Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, et on peut dire que nos ours tennistiques ont la peau dure ! Gagner est beau, mais le faire après avoir eu balle de match contre soi l’est encore plus ! Et si par dessus le marché vous remportez un Grand chelem dans la foulée, parfois le seul de votre carrière… Bref panorama des revenants de l’ère Open pour chacun des tournois majeurs.
Open d’Australie
2005 – Marat Safin b. Roger Federer 5-7, 6-4, 5-7, 7-6, 9-7 - Sauve 1 balle de match (demi-finale) : Que dire de plus sur ce match que ce Benoît raconte magistralement dans l’article « Quand le duel est oeuvre d’art« . Entre un Federer tout frais de son Petit chelem 2004, et un Safin qui a finalement décidé de jouer au tennis et réalisé une fin de saison de feu, cette demi-finale atteint des sommets d’intensité. Légèrement amoindri, Federer sait qu’il doit conclure aussi vite que possible. L’occasion se présente au tie-break du quatrième quand il obtient balle de match, mais son tweener finit dans le filet. Libéré, Safin se détache 5-2 dans la dernière manche. Malgré une résistance désespérée de Federer qui sauve plusieurs balles de match et recolle au score, Safin a le match en main et le conclut 9/7. Il parachèvera l’oeuvre trois jours plus tard en battant l’enfant du pays Hewitt en finale (1-6, 6-3, 6-4, 6-4)
1985 – Stefan Edberg b. Wally Masur 6-7, 2-6, 7-6, 6-4, 6-2 – Sauve 2 balles de match (8e): Longtemps réputé comme étant un faible, peu se rappellent que le flamboyant Stefan survécut à deux balles de match pour remporter son premier majeur. Classé 6° joueur mondial, son match en huitièmes de l’Open d’Australie face à Wally Masur (142e) ne devait être qu’une formalité. Mais poussé par le public, l’Aussie réalise un début de match fantastique pour mener deux sets à rien. Tout semble plié quand Masur obtient deux balles de match à 5-4 au troisième mais Edberg les sauve avec brio. Ce sera le tournant du match : Masur accuse le coup tandis que Stefan semble revigoré et se montre intraitable pour l’emporter 6-2 au cinquième. Il survivra à 5 autres sets marathon face à Lendl en demies (6-7, 7-5, 6-1, 4-6, 9-7) pour l’emporter facilement face à Wilander en finale (6-4, 6-3, 6-4). Curieusement, excepté l’US Open 1991 tous les majeurs d’Edberg seront remportés de haute lutte : cinq sets face à Cash en finale de l’Australian Open 1987 (6-3, 6-4, 3-6, 5-7, 6-3), déficit de deux sets à rien face à Mecir annulé en demie de Wimbledon 1988 (4-6, 2-6, 6-4, 6-3, 6-4) avant de l’emporter face à Becker. A Wimbledon 1990, il souffre le martyr face à Mansdorf au troisième tour (6-4, 5-7, 3-6, 6-2,9-7) et remporte la finale après avoir remonté un break de retard dans le cinquième. Enfin, à l’US Open 1992 il remporte trois matchs consécutifs en remontant un break de retard dans le cinquième : en huitièmes (b. Krajicek 6-4, 6-7, 6-3, 3-6, 6-4), en quarts (b. Lendl 6-3, 6-3, 3-6, 5-7, 7-6) et en demies (b. Chang 6-7, 7-5, 7-6, 5-7 6-4). Pas mal pour un soi-disant faible mentalement !
1982 – Johan Kriek b. Paul McNamee 7-6, 7-6, 4-6, 3-6, 7-5 – Sauve 1 balle de match (demi-finale) : Tenant du titre et tête de série N°1 (en l’absence de tous les meilleurs), le Sud-Africain Johan Kriek est de retour en Australie pour doubler la mise à l’Open d’Australie 1982. Facile vainqueur de Mike De Palmer, Eric Sherbeck, Charlie Fancutt et Drew Gitlin, John mène tranquillement deux sets à rien face à McNamee en demies et semble se diriger vers la revanche contre Steve Denton. Mais soutenu par le public, l’Australien renverse la vapeur et se retrouve à 5-3, balle de match en sa faveur au cinquième. Malheureusement pour lui, Kriek se ressaisit, efface la balle de match et remporte quatre jeux consécutifs pour conclure la partie. Il remportera le titre face à un Denton en panne de service (6-3, 6-3, 6-2)
1975 – John Newcombe b. Tony Roche 6-4, 4-6, 6-4, 2-6, 11-9 – Sauve 3 balles de match (demi-finale) : Vainqueurs associés de 12 titres du Grand chelem en double, c’est pourtant en rivaux que Newcombe et Roche s’affrontent en demi-finale de l’Open d’Australie 1975. Le premier, n°2 mondial, veut reprendre son trône perdu en 1974, tandis que le deuxième court depuis 1966 (et quatre finales perdues ensuite) après son deuxième titre majeur. De retour après trois ans d’interruption suite à une blessure à l’épaule, Tony semble avoir pris le dessus quand il mène 5-2 dans le cinquième set. Mais Newcombe, bien aguerri après ses matches marathon face à l’allemand Rolf Gehring (6-7, 6-4, 3-6, 6-2, 6-4) et son compatriote Geoff Masters (1-6, 6-3, 6-7, 6-3, 10-8), s’accroche, sauve trois balles de matchs (deux à 2-5 et une à 7-8) et finit par l’emporter 11/9 ! En finale, il n’aura besoin « que » de 4 sets acharnés pour battre Jimmy Connors (7-5, 3-6, 6-4, 7-6). Interrogé des années plus tard sur ce qui sera son dernier titre du Grand chelem, il confiera : « De tous les Majeurs que j’ai gagné, ce fut le plus exigeant physiquement. Généralement je préparais un Majeur deux mois avant, mais là je n’ai eu que dix jours de préparation après un mois de coupure. Je n’ai décidé de participer que quand j’ai su que Connors venait : je tenais absolument à le battre pour oublier mes mauvaises performances de 1974. Mais arriver en finale fut rude : Je bats Masters 10-8 en quarts et enchaîne avec un match de double. Durant le match avec Tony en demie, je suis tellement fatigué que je ne me rappelle pas des 45 dernières minutes ! J’ai dû déclarer forfait pour le double pour pouvoir jouer la finale. Si j’avais perdu le tiebreak du quatrième, Jimmy m’aurait probablement collé une bulle au cinquième… »
Les revenants pré-Open:
1960 – Rod Laver b. Neale Fraser 5-7, 3-6, 6-3, 8-6, 8-6 – Sauve 1 balle de match (F)
1947 – Dinny Pails d. John Bromwich 4-6, 6-4, 3-6, 7-5, 8-6 - Sauve 1 balle de match (F)
1927 – Gerald Patterson d. John Hawkes 3-6, 6-4, 3-6, 18-16, 6-3 - Sauve 5 balles de match (F)
Roland Garros
2004 – Gaston Gaudio b. Guillermo Coria 0-6, 3-6, 6-4, 6-1, 8-6 – Sauve 2 balles de match (finale): Quand Guillermo Coria (tête de série N°3) et Gaston Gaudio (44e) se retrouvent en finale du tournoi le plus cher aux Argentins, Roland-Garros, nul ne doute que la victoire sera pour Coria, artiste de la terre battue au sens tactique aigu et au jeu utilisant tout le répertoire du tennis sur ocre : lift, amorties, lobs, accélérations… Le pauvre Gaston semble relégué au rôle de simple faire-valoir et les deux premiers sets le confirment : trois jeux gagnés ! Que ce passe-t-il à ce moment dans la tête de Guillermo ? Trop d’assurance ? Panique à l’idée de gagner ? Nul ne le saura vraiment… Ce que l’on sait, par contre, c’est que Coria coule à pic tandis que Gaudio ressuscite pour recoller à deux sets partout. Au cinquième, malgré les crampes, Coria se reprend. Il réussit un break qui semble décisif pour servir pour le titre à 6-5. Par deux fois il obtient balle de match. Et par deux fois il n’arrive pas à donner le coup de boutoir décisif. Coria, l’homme qui vantait jusque-là une série de 37 victoires sur ses 38 derniers matchs sur terre battue et 19 victoires (pour zéro défaite) face à ses compatriotes argentins, s’écroule définitivement. Il ne remportera plus le moindre jeu et perdra incroyablement ce match. Il ne le sait pas encore, mais cette défaite sera le début de la fin, aussi bien pour lui que pour Gaudio… (Lire aussi l’article de MarieJo sur Gaudio)
2001 – Gustavo Kuerten b. Michael Russell 3-6, 4-6, 7-6, 6-3, 6-1 – Sauve 1 balle de match (8e): Numéro 1 mondial, vainqueur à Monte-Carlo et finaliste à Rome, tenant du titre… inutile de dire que Gustavo Kuerten est LE favori de ce Roland-Garros 2001. Et ce n’est pas Michael Russell, un obscur qualifié américain 122° mondial, qui semble être en mesure de représenter un obstacle sur le parcours du Brésilien. 6-3, 6-4, 5-3 et balle de match sur son service. Tout semble se dérouler comme prévu… sauf que c’est Russell qui est en train de mener ! Ses amorties et ses coups puissants font mouche mais c’est surtout « Guga » qui surprend par son attitude amorphe. L’échange durera 26 coups. Après une attaque de revers qui touche en plein la ligne, Kuerten sauve cette balle de match au filet. Revigoré, il se met enfin à jouer à son niveau et dès lors il n’y a plus match. Russell ne marquera plus que 5 jeux. Soulagé, Kuerten peut désormais s’envoler vers son troisième (et dernier) titre à Roland-Garros. A l’issue de son triomphe, il tracera un cœur sur le Central à l’attention du public qui l’a tant soutenu.
1976 – Adriano Panatta b. Pavel Hutka 2-6, 6-2, 6-2, 0-6, 12-10 – Sauve 1 balle de match (1er tour) : Vainqueur à Rome après avoir sauvé 11 balles de match face à Kim Warwick (dont 10 sur le service de l’Australien !), le bel Adriano confirme à Paris être béni des dieux. Fatigué, il est malmené par Pavel Hutka, un joueur ambidextre qui ne connaît pas le revers. Il se retrouve dos au mur au cinquième quand le Tchèque obtient une balle de match. Monté au filet, Adriano parvient difficilement à remettre un lob du Tchèque dans le court. Ce dernier n’a plus qu’à ajuster un dernier passing sur lequel l’Italien se jette désespérément. La volée est acrobatique mais ratée, mais Panatta effleure avec le bois de sa raquette la balle qui vient mourir du bon côté du filet ! Dès lors la victoire ne le quittera plus…
Les revenants pré-Open:
1962 – Rod Laver d. Marty Mulligan 6-4, 3-6, 2-6, 10-8, 6-2 – Sauve 1 balle de match (QF)
1934 – Gottfried von Cramm d. Jack Crawford 6-4, 7-9, 3-6, 7-5, 6-3 - Sauve 1 balle de match (F)
1927 – René Lacoste d. Bill Tilden 6-4, 4-6, 5-7, 6-3, 11-9 – Sauve 2 balles de match (F)
Le plus puissant serveur des 4 est Söderling, il suffit de voir les vitesses moyennes. Il peut d’ailleurs atteindre régulièrement les 140 mph que les autres n’atteignent pas. Jo s’en approche avec des boulets à 135-136 quand il est en mode énervé
Le plaisir animal du Söderling, à laminer la balle est stupéfiant. Si on dit que frapper fort, c’est communiquer une vitesse d’avancée ou de fuite à la balle, cela se joue entre Del Potro et Söderling pour le coup droit. Si on parle d’énergie communiquée à la balle, c’est Nadal en coup droit. Aucun coup de fond de court n’est plus énergivore que celui-là. Tout au plus les frappes les plus démentes de Gonzalez, mais avec moins de systématisme.
Les joules fournis sont ici majoritairement employés à éloigner la balle de l’orbite terrestre après rebond (cf ‘il envoie les balles à 6 mètres de hauteur’ dixit Almagro à Roland 08).
Malgré la vitesse d’avancée somme toute modeste, la résultante est une impression d’un poids énorme même si plus lent que les « missiles » des « cadors » sus-évoqués. Des boules de pétanque dirigées de préférence sur le revers du vis-à-vis, comme oppression pesante et systématique.
Dans bourrin, il y a la notion de heurt, d’arrachement, de rupture. C’est en cela que Tsonga est un bourrin. L’antibourrin absolu est Federer qui conserve la voltige d’une fée Clochette, et le visage impassible des archanges de la Renaissance pendant le miracle spatial de la frappe.
« la voltige d’une fée Clochette, et le visage impassible des archanges de la Renaissance pendant le miracle spatial de la frappe ».
This time I think I would just make it explicit. You’re definitely my idol!