Merci Jan Kodès, merci Gilles Simon

By  | 3 octobre 2009 | Filed under: Insolite

Jan Kodes (photo DR)Flash-back, prin­temps 1977. Je n’en avais pas con­sci­ence mais, en cette époque d’avant les con­fron­ta­tions Borg / McEn­roe, d’avant la défer­lante Noah, le ten­nis avait une con­nota­tion bour­geo­ise, très Porte d’Auteuil.

Malgré tout il était facile, pour une somme raisonn­able, d’aller s’install­er avec sandwichs et bouteil­le d’eau dans les gradins du Centr­al – pas en­core Philip­pe Chat­ri­er – de Roland-Garros.

Un après midi de 1977 donc, ça y est. J’y suis. Mon dabe a amené son fis­ton avec lui. Je ne com­prends rien : pour­quoi compte-on de 15 en 15 puis en « +10 » ? Et les co­uloirs ça sert à quoi ? Mais ça vient vite. Tout en bas oui, les places ne sont pas fameuses, mais Ilie Nas­tase et Jan Kodes s’affron­tent. On ne présente pas le Roumain alors star du jeu, chouc­hou du pub­lic et de ces dames. Face a lui un homme de derrière le Rideau. Un Tchèque accroc­heur, au ten­nis aussi rugueux que sa mous­tache. L’at­taque flam­boyan­te face au labour défen­sif. Je choisis vite mon camp. Jeu, set et match Nas­tase. Sous les vivas, mon préféré gagne. C’est cuit. J’ai définitive­ment et pour longtemps les yeux rivés vers la ligne blanche.

Mon monde, alors, se di­v­ise entre les at­taquants Panat­ta, Nas­tase, Con­nors, et les défen­seurs Vilas, Dibbs, Sol­omon. J’exècre ces de­rni­ers, les pous­seurs, les traîne-savates de la ligne de fond. Honni soit qui lifte à out­rance. Les passing-shots m’hor­ripilent.

Je met­tais même Borg dans ce pani­er de crocodiles, ne sac­hant pas voir la di­mens­ion physique et men­tale qu’il amenait à ce sport. La télé pub­lique – car il n’y avait qu’elle – dif­fusait Wimbledon, les com­men­taires de Daniel Cazal (on se souvient de ces trucs en fouil­lant sa mémoire) con­sis­taient à traduire l’an­nonce des scores faite par l’ar­bitre de cha­ise. Et « IceBorg » (sur­nom vin­tage) écrasait tout sur son pas­sage. Je rêvais de le voir détrôné. En 1979, en fin­ale de Wimbledon, un cer­tain Ros­coe Tann­er, au ten­nis Brut 33 de Fabergé – il en buvait sûre­ment à l’apéritif – y par­vint pre­sque. Ce loin­tain ancêtre de Kar­lovic mis­ait tout sur son ser­vice : un geste éton­nant, tout en vites­se de bras, avec un pied droit qui vient écras­er le pied d’appui. Quel­ques semaines plus tard, il pre­ndra sa re­vanche à l’US Open.

Con­nors était dépassé, puis sur­git McEn­roe sans s’an­nonc­er. A chaque pass­ing de Borg, j’ajoutais un post­er de Mac dans ma chambre : elle en sera vite totale­ment re­couver­te. Pas très re­posant pour le re­gard. J’économisais franc après franc, et me payais après être allé la re­luqu­er tous les mercredis pen­dant plusieurs mois à la Fnac Sport, la Wil­son Pro Staff – Jack Kram­er, avec les deux losan­ges façon bois sur son man­che blanc. Elle me ser­vira aussi pour des im­ita­tions, toutes très réuss­ies, de­vant la glace de mes guitaris­tes préférés.

Je vous fais grâce du McEn­roe / Lendl en fin­ale de Roland-Garros (tiens, en­core un Tchèque qui m’a fait souffrir, celui-là), des pre­mi­ers tit­res à Wimbledon de Boris Be­ck­er. Le grand Pete aussi, qui au ser­vice re­gar­dait le re­ceveur d’un air de dire “Pour toi la balle jaune on touc­he qu’avec les yeux”. Et pêle-mêle Gene Mayer et Milos­lav Mecir pour leurs styles atypiques.

Le jeu s’est len­te­ment stéréotypé, mais les sym­phon­ies fédérien­nes m’ont ramené au filet. Désor­mais, l’at­taque à out­rance rime avec suicide. Les préfér­ences se font à l’aune de la prise de ris­que, la ges­tuel­le, et puis toujours des mêmes critères de per­son­nes, donc très sub­jec­tifs et par­fois erronés. Les con­fron­ta­tions de style sont plus rares mais re­stent toujours les meil­leures. Donc un grand merci à Jan Kodès d’avoir été l’aimant à polarité in­versée qui m’a fait aimer le ten­nis. Aussi par ex­tens­ion merci à Mes­sieurs Simon, An­dreev, Rob­redo (ajoutez qui vous voud­rez), qui per­mettront sûre­ment à des gamins d’aimer le ten­nis.

Roland-Garros 1971 – INA

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58 Responses to Merci Jan Kodès, merci Gilles Simon

  1. alfred 6 octobre 2009 at 11:36

    La défaite de Del potro ne m’étonne pas tant que ça. Il n’y a aucun doute sur sa capacité à s’affirmer comme leader dans les saisons à venir. Cependant, son style de jeu avec tant de risques, pourrait compromettre cette perspective. Del potro a un physique parfait pour son style de jeu, mais, mais la prise de risque est trop importante pour assurer une régularité sans faille. Si Nadal est capable de jouer avec une déchirure à l’estomac (avec un tennis à sécurité max through the lift), ce n’est pas le cas pour l’argentin. Le risque d’être shootmaker (si le mot est juste) c’est être exposé de façon permanente à la défaite. Federer l’a bien compris cette saison. D’où l’option défensive qui apparait désormais dans son jeu. Et on ne peut pas dire que cela ne l’a pas aidé depuis Madrid…

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