Roland-Garros, épisode 6 : les demi-finales

By  | 7 juin 2012 | Filed under: Actualité

Chez les mes­sieurs, si le Djoko Slam reste en­core d’ac­tualité à Paris, le Big Four Semi Slam n’aura définitive­ment pas lieu à Londres. La faute à David Ferr­er qui a empêché Andy Mur­ray d’at­teindre sa deuxième demi-finale con­sécutive au French Open. Tout comme Jo-Wilfried Tson­ga avait empêché, l’année dernière, Roger Feder­er de re­joindre ses trois aut­res compères en demi-finales de Wimbledon alors que les « Quat­re Fan­tastiques » avaient formé, quel­ques semaines plus tôt, le de­rni­er carré de Roland-Garros. Chez les dames, l’invitée sur­pr­ise de ces demi-finales est l’Italien­ne Sara Er­rani, qui a in­diqué la porte de sor­tie des In­ter­nationaux de Fran­ce à deux an­cien­nes cham­pion­nes : Ana Ivanovic (2008) et Svet­lana Kuz­netsova (2009). Maria Sharapova, elle, vise le trône de la WTA.

Les de­m­ies féminines

  • Stosur vs. Er­rani : tout en lift

Samantha Stosur est en bonne forme. Son ad­versaire, Sara Er­rani, aussi. Leur con­fron­ta­tion pour­rait donc donn­er lieu à un très bon match. Les deux joueuses se sont affrontées une seule fois sur la sur­face ocre, cette année-même, à Rome pour une vic­toire de l’Australien­ne qui domine d’ail­leurs l’Italien­ne au H2H : 5-0.

Les par­cours

Stosur n’a pas perdu le moindre set de­puis le début du tour­noi. En quarts de fin­ale con­tre Dominika Cibul­kova, tom­beuse de la N°1 mon­diale Vic­toria Azaren­ka au tour précédent, elle a dominé les débats du début à la fin. De son côté, Er­rani a balayé de sa route deux an­cien­nes cham­pion­nes de Roland-Garros : la Serbe Ana Ivanovic en trois sets et la Russe Svet­lana Kuz­netsova à qui elle a même in­fligé une bulle au pre­mi­er des deux sets d’un match par­faite­ment maîtrisé en huitièmes . En quarts, elle s’offre, pour la première fois de sa carrière, la tête d’une Top 10 en la per­son­ne de l’Al­leman­de An­gelique Kerb­er.

Les clés de la vic­toire

Stosur de­vrait com­pt­er sur son ex­péri­ence. Cham­pion­ne en titre de l’US Open, elle a déjà at­teint les demi-finales du Grand chelem parisi­en en 2009 et même la fin­ale en 2010, alors défaite, à chaque fois, par les fu­tures cham­pion­nes. Pour Er­rani qui ral­lie, pour la première fois, le de­rni­er carré d’un Majeur, le vérit­able défi sera le re­tour du ser­vice kické ad­verse ; un défi de tail­le pour une joueuse qui ne mesure qu’1m64. Toutefois, il faut re­mar­qu­er qu’elle mène le clas­se­ment des dames en matière de re­tour de pre­mi­ers ser­vices (121) et oc­cupe la deuxième place en ce qui con­cer­ne le re­tour de deuxièmes ser­vices (87) parmi les joueuses en­core en lice, seule­ment de­vancée par Sharapova. La puis­sance et le re­v­ers slicé de Stosur sont aussi deux équa­tions aux­quel­les Er­rani devra trouv­er des répon­ses. Mais la petite Italien­ne est une spécialis­te de la terre bat­tue, sur­face sur laquel­le elle a connu ses plus beaux résul­tats en gag­nant, en sim­ple, 4 de ses 5 tit­res dont 2 cette année, et en doub­le, 9 de ses 13 tit­res. Ce dont on est sûr, c’est que ça va li­ft­er à mort lors de ce match ; un ex­er­cice dans lequel les deux joueuses ex­cel­lent.

Mon pro­nos­tic

Stosur en 3 sets.

  • Sharapova vs. Kvitova : le ten­nis à haut ris­que à l’hon­neur

C’est définitive­ment l’af­fiche d’une fin­ale de Grand chelem. Mais ce n’est qu’une demie de cette édi­tion 2012 de Roland Gar­ros. Les deux joueuses ne se sont affrontées qu’une seule fois sur terre bat­tue, cette année-même, à Stuttgart, pour une vic­toire en deux sets de la Russe qui pour­rait retro­uv­er, quat­re ans après y avoir accédé, la première place mon­diale si elle sor­tait vain­queur de ce duel.

Les par­cours

En quarts, Kvitova éli­mine, en trois sets dif­ficiles, Shvedova qui avait, au tour précédent, mis fin aux rêves de doublé de la cham­pion­ne en titre, la Chino­ise Li Na. Au même stade de la com­péti­tion, Sharapova qui im­pres­sion­ne de­puis le début de la com­péti­tion, à l’ex­cep­tion de son huitième cat­astrop­hique de plus de trois heures face à Zakopalova, a dominé en deux petits sets Kanepi.

Les clés de la vic­toire

Lorsque deux joueuses of­fen­sives s’affron­tent, la gag­nante est celle qui fait le moins de fautes. Pour Sharapova, il s’agira de li­mit­er son nombre de doub­le fautes au ser­vice (elle tient la palme avec 23 de­puis le début de la com­péti­tion de­vant Kvitova et ses 20 doub­le fautes). Ce qui veut dire qu’elle se doit de pass­er un maxi­mum de pre­mi­ers ser­vices, contra­ire­ment à sa ten­dance ac­tuel­le. La Russe pour­rait aussi tirer pro­fit des déplace­ments en­core très approximatifs de la Tchèque sur la sur­face ocre et miser sur la con­fian­ce qu’elle a ac­cumul­ée tout au long de la saison sur terre avec ses tit­res à Stuttgart et à Rome pour un ratio victoire-défaite de 15-1 (sa seule défaite est in­ter­venue, en quarts, sur la patinoire de Mad­rid, face à Serena Wil­liams). Quant à Kvitova, je ne sais pas quoi en dire. Elle ne me fait pas vibr­er et sa forme physique, loin de celle d’une pro­fes­sion­nelle et d’une fu­ture am­bassad­rice de ce sport ne con­tribue pas à me la faire apprécier. Je lais­serais donc d’aut­res faire l’exer­cice à ma place. Contra­ire­ment à l’autre demie, celle-ci sera le théâtre, non pas de coups liftés, mais de frap­pes plus à plat.

Mon pro­nos­tic

Sharapova en 3 sets.

Les de­m­ies mas­culines

  • Djokovic vs. Feder­er : les retro­uvail­les

Ils se retro­uvent un an après. Un an après un match dan­tesque de Feder­er qui a porté un coup dur au début de saison ex­cep­tion­nelle de Djokovic. Un après un péché d’or­gueil de Djokovic qui avait voulu pre­ndre Feder­er à son pro­pre jeu. Un an après une demi-finale qui re­stera dans les an­nales de Roland-Garros, dans les an­nales de l’his­toire du ten­nis tout simple­ment.

Les par­cours

Le moins que l’on puis­se dire, c’est que les deux pro­tagonis­tes sont loin d’avoir im­pres­sionné de­puis le début du tour­noi. Si Djokovic a frôlé la cat­astrop­he à deux re­prises, la première fois con­tre An­dreas Seppi en seizièmes de fin­ale et la deuxième fois con­tre Jo-Wilfried Tson­ga en quarts de fin­ale en re­mon­tant, à chaque fois, un déficit de deux sets pour fin­ale­ment s’im­pos­er en cinq, le tout en 8 heures de jeu, Feder­er, à, lui de son côté, lâché quat­re sets en court de route malgré un tab­leau en papi­er mâché et un ad­versaire en quarts han­dicapé au genou.

Les clés de la vic­toire

Pour Djokovic, elles se résu­ment en son ap­titude à gérer, en­core une fois, la pre­ss­ion du Djoko Slam qu’il a con­tribué à amplifi­er en clamant haut et fort que Roland-Garros était son ob­jec­tif de l’année, et à bien se déplac­er sur le court alors que le match con­tre Seppi a montré des lacunes dans ce com­par­ti­ment du jeu. Pour Feder­er, elles con­sis­tent, comme ce fut le cas en 2011, en sa capacité à très bien ser­vir tout en variant les zones et les ef­fets et à être très ef­ficace en re­v­ers. Car, comme leur de­rni­er match de Rome l’a montré, c’est un coup que le Djok­er ne va pas hésiter à pilonn­er. La bonne nouvel­le pour Feder­er, c’est qu’il mène au clas­se­ment des deuxièmes ser­vices gag­nants (62%) de­vant Djokovic (61%) qui, toutefois, con­fir­me son statut de meil­leur re­tour­neur… de pre­mi­er ser­vice. Car, s’agis­sant du re­tour en deuxième ser­vice, Feder­er reste de­vant le Serbe. Si Feder­er, qui a une sci­ence du jeu sur terre bat­tue net­te­ment sup­érieure à celle de Djokovic, par­vient à jouer ce de­rni­er dans le re­place­ment comme en 2011, à at­taqu­er son coup droit tout en évitant de lui ouv­rir les an­gles, il pour­rait avoir ses chan­ces. Des chan­ces que le N°1 mon­di­al, à une marche de sa première fin­ale au French Open, va bien évidem­ment s’ac­harn­er à com­promettre quit­te à laiss­er des plumes sur le Chat­ri­er. 24 heures de récupéra­tion, c’est déjà assez pour lui. Il n’en a pas be­soin de plus…

Mon pro­nos­tic

Djokovic en 4 sets.

  • Nadal vs. Ferr­er : entre com­pat­riotes, entre potes

Pour la première fois à Roland-Garros, Nadal et Ferr­er s’affron­tent en demi-finales ; Ferr­er at­teig­nant pour la première fois en dix par­ticipa­tions, ce stade de la com­péti­tion à Paris. Ail­leurs, sur la sur­face ocre, les deux com­pat­riotes et amis se sont livrés de be­lles batail­les. Toutefois, c’est le plus il­lustre des deux qui mène les débats avec 13 vic­toires con­tre 1 défaite…. laquel­le date de 2004.

Les par­cours

En huitièmes de fin­ale, Nadal atom­ise son ami Juan Monaco qu’il ob­lige à sor­tir du court à vélo ; un man­que total d’élégance, du sens des codes et des usages qui n’a laissé per­son­ne in­différent, con­duisant à l’ouver­ture d’une procédure judiciaire dont l’acte d’ac­cusa­tion est ac­tuel­le­ment en train d’être rédigé par le Pro­cureur Karim. En quarts de fin­ale, il est, pour la première fois du tour­noi, inquiété par un Al­mag­ro in­spiré qui en­voie de très be­lles prunes en re­v­ers et en coup droit pour le plus grand plaisir du pub­lic parisi­en. Mais le spec­tacle n’aura duré que le temps d’un set, le pre­mi­er, re­mporté en­core une fois, la troisiè­me de suite, à Roland-Garros, par le Major­quin qui y signe au pas­sage sa 50e vic­toire. Si les con­di­tions de jeu len­tes ont bien aidé Al­mag­ro en atténuant les ef­fets du lift nadali­en, elles ont aussi favorisé le jeu de défense de celui qui vise un septième titre sur le Chat­ri­er. Quant à Ferr­er, toujours aussi dis­cret dans ses par­cours, mais impérial cette année à Paris, il n’a concédé son pre­mi­er et uni­que set du tour­noi qu’en quarts face à un Andy Mur­ray qui ap­paraît de plus en plus comme le mail­lon faib­le du Big Four pour les plus scep­tiques en­core.

Les clés de la vic­toire

Pour Ferr­er, elles se résu­ment en la ges­tion de son ment­al. Car, sur le plan ten­nistique et physique, il dis­pose de sérieux ar­gu­ments à op­pos­er à Nadal. En fixant con­tinuel­le­ment ce de­rni­er dans la di­agonale de re­v­ers, Ferr­er empêche non seule­ment le Major­quin de se décaler en coup droit, mais aussi, il s’ouvre une bonne par­tie du court pour frapp­er son coup droit long de ligne qui s’est gran­de­ment amélioré au fil des années. Le défi pour lui sera, cepen­dant, de main­tenir cette tac­tique qui a fait ses pre­uves pen­dant éven­tuel­le­ment cinq sets. Pour Nadal qui at­tendra, comme à son habitude, son heure, lorsque les choses se cor­sent, il s’agira de très bien ser­vir, face à un ad­versaire sol­ide en re­v­ers et qui tient bien les échan­ges, afin d’ob­tenir un maxi­mum de points gratuits. Parmi les joueurs en­core en com­péti­tion, il af­fiche le meil­leur taux de pre­mi­ers ser­vices gag­nants (79%) de­vant Feder­er (75%) et Ferr­er (74%). Lors de son quart , il a réussi 10 aces, seule­ment de­vancé par Feder­er (11). Par ail­leurs, il a sauvé 16 des 17 bal­les de break aux­quel­les il a dû faire face. Toutefois, si Nadal oc­cupe ac­tuel­le­ment la 3e place au clas­se­ment du nombre de bal­les de break gagnées de­puis le début de la com­péti­tion (30), derrière Djokovic (32), ce même clas­se­ment est dominé par… Ferr­er (36).

Mon pro­nos­tic

Nadal en 4 sets.

Bons matchs !

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Le ten­nis est pluriel.

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526 Responses to Roland-Garros, épisode 6 : les demi-finales

  1. Jérôme 9 juin 2012 at 12:49

    Coach, essaie quand même de rester dans l’échange d’arguments et d’opinions, comme tu l’indiquais plus haut.

    Une opinion n’est pas « ignoble ». Et si Federer avait gagné 70% de ses titres sur gazon alors que le gazon ne représente qu’au plus 15% des tournois qu’on peut jouer chaque année sur le circuit, je dirais de la même façon et sans la moindre hésitation que Federer est d’abord et avant tout un joueur de gazon.

    A contrario, je ne reprocherai jamais à un Laver d’avoir gagné une proportion très forte de ses titres sur gazon puisqu’à l’époque c’était une des surfaces principales du circuit et que 3 tournois du GC sur 4 s’y disputaient.

  2. MarieJo 9 juin 2012 at 12:50

    dans le rush des matchs d’hier, j’ai oublier de remercier et féliciter Mac Arthur pour ce premier article d’une future glorieuse série ;-)
    merci beaucoup, c’est toujours bien de voir des petits nouveaux se lancer dans l’exercice !

  3. Sam 9 juin 2012 at 13:43

    => « que les gens préfèrent Federer, cela ne justifie pas que le stade ne soit pas rempli pour une demi-finale de Grand Chelem, surtout que ce n’est pas un joueur lambda qui la dispute ».
    Si justement, mais surtout, la question n’est pas là. Imaginer que « l’absence » du public doive se justifier induit qu’il y ait un bon/mauvais comportement du public. Mais par rapport à quoi ? A quelle règle ? Donc, la seule conclusion que l’on puisse tirer, est que si les gens vont « moins » voir Nadal, c’est qu’ils considèrent que, par exemple, le spectacle est assez chiant. Il n’y a rien à justifier ou pas, c’est purement factuel.

  4. Yaya 9 juin 2012 at 22:36

    J’ai lu le post bizarre de coach K. Je ne savais pas qu’il était obligatoire d’aimer Lance Armstrong par exemple aux seuls motifs qu’il a fait des perfs.

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