quinzaine, mais c’est pour la bonne cause. Tu pourras offrir à Nadal en disant que tu as choisi l’année en référence à ses 8 victoires à Roland. Essaie juste de faire en sorte qu’il en boive ne serait ce qu’une goutte. Vu la dose de bromure que j’ai fait mettre dedans, Xisca risque d’avoir une grosse déception avec son héros…Cela peut toujours t’être utile…Take care.
Toujours un aussi grand plaisir de relire ça !
Merci Patricia, c’est un plaisir de relire ces aventures en ce froid mois de décembre
Joyeux Noël à tous !
J’avais poussé le délire jusqu’à consulter la météo de Manacor et à trouver un restau existant là-bas. Ha ha, quel réalisme!
De l’investigation comme on n’en fait plus, Elmar !