Petit bilan plus ou moins détaillé de ce Wimbledon. Séparons nos joyeux joueurs en trois groupes distincts, avec une catégorisation tout ce qu’il y a d’arbitraire : les viocs, les jeunots et les mûrs.
Pépé et Mémé font de la résistance (ou pas)
Au niveau des prestations trentenariales, il faut notifier les contre-performances de la Sérénissime et de Papy Roger, stoppés respectivement en huitièmes et en trente-deuxièmes, et par respectivement la finaliste et le seizième de finaliste. Bon objectivement ça claque un peu moins pour le Fed’. Serena a été victime d’une Sabine Lisicki au tennis retrouvé, fait de gros services et de grands parpaings, et aurait presque pu s’en sortir de justesse si son arme maitresse (la même que celle de son adversaire) ne l’avait soudainement lâchée dans l’ultime acte. Concernant Roger, la rencontre fut belle et le vainqueur – le toujours surprenant Stakhovsky – conquérant, montrant d’une certaine façon à la légende que jouer ultra offensif pouvait encore payer à Wimbledon. La défaite fut faite sur quelques points, comme souvent lors de tels matchs sur gazon, et gageons que Superbiquette saura rebondir, à Hambourg d’abord, à Gstaad ensuite, et surtout à Montréal (ou votre serviteur aura – peut-être – le plaisir de le voir fouler le court central, si l’auguste séant suisse daigne s’y rendre, s’il atteint les demies ou la finale, et si les organisateurs ont l’extrême obligeance de le programmer à la bonne heure, bref…).
Citons ici la résistance du beau Tommy face au numéro 1 mondial sur le Centre Court. Défaite en trois sets certes, mais défaite accrochée, et débreaker Djoko quand ce dernier sert pour le match est en soit une réussite. Plus que de longs raids dans les tournois du Grand chelem et la consolidation de sa place dans le Top 15 (il pourra même prétendre au Top 10 d’ici les prochaines semaines étant donné qu’il n’a que des points à prendre à l’US Open, même s’il faudra néanmoins éponger son quart à Toronto et surtout ses deux finales d’ATP500 à Hambourg et Washington), on souhaite avant tout une grande victoire dans un grand tournoi au fringant germanique.
Un Grand chelem (à cheval sur deux ans) comme point d’orgue d’une immense carrière. Les Bryan’s ont réalisé un exploit qui ne s’était pas vu en double depuis quelques temps. Et ce n’est peut-être pas fini, les deux frères étant encore en lice pour réaliser le Grand chelem calendaire à New York, sur leurs terres. À noter aussi dans le tableau de double le beau parcours de la paire Edouard Roger-Vasselin – Rohan Bopanna (paire quasi-trentenaire, Edouard fêtant ses 30 ans en novembre prochain), ledit ERV devenant du même coup membre à vie du AELTC. Trente ans après la demie du papa à Roland, c’est un joli clin d’œil.
Dans une discipline encore moins médiatique que le double, signalons la victoire en double mixte de la paire Nestor (40 ans bien sonnés) / Mladenovic (20 ans et deux jolies dents du bonheur devant), le premier pouvant être le père de la seconde. Daniel Nestor est un immense compétiteur en double, avec un palmarès long comme le bras. Kristina Mladenovic est une petite française qui monte, elle aussi très à l’aise en double, et qui est amenée à jouer les premiers rôles dans quelques années. Avec le renouveau d’Alizé Cornet et la victoire de Bartoli, on commence à avoir une équipe de Fed Cup qui tient la route, et qui ne mérite pas de végéter en seconde division.
Derrière ça pousse (un peu)
On attendait Dimitrov ou Tomic, on a eu Janowicz. Première demi-finale dans un Grand chelem, et même première seconde semaine dans un Grand chelem, et ce à sa cinquième tentative seulement, cela vous pose le bonhomme. Il a fait plus que bousculer le futur vainqueur du tournoi. Cette demi-finale avait d’ailleurs une certaine saveur, étant donné qu’on peut considérer que tout a vraiment commencé pour Jerzy (quel magnifique prénom au passage, ça swingue sec) à Bercy lorsqu’il a sauvé cette balle de match contre ledit Andy. Où serait maintenant Jerzy s’il était alors sorti sans gloire mais sans honte en huitièmes à Bercy ? Espérons en tout cas que le garçon ne s’arrête pas là. Il s’est déclaré plutôt frustré de son niveau de jeu lors de sa demie, preuve qu’il ne considère pas cette performance comme une fin en soi. De bon augure pour la suite…
Un Polonais frustré avec néanmoins des motifs de satisfaction, mais une Polonaise frustrée sans aucun motif de satisfaction. Agnieszka Radwanska a loupé une sacrée occasion d’ouvrir son compteur un Grand chelem. Gros match contre Li Na, énorme match contre Lisicki, mais néanmoins une défaite en demies. Des dernières filles en lice, c’était pourtant elle qui avait la palette de coups la plus complète, et la plus à même de la voir triompher sur gazon. Il a manqué un peu plus de puissance et un poil plus de chance pour passer contre Sabine. Rien ne dit qu’elle l’aurait alors emporté face à Marion, mais je pense que cela aurait été une finale plus accrochée. Espérons pour Aga qu’elle saura se remettre de cette défaite et continuer sa progression.
Pour rebondir sur le dernier article d’Oluive à propos des diverses corrélations entre performances sur les circuits junior et senior, la petite Belinda Bencic (qui vient d’avoir 16 ans), Suissesse de son état, vient de réussir le doublé Roland-Garros/Wimbledon. Elle marche pour le moment dans les pas de Martina Hingis, et devrait à coup sûr remporter au moins la Hopman Cup associée à Papy Roger d’ici quelques années.
La jeune Sloane Stephens (20 ans) a réalisé un tournoi plutôt prometteur, malgré un suicide en direct sur son service lors de son match contre Bartoli. Dans la période de transition qui s’annonce après Serena (on n’en est pas là mais cela peut arriver plus vite que prévu), elle sera le jeune fer de lance d’un tennis US qui, nonobstant l’écrasante mainmise des Bryan’s sur le double, peine à se trouver un nouveau leader. Cette petite joue juste et solide, lorsque tout sera mis en place cela va faire mal.
En parlant de jouer juste et solide, évoquons ici le cas de Potro. L’argentin n’est pas forcément de la première jeunesse, mais il a commencé une sorte de seconde carrière depuis son retour. Moins violent, moins fougueux que lors de son rush printemps-été 2009, mais assurément plus réfléchi. Il n’a pas forcément embêté Djoko en lui envoyant des pralines dans tous les sens avec son grand coup droit, mais au contraire l’a neutralisé en variant plus (si si, del Potro peut varier), en le repoussant long et profond dans la diagonale revers avec notamment un slice qui, s’il n’est pas forcément très esthétique, a le mérite d’accrocher régulièrement le fond du court. Bon, lorsque le besoin se fait sentir il est aussi capable de ressortir la boîte à baffes, cf. les deux balles de match qu’il sauve dans le tie-break du quatrième set.
Ernests Gulbis non plus n’est peut-être plus à proprement parler un jeunot du circuit, mais il faut tout de même noter la belle progression du Letton, qui est parvenu pour la première fois depuis cinq ans à passer deux tours en Grand Chelem. Défait par Verdasco, cela constitue rétrospectivement une relative bonne performance. Espérons qu’il sera capable d’aller au moins aussi loin lors de l’US Open.
Plus trop jeunes mais pas si vieux (et encore là pour quelques temps)
Parmi les joueurs dans la force de l’âge, le sieur Verdasco (29 ans), si décrié ici ou ailleurs, a réalisé un excellent tournoi. Son très bon et bel ami Lopez lui a-t-il susurré les clés pour jouer sur gazon lors d’une de leurs soirées mousse à la boîte de nuit locale, ou est-ce que le Fernando s’est subitement décidé à retrouver son tennis ? Quoiqu’il en soit le revoir à pareille fête ne peut que faire plaisir à tout amateur de fulgurances en coup droit (qui est toujours, à mon sens, le plus beau du circuit, à égalité avec celui de Roger – le revers est en revanche trop étriqué). À noter que sa coupe de cheveux fut très sobre cette quinzaine ; faut-il y voir une raison à son beau parcours ?
Un autre gaucher a lui terminé son tournoi encore plus tôt que l’année dernière. Rafa et l’herbe, c’est une relation compliquée depuis bientôt deux ans. Son tombeur au premier tour, Steve Darcis, bien qu’honnête joueur sur gazon, n’a presque pas eu à faire le match de sa vie pour sortir l’Espagnol. On a vu un Rafa emprunté, pas sûr de ses appuis, pas sûr de son revers, pas sûr de son jeu. Il devrait reprendre la compétition sur dur à Montréal, à moins que sa période de repos ne s’étende encore de longues semaines. Ce serait dommage, le circuit n’ayant pas la même saveur quand Rafa n’est pas là.
Un mot sur nos deux finalistes messieurs, Andy et Novak. Trois rencontres sur trois des quatre dernières finales de Grands chelems, on peut, du moins dans les chiffres, parler de nouvelle rivalité au sommet du tennis. Victoire de Murray donc, contre un Djoko moins fringuant que d’habitude et qui n’a rien pu faire face à la solidité de l’Écossais. On aurait sans doute aimé qu’Andy nous gratifie de la même prestation que lors de sa demie contre Federer en Australie, avec un jeu inspiré et offensif, mais il faut croire qu’on n’y aura droit qu’une paire de fois par an ; dommage. La finale fut néanmoins plutôt agréable à regarder. Tenant du titre de deux Grands chelems, Murray peut sans doute espérer atteindre la place de numéro 1 mondial à l’issu du prochain printemps, s’il réalise une saison de terre du calibre de celle de 2011, voire supérieure. On n’imagine pas le voir triompher à Roland-Garros, mais faire l’impasse sur près de 5000 points potentiels ne lui permettra pas de s’installer en haut de la hiérarchie, surtout si son rival reste Djoko. Quant au Serbe, nul doute qu’il parviendra à se relever de cette défaite et qu’il sera redoutable lors de la tournée nord-américaine.
Terminons sur l’immense surprise de la quinzaine. Plus que les éliminations précoces de Roger, Rafa ou Serena, plus que la demie de l’ami Jano, c’est la victoire de celle que personne n’attendait à pareille fête qui fut l’Évènement de ce tournoi. Alors bien sûr le tennis de Marion n’est pas des plus fluides ou des plus esthétiques, mais quelle niaque ! Alors qu’on attendait Tsonga, ce fut Bartoli. Sa joie juste après la balle de match, et surtout ce sourire distillé en interview ces deux dernières semaines avait quelque chose de rafraichissant. Seul le Papa faisait un peu la gueule en tribune, mais il est vrai que voir sa fille remporter le plus grand tournoi du monde un mois après qu’elle vous a viré de sa structure d’entraînement ne doit pas être facile à accepter. Néanmoins si Bartoli a su s’entourer de personnes qui l’on aidé à franchir ce dernier pas qui lui manquait pour toucher son Graal, il ne faut pas oublier tout le travail effectué en tandem entre le père et la fille durant moult années. Notons pour finir la délicate révérence de Marion devant le duc de Kent, et son très bel anglais lors de la cérémonie protocolaire. Cette fille est beaucoup plus intéressante qu’on ne le croit.
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« Le court central a la particularité d’être divisé en trois courts de tennis partageant les couloirs et utilisés de manière alternée, permettant de profiter d’un gazon d’excellent qualité du premier match jusqu’à la finale. »
Ah d’accord… C’est vrai que le gazon a pas si mal tenu.
debreak de Mahut! 3-3 au 3ème
PS : trop fort le post de Karim sur Antoine. Trop fort Antoine.
… Deux breaks d’affilée pour Mahut, qui se retrouve à servir à 5/3 pour le titre après avoir été mené 3/1 !
Hewitt qui perd son service après deux doubles d’affilée d’entrée… Il en est à plus de dix doubles je crois.
Bon, là j’imagine qu’il est particulièrement fatigué (il n’a pas gagné sa demie 6/2 6/2), mais ça reste tout de même un mystère pour moi qu’Hewitt ait un tel score sur gazon avec un aussi faible service.
De quoi à lui tout seul tordre le coup aux idées reçues d’un jeu sur herbe asservi aux serveurs.
… Et trois aces et une volée amortie plus tard, Match Mahut qui met un 5/0 à Hewitt !
Je suis tout seul à me réjouir ou quoi ?
Content pour Fognini sinon; très belle semaine pour lui et sortir Kohly en finale chez lui sur terre c’est très solide. Apparemment son coach, Jose Perlas, lui aurait fait bcp de bien question ambition, stabilité, constance. Après avoir vu un Seppi très en forme les deux dernières saisons, le tennis masculin italien a peut être retrouvé un chef de file. Enfin je parle surtout de donner l’exemple à de futurs bons car derrière Seppi et Fognini, il n’y a vrmt personne… enfin je ne compte pas Lorenzi lol (70ème et bon trimeur)
Cadeau pour toi à la fin de l’article, Conchita : http://www.onthegotennis.com/home/10-things-you-should-know-about-fabio-fognini.html
Et donc cette semaine,
Mahut qui se retrouve 62e à la race avec un bon de 37 places.
Fognigni,15e !, +8.
Tabasco, 29e, +7.
Breloque, 37e, +18.
(à lire avec la voix de Marc Toesca)
Fognini futur top 10 lol ? lol. En tout cas 15ème c’est assez énorme, je ne pensais pas qu’il monterait autant. Content pour lui, décidément peu importe l’âge des mecs, le tennis surprend constamment. Verdasco aussi c’est bien qu’il revienne à son top. Bon Berlocq m’emballe moins et la coupe Davis m’est un peu resté en travers mais bon, je ne déteste pas son jeu, belle victoire de l’argentin.
Oluive un peu distrait (t’as du regarder la Race): Fognini, 25è, et la Verdasque, 34 ! (le 15è c’est Almagro). Pour l’Argentin, c’est 46.
Bautista Agut rentre dans le top 50, Kohli est 22. Hewitt, 82 à Wim, est 65è.
Cool pour Berlocq aussi même si je pensais que Verdasco concluerait en beauté par une victoire ce beau tournoi pour lui.
Content aussi pour Halep qui gagne son 3ème titre à Budapest.
Egalement content pour Vinci qui bat Errani à Palerme.
beau dimanche, mais allez Mahut pour conclure! même si une victoire de Hewitt ne me peinerait pas énormément tant j’admire le joueur et le personnage.
Victoire de Mahut!!! Enorme! finale double messieurs à RG, titre à SHertogenbosch, Wimbledon decevant et titre à Newport !!! La saison de sa vie désormais, c’est génial pour lui, super content.
Le co-Goat a frappé…
Franchement, je ne pensais pas qu’il battrait Hewitt, d’autant que ce dernier avait gagné 7 des 8 finales sur herbe auxquels il a participé…
Deux titres sur herbe pour Mahut cette année, c’est bien le seul avec Murray…C’est le parfait renversement par rapport à ses deux finales perdues en 2007 au Queen’s et à Newport…Vraiment top !
Pas eu le temps de voir le double…ni son résultat..
Pas pu regarder, le stream était trop pourri, mais ça fait vraiment plaisir pour le co-GOAT.
A priori la demie du double n’a pas encore commencé, il a quand même le droit de se reposer un peu.
Victoire dans la demie de double pour Mahut et Roger-Vasselin, mais la finale du double a été décalée à Lundi 10h30 heure locale. Plus qu’un match à gagner et Nico aura réussi ses travaux d’Hercule du gazon.
hercule, hercule… c’est pas un poil exagéré ?
comme le faisait remarquer un twitto de mes conaissances, mahut a remporté plus de titres que Roger himself cette année, et ça, ça valait une côte !
l’année n’est pas finie
Oluive plus haut dit que Hewitt a fait des doubles à la pelle contre Mahut…Ce n’est pas faux, il en a fait 10, mais Mahut en a fait 11…
Hewitt a perdu car il n’a passé que 44% de premières et n’a guère été efficace sur sa première non plus. Mahut qui a beaucoup progressé en retour, gagne 42% des points au retour.
De son côté il a bien mieux servi que contre Russell: 59% de premières contre 41%…et cela valait mieux pour lui car s’il gagnait très facilement les points derrière sa première (84%), en revanche, il n’a pu faire mieux que 35% sur ses secondes…5 breaks d’un côté, 4 de l’autre…