Les voir en vrai

By  | 24 octobre 2009 | Filed under: Bord de court

Thierry Ascione, Open de Rennes (photo Le progrès)Pour com­prendre ce que c’est d’as­sist­er à l’Open de Re­nnes, le plus sim­ple c’est d’en parl­er. Pas à des initiés, non, à des pro­fanes. Ceux pour qui le ten­nis c’est Nadal – Feder­er, Mac Enroe – Lendl et c’est tout. Ceux pour qui le ten­nis c’est début juin à la télé, en même temps que le Grand prix. Ceux pour qui le ten­nis, « ça finit à quel­le heure ? Au prix qu’ils sont payés… » Ceux qui, un jour ou l’autre, dis­ent « allez Henri ». Alors quoi l’Open de Re­nnes ? Si jamais ils vous posent la ques­tion, dites leur qu’il y des joueurs de ten­nis et que vous allez les voir, en vrai.

Comme son nom l’in­dique, l’Open de Re­nnes (« In­ter­nationaux de ten­nis »), Chal­leng­er Se­ries, se trouve à Re­nnes. Enfin pre­sque. Dans la mesure où la majorité des spec­tateurs ar­rive de Re­nnes même ou de sa ban­lieue, au final l’Open de Re­nnes est sur­tout : près de la pis­cine (« salle Col­et­te Be­sson », mais de­man­dez sur­tout la pis­cine).

Comme son nom l’in­dique plus ou moins, l’Open de Re­nnes est un Chal­leng­er Se­ries. A ce stade, pas la peine d’embrouill­er la tête du Pro­fane avec ce genre de détail, il vous rap­pellera bien assez tôt que « tu t’crois à Roland-Garros ? » N’empêche, il n’aura pas tout à fait tort. Un Chal­leng­er Se­ries se définit sur­tout par ce qu’il n’est pas, ou pas en­core mais ça viendra : un « grand », un « vrai » tour­noi, im­médiate­ment re­con­naiss­able sur la carte des évène­ments spor­tifs par le club des « allez Henri ». Et pour­tant il se donne du mal notre Open de Re­nnes, en com­muniquant très fort sur l’aug­menta­tion du « Prize money » (al­lant jusqu’à ex­pliqu­er les sub­tilités de l’hôtel­lerie in­cluse), et en af­fichant la posi­tion ainsi ac­qu­ise de « 8e plus grand tour­noi français ». Et at­ten­tion, on ne com­pte pas en re­st­er là.

Car tout de­vient plus beau, tout de­vient plus gros. Les deux premières années, nous fin­iss­ions à huit spec­tateurs con­gelés sur des gradins es­camot­ables. En­suite, déménage­ment à Col­et­te Be­sson, qui est chauffée (si je puis dire). Cette année, toujours Col­et­te, et en plus des spec­tateurs présents en nombre jusqu’à pas d’heure. Col­et­te est pleine (…). Enfin, mirac­le des mirac­les : en quat­re années, le prix d’entrée à con­sidérab­le­ment… baissé. Quel est ce pro­dige Sain­te Col­et­te ? « Bah mon bon Sam, pauv­re gueux :

Ne vois-tu point le monde chang­er ?

Tes miret­tes au mar­ket­ing, tu dois in­iti­er.

Et con­stat­er auto­ur de toi l’arrivée,

De notre sain­te pat­ronne à tous, la BNP ».

- Mais alors, sain­te Col­et­te, vous voulez dire que nous aussi, à Re­nnes, nous al­lons…

« Hééééé oui, mon brave.

Ceux-là même que tu traitais de pro­fanes,

Ce sont eux, la vraie manne.

Dès qu’ils voient la BNP,

Ils pen­sent Vu à la télé,

Si c’est à la télé, c’est bien,

Et si c’est bien, je viens.

Habitué de­puis tout petit,

La BNP, c’est : Allez Henri ».

Fort de ces révéla­tions, notre œil s’aigu­ise et nous con­statons qu’ef­fective­ment, le joli logo vert BNP Paribas (« Un monde qui chan­ge ») s’est délicate­ment posé sur le tab­leau de sim­ple, en plein milieu. Exit donc, l’Open de Re­nnes La Tri­nitaine (« pro­duits bretons appréciés pour leur saveur et leur aut­henticité »).

Mais ça n’est pas tout. A quoi reconnait-on un grand tour­noi avec la BNP de­dans ? A la qualité des tri­bunes au bord du court. A quoi reconnait-on la qualité ? Facile : à Roland-Garros, plus la tri­bune en haut de l’écran au-dessus des bâches avec le logo BNP est vide à l’heure de la di­ges­tion, avec juste Tiriac en train de fumer une clope en bas à gauc­he, plus c’est de la qualité. Suf­fit de faire pareil. Col­et­te étant non-fumeuse, Tiriac n’est pas venu. Pour le reste, c’est très sim­ple, créons de la dis­tinc­tion, et de la réser­va­tion. Réserv­er un truc gratuit me direz-vous ? Oui, pour être : en Bas. Au plus près du court, là où on se rend le plus com­pte de la vites­se, là où c’est le plus En vrai. Etre le mec qu’on voit à la télé au chan­ge­ment de coté assis juste derrière Feder­er, pass­er non­chalam­ment un coup de téléphone. Le nom de baptême re­nnais pour cette caste est : « Op­por­tunité Busi­ness ». Et n’y re­ntre pas qui veut. Une fois pénétré Col…, par­don, dans l’en­cein­te (…), n’imaginez pas avoir accès à votre Op­por­tunité Busi­ness. Vous n’êtes au mieux qu’un aim­able li­cen­cié. Le ten­nis est une chose trop sérieuse pour être laissée aux joueurs : les VIP, en Bas, les gueux, en Haut.

Une vue plon­gean­te sur l’Op­portunité Busi­ness : Re­nnes est une ville com­pos­ée d’un tiers d’étudiants, et d’une bonne part d’ad­ministratifs. Pour le reste, im­aginons la scène : « cher Mon­sieur, et si nous al­l­ions fin­alis­er ce pro­jet con­for­table­ment in­stallés au pre­mi­er rang de l’Open de Re­nnes ? …Moui, heu …’llez Henri ? Hum, pas ex­ac­te­ment, mais pre­sque. Ce soir par ex­em­ple, on a – hum – …Kindlmann con­tre Snobel ».

Mais le Bas de Col­et­te n’est pas vide. Ils y bavar­dent con­for­table­ment, les tem­pes grison­nantes et les yeux rieurs sous leurs cas­quet­tes à car­reaux avec des velours côtelés as­sor­tis aux Méphis­tos, in­stallés là de­puis si longtemps qu’on ne sait plus où fini leur siège et où com­m­ence leur cul, pro­fitant des joies sim­ples de la re­traite à taux plein, vous les avez re­con­nus, ce sont : les Vieux. Oui, ceux-là même qui oc­cupent leur temps – que – libre à cog­it­er les règles in­extric­ables du ten­nis amateur de Pro­vin­ce avec ses poules, ses 2e meil­leurs pre­mi­ers qui mon­tent, son de­rni­er de l’équipe 4 qui doit – ou pas, ça dépend – être mieux classé que le pre­mi­er de la 5, sauf s’il est non classé, etc ; les di­rec­teurs tech­niques de sous-préfectures, ceux qui vous en­voient tous les ans chez le médecin pour at­test­er que vous êtes en pleine forme, alors que vous n’y allez jamais le reste du temps (rapide cal­cul : pour un club de 200 li­cen­ciés, à 25 euros la con­sul­ta­tion de 10mn, ca fait 5000 euros de Sécu), ceux qui ont in­venté le super tie-break à la place du troisiè­me set en doub­le : c’est eux. Les joueurs du di­manche qui l’ont refusé en bloc : c’est nous.

Alors nous, en Haut, on voit peut-être un peu moins bien, mais qu’im­porte, la Démoc­ratie peut aussi pass­er par les oreil­les. Nous som­mes tous égaux de­vant les as­sauts du didji réquisitionné pour garan­tir la mon­filsa­tion de tout événe­ment ten­nistique qui se re­spec­te. Bercy a eu David Guet­ta, nous aussi on veut notre am­bian­ceur. C’est la fête, nom de Dieu, de gré ou de force, c’est la fête ! Rentrez-vous bien ca dans le crâne, une bonne fois pour toute : le sport, c’est la fête, et la fête, c’est les didji. Et c’est parti pour l’ag­ress­ion sonore electro-plouc caractéris­ée entre chaque match. Je vous garan­tis que le mec joue très fort et qu’il n’est pas fan de Leonard Cohen. On en vient à prier pour que les joueurs ar­rivent vite. Jamais de la vie je n’aurais im­aginé désirer Dominik Hrbaty à ce point.

Une fois ce cadre posé, reste un détail à régler : les joueurs. Alors, place aux fauves. Entre ici, fils du vent : Col­et­te, ceux qui vont mourir pour toi te saluent.

Etaient an­noncés et présentés comme « prin­cipales attrac­tions» de cette édi­tion 2009, rien moins que : Gros­jean, Clément, Mahut, Mal­is­se, Hrbaty, Ouan­na. Aux­quels ils con­vient d’ajout­er pour les plus initiés : Carst­en Ball, Kevin An­der­son ou Thiago Alves, notam­ment. On pour­rait aussi ajout­er pour les en­core plus initiés, et à ten­dances sadiques : Jean-René Li­snard. Ouais. Vous je sais pas, mais moi, c’est ce que j’ap­pelle une liste pre­stigieuse. Après, par­ticuliè­re­ment en Chal­leng­er, il y a une nette différence entre un joueur « an­noncé » et un joueur qui vient vrai­ment. Là, on peut déjà en­lev­er Gros­jean et Li­snard (ah mince) de la liste. Et puis il y a ceux qui vien­nent, mais qui posent juste leur en­velop­pe char­nelle sur le court pen­dant une heure et re­par­tent aussi sec : Clément.

Comme vous l’aurez com­pris, quand on est 8e tour­noi Français, être amputé quasi­ment d’entrée de jeu du binôme Gros­jean/Clé­ment, c’est pro­blématique. Car il faisait fiè­re­ment of­fice de re­mpart le plus ef­ficace à la ques­tion ul­time du Pro­fane : « y’a qui d’connu ? » Là, une seule stratégie pos­sible, répondre : « tous ». Etre très af­firmatif. Et puis de toutes manières, soit ils ont été con­nus, soit ils le de­viendront, soit ils le sont dans leur quar­ti­er.

Viens Pro­fane, pre­nons un ex­em­ple au hasard, et ad­mirons au pas­sage la for­mid­able pro­gress­ion qualitative du tab­leau au fil des ans. Rien qu’en 2007, la tête de série 1 est… Edouard Roger-Vasselin. Ca te dit quel­que chose, Pro­fane ? Oui, c’est ça, c’est bien lui. En 1983, même. Oui, l’année où. Et figures-toi qu’il vient de taper del Potro, en plus. Par­don, c’est vrai, tu ne con­nais pas. En 2007 toujours, tu re­mar­queras que la « last di­rect ac­ceptean­ce » (cherche pas, c’est du lan­gage pro) est 218e, et s’ap­pelle Jérémy Char­dy. Ca te dit quel­que chose, Pro­fane ? Non ? La Coupe Davis, ca te parle ? Bon, sac­hes qu’aujourd’hui, ce Chardy-là tient l’équipe de Fran­ce à lui tout seul. Pre­nons le tab­leau 2008, et un nom com­plète­ment au hasard : Rodolphe Gil­bert, puis­que ca te parle quand c’est français. Qui c’est ? Be­ck­er, tu con­nais ? Oui, c’est ça, « Boum-boum ». Hé bien Gil­bert vient de le battre à Roland Gar­ros en 1993. Autre nom pris com­plète­ment au hasard dans le tab­leau 2008 : Ser­guei Bubka. Des com­men­taires ?

Hoooooo, comme je suis dis­trait. Et comme tu es ob­ser­vateur, Pro­fane. Tu fais bien de me le faire re­mar­qu­er, c’est bien une af­fiche géante avec Tson­ga de­ssus que l’on voit ici au-dessus de nous. Et oui, c’est bien le minois de Jo-Wilfried que l’on voit aussi sur le pro­gram­me. Ainsi que sur dif­féren­tes pages du site of­ficiel. Et dans la pre­sse loc­ale, ef­fective­ment, tu as bien souvent lu la Vérité : Jo-Wilfried Tson­ga a gagné l’Open de Re­nnes en 2006, et ça a lancé sa carrière. Le déclic. Com­prenez : sans Open de Re­nnes, pas d’écrabouil­lage de Nadal à l’Open d’Australie, pas de Bercy, pas de « sol­ide top ten », et Gil­les Simon numéro 1 français. Ca calme, hein ? Com­ment un Chal­leng­er français, pour sa première édi­tion aurait-il pu être placé sous meil­leur pat­ronage ? Est-ce qu’il sera là cette année ? Ca, c’est la mauva­ise ques­tion. Restons-en là.

Car c’est bien là tout le problème d’un tour­noi comme l’Open de Re­nnes. Tous les joueurs qui le re­mpor­tent ne rêvent que d’une chose : ne pas avoir be­soin d’y re­venir. Pour les or­ganisateurs, ce phénomène néces­site donc de déploy­er des trésors d’imagina­tion mar­ket­ing pour valoris­er l’hétéroc­lite car­gaison ATP an­nuel­le qui se présente en Bretag­ne. Nous avons donc la catégorie des Zes­pouars, et parmi eux, les Zes­pouars français, qui est par­ticuliè­re­ment large. On peut être es­poir tard, en Fran­ce. Vous ne les con­nais­sez pas en­core, bientôt, ils seront con­nus, et vous avez la chan­ce de les découv­rir en ex­clusivité, sous vos yeux et de très près si vous êtes en Bas. Qu’est-ce qui pro­uve ça ? Ben, on a eu Tson­ga. Cette année, Carst­en Ball tenait la corde pour le rôle de fu­ture star révélée à Re­nnes. En­suite, la co­hor­te des numéros 1 ex­otiques. Vous ne les con­nais­sez pas ? Mais enfin, dans un monde glob­al, le ten­nis ne se li­mite pas à l’Hexagone ! Ca peut paraître di­ngue, mais chaque pays a son Numéro 1. Et ils vien­nent à Re­nnes. Pour pre­uve, Kevin An­der­son, Rabie Chaki, Al­ejandro Falla (non, pas Li­snard). Et enfin, la catégorie des con­nus ou un peu con­nus, qui ex­er­ce une fas­cina­tion somme toute un peu… mor­bide. Les raisons de leurs prés­ences re­stent toujours plus ou moins sus­pec­tes. Franche­ment, mon­sieur Clément, vous qui avez connu les Grands chelems, la Coupe Davis, les hôtels, les av­ions et tout le bazar, qu’est ce qui vous fait vrai­ment venir… ici ? Et vous m’sieur Hrbaty ? Ces garçons por­tent en eux l’ATP World Tour Dream. Pen­sez : ils ont joué Agas­si. Et si Gros­jean était venu ? Le problème des stars dans un Chal­leng­er, c’est qu’en venant, elles en­térinent précisément le fait qu’elles n’en sont plus. Cinq heures du mat’, en smok­ing dans un PMU, Chez Col­et­te. Allez, il faut sor­tir, mon­sieur… Au final, le tour­noi re­ssemble à une gare de trans­it. Les Zes­pouars vien­nent dans l’es­poir d’aller ail­leurs, les stars dans l’es­poir de re­tourn­er d’où elles vien­nent. Et si un jour Safin vient à Re­nnes, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne nouvel­le.

Mais quel­le im­por­tance, fin­ale­ment, par rap­port à ce qui va se pass­er main­tenant ? En­trez, installez-vous, et re­gar­dez at­tentive­ment la tête de votre Pro­fane à l’instant du pre­mi­er échan­ge. Pour la première fois de sa vie, il voit du ten­nis.

Ceux qui ont déjà lu les récits à chaud en vers­ion post peuvent di­rec­te­ment saut­er à la con­clus­ion (par ail­leurs et si be­soin était, je leur con­fir­me que Thier­ry As­cione a bien re­mporté le tour­noi au terme d’une fin­ale où il a écrasé Andy Mur­ray 6/1 6/0. En doub­le, as­socié à sa sœur, il domine la paire Hewitt – Kar­lovic).

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C’était bien, chez Col­et­te, jour 1.

Dominik Hrbaty : qu’a-t-il fait con­tre Romain Jouan (sorte de Safin breton, si vous voyez le con­cept) ? A quoi peut-on s’at­tendre de la part d’un Hrbaty au pre­mi­er tour d’un Chal­leng­er ? A de l’expéri­ence, pour le moins. Une faute toutes les 20 minutes, et en­core. Du rusé, du com­pact aux points im­por­tants.

En­suite, dans le genre clas­se moyen­ne du ten­nis in­ter­nation­al, le sym­pat­hique Thier­ry As­cione et sa bonne tête de nounours sympa. Son très joli re­v­ers à une main, aussi, une de règles de base du ten­nis étant qu’il faut toujours être pour celui qui a un re­v­ers à une main. C’est comme ça, Pro­fane. Alors, que pouvait faire le Juli­en Obry de Picar­die, avec 11 ans et une tête de moins ? Pas grand chose, à part montr­er un joli re­v­ers à une main lui aussi, et toute la différence entre le 6e junior mon­di­al et un bris­card comme As­cione.

N’empêche. As­cione a en com­mun avec Feder­er son année de nais­sance, 1981, et la pratique du re­v­ers à une main (vous me direz, les deux sont joueurs de ten­nis : c’est vrai aussi). Obry, dix ans de moins, né en 1991, pour l’instant « es­poir tri­colore », et quasi-inexistant au pre­mi­er tour d’un Chal­leng­er. Il y a 10 ans, Fed, au même âge, re­mpor­tait le Chal­leng­er de Brest. Ca n’a pas valeur de loi, mais ca pose « l’es­poir ».

On y re­tour­ne, donc. Et at­ten­tion: Seb Gros­jean nous ayant fait faux bond (il a mal à XXX, met­tez ce que vous voulez), la prin­cipale attrac­tion de­vient …Ar­naud Clément. Con­tre Guez au pre­mi­er tour (et Es­pace Pizza en­suite, Av. De Gaul­le).

Mais les initiés ont repéré de­puis longtemps que le VRAI MATCH est ail­leurs, entre Mahut (ex-future chan­ce tri­colore à Wimby) et l’inénarr­able et très im­prévisib­le Xavi­er Mal­is­se.

Pour ce soir: aller voir Ouan­na ou pas, telle est la ques­tion (et la réponse est dans « con­tre Cer­venak le Slovaque »).

Sinon un truc curieux avec Hrbaty: il re­ssemble comme deux bal­les à Stepanek.

C’était bien, chez Col­et­te, jour 2.

L’info es­sentiel­le: Ar­naud Clément avait choisi de se présent­er à Re­nnes sans ses lunet­tes de ski : ça lui a été fatal, plié en 2 sets secs par David Guez. Se ven­gera peut-être en doub­le as­socié à Sidoren­ko. Un mot sur celui-là, dans la famil­le des zes­pouarfrain­çais: une sym­pat­hique bonne tête de garde du corps de Poutine (je sais, c’est délit de sale gueule, mais bon), et un ten­nis, com­ment dire ? nuancé, qui va avec. Jamais vu ça: quand il sert, sa raquet­te fait un bruit de swwoush comme le sabre laser de Dark Vador. En in­ter­view, il est rac­cord. Homme de phrases co­ur­tes, l’ami Sido déclare sob­re­ment: « Moi, c’est avant tout la puis­sance ». Sans dec ?

Dominik Hrbaty a ac­quis ici une curieuse popularité. Peut-être due au fait que son ten­nis, à com­par­er à celui de son ad­versaire d’hier, Al­ejandro Falla, paraît lit­térale­ment… in­spiré. N’empêche qu’il a com­mis plus de fautes di­rec­tes hier dans le troisiè­me set que pen­dant tout son Roland-Garros 1999. Alors malgré quel­ques « Allez Dominik ! » (?!), zou, back to Bratis­lava.

Last but not least : l’in­ternationale Safinien­ne a son re­présen­tant Belge en la per­son­ne du très im­prévisib­le Xavi­er Mal­is­se. Première info : il est venu. Deuxième info : toujours le chig­non, Xav ? Toujours. Et il est cool, Xav. Là où sa réput’ de « gros caractère » le précède, il se montre par­ticuliè­re­ment détendu, dans l’at­titude et le jeu. Autant son ad­versaire – par­don, « zes­pouarfrain­çais – Nicolas Mahut est tout en an­gles et poin­tes, autant Xav est en ron­deur et fluidité. Ce qu’on ap­pelle le Talent. Jamais il ne donne l’impress­ion de forc­er. Cool. Quand il se fait mass­er par le soig­neur sur sa ser­viet­te (c’est quand même le physique de Xav), on a l’impress­ion de se retro­uv­er pris dans un rituel new age à Braden­ton. En face, Mahut est tendu, éructe con­tre tout et n’im­porte quoi. Même sa voix est aigüe. Xav, lui, quand il s’ad­resse à l’ar­bitre dans son sabir florido-belge, il in­vite à la com­munica­tion: « qu’est ce que t’en pense, toi ? » Zen. Moralité, c’est pas parce qu’on est at­taquant qu’on a le mono­pole du talent : Mahut se jette au filet dans n’im­portes quel­les con­di­tions. Xav at­tend gen­ti­ment qu’il lui offre le match sur deux doub­les fautes. Pro­chain tour pour Xav, Rameed Junaid. Vous voyez qui c’est, bien sûr ?

C’était bien, chez Col­et­te, jour en­viron 3 ou 3 ½…. ou pour­quoi Thier­ry est : le Sauveur.

Re­prenons le déroule­ment des événe­ments. Cette saaaaloperie de calendri­er ATP, ses cad­ences in­fer­nales ont fait cette semaine une vic­time de plus dans la co­ur­se au Mast­ers : Jos­selin Ouan­na, obligé d’aban­donn­er dès les quarts de fin­ale de l’Open de Re­nnes.

Pour im­agin­er la portée co­smique de l’événe­ment, et comme je l’expliquais avant de me mettre à tout réexpliqu­er, l’Open de Re­nnes est placé sous le haut pat­ronage de Tson­ga, qui est venu gagn­er ici en 2006, avant de de­venir Djowill. Re­nnes est une ville qui aime bien lanc­er des trucs. Des minitels, des groupes de rock aux Trans­musicales, et donc pareil pour le ten­nis : on a pour ainsi dire lancé Djowill, que ca pla­ise ou non.

Alors forcément, en 2007, quand Petzschn­er a gagné, on a senti un coup de moins bien. A l’époque, il avait battu le Luxem­bour­geois Gil­les Mull­er de manière ex­péditive (6/3 6/2). Fin­ale qualifiée de « décevan­te » par les or­ganisateurs. On a d’ail­leurs préféré con­tinu­er à com­muniqu­er à mort sur Djowill plutôt que sur le brave Philip, qui avait quand même tout dévasté sur son pas­sage, sim­ple et doub­le, avant d’être égale­ment qualifié de « vain­queur de l’Open de Re­nnes qui a le moins con­firmé de­puis ». Petzschn­er, monté dans le Top 40, appréciera.

Et c’est là que Jos­selin est arrivé pour re­donn­er un coup de Fran­ce qui gagne, la Fran­ce jeune et sympa. Et la Fran­ce qui a le bon goût de battre Safin à Roland-Garros après (même si de nos jours, tout le monde bat Safin, même San­toro). Donc, outre le fait que Ouan­na a en­core be­soin de re­venir cette année (pas Petzschn­er), autant vous dire qu’il avait la pre­ss­ion. Et boom, ab­an­don. Con­ster­na­tion.

Sur qui allait-on pouvoir jeter son dévolu ? Jusqu’au vendredi après-midi, une hy­pothèse sérieuse de A star is born à Re­nnes était… David Guez, vain­queur hier de Gal­vani en quarts (Itali­en, et qualifié de « roub­lard » dans la pre­sse loc­ale, ca ne s’in­vente pas). Guez, sauf le re­spect qu’on lui doit, est quand même moins bank­able que Djowill et Jos­selin. Et d’ail­leurs, il ne fait rien pour le de­venir. Son grand truc, gagn­er et dire qu’il a « plutôt mal joué ». Ce qu’il a donc dit suc­ces­sive­ment après son match con­tre Clément (6/3 6/3, ca situe le niveau de Mr Laclé), puis con­tre Charles-Antoine Brezac : vous con­nais­sez pas ? Ce garçon a fait un bond de… 1100 places à l’ATP cette année. C’est pas Gil­les Simon qui ferait ça. Sinon, Brezac est aussi le région­al de l’étape. Tel­le­ment région­al que j’ai déja fail­li le re­nvers­er à un stop. Dans ces moments-là, on est con­tent de ne pas habit­er à Bâle ou Major­que. Guez donc, jouant enfin mal con­tre le roub­lard, et on com­men­çait à se faire à l’idée de Open de Re­nnes = Guez, quand il est tombé sur pire que lui : Al­ejandro Falla.

Alors Thier­ry dans tout ça ? Il avait prévenu, Thier­ry: « Il faud­ra com­pt­er sur moi » (pas de doute, on est bien en Chal­leng­er). Pas­sion­nant en in­ter­view, d’ail­leurs. Cap­able d’expliqu­er par le menu ce qu’est « l’expéri­ence », il ap­pelle ça « l’avan­tage d’être vieux », ou bien la différence entre une vic­toire et une défaite, qui tient selon lui et dans son cas à l’utilisa­tion in­ten­sive du re­v­ers chipé : « J’ai chipé, chipé, chipé pour lui faire plier les can­nes, à ce grand-là ».

Et pour chip­er, il chipe, Thier­ry. Son ad­versaire en quart est grand, Jan Minar. Thier­ry s’obstine à lui faire « plier les can­nes », et ef­fective­ment, l’autre fini toujours par rater. Le truc, c’est que c’est par­ticuliè­re­ment ces points gagnés-là qui réjouis­sent Thier­ry (« le chip, ‘vous l’avais dit ! »). En face, Minar a re­mar­qué que Thier­ry n’est pas par­ticuliè­re­ment svel­te et a décidé de lui faire voir du ter­rain. Ce qui ne gêne pas Thier­ry outre mesure, puis­que quand il ne chipe pas, il cogne. Fort, très fort. Pen­dant les trois pre­mi­ers jeux, tout, ab­solu­ment tout, re­ntre. En points, ca fait 14/1. Les spec­tateurs se mar­rent tel­le­ment le niveau d’As­cione fait pass­er Guez et Gal­vani qu’on vient de voir pour des 15/4. Il est bientôt 20h30, les Re­nnais ont soif, mais grâce à Thier­ry, on sera bientôt à l’apéro. Sauf que le voilà qui se met en tête de con­test­er une décis­ion d’ar­bitrage, pas si grave. Et il se met à pens­er, donc à re­venir sur terre. Le match peut enfin com­menc­er pour Minar, qui jus­que là se posait la même ques­tion que tout le monde : « com­bi­en de Grands chelems ce type a-t-il gagnés ? ». Curieux tout de même. As­cione, pen­dant quel­ques jeux, joue Top 30, en gros. Tout à coup, il semble se réveill­er, et se dire « Oh put…, qu’est ce que j’ai à jouer comme ça ? Je suis 180, faut que je joue 180 ». L’avan­ce ac­cumul­ée suf­fit à le faire ser­vir pour le set : quat­re aces, dont le de­rni­er sur deuxième balle, et c’est plié. Il y a du Lecon­te chez ce garçon. Une demi-heure plus tard, Thier­ry sert pour le match. Alors qu’est ce qu’il fait à 40/0 sur son ser­vice ? Ben ouais, il tente l’ace sur deuxième balle, qui sort de deux mètres. Définitive­ment un garçon at­tachant.

Aujourd’hui, Thier­ry vient de se qualifi­er pour la fin­ale. Une nouvel­le et pas­sion­nante leçon sur le chip en conférence de pre­sse. Bon co­urage aux or­ganisateurs pour com­muniqu­er sur « la révéla­tion du tour­noi », et com­ment l’Open de Re­nnes a « lancé la carrière » de Thier­ry. Et pour quoi faire, fin­ale­ment ? Car de toutes façons, le point de vue de l’intéressé sur la ques­tion résume bien la situa­tion: « Si j’étais dans le Top 50 ? Ben ce genre de tour­noi – Re­nnes – je viendrais pas les jouer ». Cqfd.

C’était bien, chez Col­et­te, de­rni­er jour.

La fin­ale, j’y suis pas allé. J’avais ten­nis. Je sais qu’As­cione a perdu 6/3 6/2 con­tre Falla. Je sais que main­tenant, l’Open de Re­nnes est lancé lui aussi, et a pour ob­jec­tif de délaiss­er Col­et­te pour s’install­er dans une salle aut­re­ment plus pre­stigieuse que l’on ap­pelle ici « Le Li­berté ».

Ce ne sera pas la première fois qu’il y aura du ten­nis au « Li­berté ». Un soir d’hiver 1985, nous av­ions été des cen­taines de gos­ses à y aller. C’était pour voir le match ex­hibi­tion de Noah con­tre Juan Aguilera. On avait at­tendu très longtemps avant de voir ap­parait­re cet im­men­se type, Yan­nick. Il avait en­suite battu facile­ment, bien sûr, Aguilera. D’ail­leurs, c’était la première fois que je voyais du ten­nis en vrai.

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A dormi dans le même lit que Jérôme Poti­er à Poiti­ers, à quel­ques années d'in­terval­le

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30 Responses to Les voir en vrai

  1. Duong 24 octobre 2009 at 11:18

    j’aime bien ton humour et la manière dont tu écris, notamment j’avais adoré tes commentaires « à chaud » que tu remets ici à la fin.

    Là, ça reste très très bien mais tu en fais un peu trop à mon avis, trop de répétitions notamment sur l’histoire du « profane ».

    J’aurais préféré plus simple.

    Après je comprends ta crainte par rapport aux lecteurs ici qui ont tendance à dire qu’ils ne s’intéressent qu’aux top-joueurs … mais bon, on est quand même sur un site de passionnés, non ?

    D’ailleurs, quand tu dis que « le rêve de tous les joueurs, c’est de ne plus y revenir », hé bien il y a quand même beaucoup de joueurs (bons joueurs classés 80-200) qui vivent des challengers, et pour qui les meilleurs challengers sont sans doute un rayon d’air pur ou de soleil.

    Mahut disait la semaine dernière qu’il adorait revenir au challenger d’Orléans, un tournoi qu’il adore dans l’année. Mahut a été 40e mondial et finaliste du Queens.

    Clément (finaliste en Australie quand même) a dit aussi que ça ne le dérangeait absolument pas de jouer en challenger, et qu’une fois sur le court c’était du tennis.

    Et Rennes, c’est dans la catégorie des meilleurs challengers !

    Cette semaine Chardy était à Orléans (un plateau encore meilleur qu’à Rennes, désolé de le dire), Santoro joue quand même pas mal de challengers (et les gagne souvent, c’ets pas forcément uniquement pour les garanties, c’est même pas mal grâce à ça qu’il maintient son niveau) …

    Cette semaine, j’ai suivi les résultats d’Orléans avec peut-être encore plus d’intérêt que Stockholm ou Moscou !

    Et Horacio Zeballos va bientôt pénétrer dans le top-50 en n’ayant fait des résultats quasiment qu’en challenger.

    Quant à Baghdatis, pareil il est redevenu 60e mondial uniquement avec des challengers (cette semaine il se rapproche du top-50 grâce à Stockholm).

    Les challengers sud-am en ce moment c’est Gaudio, Chela, Lapentti, Massu, et quelques bons jeunes comme Gimeno-Traver ou Schwank …

    Koellerer, le « fou » découvert par certains à l’US Open, il était connu depuis longtemps sur le circuit challenger !

    Très franchement, le circuit challenger c’est souvent passionnant !

    • Elmar 24 octobre 2009 at 13:18

      A contrario, tu as un Marc Rosset qui a joué les prolongations sur le circuit challenger et qui, très clairement, disait que c’était un enfer pour lui. Qu’après avoir goûté aux grands courts, se retrouver devant 2 pelés et 3 tondus (pour reprendre son expression), cela ne représentait aucun plaisir, surtout qu’il devait affronter des jeunes aux dents longues qui voulaient « se faire » Marc Rosset.

      Franchement, les écumeurs du circuit challenger ont bcp de mérite, je trouve. Et je crois que jamais je ne pourrais avoir autant d’abnégation dans ma vie: la sensation d’évoluer en permanence dans l’antichambre, de ne jamais avoir droit à la lumière… Ca doit être très difficile à vivre. Surtout que les fins de mois ne sont pas faciles…

    • Duong 24 octobre 2009 at 16:16

      Sincèrement d’après ce que j’ai lu, les écumeurs du circuit challenger gagnent pas mal leur vie, et les « fins de mois » ne sont pas leur problème. Filenkov c’est un autre problème, mais là il doit y avoir un papa derrière …

      Qu’une star comme Rosset champion olympique ait eu du mal, ça peut se comprendre …

  2. colin 24 octobre 2009 at 12:42

    Excellent, ça se lit comme un bon roman, ou une nouvelle.

    Pour continuer sur les commentaires de Duong, Koellerer « le fou », certains d’entre nous avaient découvert ce personnage haut en couleurs à travers un article de Lionel dans SV qui relatait (dans un style un peu similaire d’ailleurs) le challenger de Cali 2008.

  3. Jean 24 octobre 2009 at 13:18

    Salut grosse crevette ! Putain, plié de rire, des bonnes grosses conneries bien jouissives (« installés là depuis si longtemps qu’on ne sait plus où fini leur siège et où commence leur cul (…) : les Vieux », « Jamais de la vie je n’aurais imaginé désirer Dominik Hrbaty à ce point. »), et derrière ça une réflexion qui tient le coup. Nickel, je te commande le même genre d’article sur les Masters de Londres (c’est pas loin, à peine à un jet de galette) et L’Aussie Open. Merci.

    Le truc de l’affiche avec le vainqueur d’il y a deux ans qui mange des Kinder Bueno, ça m’a fait penser aux concerts à la Mutualité début 90’s, « mais, vous êtes sûr qu’ils sont là, Black Uhuru ? ». « Oui oui, pas de soucis brother, donne ton argent, donne ton argent… ». bon, on finissait toujours par acheter de la pelouse en sachet.

  4. Guillaume 24 octobre 2009 at 15:03

    Il est assez génial, ce papier. Je pense même que je vais l’envoyer à deux-trois potes. Ceux qui sont fans de sport en général et ne suivent le tennis que lors des grands évènements (autrement dit, pour eux, Roland-Garros). Ces potes qui me disent ok pour voir un Federer-Nadal autour d’une bière un dimanche de juin mais me demanderont aussi : « Juan Martin qui ? » ou « C’est qui le dernier vainqueur de Roland avant Nadal ? »

    Les passages sur Xav et sur Thierry Ascione sont très bien vus. Un peu d’humour vache, mais beaucoup de tendresse derrière pour ces joueurs dits « de second rang ». Superbe premier article !

  5. Sam 24 octobre 2009 at 16:03

    Hello tous, et merci pour vos commentaires très sympas.

    Je ne sais pas exactement quels débats appelle cet article, finalement. Comme le dit justement Guillaume, il y a le coté « eux », les « profanes » et « nous » les initiés. Imaginez le pied que c’est de découvrir un beau matin qu’un challenger va être organisé dans son village: génial, non ?

    En 2006, la tête de série 1 était Dick Norman. Pour moi, ça aurait pû être n’importe qui d’autre, peu importe, on allait avoir du tennis pro à domicile, c’était ça l’important (d’ailleurs, pas mal de joueurs du tableau 2006 était là cet année, avec peu ou prou les mêmes classements, comme Kindlmann, Sidorenko … Ascione). Il se trouve qu’à cette époque, Norman était 98ème à l’ATP. L’essentiel de la communication de l’évenement étant faite sur le plateau de joueurs, et leur classement, au final ça donnait un message qui suggérait que le « meilleur » n’était « que » 98ème: une balle dans le pied. Du coup, la suite ressemblait à une forme de justification « mais vous allez voir, ça joue bien quand même », faites nous confiance. Donc, heureusement pour cette confiance que Tsonga a gagné et fait la carrière que l’on sait.

    Il y a donc encore probablement pas mal d’imagination à déployer pour raconter des histoires qui donnent envie aux profanes de venir. Et pourquoi pas, ne pas insister du tout sur les classements ?

    Après, ce petit monde est traversé par un paradoxe qui serait vouloir avoir sa propre identité, être visible et reconnu, et pour y parvenir utiliser précisément les recettes qui marchent ailleurs, les mêmes, mais en un peu moins bien: les Vips, le DJ.

    C’est donc étonnant de voir qu’en interview, il est sytématiquement demandé aux joueurs de s’exprimer (positivement) sur ce qu’ils pensent du tournoi, de la ville, bref,en quoi ils particulièrement contents d’être ici….Alors que tout est fait pou que « ici » soit exactement comme ailleurs. Et en général, les réponses sont pauvres. En gros, du moment qu’il n’y a pas de problème majeur, ils s’en foutent, c’est juste le boulot.

    • Duong 24 octobre 2009 at 16:17

      très intéressant : quand tu es naturel et pas forcé, c’est génial !

  6. Duong 24 octobre 2009 at 16:23

    Pour revenir au challenger d’Orléans dont j’ai déjà parlé (et où Llodra mène un set-zéro en demie contre Malisse),

    il y a eu un truc marrant hier : c’est un tournoi indoor mais hier, à 1 set-partout entre Llodra et Gil, le « live score » de l’ATP s’est arrêté et a écrit … « suspended for darkness » (les matches ont repris plus tard et Chardy a été battu par Stéphane Robert, joueur français pas tout jeune mais qui se rapproche actuellement du top-100).

    je ne sais pas si quelqu’un était là-bas, mais j’ai l’impression qu’il y a eu une panne de lumière.

    Ceci dit, ça peut aussi arriver sur des tournois du circuit principal …

    Je l’avais déjà dit, mais les joueurs classés 70e à l’ATP récupèrenet tous ou presque environ la moitié de leurs points sur le circuit challenger. Pour vous dire quand même que ça concerne beaucoup de joueurs en dehors des grandes stars.

  7. Duong 24 octobre 2009 at 16:25

    Autre chose pour info pas mal de challengers sont « télévisés » ou en tout cas streamés sur les sites de paris en ligne notamment.

  8. Sam 24 octobre 2009 at 16:35

    (merci, Duong, pour tes commentaires qui invitent …à l’humilité !)

    Prize money, premier tour à rennes: 660€
    Demi finaliste: 3250
    Finaliste : 5400€
    Vainqueur: 9200€

    Je vais calculer combien Xav a gagné ce mois-ci.

    • Duong 24 octobre 2009 at 17:52

      l’humilité pas pour toi en tout cas : franchement j’ai adoré tes commentaires !

      Tiens deux joueurs qui se sont refaits en challenger sont en finale à Stockholm : Baghdatis et Rochus … et l’Equipe en parle.

      D’ailleurs je m’aperçois au passage que même l’Equipe a sur son site une rubrique « résultats des challengers » !

      c’est pas comme les futures, où là il faut connaitre le site de l’ITF pour suivre les résultats ;)

      Il y a deux semaines j’ai regardé la finale Cuevas-Lapentti du challenger de Montevideo : vraiment pas mal et avec de l’ambiance !

      Ce tournoi avait commencé par un Gaudio-Massu d’ailleurs très marrant d’après ceux qui l’ont raconté !

      Comme Guillaume l’a bien décrit, les tournois ATP « normaux » ont souvent des premiers tours pas meilleurs que ce qu’on voit en challenger.

      Au passage, Llodra s’est effondré à partir de 5-5 2e set : il perd contre Malisse 7-5 6-0 les 2e et 3e set !!

      MAlisse (un de tes joueurs préférés aussi) qui grâce à ça monte à la 90e place à la Race : longtemps qu’il n’était monté si haut, j’espère que ça redonnera un coup de boost à ce joueur très talentueux mais parfois négatif … à la Gaudio encore.

  9. Guillaume 24 octobre 2009 at 17:00

    La première fois que j’ai vu du tennis en live, c’était Bercy en 2005. Un pote à moi, mordu de paris en ligne, avait gagné deux places et m’avait proposé de l’accompagner. La fac pouvait bien se passer de moi une journée : c’était la première fois que j’allais voir du tennis de haut niveau « en vrai ». Coup de chance, Bercy en milieu de semaine, c’est assez désert, et l’on quitte assez rapidement nos places pour se rapprocher du Bas, comme dit Sam. Pas en loges VIP, bien sûr, mais suffisamment bas pour être proches des joueurs, et apercevoir les dents de devant de Cédric Pioline dans sa loge.

    Il y a nettement une gradation dans ma première journée de spectateur. Au début, je dois bien dire que j’ai été déçu. Faut dire que le programme commence par Jean-René Lisnard vs Dominik Hrbaty (si si, Sam, c’est pas des conneries !). C’est pas que ça joue mal, mais… je me suis violemment rendu compte que la télévision modifie la réalité de ce sport. Là, en bord de court, j’avais l’impression que ça n’allait pas vite, que ces joueurs n’étaient finalement pas beaucoup plus forts que les mecs du pôle espoir amiénois que j’avais déjà vu à l’entraînement. Où étaient les surhommes que le petit écran m’avait vendu ?

    Les minutes, les heures passent. L’oeil s’habitue au spectacle offert et toute la finesse de ce jeu commence à m’apparaître. C’est que, Lisnard rapidement battu, Arnaud Clément et Tommy Robredo sont entrés sur le court. Avec Tommy, je découvre un truc que la télé rend extrêmement mal : le lift. Ah ouais… A la télé, tu as l’impression que la frappe de Tommy est aussi puissante que celle de ma grand-mère et tu ne comprends pas que les mecs en face ne lui réexpédient pas des parpaings. En live, tu t’aperçois que ça ne va pas vite, mais que c’est vachement enroulé et que c’est une plaie à renvoyer pour le type en face.

    Bon, ça va déjà mieux. Surtout que là, on passe à la vitesse supérieure : Fabrice Santoro et Gaston Gaudio commencent leur match. Fabrice… ben c’est Fabrice. Ses coups de pattes improbables, cette capacité à surprendre les fans de tennis les plus blasés. S’il existait des Harlem Globe Trotters du tennis, Santoro en ferait partie. Et puis il y a Gaston. Je vous rappelle que nous sommes en 2005. Gaston est encore Top 10. Il a gagné cinq tournois cette année et, dans deux semaines, jouera son deuxième Masters d’affilée. Et Gaston, c’est que du bonheur. Ce type est incroyablement « facile ». Félin dans ses déplacements, il semble caresser la balle et non la frapper. Et ce revers… Une merveille. Là, tout à coup, je me rends compte que je me trompais complètement : le tennis à la télé fausse tellement la vision qu’il « simplifie » ce sport. OK, à l’écran les joueurs semblent frapper plus vite et plus fort, façon jeu vidéo. Mais toutes les subtilités du jeu ont tendance à être gommées. Moins de perception des effets, de l’intensité des frappes, de la fatigue d’un joueur au milieu d’un échange un peu long… Bref, je commence à comprendre que rien ne vaut la proximité du terrain.

    Malgré tout, j’aurais droit en dessert à un échantillon de ce tennis brutal dont je pensais qu’il était la norme du tennis : après Gaston, place à Andy. Pas le Scot, évidemment. Non, le vrai Andy : Roddick. Face à lui, un autre poète venu de chez l’oncle Sam : Taylor Dent. Alors là… Autant vous dire que ça n’a pas grand-chose à voir avec Gaston, Fabrice, Tommy et Jean-René. Là, on joue à grands renforts de services-missiles, de volées smashées et de coups droits destinés à assommer quiconque se dresserait en travers du chemin. Comme dirait Morrison, personne ne sortira d’ici vivant.

    Bref. L’heure de partir est déjà venue. C’en est fini de ma première journée dans les tribunes. Mais je sais déjà qu’il y en aura d’autres, à Roland ou dans le plus petit Future en province.

  10. Antoine 24 octobre 2009 at 17:01

    Excellent cet article Sam ! Un peu long mais ce n’est pas moi qui m’en plaindrais. Très amusant et plein d’humour aussi; cela fait du bien. Les Challengers c’est intéressant également.

    Il y a autant de matchs passionnants entre deux joueurs classés 100 qu’entre deux joueurs du top 10. Le niveau ne fait reine à l’affaire et un type classé 100, c’est de toute façon un type qui joue très très bien au tennis. Une des raisons pour lesquelles j’aime bien aller aux qualifs de Roland Garros par ex.

    • Sam 24 octobre 2009 at 17:29

      Merci Antoine. Vrai que c’est un peu long. ( …mais ça n’est rien à coté de ce que j’imagine pour la retraite de Safin).

  11. karim 24 octobre 2009 at 19:19

    j’ai pas encore lu, mais je reviens tantôt. là j’ai le mal de mer parce que je viens de lire ça sur lequipe.fr:

    « Mikhail Youzhny (n°3) a rejoint Janko Tipsarevic, tombeur (6-1, 6-4) de l’Ukrainien Illya Marchenko, en finale. Chez lui, le Russe n’a pas traîné pour éliminer (6-1, 6-2) le Kazakh Mikhail Kukushkin. »

    Je vais aux toilettes et je reviens te lire Sam.

    Beuuuuuuuuuuuuuuu

  12. karim 24 octobre 2009 at 19:58

    Tout pareil que les autres, très drôle et enlevé, mais un peu long. En fait tu as fait un deux en un, article sur le tournoi, et un article sur le tennis du tournoi.

    Je ne sais pas qui est chargé du top flop de la semaine mais sans déconner, il a la semaine la plus pauvre et pourrie de l’année. c’est pas possible quoi… j’ai l’impression que Linz la semaine dernière en WTA c’était pas pire!!!

  13. MarieJo 25 octobre 2009 at 12:28

    difficile d’exister en tant que tournoi quand on a pas de stars même en devenir… voir des fois un peu sur le retour !

    et puis, les français ont la fâcheuse tendance de croire que faire la promo d’un joueur talentueux mais non français n’est pas possible. et on voit ça tout aussi bien dans la prog de roland qu’en challenger.

    en tous cas merci de nous avoir fait un article drôle et léger, je garde le passage de malisse comme culte ;)

  14. Ulysse 25 octobre 2009 at 12:56

    Excellent article. Le ton est très bon et il y a des vrais morceaux de tennis dedans. Je me suis régalé.

    Sache que Ascione est légitimement très fier de son nouveau revers slicé car cette tactique consistant à faire autre chose que taper le plus fort possible est relativement nouvelle pour lui. Colossale finesse !
    Ascione normalement il faut le voir au niveau du terrain pour apprécier sa caisse phénoménale. Alors forcément tout un nouveau monde à découvrir après 20 ans de tennis pour lui c’est enthousiasmant. Je respecte beaucoup ça.

  15. karim 25 octobre 2009 at 21:06

    C’était fermé ce dimanche ou quoi sur 15-LT? Y’a quelqu’un? Aubergiste?!!! Bon je repasserai une autre fois.

    • MarieJo 25 octobre 2009 at 21:34

      karim, tu sais bien le week end c’est relache, voyons !

      c’est vrai que l’actu de la semaine est loin de faire rêver, plus le début des vacances de la toussaint, des nouveaux jeunes papas très occupés ;) bref, on tourne un peu au ralenti.

      t’inquiète, les affaires vont reprendre, fed rejoue à bâle bientôt !

      • Antoine 25 octobre 2009 at 22:49

        Brillante semaine tout de même..Bon, je suis le dernier ce week end et je ferme donc la lumière jusqu’à demain pour cause d’économie d’énergie…

  16. Sam 25 octobre 2009 at 22:05

    Ohoh ? Y’ kékun ? Wohoho ? Bon, à défaut de Rennes, Xav a gagné Orléans. Avec Youzhny à Moscou, ca fait deux bonnes nouvelles. Et un Gasquet – Safin à venir.

    Tout ça passe à une vitesse. J’ai l’impression d’avoir été sur une route au bord du tour de France et d’avoir vu passer Thierry Ascione. D’ailleurs, où est-il passé celui-là ?

    • Duong 26 octobre 2009 at 11:18

      Ascione a perdu au 2e tour à Orléans contre Chardy 6-4 6-4.
      je pense qu’il était fatigué car Chardy n’était pas terrible cette semaine (a failli perdre au 1er tour et perdu en quarts contre Stéphane Robert, futur finaliste)

  17. Bastien 26 octobre 2009 at 06:25

    Chapeau Sam ! Cette éloge en creux du tennis et de ces acteurs m’a fait glousser comme une poule asthmatique. Tu as vraiment un style impeccable pour les chroniques de ce genre. Et le portrait mi-coquin, mi-amer, mi-ami que tu dresses en filigrane sur la micro-société qui gravite autour de ce événement qu’on qualifierait facilement de mineur, mais qui peut être sacrément majeur pour certains (les organisateurs, les poètes joueurs du dimanche tels que toi, Thierry, les petites mains qui s’investissent là-dedans…).

    J’avais moi aussi sérieusement tiqué sur la mode très haine-billet du dijji pas franchement Guy-l’espie (aigle), en contemplant le challenger, pardon « International tour Event » de Pörtschach (pas follement sûr de l’orthographe sur ce coup-là). Entre 2 échanges d’un match où sévissait le formidable Davy « Crockett » Denko, une assourdissante soupe sonore dévalait les gradins, faisant passer les vociférations de l’US open pour une symphonie de Mahler. J’en étais réduit à allumer/éteindre le son toutes les 5 minutes, et je me demandais comment faisaient les joueurs pour supporter pareil barouf.

    Je sais pas moi, je trouve que ce sport supporte magnifiquement un certain recueillement.
    On n’est pas dans un sport collectif où il s’agit de galvaniser les meutes. J’imagine mal David Guetta ambiancer un stand de tir à l’arc sans se prendre un smash de carquois dans la platine. Je vois mal Vitalic ou Didier Barbelivien électrorythmer une compétition de Taekwondo et ne pas se faire désosser sans sommation sur le tatami.

    Alors pourquoi diable même les petits tournois se trouvent réduits à de pareilles extrêmités ?
    On n’est pas au bhv, merde !

    C’était le coup de gueule post-tournoi de Stockholm.

    Vivent Youzhny et Baghdatis !

  18. Bastien 26 octobre 2009 at 06:39

    Sur le lien de Duong plus haut (http://www.menstennisforums.com/showthread.php?t=152504&highlight=gaudio), très sympa de voir la vidéo postée en commentaire à 11h29 par un certain Jorbaty, sur le match Cuevas/Gaudio de Montevideo, où après 7 minutes de highlights, notre ami Gaston nous fait une petite Serena !

    J’espère vivement le revoir faire une deuxième semaine à Roland un jour !

  19. Fabien 26 octobre 2009 at 12:03

    Salut à tous!

    bon, mes excuses à Guillaume à qui j’avais laissé entrevoir un article sur la kremlin cup, mais le temps n’étant pas extensible et ma qualité littéraire fort limitée…

    je vous livre toutefois mes impressions en vrac.

    J’avoue que c’était la première fois que je voyais des joueurs de ce niveau en face, eh bien, quand même quel choc! J’ai été extrêmement impressionné. Pas par la vitesse de la balle, quoique bien entendu les retransmissions ont tendance à vraiment ralentir la réalité, mais plutôt par, la façon qu’ont les joueurs d’exploiter toutes les balles.

    En direct, on juge nettement mieux la hauteur de la balle et les effets et c’est vraiment impressionnant de voir un joueur renvoyer en frappe à plat une balle au dessus de l’épaule ou aller chercher un balle rasante à 10 cm du sol.

    Quelle régularité! Et quel travail de placement! J’en suis resté quoi, je n’imagine même pas ce que ça aurait donné sur de la terre battue.

    Sur les matchs que j’ai vu: Les deux demi-finales hommes.

    Marchenko/tipsarevic
    joli parcours de Marchenko, un ukrainien. Jeu complet, revers à deux mains mais coup droit correct sans plus. Service bien trop lent pour inquiéter Tipsarevic. Sans doute un peu pris par l’enjeu. Il a pris 5-0 en même pas 20 minutes, dur dur ensuite de faire jeu égal.
    Tipsarevic impressionnant. Un coup droit vraiment lourd quand il est en confiance, ce qui était le cas pendant la majeur partie du premier set. impressionnant de voir à quel point ça rase le filet, presque aucune marge de sécurité.
    Par contre aucun service à plus de 170 sur le match malgré quelques placements intéressants.

    youzhny/kukushkin
    Terrible ce youzhny, une tête de mafieux à la sortie d’un enterrement. concentré, aucun sourire, rien. Une machine.
    Au niveau du jeu il ne m’a pas semblé au top mail il a tranquillement surclassé kukushkin, ayant une puissance largement supérieure au service.
    Et puis quel plaisir de contempler ses revers à une main, y a pas à dire c’est vraiment beau, quelle sécurité dans le geste, quelle trajectoire, on ne peut qu’être admiratif quand on voit cela en face.

    Moi je dis méfiance, ce youzhny est dans une bonne phase et il a un jeu très solide, je ne serais pas surpris de le voir revenir un temps dans le top 10.

    Pour Guillaume, j’ai essayé d’obtenir une interview de Davidenko qui était là pour remettre les bourses Eltsine mais j’ai été ceinturé en essayant de descendre sur le terrain. Je dois pouvoir t’envoyer néanmoins mon interview si tu peux me faire parvenir 30 000 dollars par western union pour payer mon avocat.

    • colin 26 octobre 2009 at 12:32

      Youzhny, il vaut sans doute mieux pour lui qu’il soit en mode « concentré, aucun sourire, une machine » qu’en mode « je me fracasse le front à grands coups de raquette ».

      coâââ !

  20. Fabien 26 octobre 2009 at 12:05

    humm… j’en suis resté coi bien sûr, pas resté quoi… désolé

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