2010 : Les chiffres-clés de l’ATP

By  | 30 décembre 2010 | Filed under: Regards

À l’aube de l’année nouvelle, un dernier coup d’œil dans le rétroviseur, sous forme de rappel chiffré de ce que le circuit ATP nous a fait vivre en 2010.

Chapitre 1 : « Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? – Hélas, je ne vois rien que l’Ibère qui liftoie et l’Helvète qui dansoie… »

Première [3] – Rafael Nadal a remporté en 2010 son premier Petit chelem. Si cette performance peut sembler désormais banale suite aux trois précédentes occurrences d’un Petit chelem lors de la décennie qui vient de s’achever, force est de constater qu’il n’en est rien. D’abord, parce que jusqu’à Federer (2004-2006-2007) le Petit chelem était l’exception : depuis le Grand chelem de Rod Laver en 1969, seuls Connors (1975) et Wilander (1988) l’avaient réussi. Ensuite, parce que Nadal est le premier depuis Laver en 1969 à gagner Roland-Garros, Wimbledon et l’US Open la même année, et surtout le premier tout court à remporter la même année 3 tournois du Grand chelem sur 3 surfaces totalement différentes (car, quoi qu’on en dise, Flinders Park et Flushing Meadows, ça reste du dur outdoor !). Et, accessoirement, Nadal est toujours en lice pour être le premier homme à réussir le « Serena Slam ».

Première [4] – Rafael Nadal a réussi en 2010 le premier « Clay Slam » de l’histoire. Cet exploit inédit, consistant à remporter les 4 tournois majeurs de la terre battue européenne, lui semblait promis depuis plusieurs années tant il domine la surface ocre. Le Majorquin l’a enfin réalisé, peut-être parce qu’il a pour la première fois sacrifié « son » tournoi de Barcelone.

Première [5] – Roger Federer a réussi en 2010 ce qui est peut-être la première « grande suite » depuis que le classement ATP existe. En effet le Suisse a remporté 5 tournois en 2010, un dans chacune des catégories possibles (250 : Stockholm, 500 : Bâle, 1000 : Cincinnati, 1500 : Masters, 2000: Melbourne).

Première [6] – Un joueur a remporté 6 titres consécutifs dans un même tournoi Masters Series. Ce joueur, ô surprise, s’appelle Rafael Nadal, et le tournoi est celui de Monte-Carlo.

Troisième – Après Ivan Lendl et Pete Sampras, Roger Federer devient le troisième joueur de l’ère Open à avoir remporté 5 fois les Masters.

Quatrième – Après Rod Laver, André Agassi et Roger Federer, Rafael Nadal devient le quatrième joueur de l’ère Open à être titulaire du « Career Slam ».

Zéro Nombre de tournois du Grand chelem que l’hydre à deux têtes qui surdomine le tennis mondial depuis 2004 a bien voulu laisser aux autres cette année. À cette occasion, le nombre des vainqueurs différents de tournois du Grand chelem, sur les 5 dernières années, est tombé  à une valeur abyssale, qui constitue évidemment un plancher historique : 4.  Merci d’ailleurs à Djokovic et del Potro sans qui le krach aurait été encore plus marqué !

À ce stade de notre petit bilan chiffré, on pourrait penser que 2010 s’est résumée à un numéro 2, un numéro 1 et des zéros. C’est presque vrai… mais un chouïa réducteur quand même, comme nous allons maintenant le voir.

Chapitre 2 : Les nominés pour l’oscar du meilleur second rôle sont…

Robin Soderling : il a réussi pour la deuxième année consécutive à briser une série mythique, et ce, au même endroit (le central Philippe-Chatrier) et à la même date ! Le 31 mai 2009, il clôturait la série de victoires de Nadal à Roland-Garros (31) en même temps que celle des victoires de l’Espagnol sur terre battue dans des matches au meilleur des 5 manches (46). Pour fêter dignement l’anniversaire de cet exploit légendaire, le 31 mai 2010, il stoppe la phénoménale série de 23 demi-finales consécutives de Federer en tournois du Grand chelem. L’histoire continuera de bégayer pour lui car, comme l’an passé, son tournoi se terminera par une défaite en finale face à l’autre membre du duopole.

Novak Djokovic : Avec 7 points décisifs apportés à la Serbie en 2010, et aucune défaite en simple, il déboule à la cinquième place du Panthéon des meilleurs vainqueurs de la Coupe Davis, précédé seulement par Borg’75, Becker’89, McEnroe’82 et Stich’93. Et un joli tableau de chasse à la clé : Querrisner, Ljubicilic, Berdych et Simonfils.

Annexe : Quelques chiffres-clés égrenés en vrac

11 – Nombre de français dans le Top 100 à la fin de l’année (contre 12 en 2009, 14 en 2008 et 15 en 2007 : la décroissance continue).

14 Nombre de jeux laissés par Nadal (encore lui ?) à ses adversaires en 5 matches à Monte-Carlo cette année, soit une moyenne de 2.8 jeux par match.

16 – Nombre de titres de Federer (oh, no, not him again!) en tournois du Grand chelem (record, incrémenté d’une unité cette année).

26 – Federer (argh !) pourra toujours se consoler de l’arrêt à 23 de sa série record de demi-finales consécutives en Grand chelem, avec cette autre série (moins prestigieuse certes, mais, au moins, toujours vivante) : celle des quarts de finales consécutifs.

74 – Nombre de semaines pendant lesquelles Nadal (ouch !) a été n°1 à l’ATP, ce qui le place désormais au 9e rang de l’ère Open : il vient de dépasser Courier puis Edberg, et ne va pas tarder à coiffer Hewitt.

78 – Classement cumulé des 4 meilleurs français à la fin de l’année (Monfils 12, Tsonga 13, Llodra 23, Gasquet 30), contre 70 en 2009, 51 en 2008, et seulement 99 en 2007. Alors que dans ces mêmes colonnes, il y a tout juste un an, nous qualifiions d’ « abracadabrantesque » l’hypothèse d’une victoire de nos p’tits fraaaaaaaaaaainçais en Coupe Davis, ils nous ont (presque) fait mentir en étant pas très loin de l’exploit cette année.

285 – Nombre de semaines pendant lesquelles Federer (aïe !) a été n°1 à l’ATP, ce qui le place à une unité du record de Sampras. Mais la dernière marche risque d’être difficile à gravir.

980 – Nombre de points disputés par Isner et Mahut en un seul match, désormais mythique, à Wimbledon.

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Sous d'autres cieux et en d'autres temps, je fus connu sous le sobriquet de "Colin Maillard et Tartempion".

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395 Responses to 2010 : Les chiffres-clés de l’ATP

  1. Patricia 3 janvier 2011 at 12:26

    Félicitations Colin pour un article au style impeccable, au ton élégant, qui parvient à rendre littérairement savoureux un tas de chiffres. On reconnaît là l’auteur précis de l’article sur le cinéma (pour qui j’ai voté aux awards de l’an dernier).

    Je trouve toutefois que le carré de surface de Querrey méritait mention (même si le plateau relevait dans deux cas du challenger) : pour une asperge à service, c’est quand même pas mal de gagner sur herbe et terre la même année.

    • Duong 3 janvier 2011 at 12:36

      Bonne année Patricia, je vois que tu rattrapes des posts après les fêtes ;)

      Challenger faut pas exagérer.

      Belgrade était moins bien, mais il a battu Isner, Andreev et Korolev qui ne sont pas mauvais.

      Memphis était un ATP500 où il a battu Roddick, Isner et Gulbis.
      Le Queens avait un plateau énorme comme d’habitude même s’il s’est dégarni en route.
      Et à Los Angeles il bat Murray après un match qui était pas mal du tout. Plus Tipsarevic, Andreson et Schuettler dans des matches au couteau.

    • Jeanne 3 janvier 2011 at 13:10

      On ne fait pas assez de cas du carré Querrey. Il progresse assez régulièrement sur toutes les surfaces, je regrette que ses capacités de décapitation se cantonnent pour l’instant aux tournois de seconde importance.

      Vague impression qu’il ne dose pas ses objectifs de façon suffisamment précise sur les gros tournois notamment pour l’us open (il score avant et arrive cramé)

    • Duong 3 janvier 2011 at 13:43

      Bein on a parlé du « carreer slam » avant, là c’est pareil : c’est un bel exploit qu’il a fait là (en plus il a eu balle de match contre lui contre Isner à Belgrade et a été tout près de perdre à Memphis et Los Angeles aussi),

      mais faudrait pas non plus en faire un caïd pour ce type de « records » (j’allais dire « à la con » : un peu exagéré mais un peu vrai :lol: )

      C’est en partie vrai qu’il a un peu subi le contrecoup d’efforts dans des petits tournois qui lui ont valu ce fameux « record », mais en partie seulement : dans le chelems et même en Masters Series, il a en général perdu contre meilleur que lui.

  2. Capri 3 janvier 2011 at 14:55

    Bravo Colinou ! C’est une rétrospective intéressante donc comme on n’en voit pas beaucoup.

    Ca permet surtout de se rendre compte des choses dont on ne s’est pas rendu compte. C’est clair ?

  3. Jeanne 3 janvier 2011 at 15:45

    Colin s’en défend, mais c’est un peu le Pythagore du site. Il donne à voir tout un univers de nombres et les met en résonance, avec une qualité presque musicale.

  4. Henri 3 janvier 2011 at 19:56

    Superbe, ça résume bien l’année 2010 qui fut exceptionnelle, comme 2005 pour le pinard.

  5. Jérôme 3 janvier 2011 at 22:56

    Je ne trouve pas que 2010 ait été une année exceptionnelle. Les précédentes ont été bien meilleures, notamment en grand chelem. Il y a quand même eu un gros trou d’air de février à juin/juillet, avec des derniers carrés dégarnis comme rarement depuis longtemps.

    Cette année, il y a eu vraiment trop de joueurs en petite forme ou carrément sur le flanc. J’espère que ça ne sera pas à nouveau le cas en 2011, sinon ça va vraiment devenir lassant.

    • karim 4 janvier 2011 at 18:53

      Moi, moins diplomate, je dis tout net: une année où Nadal gagne tout est une année pourrie. 2010 était une année pourrie.

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