Bons baisers de Londres : baromètre du Masters 2009

By  | 29 novembre 2009 | Filed under: Actualité

Davydenko, King of London (photo DR)Le Mast­ers vient de li­vr­er son ver­dict et avec lui la saison 2009 de se clôturer. Cer­tes il reste bien la fin­ale de la Coupe Davis, mais à moins d’être Tchèque ou Es­pagnol, ou de s’ap­pel­er Colin, l’événe­ment lais­se un peu la planète ten­nis à 37°. Penchons-nous donc sur la per­for­mance lon­donien­ne de nos huit Maîtres, en al­lant cres­cendo du pire vers le meil­leur.

Rafael Nadal : 3 défaites – 0 vic­toire

Rafael Nadal quit­te Londres sans le moindre set re­mporté dans sa be­sace, bilan in­digent et in­famant pour l’éphémère Gen­gis Khan du cir­cuit. Trois défaites net­tes et sans bavures, et sans qu’aucun de ses bour­reaux n’ait joué son ten­nis « A » (sauf peut-être Davyden­ko assez in­humain dans le pre­mi­er set). La déculottée qu’on pouvait craindre au vu de ses per­for­mances de­puis son re­tour à la com­péti­tion s’est lour­de­ment matérialis­ée. A aucun mo­ment Rafa n’a re­ssemblé à l’ogre de Major­que ; il avait plutôt des airs de Petit Poucet et une can­deur touc­hante qui fin­ale­ment l’humanisent et le re­ndent sym­pat­hique. Sur le court il a manqué de tout, de vites­se, de jus, de lon­gueur, d’inspira­tion et, com­ble pour lui, de puis­sance sur­tout. On a be­aucoup ergoté sur sa perte de poids et de masse mus­culaire, mais au-delà de toutes les sup­puta­tions à 3.00 euros il reste sur­tout des ques­tions quant à sa capacité à re­bon­dir. Même s’il nous avait habitué à des fins de saisons en-dedans de ses per­for­mances prin­taniè­res, on a cette fois eu af­faire à un joueur préservé par deux mois de co­upure d’avec le cir­cuit, et qui re­venu a donné l’impress­ion de se cherch­er un ten­nis et une di­rec­tion, trainant sa con­valesc­ence ten­nistique et métap­hysique de tour­noi en tour­noi. A Londres il n’était claire­ment pas au niveau. 2010 nous plon­ge dans le flou total le con­cer­nant : va-t-il une fois de plus nous re­faire le coup du Phénix, ou cette fois valid­er pour de bon la thèse des nadalo-pessimistes qui le voient grillé physique­ment avant ses vingt-cinq prin­temps ? Af­faire à suiv­re.

Fer­nando Ver­dasco : 3 défaites – 0 vic­toire

Celui que j’ai sur­nommé la « pute du top 10 » a réalisé un tour­noi con­for­me à son statut : trois matches accrochés con­tre ses pairs, mais autant de défaites et l’accrédita­tion de la thèse du gars qui n’en re­vient toujours pas d’être là. Ver­dasco a pris soin de ne battre aucun de ses co­pains de l’élite pour éviter de froiss­er qui que ce soit, l’encre de son contra­t de mem­bre du Top Ten n’étant pas en­core sèche. Il con­for­te sa posi­tion de décep­tion de l’année 2009, qui fin­ale­ment se sera résumée en un duel homérique perdu face à Nadal sous les cieux australiens. Le dépucelage de Fer­nando devra avant tout se faire men­tale­ment, son ten­nis n’étant pas moins bon que celui des aut­res ar­tilleurs du fond du court qui font le gratin du ten­nis mon­di­al. En tenant com­pte de l’âge du lous­tic, on peut dif­ficile­ment le class­er dans la catégorie des es­poirs ; au mieux peut-on espérer une vic­toire en Mast­er 1000 si les as­tres s’en mêlaient.

Andy Mur­ray : 2 vic­toires – 1 défaite

Pour la secon­de fois de l’année, le très sym­pat­hique Andy Mur­ray a déçu ses con­citoyens, sujets de sa Gracieuse Majesté. Comme à Wimbledon cinq mois plus tôt, l’Ecos­sais s’est loupé à domicile et semble fin­ale­ment ne pas trouv­er que de la motiva­tion à sen­tir le souffle chargé de malt et de houb­lon du peu­ple british dans son cou. La pre­ss­ion qu’il se défend de subir est pour­tant réelle. Andy n’avait cer­tes pas donné tous les gages de per­for­mance sur cette tournée auto­mnale, mais on pouvait légitime­ment en faire un quasi-favori de cette épre­uve, une fois de plus. Mur­ray n’a joué aucune gran­de fin­ale cette année et ter­mine l’exer­cice 2009 plus éloigné du som­met qu’il ne l’était au départ. La con­templa­tion du Mont Olym­pe semble décidément brûler les rétines des im­pudents qui s’en approc­hent de trop ; seul le duo helvético-espagnol semblant avoir le séant assez large pour s’y poser. Andy a raté toutes ses cib­les et pour­rait re­grett­er amère­ment de n’avoir tiré aucun mar­ron du feu cette année, car la liste des invités aux agapes s’est re­nforcée de noms sup­plémen­taires.

Novak Djokovic : 2 vic­toires – 1 défaite

Sonic était l’homme en forme de l’autom­ne, il avait même été taper Roger dans son salon à Bâle. Sa vic­toire à Bercy avait fini d’as­seoir son statut d’épouvan­tail sur cette fin d’année ; las, le Serbe s’est étiolé jour après jour dans cette com­péti­tion qu’il quit­te par la petite porte des jeux mathématiques qui lui sont pro­pres. Les qualités d’en­duran­ce et d’enchaî­ne­ment des per­for­mances de Novak ne valent décidément pas cel­les de Roger ou Rafa, sa mécanique est ultra-performante mais son réser­voir décidément trop petit pour ab­ord­er sereine­ment l’autoroute qui mène au som­met. La sol­u­tion pour lui passe par l’in­tensifica­tion d’un travail fon­ci­er qu’on sent déjà en progrès, mais pas au point de lui per­mettre de tenir la dis­tan­ce avec les deux meil­leurs. On peut s’in­terrog­er sur sa capacité à jouer à fond sur la durée ; à l’instar d’un Hewitt ou d’une Jan­kovic, les ef­forts con­sen­tis pour accélérer le jeu et tenir la cad­ence sont peut-être trop im­por­tants pour pre­ndre la roue des plus end­urants sur plus de deux cols.

Robin Soderl­ing : battu en demi-finales

Le géant Suédois finit au tie-break du de­rni­er set une année for­mid­able qui l’aura vu troqu­er sa cape de Super con­nard con­tre le co­stume be­aucoup plus clas­sieux de tueur venu du froid. Ses im­pres­sion­nantes qualités de frap­pe ont en­core fait mouc­he au Mast­ers, dont il s’est ex­tirpé des poules après des vic­toires sur les N°2 et 3 mon­diaux Nadal et Djokovic, à chaque fois en deux sets. Le plus dur sera de con­firm­er en 2010, mais on peut d’ores et déjà tirer son chapeau à Soderl­ing qui a su jouer les pro­lon­ga­tions d’un conte de fées entamé Porte d’Auteuil. Il aura fallu le kryp­tonique Feder­er pour le bout­er hors de trois Grands Chelems, aut­re­ment qui peut prédire où se serait arrêtée sa co­ur­se? Il a en tout cas honoré son in­vita­tion (il re­mplaçait Andy Rod­dick) et aura fait plus que pre­ndre des photos et de­mand­er des auto­grap­hes, comme Ver­dasco. Soderl­ing a changé de statut.

Roger Feder­er : battu en demi-finales

Il l’avait très mauva­ise, l’Helvète, au soir de sa défaite con­tre Atomic Davy. Sur ce tour­noi, on a retro­uvé le joueur hésitant et approximatif d’avant Roland-Garros / Wimbledon. Malgré quel­ques éclairs de génie in­évit­ables, Feder­er n’a jamais semblé en mesure de s’im­pos­er sur ce tour­noi. Il concède sa première (et logique) défaite en carrière con­tre Davyden­ko, mais sur­tout subit une nouvel­le désil­lus­ion con­tre Juan Mar­tin del Potro sur dur. La physionomie du match semble se grav­er dans le marbre de leurs fu­tures op­posi­tions avec un del Potro dominateur et sur­puis­sant, mal­menant un Feder­er con­stam­ment dans les cor­des et au bord de la rup­ture face un jeune loup trop fort physique­ment. Comme Ali face à Foreman, seul le métier pour­ra l’aider à se sor­tir des gnons de cet en­combrant Némésis. On le dit gavé, saoulé par les re­cords, les tit­res et les hon­neurs ; Roger reste un for­mid­able com­pétiteur qui même s’il pêche par­fois par excès de con­fian­ce, sait à quel point cette menace est à pre­ndre au sérieux.

Juan Mar­tin del Potro : fin­alis­te

Pour sa secon­de par­ticipa­tion, le grand échalas de Tan­dil n’était pas venu faire du touris­me à Londres. Si on a pu dout­er de lui sur ses premières sort­ies après Flush­ing Meadows, JMDP a répondu présent dès le pre­mi­er rendez-vous qui com­pte, et de fort belle manière. Une mise en bouc­he un peu laborieuse con­tre un Mur­ray qui ne lui a jamais vrai­ment réussi (c’est assez in­diges­te la murène), puis trois vic­toires pleines de sang-froid et d’autorité dans le money time face à Ver­dasco, Feder­er puis Soderl­ing. Plus que son ten­nis qu’on savait perce-muraille, c’est son ment­al, son sang-froid, sa con­fian­ce en lui qui im­pres­sion­nent à ce niveau d’inexpéri­ence. Si ce gars-là ne se bles­se pas, il con­stitue une réelle mauva­ise nouvel­le pour Feder­er et Nadal. Aucun d’eux ne par­tira désor­mais favori lors d’une con­fron­ta­tion di­rec­te en Grand chelem, à Wimbledon près.

Nikolay Davyden­ko : vain­queur

Et un pre­mi­er grand titre, un ! Le petit Russe à la tête d’ouv­ri­er de sovkhoze frap­pe un grand coup. Len­te­ment mais sûre­ment Nikolay est en train de de­venir une star de 15-LT qu’il séduit par son ten­nis in­croy­able, son at­titude in­class­able et son côté im­permé­able au strass de l’ATP. Le Mast­ers vient con­clure en beauté une fin de saison re­mar­qu­able et peut donn­er des re­grets pour une première moitié de saison tron­quée par les pépins physiques. Mais c’est égale­ment ce fac­teur fraîcheur qui lui per­met de jouer son meil­leur ten­nis quand les aut­res rajus­tent leurs sonotones entre deux points et se promènent hors-caméra avec des déam­bulateurs. Sur cer­taines séqu­ences en fin de pre­mi­er set con­tre Nadal, Davyden­ko en mode Plays­ta­tion a donné le tour­nis à la foule et nous avec ; cette volonté farouc­he de re­ntr­er dans le court et dans la balle ne s’ac­compag­ne d’aucune al­ter­native tac­tique en cas d’épan­dage, mais Dieu que c’est bon quand ça passe. Merci Nikolay et rendez-vous sous le cag­nard de Mel­bour­ne où le fait de peser 38kgs tous pleins faits sera un avan­tage cer­tain.

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159 Responses to Bons baisers de Londres : baromètre du Masters 2009

  1. Pierre 3 décembre 2009 at 20:44

    Heu, ça y est, j’ai digéré le masters. Bonne nouvelle : je conclus que Federer, même en jouant un tennis très moyen, a su titiller les meilleurs joueurs du monde et est passé à deux points du match contre Davydenko. Je n’enterre donc pas le Suisse à moins qu’il ne s’exprime maladroitement sur la question des minarets.

  2. Yaya 3 décembre 2009 at 21:10

    Concernant la comparaison entre la finale de Wimbledon 2008 et celle de 2009. Il y a un détail crucial que ceux qui préfèrent la finale de 2008 oublie : Federer n’a jamais vraiment joué libéré dans cette finale 2009, surpris par le niveau de jeu d’A-Rod et tendu parce qu’il jouait pour un 15e grand chelem devant Laver, Borg et Sampras. Il l’avoue subrepticement dans une des interviews d’après match.

  3. Lionel 4 décembre 2009 at 07:08

    Il a raison Pierre, qu’a-t-il voté par procuration au sujet des minarets? Sa défaite à Londres a-t-elle un lien?

    Ils ont repassé le truc de Hingis sur Mauresmo c’est la moitié d’un homme. Comme quoi le croisement racial suisse ne marche pas à tous les coups. Bel exemple du génie absolu dans une tête de connasse. Une grosse connasse disons.

    Triste pour le retrait de Mauresmo, elle avait encore du tennis, et était passée à rien de revenir au sommet, ce dernier Wimbledon par exemple. Après ça faisait 6 ans qu’elle faisait ses opérations commandos pour revenir, ca fatigue. Hier ils ont fait un parallèle entre la fin de Santoro et d’Amélie… drôle.

    Pour 2010 j’attends rien du tennis féminin, à part des bonnes bourinnes, toujours moins ennuyeux à regarder que des pas bonnes bourinnes.
    J’attends, je rêve d’un Federer punk. 28 ans, le plus grand joueur de l’histoire, 2 enfants, la même crèmière-Milka depuis 10 ans, faut réagir Roger. Le palmarès tout ca le suisse modèle c’est bien, mais pour faire parti des plus grands faut lacher le sport, Maradona, Ali, Owens. Je sais pas.
    « L’ATP est une bande de mafieux qui protège les joueurs dopés. »
    « La neutralité de la suisse me fait bien marrer. » rire
    « Je vais jouer dans un film de Rocco Siffredi. »
    « C’est fini avec Mirka. Je vais tout déchirer, en dehors des cours maintenant. » rire

    Sinons on va bien s’ennuyer.

    • Kristian 4 décembre 2009 at 07:24

      Il va peut etre nous faire une « Tiger »..?

    • DenDen 4 décembre 2009 at 07:59

      Oh bah côté WTA, y’a le retour de Justine… avec un peu de chance, ça va devenir un peu regardable…

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