España – Argentina 2011: la vengeance du blond ?

By  | 1 décembre 2011 | Filed under: Coupe Davis

Chuc­hote­ments, bribes de con­ver­sa­tions, tout auto­ur de moi. « Nadal…. Le Roi… Terre bat­tue… Man­que de con­fian­ce…. Épuise­ment moral… Pre­ss­ion médiatique… Arène… Favoris… Rage de gagn­er… Pre­mi­er saladi­er… » Dans l’arène, les rumeurs vont bon train, et chaque madre española a son mot à dire. Mais au fond, per­son­ne ne doute que les en­fants du pays, les héros d’un peu­ple qui souffre, sauront donn­er ce qu’il faut pour soulev­er le Graal. Et ce ne sont pas les 200 Ar­gentins qui ont pris leur bi­llet qui pour­ront y chang­er quel­que chose. L’am­bian­ce est étouf­fante, la tens­ion monte, l’adrénaline coule à flot. Si si, on fait ça ici en Es­pagne, mélangé au cidre as­turi­en nous at­teig­nons même l’ex­tase et l’hyd­romel, mais nous ne som­mes pas en As­tu­ries, et à Séville, c’est à la sueur qu’on mesure l’étoffe des héros.

Et du côté des pro­fes­sion­nels du gold­en snitch, de la petite balle jaune ? Placide, trônant au de­ssus de la mêlée, le désor­mais maître es Mast­ers et con­fér­ences de pre­sse l’an­nonce haut et fort : « L’Es­pagne sera définitive­ment favorite. Mais les Ar­gentins peuvent gagn­er. » Ca ne mange pas de pain comme on dit. Et à pari­er sans ris­que, on finit toujours pas gagn­er.

Ail­leurs, la fébrilité at­teint son apogée et les parieurs, attirés par l’odeur du sang, se lan­cent dans des cal­culs sans fins. Tant d’in­certitudes…

Nadal… Tel un leit­motiv, toutes les in­ter­roga­tions com­por­tent son nom. Va-t-il tout sub­merg­er sur son pas­sage, comme de co­utume sur l’ocre nationale ? Quid de ses bobos récents, au corps et au cœur ? Et pour­tant, en sep­tembre, l’édifice chan­celant a vite déchan­celé, et fait déchant­er les tendres cab­ris gaulois venus titill­er le Taureau de leur corne en­core moel­leuse. Mais ce ne fut qu’une cares­se, payée en re­tour de la plus gran­de sauvagerie, par le monstre en furie. Les cab­ris se le tiendront pour dit, en Es­pagne on ne s’aven­ture pas à dérang­er le Roi. Voire, on ne s’aven­ture pas.

Mais la ques­tion ne se résume pas à Nadal, ni les can­cans à l’Es­pagne. Le tout-Paris parle déjà d’une peup­lade d’irréduc­tibles fous à lier cap­ables de pro­nos­tiqu­er, à l’aide d’un théorème dit de l’Iliade-Canard-Laqué-Renversé, les vain­queurs des 727,3 pro­chains tour­nois, résul­tat pondéré du nombre de re­bonds djokoviciens et de mor­sures pierre-djokoviciennes. Autant dire que les parieurs affluent, et posent à l’orac­le An­toine toutes les ques­tions sans réponse. Monaco va-t-il re­mplac­er Nal­bandian le vendredi ? Et au-delà ? Del Potro, cap­able du meil­leur comme du pire, est-il égale­ment le lead­er que son équipe at­tend ? S’adapte-il mieux sur dur ou sur terre ? La sur­face avantage-t-elle plus l’Es­pagne, par tradi­tion et grâce à la suprématie nadalien­ne ? Mais l’Ar­gentine est le deuxième pays du rouge, et le service-volée lopezi­en n’est jamais meil­leur que sur sur­faces rapides… La rage de vaincre, la soif de vic­toire, compensent-t-elles un tour de tail­le pro­tubérant ? Et Nadal… Nadal… Les mur­mures re­pren­nent.

Pour­tant, sur le papi­er comme dans les ves­tiaires, le déséquilib­re est flag­rant. L’Es­pagne est chez elle. L’Es­pagne aime le rouge. L’Es­pagne aime la terre. Le numéro 2 es­pagnol sur­plom­be de son clas­se­ment le numéro un ar­gentin, et le numéro 2 ar­gentin… n’est même pas com­plète­ment défini. Et pour­tant… et pour­tant mon bébé in­fail­lible se trom­pe. « L’Es­pagne sera définitive­ment favorite. Mais les Ar­gentins peuvent gagn­er ».

Ce ne sera pas les Ar­gentins. Ce sera l’Ar­gentine. Ce ne sera pas une équipe de per­son­nalités com­pliquées, mais un Pays tout en­ti­er. Et un Pays blessé. 2008, c’était à eux. À eux. Les Es­pagnols les ont volés. Pour la deuxième fois de l’His­toire. Mais la ven­gean­ce est un plat qui se mange froid, et le gout amer de la défaite a trans­formé les félins ar­rogants en loups as­soiffés de sang. L’Ar­gentine aussi aime le rouge aujourd’hui… Non pas un rouge heureux, pous­siéreux, gorgé de sol­eil. Mais un rouge sombre et co­ulant, len­te­ment, menaçant… Le peu­ple le plus fier d’Amérique latine est prêt à tout donn­er pour s’éman­cip­er de la métropole, même l’abnéga­tion et l’esprit d’équipe qui a fait défaut en 2008. Et à troqu­er l’ar­rogan­ce d’antan par la rage et la puis­sance.

« No com­etamos el error de los Ar­gentinos » titre aujourd’hui El Pais. Ne com­met­tons pas l’er­reur des Ar­gentins, être favoris, chez soi, et se sur­es­tim­er. Mais si quel­qu’un a appris, dans la douleur, du passé, son drapeau est bleu et blanc. Jamais favori ne fut à la fois si grand et si petit. Le goût du sang en­vahit les babines des conquérants. La peur s’amplifie.

Car face aux jeunes pre­mi­ers et à la mobylet­te sur­voltée, se dres­se une ombre menaçante… Qui a déjà fait men­tir les pro­nos­tics, et chut­er le royaume de Ser­bie. Une tour, énorme, s’avan­ce en arrière-plan, et l’arène de Séville est peu à peu plongée dans l’ombre. Elle va per­mettre le crime par­fait. Le taureau et le torero… Qui s’al­longe, la ban­deril­le à la main… Mais le maître d’œuvre de la bouc­herie s’ap­pelle David, et si un jour la volonté em­por­ta tout sur son pas­sage, elle eût son nom.

Le Roi David veut le Saladi­er, et l’as­saison­ne­ment sera rouge. Sang. A vos toreros, prêts… tuez ! Et que les plus beaux gag­nent.

About

Pas­sionnée de ten­nis de­puis main­tenant 5 ans, je jouais un peu mais désor­mais me con­ten­te de re­gard­er. J'ai 26 ans et je fais des pare-chocs à Buenos Aires (et oui, quit­te `faire des pare-chocs autant les faire à Buenos Aires!) où je suis arrivée début décembre, cad juste apres la fin­ale de coupe Davis! J'es­pere que l'Ar­gentine sera en­core en fin­ale et gag­nera le titre cette fois. Et bien sur que je pour­rai y as­sist­er pour vous faire un com­pte rendu!

Tags:

569 Responses to España – Argentina 2011: la vengeance du blond ?

  1. Nath 5 décembre 2011 at 07:00

    Bah Concombre, t’es passé où ?

    @Colin : Ça vaut une actualisation du tableau du GOOE, non ?

    Sinon,Une autre nouvelle concernant Federer : il est entré dans le cercle très fermé de ceux qui ont perdu deux matches en GC contre le futur vainqueur en ayant eu balle(s) de match en leur faveur. Le cercle est d’ailleurs tellement fermé qu’il n’y a que lui… chez les hommes : http://www.tennis28.com/slams/saved_matchpoint.html
    On peut en dire de même d’une seule joueuse : Svetlana Kuznetsova. Je m’interroge d’ailleurs sur la version féminine de ce tableau, il y a peu de cas avant les années 2000, il y a peut-être moins d’infos sur les tournois d’une autre époque. Mais le cas s’est produit 7 fois dans les années 2000, dont 5 entre 2002 et 2005. En tout cas, bravo (encore une fois) à Serena, c’est une stat que j’ignorais.

  2. benja 5 décembre 2011 at 07:32

    Bon, super fin de saison avec cette finale, espérons la coupe Davis ait le même effet sur Rafa que sur Djoko l’an passé.

    Super résistance de Delpo mais la finale, Delpo l’a perdue vendredi, c’était le match clé comme je l’avais dit avant.
    Non seulement, il aurait Rafa sans pression et inversement pour Rafa mais en plus Nalbi très frais après son double express aurait pu battre un Ferrer émoussé par 5h de match l’avant-veille.

    Enfin, tous les titres sont bons à prendre pour Rafa.

    Vamos!!

  3. Jérôme 5 décembre 2011 at 08:21

    Je n’ai pu que suivre le live score et vos commentaires, mais je suis très content pour nos amis espagnols. Ils en chient gravement ces temps-ci, et cette victoire ne peut que leur mettre du baume au cœur. C’est pas ça qui va rêgler leurs problèmes, mais si ça aide à traverser le désert.

    Pas de regret pour l’Argentine. De toute façon, même si Del Potro avait gagné son match contre Nadal, l’Espagne avait 95% de chances de gagner l’ultime match. Sinon, clin d’oeil : le score du Nadal-Delpo est dans le désordre le même que celui de la finale de Roland Garros 2006.

    Et je ne surprendrai personne en pronostiquant que cette victoire dans la douleur et la difficulté n’aura pas du tout le même effet sur Rafa que celle d’il y a 1 an pour Djoko. Le Gritche, le seigneur de la douleur, est en train d’arriver au bout du chemin qu’il s’est choisi : chaque victoire l’use d’autant plus qu’elle est obtenue par une méthode éreintante mentalement au moins autant que physiquement. Alors que Djoko, non rassasié de victoires, avait une faim de loup voici 1 an et gagnait dans la joie et la légèreté.

    • Ulysse 5 décembre 2011 at 10:40

      « …cette victoire dans la douleur et la difficulté n’aura pas du tout le même effet sur Rafa que celle d’il y a 1 an pour Djoko. »

      Je ne partage pas totalement ton opinion. Mentalement, c’est très confortant de gagner dans la douleur, au terme d’un vrai combat, tandis qu’à vaincre sans péril on ne construit rien. Djoko a eu 9 mois de forme éblouissante mais rien ne permet de dire que c’est sa facile victoire en CD qui les a déclenchés.

      Nadal est à l’aise dans la peine et l’adversité. Il se nourrit des difficultés. Tout ce qui ne le tue pas le rend plus fort. Ceci dit, l’Espagne avec ses phénomènes sur TB à domicile n’a jamais été en danger dans cette CD.

    • May 5 décembre 2011 at 11:15

      Jérôme est en pleine fantasmagorie! Je ne vais pas tarder à penser que l’implosion Nadal est plus un désir qu’une réalité!
      Qui d’autre aurait gagné ce match vs ce Delpo les doigts dans le nez?

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Commentaires récents

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis