Retour sur les finales de Roland Garros

By  | 15 mai 2019 | Filed under: Histoire

Ayant vu sur le site d’Euros­port un clas­se­ment des fin­ales de l’US Open, de la plus oub­li­able à la plus belle, je me suis lancé dans un ex­er­cice an­alogue sur les fin­ales de Roland Gar­ros. Je ne suis pas trop un adep­te des li­stes et des clas­se­ments, mais c’est l’oc­cas­ion de re­plong­er dans quelques-unes des vieil­le­ries qui me sont si chères. Je re­ven­dique la totale sub­jec­tivité de ce clas­se­ment. Et je précise m’être arrêté à 1974, ce qui total­ise 45 fin­ales. Vous allez me dire d’emblée « mais pour­quoi le clas­se­ment com­m­ence à 44 alors ? ». Lisez jusqu’au bout, vous ver­rez bien.

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44. 1977 : Vilas bat Gottfried 6/0 6/3 6/0

La cuvée de 1977 est d’emblée il­légitime : le roi Borg est ab­sent pour cause d’In­tervil­les. Et c’est sa vic­time préférée, Guil­lermo Vilas, qui rafle la mise. Aux dires des joueurs de l’époque, peu d’entre eux étaient cap­ables de faire la différence lorsqu’ils affron­taient le Suédois ou l’Ar­gentin, tant leurs jeux étaient similaires. Ce n’est que l’un face à l’autre qu’ils étalaient le fossé qui les séparait. En l’abs­ence du Roi, le Daup­hin l’em­porte logique­ment, étri­llant ses ad­versaires l’un après l’autre. Son seul op­posant vir­tuel, Nas­tase, s’incline sans gloire face à Brian Gottfried, qui at­teint là sa seule fin­ale en Grand Chelem. Le jeu of­fen­sif de l’Américain se fracas­se de­vant la puis­sance et les pass­ings de Vilas, qui ouvre enfin son com­pteur en Grand Chelem. Trois jeux marqués. Une vérit­able purge.

43. 1986 : Lendl bat Per­nfors (6/3 6/2 6/4)

Le tenant du titre Mats Wiland­er tombe très tôt cette année-là, lais­sant Ivan Lendl sans vérit­able rival. Le seul vérit­able ob­stac­le sur la route du Tchécos­lovaque est Andrès Gomez, qui lui prend un set en quarts de fin­ale. En demi-finale, le n°1 mon­di­al n’éprouve même pas le be­soin de re­tir­er son pan­talon de sur­vête­ment face à Johann Kriek. Quant à la fin­ale, son uni­que intérêt est de pro­pos­er un invité-surprise, en la per­son­ne du Suédois Mic­kael Per­nfors, le héros du tour­noi, vain­queur d’un Be­ck­er peu à l’aise sur ocre et d’un Lecon­te trop porté sur le co­urant al­ter­natif. L’issue de la re­ncontre ne fait aucun doute : le Suédois n’a aucune, vrai­ment aucune arme pour gêner Ivan. Sans cill­er, sans émo­tion, sans hésita­tion, Lendl récupère son titre perdu l’année précédente.

42. 1980 : Borg bat Gerulaitis (6/4 6/1 6/2)

La plus oub­li­able des fin­ales de Borg. Ses deux vérit­ables rivaux, McEn­roe et Con­nors, tom­bent tous les deux prématurément, lais­sant le pub­lic parisi­en une fois de plus orphelin de leurs duels électriques. Le seul intérêt de cette cuvée 1980 est la chevauchée du bel at­taquant Vitas Gerulaitis, qui at­teint la fin­ale. Il ne résiste (un peu) que le temps d’un pre­mi­er set re­lative­ment serré. Le Suédois règle en­suite ses re­tours et ses pass­ings, l’Américain ne peut rien faire. Avec 38 jeux per­dus sur l’en­semble de la quin­zaine, Björn Borg étab­lit un re­cord. Il est seul au monde sur l’ocre parisi­en.

41. 2008 : Nadal bat Feder­er (6/1 6/3 6/0)

La cat­astrop­he tant re­dout­ée des fans de Feder­er… et sans doute Roger lui-même l’a dans un coin de la tête quand il re­ntre sur le court ce jour-là. Après ses trois échecs des années précéden­tes face à Nadal, ceux qui croient sincère­ment en ses chan­ces de l’em­port­er enfin à Paris face à son rival es­pagnol pour­raient tous re­ntr­er dans une cabine téléphonique. Et la quin­zaine du Suis­se, laborieuse et hésitan­te, rend pre­sque miraculeuse sa présence en fin­ale. Be­aucoup sen­tent venir la bouc­herie en fin­ale, au point de re­grett­er que Gaël Mon­fils ait laissé pass­er autant d’oc­cas­ions lors de sa demi-finale con­tre Roger. In­cap­able de tenir l’échan­ge en re­v­ers, Roger ne semble avoir aucun jeu de re­chan­ge à pro­pos­er à Rafa, et reçoit une bien vilaine cor­rec­tion, l’une des tâches noires les plus visib­les dans son pal­marès.

40. 2003 : Fer­rero bat Ver­kerk (6/1 6/3 6/2)

Une vraie décep­tion que cette fin­ale. Car, pour im­prob­able qu’elle soit, l’épopée parisien­ne de Mar­tin Ver­kerk en 2003 n’est pas usurpée. Vain­queur de deux grands favoris du tour­noi (Moya et Coria), le Hol­landais a réussi un par­cours aussi ex­cep­tion­nel que sa fin sera brutale. En fin­ale, il n’a plus les jam­bes, et sur­tout il est écrasé psyc­hologique­ment par l’énor­mité de son par­cours et par la per­spec­tive d’en jouer, quoi qu’il ar­rive, le de­rni­er match. Per­son­ne n’était assez fou pour le donn­er favori face à Juan Car­los Fer­rero, mais on at­tendait un peu plus que six jeux marqués. Il faut dire que « Mos­quito », échaudé par son échec cuisant de l’année précédente, ne lâche ab­solu­ment rien, et pratique le jeu sûr, com­plet et puis­sant qui le porte, pour la quat­rième fois con­sécutive, dans le de­rni­er carré. Mais tant de bal­les du Hol­landais, qui mor­daient la ligne en demi-finale con­tre Coria, sor­tent cette fois d’un rien…

39. 1978 : Borg bat Vilas (6/1 6/1 6/3)

Une fin­ale idéale, mais qui montrera les li­mites de l’op­posi­tion entre Borg et Vilas. Leurs jeux jumeaux ne pro­posent pas l’op­posi­tion de styles qui caractér­ise les duels Borg-Connors. Mais ce jour-là, ils ont un com­pte à régler. L’année précédente, Guil­lermo Vilas l’avait em­porté en l’abs­ence du Roi Borg, et son tri­omphe était en­taché d’une cer­taine il­légitimité. Bref, chacun at­tend de voir si Vilas est véritab­le­ment au niveau de Borg. Ce ne sera pas le cas : dans un duel de longs échan­ges liftés du fond du court, le Suédois rap­pelle à tout le monde qui est le maître et qui est l’élève à ce jeu-là. L’Ar­gentin ne mar­que que cinq jeux, et c’est bien là la seule con­sola­tion pour le pub­lic : ce duel fermé et quel­que peu soporifique aura eu au moins le bon goût de ne pas se pro­long­er.

38. 1992 : Co­uri­er bat Korda (7/5 6/2 6/1)

Une fin­ale dans la lignée du tour­noi de Jim Co­uri­er : un cavali­er seul. L’Américain est in­touch­able et im­pres­sion­nant. Il est le tenant du titre, le n°1 mon­di­al et le favori naturel suite à sa vic­toire à Rome. Tout est de na­ture à ac­centu­er la pre­ss­ion sur ses épaules. Mais elles sont sol­ides. Un seul set perdu, face à Ivanisevic en quarts, et une cor­rec­tion in­flig­ée à Agas­si en demis. En fin­ale, Petr Korda man­que trop d’expéri­ence à ce niveau pour rivalis­er. Il fait il­lus­ion pen­dant le pre­mi­er set, avant de plier sous la cad­ence imposée par son ad­versaire. En ce prin­temps 1992, Jim Co­uri­er tient les rênes de la planète ten­nis d’une main de fer, et sur terre bat­tue, per­son­ne n’est en mesure de rivalis­er.

37. 1988 : Wiland­er bat Lecon­te (7/5 6/2 6/1)

Même score que la fin­ale de 1992, et tout aussi oub­li­able. Lecon­te est aussi décevant en fin­ale qu’il a été éblouis­sant durant la quin­zaine. La pre­ss­ion est trop forte, et passé un pre­mi­er set serré il bais­se sa garde. En face, Mats Wiland­er est au som­met de sa carrière, sa pati­ence et son in­croy­able sol­idité men­tale vont le port­er à la place de n°1 mon­di­al quel­ques mois plus tard. Le pub­lic français se faisait une joie de voir un des siens le de­rni­er di­manche, cinq ans après Noah. Mais là où Yan­nick a puisé dans le pub­lic un supplément d’éner­gie, Henri sent le re­gard du pub­lic peser sur lui, et se liquéfie. Ce qui est passé à la postérité n’est pas le match en lui-même, mais le dis­cours d’Henri qui a suivi, et qui lui vaud­ra les foud­res du pub­lic français pen­dant trois ans. Henri Lecon­te aurait pu se con­tent­er de per­dre net­te­ment cette fin­ale, il y a ajouté une touc­he per­son­nelle de ridicule et d’humour in­volon­taire. Pour cette seule raison, la fin­ale 1988 fin­ira de­vant celle de 1992. Merci Henri, et en­core bravo.

36. 2002 : Costa bat Fer­rero (6/1 6/0 4/6 6/3)

Cette année-là, le titre semble pro­mis à Juan Car­los Fer­rero. Débar­rassé de Kuert­en – son bour­reau en demi-finale des deux édi­tions précéden­tes – il im­pose son ten­nis com­plet, al­ig­nant à la suite Agas­si et Safin. Seul un Ar­gentin in­con­nu, Gas­ton Gaudio, le pous­se au cinq sets. Sa li­qué­fac­tion totale durant les deux pre­mi­ers sets est d’autant plus sur­prenan­te. En face, pour Al­bert Costa, habitué aux seconds rôles jusqu’ici, les étoiles con­nais­sent un al­ig­ne­ment uni­que. Vain­queur de Kuert­en (ou plutôt de son cadav­re), puis de Cor­ret­ja (son futur témoin de mariage, qui ne saurait lui brûler la polites­se) en demi-finale, Al­bert joue le ten­nis de sa vie et ac­cepte les cadeaux de Juan­qui sans sour­cill­er. Et après un mo­ment de réveil re­latif de Fer­rero au troisiè­me set, ce de­rni­er re­tom­be dans ses er­re­ments et lais­se son com­pat­riote filer vers une vic­toire sans gran­de émo­tion.

35. 2013 : Nadal bat Ferr­er (6/3 6/2 6/3)

Les aléas du clas­se­ment ATP font de Rafael Nadal le n°3 mon­di­al à l’ouver­ture de la quin­zaine parisien­ne. Et ce qui ris­quait d’ar­riv­er ne man­que pas d’ar­riv­er : sa demi-finale con­tre Novak Djokovic est bien la fin­ale avant la lettre. Dans l’autre par­tie de tab­leau, David Ferr­er, alias le Pou, trace sa route vers une fin­ale que sa présence régulière dans le top 5 lui per­met­tait d’espérer un jour ou l’autre. Sauf que la réalité du ter­rain est im­plac­able. En face, un Rafa sol­ide comme un roc remet toujours la balle dans le court une fois de plus que lui et fait parl­er sa puis­sance. Une fin­ale dépour­vue de sus­pen­se, à sens uni­que, au cours de laquel­le David n’aura pas démérité, mais Rafa est tout simple­ment le plus fort. L’ordre règne à Roland Gar­ros.

34. 1975 : Borg bat Vilas (6/2 6/3 6/4)

A 19 ans tout juste, Björn Borg est déjà le tenant du titre. Il prend en demi-finale une belle re­vanche en quat­re sets sur l’Itali­en Ad­riano Panat­ta, qui l’avait battu en 1973. En fin­ale se dres­se Guil­lermo Vilas. Ec­los­ion logique pour l’Ar­gentin, qui a re­mporté le Mast­ers quel­ques mois plus tôt, et qui con­fir­me ici sa montée en puis­sance. Vilas a juste un problème : Borg a le même jeu que lui, mais fait tout mieux que lui. Lors d’une fin­ale par­faite­ment maîtrisée, le Suédois prend un as­cen­dant psyc­hologique sur son rival. Alors que les deux potes ont poussé l’amitié jusqu’à s’échauff­er en­semble le matin de cette fin­ale, Vilas va pre­ndre en­suite ses dis­tan­ces avec Borg afin de s’affranchir de tout af­fect. Ce qui ne chan­gera pas grand-chose : l’Ar­gentin re­stera la vic­time préférée de Borg.

33. 1990 : Gomez bat Agas­si (6/3 2/6 6/4 6/4)

Andrés Gomez a rare­ment aussi bien joué qu’en ce prin­temps 1990. A 30 ans, il sait qu’il est pro­che de la fin. Et l’abs­ence de Lendl cette année-là, an­noncée longtemps à l’avan­ce – Ivan zappe le French pour mieux préparer Wimbledon, le grand titre qui man­que à son pal­marès – chan­ge psyc­hologique­ment la donne pour l’Equatori­en ; Ivan a été son bour­reau à quat­re re­prises Porte d’Auteuil. L’op­portunité est uni­que pour lui. Il pro­fite d’un tab­leau dégagé, et cueil­le en demi-finale un Thomas Must­er en­core un peu tendre à 22 ans. En fin­ale, André Agas­si dis­pute sa première fin­ale majeure ; si l’on en croit son auto­biog­raphie, il aura « joué pour ne pas per­dre », et sur­tout aura été davan­tage préoccupé par sa per­ruque qui menaçait de tomb­er que par ce pre­mi­er rendez-vous majeur. C’est un kid de Las Vegas bien éteint qui s’incline sans gloire, pour une fin­ale qui n’est pas restée dans les mémoires.

32. 1998 : Moya bat Cor­ret­ja (6/3 7/5 6/3)

Une des meil­leures démonstra­tions de l’im­portan­ce du ment­al en ten­nis. En ces dernières années du siècle, l’Es­pagne a la mainm­ise sur la terre bat­tue parisien­ne. Et avec Moya et Cor­ret­ja, le ten­nis ibère place en fin­ale ses deux meil­leurs es­poirs pour pre­ndre la suc­cess­ion de Bruguera (co­uronné cinq ans plus tôt). Mais Alex Cor­ret­ja a un han­dicap : il n’aime pas jouer un ami, et Car­los en est un pro­che. Il ne faut pas aller cherch­er plus loin les er­re­ments psyc­hologiques d’Alex, qui traîne sa peine pen­dant tout le match. Autre fac­teur, le vent, très présent ce jour-là, qui va aider l’un et per­turb­er l’autre. Là où Car­los se mure dans sa con­centra­tion, Alex papil­lonne, alors que les con­di­tions étaient censées avan­tag­er le meil­leur jeu de jam­bes, celui de Cor­ret­ja. Une fin­ale qui s’est jouée avant même l’entrée sur le court.

31. 2018 : Nadal bat Thiem (6/4 6/3 6/2)

Pour Dominik Thiem, c’est une première fin­ale majeure, qui con­fir­me sa montée en puis­sance après ses demi-finales de 2016 et 2017. Doté d’une force de frap­pe im­pres­sion­nante, il a pour lui une vic­toire sur Nadal à Rome en 2017 et une autre, plus récente, à Mad­rid en 2018. Bref, il est ce que la planète ten­nis peut of­frir de mieux comme (pseudo-)opposition au Taureau de Man­acor sur terre bat­tue. En face, Rafa a connu une quin­zaine un peu agitée, avec un set perdu et deux aut­res joueurs qui l’ont poussé au tie-break ; il n’est pas aussi stratosphérique qu’un an plus tôt. Ce qui ne chan­ge pas grand-chose au résul­tat. Sans pass­er à côté, Thiem mesure le gouffre qui le sépare du Monar­que ab­solu de la terre bat­tue, pratique­ment im­batt­able sur ocre au meil­leur des cinq sets, en­core plus sur ce court Philip­pe Chat­ri­er qu’il a annexé voici déjà 13 ans… Sans jouer son meil­leur ten­nis, Nadal fait parl­er son réalis­me et sa préémin­ence physique. Pour le battre à Roland, il ne suf­fit pas de frapp­er plus fort que lui.

30. 1997 : Kuert­en bat Bruguera (6/3 6/4 6/2)

L’acte de nais­sance de Guga à Roland Gar­ros. Et l’épilogue d’une quin­zaine totale­ment folle pour le jeune Brésili­en, au cours de laquel­le il a déjà vain­cu sur le fil Must­er, Med­vedev et Kafel­nikov. Un par­cours royal, et totale­ment im­prob­able pour un 66ème joueur mon­di­al, qui n’a jamais re­mporté le moindre titre sur le cir­cuit prin­cip­al. Ce n’est pas Sergi Bruguera, an­ci­en doub­le vain­queur, qui va l’arrêter. Aussi puis­sant que Med­vedev, aussi com­plet que Kafel­nikov, Guga est égale­ment aussi patient dans l’échan­ge que Bruguera. Porté par une vague de con­fian­ce gigan­tesque et par un pub­lic qui le pous­se à l’unis­son, Gus­tavo Kuert­en réussit ce jour-là le match par­fait. Toutes les varia­tions de son jeu posent un problème in­solub­le au si con­ser­vateur Bruguera, contra­int à jouer con­tre sa na­ture en at­taquant. Et lors du seul mo­ment d’in­certitude du match – la fin du deuxième set – c’est Guga qui déploie un ment­al de seig­neur et Bruguera qui se met à rater. Sergi s’est trouvé au mauvais end­roit au mauvais mo­ment.

29. 2014 : Nadal bat Djokovic (3/6 7/5 6/2 6/4)

Une décep­tion re­lative que ce Nadal-Djokovic, le sixième du nom à Roland Gar­ros, et qui débouc­he toujours sur le même résul­tat. Et toujours le même con­stat d’échec pour le Serbe, qui ne par­vient pas à tenir la dis­tan­ce physique face à ce di­able d’Es­pagnol qui file vers sa neuvième co­uron­ne Porte d’Auteuil. Rafa est pour­tant bien ner­veux en début de match, il a bien en tête que Nole est le seul à l’avoir réguliè­re­ment battu sur terre bat­tue ces dernières années. Mais à Paris, au meil­leur des cinq sets, Novak n’y ar­rive toujours pas ; il vomit même lors d’un chan­ge­ment de côté. Con­clus­ion im­plac­able et habituel­le d’une quin­zaine globale­ment assez terne : plus que jamais, la di­cta­ture Nadal ron­ronne à Roland Gar­ros. Rien à sig­nal­er.

28. 1982 : Wiland­er bat Vilas (1/6 7/6 6/0 6/4)

Les amateurs de défense et de lift seront comblés par cette fin­ale, un modèle du genre, voire un ex­er­cice de style. Borg en re­traite, Vilas a tout pour re­prendre les rênes sur la terre bat­tue parisien­ne. Mais l’Ar­gentin sous-estime le nombre de téléviseurs en Suède : les ex­ploits de Björn ont sus­cité des voca­tions. En bon clone bor­gui­en, Mats fait parl­er sa fraîcheur, sa jeunes­se (il n’a pas en­core 18 ans) et un ment­al déjà à toute épre­uve. A l’issue d’un hy­pnotique deuxième set long d’1h40, c’est Vilas, à la sur­pr­ise générale, qui craque physique­ment. Cette fin­ale, au cours de laquel­le toute in­itiative dans l’échan­ge est pro­scrite, reste à ce jour la plus lon­gue de toutes, avec 4h42 au com­pteur. Les amateurs d’op­posi­tion de styles, eux, pas­seront leur chemin…

27. 1994 : Bruguera bat Be­rasategui (6/3 7/5 2/6 6/1)

Première fin­ale 100% es­pagnole de l’his­toire. Et un Bruguera, favori et tenant du titre, qui im­pose le réalis­me de son jeu à la fougue ad­verse. Le par­cours de Be­rasategui cette année-là re­tient l’at­ten­tion ; le Bas­que a la par­ticularité de frapp­er coup droit et re­v­ers avec la même face de la raquet­te, tech­nique uni­que au plus haut niveau – et qui le re­stera. Il ne frap­pe en fait pre­sque que des coups droits, souvent définitifs de­puis le milieu du court, prise ultra-fermée, à la manière d’un pon­giste. Sergi Bruguera, au som­met de sa carrière, mobilisera toute sa con­centra­tion et sa lon­gueur de balle, pour le forc­er à re­cul­er. Al­ber­to ne rate pas sa fin­ale, mais il man­que de jeu de re­chan­ge pour rivalis­er. Avec ce jeu par­ticuliè­re­ment ex­igeant sur le plan physique, Be­rasategui se bles­sera à de nombreuses re­prises par la suite, et ne retro­uvera jamais un tel niveau.

26. 2017 : Nadal bat Waw­rinka (6/2 6/3 6/1)

Le choix de positionn­er cette fin­ale en milieu de peloton malgré son déroule­ment à sens uni­que est stric­te­ment per­son­nel. Je n’avais jamais vu un truc pareil, y com­pris venant de Nadal. Stan en­voyait trois, voire quat­re obus d’affilée, qui auraient été gag­nants con­tre n’im­porte quel ad­versaire. Là, non seule­ment toutes les bal­les re­venaient, mais chacune re­venait plus lon­gue et plus dif­ficile que la précédente. Mar­qu­er 6 jeux, dans ce con­tex­te, est un ex­ploit. Le meil­leur Nadal de tous les temps. Le travail col­oss­al de di­ver­sifica­tion de son jeu a trouvé son point d’aboutis­se­ment ce jour-là, toutes les nuan­ces du lift, de l’amor­tie, de la contre-attaque y sont passées. Tout simple­ment in­jou­able. Aux champ­ions des années 2040-2050 qui se de­man­deront dans quel­le mesure Nadal est en mesure de rivalis­er avec eux, on con­seil­lera sa fin­ale de 2017, sa meil­leure re­présen­ta­tion à ce jour.

25. 2009 : Feder­er bat Söderl­ing (6/1 7/6 6/4)

Jamais une vic­toire n’aura été aussi at­tendue par le pub­lic français, qui a eu cinq lon­gues années pour (dés)espérer qu’elle ar­rive un jour. L’événe­ment écrase le déroule­ment de la fin­ale, qui en elle-même ne sera pas fan­tastique. Robin Söderl­ing a pro­voqué le séisme ul­time du ten­nis moder­ne, en ter­rassant Nadal, le quad­ru­ple tenant du titre. La fenêtre est uni­que pour Roger, qui à l’issue d’une quin­zaine plus que chaotique réserve le meil­leur pour la fin. Face à un Suédois tendu et qui tarde à re­ntr­er dans le match, Roger prend le large très vite, puis ponctue le tie-break du deuxième set de quat­re aces sur ses quat­re points de ser­vice ; un break lui suf­fira dans le troisiè­me set. L’émo­tion est palp­able dans le de­rni­er jeu, et les lar­mes com­men­cent à co­ul­er à l’issue d’un de­rni­er ser­vice gag­nant. La bouc­le est bouclée pour le Suis­se, qui au pas­sage égale le re­cord de 14 tit­res en Grand Chelem de Pete Sampras.

24. 2012 : Nadal bat Djokovic (6/4 6/3 2/6 7/5)

La quat­rième fin­ale d’affilée en Grand Chelem entre Nole et Rafa est aussi la première oc­cas­ion pour le Serbe de boucl­er un pre­mi­er Djoko Slam. Rare­ment une fin­ale entre les deux hom­mes aura ras­semblé autant d’en­jeux, puis­que de son côté, le Major­cain a l’oc­cas­ion de mettre Borg dans ses rétroviseurs en s’offrant une septième Coupe des Mous­quetaires. La décep­tion est d’autant plus gran­de de­vant la qualité du match. Sauf que les deux champ­ions n’y sont pour rien, c’est une pluie per­sis­tante qui va démolir leurs as­sauts. In­ter­rompue une première fois lors du deuxième set, la re­ncontre sera ponctuée par les de­man­des suc­ces­sives des deux joueurs de l’in­terrompre à nouveau, voire de la re­port­er au len­demain, au détri­ment de leur con­centra­tion. Aucun des deux hom­mes ne par­viendra à re­ntr­er véritab­le­ment dans le match, les glis­sades sur la terre bat­tue humide étant par­ticuliè­re­ment dan­gereuses. La septième co­uron­ne parisien­ne du Major­cain aurait mérité mieux que ça.

23. 2016 : Djokovic bat Mur­ray (3/6 6/1 6/2 6/4)

Une des quin­zaines les plus pluvieuses, marquée de sur­croît par les ab­s­ences ou les for­faits de Feder­er, Nadal, Tson­ga et Mon­fils (les prin­cipaux an­imateurs du tour­noi de la décen­nie écoulée) débouc­he sur la seule fin­ale pouvant la sauv­er du nauf­rage intégral. Elle sera plutôt belle, quoiqu’à sens uni­que à par­tir du deuxième set. Après un pre­mi­er set éblouis­sant en défense et en contre-attaque, Andy bais­se sa garde et flanche physique­ment. Après trois échecs en fin­ale, ce sera enfin la bonne pour Novak Djokovic, qui s’y présente pour la deuxième fois en quête d’un Grand Chelem à chev­al sur deux saisons. Nole s’en­vole sans sour­cill­er vers la gloire. Son « quat­re à la suite » trône désor­mais, en com­pag­nie des 17 co­uron­nes majeures de Roger et des 9 tit­res à Roland Gar­ros de Rafa, parmi les ac­complis­se­ments majeurs du ten­nis moder­ne.

22. 2010 : Nadal bat Söderl­ing (6/4 6/2 6/4)

A la suite de l’ac­cident de l’his­toire de l’année précédente (défaite face à Söderl­ing en huitièmes de fin­ale), Rafa a à cœur de récupérer son bien et de pre­ndre sa re­vanche. Son ad­versaire en fin­ale est donc bien celui dont il rêvait… Robin fait mieux que se défendre, mais ses tor­pilles se fracas­sent sur la défense de fer de Nadal, qui ne lâche rien et l’em­porte en trois sets. Sans être la plus serrée, cette fin­ale reste l’une des plus plaisan­tes à voir parmi les fin­ales de Nadal. Non seule­ment Söderl­ing lui op­pose un son style tout en punch, mais en plus, contra­ire­ment à la fin­ale de l’année précédente, il ne passe pas à côté. Quand on de­man­de à Rafa sa cuvée parisien­ne préférée, cette édi­tion 2010 re­vient souvent.

21. 1995 : Must­er bat Chang (7/5 6/2 6/4)

1995 est vrai­ment l’année Must­er, dont la raz­zia sur ocre préfigure les épopées nadalien­nes au siècle suivant. L’Aut­richi­en étouf­fe ses ad­versaires par sa régularité et sa présence physique, qui at­teint son apogée cette année-là. Seul le jeune Al­bert Costa le pous­se aux cinq sets en quarts de fin­ale. Le de­rni­er di­manche, Mic­hael Chang lui offre une vraie op­posi­tion, et ne re­cule pas facile­ment. Mais après un départ hésitant, Thomas ral­longe ses bal­les, re­mpor­te net­te­ment la batail­le du milieu de ter­rain et prend le de­ssus. Bien qu’il s’agis­se au final d’un one-shot, le tri­omphe de l’Aut­richi­en reste l’un des plus mar­quants des années 90 ; rare­ment un joueur n’aura autant dominé à la fois le tour­noi et la saison sur terre bat­tue, et pro­duit une telle im­press­ion d’in­vincibilité.

20. 2001 : Kuert­en bat Cor­ret­ja (6/7 7/5 6/2 6/0)

Per­turbé en 1998 par la per­spec­tive de jouer un ami pro­che, Alex a cette fois bien révisé sa leçon. Et lui qui est réputé pour son jeu de défense, va démarr­er cette fin­ale tam­bour bat­tant et pre­ndre Guga à la gorge en le privant de temps d’ajus­te­ment. C’est lui qui se montre le plus en­trep­renant lors du tie-break du pre­mi­er set. Et c’est lui en­core qui se pro­cure une cruciale balle de break à 5/5 dans le deuxième… Mais son re­v­ers gag­nant échoue quel­ques cen­timètres trop loin. Le match vient de tourn­er, et Kuert­en frap­pe de plus en plus fort. Il déroule son ten­nis, et touc­he même au sub­lime au quat­rième set en in­fligeant au pauv­re Cor­ret­ja un cinglant 6/0. Troisiè­me et de­rni­er titre parisi­en pour Guga, le plus mûr, alors qu’il com­m­ence à sen­tir les prémices d’une bles­sure à la han­che qui va ruin­er sa carrière par la suite. Le Brésili­en de­ssine un cœur sur la terre bat­tue du Centr­al avant de s’al­long­er au milieu : l’apogée de son his­toire d’amour avec le pub­lic parisi­en.

19. 2006 : Nadal bat Feder­er (1/6 6/1 6/4 7/6)

Deuxième affron­te­ment Nadal-Federer Porte d’Auteuil, le pre­mi­er en fin­ale. Et les en­jeux stratégiques, qui ne varieront plus par la suite, sont d’ores et déjà à l’œuvre sur cette fin­ale. Rafael Nadal est le tenant du titre, une con­figura­tion inédite pour lui. Et ses récen­tes vic­toires sur son rival du jour en font le favori naturel. Ce sur­croît de pre­ss­ion lui fait rater com­plète­ment son pre­mi­er set, où il ac­cumule les fautes di­rec­tes. Il règle la mire en début de deuxième set, tor­turant le re­v­ers du Suis­se avec son lift qui l’at­teint à hauteur d’épaule, l’un de ses rares points faib­les. Roger com­m­ence à re­cul­er, le match est plié, même si l’écart n’est pas en­core ce qu’il de­viendra par la suite. L’Helvète par­vient à faire croire à un pos­sible cin­quiè­me set, mais Rafa lui op­pose son sang-froid dans le tie-break final. Un crève-cœur pour les fans du Suis­se, mais il n’est de vic­toire plus logique.

18. 1985 : Wiland­er bat Lendl (3/6 6/4 6/2 6/2)

A tous ceux qui ne voient en lui qu’une in­lass­able lame du fond du court, Mats Wiland­er op­pose ce jour-là un démenti cinglant, et fait l’étalage de ses im­men­ses progrès de­puis son pre­mi­er titre trois ans plus tôt. Ivan Lendl est le favori, le tenant du titre, il est plus puis­sant que lui, et la force de frap­pe du Tchécos­lovaque le prive de tout es­poir de vic­toire en se con­ten­tant d’at­tendre la faute ad­verse. Le salut de Mats pas­sera par le filet. Et il s’y rue avec succès, pro­posant à Ivan un fes­tiv­al de varia­tions entre bal­les co­ur­tes et lon­gues, coups d’at­tentes et coups gag­nants, montées à con­tretemps et jeu au filet, ce de­rni­er domaine n’étant pas celui où Wiland­er est le plus mal­ad­roit. Ne sac­hant pas à quoi s’at­tendre, Lendl s’im­patien­te et finit par déjouer totale­ment. Un chef-d’œuvre tac­tique de la part du Suédois, à montr­er dans toutes les écoles de ten­nis.

17. 2007 : Nadal bat Feder­er (6/3 4/6 6/3 6/4)

A l’époque, cette fin­ale est jugée comme la plus serrée entre les deux hom­mes. Feder­er est l’in­contest­able meil­leur joueur du monde, mais Nadal est tout aussi in­con­testab­le­ment son bour­reau sur terre bat­tue. Con­scient de ne pouvoir l’em­port­er en re­culant et en s’ex­posant au lift de Rafa sur son côté re­v­ers, Roger es­saie, jusqu’au bout, de jouer en avançant et de pre­ndre d’as­saut le filet dès que pos­sible. Cela ne suf­fira pas, mais Roger aura essayé coûte que coûte d’échapp­er à une in­éluct­able défaite en sor­tant de ses schémas tac­tiques tradition­nels. Troisiè­me co­uron­ne d’affilée Porte d’Auteuil pour l’Es­pagnol, et la com­paraison avec Borg com­m­ence vrai­ment à pre­ndre tout son sens. Au fil des années, une défaite de l’ogre ap­paraît comme de plus en plus dif­ficile à im­agin­er.

16. 1979 : Borg bat Pecci (6/3 6/1 6/7 6/4)

L’événe­ment de cette fin­ale 1979 n’est pas la quat­rième vic­toire de Borg sur l’ocre parisi­en, mais la résis­tance cor­iace et pleine de panac­he que lui aura of­fer­te son ad­versaire du jour, Vic­tor Pecci. Le Para­guay­en vient de battre Con­nors en demi-finale, Jimbo faisait son re­tour tant at­tendu à Roland Gar­ros et tout le monde rêvait de le voir défier Iceborg sur ses ter­res. Le pub­lic devra se con­tent­er de ce modes­te Sud-Américain, et il n’est per­son­ne pour im­agin­er autre chose qu’une bouc­herie syn­dicale de plus en faveur de Borg. C’est oub­li­er le poten­tiel de Pecci, mag­nifique at­taquant de terre bat­tue qui prend le filet à la moindre oc­cas­ion, comme l’a fait Pan­natta en 1976 et comme le fera Noah en 1983. Pro­fitant d’une légère décon­centra­tion du Suédois qui, menant 6/3 6/1 5/2, at­tend la faute ad­verse, l’homme à la bouc­le d’oreil­le prend tous les ris­ques et re­mon­te, jusqu’à re­mport­er le troisiè­me set au tie-break. Björn Borg se re­con­centre et re­pous­se pénib­le­ment les as­sauts ad­verses pour l’em­port­er en quat­re sets, mais c’est bien le vain­cu qui est porté en tri­omphe par le pub­lic parisi­en ce jour-là.

15. 1983 : Noah bat Wiland­er (6/2 7/5 7/6)

Un mo­ment à part, forcément. Un de ces rares mo­ments où be­aucoup, de­vant leur télé, se sont senti par­tag­er quel­que chose de com­mun avec celui qu’il voit tri­omph­er de l’autre côté de l’écran. Com­bi­en de voca­tions ten­nistiques sont nées en Fran­ce à ce moment-là ? Ce di­manche de juin 1983, le ten­nis cham­pagne de Yan­nick a at­teint son zénith pour ter­rass­er le tenant du titre Mats Wiland­er. Et la re­lative sècheres­se du score ne doit pas faire oub­li­er la tens­ion ner­veuse crois­sante de­vant le déroulé des événe­ments. Be­aucoup re­doutaient un éven­tuel quat­rième set, où les in­épuis­ables re­ssour­ces physiques du Suédois auraient rendu les choses be­aucoup plus com­pliquées. Bref, ce tie-break du troisiè­me set char­geait be­aucoup d’en­jeux, et le ser­vice gag­nant final a libéré tout le monde. Chef-d’œuvre tac­tique de la part de Noah, ce match est aussi l’un des plus im­por­tants de la carrière de Mats : ses orien­ta­tions stratégiques ultérieures témoig­nent de sa re­cherche du coup juste au bon mo­ment, et il va de­venir le grand maître tac­tici­en des années suivan­tes.

14. 2011 : Nadal bat Feder­er (7/5 7/6 5/7 6/1)

La plus belle des fin­ales Nadal-Federer, tout simple­ment parce que c’est la seule où Roger a réel­le­ment relâché son bras. L’Helvète sort d’une sub­lime vic­toire en demi-finale face à Novak Djokovic, in­fligeant au Serbe sa première défaite de l’année. La fin­ale con­tre l’in­contourn­able Nadal est quel­que peu écrasée par ce chef-d’œuvre. Con­scient d’avoir réussi un ex­ploit, con­scient aussi de ne pas être le favori de cette fin­ale, Roger sonne la char­ge sans com­plexe, et le spec­tacle est mag­nifique. Poussé dans ses re­tranche­ments, Rafa garde la tête froide dans le money time des pre­mi­ers et deuxième sets. Si Roger ar­rache le troisiè­me set, il s’af­fais­se au quat­rième, lais­sant l’Es­pagnol filer vers son 6ème titre. Le con­stat final est aussi im­plac­able que déprimant pour les fans de Feder­er : il a dominé la plus gran­de par­tie des trois pre­mi­ers sets, mais il a tout de même été mené 2 sets à 1, le tout face à un Nadal un peu plus pre­n­able que lors de ses meil­leures cuvées…

13. 1996 : Kafel­nikov bat Stich (7/6 7/5 7/6)

Sur la seule lec­ture de leurs par­cours lors de la quin­zaine, Mic­hael Stich part favori. C’est lui qui a re­bat­tu les car­tes de ce Roland Gar­ros 1996, en ter­rassant son im­men­se favori Thomas Must­er, avant de déroul­er son ten­nis total face à Pioline et Ros­set. En face, le Russe dis­pute sa première fin­ale en Grand Chelem, son par­cours a été plus facile. Les fail­les men­tales de l’Al­lemand vont lui jouer des tours lors de la fin­ale. A plusieurs re­prises il est en mesure de pre­ndre le large, mais il com­met des fautes et lais­se Iev­gueni re­venir. Ce de­rni­er garde la tête froide dans les fins de sets, pour co­iff­er son ad­versaire en trois sets. L’op­posi­tion de styles entre les par­pa­ings rus­ses et le jeu tout en touch­er de l’Al­lemand auront en tout cas oc­casionné une super­be fin­ale, à laquel­le il n’aura manqué que le sel des matchs qui se pro­lon­gent.

12. 2005 : Nadal bat Puer­ta (6/7 6/3 6/1 7/5)

Note : l’auteur de ces lig­nes ne tient pas com­pte ici de la sus­pens­ion de Mariano Puer­ta pour dopage à la suite de cette fin­ale. Seul le match lui-même a servi à positionn­er cette fin­ale 2005 dans ce clas­se­ment.

La plus belle et la plus indécise des fin­ales de Rafael Nadal est la première. Auréolé d’une im­pres­sion­nante mois­son prin­taniè­re sur terre bat­tue – qui de­viendra une habitude pour lui – Rafa a tracé sa route Porte d’Auteuil avec l’autorité d’un seig­neur. Même le n°1 mon­di­al Roger Feder­er a été net­te­ment dominé en demi-finale. Re­scapé d’un jeu de mas­sacre dans la par­tie basse du tab­leau, Mariano Puer­ta fait le tour­noi de sa vie. Sa puis­sance im­pres­sion­nante va faire des ravages, et ob­lig­er Nadal à des pro­ues­ses en défense. Et l’Ar­gentin met le feu au court Philip­pe Chat­ri­er en re­mpor­tant de just­es­se un pre­mi­er set de toute beauté. Rafa fait en­suite parl­er sa sup­ériorité physique, mais échap­pe de peu à un cin­quiè­me set face à un ad­versaire qui lâche tous ses coups en fin de match. Roland Gar­ros a son nouveau roi. Per­son­ne ne soupçonne alors que le règne va durer si longtemps…

11. 1974 : Borg bat Orantès (2/6 6/7 6/0 6/1 6/1)

Manu­el Orantès est préten­dant au titre de­puis plusieurs années lorsqu’il se présente en fin­ale en cette année 1974. Sa patte gauc­he de velours l’autor­ise à voir grand. Mais en face se dres­se un jeune Suédois de 18 ans, Björn Borg. Re­nvoyeur in­lass­able, il épuise ses ad­versaires par sa régularité de métronome. Le n°1 mon­di­al Ilie Nas­tase en sait quel­que chose, lui qui a été étrillé en fin­ale de Rome quel­ques jours plus tôt. Auteur d’un par­cours chaotique pour ar­riv­er en fin­ale, Borg est dans un pre­mi­er temps dominé par Orantès, dont les at­taques en re­v­ers font mouc­he. L’Es­pagnol pense avoir fait le plus dur en re­mpor­tant à l’ar­raché le deuxième set. Mais, comme tous les ad­versaires du Suédois, il fatigue et se dérègle au troisiè­me set. Ce deuxième set, que l’on pen­sait cruci­al, sera en fait le chant du cygne pour Orantès. Epuisé, il ne mar­que plus que deux jeux dans les trois sets suivants, lais­sant le jeune Suédois filer vers son pre­mi­er grand titre. Une vic­toire qui sera suivie de be­aucoup d’aut­res Porte d’Auteuil…

10. 1981 : Borg bat Lendl (6/1 4/6 6/2 3/6 6/1)

Sixième et dernière vic­toire de Borg sur l’ocre parisi­en, un re­cord en son temps. Et une sur­pr­ise de tail­le, puis­que le monar­que suédois est poussé aux cinq sets, ce qui ne lui était plus arrivé de­puis des années. Björn s’est in­cliné à la sur­pr­ise générale au pre­mi­er tour de Monte Carlo, ap­parais­sant hors de forme, et sa par­ticipa­tion à Roland Gar­ros a été un mo­ment in­cer­taine. Mais après un en­traine­ment in­ten­sif, c’est un Borg en mode rouleau com­pres­seur qui marche sur ses ad­versaires jusqu’à la fin­ale. Son ad­versaire sera Ivan Lendl, qui dis­pute sa première fin­ale majeure. Con­tre toute at­tente, le Tchécos­lovaque va faire mieux que résist­er. Son coup droit puis­sant fait des dégâts dans la cuiras­se bor­guien­ne. Co­up­able de quel­ques sautes de con­centra­tion, Borg se re­mobil­ise pour finir en trom­be, 6/1 au cin­quiè­me, face à un ad­versaire épuisé. Mais ce titre, le 11ème en Grand Chelem à seule­ment 25 ans, n’est pas sans soulev­er quel­ques doutes sur la motiva­tion du Suédois. Rétros­pective­ment, cette fin­ale lais­sera de nombreux in­dices sur sa satura­tion et sa démobilisa­tion pro­gres­sive. Sous le célèbre ban­deau, des idées de re­traite com­men­cent à germ­er…

9. 1991 : Co­uri­er bat Agas­si (3/6 6/4 2/6 6/1 6/4)

Af­firm­er qu’André Agas­si est le favori de cette fin­ale est sans doute ex­ces­sif. Il est plus approp­rié d’avanc­er que, des deux joueurs, il est celui qui es­suiera le plus de re­proc­hes en cas de défaite. Dans cette co­ur­te hy­pothèse se niche pro­bab­le­ment le sort de cette fin­ale. Déjà bredouil­le à deux re­prises en fin­ale de Grand Chelem, le Kid de Las Vegas sait qu’il est at­tendu au tour­nant, et que cela fait trois ans désor­mais que son pre­mi­er grand titre se fait at­tendre. Il démarre bien pied au planch­er, mais l’in­terrup­tion pour cause d’aver­se durant le deuxième set coupe son élan. Les deux cog­neurs américains, qui ont naguère par­tagé la même chambrée chez Bol­lettieri, se mènent une guer­re de posi­tion sans relâche. Tour à tour, chacun des deux joueurs, Agas­si avec son re­v­ers ou Co­uri­er avec son coup droit, prend le contrôle du ter­rain et donc l’as­cendant, et c’est sur les nerfs que va se jouer le set décisif. Dans cet ex­er­cice, là où André semble s’en­sabl­er sous le poids de la pre­ss­ion, Jim se montre, net­te­ment, le plus fort ce jour-là ; il est l’homme qui monte en cette année 1991, et son co­uron­ne­ment est tout à fait mérité. Les per­dants seront les nos­talgiques du jeu en touch­er, qui voient dans cette fin­ale le bas­cule­ment vers l’ère des cog­neurs.

8. 1987 : Lendl bat Wiland­er (7/5 6/2 3/6 7/6)

Vic­toire logique du favori face à son daup­hin naturel sur terre bat­tue, cette fin­ale est aussi le plus beau des quat­re duels Lendl-Wilander à Roland Gar­ros. Face à la puis­sance et aux nerfs d’acier de Lendl, Mats Wiland­er op­pose sa rigueur stratégique. Le Suédois est alors au cœur d’une trans­for­ma­tion de son jeu, et s’aven­ture de plus en plus au filet pour sur­prendre et con­tr­er les coups droits sur­puis­sants du n°1 mon­di­al. Mais c’est alors un work in pro­gress, et le fruit ne mûrira que l’année suivan­te, celle de son Petit Chelem. Lendl re­mpor­te de just­es­se le pre­mi­er set, puis étouf­fe son ad­versaire dans le deuxième. Wiland­er varie alors davan­tage ses trajec­toires et par­vient à semer le doute dans la tête du Tchécos­lovaque. Le quat­rième set se déroule sous le crac­hin, et les nerfs des deux champ­ions sont mis à rude épre­uve. La pluie, et la tens­ion, s’in­tensifient à l’approc­he du tie-break du quat­rième set. Et c’est Lendl, grâce notam­ment à deux pass­ings extra­or­dinaires, qui fait la différence pour s’ad­jug­er son troisiè­me titre Porte d’Auteuil sous la pluie et à la tombée de la nuit.

7. 1976 : Panat­ta bat Sol­omon (6/1 6/4 4/6 7/6)

Ad­riano Panat­ta est le grand héros de ce prin­temps 1976. Au som­met de sa forme physique, il déploie son mag­nifique ten­nis de terre bat­tue, sub­til co­cktail d’at­tente quand c’est néces­saire et d’at­taque débridée quand vient l’ouver­ture. La vic­toire de l’Itali­en préfigure celle de Noah sept ans plus tard, avec un jeu assez similaire. Tom­beur de Borg en quarts de fin­ale, Ad­riano de­vient le favori pour le titre, mais son de­rni­er ad­versaire est par­ticuliè­re­ment cor­iace. Harold Sol­omon déploie son jeu con­ser­vateur, basé sur l’at­tente de la faute ad­verse. Le bel Itali­en prend le large assez rapide­ment, mais perd le troisiè­me set et sait que la durée du match ne sera pas son alliée. Aussi il met ses dernières for­ces dans le tie-break du quat­rième set, qu’il sait décisif. Il s’offre son pre­mi­er, et uni­que, tour­noi du Grand Chelem, à l’issue de la plus chaude, et peut-être la plus belle, édi­tion des années 70. Ad­riano Panat­ta reste le seul joueur à avoir vain­cu Borg sur la terre bat­tue parisien­ne ; il l’a même fait à deux re­prises, puis­qu’il l’a aussi battu en 1973.

6. 2000 : Kuert­en bat Nor­man (6/2 6/3 2/6 7/6)

Fin­ale idéale sur le papi­er, entre les deux meil­leurs joueurs du prin­temps sur ocre. Guga fait parl­er son ex­péri­ence en début de match, face à un Mag­nus Nor­man tendu par l’enjeu de sa première fin­ale majeure. Mais le Suédois se re­prend au troisiè­me, ses coups puis­sants at­teig­nent enfin leur cible et il re­mpor­te avec auto­rité la troisiè­me man­che. Kuert­en, qui a vécu une deuxième semaine très dif­ficile, fatigue mais ne plie pas. A la puis­sance ad­verse, il réplique par son jeu plus varié et ses ful­guran­ces en re­v­ers. A 5/4, 15/40, une balle du Suédois, in­itiale­ment an­noncée faute par le juge de ligne, est déjugée par l’ar­bitre… Le match, qui était tout de même plaisant mais où les deux joueurs ne jouaient leur meil­leur ten­nis que tout à tour, bas­cule alors dans une autre di­mens­ion. Avec un co­urage et un in­stinct de sur­vie in­croy­ables, Mag­nus va sauv­er un total de 10 bal­les de match, met­tant au sup­plice les nerfs de Guga. Le Brésili­en va pour­tant tenir jusqu’au bout, l’em­portant 8/6 au tie-break du quat­rième set. 45 minutes de sus­pen­se et de tens­ion séparent la 1ère et la 11ème balle de match. Kuert­en pro­uve ce jour-là à tout le monde que son coup de ton­nerre de 1997 n’était pas un one-shot, et se place dans la co­ur­se à la place de n°1 mon­di­al. Une splen­dide fin­ale, dont le final poig­nant et extra­or­dinaire a marqué les esprits.

5. 2015 : Waw­rinka bat Djokovic (4/6 6/4 6/3 6/4)

Le chef-d’œuvre ten­nistique de Stanis­las Waw­rinka. Le match d’une vie. En face de lui se dres­se l’épouvan­tail ul­time, Novak Djokovic, n°1 mon­di­al stratosphérique qui vient enfin de ter­rass­er Nadal en quarts après six échecs sur la terre bat­tue parisien­ne (dont deux en fin­ale) et auquel le titre parisi­en, le seul qui man­que à son pal­marès, semble pro­mis. Stan prend un départ hésitant, ce qui suf­fit à lui coûter le pre­mi­er set. Toutefois, à par­tir du milieu de la première man­che, il est per­cep­tible que la puis­sance de l’Helvète gêne con­sidérab­le­ment le Serbe, et que l’out­sid­er est le plus en­trep­renant pour trouv­er des an­gles im­prob­ables. Auteur d’un récital en re­v­ers, Stan va mettre plus d’une heure à concrétiser sa domina­tion ; Nole, qui a vail­lam­ment sauvé une brouet­te de bal­les de break dans le deuxième set, finit par craqu­er à 5/4 con­tre lui. C’est le début d’un fes­tiv­al de ten­nis total de la part de Stan, qui al­ig­ne 10 points de rang au cœur du troisiè­me set et prend le large. Jusqu’au bout, Novak es­saiera de le ramen­er sur terre en variant ses trajec­toires, menant 3/1, puis balle de 5/3 dans le quat­rième. Mais jusqu’au bout Waw­rinka garde la tête froide et al­ig­ne les points gag­nants pour fonc­er vers le titre. Djoko pleure à chaudes lar­mes lors de la re­m­ise des prix, mais il n’a pas grand-chose à se re­proch­er face à une copie aussi par­faite. La plus belle fin­ale de ce début de XXIème siècle.

4. 1989 : Chang bat Ed­berg (6/1 3/6 4/6 6/4 6/2)

Pour les amateurs du service-volée, cette fin­ale, et sur­tout son dénoue­ment, font figure d’en­terre­ment puis­que c’est la dernière fois qu’un des leurs a at­teint la fin­ale. Et après un départ cat­astrop­hique, Stefan Ed­berg a bien fail­li l’em­port­er, man­quant un total de 10 bal­les de break dans le quat­rième set. Il s’écroule autant men­tale­ment que physique­ment au cin­quiè­me set, non sans avoir of­fert, avec Mic­hael Chang, une mag­nifique op­posi­tion de styles qui n’est pas si com­mune à Roland Gar­ros en fin de deuxième semaine. Mais c’est l’en­semble de la quin­zaine de Chang qu’il con­vient de men­tionn­er ici, et la quin­zaine tout court d’ail­leurs, très chaude et en­soleillée, qui a rendu la terre bat­tue sèche et rapide et of­fert des matchs mag­nifiques. Vain­queur im­prob­able et per­clus de cram­pes d’Ivan Lendl à l’issue d’un match resté dans toutes les mémoires, Mic­hael Chang récupère vite et pour­suit sa route avec l’in­soucian­ce de la jeunes­se. Com­pen­sant sa petite tail­le et son man­que de puis­sance par un jeu de jam­bes extra­or­dinaire et un sens inné du lob et du pass­ing, le sino-américain im­pres­sion­ne sur­tout par sa force men­tale. Et c’est lui qui crucifie Ed­berg de ses lobs et de ses con­trepieds dans ce cin­quiè­me set, pour ac­hev­er en vain­queur l’une des plus im­prob­ables cuvées de Roland Gar­ros. Plus jeune vain­queur d’un tour­noi du Grand Chelem à 17 ans et 3 mois, Mic­hael Chang détient toujours ce re­cord, qui semble aujourd’hui l’un des mieux gardés de tous. Et cette édi­tion 1989 ouvre une période de décalage récur­rent entre le pal­marès du French Open et celui des aut­res levées du Grand Chelem. L’ère Lendl-Wilander est révolue, vivent les années 90 !

3. 1999 : Agas­si bat Med­vedev (1/6 2/6 6/4 6/3 6/4)

Une mag­nifique fin­ale, coiffée d’un re­tour­ne­ment de situa­tion assez rare. Mais elle n’aurait pro­bab­le­ment pas eu autant de saveur si elle n’avait pas opposé deux hom­mes aussi charis­matiques et aussi in­at­tendus cette année-là, Med­vedev le di­let­tante roman­tique face à Agas­si l’an­ci­en champ­ion sur la voie de la rédemp­tion. Le pre­mi­er nommé, re­venant d’une série de bles­sures, n’est que 106ème joueur mon­di­al à l’ouver­ture du tour­noi, mais son co­cktail uni­que de puis­sance dévas­tatrice et de touch­er extra­or­dinaire ont fait des dégâts. Quant à l’Américain, il est bien sur le re­tour, mais per­son­ne ne l’at­tend plus sur l’ocre parisi­en, terre de lourds échecs de­puis ses deux fin­ales de 90-91. Mais leurs par­cours re­spec­tifs lors de cette quin­zaine ne lais­se aucune place au doute : ils sont bel et bien les deux meil­leurs de cette édi­tion. Pétrifié par l’enjeu et trans­pirant à gros­ses gout­tes en en­trant sur le ter­rain, André est in­exis­tant durant les deux pre­mi­ers sets, malgré une in­ter­rup­tion due à la pluie. Le jeu se re­sser­re au troisiè­me set, et le Russe se pro­cure une cruciale balle de break à 4/4, suite à deux doubles-fautes d’André. Ce de­rni­er tient ses nerfs, va cherch­er son salut au filet et ef­face ce qui était pre­sque une balle de match. Le match vient de bas­cul­er. Enfin libéré, Agas­si fait visit­er le ter­rain à son ad­versaire et règle enfin ses re­tours. Com­bat­tant mag­nifique, Med­vedev s’avoue vain­cu de just­es­se, 6/4 au cin­quiè­me. Les lar­mes peuvent co­ul­er des deux côtés, et le pub­lic parisi­en re­découv­re un Agas­si qui a changé de peau en quel­ques années, un Agas­si si ému de com­pt­er désor­mais les quat­re levées du Grand Chelem à son pal­marès. An­drei Med­vedev, qui aura travaillé si dur pour re­venir à ce niveau, ne se re­mettra pas de cette défaite.

2. 1993 : Bruguera bat Co­uri­er (6/4 2/6 6/2 3/6 6/3)

Ni Sergi Bruguera, ni Jim Co­uri­er n’ont sub­mergé d’émo­tion les foules parisien­nes lorsqu’ils ont tri­omphé à Roland Gar­ros. La faute sans doute à leurs jeux re­spec­tifs qui ne rivalisaient pas, en ter­mes de spec­tacle, avec leurs con­tem­porains prin­ces de l’at­taque que furent Be­ck­er, Ed­berg et aut­res Sampras. La fin­ale de 1993, reléguée dans un oubli re­latif, n’en reste pas moins un mo­ment clé dans l’his­toire de Roland Gar­ros. Parce qu’elle a mis aux prises le modèle qui avait dominé les années précéden­tes – Jim Co­uri­er, sa puis­sance et son im­pres­sion­nante présence physique – et un modèle émer­gent, celui du lift in­contrôl­able et de la défense in­ébranl­able, in­carné par Sergi Bruguera. Ce jour-là, ce ne sont pas seule­ment deux joueurs qui s’affron­tent, ce sont deux écoles.

Et le tri­omphe de Sergi in­augure la domina­tion récur­rente de l’école es­pagnole à Roland Gar­ros, domina­tion dont nous ne som­mes toujours pas sor­tis un quart de siècle plus tard. Le défi pour Sergi ne peut être plus grand : l’em­port­er face au doub­le tenant du titre qui a pour lui sa déter­mina­tion de champ­ion, son statut de n°2 mon­di­al et de doub­le tenant du titre et sa puis­sance in­tac­te. Et co­urir aux quat­re coins du ter­rain ne sera pas suf­fisant ; sa vic­toire, Bruguera ira la cherch­er en contre-attaquant, en répon­dant aux par­pa­ings de Jim par des bal­les de plus en plus pro­fon­des et en n’hésitant pas à s’aven­tur­er au filet, tout comme Co­uri­er d’ail­leurs. Cette fin­ale aux re­plis multi­ples a donc obligé chacun des deux pro­tagonis­tes à sor­tir de sa zone de con­fort pour tent­er de pre­ndre le de­ssus.

Quat­re heures de tens­ion et de sueur, une fin­ale tout simple­ment monstrueuse. Co­uri­er par­viendra à mas­qu­er les doutes qui com­men­cent à l’as­sail­lir lors de la cérémonie, en faisant de l’humour dans un français im­pecc­able sur la « vache es­pagnole » qui vient de le battre, pro­voquant l’hilarité du pub­lic. Jim Co­uri­er était un champ­ion, et ce jour-là il est tombé en champ­ion. Moins an­ec­dotique a post­eriori, le jeune Gus­tavo Kuert­en, 16 ans, se de­man­de de­vant son écran com­ment l’em­port­er sur les deux schémas tac­tiques qui vien­nent de s’affront­er ce jour-là. « En sac­hant maîtris­er les deux schémas au sein d’un même match, voire au sein d’un même point » lui répond son en­traineur Larri Pas­sos. Guga prend note. On con­nait la suite.

1. 1984 : Lendl bat McEn­roe (3/6 2/6 6/4 7/5 7/5)

Cette fin­ale a sus­cité tel­le­ment d’émo­tions que j’en par­lais en­core récem­ment avec pass­ion, 35 ans plus tard. Et le ver­dict bal­butiant de ce match, une vic­toire à la Pyrrhus de Lendl au prix d’un ef­fort d’une viol­ence inouïe, est sans appel. Il an­non­ce la prise de pouvoir du « vrai » ten­nis moder­ne, basé sur la puis­sance et l’en­duran­ce, aux dépens du ten­nis joué simple­ment à la main. Avec le recul, voir McEn­roe déroul­er son ten­nis d’esthète et réduire en pous­sière un sol­ide n°2 mon­di­al en pleine pos­sess­ion de ses moyens, a quel­que chose de fas­cinant. Sauf que ça n’a été qu’un mirage, et que le paramètre physique, alors en pleine émerg­ence dans le ten­nis, a eu raison de la fic­tion selon laquel­le le plus doué des deux doit forcément l’em­port­er. Ce con­stat s’est imposé sans préavis ce jour-là, et une large par­tie du pub­lic a eu autant de mal à le digérer que l’Américain.

Le pub­lic français a vécu d’assez loin les joutes du tri­angle Connors-Borg-McEnroe, qui of­frait de splen­dides duels à Wimbledon et à l’US Open, les vérit­ables théâtres où se jouait la pièce de la suprématie du ten­nis de­puis une di­zaine d’années. Passée la parenthèse en­chantée de 1983, un­anime­ment perçue just­e­ment comme une parenthèse, voir McEn­roe l’em­port­er était le rêve pour le pub­lic de Roland Gar­ros de plac­er pour de bon « son » tour­noi sur un pied d’égalité avec Wimbledon et l’US Open dans la mémoire col­lec­tive, avec le co­uron­ne­ment d’un n°1 mon­di­al génial, et alors au som­met de sa carrière.

Je n’en­visage pas d’ac­cord­er quel­que im­por­tance aux blagues potac­hes de Big Mac, qui ex­pliqua que c’est un micro qui l’avait décon­centré ; je ne crois d’ail­leurs pas que Mac avait réel­le­ment be­soin d’être con­centré sur le court, et par ail­leurs com­bi­en de matchs a-t-il gagné en décon­centrant son ad­versaire par ses esclandres… En re­vanche, j’ai re­cherché l’écho qu’avait eu cette fin­ale outre-Atlantique. Nos collègues américains étaient nombreux à connaître l’exist­ence de l’Europe et de la Fran­ce sur la carte du ten­nis, et suivaient les résul­tats de Roland Gar­ros, à la télé ou à la radio. Et ils se souvien­nent de ce Lendl-McEnroe comme l’un des plus beaux matchs des années 80, au point d’être quel­que peu jaloux de la pâle copie qu’en a été la fin­ale de l’US Open 1985. Chacun son tour… Ce 10 juin 1984, le centre de gravité du ten­nis s’est net­te­ment, et définitive­ment, rapproché de Paris. Rien de moins.

Hors con­cours – 2004 : Gaudio bat Coria (0/6 3/6 6/4 6/1 8/6)

In­cap­able que je suis de plac­er cette fin­ale dans mon clas­se­ment, je choisis… de la mettre à part. Du point de vue de la dramatur­gie et du sus­pen­se, elle mériterait sans aucun doute l’une des toutes premières places, sinon la première. Du point de vue du niveau de jeu pro­duit, elle mérite pro­bab­le­ment la dernière. Je me rap­pelle d’un co­pain, classé alors -2/6, qui avait as­s­isté à la fin­ale de­puis les tri­bunes ; il en était re­venu en me dis­ant que franche­ment il pen­sait jouer plus vite que ça… L’autre an­ec­dote, au micro celle-là, c’est Guy For­get en plein quat­rième set, s’ex­cusant sur le mode « je passe sans doute pour un con­nais­seur du ten­nis, mais là je dois dire que je ne com­prends stric­te­ment rien à ce qui se passe sur le ter­rain ».

Le lac­rym­al Gaudio et le san­guin Coria ont sans doute dis­puté ce jour-là l’un des pires matchs de leurs carrières re­spec­tives. Mais ils ont été égale­ment des li­vres totale­ment ouverts sur leurs émo­tions, leurs doutes et leurs re­non­ce­ments, et livré toute une foule d’in­dica­tions cruciales sur la psyché du joueur de ten­nis en ac­tion, tant ils se sont montrés, autant l’un que l’autre, in­cap­ables de mobilis­er leur sur­moi. Cer­tains matchs, dit-on, se jouent dans la tête ; celui-ci ne s’est joué que dans la tête. Et comme il fal­lait bien qu’il n’y ait qu’un seul per­dant, autant sanctionn­er le re­non­ce­ment le plus visib­le, et le plus co­up­able, celui de Guil­lermo Coria.

Selon la vers­ion de l’ar­bitre, les cram­pes de stress d’El Mago ont été con­stat­ées par le kiné du tour­noi à la fin du 3ème set. Si je pre­nds cette précau­tion épis­tolaire, c’est parce que la carrière de l’ombrageux Ar­gentin est saupoudrée de quel­ques séqu­ences de simula­tion sur le ter­rain, dont une l’année précédente con­tre le même Gaudio à Ham­bourg. Ad­mettons donc que les cram­pes de Guil­lermo (à par­tir de la fin du 3ème) aient été autre chose qu’une fic­tion, nous pouvons au moins con­stat­er qu’au 4ème set il n’es­saie pas de lutt­er sur le ter­rain, alors qu’au 5ème il es­saie. Quel­le que soit la réalité de ses problèmes physiques, le fait est qu’il a, pen­dant une par­tie du match, re­noncé à se battre. Aucun autre joueur vic­time de cram­pes n’a of­fert le spec­tacle de donn­er un set en­ti­er à l’ad­versaire sans boug­er, ils sont nombreux pour­tant à connaître cette situa­tion, et à de­voir doser leur ef­fort en at­tendant l’effet des médica­ments.

Les éner­ve­ments dont Guil­lermo Coria a été co­utumi­er pen­dant sa brève période au plus haut niveau m’ont semblé traduire, par leurs dis­propor­tions, sa dif­ficulté à sur­mont­er le sur­croît de pre­ss­ion qu’avait oc­casionné son contrôle anti-dopage positif en 2001, alors qu’il n’avait que 19 ans. La sus­pic­ion dont il était cap­able, notam­ment vis-à-vis du corps ar­bitr­al, et sa ner­vosité, étaient pro­pre­ment stupéfian­tes, et ne pouvaient s’expliqu­er par un sim­ple tempéra­ment san­guin. Sans doute Coria a-t-il perçu sa sus­pens­ion comme une in­jus­tice, au point de ne pas tolérer la moindre in­jus­tice par la suite sur le court. Dans ces con­di­tions, les dif­ficultés qu’il a re­ncontrées pour seule­ment tenir sa raquet­te, dès la fin du 3ème, ne traduisent pas seule­ment des cram­pes, mais aussi une crise de nerfs à l’approc­he d’une vic­toire qui lui ten­dait les bras. Et plutôt que de lutt­er comme le for­mid­able com­bat­tant qu’il savait être aussi, il a opté pour un re­non­ce­ment visib­le, en lais­sant filer le score, in­vitant chacun – et notam­ment Gas­ton Gaudio – à con­stat­er par lui-même que la re­montée qui s’amorçait n’était pas due au mérite de l’ad­versaire, mais à son ef­fondre­ment pour cause de cram­pes.

De tous les ad­versaires de Coria, Gas­ton Gaudio était sans doute un des seuls cap­ables de suc­comb­er à une telle tar­tufferie. Et le fait est qu’il a frôlé, vrai­ment frôlé, la défaite. Et pour le coup, lui n’a pas cherché à men­tir à qui que ce soit. Sa quin­zaine parisien­ne avait été mag­nifique ; Hewitt en quarts et Nal­bandian en demis avaient ex­plosé sous la puis­sance de son re­v­ers. Mais, aussi bril­lant fût son par­cours, en en­trant sur le ter­rain pour cette fin­ale, Gas­ton était be­aucoup plus désireux que l’his­toire se ter­mine que de la ter­min­er en vain­queur. Son com­por­te­ment auto­destruc­teur sur le ter­rain ne le prédis­posait pas à en­caiss­er l’ef­fort ment­al de sept matchs au meil­leur des cinq sets ; le septième, pour lui, était claire­ment celui de trop. Aussi, quand le pub­lic a salué bruyam­ment un point mag­nifique qu’il venait de re­mport­er au cœur du 3ème set, il s’est enfin détendu. Dans les minutes qui ont suivi un bruis­se­ment, à la fois sub­limin­al et per­cep­tible par tout un chacun, in­diquait que la ner­vosité était en train de chang­er de camp. Il serait exagéré de dire que Gas­ton s’est mis à bien jouer, mais il s’est au moins mis à jouer, au sens pre­mi­er du terme.

Au fil d’un cin­quiè­me set où les lar­mes affleuraient des deux côtés, le spec­tacle n’était plus du tout ten­nistique, il était psyc­hique. Guil­lermo Coria ten­tait bien de re­ntr­er dans le ter­rain et de faire visit­er le ter­rain à son ad­versaire, afin de boug­er le moins pos­sible ; ce n’était pas en soi une mauva­ise opt­ion tac­tique, mais c’était pour le moins con­tre na­ture de la part du for­mid­able défen­seur qu’il était. En face, Gaudio, re­tombé dans ses er­rances, était tel­le­ment ner­veux à l’approc­he d’une vic­toire aussi pre­stigieuse qu’inespérée, qu’il était à son tour de­venu in­cap­able de tenir sa raquet­te con­venab­le­ment. Aux dires de Gaudio, sur les deux bal­les de match de Coria, il n’avait jamais com­pris com­ment lui-même, Gas­ton, avait réussi à ne pas faire la faute le pre­mi­er.

C’est ici que la morale de ce match est sauve, tout en pre­nant la for­mula­tion in­ver­se de celle qui est générale­ment utilis­ée : la défaite s’est of­fer­te celui qui la méritait le plus, à savoir Guil­lermo Coria. Il était temps, pour les deux joueurs, de craqu­er pour de bon et d’aller enfin se re­pos­er. Sur un divan de préférence, et avec un bon pro­fes­sion­nel en face, car les fêlures psyc­hologiques que les deux Ar­gentins ont étalées sur la place pub­lique ce jour-là étaient vert­igineuses.

Pour le pub­lic, il ne re­stera sans doute pas le souvenir d’un match de gran­de qualité, mais plutôt le sen­ti­ment d’avoir as­s­isté à une tragédie à ciel ouvert. Sauf que là il ne s’agis­sait pas d’une re­présen­ta­tion, c’était pour de vrai. Cette fin­ale ne com­pte sûre­ment pas parmi les gran­des fin­ales de Roland Gar­ros. En re­vanche, elle a sa place dans les rares mo­ments où la di­mens­ion psyc­hologique inhérente au sport de haut niveau aura été la plus visib­le. Les voisins d’étage de ce Gaudio/­Coria de 2004, ce sont le Chang/Lendl de 1989, le Con­nors/Kriskstein de 1991 à l’US Open, dans une moindre mesure le Sampras/Cor­retja de 1996 toujours à l’US Open.

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Grand pas­sionné de ten­nis de­puis 30 ans.

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680 Responses to Retour sur les finales de Roland Garros

  1. Jo 2 juin 2019 at 19:26

    Tsitsipas ressemble à Kuerten de (très) loin. Comme Guga, il lui faudra apprendre à être altier tout en sachant se faire profondément aimer.

  2. Nath 2 juin 2019 at 19:33

    Bon, je suis contente de l’issue du match, et du spectacle proposé par les deux joueurs. Stan fait plaisir à voir. Quant à Tsitsipas, il est bon sur toutes les surfaces, on le reverra cette saison :)
    Le match s’est vraiment joué sur les occasions de break, et il a tenu ses promesses, ce qui n’est pas si fréquent.

  3. Alex 2 juin 2019 at 20:38

    Match énorme, merci Stan pour cette petite renaissance. Bravo à Stephanos, imminent vainqueur de Grand Chelem, qui devra se calmer sur les contestations de marques de balles pour se rendre agréable … Parce que bonjour la mauvaise foi, juste que sur la balle de match (énorme slice de revers rentrant de Stan au passage)

  4. ConnorsFan 2 juin 2019 at 21:01

    Sur le plan esthétique, j’aime beaucoup les frappes de Nishikori.

  5. Jo 2 juin 2019 at 21:08

    C’est marrant le virtuel. Dans la vraie vie, je vomis des mecs comme Paire o Fognini, mais sur un court, je les aime bien. Leur arrogance leur donne du charme et je suis content pour eux quand ils jouent bien.

  6. Alex 2 juin 2019 at 21:26

    « La chatte qu’il a »

    Benoît Paire dans ses œuvres. #WarningVerbalAbuse

    J’étais pété de rire devant ma télé .. merci les micros d’ambianc

    • Rubens 3 juin 2019 at 08:58

      Pareil, mort de rire. Du Benoît Paire, du comme on l’aime. Incapable de rester concentré.

      Cela dit, si ce type avait un cerveau, il ferait très mal. Tennis très complet, très puissant. Tout le monde se méfie de lui, y compris les meilleurs. Et à côté de ça, capable de s’évader parce que deux diptères s’ébattent au bord du terrain… C’est la grandeur du tennis français.

  7. Achtungbaby 2 juin 2019 at 22:32

    Sur ce que j’ai vu on ne peut pas dire que celui qui a pris l’initiative a été récompensé. Stan passe sa vie à 3 mètres de sa ligne de fonds. Incompréhensible.
    Il devrait perdre contre Fed s’il n’avance pas plus dans le court.

    Jamais Stan n’aurait gagné la finale en 2015 si loin de sa ligne contre Djoko. Ça avait d’ailleurs été la clé : 3 pas en avant.

    Et Fed prendra ensuite une volée contre Nadal.

  8. Patricia 2 juin 2019 at 22:40

    Comme je pensais, Tsitsi est bien traumatisé (issu d’eurosport) :

    « Pouvait-il expliquer ce qu’il ressentait moins d’une heure après la fin de son huitième de finale ? « Non, désolé », a-t-il lancé, moue attristée. Il a quand même réussi à préciser quand un confrère lui a reposé la même question en des termes voisins : « Je suis épuisé. Je n’ai jamais ressenti ça de ma vie. Je suis très déçu. »

     » Vous ne voudriez pas être à ma place »

    « Ça faisait longtemps que je n’avais pas pleuré après un match, c’était donc très difficile à gérer, a-t-il enchaîné après quelques secondes de flottement et d’une voix toujours aussi voilée. Je vais essayer d’apprendre de cette défaite autant que je le peux. J’étais près, si près… J’ai obtenu tant de balles de break. Tellement. Mais je ne les ai pas jouées, j’attendais que quelqu’un les joue pour moi, je n’ai pas joué », a-t-il martelé.

    Apprendre de cette défaite, comment et surtout quoi ? « Je n’en ai pas la moindre idée, a-t-il répondu, toujours aussi malheureux. Mon esprit est complètement vide maintenant. Je ne peux même pas penser ». Avant d’ajouter, en guise d’une conclusion qu’il était pressé de donner : « Vous ne voudriez pas être à ma place. C’est la pire chose possible en tennis. Le pire sentiment imaginable. » Et il s’en est allé, coeur lourd, regard bas. « 

    • Patricia 2 juin 2019 at 22:58

      Avec la video : https://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Roland-garros-tsitsipas-effondre-apres-sa-defaite-en-huitiemes-face-a-wawrinka/1025458

      A la limite du coma, Tsitsi !
      Heureusement que ce n’est pas une finale, ce serait très dur de s’en remettre…

      • Paulo 3 juin 2019 at 11:54

        C’est l’apprentissage du haut niveau ! Federer est passé par là lui aussi, quand il perd à Marseille vs Rosset, ou à Bâle vs Henman.
        Je pense qu’il va s’en relever et qu’il ne commettra plus jamais les erreurs qu’il a commises contre Stan (ces balles de break ou autres points importants vendangés).
        195 points gagnés au total, soit un de plus que Stan !

  9. Renaud 2 juin 2019 at 23:00

    TsiTsi… a raison, heureusement qu’il y a les 5 sets au tennis, l’intensité, les rebondissements, le mental, tenir, durer, encaisser… vont avec les matchs en 5 sets
    D’accord avec tout le monde, la question n’est plus de savoir s’il gagnera un GC mais quand, il a déjà tout ce qu’il faut, je ne me risquerai pas à le comparer à Del Potro pour le tennis mais question mental il arrive aussi fort et aussi vite que le Del Potro de 2009…je ne lui souhaite pas les mêmes pépins physique !!!

    Sur le tournoi Nadal aura théoriquement un énorme match à sortir en finale et un bon match en demi contre son meilleur ennemi, Stan se fera étendre en 3 sets secs pas de doute ( Il vient d’avoir 2 énormes matchs en 3 jours, 5 TB, 5h09 aujourd’hui etc etc) puis FED perdra directement 3 sets d’un coup :-(
    Dans l’autre partie en toute logique Djoko devra sortir un peu plus qu’un match énorme, mais bon il me semble frais,

    Si je devais risquer un prono je donnerai du 51/49 pour Djoko

  10. Renaud 3 juin 2019 at 07:49

    J’ai complètement zappé de commenter ce bel article sur les finales
    Mon trauma restera à tout jamais la défaite de McEnroe, j’avais 20 ans et j’étais aussi fan qu’on peut l’être à cet âge !!!
    Regret quasi éternel aussi pour Edberg même si mon aversion de l’époque pour le 1er poux sautillant de l’histoire a disparu, je ne doute pas un instant que l’homme « Chang » est une belle personne
    2009 bien entendu c’est le soulagement, enfin quelqu’un qui joue au tennis et qui en un seul tournoi a vengé McEnroe, Becker, Edberg, Sampras et tant d’autre !!!!
    Pour le reste il est évident que cette surface particulière, plus encore que l’herbe, a permis 2 règnes sans partage aucun, Borg moins longuement (mais je m’en suis déjà expliqué) et Nadal longuement et comme dans GOT on espère tous le voir descendre de son piédestal

  11. Rubens 3 juin 2019 at 09:08

    Enorme match hier entre Stan et Tsitsi. Le réalisme et l’expérience face à la jeunesse et la puissance. Toutes les éditions n’ont pas un match de ce niveau. Je suis comme vous, je ne doute pas une seconde que le Grec soulèvera un trophée du Grand Chelem un jour ou l’autre.

    En temps normal, je ne donnerais pas Roger favori face à Stan. Le Vaudois est de retour au très haut niveau. Le maestro ne pourrait pas se contenter de faire parler son tennis supérieur, Stan l’entrainerait dans un combat physique, chose que Roger redoute plus que tout. Seulement voila, Stan a 34 ans, il sort d’un combat épuisant et je ne crois pas qu’il aura récupéré. Préparons les chandelles, nous allons probablement avoir un (ultime ?) Fedal à Roland.

  12. Jo 3 juin 2019 at 12:40

    Si seulement Paire avait le coup droit de Couilles et inversement pour le revers.

  13. Paulo 3 juin 2019 at 17:09

    Il ne fait aucun doute que Monfils remportera Roland Garros ; dès lors qu’il n’aura pas à affronter Dominic Thiem ; ni Nadal d’ailleurs ; ni Djokovic, bien sûr ; ni Federer, ni Wawrinka, ni Del Potro, ni Zverev.

    Courage Gaël, ça finira par passer.

  14. Jo 3 juin 2019 at 18:15

    Paire, Monfils, Fognini. On a envie de les aimer, on a envie d’y croire (chacun à sa mesure) mais ça reste le bordel.

  15. Kristian 3 juin 2019 at 18:28

    Thiem vient de signer sa meilleure performance depuis le debut du tournoi et Zverev probablement sa meilleure performance en GC tout court. Le tableau de Djokovic qui jusqu’a present se balladait dans du carton vient d’un coup de se noircir.

    • Nath 3 juin 2019 at 19:10

      Tu as vu ces matches ? J’aimerais bien lire un retour sur le niveau de jeu de Zverev.

      • Elmar 4 juin 2019 at 11:28

        Je n’ai vu que le dernier set, mais j’ai trouvé Zverev incroyablement passif, à jouer 3m derrière sa ligne. Fognini sur courant alternatif.

        Arnaud Clément à la fin du match disait assez justement que le niveau du match avait été somme toute médiocre.

        Zverev lui, sur le court, prétendait être très heureux de son niveau, ce qui m’a surpris vu ce que j’ai vu.

        Bon, après, c’est vrai que c’est que la 2ème fois qu’il arrive en quarts de GC, donc il peut être content quand même. Mais on est en droit d’attendre plus de sa part.

        Je ne lui donne pas 5% de chances contre Djoko.

        • Patricia 4 juin 2019 at 12:33

          Il est content parce qu’il était au fond du trou, qu’il a ramé aux premiers tours et qu’il a besoin de faire mousser cette victoire (apparemment, Fog était à nouveau gêné à la cheville/mollet) « Fog joue son meilleur tennis, il a gagné à MC »…

          Pas vu le match non plus, vu les stats il a toujours un souci au service (12 doubles)…

          • Patricia 4 juin 2019 at 12:49

            contre djoko, les books lui donnent plutôt autour de 15%, ce qui est pas terrible pour lui….

        • Nath 4 juin 2019 at 19:31

          Merci Elmar.
          Effectivement, j’ai aussi entendu depuis que Fognini était un peu blessé, c’est une bonne nouvelle pour Djoko, ça :|

          Après, si Zverev est capable d’arriver en quart en jouant moyennement, c’est une bonne nouvelle pour lui.

  16. Rubens 3 juin 2019 at 22:16

    Souvenirs, souvenirs…

    En 2009 j’avais veillé jusque tard dans la nuit pour voir la finale de l’US, au 5ème Federer était dépassé par la puissance d’un jeune Argentin de 20 ans.

    10 ans plus tard je suis bluffé, Del Potro se fait dominer en puissance par un jeune Russe, qui lâche tout du fond du court. Le temps passe. Je prédis un match difficile pour Thiem. Il est nettement monté en puissance aujourd’hui, mais tout reste à faire. Khachanov n’est pas le premier venu, ça va faire des trous dans la terre battue.

    En tout cas les jeunes, Zverev, Khachanov, Thiem, lâchez-vous face à Djoko. Vous avez pour vous la fougue, la puissance et la jeunesse. LACHEZ-VOUS.

    • Paulo 4 juin 2019 at 08:30

      Exactement la même impression que toi concernant Khachanov. Delpo était certes un peu diminué, mais Khachanov a fait un match époustouflant. Très solide, très agressif, absolument pas impressionné par l’enjeu, ayant réponse le plus souvent aux attaques pourtant tranchantes de l’Argentin.
      Et pareil, je sens un match difficile pour Thiem ; pour tout dire, je donne même le Russe vainqueur. Et si Khachanov mettait tout le monde d’accord sur ce Roland, comme à Bercy l’an dernier ? Mon propos est certes un peu provocateur, parce que c’est quand même la marche au-dessus, et qu’il lui faudrait battre successivement les trois favoris (Thiem, puis très probablement Djoko et Nadal), mais franchement, ce serait top, un vrai vent de fraîcheur.

    • Paulo 4 juin 2019 at 08:36

      Je ne dirais pas que Khachanov a dominé Delpo en puissance : de ce strict point de vue, Delpo reste au-dessus à mon avis, en tout cas dans l’échange. Khachanov est certes un joueur puissant, un cogneur, mais je dirais plutôt qu’il a remarquablement contré Delpo, notamment en changeant de direction pour aller long de ligne, en coup droit comme en revers d’ailleurs. Et il a remarquablement collé à sa ligne, dans l’ensemble.

      • Rubens 4 juin 2019 at 10:28

        Salut Paulo,

        En vitesse de balle pure tu as raison, Delpo est au-dessus. Quand je disais que Khachanov avait gagné la bataille de la puissance, je voulais dire celui dont la puissance gêne le plus l’adversaire. Dans les duels où ils se sont envoyés des parpaings, Khachanov n’a pas reculé et l’a emporté le plus souvent. Après, c’est vrai aussi que Delpo m’a semblé emprunté dans ses mouvements, il avait un peu de mal à bouger.

        Et effectivement je donnerais presque Khachanov favori face à Thiem.

        Mais mon calcul à moi, qui couche noir sur blanc que je ne veux à aucun prix d’un Djoko vainqueur (ni même en demi), mon calcul est le suivant :

        – J’espère une victoire de Zverev en quarts, mais je n’y crois pas trop et je compte davantage sur Thiem ou Khachanov ;
        – Le tennis de Thiem me semble en lui-même légèrement supérieur à celui de Khachanov. Sur le papier, Thiem a tout pour battre Djoko ;
        – Dans l’hypothèse Thiem-Djoko, la pression ne sera pas que sur Djoko. Thiem est l’homme qui monte depuis plusieurs années désormais, sa victoire ne serait que la concrétisation d’une montée en puissance que tout le monde sent venir. Dans ce contexte, on peut envisager qu’il craque sous la pression.
        – Dans l’hypothèse Khachanov-Djoko par contre, le Russe n’aura aucune pression. Et comme il ne semble craindre rien ni personne, on peut supposer qu’il ne passera pas à côté.

        • Paulo 4 juin 2019 at 11:17

          Ben moi je ne veux à aucun prix voir Nadal soulever la coupe dimanche, donc n’importe quel joueur qui le battrait, ça m’irait.
          Dans sa moitié de tableau, y’a personne pour ça, c’est clair.
          Dans la moitié de Djoko, y’a Djoko (le plus dangereux pour l’Espagnol), puis Thiem ; Khachanov ce serait étonnant quand même, parce que ça signifierait qu’il a battu Delpo, puis Thiem, puis Djoko (probablement) avant d’aligner Nadal en finale : l’exploit du siècle, quoi :-D

          • Jo 4 juin 2019 at 13:52

            Ce serait magnifique de voir Nadal soulever le plateau du finaliste à Roland Garros, un peu à la Courier lors de la fameuse finale de 1993. Le plus proche (le moins éloigné) de Bruguera ce serait Thiem, mais le plus crédible c’est Djokovic.

    • Jo 4 juin 2019 at 13:48

      Khachanov est le Del Potro du moche. Je n’ai rien contre lui mais ne lui souhaite rien de glorieux.

  17. Montagne 4 juin 2019 at 11:20

    J’ai rarement vu un joueur avec une prise aussi fermée que Khachanov.
    En tous cas, il envoie du lourd.
    Sa stature me fait penser à Ron Pelman.

    • Colin 4 juin 2019 at 13:26

      Version « La Guerre du Feu »?

      • Rubens 4 juin 2019 at 13:40

        Ou version « Le nom de la rose », avec cette scène où il pousse la chansonnette alors qu’on allume son bûcher ? Mais il manque à Khachanov une belle bosse ! Ah Ron Perlman…

      • Montagne 4 juin 2019 at 16:13

        Ou Stalingrad

      • Colin 4 juin 2019 at 16:49

        Oui mais Ron Perlman a-t-il une prise fermée? That is the question…
        Côté prise fermée, le recordman du monde, c’était quand même Berasategui…

        • Montagne 4 juin 2019 at 18:21

          Colin, toi aussi tu te mets aux anglicismes ??

  18. Elmar 4 juin 2019 at 14:38

    Je trouve Roger vraiment très bon.

  19. Nathan 4 juin 2019 at 15:04

    Roger était au-dessus, excellent au service, mobile. Come on !

  20. Elmar 4 juin 2019 at 15:12

    Ca commence à faire beaucoup de balles de break ratées quand même…

    • Guillaume 4 juin 2019 at 15:27

      Meuh non, pas le genre de la maison :)

  21. Elmar 4 juin 2019 at 15:48

    Mauvais set de Roger qui rate ses occasions, offre un break, commence à se fermer. Beaucoup moins mobile tout à coup.

  22. Bapt 4 juin 2019 at 16:09

    Bon ben à ce que je vois des deux jouer, il faut sans doute mieux que ce soit Stan qui aille titiller le minotaure en demi-finale. Fed n’a aucune chance.

    • Achtungbaby 4 juin 2019 at 16:10

      bof, pas si évident.
      Je pense que les 2 prendraient une taule

    • Rubens 4 juin 2019 at 16:12

      Sachant que Roger a déjà plié physiquement lors des 3 derniers GC, les 3 fois en ayant gagné rapidement ses premiers tours. Je ne vois pas le match, mais Stan n’a pas de courbatures ? C’est une mobylette ce type…

    • Bapt 4 juin 2019 at 16:16

      Stan tient. C’est un joueur physique quand même !

    • Jérôme 4 juin 2019 at 17:41

      Sur terre contre Nadal ou Djokovic, aucune en effet. Sauf si, transpiration aidant, sa raquette lui échappe de la main droite et va fracasser un genou de l’adversaire. Une fois, l’accident se plaide mais pas 2 fois en 2 matches.

      • Bapt 4 juin 2019 at 18:35

        Peut-être que Stan pourrait accrocher un 7/5.

        Je trouve vraiment que Fed manque de puissance et de vitesse pour déranger Nadal.

        Je ne crois pas non plus que Djoko soit favori en finale, loin de là… Et Nadal sera frais comme un gardon en plus.

  23. Sam 4 juin 2019 at 16:16

    Effectivement, l’a pas l’air trop fatigué là, le Stan. Rodg vient de foirer une volée de 15/4.

    • Achtungbaby 4 juin 2019 at 16:17

      rha la vache, impossible de rater ça.
      IL doit commencer à puiser, je ne vois que ça.

  24. Nathan 4 juin 2019 at 16:18

    Stan ne fait pas un grand match et Fed accuse le coup : la chaleur, l’âge, la fatigue. Avec le temps, va, tout s’en va…

    • Achtungbaby 4 juin 2019 at 16:23

      Oui, bon résumé. Mais Fed n’est pas si loin

    • Bapt 4 juin 2019 at 16:24

      Ben justement debreak là. Ça ne joue pas mal mais les deux ne sont pas étincelants.

  25. Nathan 4 juin 2019 at 16:26

    Il n’y a plus qu’à compter sur la fragilité mentale de Stan mais bon…

  26. Paulo 4 juin 2019 at 16:26

    Pendant ce temps, la créature infernale inflige le tarif syndical à Nishikori : 6-1 dans le premier set. L’enfer de Dante Bottini, c’est Nadal.

    • Bapt 4 juin 2019 at 17:09

      La grande question est : perdra-t-il plus de trois jeux contre le vaillant japonais ?

    • Anne 6 juin 2019 at 06:44

      Nishikori n’avait sans doute aucune chance mais force est de constater que Nadal n’a eu que son fantôme à affronter. D’ailleurs, certains se sont même demandés s’il n’allait pas abandonner à la fin du premier set

  27. Achtungbaby 4 juin 2019 at 16:37

    oh la vilaine faute sur smash……….

  28. Arno, l'homme des antipodes 4 juin 2019 at 17:11

    Je me demande où Stan range ses gigantesques couilles.
    Parce que sur les 15 balles de break, Fed en loupe 2/3, mais les autres c’est bien Stan qui les sauve, notamment sur ce dernier jeu.

    • Coach Kevinovitch 4 juin 2019 at 18:39

      Donna Vekic a la réponse à ta question.

      • Anne 6 juin 2019 at 06:44

        Plus maintenant visiblement…

  29. Coach Kevinovitch 4 juin 2019 at 18:40

    Une âme charitable voudrait bien me donner le nom de la très jolie arbitre du match entre Nadal et Nishikori.

    PS: Désolé

    • Patricia 4 juin 2019 at 19:05

      je crois Marijana Veljović

    • Paulo 4 juin 2019 at 19:18
    • Coach Kevinovitch 4 juin 2019 at 21:26

      Le nom et même une vidéo en supplément, vous êtes vraiment trop sympa. Merci beaucoup!

    • Jo 4 juin 2019 at 21:31

      C’est vrai qu’elle est plutôt bonne Marijana, ce genre de nana hautaine aussi agaçante que désirable.

  30. Rubens 4 juin 2019 at 20:20

    Voilà, nous y sommes, nous aurons notre Fedal.

    Si j’en crois les commentaires, les chances de Roger sont proches de zéro, mais bon… Beau parcours tout de même, le dernier carré à 37 ans c’est beau. Stan s’est bien défendu mais clairement il n’avait plus les mêmes jambes que dimanche.

    • Bapt 4 juin 2019 at 20:48

      Paradoxalement c’est RG qui est le grand chelem qui réussit le plus à Roger depuis l’OA en 2018.

  31. Remy 5 juin 2019 at 09:44

    Même s’il a bénéficié d’un tableau clément, voir Fed en demi finale de RG ça me parait irréel.
    Pas certain qu’il serait passé si Stan n’avait pas dans les jambes le match contre Tsitsipas mais c’est le tennis.
    Cependant je trouve que Roger joue vraiment bien. Bien sur il n’est pas constant physiquement sur la durée de 3, 4 ou 5 sets mais ça joue très bien. Le service est presque parfait et il arrive à imposer un jeu offensif sur terre battue.
    Pour moi c’est ultra positif en vue de Wimbledon.

    Pour vendredi, je ne me fais aucune illusion même si je serai à 2000% derrière Federer.

    Nadal n’est peut-être pas aussi fort qu’avant, mais il a tellement de marge sur terre et il a eu un tableau encore plus facile que celui de Rodge.

    C’était aussi un plaisir de retrouver Stan à ce niveau, son match contre Tsitsipas était incroyable.

    • Rubens 5 juin 2019 at 10:24

      Yes Rémy, je suis comme toi, je suis derrière Fed, il joue très bien à 37 ans mais je ne crois pas à sa victoire contre l’ogre. En même temps il a une ceinture de sécurité avec sa finale de 2008, ce serait le diable qu’il ne fasse pas mieux et qu’il marque moins de 4 jeux. D’un autre côté, ce serait déjà pas si mal s’il gagnait un set. Rafa me semble clairement monter en puissance sur cette édition.

      Un petit mot pour Stan. Il restera comme l’un des grands animateurs de cette édition, malgré sa défaite en quarts. Son match contre Tsitsipas sera probablement le plus beau de la quinzaine (je serais évidemment ravi que d’ici la fin du tournoi il y ait un autre match aussi intense), et ses matchs contre Dimitrov et Federer figureront sans doute dans le top ten du tournoi. Le voir rejouer à ce niveau est un plaisir.

  32. Jo 5 juin 2019 at 10:08

    Je crois que nous avons assisté à un triple chant du cygne hier. De Stan, battu, content mais poursuivra-t-il sur la lancée? Rien n’est moins sûr pour ce champion âgé. De Roger, le Très Vieux, étincelant et que l’on ne reverra peut-être jamais à Roland Garros. Du tournoi, enfin, hélas. La fête est finie, nous allons rentrer dans la dernière ligne droite, les joutes rugueuses, foin de poésie, vive les râles.

  33. Renaud 5 juin 2019 at 12:27

    Bien entendu je suis pour Fed et ce que je trouve incroyable c’est qu’il doit y croire malgré tout plus que ses propres fan !!! qui l’ont eux déjà enterré !!!
    Quand je dis il doit y croire ce n’est pas dans le sens qu’il doit se convaincre d’y croire, c’est littéralement qu’il est intimement persuadé qu’il a sa chance et comme il le dit fort bien « sinon pas la peine de venir à RG »

    Je souffrirai bien moins qu’en 2006-2007 l’horrible 2008 et le pire 2011 même si cela fait toujours quelque chose car on voudrait espérer (le propre du fan) mais on n’arrive même pas à s’en convaincre !!!

    Ce qui m’énerve dans tout cela c’est bien entendu les habituels raccourcis simplistes qui ne manqueront pas d’apparaitre dans la presse, dans « l’opinion » pour expliquer cette énième défaite, ou l’on parlera de tout sauf de tennis !!!

    L’équation est pourtant évidente pour celui qui cherche un peu plus en avant, d’un côté un joueur qui récite sa gamme, sa partition par coeur (ce qui ne retire rien au dit talent de cette « récitation » même si elle est implacable, inexorable et pourrait paraître sans état d’âme) et de l’autre un soliste qui devrait inventer une nouvelle note, un nouveau tempo, une nouvelle harmonie point après point car autrement il sait par contre (tout autant intimement qu’il y croit) avec certitude qu’il perdra!!!

    • Achtungbaby 5 juin 2019 at 14:49

      et bien je me dis que s’il l’a fait en 2017 à l’AO, pourquoi pas cette année à RG ? Alors oui, la surface n’est pas la même, à son désavantage, oui il est encore plus vieux et oui comment réussir à 38 ans ce que vous avez toujours échoué à réaliser, ne rêvons pas.

      Et pourtant, Nadal n’a pas prouvé grand chose, pas de match dur pour se tester. Par contre on a vu depuis le début de la saison sur terre qu’il avait du mal face à des joueurs qui vont de l’avant ou qui proposent des choses moins conventionnelles.

      Et la pression est quand même plutôt sur Nadal, d’abord car il joue sa saison, et ensuite car il sait que les derniers Fedal ont été cruels pour lui. Donc Fed n’a pas à faire trop d’effort pour faire semblant d’y aller détendu, ayant par ailleurs déjà réussi son tournoi. Et vu le niveau de perfection que Fed doit atteindre vendredi, le côté relaché est indispensable pour qu’il puisse lâcher les chevaux (cf. 5è set de l’AO 2017)

      Bref, dans leur tête, avantage Fed. Et ça c’est déjà plutôt nouveau.
      DONC, SI LE SUISSE PREND LE PREMIER SET, alors je dis que tout est possible car Nadal pourrait commencer à gamberger et à racourcir ses balles.

      Je sais, « si » et « pourrait », c’est bien gentil mais ça ne gagne pas un match. En attendant, c’est peut-être plus équilibré qu’il n’y parait.

      En tout cas je prends le risque de vous l’annoncer, pour toutes ces raisons (haha « toutes ») : IL VA LE FAIRE !

      Et il se fera rétamer par l’ignoble serbe en finale bouuuuuuuuuuuuuuuuuh…

      • Patricia 5 juin 2019 at 16:51

        Je vais faire dans le factuel bourrin : les bookmakers proposent pour Fed une cote à peine plus faible que Zverev contre Djoko (autour de 20% de chances). C’est donc une chance non nulle, mais quand on considère que Zverev en est seulement à son 2è 1/4 en GC, qu’il a galéré depuis le début de saison, qu’il a joué deux matchs en 5 sets depuis le début du tournoi et que Djoko écrase tout… Qu’on pense que Fed, qui est 3è à la Race, a battu 5 fois Nadal consécutivement, n’a lâché qu’un set contre Stan, n’a pas bcp plus à espérer pour ceux qui ne font pas de sentiment, ce n’est pas très encourageant. La plupart des fans espèrent plutôt un score honorable et seraient rassérénés par le gain d’un set… En plus il pleut.

      • Paulo 5 juin 2019 at 17:26

        « Bref, dans leur tête, avantage Fed »

        Ça, c’est la meilleure de la quinzaine, ha ha !

        Je suis quant à moi totalement d’accord avec l’analyse de Mouratoglou sur Eurosport qui rappelait que ce qui a tout changé en 2017 contre Nadal, c’est ce fameux revers : retours à plat au lieu de retours chopés, pour priver Nadal de temps, et pareil dans l’échange, faire l’effort de prendre la balle plus tôt côté revers, à plat. Et toute la difficulté est de faire ça sur terre battue. Autrement dit, il n’a aucune chance, si Nadal joue à son niveau bien sûr. Sa chance serait un Nadal malade ou diminué, ce qui est quand même très peu probable.
        Et bien sûr comme Federer est un compétiteur, qui cherchera à gagner tant qu’il y aura une chance de gagner, autrement dit jusqu’à ce que la balle de match finale ait été jouée, il va jouer ce match à fond. Mais ça n’enlève rien à ce qui précède. S’il n’arrive pas à priver Rafa de temps, notamment en retour, notamment côté revers, il va s’empaler sur l’Espagnol comme les fois précédentes. Monter au filet dans des conditions autres qu’excellentes ? Il se fera transpercer à tous les coups.
        Sinon, que Nadal n’ait pas eu de test jusqu’ici ne change strictement rien : à Flushing 2017 c’était pareil, et en finale Anderson a pris 3 petits sets.

        • Bapt 5 juin 2019 at 19:20

          Mon avis sur la question de ce qui se passera dans la tête des deux joueurs : peut-être que Rafa sera un peu stressé et tendu en début de match. Dans mes souvenirs il l’était un peu contre Thiem l’an dernier et il y a deux ans aussi.
          Federer le sera peut-être un peu moins et sera surtout plein de bonnes résolutions.

          Mais à moins que Federer en profite pour chiper à toute vitesse le premier set, on risque d’avoir un schéma classique : Rafa qui renvoie tout, qui prend de l’assurance et Federer de plus en plus dépité qui prend sa tête des mauvais jours. Et puis qui va sans doute se mettre à gamberger.

    • Anne 6 juin 2019 at 06:56

      D’accord avec toi, Renaud. Sans doute pour la première fois depuis des lustres, Federer n’aura pas de pression contre Nadal. Son Roland Garros, il l’a déjà réussi. Non seulement parce qu’il s’est hissé en demie mais aussi parce qu’il a livré un très bon match contre un Wawrinka sans doute un brin émoussé mais qui a fait plus que défendre ses chances. L’autre avantage est qu’il n’a pas joué contre son rival depuis un sacré bail. Plus de 18 mois, c’est énorme en tennis. Sur terre battue, ça fait même une éternité.
      Oui, ses chances sont faibles. Mais elles ne sont pas aussi nulles que beaucoup semblent le penser. Et je pense qu’il est ravi du défi qui l’attend. Et que c’est même aussi pour tenter de relever ce genre de défis qu’il continue à jouer

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