Le dopage sanguin, partie 4 : l’affaire Aderlass et les hémoglobines de synthèse

By  | 11 mars 2024 | Filed under: Regards

AderlassOù l’on parle dopage – et l’on est très loin de la caféine ou du pot belge : la précédente partie ici.

Affaire Aderlass

Les grosses affaires de dopage ont souvent des noms amusants. L’arrestation du docteur Schmidt prenait ainsi place dans l’opération baptisée « Aderlass », ce qui signifie « saignée » dans la langue de Goethe. Contrairement à l’affaire Puerto en Espagne où beaucoup de choses sont restées secrètes, le procureur en charge de l’enquête, Kai Graber, a choisi la transparence. C’est ainsi que l’on connaît la nature des produits dopants confisqués au docteur Schmidt et notamment cette nouvelle hémoglobine recombinante humaine qui se présente sous forme de poudre. Injectée dans la circulation sanguine, elle se dissout dans le plasma et se met aussitôt à transporter de l’oxygène jusqu’aux muscles. Par rapport au sang classique, ce type de produit présente l’avantage de pouvoir se conserver à température ambiante pendant des années. Il ne paraît pas non plus très compliqué à fabriquer. Donc pas très cher. En somme, cela en fait un excellent candidat au dopage du futur et cela même si, pour le moment, on ignore tout de sa possible toxicité dans le cadre d’un effort intense.

A priori, on devrait pouvoir polymériser la molécule, ce qui diminue l’effet vasoconstricteur. Cela dit, il se pourrait qu’on lui découvre d’autres effets indésirables. La nature se montre souvent capricieuse et imaginative en la matière. Quant à l’efficacité de ces poudres d’hémoglobine, là encore, on ne peut faire que des supputations. Car de gros problèmes restent à résoudre dans la mise au point d’un sang artificiel. Comme de diminuer par exemple l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène afin que ces nouveaux transporteurs puissent  relarguer leur cargaison. Il ne servirait à rien en effet d’avoir un sang très riche en oxygène si celui-ci n’approvisionne pas les cellules musculaires auprès des muscles qui en ont besoin. Enfin, il faudra aussi veiller à ce que ces produits ne déclenchent pas une vasoconstriction par voie réflexe, ce qui pourrait entraîner des accidents cardiaques. Là encore, la polymérisation semble constituer une bonne réponse. En même temps, elle augmente la durée de demi-vie du produit, facilitant sa détection en cas d’utilisation pour dopage. Dieu que la vie d’escroc est difficile !

Le marché mondial du traitement de l’anémie est tellement juteux que les grandes firmes pharmaceutiques rivalisent toutes d’imagination pour créer de nouveaux médicaments. Les unes travaillent sur la mise au point de molécules de synthèse. D’autres nourrissent l’espoir de pouvoir se servir d’hémoglobines animales, celle de bovins par exemple. Ainsi le laboratoire Sigma-Aldrich fabrique un produit (H2500) vendu comme réactif pour des travaux de biologie mais, bien sûr, d’autres usages sont envisageables. En médecine vétérinaire, on utilise bien une préparation similaire appelée Oxyglobin (HBOC-301) pour suppléer les carences en oxygène lors des grosses opérations chirurgicales. Des expériences de ce type ont aussi été réalisées en médecine humaine. Dans le dopage aussi ! Lors du Tour de France 2003, deux coureurs cyclistes ont tenté d’utiliser cette hémoglobine de bœuf pendant la course, le Danois Michael Rasmussen et l’Espagnol Jesus Manzano. En dépit des énormes dangers ! L’Oxyglobin entraîne souvent une augmentation de la pression artérielle pulmonaire et une diminution du volume d’éjection systolique. Ils auraient vraiment pu y laisser leur peau. Avec ce produit, les accidents étaient même si nombreux qu’on a stoppé les recherches l’année suivante.

Aujourd’hui, elles se poursuivent pour d’autres préparations comme pour Hémopure (HBOC-2021), une hémoglobine bovine polymérisée encore vendue en Afrique du Sud. Ici, l’effet vasoconstricteur est moindre. Mais on note toujours une augmentation de la résistance du sang à l’écoulement dans les veines et les artères et donc un risque augmenté d’infarctus ou de thrombose.

Compte tenu des énormes investissements dans ce domaine de recherche, on ne doute pas que les hémoglobines animales continueront à progresser en terme d’efficacité et de tolérance. Il se pourrait même que cela évolue plus vite que prévu !

Depuis une vingtaine d’années, les chercheurs s’intéressent en effet aux hémoglobines d’autres espèces animales que les bovins, notamment celle du ver de terre (Lumbricus terrestris). Cinquante fois plus grosse que l’hémoglobine humaine, cette molécule paraissait dans un premier temps assez peu intéressante pour une éventuelle exploitations à des fins médicales. C’est alors qu’en 2002, une autre espèce de ver retint l’attention d’un biologiste de Morlaix, le docteur Franck Zal, qui deviendra de ce fait un acteur important dans le développement de cette nouvelle pharmacopée. Il s’agit de l’Arenicola marina, un ver marin pourvu de branchies qui s’enterre dans le sable à marée basse, laissant de curieux tortillons sur la plage. Comment arrive-t-il à survivre plusieurs heures sans disposer de ce fait du moindre atome d’oxygène?

L’analyse précise de son hémoglobine en 2008 a permis d’apporter une réponse à cette question. L’hémoglobine d’Arenicola marina possède en effet des propriétés impressionnantes. Elle est capable de transporter quarante fois plus d’oxygène que l’hémoglobine humaine (156 atomes d’oxygène contre quatre). Grâce à sa structure en double hexagone, elle est 250 fois plus petite qu’un globule rouge. Aussitôt, on s’en est servi pour concevoir deux nouveaux médicaments : Hemo2Life (M-101) et HemoxyCarrier. Le premier est déjà utilisé en thérapeutique pour prolonger la durée de vie d’un organe à transplanter (greffon). Mais l’idée reste à terme de s’en servir comme transporteur d’oxygène directement dans le sang. L’armée est intéressée pour le traitement des blessures de guerre et des hypoxies cérébrales causées par le souffle d’une explosion.

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337 Responses to Le dopage sanguin, partie 4 : l’affaire Aderlass et les hémoglobines de synthèse

  1. Colin 29 mai 2024 at 10:58

    Du nouveau à la Laver Cup en 2025:
    https://www.eurosport.fr/tennis/laver-cup-yannick-noah-sera-capitaine-de-la-team-europe-en-2025_sto20007661/story.shtml
    Très surprenant ce choix. Je me demande bien pourquoi ils n’ont pas, plutôt, retenu Shamil Tarpischev, qui me semblait le candidat idoine pour succéder à Bjorn Borg sur le banc de l’équipe d’Europe.

  2. Colin 29 mai 2024 at 11:53

    Incroyable… Kei Nishikori joue toujours au tennis, et il est au deuxième tour. Encore un qui n’est pas tombé sur Zverev au 1er tour.

  3. Rubens 29 mai 2024 at 13:37

    Et j’envie celles et ceux d’entre vous qui ont la possibilité de voir le Tsi²/Altmaier. Allez le regarder. Et même, allez voir Daniel. C’est beau à voir. Contre l’Amish hellène en plus, ça doit valoir le coup d’œil. Même si je suis pessimiste sur le résultat.

    • Rubens 29 mai 2024 at 14:01

      Voila, terminé. Le tournoi masculin vient de subir une grosse perte.

      • Perse 29 mai 2024 at 14:29

        Très agréable à regarder jouer mais Tsitsipas a l’air d’aller mieux dans son tennis et a fort bien tapé la balle. Je suis contente pour lui, c’est un beau joueur qui mérite bien un GC un jour et ce RG est sensé être à sa portée. Qu’il le gagne serait bien.

  4. Rubens 29 mai 2024 at 14:38

    Petit complément à mon post précédent sur Rafa.

    Dans l’épopée parisienne de l’Avenger de Manacor, la malchance, s’il y en a une, j’aurais bien plus tendance à la chercher du côté de ses victimes que de son côté à lui. Les aficionados de Rafa à Roland ont pu célébrer à 116 reprises la victoire de leur chouchou. A ce niveau-là, doit-on parler de festin, de Grande Bouffe, de banquet, d’orgie ? En ce qui me concerne, cela m’a suffi et je ne pleure pas sur cette 117ème victoire qui ne verra jamais le jour. Ce qui ne m’empêche pas de garder un immense respect pour lui.

    Par contre, en revisitant la carrière de Rafa à Roland Garros, je viens d’avoir une pensée émue pour Gianni Mina, un petit Frenchie qui avait croisé la route du monstre au premier tour de l’édition 2010. Pourquoi le mentionner lui et pas un autre ?

    Parce que, parmi la centaine d’adversaires ayant eu le privilège de perdre contre Nadal à Roland Garros – et bien souvent de se prendre une énorme branlée – Gianni Mina a une particularité, celle d’être le seul à ne jamais avoir disputé d’autre tournoi du Grand Chelem, ni à Paris ni ailleurs. Wild Card en 2010, il n’aura donc eu l’occasion de faire admirer ses talents Porte d’Auteuil qu’une seule fois, et Rafael Nadal restera à jamais son unique adversaire à Roland Garros. Il marquera 6 jeux. Merci d’être venu.

    Pour être précis, Gianni Mina aura tout de même laissé une trace au palmarès du tournoi, puisqu’il a remporté l’édition juniors en 2009.

    • Bapt 29 mai 2024 at 21:55

      J’avais oublié Gianni Mina. J’ai regardé sa carrière et manifestement ça n’a pas décollé. Il a point autour de la 200 et a un prize money de 160 000 $. Une carrière un peu ratée pour un espoir junior.

  5. Perse 29 mai 2024 at 16:45

    Alcaraz moins serein depuis 2 sets.

    De Jong que j’avais vu vendredi en qualifs fait une belle prestation avec une vraie qualité de retour vu qu’il gagne le troisième 6-2 malgré 68% de premières d’Alcaraz.

  6. Nathan 29 mai 2024 at 20:21

    C’est chez les filles qu’il y a du beau tennis !

  7. Nathan 29 mai 2024 at 20:44

    Swiatek un modèle de résilience et de mental alors qu’elle était bousculée, voire dominée par une Osaka in the zone. Châpeau bas !

    • Nathan 29 mai 2024 at 20:56

      du coup un chapeau pour le chapeau !

    • Perse 30 mai 2024 at 10:30

      Oui, match remarquable dès le début même si j’ai raté la remontée de Swiatek au 3ème set. Osaka a vraiment cette surpuissance « serenesque » (qui est la seule façon de mettre à mal Swiatek en général puisque Rybakina est l’autre demi bête noire de la polonaise), notamment au retour qui est incroyable à voir.
      Pourtant Swiatek peut servir à plus de 190 km/h du haut de 1m75 (magnifique rapport vitesse/taille d’ailleurs), elle a pris des missiles nombreux !

      Son retour sur la balle de match est par exemple incroyable : elle prend la balle tôt avec un angle ultra-risqué et ça passe ! Cela vaut bien le retour de Djokovic contre Federer à l’US Open 2011

      De façon général un très bon niveau de jeu avec une pureté dans les frappes incroyable d’Osaka et beaucoup de ténacité et d’intelligence tactique de Swiatek pour résister et finalement faire tourner le match. Assurément l’un des match de la quinzaine.

  8. Rubens 30 mai 2024 at 09:12

    Je confesse une impardonnable indifférence au tournoi féminin. Je n’ai vu que les 3 derniers jeux du choc d’hier soir, assez pour voir Osaka se liquéfier, sortir quelques coups gagnants et enchaîner les fautes. Au vu des commentaires sur le match, je semble avoir raté l’essentiel.

    Mais si je suis coupable, c’est aussi parce qu’Iga Swiatek a apporté de l’eau à mon moulin sur le public de Roland Garros. Je me demandais qui serait le prochain à tirer le signal d’alarme, mais le prochain était une prochaine. Merci Iga. La référence aux sommes qui sont en jeu pour toi était inutile, mais pour le reste tu as dit à ce public ce qu’il fallait qu’il entende.

    Dégoûté pour Stan, qui avait la place pour passer hier soir. Vraiment la place. Mais lui aussi, malheureusement, a l’âge de ses cellules.

    • Nathan 30 mai 2024 at 10:09

      Oui, « indifférence », certes compréhensible et partagée, mais hier effectivement impardonnable.

      8 GC réunis au 2ème tour de Roland avec des joueuses qui ne sont pas en pré-retraite méritaient bien le détour. D’autant que jusqu’à présent les matches des hommes, pour des questions de forme ou d’opposition, n’ont pas été franchement enthousiasmants.

      En plus, les Français n’ont pas grand chose à se mettre sous la dent en femmes comme en hommes. Le seul Français « nouveau » à savoir jouer, c’est Cazeaux mais Arthur est encore loin d’être un Roi (oui, je n’ai pas pu résister à celle-là), il a joué brillamment tous les coups du tennis (qui sont, je le rappelle : le revers, le coup droit, le service, la volée et l’amortie)… pendant un set et demi !

      Il faut revoir le match Swiatek-Osaka en entier dans sa dramaturgie pour l’apprécier. Est-en lisant les 10 dernières pages d’A la recherche du temps perdu qu’on peut apprécier Marcel Proust ?

      1/ Osaka a joué un tennis stratosphérique, qui plus est sur terre battue qui n’est pas sa surface de prédilkection. Elle aurait dû l’emporter. Elle était meilleure. Plus puissante. Plus inspirée. Elle est passée à deux doigts de gagner 6/1 dans le 3ème set.

      2/ Swiatek a été exceptionnelle dans la résilience. Elle n’était pas au mieux. Elle a résisté tout le temps. Et dans les moments clés (tie-break du 1er set, à partir de 4/5 dans le 3 ème), elle n’a quasiment plus fait de fautes. Le mental dans le tennis aujourd’hui, c’est Elle. Incontestablement.

      3/ Le 3ème set a été phénoménal, tous les jeux ont été aux égalités sauf le dernier.

      Autre sujet, le comportement du public. Oui, il y a une dégradation sensible. Je ne suis pas sûr que ce soit un phénomène purement français.
      Je crois que ce phénomème participe de l’ambiance actuelle, un peu délétère. J’ai assisté au match Cazeaux/Etcheverry qui n’a pas été particulièrement décrié. Pourtant, c’était la Coupe Davis. On peut trouver ça sympa. Sauf qu’au 4ème set le public s’est mis à applaudir toutes les fautes de l’Argentin (qui est resté impeccable). Voilà, c’est devenu comme ça.

  9. Rubens 30 mai 2024 at 09:34

    Et d’ailleurs, puisque le comportement du public semble devenir un sujet majeur dans le vestiaire, j’espère que Musetti a bien été informé de ce qui se passe. Parce que sa soirée risque d’être difficile sur ce terrain-là.

  10. Sam 30 mai 2024 at 09:51

    Pas que dans le vestiaire. Je suis frappé d’entendre des Marseillaises retentir dès l’échauffement, ou bien que celà ne semble déranger personne que les fautes, voire doubles fautes des joueurs non français soient désormais régulièrement applaudies. Mais de toutes manières, vu que les commentateurs sont tout fiers de la pathétique « tribune bleue »…Tout ça me laisse aller vers un raccourci un peu rapide : l’évolution du comportement du public de Rg est à l’image de celui de la société française.

    • Rubens 30 mai 2024 at 10:14

      « l’évolution du comportement du public de Rg est à l’image de celui de la société française »

      +1

      Ils viennent voir un spectacle, et ils sont là pour se lâcher, exactement comme ils le feraient s’ils étaient aux Jeux du Cirque. Et peu importe que ce qu’ils regardent soit du tennis ou une course de chars.

      Et à l’autre bout de la chaîne, j’écoutais récemment un podcast avec Glouglou : le public qui regarde du tennis est désormais âgé. Pour le rajeunir, il faut lui proposer un spectacle où il se passe plus de choses, car en l’état il se passe plus de choses sur leurs portables que sur le court (il n’y a qu’à voir combien sont suspendus à leur téléphone entre les points). Je crains que Glouglou n’ait raison : il n’est plus question de freiner la décérébration de la populace, il faut au contraire la constater, l’exalter et s’appuyer dessus.

    • Nathan 30 mai 2024 at 11:05

      C’est la victoire des « Corentin ».

  11. Rubens 30 mai 2024 at 10:01

    J’espère ne pas rentrer trop tard ce soir pour voir l’un des matchs qui m’intéressent, Casperito contre Proserpin Rostropovitch Ibiza. La puissance de ce dernier, brute, presque animale, évoque davantage un guerrier Viking qu’un Espagnol. Dommage que le mental ne suive pas. Mais sur un match il peut être très dangereux.

    • Perse 30 mai 2024 at 10:24

      C’est marrant mais je ne trouve pas que Fokina soit particulièrement puissant, bien au contraire je le trouve plutôt sous-calibré à cet égard. En revanche il a bien le caractère éruptif et une gestion des émotions extravertie à l’ancienne qui suscite de l’empathie et même de la sympathie.

      Rudd est bien plus puissant du fond du court par exemple, en tout cas, le match de 2021 avait été bien sympa entre les deux et on peut espérer que ce soit divertissant.

      • Rubens 30 mai 2024 at 11:36

        Perse, on n’a pas le même regard sur l’asticot ! Il jouait mardi soir sur un court annexe (le 10 je crois), sa puissance était dévastatrice. Elle avait d’ailleurs fait vaciller le Phallostrate l’année dernière, qui aurait eu un match très compliqué si Gorki Bulbovitch Wojtila avait eu la bonne idée de se concentrer réellement sur les points importants. Il est, en tout cas, nettement plus puissant que Casperito. Mais ça ne l’avantagera pas forcément parce que le Norvégien est un contreur dans l’âme, c’est-à-dire un joueur produisant peu de puissance mais maîtrisant l’art de retourner la puissance adverse contre lui-même.

  12. Kristian 30 mai 2024 at 10:39

    Je ne pense que l’evolution du public de RG soit un reflet de la societe francaise. Je me souviens par exemple que le Public a Bercy a toujours ete odieux et des les annees 80/90. A l’epoque le public de RG etait beaucoup plus sage et respectueux et on l’expliquait en disant que les places a Roland Garros etaient vendus en priorite aux licencies de la FFT, donc des connaisseurs. Ce n’etait pas le cas a Bercy ou la billeterie etait direcetement ouverte au grand public. Et c’etait probablement vrai.
    Les places a RG sont toujours vendues en priorite aux liencies de la FFT, mais depuis 30 ans leur nombre a baisse (-20%) alors que la frequentation de RG a double. Et ceci a vraissemblablememnt dilue la difference de public qu’on pouvait avoir entre les 2 tournois parisiens. Bref, on a desormais le meme public a Bercy et dans les tribunes du Chatrier, et evidemment ce n’est pas reluisant

  13. Rubens 30 mai 2024 at 11:07

    Salut Nathan,

    En effet le phénomène de zoophilation du public n’est pas que français. Mais il est quand même notoirement français. Je ne prétends pas l’expliquer, mais j’ai la vague impression que l’US Open, par exemple, n’est que l’un des multiples événements sportifs proposés à un public américain qui en est déjà gavé tout au long de l’année. Ca donne, je crois, des tribunes plus garnies de fans de tennis qu’elles ne le sont à Roland Garros, qui est avec le Tour de France l’une des deux grand-messes sportives annuelles se déroulant en France.

    C’est devenu comme ça, en effet. Sauf qu’il ne faudra pas s’étonner ensuite que des Glouglous raflent la mise et conduisent le tennis vers des réformes qui le dénatureront. Le tout sous le regard journalistique d’une hallucinante bienveillance. Comme le prouve la commentatrice à la fin de la saillie d’Iga Swiatek hier soir : « Pas sûr qu’elle se fasse beaucoup d’amis avec sa remarque au public ». Comme le prouvent également la tonalité des articles d’Eurosport traitant du sujet ces jours-ci. Comme l’avait déjà illustré un journaliste d’Eurosport (Rémi Bourrières je crois), qui était dans les tribunes de Bercy lors de la mise à mort d’Alcaraz face à Hugo Gaston en 2021 et qui n’avait vu qu’un public turbulent mais bon enfant.

    • Rubens 30 mai 2024 at 11:13

      Et entretemps Kristian a livré un éclairage intéressant. Kristian, certes le nombre de licenciés est en baisse depuis les années 90, mais la vraie question est de savoir si le nombre de places à Roland réservées aux licenciés est également en baisse. Si oui, ton raisonnement se tient en effet.

    • Perse 30 mai 2024 at 11:37

      Mais le traitement journalistique de France TV est de toute façon d’une indigence répugnante (ouf c’est sensé être la dernière année de Nelson Montfort !).

      Par rapport à l’Amérique Latine, la marge demeure importante même si la pente est forte. A la limite, ce qui me pose plus problème est que les vrais têtes à claques du circuit sont maintenant presque que françaises depuis la retraite de Kyrgios et la disparition de Tomic.
      A RG, ce qui m’a atterré ces dernières années c’est l’absence récurrente de connaissances sur le sport des spectacteurs. A part le Big 3, le reste n’a pas d’existence et même les règles de bases ne sont pas maîtrisées, quant au vocabulaire, n’en parlons pas. Souvenir sardonique de mon voisin en 2021 en train « d’expliquer » à sa poulette le jeu : tissus de conneries mais il était tellement certain de lui avec son bide.

      • Rubens 30 mai 2024 at 11:43

        Perse, je crois que tu oublies quand même Holger Rune :mrgreen:

        • Perse 30 mai 2024 at 11:59

          C’est vrai que Rune est antipathique et de mauvaise foi dans le cadre du sport mais je n’ai pas le souvenir qu’il a été insultant avec les joueurs et le public au contraire d’un Paire, d’un Moutet, d’un Atmane ou même d’un Fognini.

    • Nathan 30 mai 2024 at 12:17

      Oui, Rubens, entièrement d’accord. Il y a une déliquescence des comportements un peu générale (dégradation du sens de l’altérité, du respect des règles vécu comme une contrainte sans fondement, genre : « on se marre quoi, on fait pas de mal » etc.) supportée, voire encouragée par les médias, les coaches qui surfent sur la vague (Glouglou en est une parfaite illustration), et certains joueurs. C’est la veulerie habituelle qui se propage au monde du tennis. Je parle comme un vieux con. Mais en disant que « je parle comme un vieux con » je ne fais que répéter (en conscience heureusement) la vulgate actuelle contre le peine-à-jouir que je suis. Comment la FFT et Mauresmo ont-ils pu supporter qu’un joueur donne rendez-vous à ses potes et supporters sur le Court Simone-Mathieu pour faire la peau à un Chilien au prétexte, sans doute vrai, qu’il a été maltraité à Santiago du Chili ? C’est une logique de caillera désinhibé, ça. « Mais non ! C’est juste pour le fun. De toute façon, ils font pas mieux. Arrêtez de jouer aux vieux cons ! ».

      • Rubens 30 mai 2024 at 12:28

        Corentin a vraiment rameuté du monde pour empêcher Jarry de jouer ?

        • Nathan 30 mai 2024 at 12:36

          Il y a eu « un appel à supporter » en expliquant le pourquoi du comment. Le Chilien s’est liquéfié et Mutet a très bien joué, il faut le reconnaître. Pour moi, ce genre d’attitude, c’est la porte ouverte à n’importe quoi.

          • Rubens 30 mai 2024 at 14:35

            C’est la porte ouverte à n’importe quoi, en effet. Mais l’appel à supporter, il vient de Corentin lui-même ? Il y a quelques jours je me creusais la tête pour imaginer son parcours parisien, mais en fait mon imagination est insuffisante. Là on est quasiment dans le registre du trouble à l’ordre public.

            Mais d’un autre côté, je crois qu’il ne faut pas mettre toute la responsabilité sur Corentin. Qu’il multiplie gestes et comportements antisportifs est une chose. Par contre, si je ne savais pas pour la mise à prix du Chilien, j’ai bien noté en revanche que le public avait massivement pris fait et cause pour lui l’autre soir. Ce qui accrédite la thèse d’un public totalement en roue libre. Car cela fait quelques années que je m’interroge aussi sur les chouchous et les têtes de turcs du public (celui de New York, en particulier, m’intrigue depuis le Slip-Meddy de 2021). Qu’un joueur au comportement pareil suscite une telle frénésie dirigée contre son adversaire en dit bien plus long sur le public que sur le joueur. Ce soir ils vont sans doute se déchaîner pour porter Gaël, je ne l’approuve pas mais à la limite je peux le comprendre. Mais que ce même public ne connaisse pas de différence entre Gaël et Corentin, là les bras m’en tombent.

            • Rubens 30 mai 2024 at 16:52

              Abyssal… Mais comme je te le disais, ça ne déresponsabilise pas le public présent ce soir-là.

  14. Perse 30 mai 2024 at 17:27

    Danilovic-Collins : j’avais apprécié regarder la Serbe l’année dernière aux qualifs. Elle semble un peu friable et avoir du mal à garder la balle dans le court mais quelle allure.

    Collins avec ses simagrées et ses rictus ne suscite pas la sympathie mais elle a beaucoup d’armes à faire valoir (retour de service et trouver des angles depuis le centre impressionnants).

  15. Rubens 30 mai 2024 at 23:04

    Le match entre Casperito et Sigismond Garbovitch Nabilla est vraiment superbe.

    • Nathan 30 mai 2024 at 23:14

      yes

    • Nathan 30 mai 2024 at 23:22

      J’en suis fatigué pour eux ! Très belle partie !

    • Rubens 30 mai 2024 at 23:25

      Casperito vient de gagner. Mais nom de dieu, comment se fait-il que Siegfried Purulovitch Constanza ne soit pas mieux classé ?

      Deux joueurs qui se livrent un combat de rue sans se provoquer, un match au couteau, des coups splendides, et un public qui ne manifeste bruyamment que pour signifier sa joie d’être là et d’assister au spectacle. Sans emmerder ni l’un ni l’autre.

      Les neurosciences pourraient-elles nous éclairer sur la métamorphose de ces gens en une masse d’abrutis dès lors qu’un Français est sur le terrain ?

      • Perse 30 mai 2024 at 23:36

        A cette heure tardive, il n’y a que les « vrais » encore là. De même le 12 est rempli ras la gueule pour Azarenka Andreeva, qui s’il n’y avait eu ces pluies est une affiche de court principal.
        Pas mal d’ailleurs.

        • Rubens 30 mai 2024 at 23:49

          J’arrive Perse :smile:

          Victoria, donc.

  16. Rubens 31 mai 2024 at 12:06

    Bilan provisoire du tennis français : un joueur et deux joueuses au troisième tour. Je ne peux pas parler pour Gracheva et Paquet. En revanche, la présence de Corentin Moutet est indissociable de la transformation du Simonne Mathieu en enclos à bétail pour son match – une grosse performance – face à un Nicolas Jarry déstabilisé.

    Je crains que le constat d’ensemble ne soit à peu près identique à celui de l’année dernière. Le tennis français n’est pas aussi moribond que le suggère le massacre des deux premiers tours, au regard de sa présence dans les top 100 masculin et féminin. En revanche, il est de plus en plus clair que la terre battue est devenue la cryptonite de nos Frenchies.

    Une vague de construction – ou de réhabilitation – des terrains en terre battue est-elle à l’ordre du jour en France ?

    La FFT va-t-elle ENFIN proposer un cadre pour ses jeunes espoirs leur permettant de s’entrainer massivement sur terre battue de janvier à décembre ?

  17. Nathan 31 mai 2024 at 14:49

    Paquet, rien à en dire. Cela fait presque dix ans qu’elle est à peu peu au même niveau au gré des hasards des matches et de la forme du moment.

    Varvara Gracheva, c’est autre chose. Cela joue très vite et par moment très bien. Je crains que cela ne perde très vite aussi. Elle a une qualité rare dans le tennis moderne. Elle sourit beaucoup. Quand le jeu lui plaît. Quand elle a gagné… et quand elle demande une balle aux ramasseurs. Mais si ! C’est presque une incongruité aujourd’hui. En tout cas, c’est charmant.

  18. Rubens 31 mai 2024 at 15:03

    Et à ceux qui auraient quelque espoir dans l’avenir, il faut préciser que Corentin Moutet, 25 ans, est le plus jeune cette année à avoir remporté un match chez les Français. Cette seule donnée devrait nous alerter : nous n’avons pas encore touché le fond.

    Mais Nathan a raison, chez les filles c’est un peu mieux puisque Grachova n’a pas encore 22 ans.

  19. Perse 31 mai 2024 at 15:15

    Danilovic gagne un match qu’elle aurait dû perdre 300 fois. Elle passe au Super tie-break dans un trou de souris après avoir connu un faux-départ.

    Chapeau à elle d’avoir su tenir dans la tempête et trouvé les solutions. Je n’ai pas vu le dernier set mais cela s’est joué à la rage et à la volonté alors que son revers était resté au vestiaire aujourd’hui.

    Pour le reste des matchs de simple, pas de combat au couteau mais encore une TDS dame au tapis (Samsanova) battue par une italienne.

  20. Perse 31 mai 2024 at 15:17

    D’ailleurs en matière de génération et de densité, il se trouve que les italiens sont particulièrement à la fête, et cela tendrait à infirmer la théorie de la génération spontanée : Sinner est le meilleur bourgeon mais il n’était pas le seul, et il y a de la densité dans les deux sexes.

  21. Perse 31 mai 2024 at 18:17

    Le service d’Hurczkaz, c’est quelque chose ! Et c’est probablement le coup le plus rémunérateur du circuit à l’heure actuel.

    Ce qui m’impressionne est le rythme de la gestuelle : comme Ivasenevic en son temps, il peut servir 5x fois d’affilé à 200 km/h en 60 secondes : pas de rituels, de routines longues.

    Il lance (un lancer presque toujours identique) et trouve à la fois les zone, la vitesse et les effets avec une variation.

    Si Zverev parvient à servir à plus haut taux de première des balles à plus de 200, il fait nettement moins le point en 2 coup de raquette que le polonais.

    Mais comme la vie est bien faite, HH n’a pas le niveau en fond de court de Zverev.

  22. Perse 1 juin 2024 at 11:21

    Struff met des mines en coup droit d’une lourdeur impressionnante, digne du Wavrinka des grandes années.

  23. Rubens 2 juin 2024 at 03:32

    Créfieu de Foutredieu.

    Mais bon, le Slip me semble en sursis dans ce tournoi.

    Pour demain, l’urgence est de siffler la fin de la récréation. Le Béornide, je n’en doute pas, sera l’homme de la situation. Comme métaphore, je vous propose la scène finale de Scarface (https://www.youtube.com/watch?v=AcOnhlFstjI). Jannik est absolument parfait dans le profil du tueur froid à lunettes noires qui arrive par derrière pour donner, sans la moindre étincelle d’émotion, le coup fatal. Pour la forme Jannik, si tu pouvais ne laisser à Corentin que 3 ou 4 jeux, tu signifierais à tout le monde qu’il n’avait strictement rien à faire en huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem et, en suivant, tu contribuerais à une œuvre salutaire de dégrisement collectif du tennis français.

    Au-delà, Corentin Moutet est anecdotique, mais les conditions qui ont rendu possible son parcours sont le symptôme de quelque chose de plus profond. Je dois introspecter ce que j’ai vu cette semaine.

  24. Perse 2 juin 2024 at 11:58

    J’ai eu la chance d’avoir une loge hier pour le Zverev Griekspoor. Belle vue, très bon public à noter : applaudissant les beaux échanges, voulant un match au couteau et donc étant plutôt du côté de Griekspoor.
    Si l’on prend le baromètre du taux de 1er service pour évaluer le niveau de jeu, alors celui était très bons. Les deux joueurs ont servi à plus de 70% de premières, et les deux sont d’excellents serveurs.

    Zverev était effectivement plus timoré au fond de court et Griekspoor a très bien exploité les variations de longueur et de hauteur de rebond. Gros combat mental dans l’ensemble.

    Zverev n’est pas Alcaraz et n’a jamais eu cette dimension spectaculaire ni cette impression d’avoir un niveau divin : pour moi, c’est le n°1 des tâcherons limeurs et c’est en quelque sorte un Ferrer de 2m. Il use ses adversaires avec ses gifles des deux côtés et en étant capable de remettre les balles à la Medvedev.

    L’expérience a parlé dans le super tie-break et reflète tout de même la domination globale sur le match de Zverev. En tout cas, un très beau match !

    Par la suite, le Lenglen a été ouvert à tous et j’ai pu me glisser au niveau du court pour assister à Navarro-Keys pour un joli match également.

    Le metagame est très différent mais j’ai pu admirer la science du contre de Navarro qui a réalisé nombre de retours gagnants et coups réalisés en squat en s’appuyant sur la patate impressionnante de Keys.
    En plus Navarro est vraiment mignonne en vrai et sympathique. Match serré gagné en 2 TB par la joueuse qui monte cette année sur le circuit.

    A 22h passé il m’a bien fallu rentrer et j’ai raté le Ruud-Etcheverry mais bon, j’ai déjà 2 orgie de RG cette année et je suis comblé !

    • Rubens 3 juin 2024 at 08:56

      Et je plussoie pour le Zverev-Griekspoor, que je regrette d’avoir raté. Je n’ai vu que la fin, à 3/1 Griekspoor dans le 5ème. Il semble avoir été l’un des grands matchs de cette première semaine.

  25. Sam 2 juin 2024 at 20:11

    Le Grigo Hubby est très agréable à regarder, en plus c’est Grigou qui mène la danse.

  26. Rubens 3 juin 2024 at 01:05

    Cette première semaine me laissera un immense malaise. Je pourrais me contenter de pointer la vulgarité de Corentin Moutet et le grégarisme non moins vulgaire du public qui s’est rendu à ses matchs. Mais ce serait oublier qu’une partie de ce même public sait se tenir correctement. Ce serait, surtout, passer à côté de l’essentiel.

    Les personnes qui ont imité les cris du singe l’autre soir lorsque Sebastian Ofner s’asseyait au changement de côté ne l’ont pas seulement fait parce qu’ils en avaient envie, ils l’ont fait parce qu’ils se sont sentis autorisés à le faire, parce qu’il était manifeste que leurs voisins un peu mieux élevés ne leur diraient rien. Ils l’ont fait, surtout, sous les yeux et le sourire serein d’Amélie Mauresmo, directrice du tournoi, et de Gilles Moretton, président de la FFT, qui n’y ont sans doute vu qu’une ambiance bon enfant. Lui a été joueur de haut niveau, elle a été n°1 mondiale, et ils sont dotés de quelques neurones. Maintenant que la chasse Moutet est enfin tirée, Amélie et Gilles ont-ils besoin d’une cellule de dégrisement ?

    Non, c’est moi qui dois être dégrisé.

    Je regardais Ofner l’autre soir. Il était totalement carbonisé physiquement. Il a choisi de sourire de l’ambiance, lui aussi. C’est sans doute ce qu’il avait de mieux à faire, dans son état il sentait bien que de toute façon il ne pourrait être que l’agneau sacrifié. Mais supposons qu’il soit allé voir l’arbitre pour demander que soit rétabli un minimum d’équité sportive. Qu’aurait pu répondre l’arbitre ? Pas grand chose, en fait. Qu’aucun karcher n’est prévu pour nettoyer les tribunes. Et surtout que, là haut, la directrice du tournoi et le président de la FFT en personne regardaient le match, et que ce qui se passait les faisait sourire. Reprenez votre place M. Ofner et jouez (ou en tout cas essayez).

    Depuis quelques années – depuis le premier confinement et ses suites, en fait – j’entends mes collègues de travail pointer le manque de civisme des gens qui fréquentent les salles de cinéma ; elles m’expliquent qu’il est désormais fréquent que des gens téléphonent ou parlent à voix haute pendant les séances. Tout occupé à mes enfants en bas âge, je ne suis plus allé au cinéma depuis des années (sauf pour y amener justement mes enfants, sur des séances où le public n’est évidemment pas le même) et je n’ai pas senti cette évolution.

    Je n’ai pas écouté mes collègues, et je n’ai aucune excuse. Car ce que j’ai vu cette semaine n’est rien d’autre que la version « Roland Garros » du nihilisme désormais omniprésent dans mon pays. Il n’y a plus de règle commune, dans le sens où il n’y a plus de règle admise par tout le monde que chacun s’appliquerait à respecter et à transmettre. Jusqu’à présent, le tennis était mon petit écrin de virginité, inviolé, propre, à l’écart des tumultes du monde et de la société française. Cette semaine « Hanouna Porte d’Auteuil » m’a valu un dépucelage tardif et particulièrement douloureux. Voila ce qui arrive lorsqu’on s’applique à vivre dans les marges. Mon dégrisement a commencé. Mieux vaut tard que jamais.

    Merci Gilles. Et merci Amélie.

  27. Sam 3 juin 2024 at 09:20

    Rubens, je n’avais pas entendu parler de cette histoire de cris de singe, ni les cris eux-mêmes bien entendu. Est-ce qu’il faut comprendre par là qu’une partie du public se serait amusée à …A quoi, d’ailleurs ? Parodier les pires supporters de foot italien ? Puisqu’à ma connaissance, ces cris de singe ont pu être adressés à des joueurs de foot noirs. C’est la seule lecture que je peux comprendre.
    Je la comprends dans un univers où la culture foot semble prendre de plus en plus de place et où cette culture est marquée depuis 1998 par – je crois que c’est cette année là que ce mot est sorti de la boîte marketing – « la fête ». Là où on regardait le tennis, silencieux et respectueux, est arrivée « la fête », et l’injonction à « la fête », quoi que cela veuille dire. Donc, si c’est « la fête », forcément, ça braille, ça picole, ça se déguise -pathétiques Carottes Boys… – ça met des perruques ridicules, et ça fini par s’autoriser tout et n’importe quoi. Morretton, Mauresmo et consorts ont beau jeu de jouer les vierges effarouchées, effectivement.

    • Rubens 3 juin 2024 at 09:35

      Je tiens l’info de mon ancien partenaire de double, mon double tennistique d’ailleurs, devenu prof de tennis. Il a eu la brillante idée d’emmener, avec quelques autres, une cinquantaine de gamins des écoles de tennis du département à Roland pour un WE prolongé. Vendredi soir ils étaient sur le Lenglen, et ils se sont même descendus un peu pour tâter l’atmosphère de plus près. Ils étaient une quinzaine de mètres derrière les bancs des joueurs.

      Aucune odeur particulière d’alcool. L’excuse éthylique ne tient pas.

      Et il m’a textoté pendant le match. Il avait tout simplement honte d’avoir emmené des gamins jusqu’à cet endroit. Et comme je lui répondais que ma fille de 5 ans envisage de débuter le mini-tennis à la rentrée, il m’a demandé d’imaginer ma fille dans les tribunes. Ou, pire, ma fille devenue championne occupant la place d’Ofner.

      Quant à Mauresmo et Moretton, ils ne jouent justement pas les pucelles effarouchées. Ils sourient. C’est moi la pucelle effarouchée.

    • Rubens 3 juin 2024 at 09:44

      Note au passage que les Carotte Boys ne me dérangent pas en tant que tels. Je trouve ça un peu ridicule, mais c’est inoffensif. Du moment qu’ils se tiennent à carreau pendant les points évidemment :smile:

      • Perse 3 juin 2024 at 12:42

        Ce qui est ridicule est le travail marketing effectué autour de ces gars qui à l’origine faisaient une simple blague liée à la carotte mangée par Sinner à Vienne. C’est la culture du buzz à 2 balles. Et ils continuent à le faire dans un bon esprit.

  28. Nathan 3 juin 2024 at 09:29

    Rubens ne saute pas, hey ! Moi, non plus. « Ce n’est que du tennis », dira-t-on. Le glissement est imperceptible. On va s’y habituer. C’est comme ça. Le diable se niche dans les choses futiles.

    Le problème n’est pas qu’un crétin crie, au moment d’une volée liftée, quand une n°1 mondiale prise à la gorge lutte point à point pour ne pas couler. Ni qu’un public siffle les fautes d’un joeur seul face à 15 000 spectateurs. Ni qu’un joueur au passé douteux devienne l’égérie de la révolte contre la bien pensance. Des crétins, il y en a toujours eu, et le chauvinisme est aussi vieux que le monde, et des joueurs qui cherchent la fight, il y en a eu dans l’histoire du tennis, et des prestigieux parfois.

    Le problème, c’est le discours autour de cela et le débat que cela suscite. Que des joueurs, des joueuses, des entraîneurs, des journalistes, et bien sûr la caisse de résonnance des réseaux sociaux s’offusquent qu’on puisse s’offusquer : « Le tennis a besoin d’ambiance ! On est libre de supporter ! » et qu’au final la Direction botte en touche en désignant un bouc émissaire qui n’existe pas (l’alcool) et qui sera donc facilement maîtrisable.

    Alors qu’il s’agit en fait de tout autre chose, comme le dit si bien Rubens, un glissement caché, pervers. Et bientôt, on nous assignera « à résidence », si je puis dire en nous demandant : de qui es-tu le nom ? quel âge as-tu ? de quelle classe sociale viens-tu ? Et la boucle sera bouclée.

    • Rubens 3 juin 2024 at 10:04

      Nathan, Sam, c’est toujours bon de se sentir moins seul :mrgreen:

      La question de fond n’est pas le comportement d’un joueur ou d’un public à un instant donné. La question de fond, c’est comment le sujet est traité par les officiels et par les journalistes. Car à travers eux, c’est le signal qu’une société s’envoie à elle-même qui est en jeu.

      • Sam 3 juin 2024 at 12:12

        La question elle est vite répondue ! Le traitement journalistique, déjà, c’est de tendre le micro à, par exemple, 3 cocos peinturlurés de « La tribune bleue », qui nous expliquent bien entendu que le tennis a besoin de se moderniser, qu’ils sont eux « pour » une « ambiance de foot » – on l’avait deviné – mais que bien entendu aussi, ils désapprouvent totalement les « débordements ». Discours connu, comme si, sur ces bases tellement saines, étaient venus se greffer de méchants extrémistes.

        J’aimerais tant qu’un joueur, une joueuse, français(e) leur dise de fermer leur g… . J’aimerais tant que quelqu’un rappelle que parfois, quand on a choisi tennis en LV1, c’était justement parce que c’est un sport individuel, censé permettre de s’échapper de l’ambiance de vestiaires beaufs patriotes concours de b… .
        En tous cas, pour moi, c’était une motivation majeure, bien qu’assez inconsciente, et je ne pense pas être le seul.

        • Perse 3 juin 2024 at 12:44

          Toujours aussi belle plume Sam. Belle pique sur les vestiaires de sports co que je rejoins entièrement.

      • Perse 3 juin 2024 at 12:43

        intéressant et plutôt bien d’accord. Toutefois le public n’est pas systématiquement abruti, par exemple le Zverev Griekspoor avait un top public, vivant, soutenant alternativement les 2 joueurs et applaudissant les très beaux points joués.

      • Sam 3 juin 2024 at 14:35

        Très juste Rubens. D’ailleurs, on ne peut que constater qu’une forme de tentative de lutte contre l’homophobie a lieu dans le foot, loin d’être le cas au tennis. Bravo.
        Et qu’en matière de vestiaires, moi aussi, ma fréquentation de ceux du tennis n’a pu que me faire constater que les moeurs virilo chauvin y trouvaient un écosystème favorable à leur épanouissement (souvenir gêné d’entendre l’un de mes partenaires, sur le banc d’où nous regardions une rencontre, considérer que l’adversaire de notre joueur, qui, à mon sens n’avait d’autre singularité que d’être correctement habillé et d’avoir mis un soin tout particulier à sa tenue était considéré par mon collègue, comme, je cite une « chochotte »).

        De même, il a toujours semblé naturel à mes team mates de d’abord s’intéresser aux Joueurs Français, indépendamment de toute autre considération tennistique, à commencer par, au final, ce qui leur manquait invariablement et pousse rarement dans les pavillons de suburbs – désolé, je vais sur ce terrain -, à savoir la singularité et le Bon Goût. Aujourd’hui, ce sont eux qui trouvent un plaisant écho à leur engeance dans les extraversion de la Tribune Bleue, je crois : une validation.

  29. Perse 3 juin 2024 at 12:56

    Navarro-Sabalenka :

    La puissance de Sabalenka est énorme et elle domine cette entame. Mais Navarro est smart et rien n’est perdu, elle s’habituera à la surpuissance et sera capable de contrer méchamment à l’occasion.

  30. Rubens 3 juin 2024 at 13:22

    Yep. Et je l’avais déjà souligné sur le match de l’autre soir entre Casperito et Valvovitch Ramallah. Public exemplaire. Mais là il n’y a pas de Français.

    Sam, je te réponds sur l’ambiance du vestiaire.

    Dans la petite ville où j’ai grandi, je suis (inconsciemment au départ) resté bien à distance des vestiaires de foot. Je ne me sentais pas à ma place parmi leurs pratiquants de mon âge, et eux en retour m’ont sans doute perçu comme un étranger. Il faut dire qu’ils parlaient sans arrêt d’un certain match de Séville, ou de Maradona et de l’Argentine, ou de Coupe du Monde, autant de références dont j’ignorais jusqu’à l’existence.

    Le vestiaire que j’ai connu, c’est celui du tennis masculin. Et franchement, je ne suis pas certain qu’il soit si raffiné que ça. Ca volait assez bas, chez des types par ailleurs pourvus de neurones et capables de les utiliser. Mais comme dans tout phénomène d’entre-soi, il y a des comportements répondant à des désirs mimétiques inconscients. Ce qui nous réunissait était le tennis, activité sportive associée à la performance physique et donc, consciemment ou non, à la virilité. Dans ce contexte précis, il aurait été par exemple impensable qu’un garçon fasse son coming out. « Le vestiaire » le lui aurait fait payer très cher en moqueries, y compris ceux qui hors vestiaire ne sont pas choqués le moins du monde par l’homosexualité. Pour cette raison, je ne suis personnellement pas surpris que le tennis masculin de haut niveau n’ai jamais connu de coming out, le coût à payer étant beaucoup trop élevé pour celui qui s’y risquerait. Se déclarer gay, c’est annoncer au vestiaire son absence de virilité, et c’est s’ajouter une énorme difficulté supplémentaire une fois sur le terrain.

    Ce qui est vrai Sam, c’est que le vestiaire du tennis aimait sans doute se sentir un peu plus intello que son homologue du foot. Et que vu de l’extérieur, il était globalement perçu comme tel. Mais dans le détail, je ne suis pas certain qu’y ait une grande différence.

  31. Jo 3 juin 2024 at 14:32

    « Vestiaire, virilité, concours de b… », je vous vois tourner autour du pot, Messieurs. Allez, je me dévoue pour mettre les pieds dans le plat. En foot, Thierry Henry et Claude Makélélé sont réputés pour jouer avec un manche surmonté d’un grip et d’un surgrip. Qu’en est-il de nos héros aux deux petites balles jaunes ?

    • Rubens 3 juin 2024 at 15:21

      Jo, tu le prends sur le ton de la boutade, mais je te garantis qu’il y a un gouffre entre les valeurs affichées hors du vestiaire et ce qui se passe à l’intérieur, lieu de séparation des deux sexes par définition et, pour ce qui est d’exaltation de la libido masculine, pas forcément d’une grande finesse :mrgreen:

      Et j’avoue avoir quelques doutes sur la capacité des joueurs de haut niveau à être un peu moins « bas du front » que les milieux tennistiques que j’ai fréquentés.

      Et je ne serais pas surpris que la Tribune bleue dont nous parlons soit en partie constituée de joueurs de tennis – de joueurs donc, et pas de joueuses – prolongeant leur sens de l’humour dans les tribunes de Roland Garros.

      • Sam 3 juin 2024 at 15:53

        La tribune bleue ressemble surtout à une fin de soirée d’école de commerce sur fond de Lacs du Conemara. Désolé pour ce nouveau cliché, décidément – je mens, je ne suis pas désolé du tout- mais bon, on n’y voit que de jeunes mecs, pas de filles, bien sous tous rapports en polo Ralph Lauren, mais avec des coqs dessus.

        • Perse 3 juin 2024 at 16:07

          Pour avoir pratiqué les soirées d’école de commerce, c’est nettement plus dépravé et sale et à part le 1er OB du 3 septembre, on n’y va qu’avec sa tenue spéciale.

      • Sam 3 juin 2024 at 20:16

        Bon, pendant ce temps là, Djoko est en train de faire son numéro habituel de retour d’entre les morts, cette fois-ci très convaincant.

  32. Perse 3 juin 2024 at 15:36

    Finalement Navarro (qui est ma découverte du tournoi) s’est fait rouler dessus comme un demi de mêlée se fait retourner par un pilier tongien.

    Sabalenka a été très impressionnante en retour et a fait finalement très peu de fautes, ne laissant guère la possibilité à l’américaine d’arriver sur les balles pour tricoter.

  33. Perse 3 juin 2024 at 16:35

    Le frère de Stefanos est à probablement un escalier en vis sans fin de son aîné, c’est dur !

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