Masters Cup et Coupe Davis, le doublé impossible ?

By  | 11 novembre 2014 | Filed under: Coupe Davis

Un peu d’his­toire

Vingt et un ans !

21 lon­gues années de­puis que Mic­hael Stich, le de­rni­er, a réussi le doublé Mast­ers Cup / Coupe Davis.

Merci à Chron'Open pour les photos

Cette année là, en 1993, le lon­gilig­ne Al­lemand avait fait sa meil­leure saison (n°2 au clas­se­ment ATP de fin d’année) et bénéficié, il faut le dire, de deux cir­constan­ces favor­ables : d’abord, les « fin­ales » se tenaient toutes deux à domicile pour lui : la Mast­ers Cup à Francfort, et la fin­ale de Coupe Davis (con­tre l’Australie) à Düssel­dorf. De plus, il y avait eu une co­upure d’une semaine et demie entre la fin­ale de la Mast­ers Cup (le 21 novembre), re­mportée en 4 sets face à Sampras, et le pre­mi­er match de Coupe Davis, le 3 décembre. En re­vanche, Stich avait dû pass­er de la moquet­te à la terre bat­tue, les Al­lemands ayant préféré jouer sur les faib­lesses de leurs ad­versaires (puis­que, ex­cepté From­berg, les Australiens de l’époque étaient très peu à l’aise sur terre) plutôt que sur leurs pro­pres for­ces. De ce fait, et malgré la semaine de réadap­ta­tion à la terre bat­tue, Stich avait eu un peu de mal lors de son pre­mi­er match du vendredi, s’im­posant dif­ficile­ment en 5 sets face à Stol­tenberg, avant de re­mport­er plus facile­ment le doub­le et le sim­ple du di­manche.

Auparavant, dans l’ère moder­ne, trois aut­res joueurs avaient réussi ce doublé :

  • André Agas­si en 1990, de façon très re­mar­qu­able car en ayant eu à gérer un chan­ge­ment à la fois de con­tinent (de Francfort à la Floride) et de sur­face (de la moquet­te in­door à la terre bat­tue in­door), mais avec – heureuse­ment – une semaine et demie de bat­te­ment entre les deux – et face aux mêmes ad­versaires que Stich en 1993 (l’Australie de Ric­hard From­berg, et de son futur coach Darr­en Cahill).
  • Boris Be­ck­er en 1988, là aussi avec un chan­ge­ment à la fois de con­tinent et de sur­face (de la moquet­te in­door de New York à la terre bat­tue in­door de la Suède). Be­ck­er avait bénéficié d’une semaine et demie de bat­te­ment entre les deux. Cepen­dant il est à noter qu’il n’avait joué aucune de ces deux fin­ales « à domicile », et qu’il est, de tous les joueurs ayant réussi le doublé, celui qui a dû battre les ad­versaires les plus re­dout­ables en fin­ale de Coupe Davis (Wiland­er, Ed­berg et con­sorts, chez eux).
  • Et enfin, John McEn­roe en 1978, dans les deux cas « à domicile », mais dans l’autre sens, re­mpor­tant d’abord la fin­ale de Coupe Davis en Califor­nie sur dur out­door le 10 décembre, puis la Mast­ers Cup au Madison Square Gard­en de New York sur moquet­te in­door en… jan­vi­er 1979. Un peu exagéré dans ces con­di­tions de parl­er de doublé…

Ces vingt dernières années, en re­vanche, ce doublé n’a plus jamais été réalisé.

Pour­tant, on a vu lors de 18 édi­tions sur 20, un ou plusieurs joueurs par­ticip­er aux deux événe­ments (ça a toujours été le cas de­puis 2000).

Des joueurs aussi pre­stigieux que Stefan Ed­berg, Pete Sampras, Lleyton Hewitt, Rafael Nadal et Novak Djokovic s’y sont essayés, pour cer­tains à plusieurs re­prises, sans succès. Le tab­leau ci-dessous résume les résul­tats de ces deux épre­uves de­puis 1993, en se con­centrant uni­que­ment sur les joueurs par­ticipant aux deux fin­ales (cliqu­er sur le tab­leau pour le voir à l’échel­le 1).

Masters Cup et Coupe Davis, le doublé impossible ? (c) Colin 2014-11

Lors de ces 18 édi­tions, seule­ment trois joueurs qualifiés pour la fin­ale de Coupe Davis venaient de re­mport­er la Mast­ers Cup, mais aucun des trois n’a re­mporté la Coupe Davis en suivant.

Cepen­dant, leurs for­tunes ont été di­ver­ses en fin­ale de Coupe Davis :

  • Sampras 1997 : se bles­se dès son pre­mi­er match de sim­ple et ab­an­donne. Dans la foulée, les re­scapés américains sub­is­sent une débâcle face aux suédois de Jonas Bjorkman.
  • Hewitt 2001 : bilan pas folic­hon, 1 vic­toire et 1 défaite en sim­ple, 1 défaite en doub­le… Pour­tant cette année a vu la seule oc­curr­ence de­puis 1993 des deux fin­ales ayant lieu dans le même pays, mais Hewitt (et en­core moins Raft­er, éliminé en poule à la Mast­ers Cup) n’a pas pu en pro­fit­er, la faute à un cer­tain Nicolas Escudé.
  • Djokovic 2013 : re­mpor­te ses deux sim­ples, mais re­non­ce au doub­le, ce qui fait (peut-être) bas­cul­er la fin­ale en faveur de Be­rdych et Stepanek.

Récip­roque­ment, de­puis 1994, parmi tous les joueurs à avoir re­mporté la Coupe Davis, celui qui avait été le plus loin en Mast­ers Cup a été… Sébas­ti­en Gros­jean en 2001 ! Fin­alis­te à Syd­ney, il soulève en­suite la coupe Davis à Mel­bour­ne… mais en per­dant ses deux sim­ples (!) dont l’un, face à Hewitt, était un re­make de la fin­ale de la Mast­ers Cup.

En fait, la plupart du temps, les vain­queurs de Coupe Davis se retro­uvent parmi les joueurs éliminés précoce­ment aux Mast­ers : 11 cas ces 20 dernières années de vain­queurs de Coupe Davis qui étaient sor­tis de la Mast­ers Cup dès les poules, con­tre 4 cas de vain­queurs de Coupe Davis éliminés en demi-finale.

Cepen­dant l’élimina­tion précoce aux Mast­ers ne garan­tit pas forcément la vic­toire en fin­ale de Coupe Davis : on a vu 7 cas de joueurs éliminés en poule et qui per­dent la fin­ale de Coupe Davis, et 2 cas parmi les demi-finalistes des Mast­ers.

Con­clus­ion : En pre­nant en com­pte uni­que­ment les données de ces 20 dernières années, il semble préférable, pour aug­ment­er ses chan­ces en fin­ale de Coupe Davis, d’être éliminé en poule (11 cas con­tre 7) ou en demi-finale (4 cas con­tre 2) aux Mast­ers.

L’analyse est bien en­ten­du faussée par le fait que la fin­ale de Coupe Davis se joue en équipe, et qu’une très bonne per­for­mance in­dividuel­le peut être « gâchée » par des par­tenaires pas au niveau (ex­em­ple : Djokovic 2013), ou, au contra­ire, une piètre per­for­mance in­dividuel­le (ex­em­ple : Gros­jean 2001) être rac­hetée par des par­tenaires à leur top.

Un peu de pro­spec­tive

Alors, en 2014, Feder­er (ou Waw­rinka !) réussira-t-il là où Ed­berg, Sampras, Hewitt, Nadal et Djokovic ont échoué avant lui ? Celui qui est le re­cordman des vic­toires en Mast­ers Cup (6) n’a en­core jamais eu l’oc­cas­ion d’enchaîner, en­suite, par une fin­ale de Coupe Davis. (De façon amusan­te, c’est tout le contra­ire de Nadal, vain­queur de 4 Co­upes Davis, dont 3 en ayant dis­puté la fin­ale, sans avoir jamais re­mporté la Mast­ers Cup).

Davis_Cup_Masters_Cup

La première étape a lieu à Londres cette semaine. En cas de succès suis­se à l’O2 Arena, la deuxième levée de ce doublé im­prob­able se déroulera im­médiate­ment après, à quel­ques di­zaines de kilomètres de là, dans le stade Pierre-Mauroy de Lille.

La trans­i­tion immédiate vers une sur­face différente, du dur in­door de Londres vers la terre bat­tue in­door de Lille, sera-t-elle la clé de la fin­ale ? Hé bien, il suf­fit de re­gard­er le tab­leau ci-dessus pour se re­ndre com­pte que, suite à un chan­ge­ment de sur­face, il y a à peu près autant de cas où la fin­ale de Coupe Davis a été gagnée, que de cas où elle a été per­due… Dans cette situa­tion, les statis­tiques ne nous aident pas à prévoir le futur. Comme souvent d’ail­leurs !

About

Sous d'aut­res cieux et en d'aut­res temps, je fus connu sous le sob­riquet de "Colin Mail­lard et Tar­temp­ion".

Tags: , ,

547 Responses to Masters Cup et Coupe Davis, le doublé impossible ?

  1. Patricia 12 novembre 2014 at 21:27

    C’est bien brouillon tout ça, côté Djoker…

  2. William 12 novembre 2014 at 21:27

    Djokovic démarre mollement, fait quelques fautes, Stan lâche 2-3 grands coups, et après deux longs premiers jeux cela fait 2-0 Stan !

  3. Ulysse 12 novembre 2014 at 21:28

    Djoko fait la tronche. Ça faisait un moment qu’il n’était pas tombé sur un adversaire qui tienne à peu près debout. Et le Wawrounet de ce soir est pour le moment solide, voire enthousiasmant par moments… Superbe combat plein de tension. Le meilleur match que je vois depuis très longtemps.

  4. Fred 12 novembre 2014 at 21:30

    ça y’est on va l’avoir notre baston ! enfin !

  5. Nathan 12 novembre 2014 at 21:30

    Clément pense qu’il va falloir durcir l’entrainement demain …

    • Ulysse 12 novembre 2014 at 21:33

      Tu m’étonnes !

  6. William 12 novembre 2014 at 21:34

    C’est déjà Noël pour Djokovic ! Merci Stan !

  7. Patricia 12 novembre 2014 at 21:34

    Le jeu de débreak blanc du Djoker était particulièrement couillon côté Stan…

  8. Nathan 12 novembre 2014 at 21:38

    la baston fait long feu…

    • Patricia 12 novembre 2014 at 21:39

      Stan Baudruchka…

  9. Fred 12 novembre 2014 at 21:41

    c’est quoi la série là? 16/1 ?

  10. Patricia 12 novembre 2014 at 21:43

    Qui gagne un point sur les 18 derniers grâce à une faute directe du Djoker…

    Heureusement, ce dernier fait deux fautes assez ridicules dans ce jeu, Stan va peut être regagner un peu de contenance… faut espérer.

  11. Fred 12 novembre 2014 at 21:45

    20/3 pour passer de 0-2 à 5-2 …

  12. Nathan 12 novembre 2014 at 21:46

    Quelle manque de patience de Stan ! Il a le jeu pour, les épaules pour, la surface pour, et il se précipite comme un âne ! Désolant…

  13. Ulysse 12 novembre 2014 at 21:47

    Ben oui, les deux premiers jeux étaient juste un échantillon de ce que je voulais voir mais Waw ne montre plus rien. On peut juste espérer une nouvelle fenêtre de lucidité de sa part au second set. Peu de chance que ça dure deux sets.
    Du coup Clément peut reprogrammer VTT, piscine et macramé pour demain.

  14. Nathan 12 novembre 2014 at 21:49

    … et Saint Emilion pour tout le monde !

  15. Nathan 12 novembre 2014 at 21:50

    Stan joue sans cerveau !

  16. Fred 12 novembre 2014 at 21:52

    mais quand ça part, ça part…

    • Patricia 12 novembre 2014 at 21:57

      Directement du bulbe à la moelle épinière, sans passer par la case cortex.

  17. Nathan 12 novembre 2014 at 21:53

    juste le reptilien alors !

  18. Fred 12 novembre 2014 at 21:55

    voilà, c’est plus stanimal, c’est stanigator…

  19. William 12 novembre 2014 at 21:56

    Le niveau a nettement baissé à partir du debreak du Djoker. Stan ne passe plus une première. Petite embellie en fin de set cependant…

    • Nathan 12 novembre 2014 at 21:58

      Y a pas que le service qui pêche

    • Patricia 12 novembre 2014 at 22:00

      Le niveau de Stan, oui !
      Celui de Djoko a retrouvé des certitudes.

  20. Fred 12 novembre 2014 at 21:57

    6/3 bon allez, une petite baston au 2è au moins…

  21. Ulysse 12 novembre 2014 at 21:59

    Il faut reconnaître à Djoko une qualité de retour hors norme. Allonge, rapidité, agressivité.
    Il a jeté malgré tout un troisième jeu en pâture à Waw dans ce premier set, par pure bonté d’âme semble-t-il.

    • Patricia 12 novembre 2014 at 22:01

      « allez, tu la veux cette petite double faute pour prendre le set ? »
      « - non, vas-y toi, ce serait de la gourmandise! »

    • William 12 novembre 2014 at 22:02

      Sur les secondes balles il se régale ! Parfois c’est irréel…

  22. Fred 12 novembre 2014 at 22:07

    bon, point de baston ce soir nous aurons…

  23. William 12 novembre 2014 at 22:08

    On attend toujours la grosse confrontation de ce Masters… Demain soir ?

    • Ivan 12 novembre 2014 at 22:11

      Pour la grosse confrontation Djoko répond présent, mais on s’est laissé abusé par le score trop flatteur de la Wrink face à Berdych. Il n’est pas encore au niveau.

  24. Ivan 12 novembre 2014 at 22:08

    Double break. Encore un match qui accouche d’une souris.

  25. Ulysse 12 novembre 2014 at 22:09

    Djoko possède la surface. Il se déplace tellement vite dessus qu’à coté de lui le meilleur Rafa aurait l’air d’un paralytique. Comme Fed a dit que la compet serait cette année une question de meilleur déplacement, on peut considérer que sauf blessure, invasion de sauterelles ou chute de météorite géante, Djoko a déjà gagné ces Masters.

  26. Nathan 12 novembre 2014 at 22:10

    Rafa doit avoir des regrets quand on voit comment la balle prend le lift de Djoko.

  27. Elmar 12 novembre 2014 at 22:10

    Stan a donné la sensation pendant 2 jeux de pouvoir tenir la cadence de Djoko, mais c’était un gros leurre. Il a complètement implosé. Faut dire que ce Djoko paraît injouable. Il retourne tout à 10 cm de la ligne et transforme n’importe quelle défense en coup hyper dangereux. Personne ne pourra le battre sur ce Masters.

  28. William 12 novembre 2014 at 22:10

    Djokovic se paie même le luxe de conclure au filet.

  29. Elmar 12 novembre 2014 at 22:12

    Les rares points de Stan sont systématiquement marqués sur des fautes de Djoko. Y a aucun autre moyen de lui marquer un point.

  30. Ulysse 12 novembre 2014 at 22:12

    Bagel ou pas bagel ?

  31. Elmar 12 novembre 2014 at 22:12

    Tempête sous un crâne.

  32. Elmar 12 novembre 2014 at 22:13

    Il envoie 8 scuds et tout revient comme si de rien était, sans effort.

  33. Nathan 12 novembre 2014 at 22:13

    Y a pas que Djoko sur ce match.

info login

pour le login activer sur votre profil la barre d'outils

Demande d’inscription

contactez-nous à : 15-lovetennis@orange.fr

Archives

Commentaires récents

Suivez nous sur Twitter

@15lovetennis