Wimbledon un jour, Wimbledon toujours

By  | 24 février 2011 | Filed under: Bord de court

Appelons-le Ric­hard. Ric­hard est le deuxième plus grand fan de Feder­er au monde après moi. Ric­hard est un vieux pote et, en cette année 2006, il est en train de ter­min­er son année d’étude à Londres. Ric­hard à Londres fin juin ? Com­ment ne pas en pro­fit­er pour crécher dans sa piaule uni­ver­sitaire de 4m² (véridique !) et pass­er une journée in­oub­li­able à Wimbledon (quit­te à rater l’an­niver­saire de ma com­pag­ne…) ? Le plus beau tour­noi du monde offre en plus la garan­tie de voir Feder­er foul­er la pelouse le lundi à 14 heures tapan­tes, ce qui en matière d’or­ganisa­tion est très pratique.

L’ac­cueil de Bi­gMac

C’est ainsi que je débar­que chez lui au soir du jeudi 22 juin 2006. Le len­demain, nous suivons, fébriles, le tirage au sort sur In­ter­net. C’est quoi cette magouil­le ? Fed se tape Gas­quet (vain­queur récent à Not­tingham) au pre­mi­er tour et Hen­man (quat­re fois demi-finaliste du tour­noi) au second tour. Alors que dans le même temps, l’en­nemi pub­lic n°1, celui dont il ne faut pas même oser pro­nonc­er le nom de­vant nous, se voit attribu­er pour ad­versaire une wild-card (Bog­danovic) et un qualifié (Kendrick). La blague !

A peine le choc en­caissé, nous décidons d’aller repérer les lieux. 40 minutes de RER plus tard, nous débar­quons dans la ban­lieue de Wimbledon. A la sor­tie de la gare, des écriteaux nous met­tent tout de suite dans la bonne di­rec­tion. Et nous cheminons sur une allée toute britan­nique où les co­ttages se suivent… lorsque nous aper­cevons, au loin, l’entrée du All En­gland Lawn Ten­nis and Croquet Club. Le long de la haie, les doux bruits de bal­les de ten­nis ravis­sent nos oreil­les ; nous de­vinons des co­urts d’entraî­ne­ments bien qu’il nous soit im­pos­sible de réel­le­ment dis­cern­er qui joue. Enfin, nous par­venons à l’entrée de Wimbledon. Nous pénétrons alors dans ce qui nous ap­paraît être le Graal de tout fan de ten­nis. Le Saint des Saints. Le Shangri-La. Le Wal­halla. Wimbledon.

Une fois les bi­llets en poche, nous nous di­rigeons vers le musée dans lequel John McEn­roe (son holog­ramme en tous cas) nous guide. Nous nous arrêtons lon­gue­ment, en re­cueil­le­ment, de­vant la Coupe de Wimbledon sur laquel­le nous nous as­surons que le nom de Feder­er est bien gravé trois fois. A la sor­tie du musée, nous hésitons lon­gue­ment dans le Wimb­ly Shop, mais, en pauv­res étudiants désar­gentés que nous som­mes (déjà plus tout à fait pour ma part), nous décidons de ne pas claqu­er les quel­ques 30 £ (alors à son taux le plus fort) que coûte la fameuse ser­viet­te.

Débute alors une for­mid­able aven­ture pour Ric­hard et moi. Sor­tis du musée, nous er­rons, mine de rien, dans les travées du Club, entre les co­urts. Nous n’hésitons pas à re­gard­er un set d’entraî­ne­ment entre Rod­dick et Hrbaty sur un gazon d’une per­fec­tion telle qu’on le croirait sorti des prai­ries de Naboo (l’Américain souffle comme un bœuf à chaque frap­pe de balle mais dégage vrai­ment quel­que chose sur le court) ; nous en­ten­dons les râles – que n’aurait pas renié Dark Vador – de Celui-dont-il-ne-faut-pas-même-oser-prononcer-le-nom-devant-nous sur un autre court ; enfin, nous pas­sons à côté de Patty Schnyd­er. Nous nageons dans une zone grise : toutes les per­son­nes présen­tes auto­ur de nous por­tent des laisser-passer que nous n’avons évidem­ment pas, mais per­son­ne ne nous a rien de­mandé. Éton­nant laxis­me britan­nique, n’est-il pas ? Enivrés par notre heureuse in­curs­ion parmi le monde de la petite balle, nous faisons le tour du Club et croisons al­lègre­ment joueurs, entraîneurs, jour­nalis­tes et of­ficiels de Wimbledon. De fil en aiguil­le et à défaut de pouvoir en­tr­er dans l’inac­cessib­le Centre Court, nous ten­tons une in­curs­ion sur le Court n°1. Cette témérité sig­nifiera la fin de notre es­capade puis­que nous som­mes repérés. L’on nous de­man­de de quitt­er les lieux. Ce que nous faisons, non sans nous être au préal­able re­nseignés des modalités d’ob­ten­tions des bi­llets pour lundi.

Oui, car c’est bien le lundi 26 juin, à 14 heures précises, que nous désirons poser notre séant dans les tri­bunes du Centre Court pour voir le match d’ouver­ture avec son Seig­neur Roger Feder­er. C’est d’ail­leurs pour cette raison que nous av­ions re­noncé à la loterie in­ter­net : sur wimbledon­.org, il est im­pos­sible de choisir le jour pour lequel vous voulez un bi­llet ! Dès lors, il était bien trop al­éatoire d’y tent­er ma chan­ce, sur­tout qu’il me fal­lait im­pérative­ment être à la maison mercredi matin. Notre seule chan­ce, notre uni­que es­poir résidait donc dans la queue de Wimbledon. Avec Ric­hard, nous av­ions prévu de dor­mir le di­manche soir de­vant les cais­ses afin d’être sûrs d’avoir des bi­llets. Comme deux précau­tions valent mieux qu’une, donc, nous avons préféré nous as­sur­er auprès des gens sur place que cela serait suf­fisant : nous étions prêts, s’il le fal­lait, à dor­mir deux nuits d’affilée sur place. La cais­sière nous ras­sure : l’ouver­ture des por­tes est fixée au lundi 10 heures et, en prin­cipe, en venant à 6 heures du matin, cela de­vrait être suf­fisant. Que Dieu soit loué : nous som­mes restés méfiants vis-à-vis de cette in­for­ma­tion!

Je vous fais grâce de ma soirée du vendredi dans un pub, ponctuée par la qualifica­tion de l’équipe suis­se de foot en huitièmes de fin­ale de la Coupe du Monde grâce à sa vic­toire 2-0 sur la Corée du Sud (Yakiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin) et de ma tournée des pubs du samedi pour en venir di­rec­te­ment au di­manche 25 juin.

De­puis trois jours donc, Ric­hard et moi n’avons pratique­ment pas échangé un mot qui ne con­cer­ne le ten­nis (bon, peut-être un peu de Yakiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin aussi). Le b.a.-ba du ten­nis : les plus beaux coups joués par Feder­er, les plus beaux matchs de Feder­er, les plus gran­des décep­tions de Feder­er, les plus be­lles tenues de Feder­er, les années de jeunes­se de Feder­er, etc. En pre­nant soin, cela dit, d’éviter de parl­er du sujet qui fâche, la fin­ale de Roland-Garros à laquel­le, telle un crève-cœur, Ric­hard a as­s­isté. Di­manche représente évidem­ment l’apogée de nos con­ver­sa­tions ten­nistiques puis­que nous savons que, le soir venu, nous serons di­rec­te­ment plongés dans l’am­bian­ce du plus grand tour­noi du monde.

Queue, je t’aime

Aux al­en­tours de 17h, nous pre­nons donc le RER, di­rec­tion Church Road. Dans le train, nous sen­tons la tens­ion mont­er. Et pour la première fois de ce séjour, un sil­ence com­m­ence à s’install­er entre Ric­hard et moi. Le cœur pal­pite, à mesure que nous approc­hons de Southfields Sta­tion.

Une fois sur place, à en­viron 18h, une première di­verg­ence de vues in­ter­vient entre Ric­hard et moi : j’aimerais as­sur­er le coup et m’install­er di­rec­te­ment de­vant la cais­se de Wimbledon ; lui pense que nous avons le temps, il a faim et un pub nous tend les bras, qui re­transmet qui plus est le huitième de fin­ale de la Coupe du Monde Por­tug­al – Pays-Bas. Pen­dant deux heures en­viron, j’oub­lie le ten­nis de­vant le « spec­tacle » pro­posé par les deux équipes : 16 car­tons jaunes dis­tribués, 4 ex­puls­ions! Il y a de quoi rigol­er un bon coup avant de nous avanc­er dans Church Road.

Mais notre hilarité a tôt fait de se trans­form­er en an­gois­se. A peine mettons-nous un pied dans le Marga (noble sen­ti­er qui mène au Nir­vana) que l’effroi nous prend : un im­men­se ser­pent se dres­se de­vant nous. Un ser­pent humain. Une foule, qui s’étend à perte de vue. Mon cœur s’arrête. Est-ce un fes­tiv­al ? Que font tous ces gens ici ? Tous sage­ment assis, les uns derrières les aut­res, sur le trot­toir, cer­tains jouent de la guitare, d’aut­res al­lu­ment leur bar­becue en al­uminium pen­dant que d’aut­res en­core mon­tent leur tente à même le trot­toir. Avec Ric­hard, stressés comme jamais, nous re­mon­tons cette queue à vive al­lure car nous ne voulons pas y croire : tous ces gens-là font la queue pour Wimbledon ! Nous par­venons jusqu’à l’entrée et de­vons nous re­ndre à l’évid­ence. L’es­pace d’un in­stant, je craque : tant pis, on se met de­vant tout le monde, là, planté de­vant la gril­le. On ne peut pas ne pas faire cela ; on ne peut pas ne pas as­sist­er à la journée de de­main! Ric­hard me ramène à la raison : il nous faut trouv­er la fin de la queue pour nous y plac­er. Nous re­venons sur nos pas et, dans un état second de panique, je re­tiens (ou n’ai-je pas re­tenu ? Seul Ric­hard pour­rait nous le dire) mes vert­es critiques à son en­contre : pour­quoi di­able avons-nous re­gardé cette carica­ture de match de foot­ball au lieu de nous précipit­er ici ? Soyons maudits, maudits, maudits…

Et le pire était à venir : la panique se trans­for­ma en déses­poir au mo­ment où, alors que nous croy­ions être arrivés au bout de la queue sur le trot­toir, nous con­statâmes que celle-ci tour­nait pour s’en­fonc­er dans un im­men­se parc (Wimbledon Park). Hor­reur : des cen­taines de cam­peurs sont déjà présents sur les lieux! Et nous qui pens­ions avoir assuré nos arrières! Mor­tifiés, nous al­lons nous in­stall­er en fin de queue en priant tous les dieux du monde qu’il reste deux petits tic­kets pour les los­ers que nous som­mes.

Des of­ficiels de Wimbledon, dans leurs tenues violet­tes et vert­es, pas­sent dans les para­ges. Aus­sitôt, nous nous di­rigeons vers eux pour leur de­mand­er leur avis : aurons-nous des places pour le len­demain ? Ils ne sont pas sûrs et nous dis­ent que cer­tains, juste de­vant nous, font la queue pour les bi­llets de… mardi ! Mais ils nous dis­ent égale­ment qu’il ex­is­te une south queue, laquel­le est, tradition­nelle­ment, moins co­urue que la north queue, où nous som­mes. Toutefois, ils ne peuvent pas nous dire ce qu’il en est en ce jour.

C’est un quit­te ou doub­le : il nous faut quitt­er nos places, que nous ne retro­uverons plus pour tent­er l’aven­ture de la south queue, à un quart d’heure de là, nous a-t-on re­nseignés. Un quart d’heure ? Et si ce quart d’heure s’avérait décisif pour ob­tenir des places ? Nous sprin­tons vers le fond du parc, dans la di­rec­tion que les of­ficiels nous ont montrée.

Mais un nouveau vent de panique se lève. Au fond du parc, il n’y a rien. Il fait très sombre, il fait nuit, il vente énormément et il pleut. Et nous som­mes là, per­dus, deux âmes dévastées qui voient leur rêve s’ac­hev­er au fond de ce parc déserté. Nous co­urons dans tous les sens, cherchons une sor­tie. En vain. Une lueur d’es­poir ap­paraît sous la forme d’un co­u­ple, aussi perdu que nous. Au moins, nous ne som­mes plus seuls.

Alors, je ne sais plus vrai­ment lequel d’entre nous pris une décis­ion qui s’avérera décisive : il nous faut es­calad­er la gril­le dont la porte est fermée. D’une hauteur de trois mètres et bardée de pique, celle-ci n’a pas décidé de nous facilit­er la tâche. Toujours est-il que nous y par­venons. Cette fois, nous avons retro­uvé la lumière des lam­padaires d’une rue… mais nous ne savons pas vrai­ment où nous som­mes. Notre sens de l’orien­ta­tion aiguisé nous pous­se vers la légère montée sur la droite et… nous ar­rivons vers la south queue ! Nous n’avons aucune idée d’où com­m­ence cette queue et ne voulons pas le savoir. Nous nous as­seyons à même le trot­toir, con­tre le petit muret, derrière une tente habitée par trois jeunes Français. Et nous ne bougerons plus d’un pouce de la nuit. Il doit être quel­que chose comme 23h lorsqu’un of­ficiel de Wimbledon passe vers nous et nous tend de précieux sésames : une queue card ! Celui-ci ne nous garan­tit pas nos places pour le len­demain, mais au moins désor­mais nous ne pour­rons pas être dépassés par d’aut­res per­son­nes. De plus, l’of­ficiel semble assez opt­imis­te quant à nos chan­ces.

Évidem­ment, avant de voir jouer Feder­er dans son jar­din, nous avons en­core une nuit dif­ficile à pass­er : une nuit fraîche, très fraîche. Une bise glaçante. Et une pluie s’accrois­sant d’heure en heure. Et pour seul abri, nous possédons un seul para­pluie. Pour seule co­uver­ture, nos vête­ments, re­mbourrés de papi­er journ­al trouvé là. Nous som­mes bien deux cloc­hards, dans une rue an­gla­ise. Par ce froid et dans ces con­di­tions, im­pos­sible de ferm­er l’œil. Alors, pour pass­er le temps, nous par­lons ten­nis et jouons aux car­tes en nous moquant al­lègre­ment des tour­nois de Sopot et Bas­tad. La nuit est lon­gue, nous avons froid. Ce qui nous égaie en re­vanche, c’est de con­stat­er que la queue s’est lar­ge­ment de­nsifiéeaprès nous !

Nous voyons enfin poindre, avec bon­heur, l’aurore, ce d’autant plus que la pluie a la bonne idée de s’in­terrompre un mo­ment. Petit à petit, les gens sor­tent de leur tente – nous étions, pour ainsi dire, les seuls à être aussi peu prévoyants ! – et préparent leur petit déjeun­er. Nous n’avons rien à nous mettre sous la dent. Mais à 7h, des of­ficiels pas­sent, réveil­lent ceux qui sont en­core end­or­mis et nous de­man­dent de nous lever : la queue se met en route. De­vant nous, les trois Français ronchon­nent et n’ont pas la force de se re­tir­er des bras de Morphée. Tant pis pour eux : ils ont laissé pass­er leur chan­ce et nous ne les re­ver­rons plus de la journée !

A un rythme des plus tran­quil­les, nous avançons, pas totale­ment sereins, car tant que nous n’aurons pas notre bi­llet en mains, nous re­douterons de ne pas pouvoir as­sist­er à ce lundi d’ouver­ture ; il y a tel­le­ment, tel­le­ment de gens de­vant nous et nous som­mes tel­le­ment désorientés que nous n’avons pas la moindre idée d’où se trouve le All En­gland Lawn Ten­nis and Croquet Club. Autre sujet d’inquiétude : la pluie est toujours là, par in­ter­mitt­ence.

Pen­dant trois heures de temps en­viron, nous avançons comme des li­maces et nous pouvons dis­cut­er de ten­nis avec les gens qui nous en­tourent. A un mo­ment donné, un Français dans la quaran­taine nous félicite par avan­ce de la vic­toire de Feder­er : il prétend très bien connaître le père de Ric­hard Gas­quet et nous ex­plique pour­quoi celui-ci n’a aucune chan­ce : c’est un flem­mard à l’entraî­ne­ment. Nous éco­utons cela d’une oreil­le, parce que nous nous méfions de Gas­quet : il est en­core le très pro­met­teur junior que la Fran­ce at­tend, il a battu Feder­er une année auparavant sur terre bat­tue et vient de re­mport­er un tour­noi sur gazon.

Le temps s’accélère lorsque nous pas­sons le contrôle de sécurité : une fouil­le au corps or­ganis­ée avec sérieux mais dans le calme. Nous nous re­ndons alors com­pte du monde présent : les deux queues se re­joig­nent enfin. Et c’est im­pres­sion­nant.

En­tran­ce A, Row A, Seat 20

Un peu plus tard, vers les 10h30 sans doute, nous ar­rivons vers les cais­ses. Cette fois, ça y est, nous en som­mes sûrs, nous pour­rons as­sist­er à la première journée du tour­noi. Mais la tens­ion est tout de même plus que présente : pourrons-nous avoir des places pour le Centre Court sur lequel Roger Feder­er est at­tendu trois heures plus tard ? A nouveau, notre rythme car­diaque s’accélère. A nouveau, un sil­ence an­gois­sant s’instal­le entre Ric­hard et moi.

Nous voici face à la cais­se. Enfin. Et… HOUR­RA ! Nom de Dieu que c’est bon ! Oh oui, en­core ! Il reste des places pour le Centre Court !

Nous pouvons même choisir dans quel­le zone nous al­lons nous trouv­er. Ric­hard préfère des places sur le côté et je me fie à son ex­pert­ise. Nous venons de pass­er le de­rni­er écueil.

Sésame, ouvre-toi ! Le trésor ten­nistique est là, de­vant nous ! Wimbledon, first day. Heureux, nous som­mes HEU-REUX. De­vant nous se dres­se le pan­neau avec le pro­gram­me du jour. Stan joue égale­ment aujourd’hui, sur un court an­nexe et avant deux heures. C’est par­fait, nous pour­rons le voir jouer avant Feder­er.

Sauf que… sauf que Wimbledon ne serait pas Wimbledon sans la pluie qui re­fait son ap­pari­tion. Éton­nam­ment, nous re­stons assez déten­dus. Il reste en­core trois bon­nes heures avant le match de Feder­er et le météo est plutôt positive. Toutefois, comme une bonne par­tie des spec­tateurs en ce jour, nous trouvons un abri du côté du Court n°1, près des buvet­tes. Avec nos habits rouges à croix blanche, nous avons tôt fait de faire la re­ncontre d’aut­res sup­port­ers helvétiques que nous re­pérerons désor­mais de loin grâce à leurs splen­dides chapeaux rouges et blancs.

Lorsque la pluie cesse, nous nous re­ndons aux ab­ords du court n°5 où Stan de­vrait faire son ap­pari­tion… Mais les prévis­ions ne doivent pas être ex­cel­lentes car, bien que le sol­eil ait fait son ap­pari­tion, il semble que les or­ganisateurs ne tien­nent pas à en­voy­er les joueurs sur le court. Nous re­stons bras bal­lants à at­tendre pen­dant une bonne demi-heure, avant de nous décider à pre­ndre nos places dans le Centre Court. Il doit être en­viron 13 heures, mais nous som­mes précaution­neux !

Mo­ment de grâce. Souvenir éter­nel. Chair de poule au mo­ment de le narr­er. L’émo­tion me prend quat­re ans plus tard au mo­ment de décrire cet in­stant magique : nous cherchons notre chemin dans les allées du Centre Court. Nous nous di­rigeons vers l’entrée approp­riée. Nous som­mes près du court. Très près. Le gazon est si vert. Nous ob­ser­vons nos bi­llet, cherchons nos places. Nous nous re­gar­dons, incrédules. Nous vérif­ions. En­core. Nous éclatons de rire, nous pleurons de joie, notre hilarité n’a d’égal que notre eup­horie : nous som­mes au pre­mi­er rang ! Le gazon est là, à un mètre de nous. Vert. Ce qui suit est un rêve. Ce qui suit est un trip de toxicomane shooté au LSD. Ce qui suit est un mythe. Mais c’est aussi la plus stric­te vérité.

Une heure s’écoule, comme dans un songe, où le temps ne cir­cule plus. Une heure ? Où était-ce une minute ? Où était-ce une journée ? Le temps s’est arrêté, là, à un mètre du gazon du Centre Court. Auto­ur, tout est vert, tout re­spire la tradi­tion, tout nous ramène un siècle et demi plus tôt. Car ici, qu’est-ce qui a changé de­puis les débuts du tour­noi ?

Nous som­mes situés dans le coin de l’entrée des joueurs. De­puis notre posi­tion privilégiée, nous LE voyons avant tout le monde dans le co­uloir menant sur le Centre Court. Avec sa Jac­ket. Oui, Roger Feder­er entre sur le Centre Court de Wimbledon et il porte une super­be Jac­ket co­uleur crème. Nous som­mes parmi les 10 ou 20 premières per­son­nes au monde à avoir vu ce spec­tacle, ce mo­ment où Roger a quitté le monde du ten­nis pour de­venir une icône.

Échauf­fe­ment. Photos. La cha­ise de l’ar­bitre nous bouc­he en par­tie la vis­ion du court. Peu im­por­te, nous som­mes à quel­ques mètres de Feder­er sur le Centre Court de Wimbledon !

Début du match. 3/0. Puis un set de belle tenue. Avec un slice « rogeri­en » qui est un vrai coup d’at­taque, qui part à une vites­se ahuris­sante et fuse sur le gazon au niveau des chevil­les. 6/3. Le set est vite envoyé.

Puis la pluie fait son ap­pari­tion à nouveau. Les joueurs sont re­nvoyés au ves­tiaire. Nous at­tendons sous notre uni­que para­pluie. Les an­non­ces se succèdent, re­tar­dant toujours plus le re­tour du beau temps et des joueurs sur le court. Cette fois, on bâche le court. La pluie re­doub­le. Nous voilà re­tranchés dans les travées du Centre Court, dans l’at­tente d’une an­non­ce cette fois ras­suran­te. Nous avons tout le loisir d’ob­serv­er le mur de présen­ta­tion des an­ciens vain­queurs.

Nous ne le sav­ions pas en­core ; nous ne l’en­visag­ions même pas en­core ; pour­tant, nous ne ver­rons plus de ten­nis ce jour-là ! Après de multi­ples re­nvois, l’an­nonce, vers 18h30, tombe comme un co­uperet : tous les matchs sont re­nvoyés au len­demain. Cette nouvel­le est reçue avec tout le fleg­me britan­nique pos­sible : per­son­ne ne s’énerve, per­son­ne ne s’of­fusque. Bien que déçus de ne pas pouvoir as­sist­er à plus de ten­nis, en par­ticuli­er du Maître des lieux, nous nous di­rigeons, heureux, vers la queue (en­core !) pour sor­tir du All En­gland Lawn Ten­nis and Croquet Club. Nous venons de pass­er une journée à Wimbledon. Une journée à Wimbledon, mes amis !

Une journée à Wimbledon, Ric­hard, tu te rends com­pte ?

Nous ven­ions de pass­er 24 heures à Wimbledon et nous n’av­ions vu que 30 minutes de ten­nis. Nous av­ions vécu une nuit cauc­hemar­desque, à même le trot­toir, sous la pluie, sous le vent, dans le froid. Nous av­ions vécu une journée sous le signe de la pluie égale­ment, dans l’at­tente per­manen­te et an­gois­sante de voir le sol­eil et du ten­nis ap­paraître. Pour­tant, nous étions les plus heureux des hom­mes ; pour­tant en­core, cela reste un souvenir lumineux et indélébile : nous som­mes entrés sur le Centre Court ; nous étions au pre­mi­er rang (l’émo­tion me gagne en l’évoquant une fois en­core) ; nous avons vu Roger Feder­er en­tr­er sur le court avec sa Jac­ket. Nous étions à dix mètres de Feder­er jouant sur le par­fait gazon du Centre Court de Wimbledon. Et tout cela re­stera toujours entre Ric­hard et moi.

Voir Wimbledon et mourir.

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404 Responses to Wimbledon un jour, Wimbledon toujours

  1. Antoine 26 février 2011 at 16:34

    PLus de lien du tout…Il va falloir réactualiser tout cela…

  2. Arno 26 février 2011 at 16:35

    Doudou est dans le dur, mais en même temps Djoko va pas rester à 93% de premières balles tout le match, faut pas rêver…

  3. William 26 février 2011 at 16:35

    Fed manque de jus, et en même temps Djokovic joue un super tennis. Tout ça me déprime !

  4. fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 16:38

    Djoko est vraiment très très costaud en ce moment… Il a vraiment retrouvé toute son efficacité au service et étant donné qu’il est le meilleur relanceur du monde, ça ne laisse pas beaucoup de place à l’adversaire.

  5. Sam 26 février 2011 at 16:38

    Sur fromsport, moi le premier lien marche bien:

    http://www.fromsportcom.com/v-0/18/146/v-194635.html

  6. fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 16:38
  7. Nath 26 février 2011 at 16:42

    Heu… merci Sam-dog.

  8. David 26 février 2011 at 16:43

    Djokovic est hallucinant en coup droit croisé!

    • Nath 26 février 2011 at 16:47

      Effectivement, il a fait un contre sur ce coup assez incroyable.

  9. David 26 février 2011 at 16:46

    Le serbe est très très impressionnant. Pas grand chose à faire pour Federer, à part attendre une légère baisse de régime.

  10. fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 16:46

    85% de 1ères pour Djoko au 1er set :shock:

  11. Nath 26 février 2011 at 16:46

    Djoko a fait 4 points gagnants dans le premier set ?! (j’ai rien vu ou presque)

  12. Sylvie 26 février 2011 at 16:46

    Pour l’instant Djokovic est nettement au dessus. En plus, il sert comme un bête. J’ai peur que Fed se prenne deux petits sets.

    Est-ce que vous avez un lien qui ne bugue pas ?

  13. Antoine 26 février 2011 at 16:47

    Cela n’a pas traïné: 6-3….pour l’ami Djoko

  14. Arno 26 février 2011 at 16:47

    Bon, Djoko à 85% de premières sur ce set, et énorme du fond du court pour l’instant. Bref, pas grand-chose à faire pour un Federer correct mais sans plus. Mais si Djoko baisse, et il ne peut de toute façon que baisser, ça peut être une autre histoire…

    • Sylvie 26 février 2011 at 16:49

      A Melbourne il a tenu trois sets.

  15. Clément 26 février 2011 at 16:51

    Un lien qui fonctionne bien : http://atdhenet.tv/31930/watch-atp-dubai-federer-vs-djokovic

    atdhe.net ayant été fermé, bienvenue à atdhenet.tv !

    J’ai pris à 4-2, pas terrible Fed… voire franchement mauvais.

    • Sylvie 26 février 2011 at 16:52

      C’est surtout Djokovic qui est très bon à mon avis.

    • Sylvie 26 février 2011 at 16:52

      Merci pour le lien

    • Clément 26 février 2011 at 17:00

      Federer a quand même vraiment baissé dans le jeu en cadence depuis 1 an… Je ne me l’explique pas. Il est loin le temps où il distribuait tout en demi-volée…
      Alors certes Djoko fait un match très propre, gros pourcentage de 1ère, mais y a rien de génial non plus. En tout cas je trouve pas.

      • Jérôme 26 février 2011 at 17:03

        Clément, c’est pourtant clair : il aura 30 ans dans moins de 6 mois. Le temps qui passe compte double à cet âge là en sport de haut niveau.

      • fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 17:05

        Clément, il ne faut pas oublier non plus que Fed va sur ses 30 ans. Normal qu’il en bave contre un jeunot, n°3 mondial qui plus est…

    • Sylvie 26 février 2011 at 17:03

      Il vieillit, ça se sent face aux joueurs puissants comme Djokovic, Del Potro ou autres. Si le mec en face ne donne pas de points, il a de plus en plus de mal à tenir la cadence.

    • Clément 26 février 2011 at 17:12

      Jérôme et Sylvie,

      Il vieillit c’est vrai, mais quand on voit que son déplacement est toujours aussi exceptionnel (« l’est redevenu » je devrais dire) et qu’il va toujours aussi vite ça m’étonne quand même. Je veux bien croire que ses réflexes sont un peu émoussés, ok. Mais bon, Agassi à 35 ans frappait toujours tout à toute vitesse (avec moins de prise de risques que dans ses jeunes années, certes).
      Je m’étais fait cette remarque pour la première fois en regardant le quart de l’AO’10 contre Davy. Ce jour-là il s’était fait dévorer en cadence pendant 1 set et demi contre un type qu’il avait toujours battu à ce jeu-là avant. Et qui a le même âge que lui ! Bon, pour être tout à fait juste, Davy avait ce jour-là joué à un niveau bien supérieur à son niveau habituel, jusqu’à son craquage mental.

      Bref bref… débreak. :(

  16. fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 17:02

    P***** je ne sais pas comment font les adversaires de Novak pour supporter ses incessants rebonds avant de servir. C’est horripilant!!!

  17. Jérôme 26 février 2011 at 17:02

    COOOOOOME OOOOONN, DOUDOUOUOUOUOUOUOUOU !

  18. Antoine 26 février 2011 at 17:02

    Ca y est, Djoko a baissé en premières et l’autre en a profité aussi sec: break !

  19. Arno 26 février 2011 at 17:02

    J’adore avoir raison. ;)

    • fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 17:07

      J’adore que tu adores :mrgreen:

  20. Antoine 26 février 2011 at 17:05

    Le commentateur de la TV de Dubaï est vraiment étonnant !

  21. Nath 26 février 2011 at 17:07

    Djoko est à 47% de premières dans ce set…
    Ça sera pas le match de l’année on dirait.

    • fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 17:08

      A l’image de leur tournoi, je dirais…

  22. fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 17:11

    Et merdeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee!

  23. Jérôme 26 février 2011 at 17:11

    Incroyable. 4 fautes ignobles de Fed. :-(

  24. Sam 26 février 2011 at 17:11

    Smash loupé comme un p’tit vieux, trop crevé après le rally ?

  25. Nath 26 février 2011 at 17:11

    Je crois que dans ce jeu Fed nous a montré ce qu’il pouvait faire de pire : une double, un smash dans le filet… 8O

    • Jérôme 26 février 2011 at 17:15

      Et 2 coups droits dans le filet. Pour faire écho à Clément tout à l’heure, s’il y a un point du jeu de Fed qui a le plus décliné en termes relatifs, c’est bien son coup droit alors que c’était de très loin l’atour maître de son jeu auparavant.

  26. Sylvie 26 février 2011 at 17:11

    Et voilà débreak sur un jeu pourri, un classique désormais. Il a laissé passé sa chance, je crois.

  27. Sylvie 26 février 2011 at 17:14

    C’est dans ce domaine qu’il a énormément perdu. Avant, avec un break, il aurait tenu. Maintenant, il offre le débreak sur une succession de fautes directes et derrière il remet l’adversaire en selle. Là, je pense qu’il se faire breaker et c’est plié.

  28. Jérôme 26 février 2011 at 17:16

    Encore une faute gratuite en coup droit !

    • Jérôme 26 février 2011 at 17:16

      Si on y ajoute un service en goguette …

  29. David 26 février 2011 at 17:16

    Federer fait n’importe quoi.On ne le sent même pas motivé.

    • fieldog, vainqueur 2010 de l'odyssée (dans le cul nabot!) 26 février 2011 at 17:20

      Oui son « body language » est tout pourri. Mais j’avais remarqué ça depuis le début du tournoi.

      • David 26 février 2011 at 17:21

        Il a peut-être été plus affecté de sa défaite en Australie qu’il ne l’a laissé paraître.

  30. Jérôme 26 février 2011 at 17:19

    C’est clair. Il semble ne même pas avoir de tactique. Il joue dans l’axe central, mi-court.

  31. Sylvie 26 février 2011 at 17:19

    Et voilà, scénario écrit d’avance, hélas.

  32. David 26 février 2011 at 17:19

    Si c’est Djokovic qui est destiné à prendre le leadership, on est quand même mal barrés. Pare que dans le genre monotone, cadencé et peu inventif, ça se place là…

    • NTifi 26 février 2011 at 17:27

      Faudrait savoir, quand c’est Nadal vous vous plaignez et là même si ça venait à être Djoko vous allez vous plaindre…

      Bon match de Djoko, très solide, il est nettement meilleur qu’avant grâce à son service retrouvé.

  33. Jérôme 26 février 2011 at 17:19

    Euh . Je commence à me demander s’il n’aurait pas aussi une ascendance lettone, notre Fed. Ca vandange.

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