Je t’aime, moi non plus… (1/2)

By  | 23 février 2012 | Filed under: Histoire

Dans la série « En­semble, pour le meil­leur et pour le pire », ces co­u­ples se sont affrontés à plusieurs re­prises en fin­ale de Grands chelems. Re­tour sur les joutes de ces in­sépar­ables du de­rni­er di­manche !

  • Ivan Lendl – John McEn­roe : 3 fin­ales (2-1)

Le robot venu de l’Est face au fan­tasque Américain au touch­er divin, le grégaire forçat du travail con­tre le génie dont la plume est la raquet­te. Tous les in­grédients sont réunis pour pro­duire des « clashs » mémor­ables entre ces deux joueurs. Si on ajoute à ce co­cktail ex­plosif un zeste d’an­tipat­hie récip­roque et d’al­lumages au filet, on ob­tient une des plus be­lles rivalités du ten­nis. Le détail de leurs fin­ales:
- Roland-Garros 1984 : Lendl 3/6, 2/6, 6/4, 7/5, 7/5
- US Open 1984 : McEn­roe 6/3, 6/4, 6/1
- US Open 1985 : Lendl 7/6, 6/3, 6/4

Le match : En 1984, « Big Mac » est trois clas­ses au de­ssus du lot. Il est sur une série de 41 succès con­sécutifs et at­teint aisément la fin­ale de Roland-Garros. Face à lui se dres­se Ivan Lendl (af­fectueuse­ment sur­nommé “chick­en” par Con­nors), le seri­al loser du cir­cuit avec ses quat­re fin­ales du Grand chelem per­dues. Au som­met de son art, McEn­roe re­mpor­te les deux pre­mi­ers sets (6/2 6/3). Malgré la perte du troisiè­me set, il semble s’ac­hemin­er vers la vic­toire quand il mène 4-2 dans le quat­rième, mais Lendl s’accroc­he pour fin­ale­ment re­mport­er le set. McEn­roe ob­tient deux nouvel­les bal­les de break au cin­quiè­me à 3-3 : sur la première, Lendl glis­se mais le coup droit de Mac est trop long. Sur la deuxième (point qui com­m­ence à 3:35 de cette vidéo), Mac n’a qu’à plac­er un pass­ing le long de la ligne. Hélas, son coup droit finit dans le filet, et McEn­roe vient de laiss­er pass­er sa chan­ce. Fatigué, il finit par s’inclin­er face au riant tchèque.

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  • Boris Be­ck­er – Ivan Lendl : 3 fin­ales (3-0)

Be­ck­er, ou la via crucis de Lendl en Grand Chelem. Il suf­fisait à Boris de voir le Tchèque de l’autre côté du filet pour se motiv­er et montr­er au monde en­ti­er que, à défaut d’être le n°1 au clas­se­ment, le plus fort c’était lui. L’Al­lemand s’est régalé, bar­rant systématique­ment Lendl dans sa quête du Graal à Wimbledon, et l’abat­tant égale­ment à l’US Open, à l’Open d’Australie et au Mast­ers. Le détail de leurs fin­ales :
- Wimbledon 1986 : Be­ck­er 6/4, 6/3, 7/5
- US Open 1989 : Be­ck­er 7/6, 1/6, 6/3, 7/6
- Australian Open 1991 : Be­ck­er 1/6, 6/4, 6/4, 6/4

Le match : En ce début 1991, après un par­cours tor­tueux Be­ck­er par­vient pour la première fois en fin­ale de l’Open d’Australie. En cas de vic­toire, il at­teindra fin­ale­ment cette première place mon­diale qu’il con­voite de­puis deux ans. Le de­rni­er ob­stac­le sur son par­cours est le doub­le tenant du titre Lendl. Tendu par l’enjeu, ap­parem­ment en délicates­se avec son dos, Be­ck­er est com­plète­ment dominé lors d’une première man­che où il passe plus de temps à maugréer en al­lemand qu’à jouer. Il finit par se calm­er et à mettre en place son jeu à par­tir du deuxième set. A l’instar de sa demi-finale (per­due) con­tre Agas­si à l’US Open 1990, Be­ck­er ne suit pas systématique­ment ses premières bal­les au filet mais décide plusieurs fois de soutenir l’échan­ge du fond du court face à Lendl. Bien que pas toujours payan­te, cette tac­tique a le mérite de faire dout­er Lendl qui ne sait pas vrai­ment à quoi s’at­tendre sur les ser­vices de Be­ck­er (montée au filet ou échan­ge de fond de court ?) et se sent moins en sécurité sur ses pro­pres jeux de ser­vice. Malgré une belle résis­tance du Tchèque, Boris a désor­mais le match en main et pliera l’af­faire en 4 sets. Il peut laiss­er ex­plos­er sa joie, il est fin­ale­ment n°1 !

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  • Boris Be­ck­er – Stefan Ed­berg : 3 fin­ales (1-2)

Nombre d’éléments op­posaient ces deux anges blonds : la fougue al­leman­de con­tre le calme suédois, la puis­sance con­tre l’élégance et le touch­er, la super­star con­tre l’homme dis­cret. Ils avaient cepen­dant en com­mun leur pro­fond at­tache­ment au gazon, et en par­ticuli­er celui de Wimbledon. Ils poussèrent cet amour au point de mono­polis­er la fin­ale de 1988 à 1990. Le détail de leurs affron­te­ments :
- Wimbledon 1988 : Ed­berg 4/6, 7/6, 6/4, 6/2
- Wimbledon 1989 : Be­ck­er 6/0, 7/6, 6/4
- Wimbledon 1990 : Ed­berg 6/2, 6/2, 3/6, 3/6, 6/4

Le match : La vic­toire sur­pr­ise d’Ed­berg en 1988 et la cor­rec­tion in­flig­ée par Be­ck­er en 1989 ont laissé les amateurs sur leur faim, orphelins d’une fin­ale en cinq sets de­puis 1982. Le début de cette belle entre les deux jar­dini­ers semble mal­heureuse­ment présager une nouvel­le fin­ale décevan­te, tant Be­ck­er est amorphe et Ed­berg est éblouis­sant durant ces deux pre­mi­ers sets qu’il re­mpor­te aisément. Au début de la troisiè­me man­che, Be­ck­er donne fin­ale­ment des sig­nes de réveil, ses re­tours de ser­vice s’améliorant petit à petit. Il breake Ed­berg et réussit à con­serv­er l’avan­tage pour gagn­er le set. Il élève en­core son niveau dans le quat­rième set, breakant 2 fois le Suédois pour le pouss­er à un cin­quiè­me set décisif. Mené 15-40 sur son pre­mi­er jeu de ser­vice, Be­ck­er s’en sort et breake le Suédois pour mener 3-1. La messe semble dite mais c’est sans com­pt­er sur la hargne d’Ed­berg qui re­col­le au score et réussit à break­er Be­ck­er à 4-4 sur un somptueux lob de re­v­ers. Il con­clut fin­ale­ment le match sur son ser­vice pour re­mport­er son deuxième (et de­rni­er) titre lon­doni­en.

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  • Jim Co­uri­er – Stefan Ed­berg : 3 fin­ales (2-1)

Jim Co­uri­er vs Stefan Ed­berg, ou le tan­dem au som­met de mi-1991 à mi-1993. Le pur pro­duit de l’école Bol­lettieri au re­v­ers style « baseball » et au coup droit ravageur se révèle au monde en re­mpor­tant Roland-Garros en 1991, bat­tant au pas­sage le Suédois. Leur duel pour la première place mon­diale se pour­suiv­ra jusqu’à l’avène­ment du vrai dominateur de la décen­nie, Pete Sampras. Le détail de leurs fin­ales :
- US Open 1991 : Ed­berg 6/2, 6/4, 6/0
- Australian Open 1992 : Co­uri­er 6/3, 3/6, 6/4, 6/2
- Australian Open 1993 : Co­uri­er 6/2, 6/1, 2/6, 7/5

Le match : L’US Open 1991 est le tour­noi décisif durant lequel se décidera le de­stin de la première place mon­diale entre Boris Be­ck­er et Stefan Ed­berg. Longtemps maudit sur le ci­ment américain, la logique voud­rait que ce soit l’Al­lemand qui main­tien­ne sa place de n°1. Mais con­tre toute at­tente, Boris (di­minué par une bles­sure à la cuis­se) s’incline au troisiè­me tour face à Paul Haar­huis, tan­dis que le Suédois ar­rive sans faire de bruit en fin­ale où l’at­tend la révéla­tion de l’année, Jim Co­uri­er. Im­pres­sion­nant tout au long du tour­noi (aucun set perdu, y com­pris face au tenant du titre Sampras en quarts et face à Jimmy Con­nors en de­m­ies, auteur d’un for­mid­able tour­noi), Big Jim semble le favori, sur­tout au vu de leurs précéden­tes re­ncontres en Grand chelem en 1991 (dif­ficile vic­toire d’Ed­berg en 5 sets à Mel­bour­ne, vic­toire de Co­uri­er en quarts de Roland-Garros). Mal­heureuse­ment pour lui, Ed­berg sor­tit ce jour-là le match le plus ab­outi de sa carrière en Grand chelem : in­touch­able au ser­vice, in­trait­able en re­v­ers, im­plac­able au filet, Stefan ne lais­se aucune chan­ce à l’Américain, totale­ment sonné au point d’en per­dre sa lucidité (à un mo­ment du match Jim con­tes­te avec véhémence auprès de l’ar­bitre un ser­vice d’Ed­berg, sans même se re­ndre com­pte que le juge de ligne avait en fait déjà stoppé le jeu pour faute de pied d’Ed­berg…). 6/2, 6/4, 6/0 : une sévère leçon de ten­nis of­fen­sif as­sor­tie d’une bulle. Mais l’Américain montrera en 1992 et 1993 l’avoir bien re­tenue.

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  • Bjorn Borg – Jimmy Con­nors : 4 fin­ales (2-2)

Borg vs Con­nors, ou le mariage avec sépara­tion des biens : Wimbledon et sa tradi­tion au gentleman Suédois, l’US Open et son chaos au bouil­lonnant Américain. Si leurs carrières ont été as­ymétriques (brève pour le Suédois, lon­gue pour l’Américain, domina­tion in­itiale de Con­nors, domina­tion fin­ale de Borg), le résul­tat de leurs fin­ales est par­faite­ment sym­étrique :
- US Open 1976 : Con­nors 6/4, 3/6, 7/6, 6/4
- Wimbledon 1977 : Borg 3/6, 6/2, 6/1, 5/7, 6/4
- Wimbledon 1978 : Borg 6/2, 6/2, 6/3
- US Open 1978 : Con­nors 6/4, 6/2, 6/2

Le match : Après le super­be mano-à-mano en fin­ale de l’US Open 1976, tout le monde at­tend avec im­pati­ence cette fin­ale 1977 de Wimbledon entre les deux dominateurs du ten­nis mon­di­al. Et on peut dire qu’il ne seront pas déçus ! Nos deux las­cars dis­putent cinq sets haletants, pleins de re­bon­disse­ments. Après un ex­cel­lent début, Con­nors bais­se petit à petit de niveau, jusqu’à s’ef­fondr­er dans le troisiè­me set 6/1. Il s’accroc­he désespérément pour re­mport­er de just­es­se le quat­rième, mais Borg semble im­per­turb­able et con­tinue sa marche en avant pour mener 4-0, 40/30. Dos au mur et n’ayant plus rien à per­dre, Con­nors fait sien­ne la de­v­ise « ça passe ou ça casse » et at­taque comme sourd toutes les bal­les… et ça passe ! Il re­col­le en 10 minutes à 4-4 face à un Borg com­plète­ment tétanisé et mène 15/0 sur son ser­vice. Plus de doute, tel un TGV lancé à pleine vites­se plus rien ne semble pouvoir l’arrêter… à part lui-même ! Il réalise une double-faute qui semble an­odine mais mar­que en réalité le bas­cule­ment définitif du match. Re­prenant con­fian­ce, Borg mar­que les 7 de­rni­ers points du match pour re­mport­er le titre et déboulonn­er l’Américain du trône de n°1 qu’il oc­cupait sans relâche de­puis juil­let 1974.

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Dans le pro­chain épisode :
Borg – McEn­roe : 4 fin­ales (1-3)
Djokovic – Nadal : 4 fin­ales (3-1)
Lendl – Wiland­er : 5 fin­ales (2-3)
Agas­si – Sampras : 5 fin­ales (1-4)
Feder­er – Nadal : 8 fin­ales (2-6)

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419 Responses to Je t’aime, moi non plus… (1/2)

  1. Nath 26 février 2012 at 23:30

    Elle perd patience, la grande brute. Il menait 4-1 et a laissé Melzer revenir à 4-4. S’il perd ce soir il aura eu exactement les mêmes résultats que l’an dernier à la même époque (Delray Beach et Memphis)

    • William 26 février 2012 at 23:32

      Un titre de plus quand même (Chennai + San Jose)!

    • Nath 26 février 2012 at 23:54

      Je me suis trompée, c’est San José et non Delray Beach, je les confonds, la tournée américaine de février n’est pas terrible de toute façon.
      Je voulais parler de ces deux tournois seulement (San José et Memphis), je ne suis pas sûre d’être claire.

      Vilaine faute de Raonic sur son 2° coup de raquette à 4-3 Melzer dans le tie-break. Ce fut le tournant du jeu décisif, et match Melzer qui nous aura tous fait mentir. Premier 500 pour lui, et statu quo concernant le CC.

  2. Sylvie 26 février 2012 at 23:52

    Qui avait joué Melzer à la CC ? La grosse cote, non ? Une victoire qui me fait sacrément plaisir même si je crois qu’il est dans mes tocards. Belle ovation du public et belle semaine pour l’Autrichien qui a sorti Isner et Raonic.

  3. karim 27 février 2012 at 00:02

    Antoine faut pas s’enflammer c’est du 2.5 pas encore du 3.0 pour delpo. Les 0.5 qui manquent seront à aller chercher dans la caboche, plus à la sueur. Une bonne grosse victoire contre un des trois premiers et ça peut le débloquer. Cet aprem je l’ai trouve très vulnérable dans les courses vers l’avant. Au démarrage c’est plus le TGV qu’un porte à faux arrière made in weissach. Mais c’est pas mal de qu’il a fait aujourd’hui, très solide.

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