A chacun ses Mousquetaires (1/4)

By  | 20 septembre 2009 | Filed under: Rencontres

Le sixième Open de la Baie de Somme se jouait cette semaine sur les co­urts du Ten­nis club de Rue – Le Crotoy. Tour­noi du cir­cuit nation­al, il bras­se joueurs de club et champ­ions pro­fes­sion­nels, dans une am­bian­ce con­viviale qui pour­rait faire des en­vieux sur le cir­cuit ATP. Pen­dant que les Bleus de Guy For­get fer­rail­laient con­tre les Pays-Bas à Maastricht, Fab­rice San­toro, Sébas­ti­en Gros­jean, Ric­hard Gas­quet ou Jos­selin Ouan­na ont été séduits.

Quand, en 2004, Laurent Chaumont donna le coup d’envoi du pre­mi­er Open de la Baie de Somme, il n’imaginait pas que « son » tour­noi pre­ndrait tant d’ampleur… « et sur­tout aussi rapide­ment », note le président du Ten­nis club de Rue – Le Crotoy et di­rec­teur du tour­noi. Il est vrai que, dans un uni­v­ers d’épreuves in­ter­nationales/nationales/locales ex­trême­ment con­cur­rentiel, la réus­site de l’Open im­pres­sion­ne : « Aujourd’hui, nous som­mes de­venus une date cochée par les joueurs dans leur calendri­er. Pour cela, nous nous calons sur l’Open de Mosel­le. Les joueurs sor­tent d’une lon­gue tournée aux Etats-Unis, sur ci­ment, et s’apprêtent à en­tam­er la saison in­door, durant laquel­le be­aucoup de tour­nois se jouent en Fran­ce et dans les pays voisins. Notre idée était donc d’offrir une trans­i­tion aux joueurs. Quel­que part, nous som­mes la première épre­uve in­door du calendri­er, et nous lançons ainsi les joueurs qui, la semaine suivan­te, débuteront sur les co­urts à Metz. » Plus précisément Metz, Lyon, puis Bercy pour les tous meil­leurs mon­diaux, mais aussi une lon­gue cam­pagne de tour­nois satel­lites pour les joueurs moins bien classés : Saint-Rémy-de-Provence, Orléans, Re­nnes… L’offre ruen­ne touc­he donc un maxi­mum de ten­nism­en.

Sans doute est-ce pour cela que, dès la première édi­tion, il y a cinq ans, l’Open frap­pait assez fort en en­registrant les par­ticipa­tions de Sandrine Tes­tud (qui s’apprêtait à pre­ndre sa re­traite), Jean-François Bac­helot (24e Français), Rodolphe Cadart (26e Français), ou Jean-Michel Pec­que­ry (N°33). « Notre philosop­hie est de se mettre à la place des joueurs et de se de­mand­er de quoi ils peuvent avoir be­soin : qui re­vient de bles­sure et veut en­grang­er des matchs, qui veut retro­uv­er des sen­sa­tions sur court co­uvert, qui a perdu prématurément la semaine précédente et veut donc rajout­er un tour­noi à son calendri­er… En­suite, par le biais de l’as­socia­tion des joueurs, nous en­trons en con­tact avec les per­son­nes qui nous para­is­sent sus­cep­tibles d’être intéressées », ex­plique le président.

C’est ainsi que l’Open con­tinua de croître réguliè­re­ment : An­thony Dupuis et Gary Lugas­sy pour têtes d’af­fiche en 2005, Fab­rice San­toro et Chris­tophe Roc­hus en 2006… Le bouche-à-oreille a en­suite fait le reste. « Les joueurs qui vien­nent chez nous en re­par­tent souvent ravis, re­mar­que Em­manuel Mas, juge-arbitre à la Fédéra­tion française de ten­nis et mail­lon es­sentiel de l’or­ganisa­tion. L’ac­cueil, l’am­bian­ce dans les gradins, le cadre mag­nifique de la région (NDLR : les joueurs sont logés à Fort-Mahon Plage, à vingt mètres de la mer)… Les joueurs se par­lent entre eux et font savoir à leurs amis qu’ils ont passé un bon mo­ment ici. Par ex­em­ple, c’est Ar­naud Clément, présent en 2007, qui a parlé de nous à Sébas­ti­en Gros­jean. Et en bien, puis­que l’an­ci­en N°1 Français est chez nous pour cette sixième édi­tion ! »

Un bon coup, mais pas aussi bon que celui réussi par les or­ganisateurs en 2007 : outre Ar­naud Clément, l’Open ac­cueil­lait cette année-là un petit jeune, révéla­tion tri­colore de l’année à l’ATP et qui gagna l’épreuve au détri­ment de « la Clé » en fin­ale. Trois mois plus tard, le gail­lard ex­plosait à l’Open d’Australie et Jo-Wilfried Tson­ga, sa bonne humeur, son sens du show et son grand coup droit par­taient à la conquête du grand pub­lic. « C’est Fab­rice San­toro qui lui avait parlé de l’Open, et Tson­ga a fait le déplace­ment ici après avoir at­teint le troisiè­me tour à l’US Open. C’est vrai que c’est un peu flat­teur de l’avoir ac­cueil­li juste avant qu’il ne réalise son fabuleux par­cours australi­en », se félicite Laurent Chaumont.

En at­tendant les « han­dis »

Fort d’un bud­get passé de 160 000 euros en 2004 à 270 000 en 2009, le tour­noi n’a jamais été plus relevé que cette année. Durant la semaine, les 700 spec­tateurs que peut ac­cueil­lir le com­plexe de Rue – le Crotoy pouvaient se van­t­er d’avoir sous les yeux ce qui se fait de mieux à l’échelon nation­al : chez les hom­mes, Fab­rice San­toro, Sébas­ti­en Gros­jean, Jos­selin Ouan­na, ainsi qu’un invité de dernière minute, Ric­hard Gas­quet. Chez les fem­mes, Alizé Cor­net, Julie Coin, Youlia Fedos­sova et la Russe Elena Bovina étaient les têtes d’af­fiche. Sans oub­li­er le Picard Juli­en Obry, récent champ­ion de Fran­ce chez les juniors et invité par les or­ganisateurs. « C’est quel­que chose qui nous tient à cœur, re­prend le président du club : mélang­er les joueurs de tous les niveaux, et ne jamais oub­li­er les valeurs de con­vivialité. Le TC en­tend faire la pro­mo­tion de tous les types de ten­nis. D’ail­leurs, nous som­mes égale­ment à la poin­te pour ce qui est du ten­nis han­dis­port ». Ainsi, parmi les quel­que 320 mem­bres du club – dont la moitié de jeunes –, on com­pte pas moins de tre­ize per­son­nes pour la sec­tion de ten­nis en fauteuil. Cathy Por­ti­er, N°6 française, est notam­ment li­cen­ciée à Rue. Au mois d’oc­tobre, les « han­dis » tiendront leur pro­pre tour­noi, qui com­prendra cette année Stéphane Houdet (N°2 mon­di­al et champ­ion olym­pique à Pékin), Frédéric Cat­taneo (N°12 mon­di­al) et le Belge Joac­him Gerard (N°11 mon­di­al). « Nous avons en­registré plus de cin­quan­te de­man­des d’inscrip­tion pour cette épre­uve qui se déroulera sur trois jours, se réjouit Cathy Por­ti­er. Là aussi, c’est un tour­noi qui monte ».

Et dire que tout ça est venu d’une balade à Ar­cachon… « J’y étais en vacan­ces en famil­le, sourit Laurent Chaumont. Par curiosité – je suis président de club, après tout ! – j’avais été jeter un œil sur ce qui se faisait au club du coin, et ils or­ganisaient un tour­noi de ce type. J’ai trouvé ça sympa et me suis dit : pour­quoi pas nous ? » Le temps de se retro­uss­er les man­ches, et il par­tait en quête de par­tenaires. « Nous avons mis deux ans à préparer le pre­mi­er Open. C’était alors un peu rus­tique : pour la re­staura­tion, par ex­em­ple, nous av­ions planté des ten­tes sur le ter­rain de foot voisin et ce sont nos épouses qui faisaient cuire les pâtes ! Mais nous avons toujours eu la volonté d’avanc­er : dès la fin de chaque édi­tion, on se réunit pour faire un débrief­ing et on étab­lit les priorités de l’année suivan­te. » Grâce à cette ex­ig­ence, le tour­noi a re­mar­quab­le­ment prospéré. Au point que, alors même que l’édi­tion 2009 se jouait en­core, Laurent Chaumont se grat­tait déjà le crâne : « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir pro­pos­er en 2010 pour faire en­core plus fort ? » On lui fait con­fian­ce, nul doute qu’il trouvera.

Secon­de par­tie : le tour­noi 2009.

Picar­die, terre de ten­nis

La Picar­die et le ten­nis, c’est une lon­gue his­toire. Une his­toire es­sentiel­le­ment féminine et qui prend son essor au milieu des années 1990, avec cel­les que l’on nomme « les fil­les de Méru ». Elles sont alors deux Picar­des, deux Amélie, à port­er haut les co­uleurs du club de Méru, qu’elles mènent au titre de champ­ion de Fran­ce en 1998 et 1999 : Amélie Co­cheteux la gauchère et Amélie Maures­mo la droitiè­re in­car­nent la relève du ten­nis féminin français. Cham­pion­ne du monde junior en 1995 (gag­nante de Roland-Garros), la première ne fera jamais vrai­ment carrière : lassée, souvent blessée, elle s’arrêtera en 2001, à 23 ans. La secon­de, cham­pion­ne du monde junior 1996, fera le par­cours que l’on sait : deux tit­res du Grand Chelem, un Mast­ers, une Fed Cup et la place de N°1 mon­diale 39 semaines durant. Dans leur sil­lage, les deux Amélie avaient aidé Méru à ac­cueil­lir d’aut­res joueuses pro­met­teuses dans l’ef­fectif : Em­ilie Loit, Em­manuel­le Gag­liar­di, Els Cal­lens.

L’âge d’or de Méru passé, le ten­nis région­al est main­tenant porté par l’Amiénoise Julie Coin, 60e mon­diale et de­venue à l’US Open 2008 la joueuse la plus mal classée (elle était alors 188e à la WTA) à battre une N°1 mon­diale, en l’oc­curr­ence Ana Ivanovic.

Quant à l’avenir, il est dans les mains de quel­ques jeunes pro­met­teurs : l’Al­bertin Juli­en Obry, 18 ans, N°6 mon­di­al chez les juniors (champ­ion de Fran­ce cette année), ou en­core les fil­les Mic­halea Boëv, 18 ans, et Wal­lis Vitis, 14 ans, déjà très affûtées sur le cir­cuit in­ter­nation­al ITF.

About

Pre­nez ma nouvel­le ad­resse : http://livre.fnac.com/a7085832/Marc-Gdalia-Les-monuments-du-tennis-moderne

Tags:

20 Responses to A chacun ses Mousquetaires (1/4)

  1. Jean 20 septembre 2009 at 19:59

    Très bon article de l’homme de Picardie, ça défile les articles où c’est moi qui suis au ralenti ?
    Le tournoi confirme que sa politique de rabattage est efficace et qu’il peut permettre à de très bons joueurs d’accumuler des matchs et de la confiance. Sans briser le suspense puisque tu en parleras probablement, je dirais que le surnommé « aspirateur de Sarignan » s’est imposé aujourd’hui face à Papy 69, qui semble être un fidèle. Une finale très relevée donc pour un tournoi de cette catégorie.

    Du coup, je ne sais pas si on peut parler ici du groupe mondial de la Coupe : la Tsongie s’est qualifiée et l’Espagne va faire le doublé, elle recevra la Tchéquie.

    • Guillaume 20 septembre 2009 at 21:26

      Of course que tu peux en parler… mais encore faut-il que tu ne sois pas tout seul, en ce dimanche soir qui conclut une semaine tennistique palpitante ! Je pense que bcp de posteurs subissent actuellement le contrecoup de leurs efforts d’écriture répétés pendant les deux semaines New-Yorkaises !

      Effectivement, en ce qui concerne le tableau de l’Open, rendez-vous demain. Avec une petite surprise quand même…

  2. MarieJo 20 septembre 2009 at 21:21

    pour avoir fait partie du week end picard, je dois dire que c’était assez cool de jouer les petits reporters en herbe, en ce qui me concerne ;) une expérience hyper enrichissante ! je ne veux pas trop en rajouter, vu que guillaume à plein de papiers sur le sujet !

  3. Alex 20 septembre 2009 at 21:24

    Cet homme l’air décidé,travaille même en vacances et le dimanche :

    http://www.cinemotions.com/modules/Films/fiche/29678/L-Homme-du-Picardie.html

  4. Antoine 21 septembre 2009 at 10:12

    Excellent cet article et très intéressant ! Ce n’est que cette année que j’ai découvert ce tournoi qui est une grande réussite mais je sais désormais presque tout !

  5. Ulysse 21 septembre 2009 at 12:22

    Le papier est plutôt sympa dans le genre retour au prosaïque après l’USO et la CD. J’aime bien qu’on parle de cette région que je connais et apprécie – surtout ses habitants – mais qui a un gros déficit d’image.
    Ce genre d’évènement doit permettre comme aux rencontres du championnat de France des clubs de voir pour pas un rond du top tennis de très près et dans de supers conditions (c’est gratuit et au pied du court pour le championnat de France).
    Guillaume je ne comprends pas le statut de ce tournoi. C’est un Open mais il n’ay a pas de joueurs étrangers ? Il y a 270k€ de budget (dont combien pour le prize money ?) mais le tournoi ne rapporte pas de points ATP ? Qu’est-ce que c’est qu’ce biiiigntzz !!

    • Guillaume 21 septembre 2009 at 15:22

      ‘lo Ulysse. L’Open de la Baie de Somme appartient à ce qui s’appelle le Circuit national des grands tournois. Il s’agit d’un ensemble de 7 tournois (je crois) joués sur le sol Français, et décernant des points pour ce seul classement interne. Le joueur ayant inscrit le plus de points au cours des ces 7 tournois remporte le Circuit. L’Open est le dernier de ces tournois. Pour complèter, il faudrait que je me renseigne pour savoir qui a gagné le Circuit. Xavier Pujo était en tête avant l’Open de Rue, mais le parcours de Jérôme Haehnel (demi-finale) lui a peut-être permis de s’imposer in extremis. A confirmer.

      Les étrangers sont évidemment admis dans le tableau mais encore faut-il qu’ils désirent venir. Christophe Rochus est venu en son temps, Elena Bovina cette année. Yanina Wickmayer a failli être là aussi, mais le deal a capoté à la dernière minute. Je sais que les organisateurs visaient aussi la petite Laura Robson, mais ça ne s’est pas fait non plus.

      J’espère avoir répondu à tes questions… Quant à moi, je suis curieux de savoir d’où tu connais la Picardie (enfin, le motif de tes atomes crochus avec la région). Tu me l’avais déjà dit une fois et j’avoues que ça m’intrigue. Tu prépares un débarquement de Brits pour rallumer la Guerre de cent ans ???

  6. Ulysse 21 septembre 2009 at 12:27

    Tu en prépares une version rock Colin ? Enchaîné avec « A Bicyclette » ça doit jeter grave.

    • colin 21 septembre 2009 at 22:25

      « A bicyclette », en version tennistique, ça fait 6-0 6-0

  7. Ulysse 21 septembre 2009 at 17:14

    Guillaume,
    Ma mère est d’origine picarde. J’ai passé les 3/4 de mes vacances près de Corbie jusqu’à 16 ans, y ai fait un certain nombre d’apprentissages premiers et je connais bien sa sa culture chasse, pêche, betteraves et … tennis.

    • colin 21 septembre 2009 at 22:25

      « Un certain nombre d’apprentissages premiers » < => elle s’appelait pas Amélie comme Mauresmo et Caucheteux quand même ???

    • Guillaume 21 septembre 2009 at 22:31

      Chasse, pêche et betteraves ? T’as tout compris. T’as juste oublié l’abbaye de Corbie. Ou alors c’est juste moi qui ait été traumatisé pendant mes études…

  8. fieldog38 22 septembre 2009 at 20:03

    Très bien tout ça. C’est sympa de parler un peu des tournois de « moindre importance » qui sont souvent organisés en grande partie par des bénévoles passionnés qui ne comptent pas leur temps pour que des évènements de ce type puissent avoir lieu.

    Si j’ai bien suivi, Guillaume et MariJo, vous avez joué les petits reporters pendant le tournoi, alors question : est-ce que vous avez réalisé vous-même les interviews des différents protagonistes ou bien est-ce des propos d’archives?

    En tout cas, bravo pour ce 1er volet. Je file lire la suite… ;)

    • Guillaume 22 septembre 2009 at 20:13

      Là je me sens presque insulté que tu oses même poser la question !

      • fieldog38 22 septembre 2009 at 20:33

        Au contraire, tu devrais te sentir flatté que je me pose la question car sauf scoop, ton métier n’est pas journaliste ;) . C’est donc que vous avez fait un très bon boulot qui ferait pâlir bon nombre de professionnels…

      • Guillaume 22 septembre 2009 at 21:10

        Ah ben scoop alors ;)

        • fieldog38 22 septembre 2009 at 21:22

          Ok donc ça explique beaucoup la carte de presse et tout et tout… Mais ça n’enlève rien à votre mérite.
          Bon quand est-ce qu’on pourra lire tes chroniques sur « L’Equipe », lol???

          • fieldog38 22 septembre 2009 at 21:23

            « ça explique beaucoup de choses dont la carte de presse » sorry

  9. Gugaddict 22 septembre 2009 at 21:56

    En effet, ce petit jeune me surprend de jour en jour. Belle description de la « Picardie tennistique » !
    Alors, tu attends quoi pour aller montrer tout cela au gouvernement pour qu’il ne démantèle pas cette belle (?) région ?

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Commentaires récents

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis