Génération 86-87: Destins croisés

By  | 21 octobre 2009 | Filed under: Regards

Pro­logue (mythologico-féérique)

Young Guns

Le 1er juin 1986 à midi, les Dieux du Sport se réunirent sur le Mont Olym­pe sous la Présid­ence de Jesse Owens. A l’ordre du jour de cette réunion au som­met, le ten­nis. Ils avaient donc con­voqué la fée du ten­nis mas­culin, laquel­le se re­posait de­puis quel­ques années, non loin de là, sur une île des Cyc­lades.

Il faut dire à sa déchar­ge qu’elle avait eu pas mal de boulot en début de décen­nie, notam­ment un chan­ti­er «koloss­al» à Bâle en août 1981. Les Dieux du Sport, sous l’influ­ence des rap­porteurs Tild­en, Lacos­te et Budge, craig­naient d’avoir en­gendré à cette oc­cas­ion un monstre du jeu appelé à régner sans rival, et donc à leur faire une ombre funes­te. Ils auto­risèrent donc la fée du ten­nis mas­culin à re­com­menc­er la dis­tribu­tion généreuse de dons, et ce, pen­dant une période de 365 jours.

Celle-ci com­men­ça donc son travail il­lico. Le prin­temps était doux sur la Méditer­ranée et elle décida de re­st­er dans le sec­teur. Pas à Chyp­re, non, car elle avait déjà fait un petit tour à Li­mas­sol un an plus tôt. Elle ap­pareil­la donc vers les Baléares, dont elle gar­dait un ex­cel­lent souvenir de­puis son précédent séjour (en août 1976). Elle n’eut pas à cherch­er longtemps le be­rceau sur lequel dévers­er sa poud­re de per­lim­pinpin, puis­que dès le 3 juin à Man­acor un nouveau-né était arrivé dans une famil­le qui avait déjà goûté aux joies du sport de haut niveau (en la per­son­ne de l’oncle Miguel Angel). La fée y alla très fort ce jour là, puis­qu’el­le n’oub­lia quasi­ment aucun don, tout juste laissa-t-elle au bébé, comme jadis à Ac­hille au talon, une légère faib­lesse dans les pieds et les genoux, parce que quand même, hein, faut pas exagérer.

Traver­sant la Méditer­ranée dans le but de pass­er son été au sol­eil sur la Côte d’Azur, elle lais­sa tomb­er le 18 juin sur une mater­nité de Sérig­nan dans l’Hérault, quel­ques grains de sa poud­re, con­tenant notam­ment un don pour un somptueux re­v­ers à une main qui n’avait pas servi à Man­acor.

Elle passa l’été à bull­er au sol­eil puis se rap­pela ses en­gage­ments. Elle aurait bien aimé aller visit­er les Anti­lles, mais jugea qu’elle n’avait pas le temps de par­courir le globe et décida fin­ale­ment de re­st­er en Europe. C’est à Paris le 1er sep­tembre qu’elle trouva un bébé pro­met­teur, et, de plus, dont les parents étaient originaires de Mar­tinique et Guadeloupe, ce qui la con­sola d’avoir dû ab­an­donn­er ses velléités de voyages trans­oc­éaniques.

L’autom­ne fut peu pro­duc­tif: aucun nouveau-né ne semblait mériter ses grâces. Elle passa l’hiver en quasi-hibernation dans la forêt de Brocélian­de. Le 1er mai 1987 les feux du prin­temps la réveillèrent en sur­saut, et elle réalisa qu’elle n’avait plus qu’un mois pour finir d’ac­complir sa tâche. Elle traver­sa donc la Man­che, car cela faisait des lustres qu’elle n’était pas allée re­ndre visite à ses amis les Lep­rechauns, Banshees et Kor­rigans de Grande-Bretagne. Il lui fal­lut re­mont­er jusqu’en Ecos­se pour trouv­er, le 15 mai, un bébé digne de re­cevoir ses dons. Elle n’était d’ail­leurs pas la seule à se pench­er sur ce be­rceau, puis­que la fée de la chan­ce était présente aussi ce jour là, ce qui valut à l’heureux élu d’échapp­er au mas­sacre de l’école de Dunblane huit ans plus tard. Cer­tains racon­tent que la sorcière «Tur­keyface» était égale­ment présente auto­ur du be­rceau, mais ce ne sont que des médisants.

Re­des­cendant vers la Grèce pour faire le compte-rendu de sa mis­s­ion aux Dieux du Sport, elle se re­ndit com­pte en chemin que son grand sac à poud­re de per­lim­pinpin n’était pas vide. Aussi elle déversa précipitam­ment tout ce qui re­stait sur la ville de Be­lgrade qui était en­core à l’époque la capitale de la Yougos­lavie. Par chan­ce ces dons ne furent pas per­dus puis­qu’ils re­tombèrent le 22 mai sur le be­rceau d’un bébé issu d’une famil­le de skieurs.

Jugeant qu’elle avait bien travaillé, les Dieux du Sport di­rent à la fée du ten­nis mas­culin de se re­pos­er, et qu’ils l’ap­pelleraient quand ils auraient à nouveau be­soin d’elle.

On racon­te qu’elle a re­pris une ac­tivité not­able le 23 sep­tembre 1988 du côté de Tan­dil en Ar­gentine, et qu’elle a (en­core une fois) fini de vider son sac de dons en re­ntrant vers l’Olym­pe, au de­ssus de la ville de Med­jugor­je en Yougos­lavie, 5 jours plus tard. Pour cette mis­s­ion, il paraît qu’elle était ac­compagnée par la fée «6pieds6pouces», qui ne l’aurait plus quittée de­puis…

Que sont-ils de­venus ?

Qu’ont fait nos cinq héros de tous ces dons? Plus de vingt ans se sont écoulés de­puis ces évène­ments et il est temps de tirer un pre­mi­er bilan de cette généra­tion dorée, puis­que, pour la première fois, un joueur plus jeune qu’eux vient de re­mport­er un Grand chelem.

Calendrier des naissances 1983-1988. En gras les joueurs ayant atteint le top 10. Entre parenthèse leur classement ATP (meilleur - actuel 19/10/09)Sur le re­gistre de la précocité, les plus re­mar­qu­ables ont été… les deux plus âgés.

Petit RichardNadal et Gas­quet ont été tous les deux des Mozart du ten­nis, habitués à faire les gros tit­res des jour­naux dès leur plus jeune âge. En Fran­ce tout le monde se souvient de cette fameuse Une de Ten­nis Magazine dès 1996 («Ric­hard G… 9 ans»), puis des ex­ploits d’adoles­cent de Gas­quet : vic­toire au tour­noi des «Petits As» de Tar­bes en 1999, champ­ion du monde junior en 2002 (en re­mpor­tant notam­ment Roland-Garros et l’US Open), et vic­toire la même année au 1er tour du tour­noi de Monte-Carlo con­tre Fran­co Squil­lari (alors nº54 à l’ATP), le faisant de­venir le plus jeune joueur (15 ans et 10 mois) à gagn­er un match en Mast­ers Se­ries.

Pequeño RafaelCôté es­pagnol, Rafael Nadal Parera est pre­sque aussi précoce puis­qu’il re­mpor­te les «Petits As» de Tar­bes en 2000, puis en décembre est le porte-drapeau de la sélec­tion ibère pour la fin­ale de la Coupe Davis qui se déroule à Bar­celone. Wikipedia nous apprend qu’en mai 2001, le jeune Nadal, alors âgé de 14 ans, bat Pat Cash (36 ans) lors d’un match ex­hibi­tion sur terre bat­tue à Major­que (Rafa avait été appelé pour re­mplac­er au pied levé Boris Be­ck­er qui s’était blessé). Il ne fera en re­vanche pas grand-chose chez les juniors : juste une demi-finale à Wimbledon 2002, l’année où Gas­quet ter­mine n°1, préférant se con­centr­er sur les tour­nois Fu­tures voire Chal­leng­ers.

L’année suivan­te (2003), c’est Mar­cos Baghdatis, d’un an plus vieux que Gas­quet et Nadal, qui de­vient n°1 mon­di­al chez les juniors, tan­dis que nos deux pro­diges grim­pent déjà à vites­se V les échelons du clas­se­ment mon­di­al séniors.

2004 sera l’année de l’explos­ion pour Rafael Nadal, s’af­firmant à cette oc­cas­ion comme le major de la promo (ce qui ne s’est jamais démenti de­puis, malgré deux ou trois éclip­ses bien com­préhen­sibles): première vic­toire en tour­noi ATP à Sopot, et sur­tout première vic­toire en Coupe Davis qui le révèle au grand pub­lic, grâce à ses matches gagnés face à Clément en de­m­ies et Rod­dick en fin­ale.

Cette même année 2004, qui voit donc Nadal et, à un degré moindre Gas­quet, faire leurs armes au sein du Top 100, verra enfin nos trois aut­res «élus» se dis­tin­gu­er sur le cir­cuit des juniors, à un âge «norm­al» dira-t-on. A ce petit jeu c’est Gaël Mon­fils qui se montre le plus im­pres­sion­nant, réus­sissant un tonit­ruant petit chelem. Seul l’US Open lui échap­pe, au pro­fit de… Andy Mur­ray. Quant à Novak Djokovic, c’est le cancre de la clas­se cette année-là chez les juniors, avec une maig­re demi-finale à l’Open d’Australie. A sa déchar­ge il faut dire qu’il est alors classé de­vant les deux aut­res au clas­se­ment ATP (lar­ge­ment au-delà de la 150ème place quand même) grâce à des très bons résul­tats en Fu­tures et Chal­leng­ers. Il faud­ra at­tendre 2005 pour que nos trois compères ar­rivent à se hiss­er dans le Top 100, re­spec­tive­ment en avril (Mon­fils), juil­let (Djokovic) et sep­tembre (Mur­ray).

Après, l’his­toire est bien con­nue:

  • Palmarès comparés (ATP)Nadal qui gagne Roland-Garros (et 10 aut­res tour­nois !) en 2005, et qui, de­puis, col­lec­tion­ne les tit­res, à un point tel qu’il est de­venu l’une des deux stars in­con­testées du cir­cuit (et d’ores et déjà dans le Top 10 des meil­leurs de l’ère Open);
  • Gas­quet qui bat Davyden­ko et Feder­er à Monte-Carlo 2005 (mais qui, déjà, cale face à Nadal en de­m­ies), fait deux fin­ales en Mast­ers Se­ries, re­mpor­te quel­ques tour­nois, at­teint les de­m­ies à Wimbledon 2007, et, petit som­met d’une carrière qui a pour l’instant un goût d’inac­hevé, se qualifie pour les Mast­ers 2007 à la faveur d’une vic­toire sur Mur­ray en quarts de fin­ale à Bercy. De­puis, il n’a fait que re­des­cendre;
  • Djokovic qui se révèle à Roland-Garros 2006 avec une place en quarts, puis qui ex­plose au prin­temps et à l’été 2007 (fin­ale à In­dian Wells puis vic­toire à Miami, demi-finales à Roland-Garros et Wimbledon, vic­toire à Montréal en bat­tant suc­ces­sive­ment les n°3, 2 et 1 (Rod­dick, Nadal et Feder­er), fin­ale à l’US Open), avant d’at­teindre en 2008 la con­sécra­tion à Mel­bour­ne en jan­vi­er (puis en novembre aux Mast­ers);
  • Mur­ray qui voit sa pro­gress­ion freinée par des bles­sures, et, qui, en gros, fait tout comme Djokovic mais avec un an de re­tard, et sans avoir (en­core) réussi à décroch­er ni Grand chelem ni Mast­ers; cepen­dant sa régularité im­pres­sion­nante dans les Mast­ers Se­ries et les petits tour­nois, et ses « head-to-head » positifs face aux aut­res top­guns lui valent d’être de­venu leur égal ou pre­sque;
  • Et enfin Mon­fils, le plus tar­dif de la bande, qui a dû at­tendre mars 2009 pour enfin at­teindre le top 10, grâce entre aut­res à une demie-finale à Roland-Garros’08, et qui reste pour l’instant le moins titré du club des cinq.

Le grap­hique ci-dessous per­met de visualis­er l’évolu­tion de nos héros au clas­se­ment mon­di­al de­puis leur tout pre­mi­er point ATP. On a utilisé une échel­le logarithmique. Ce grap­hique fait bien re­ssor­tir la gran­de précocité de Gas­quet et Nadal, dont les co­ur­bes sont, au départ, en avan­ce de deux ans sur cel­les des trois aut­res, alors qu’ils n’ont que 3 mois de plus que Mon­fils et 11 mois de plus que Mur­ray et Djokovic.

Classements ATP comparés de nos cinq protagonistes

On voit, par ail­leurs, claire­ment ap­paraître un plafond pour les trois meil­leurs d’entre eux, sol­ides mem­bres du Top 4. Nadal a été comme d’habitude le pre­mi­er à touch­er le sien, dès juil­let 2005 (et a même réussi à le per­c­er pen­dant un an à la faveur d’un triplé his­torique et inédit Roland-Garros / Wimbledon / J.O. 2008). Nole a at­teint le sien deux ans plus tard, en juil­let 2007. Mur­ray est le moins précoce de la bande, ayant at­tendu sep­tembre 2008 pour at­teindre son rang, mais pas forcément le moins talen­tueux puis­que de­puis mai 2009 il a fait boug­er les lig­nes, échan­geant son rang avec Djokovic et même, pen­dant quel­ques semaines, avec Nadal. A l’heure où Djokovic re­prend sa troisiè­me place, à la faveur d’une bles­sure au poig­net de son con­scrit, on peut im­agin­er que la phase de stabilité est ter­minée et que les car­tes vont être re­bat­tues dans les mois à venir du fait des résul­tats – et des bles­sures – des uns et des aut­res (et aussi grâce à l’arrivée de del Potro). Rien n’in­dique cepen­dant que les 3 cadors soient en dang­er de sor­tie du Top 5 à moyen terme.

Les deux Français, eux, montrent des co­ur­bes be­aucoup plus irrégulières, quoique Gaël Mon­fils semble, pour la première fois de sa carrière, se stabilis­er (en l’oc­curr­ence auto­ur de la 13è – 15è place). Gas­quet, qui avait connu les joies du Top 10 bien avant son com­pat­riote, semble avoir at­teint le climax de sa jeune carrière en 2006 et 2007, à seule­ment 20 ans. La ques­tion est de savoir s’il va être cap­able d’aller se con­struire une deuxième carrière au plus haut niveau, après les soucis qu’il a eus cette année avec les lig­nes blanches, ou s’il va se traîner ad vitam aeter­nam au delà de la 20ème place mon­diale.

Promotion 86/87 (montage d'après photos http://www.atpworldtour.com (c) Getty Images)

Si la fée du ten­nis mas­culin re­venait aujourd’hui pour voir où en sont les élus de cette pro­lifique cuvée 1986/87, elle con­staterait avec fierté que si deux d’entre eux n’ont été «que» des n°1 mon­diaux juniors (2002 et 2004) et d’éphémères mem­bres du top 10, les trois aut­res for­ment désor­mais l’élite du ten­nis mon­di­al. Et que, s’ils n’ont pas réussi à re­nvers­er le roi Feder­er, ils ont par mo­ments fait vacill­er son trône, et l’ont empêché de régner de façon trop auto­cratique, nous préser­vant ainsi de la mono­tonie.

Elle se délec­terait égale­ment des ex­ploits récents de ses deux jeunes protégés de sep­tembre 1988, del Potro et Cilic.

Et enfin, elle pour­rait nous re­ncard­er sur l’iden­tité des pro­chains maîtres du jeu: Grigor Di­mit­rov, né en mai 1991 à Has­kovo (Bul­garie) ? Be­rnard Tomic (Australi­en mais né à Stuttgart en oc­tob­re 1992) ? Ou en­core Car­los Boluda-Purkiss, né à Al­ican­te en jan­vi­er 1993 (pour le coup, en l’abs­ence de la fée « 6pieds6pouces », re­mplac­ée par sa petite soeur « 5pieds5pouces ») ?

About

Sous d'aut­res cieux et en d'aut­res temps, je fus connu sous le sob­riquet de "Colin Mail­lard et Tar­temp­ion".

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97 Responses to Génération 86-87: Destins croisés

  1. Sam 23 octobre 2009 at 12:33

    Pour les monomaniaques du revers à une main, l’après Fed, c’est très inquiétant. Et j’ajouterais, non seulement revers à une main, mais aussi service souple et délié (ref. absolue: Noah), option tendance à aller vers l’avant. Del Po. est très sympa, mais il incarne à lui tout seul le risque récurrent de l’invasion des géants. En face, je ne vois guerre que Julien Ory.

  2. benja 23 octobre 2009 at 21:06

    On sait tous que ce forum est très majoritairement représenté par des fans de fed, qui ne voient donc pas d’interêt à suivre le tennis après sa retraite.

    Je m’étais dit la même chose deux fois déjà: après Lendl (dont j’étais le seul fan en Belgique…si heureux lors de se retournement en finale de RG 84) et Andre bien sur.

    Malgré tout, j’ai continué à suivre ce sport où s’attache très facilement à une personnalité, un style, un mental.

    Le seul sport que j’ai complétement zappé après un départ, c’est la F1, le décès de Senna a tout changé, pour toujours!

    • Antoine 23 octobre 2009 at 22:03

      Depuis la retraite de Tilden, Benja, c’est foutu…Je ne cesse de le dire mais on ne me prend pas au sérieux…Il reste encore cinq ans, peut être, au tennis pour représenter quelque chose d’intéressant mais après la retraite de Federer, et Marie Jo fait bien de le souligner, celle de Rafa qui sera simultanée, ou presque, ce sera rideau pour tout le monde…

      Le trou noir…le néant…

  3. karim 23 octobre 2009 at 23:23

    Ben dites donc c’est la carré nostalgique anticipé là ou quoi? c’est quoi ces digressions de fin de règne et d’antéchrist? Fed s’en ira, d’ailleurs il s’en va déjà un peu non? Et il y aura une vie après. C’est sûr que la grâce et la légèreté sont désormais visibles uniquement sur youtube et les archives, mais il va quand même rester de quoi s’éclater. Hewitt c’est quand-même la dêche quoi, et on n’est pas à ce niveau avec Djoko ou JMDP quand même!

    ce qui manque réellement ce sont des joueurs complets et déliés, au jeu vif plus que surpuissant. Il y a bien quelques extraterrestres mais il ne percent plus. Après Fed il y aura autre chose. je pense au contraire qu’il a donné des idées à tous les entraîneurs et éleveurs de champions. Moi en tout cas si c’était mon boulot, je ne jurerais que par le relâchement, la fluidité, le jeu vers l’avant en deux ou trois frappes, la volée, bref je ferais visionner du Fed, du Haas, ou plus loin de nous du Sampras ou du Stich à tous mes élèves.

    tout le monde va vers le même style de jeu, avoir un jeu différent justement se le facteur déstabilisant qui fera émerger. avec Fed et Nadal, on a touché du doigt l’aboutissement de deux systèmes opposés. ce sera très dur de faire du Fed, mais tout autant de faire du Rafa parce que trouvé une bête de somme capable d’encaisser tout ce que Rafa a encaissé comme boulot et charge d’entraînement sur et hors du court, il va falloir un extra terrestre.

    je suis persuadé que l’école Fed va faire des adeptes. ils ont actuellement entre 12 et 15 ans, et ils arrivent. à cet âge là ça paye pas contre les apprentis Nadal, mais ils le savent et garderont le cap.

    l’avenir est à la fluidité, j’en suis sûr. ou du moins je veux le croire. mais c’est certain qu’il y a une génération à laisser passer. n’allez pas trop loin, d’ici quelques années (4-5) on sabrera le champagne à nouveau.

  4. Elmar 24 octobre 2009 at 00:45

    Fin 2004, je me souviens m’être dit qu’il faudrait que je m’habitue à voir Federer moins gagner et que ca ne serait pas évident. J’en ai encore eu pour mon argent pendant un bon moment.

    Mais ca fait au bas mot trois ans que j’essaie de me préparer à l’après-Fed. En sachant que ce serait difficile. En ayant la sensation que « le tennis, c’est fini ». Cela étant dit, ce qu’il montre en terme de niveau de jeu depuis 2007 rendra sa retraite moins pénible, parce que mine de rien, ses plus belles partitions ne sont déjà que des souvenirs désormais (hormis quelques pépites de ci de là ces deux dernières années). Pour polémiquer un peu, si on se dit qu’un sport doit mourir après avoir atteint un zénith, le tennis est mort après l’AO 2007.

    Pour garder espoir, je conserve toujours dans un coin de ma tête de ce que le grand Hervé Duthu avait dit à la fin de la finale de l’US Open 04: « Le jeu est le plus grand, le tennis est le plus grand » et d’enchaîner en disant qu’il pensait qu’on ne trouverait rien après Mac, et qu’il y avait eu Sampras; idem après Pete, et il y avait eu Fed.

    Le jeu est plus grand que les joueurs. J’y crois dur comme fer.

    Par ailleurs, petite réflexion : prenez comme ingrédients deux joueurs présentant un niveau de jeu, disons, juste passable; ajoutez-y néanmoins ce qui fera toute la différence, à savoir des rebondissements et du suspens jusqu’au bout; faites mijoter cela dans un four de luxe (Grand Chelem ou Coupe Davis). Et bien, la majorité du public sera ravie par le plat ainsi concocté, peu importe le niveau des joueurs.

    • Duong 24 octobre 2009 at 10:31

      oui, mais pour relier deux choses que tu dis, je me souviens aussi que l’AO 2007 était le dernier tournoi commenté par Hervé Duthu (un type qui compte aussi dans mes souvenirs tennistiques : l’époque Noah c’était lui).

      Et qu’après la finale (commentée avec Noah d’ailleurs), son discours (même si pas dit aussi clairement) c’était un truc du genre « après ça, je peux mourir en paix », « c’est le meilleur joueur/sommet tennistique que j’aie jamais vu » (enfin il avait dit quelque chose comme « depuis Laver », qu’il avait vu aussi) … et après ça toc, le Federer décline : après coup, ça a tout l’air d’un sommet symbolique (comme quoi je peux faire aussi dans la mythologie de temps en temps…).

  5. Elmar 24 octobre 2009 at 00:47

    Sinon, je tiens à féliciter les rédacteurs des 3 derniers articles. Rentrer de vacances et avoir de la lecture aussi passionante, c’est pour le moins agréable.

    Fantastique boulot, tous les 3.

  6. Jérôme 25 octobre 2009 at 13:19

    Petite dérive nostalgie ?

    Karim, je suis assez pessimiste sur l’éventualité de trouver un successeur qui reprendrait avec succès le style de jeu de Fed que tu l’es sur la possibilité un futur champion qui reprendrait le style extrème de Nadal.

    Ces 2 joueurs sont des exceptions. Réunir tous les paramètres du jeu de Fed pour en faire la formule gagnante me paraît même encore plus improbable que la formule gagnante de Nadal.

    Fed, c’est entre autres choses un poignet exceptionnel, et un jeu de jambes alliant à la fois précision et rapidité d’une manière telle qu’on n’en voit qu’une fois tous les quarts de siècle.

    Malheureusement, il y a des choses qui disparaissent sinon de manière définitive, du moins pendant très longtemps jusqu’à ce qu’un choc exogène en permettent la réémergence. Le service-volée est mort (dans les sommets du classement), et la principale coupable de cette mort est l’évolution des matos, raquettes et cordages permettant de frapper de tels parpaings avec une telle zone de contrôle que le relanceur/passeur a un avantage énorme.

    La prochaine victime, ça risque, comme on l’a dit, d’être le revers à 1 main. Quand je parle d’interdire le revers à 2 mains, c’est un peu une boutade, mais en même temps il faut faire attention à ce que le tennis masculin ne connaisse pas la même évolution que le tennis féminin. Cette dérive aurait pu avoir lieu il y a 6 ans si on n’avait pas eu l’émergence de Federer. Mais le Fed est bien l’arbre qui cache la forêt.

    On n’a jamais trouvé la formule pour dupliquer le talent. C’est bien pourquoi le jeu dominant est celui combinant bon service, gros coup droit et gros revers à 2 mains. Avec le risque d’une évolution façon basket.

    Murray ? Je pense comme d’autres que, même s’il peut rafler 1 ou 2 majeurs, ce qui serait déjà en soi un exploit formidable, il n’a pas ce qu’il faut pour dominer le tennis.
    Murray avec un coup droit et un service plus performant ? Ce n’est plus Murray.
    Edberg a eu beau bosser, il n’a jamais résolu sa faiblesse en coup droit. Lendl a eu beau bosser comme un damné, il n’a jamais réussi à enchaîner avec aisance une volée derrière un service.

    Pour revenir à l’article de Colin, c’est encore une fois un plaisir.

    (Help ! comment fait-on pour coller au format image des tableaux dans un article ? J’ai un paquet de tableaux que je voudrais insérer dans mes articles)

    J’ai du mal à mettre Simon dans la même liste que Nadal, Djoko et Murray. Ils ne boxent pas dans la même catégorie.

    Ce qui m’intéresse le plus dans la courbe, c’est l’exception Nadal qui est devenu un des meilleurs joueurs du monde avant même d’atteindre 18 ans. Ca, c’est très très rare. Le rapprochement avec Gasquet est trompeur. Gasquet n’avait tout simplement pas ce qu’il fallait pour suivre le train. Il a un peu été un junior hyper-précoce mais plafonnant très tôt.

    • colin 25 octobre 2009 at 14:13

      Salut Jérôme. Je mets la réponse ici plutôt que par e-mail car ce petit intermède informatico-technique intéressera peut-être d’autres auteurs. Pour transformer un tableau ou graphique excel en image, sous Windows : (1) je l’affiche à l’écran à la taille souhaitée. (2) J’utilise la fonction « Imprimer écran » (touche « imp écr » ou « PrtScr » du clavier) qui te met tout ton bureau dans le presse papier. (3) J’ouvre un éditeur d’images (genre IrfanView ou XnView dans les gratuicels) et je colle (4) je découpe l’image aux extrémités du graphique ou du tableau (fonction « recadrer » de Irfanview) (5) Je sauvegarde l’image au format PNG (ou GIF) qui respectent mieux que le JPG le texte et les graphiques.

      Télécharger IrfanView :

      http://www.irfanview.net/

      • Jérôme 26 octobre 2009 at 07:15

        Merci Colin.

    • Antoine 25 octobre 2009 at 15:57

      Noah a fait qq déclarations concernant Gasquet qui sont reproduites dans l’Equipe de ce matin:

      Il considère qu’il faut qu’il bosse sur le plan mental en particulier et affirme que Gasquet n’est pas le plus doué des français, mais simplement un joueur qui a commencé plus tôt que les autres. Sur le qualificatif de Mousquetaires employés à propos des frenchies, il dit que si cela leur pèse tant que celà, « ils n’ont qu’à jouer aux billes » ! (sic).

      Il ne mâche pas ses mots Yannick….

      Sinon, Jérome, je suis bien d’accord que les tamis actuels ou la surface de frappe utile est quatre ou cinq fois plus importante qu’avant, a donné un avantage décisif à celui qui défend et que c’est bien là la cause essentielle de la disparition de la volée. Un moyen simple, et suffisant, d’y remédier serait de limiter la surface des tamis à un chiffre inférieur aux standards actuels mais il est peu probable qu’une telle réforme ait des chances de passer..

  7. Jérôme 26 octobre 2009 at 07:22

    Improbable actuellement, oui. Mais dans quelques années avec une conjonction fin de carrière de Fed et évolution façon tennis féminin qui entraînerait une désaffection marquée pour le tennis, je pense que ça réagirait.

    Il y a déjà eu une action appuyée il y a une dizaine d’années pour limiter les excès des serveurs bombardiers. Ca pourrait se reproduire, et il ne serait pas nécessaire de prendre une mesure réac comme un retour obligé aux raquettes en bois (encore que le bois c’est recyclable dans le chauffage donc plutôt écoresponsable).

    Je reviens sur mon précédent propos pour en corriger les excès. Dire que Lendl n’a jamais été capable d’aligner avec aisance un service-volée, c’est vraiment injuste pour Ivan, surtout si on se réfère à ses saisons 1989 et 1990 sur gazon. C’est plutôt qu’il n’a jamais vraiment été à l’aise dans ce type de jeu et que ça le faisait plus gamberger qu’ailleurs dans les grands moments.

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