Billets doux en wta

By  | 28 juin 2013 | Filed under: Les filles

Pour éviter de sac­rifi­er des tex­tes « de fond » comme celui d’Oluive sur les juniors à l’ef­fervesc­ence du live, je pro­duis une bagatel­le tête-de-gondole à com­men­taires. Il s’agit d’une réponse au ser­pent de mer des prize money en vétéha, récem­ment aperçu dans nos col­on­nes.

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… Parce que bon, à la fin, zut alors, raaas la visière des ar­gu­ments pous­sifs qui s’ac­cumulent pares­seuse­ment comme les moutons sous un buf­fet nor­mand, chaque fois qu’un mufle à raquet­te y va de sa re­mar­que mis­ogyne soit-disant sub­ver­sive ! Mon sang de suf­fraget­te ne fait qu’un tour, trop c’est trop, j’en­fourche mon Chev­al de Batail­le et nous lançons une oc­cupa­tion sur la pelouse du Centr­al au All En­gland Lawn Ten­nis and Croquet Club, le temps que deux ou trois vérités soient dites !

Broute, mon dadou, c’est de la bonne !

Je m’en vais faire un sort aux trois ar­gu­ments mas­sues (en mous­se) que nos bon­nes âmes (toujours mâles, tiens) s’empres­sent d’asséner mol­le­ment (oui ceci est un oxymore et je vous ferais crev­er d’in­cises, tiens) :

Pre­miè­re­ment (boum, pshhhhh) :

« C’est pas norm­al qu’elles soient payées autant, elles jouent moins longtemps ».

De­uxiè­me­ment (boum, mouarf) :

« C’est pas norm­al qu’elles pre­nnent autant de pépet­tes, leur ten­nis est pauv­re, leur cir­cuit pathétique, qui veut payer pour voir ça ? »

Troisiè­me­ment (boum, haha raté) :

« Ces dames de­vraient touch­er moins, parce qu’elles rap­portent moins. Busi­ness is busi­ness ». (Bon celui-là n’est pas un cliché ab­sur­de, mais je le réfute aussi).

Un.

Si le sport était rémunéré à la lon­gueur du spec­tacle, les rangs de Fedou et du de­rni­er titulaire au tri­athlon seraient in­versés au li­st­ing For­bes… On n’est pas aux pièces ! Bran­dir l’ar­gu­ment du pro­rata rémunération/boulot ab­at­tu, c’est aussi malin que de vouloir rémunérer à la lon­gueur de l’échan­ge (Gilou, roi du pétrole !) : le sport valor­ise notam­ment une suprématie, et dans les sports de balle, le résul­tat est générale­ment d’autant plus long que cette suprématie est con­testée… Con­ser­vons cette logique en atépé, on aurait dû en­tendre des « Roger, mon chéri, va fal­loir y aller mollo sur les bagels en fin­ale, j’ai des jumel­les en route, j’te sig­nale ! » Et les tour­nois sur terre, mieux payés que l’herbe, aussi ?

Déclinons. Si la rémunéra­tion du sport récom­pensait la force de travail, la lan­ceuse de poids de­vrait touch­er 60 % du mon­tant de son homologue poilu en cas de vic­toire. Le poids-coq, dont le punch abat moins de kilos que le poids moyen, ver­rait son chèque cal­culé sur la balan­ce. Le gag­nant du 800 mètres em­poc­herait 8 fois la gratifica­tion d’Usain Bolt.

Alléi, quoi… à la niche, les Chiens de garde ! (babal­le, Gilou, nonos ?)

Deux.

Mais ouiiii, le sport est notam­ment un spec­tacle, vous avez raison, al­ig­nons le chèque au degré d’en­tertain­ment ! Com­ment procéderons-nous, con­crète­ment ?

Je vois deux axes pos­sibles : tout d’abord, l’op­tion patinage ar­tistique. On forme des juges, qui attribueront une note de qualité visuel­le et émotion­nelle au spec­tacle pro­posé, con­stituant la moitié des points déter­minant le résul­tat final de la par­tie. Nan, at­tends, c’est juste pour le pog­non, dis­ons que la note du jury four­nit un co­ef­ficient pour le prize money. (Désolé, Jo, mais va fal­loir serr­er la cein­ture, pour ta demie con­tre David. Et Stan et Ric­hard peuvent ag­randir la pis­cine).

Ou alors, fi d’un jury, cor­rup­tible, et sus­cep­tible d’intégrer l’ap­par­ence physique dans leur évalua­tion ! Jouons-la façon Star Ac, sooooo vingt-et-unième siècle : pour 0,25 euros, en­voie ton sms pour pouce vert-iser ton chouc­hou, ou Caligul­er ta bête noire ! Un petit al­gorithme appliqué au résul­tat, et le prize money de l’un vient gros­sir le pac­tole du vrai show­man. En plus le mon­tant des sms est re­v­ersé aux fédéra­tions et fin­an­ce le dévelop­pe­ment de la dis­cip­line !

Putain, c’est génial, c’est démagoc­ratique, je m’aime !

Trois.

Busi­ness is busi­ness, mes­dames, vous rap­portez moins, vous gag­nez moins, n’y voyez pas de sen­ti­ments per­son­nels c’est de la sci­ence écon­omique. Soit.

Mais on est bien en Capitalie, non ? La raison du pog­non est toujours la meil­leure, c’est bien ça ? Alors com­ment expliques-tu, mon doux pro­mis, qu’il n’en n’ainsi-soit-il point ? Que si le ten­nis féminin était ef­fective­ment moins rémunérateur pour les in­ves­tisseurs, les travail­leuses de la raquet­te par­vien­nent à faire valoir leurs préten­tions ir­réalis­tes ?

Parce que de­puis les Bi­llie Jean (is not my lover), les Nav­ratilova, l’herbe a poussé sous le filet, c’est plus vrai­ment de la bête militan­te qui est envoyée sur les bar­ricades féminis­tes de la WTA pour ap­puy­er sur le contre-levier politique du rap­port de force soci­al.

Le serenes­que popotin pèse son poids, cer­tes, la sirène sharapovien­ne résonne loin, bien sûr, mais niveau di­alec­tique et sol­idarité de genre, ça reste limité à du 8 sur l’échel­le de Biba, leur dis­cours.

Com­ment se fesse (j’ai pas pu résist­er, après Serena) ?

Il y a une seule ex­plica­tion ration­nelle, logique : tu fais er­reur, mon col­ib­ri ! D’une manière ou d’une autre, la wta doit re­présent­er un marché équivalent aux attraits de l’ATP, sans rap­port avec le nombre de spec­tateurs drainés par leurs joutes. Les don­zelles possèdent fatale­ment une valeur marchan­de ajoutée dont la plus-value com­pen­se le man­que à gagn­er.

Pour l’iden­tifi­er, re­viens au fon­damen­taux : l’offre et la de­man­de. La de­man­de des con­som­mateurs pour un ten­nis féminin de haut niveau, équitab­le­ment valorisé et rémunéré en prize money, doit être équivalen­te à celle pro­duite par le cir­cuit mas­culin, par un autre biais que la fréquen­ta­tion des gradins ou l’audi­ence des matchs.

Mais c’est bien sûr ! Où se situe-t-elle, cette de­man­de repérée par le marché ? Dans les be­soins en équipe­ment d’une gros­se moitié des man­ieurs de bal­les du di­manche et des li­cen­ciés des fédés (gros­se car ce cœur de cible avide de har­nache­ment es­tampillé est la femme dis­posant d’un peu de temps et de suf­fisam­ment de pog­non, de­vant gard­er la forme tout en pratiquant une dis­cip­line sociale­ment valoris­ée dans sa CSS, donc petit biais en­v­ers l’épouse de cadre sup) : la meuf, An­toine, en per­son­ne !

En payant les gag­nantes sur le même pied que les gars, les fédéra­tions soig­nent leur pro­pre intérêt en même temps que celui des spon­sors : tu crois que la FFT va faire adhérer des gon­zesses en lui faisant miroit­er les co­ur­ses éblouis­santes de Nadal, les bonds de gazel­le de Mon­fils, les com­bats suants le mam­mouth de Tson­ga ? Tu crois que Nike va niqu­er les por­tefeuil­les des ménages en ven­dant à des (non-)joueuses du di­manche le Lacos­te de Llod­ra et le short de Lopez ?

Les stars sur­payées de la wta méritent au sens capitalis­tique du terme de se re­mplir un peu plus les fouil­les en prize money, parce qu’elles ven­dent du « gag­nante mais glamour » à un coeur de cible que leurs homologues mas­culins ne peuvent pas in­carn­er. Parce qu’elles le valent bien. Flouze­ment par­lant. Parce que madame a son mot à dire quand il faut ouv­rir un com­pte BNP. Parce qu’en­core plus que les ban­deroles des spon­sors qui défigurent les co­urts, ce sont les grif­fes du tic­heur­te, de la jupet­te et des raquet­tes qui se mon­nayent via les ondes des parts télé. Le Marché a be­soin d’un ten­nis féminin de haut niveau avec une valeur nar­cissique équivalen­te aux hom­mes, le marché raque.

CQFD.

Bon, alors, vous avez aimé ma petite in­ter­ven­tion sur la pelouse ?

Com­ment ça, moins que la de­moisel­le de l’édi­tion 1996 ? Casse-leur la gueule, choupinet !

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Avocate at­titrée de Ric­hard Gas­quet sur 15LOVE (SAUVEZ les bébés phoques !) et Thiemolâtre irrécupérable. Que le Re­v­ers à Une Main soit avec toi.

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443 Responses to Billets doux en wta

  1. Skvorecky 4 juillet 2013 at 17:27

    « Roger viré au deuxième tour et Bartoli avec le trophée, je crois que je ne me remettrais pas d’un tel Wimby…Si Lisicki paume, je crois qu’il faut employer les grand moyens et faire sauter le Center Court, le n°1 et tous les courts annexes dans la nuit de vendredi à samedi…Tant pis, c’était joli mais il faudra tout raser… »

    Antoine, tu n’oublieras pas de déposer à Wimbledon les croûtes philistines de Bartoli avant de déclencher ta bombe.

    Lisicki fait le break et va servir pour le match…

  2. Skvorecky 4 juillet 2013 at 17:40

    Eh bien c’est pas fini. Sympa cette opposition de style entre Radwanska la bricoleuse maligne et Lisicki la puissance intelligente et ses 50 coups gagnants à 15!

  3. Skvorecky 4 juillet 2013 at 17:48

    Points gagnés derrière leur deuxième balle de service:

    Radwanska 50%
    Lisicki 39%

  4. JoAkim 4 juillet 2013 at 17:56

    Pas mal cette finale dame !!

  5. JoAkim 4 juillet 2013 at 17:58

    Lisi qui transpire et Radwan qu’avance plus

  6. Karim kicks ass 4 juillet 2013 at 18:01

    Un lent phénomène d’usure me ronge depuis quelques années, GC après GC je me répète la même chose, c’est le Roland Garros que j’aurai le moins suivi depuis 20 ans. C’est le wimbledon qui m’aura le moins captivé depuis 20 ans. Et l’année d’après rebelotte. En fait je crois tout simplement que le tennis recule inéluctablement dans mon ordre protocolaire. Qui l’eût cru… pas moi en tout cas. D’ailleurs j’y crois pas, je le constate juste.
    Bartoli en finale, ça n’aide pas non plus.

    • Karim kicks ass 4 juillet 2013 at 18:13

      Par contre j’ai découvert le football américain féminin. Elles jouent toutes en très très petites tenues et sont ultrasiliconées. y’en a très très peu avec qui j’aimerais pas coucher de ce que j’ai pu voir. Mais alors vraiment très peu. C’est devenu mon sport féminin favori. Je coupe le son, je lis GEO et de temps en temps je lève les yeux pour voir les placages au ralenti. J’adore. Mais si je devais en honorer une, j’insisterais pour qu’elle garde son casque et ses peintures de guerre.

      • Patricia 4 juillet 2013 at 19:06

        Pour le son, tu pourrais passer un match Sharapova/Larcher de Brito (tu coupes l’image), c’est du hard porn 100% féminin.

    • MarieJo 4 juillet 2013 at 18:20

      t’abuses de quoi en ce moment toi ?

  7. MarieJo 4 juillet 2013 at 18:10

    nouvel article en une pour la suite des débats merci !

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