Dimanche 3 avril 2011. D’un ultime coup droit croisé gagnant, Novak Djokovic s’adjuge le titre à Miami en brisant Rafael Nadal lors d’une finale aussi intense que serrée. 4/6 6/3 7/6(4), le score semble laisser peu de place à l’épanchement. C’est le score d’une finale indécise, une finale au couteau comme on en verra d’autres sous le soleil floridien. Pourtant, cette deuxième victoire consécutive du Serbe sur Nadal s’est révélée déterminante pour la suite de la saison. Nadal nous avait déjà fait le coup à Madrid en 2009, il récidive en nous montrant qu’on peut perdre bien plus qu’un match.
L’année de Rafael Nadal est d’ores et déjà excellente. Jugez plutôt : un titre en Grand chelem et deux finales de plus, un titre en Masters 1000 et quatre finales de plus, signant au passage un record de plus en atteignant la finale des cinq premiers Masters 1000 de l’année… L’ombre au tableau se nomme Djokovic. Par six fois en tournois majeurs, le Serbe a privé Nadal d’un titre supplémentaire, bâtissant une série inédite de six victoires consécutives face à lui. Le Serbe et l’Espagnol sont indissociables cette année, le premier ayant acquis la majeure partie de sa moisson de titres face au second. Les suivre, c’est presque suivre la planète tennis dans son ensemble. Mais comment tout cela a-t-il commencé ?
Fort de ses titres à Melbourne et Dubaï, Novak Djokovic arrive en Californie, au tournoi d’Indian Wells, avec le dossard de l’invaincu du début d’année. Nadal, moyen pendant les premiers rendez-vous de 2011, est à la recherche d’un premier grand titre. Les deux hommes croisent le fer en finale, Nadal emporte le premier set avant de voir son adversaire prendre petit à petit l’ascendant dans le jeu : 6/2 dans la manche décisive, Djokovic poursuit sa course folle. Si le vainqueur est parfaitement légitime, on peut toutefois estimer que Nadal n’a peut-être pas tout donné lors de cette finale. Cela lui est déjà arrivé, il corrigera sans aucun doute le tir à la prochaine rencontre, sans aucun doute…
Rencontre qui ne tarde pas à survenir puisque c’est dès le tournoi de Miami que le numéro 1 officiel et le numéro 2 officieux se retrouvent. Sur cette surface dure qui a perdu de sa fulgurance, le combat éclate pourtant et c’est à nouveau Nadal qui gagne la première manche. Exacte réplique de leur duel à Indian Wells, le deuxième set revient à Djokovic. C’est en véritable lutte à main nue que la manche décisive débute. Les coups font mal, les intentions encore plus. Les regards ne trompent pas. Nadal veut calmer les ardeurs de ce Djokovic qu’il ne reconnaît pourtant déjà plus. La sentence tombe : ce sera un jeu décisif. On pense alors que Nadal étouffera l’affaire comme il le fait toujours, qu’il saura temporiser le temps des premiers points avant d’exécuter sa proie d’une gifle de coup droit décroisé. Nadal, perdre un match au couteau ? Et pourquoi pas un Petit chelem de Djokovic ! Mais le Serbe défie les statistiques et mystifie son adversaire, qui finira, fait rarissime, la rencontre assis sur le banc en essayant de reprendre son souffle. Djokovic a battu Nadal à son propre jeu. Il venge sa demi-finale de 2009 à Madrid et continue d’engranger de la confiance. Du côté espagnol, c’est tout l’inverse qui se produit. Cette petite désillusion fera dire à Nadal qu’il ne voit pas comment Novak ne pourrait pas devenir numéro 1 mondial. Terrible aveu de faiblesse, et étonnante déclaration de la part du combattant Nadal. Le « Djoker » aurait-il entamé la carapace espagnole ? Tant pis, l’ogre se rassasiera bientôt, la saison de terre battue approche…
Auréolé des titres de Monte Carlo et Barcelone, Nadal atterrit à Madrid en conquérant. Il n’a pas affronté Djokovic depuis la finale de Miami mais compte bien lui rappeler que sur terre battue, le maître, c’est lui. Ils atteignent une fois de plus la finale, Nadal en évinçant un très bon Federer, Djokovic en ayant été menacé par Ferrer et Bellucci. La lutte est moins intense qu’à Miami mais la surface semble permettre plus de coups gagnants ! Le match est bon, Djokovic se détache très rapidement 4-0 avant de voir Nadal rattraper son retard. On se dit que, comme à son habitude, Rafa va retourner une situation très compromise à grands renforts de lifts et de remises improbables. C’est tout l’inverse qui se produit. Mené 5-6, il craque et laisse le set échoir à Djokovic. Comme les fois précédentes, il s’est fait attraper à son propre jeu en ayant choisi de recevoir et donc de laisser son adversaire mener au score. La deuxième manche continue sur le même ton, brutale et bruyante, jusqu’à ce que Djokovic réalise un excellent jeu de retour en laissant éclater tout son talent de relanceur. A 5-4 en sa faveur, le break tombe à point nommé. Rafa voit son slice de revers tomber dans le couloir et son adversaire lever les bras au ciel. Trois défaites de suite, l’addition commence à être salée pour Nadal, d’autant que la dernière a eu lieu à domicile. On a vite fait d’arguer que la terre battue de Madrid est située en altitude et que l’issue n’aurait pas été la même ailleurs… A Rome, par exemple ? C’est la prochaine destination que se fixent les deux inséparables de 2011.
Dans la capitale italienne, tout sera plus simple. N’est-ce pas ici que Nadal a remporté son plus beau duel face à Federer ? N’est-ce pas d’ici qu’il a délogé Guillermo Coria ? Sur cette terre proche de l’ocre parisien, Rafa va retrouver ses marques et triompher du Serbe, toujours invaincu. Mais plus rien n’arrête Djokovic, pas mêmes les désespérées et révélatrices « moon balls » en revers de Rafa. Le Serbe peut hurler, il vient de faire s’effondrer une muraille de confiance. C’est la quatrième fois cette année que le refrain est le même, la quatrième fois que Djokovic coiffe Nadal au poteau. Alors on se dit que l’Espagnol doit commencer à gamberger. On imagine les conciliabules endiablés avec l’oncle Toni, les frustrations dans le vestiaire après les matchs… Pour la première fois, il semble sans solution. Paratonnerre des courts, Nadal a plusieurs fois su attirer la foudre (Gonzalez, Tsonga ou del Potro peuvent en témoigner). Pourtant cette fois, ce n’est pas face à un adversaire en feu que Nadal se bat. Il se bat contre un type qui fait tout mieux que lui, simplement. Pas de coups droit frappés les yeux fermés à 190km/h, pas de volées miraculeuses en arrivant sur une jambe au filet, pas de mise à mort par un joueur qui sort le tennis de sa vie : Novak joue l’agressivité juste et, surtout, constante. Sans être aussi bon qu’à Miami ou Madrid, il l’a néanmoins suffisamment été pour l’emporter à nouveau. Gagner sans jouer son meilleur tennis, l’apanage des plus grands ? Nadal en sait quelque chose…
Les voyants sont au rouge à l’heure d’aborder Roland-Garros. Nadal montre un visage jusqu’alors inconnu, presque résigné par la prise de pouvoir serbe. On l’imaginait pourtant plus vindicatif, plus désireux de se (dé)battre. A Paris le tirage aura son importance : où échouera Roger Federer ? C’est finalement sans surprise qu’on le retrouve une fois de plus dans la partie de tableau de Djokovic. Avec un parcours du combattant (del Potro, Gasquet ou Bellucci, Federer), on se dit que le Serbe aura fort à faire s’il veut égaler le record de McEnroe et devenir numéro 1 mondial ou, encore mieux, remporter Roland-Garros. Nadal est épargné par le tirage, avec comme seule alerte une demi-finale théorique contre Andy Murray. Cependant les ennuis commencent dès son premier tour, face à John Isner, où il se retrouve mené deux sets à un à la suite de la perte de deux tie break ! C’est unique, Rafael Nadal devra s’en sortir en cinq manches pour la première fois de sa carrière Porte d’Auteuil. Ce qu’il fait, naturellement. Même si l’Américain a joué chaque coup à fond, on reste étonné devant la passivité de Nadal, surtout en passing. Cela n’annonce rien de bon pour la suite. A la faveur d’un tableau consentant (Andujar, Veic, Ljubicic) et après deux bons matchs face à Soderling et Murray, Nadal rejoint la finale et attend le vainqueur du choc Federer – Djokovic. Ce match, qualifié par nombres de spécialistes comme l’un des plus grands jamais joués à Roland-Garros, défie l’entendement et voit un Federer merveilleux et virevoltant donner la réplique à un Djokovic destructeur, peut-être lui aussi à son meilleur niveau de l’année. En quatre manches époustouflantes, le Suisse s’impose et brise les rêves ocres de Djokovic. Et par la même occasion, fait le bonheur de Nadal, qui ne devait pas en croire ses yeux. On ignore si tonton Toni a sablé une bouteille ou deux pendant la nuit, toujours est-il que la finale fut plus serrée que prévue. Nadal s’impose en quatre manches et achève le chapitre terre battue par une fin heureuse. Un Nadal relancé n’est pas aisément arrêté dans sa course, si Djokovic répond présent à Londres il trouvera du répondant !
Mais Nadal est-il totalement relancé ? Le nouvel épisode de ce véritable classico 2011 tend à nous montrer que non… En effet, lors d’une finale très moyenne entre un joueur en plein doute et un joueur qui touche du doigt son rêve d’enfant, Nadal s’incline une fois de plus sans vraiment exprimer ses révoltes habituelles. A nouveau c’est en quatre actes que la tragédie est jouée, les mêmes causes produisant les mêmes effets. D’une poigne de fer, Djokovic vient de clore son travail de sape et s’empare enfin du trône de numéro 1 ATP. Nadal de son côté voit un autre de ses titres acquis en 2010 lui échapper au profit du Serbe, décidément d’humeur chapardeuse cette année.
Le calendrier poursuit son cours et, si la saison de dur nord-américaine n’est pas la favorite de Rafa, il doit néanmoins se préparer à la défense de son titre à New York. Concédant des défaites plus ou moins étonnantes (Dodig à Montréal, Fish à Cincinnati), on se dit que l’année dernière il n’avait pas fait mieux, avec le résultat final que l’on sait à Flushing Meadows. Il atteint d’ailleurs la finale, où Nole le rejoint après un nouveau match en cinq manches contre Federer, pour la revanche de la finale 2010. Nadal fait le break dans les deux premières manches mais ne parvient pas à maintenir la tête de son adversaire sous l’eau : le Serbe mène deux sets à rien. L’acte de rébellion survient au troisième set, dans lequel Nadal débreake au courage avant de pousser la manche jusqu’au tiebreak et de le remporter. La quatrième manche n’est qu’une formalité, Djokovic faisant la différence en plaçant des coups moins puissants mais plus relâchés. Six défaites en autant de confrontations : l’Espagnol peut voir rouge. Tempête sous un crâne. A quoi peut-il bien penser ? A la torture qu’il inflige lui-même à Federer ? Est-il aussi incrédule que les observateurs face au Djoko nouveau ?
Au vu des résultats énoncés plus haut, il ne semble pas racoleur de déclarer que Nadal vient de se faire une nouvelle « bête noire ». La première en réalité. En effet, si on lui a connu de grandes difficultés par le passé face à Youzhny ou à des cogneurs comme Blake ou Berdych, c’est récemment plutôt du côté de Nalbandian et Davydenko qu’il faut regarder. Le premier lui a infligé ses plus belles corrections mais n’est plus au niveau quand le match dépasse la durée d’un set, le second est sur une série de quatre victoires consécutives et est le seul joueur à mener face à l’Espagnol en confrontations directes (6-4), mais a quitté le devant de la scène depuis des mois. Avec Nole, Nadal montre qu’il se retrouve toujours démuni face à un adversaire jouant à cadence très rapide, en frappant la balle au rebond pour prendre l’autre de vitesse. Le problème, c’est que Djokovic est maintenant numéro 1 mondial et il va falloir lui passer sur le corps pour accéder à des titres, à l’inverse de Nalbandian et Davydenko, polis au point de se prendre les pieds dans le tapis avant une rencontre avec Nadal. On se souvient du rendez-vous manqué à Roland-Garros, la faute à un Veic (qui donc ?) qui a cru qu’il serait de bon goût de sortir Davydenko après une lutte de cinq sets.
On connaît le garçon, il n’aime pas être dérangé dans ses habitudes. A l’orée de la fin de saison, on mesure l’importance capitale de la victoire de Federer sur Djokovic à Roland-Garros. Sans cela, vu l’état de stress – on pourrait presque parler de panique – de Nadal en début de tournoi, associé à ses défaites récentes sur terre battue, on peut raisonnablement penser que la messe était dite. Grand chelem de Djokovic, fracture mentale irréversible pour Nadal : impensable il y a encore un an. Toutefois le match n’a pas eu lieu, et on peut estimer que c’est tant mieux pour le mental de l’Espagnol. Se faire étendre à Rome est une chose, perdre son titre-phare contre son nouveau grand rival en est une autre. Si on peut faire confiance à l’oncle Toni pour se creuser les méninges pour contourner l’insubmersible Djokovic, on peut malgré tout se demander si une telle recette existe réellement. Nadal a en effet érigé un schéma de jeu simple, connu de tous mais efficace sur la quasi-totalité du circuit : combat physique d’entrée de match, lift explosif sur le revers de l’adversaire, écœurement pur et simple de l’opposant en ramenant tout ce qui peut l’être et plus encore ! Seulement Djokovic ne souffre plus sur aucune de ces techniques. Il recouvre complétement le lift de Nadal avec son revers, dose à merveille l’agressivité et la sécurité de ses coups. Il ne prend pas de risques inconsidérés et n’hésite pas à pilonner le revers de l’Espagnol. C’est toute une mécanique qui s’inverse, pour un peu on dirait que Nadal devient Federer et Djokovic devient Nadal !
Rafael Nadal est clairement à un moment-clé de sa carrière. Le voilà pour la première fois face à un problème récurent et insoluble. Il sera intéressant de voir de quelle façon il va réagir. Avant lui, Federer a toujours trouvé la force de repartir de l’avant, le courage de se reconstruire. Nadal devra l’imiter, enduire son jeu d’une couche supplémentaire d’humilité et remettre son approche du jeu en question. On n’a de cesse de vanter ses qualités de battant, de « matcheur ». Il est temps pour lui de le prouver. Car s’il est facile de se battre quand les choses vont pour le mieux, c’est au coeur de la tempête que se distinguent les géants.
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Excuuuuusezzzz mooua jeuuuuuu suisssss un peuuuu encccccorre dans le maaaaatcheuuu de Juuuuliennnnn Béééééééénettteauuuuu
=> Là j’accélère, sinon on n’en sortira pas.
Bref, « Julien Benneteau bat Arnau Brugues-Davi 6/3-6/0″.
Arnau Brugues-Davi est soi-disant. un obscur espagnol (pour les français, tous les espagnol à part qui vous savez sont obscurs, mais c’est vice versa pour eux, hein). « Soi disant » parce que même obscur, un espagnol ne fait pas 12 fautes directes par jeu.
Donc Brugues-Davi n’est pas espagnol.
Lopez, premier qualifié pour les quarts suite au forfait de Berdych, ce qui ne lui permet de souffler après deux matchs et de préparer son quart contre Nadal très probablement, un match qui pourrait être intéressant. Si Nadal passe, il jouera encore un match contre un autre compatriote, à moins que Roddick n’en batte deux (Almagro, puis le vainqueur de Ferrer vs. Ferrero. le plus probable est donc que Nadal jouera en demie contre Ferrer avec de très bonnes chances d’aller en finale. Vu le nombre d’espagnols dans le tableau (10 au deuxième tour), pas étonnant qu’il en rencontre certains mais il a plutôt tendance à en rencontrer beaucoup et Ferrer en particulier…
De l’autre côté, la Murène a sur sa route Wawrinka puis sans doute Gilou. S’il passe son adversaire sera en revanche un joueur qui va gagner bcp de points et de places au classement: le vainqueur de Tomic-Dolgo contre la vainqueur de Nishikori-Giraldo. Dolgo est le mieux classé mais ils ont tous un bon coup à jouer..
Au final, je ne vois pas qui va contrarier une finale identique à celle de Pékin..
C’était à Tokyo la finale dont tu parles, pas Pékin.
Je réagis un peu tard à l’article, et je n’ai pas lu tous les commentaires. Mais je tenais à rebondir sur cette finale de Miami qui est présentée comme un tournant, à raison je pense. À ce moment là, Nadal restait, si je ne m’abuse, sur une série de 9 tie-breaks consécutifs remportés, et même 17 sur les 18 derniers ; ce qui lui valait le doux surnom d’Ivo Nadalic chez certains. Au moment où je regardais distraitement cette finale floridienne, en ayant cette statistique en tête, je ne me faisais que peu d’illusions concernant les chances de victoire du Serbe quand ils en vinrent au tie-break. Et pourtant…
D’ailleurs, Nadal en sortira tout retourné, puisqu’il perdra ses trois tie-break suivant, contre Isner, mais avant lui… Lorenzi. (Ce qui ne l’empêche pas d’être à 18-7 cette saison, ce qui reste un des meilleurs ratio.)